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Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 YV4dgvCSujet: (Amelyn #5) ► MANY RIVER TO CROSS
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptySujet: (Amelyn #5) ► MANY RIVER TO CROSS    Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptyMar 11 Fév 2020 - 18:03



MANY RIVER TO CROSS
J’ai parlé trop vite et, si, habituellement, j’évite de m’arrêter sur ma vie de militaire, j’ai perdu le droit de choisir entre reculer et avancer à cause de Raelyn, de sa curiosité et de sa douceur. Sa paume, contre la mienne, me tranquillise, un peu, assez pour que je lui décrive brièvement ce que fut ma vie avant le Club. Bien sûr, mon passé dans l’armée est une goutte d’eau dans l’océan de mon histoire. C’était certes, Sofia mis à part, ce dont je fus le plus fier à une époque, mais j’ai tant regretté d’en être écarté que cet épisode s’est voilé d’une nostalgie écrasante et affligeante. Une grande part de moi est restée à bord du navire qui signa la fin de cette incroyable aventure. La carte, dessinée sur ma peau, restera en l’état. Plus de ligne en pointillés reliant un point à l’autre. Plus de coordonnées géographiques non plus et, elle avait beau être riches, je l’observais encore avec cette pointe d’amertume qui oblige à détourner le regard. Je n’en suis pas moins fier, il est simplement la preuve de mon échec et c’est douloureux, pas autant que la perte de Sofia, mais assez pour contribuer à ma chute lente, assez pour que je me contente du strict minimum. « Oui. Il y en a. » Une ancre, grossière, à laquelle s’est enroulée une corde et dont l’encre à baver avec le temps. « C’est à cause de l’ennui. » Les nuits sont longues sur un bateau perdu en pleine mer. Lorsque nous étions lassé de jouer aux cartes, nous nous occupions avec les moyens du bord et rarement de façon constructive. L’idée de ce tatouage est née bêtement dans la bouche de Sherwood, décédé depuis longtemps aujourd’hui. Tout l’escadron, battant des deux mains, a trouvé l’idée lumineuse. Tu parles. Il n’a rien d’esthétique, mais nous avions tous le même, au même endroit. Il nous reliait les uns aux autres et nous sommes devenus plus que des matelots, mais bien des frères. De cette élite il ne reste plus grand-chose. Dès lors, ce gribouillis, je le chéris, peut-être plus encore que le plus réussi des deux. « Et l’autre, c’est pour ne pas oublier. » D’où l’on vient, où nous sommes allées, ce que nous avons vécus, sur l’océan ou à terre. Ne jamais oublier qui nous sommes, ce qui m’échappait depuis longtemps pourtant. Mon identité se perd dans un marasme d’émotions violentes et de contradictions. Un jour, je me sens mieux, je menace de m’écrouler. Avec mes proches, je m’efforce d’être sympathique. Avec les autres, je me ferme comme une huître et, à côté de ces deux segments somme toute réducteurs, il y a Raelyn. Raelyn et ses sourires. Raelyn et tout le désir que je lui inspire. Raelyn qui ne me regarde pas, qui me dévore avec une telle intensité qu’elle me trouble. Raelyn et grands yeux verts qu’étonnamment je ne soutiens pas, parce que je n’arrive pas à m’y résoudre, parce que jouer, maintenant, serait indubitablement synonyme de défaite puisqu’elle m’oblige, bien malgré moi, à réaliser qu’elle a raison. D’elle, je ne sais pas grand-chose hormis ses formes, sa bouche, ses mains et qu’elle a lutté contre le deuil elle aussi. Je ne sais rien de plus que la sensation de sa peau sur la mienne qui, bien souvent, me grise. Je sais l’effet qu’elle a sur moi, celui que je ne m’explique pas, mais qui m’oblige à y retourner, encore et toujours, même si c’est politiquement incorrect. Je suis marié et je n’ai rien à offrir…

Est-ce tout ce que je suis ? Est-ce là tout le mystère de mon identité ? Est-ce que je dois lui répondre : “Je suis Amos Taylor, j’ai quarante-deux ans et je suis père raté, mari infidèle, ami imparfait et amant menteur.“ N’ai-je donc plus rien de grandiose en moi ? Plus rien susceptible d’être aimé ? Est-ce ce triste constat qui me paralyse face à cette question ? Ne pas être un inconnu pour elle, mais pour moi également ? Mes pirouettes sont moins le fruit de ma répulsion face à ses indiscrétions que celui de mon ignorance, mais je ne mens pas autant ou pas tout à fait. Je n’aime pas être pris au dépourvu ou au piège, mais m’a-t-elle piégé justement ?  Etait-ce bien son but ? Je l’aurais juré, parce que notre mode de communication n’a rien d’idéal. Il se situe entre la provocation, le défi, la distraction et la confidence. C’est quelque fois difficile de ne pas perdre le fil. Ça l’est d’autant plus qu’elle peine à dissimuler son amertume. Elle fronce les sourcils, l’air sévère, et j’en déduis que je viens de la froisser, parce que je suis trop con et que ça fait longtemps que je ne suis plus au cœur de mes introspections. Je suis une cause perdue, celle de ma fille est bien plus noble et si elle n’en profitera pas de son vivant, j’espère que mon dévouement lui tiendra compagnie dans son cercueil. Je suis une cause perdue, sans grande estime pour lui-même, mais je refuse de le dire à voix haute. Je crois que, si je me l’autorisais, je m’avouerais que je redoute davantage son indifférence que son attachement. Je songeai d’ailleurs à la retenir pour la serrer contre moi un peu plus longtemps, parce que dans le divan où elle m’abandonne, il fait plus froid sans elle. J’aimerais la garder au creux de mes bras parce que je n’aime pas l’amertume qui traîne au fond de sa voix.

“Les choses sont très bien telles qu’elles sont…“ ça veut dire quoi exactement ? Que dois-je comprendre ? Que la locomotive est partie sans moi ? Laquelle d’ailleurs ? C’est dérangeant ? Non ! Peut-être ! Je n’en sais rien. Alors, je m’agrippe de toutes mes forces à mes certitudes. Non, ça ne l’est pas ! Bien sûr que non ! D’ailleurs, c’est pour ça que je n’ai rien trouvé de probant à lui répondre. La conversation était bizarre, comme ma présence, ici, la veille. Ça n’avait strictement rien à voir avec cette crainte troublante de la décevoir. Je me fiche de ce qu’elle pense de moi. Je m’en fiche autant qu’elle, hier soir… je suis au moins tout aussi convaincant. Et je m’en fous d’être invité à rester pendant qu’elle prend sa douche et que, cette fois, elle daigne manger avec moi. Au contraire, je ne me serais pas ramassé de son divan pour la précéder dans la salle de bain afin d’y récupérer une – la mienne ?- brosse a dent et le fond du tube de dentifrice. Je ne me serais pas dirigé d’un pas pressé vers sa porte d’entrée pour m’engouffrer dans le hall de l’immeuble comme si fuir était logique et, dans l’ascenseur, je ne m’inquiéterais pas non plus par quelle mouche je viens d’être piqué tant la fugue me semble vaine et puéril. Je n’arrive pas à me décider entre ce qu’il convient de faire et ce que j’ai envie de faire et le problème se pose là. Je suis un Jon Snow des temps modernes, un Gabin australien : ce que je sais, c’est que je ne sais rien. Alors, au lieu de grimper dans ma voiture, je récupère simplement dans mon coffre un kit de survie (plus modestement dit : des fringues propres) et, en remontant, je priai pour que cette brève absence n’ait été remarqué.

Je soupirai d’aise lorsqu’en refermant la porte, le bruit de l’eau contre la cloison de sa douche parvint jusqu’à mes oreilles. Elle se prélassait toujours sous l’eau chaude et moi, revigoré par l’air frais, je me rassis devant le dossier qui, normalement, aurait dû m’occuper une partie de la nuit. Je m’y penchai pour m’occuper l’esprit, pleinement, dans l’espoir que ces 5 minutes accordées par Raelyn – je gaspillai les 10 premières en folie -  servent de béquilles à mon bon sens et ça a fonctionné grâce au coup de pouce d’une cigarette. Elle se consumait entre mes doigts quand ma jeune amante, que je n’avais pas entendu arriver, s’est assise auprès de moi, au cœur de mes bras. J’ai calé ma Marlboro entre mes lèvres et je lui ai fait plus de place, presque machinalement, les yeux rivés sur le devis et les photos, qui jusqu’ici, glissait d’une main à l’autre. Contre toute attente, j’avais réussi à fixer mon attention sur ma paperasse, reléguant au second plan ce qui ne m’agite jamais très longtemps, parce que mes œillères sont bien visées sur mon nez. Sauf que maintenant que le parfum de son gel douche me nargue, je me dis que je pourrais rester dans cette position alambiquée – un genou replié sous mes fesses tandis que l’autre jambe, pied au sol, sert de pont au cendrier posé sur le carrelage et dans lequel je finis d’écraser mon mégot – des heures durant, sans rien dire, ignorant que moi aussi, j’aurais bien besoin d’un jet d’eau brûlante pour soulager les ravages de cette nuit et du temps qui passe sur mes muscles ankylosés. « C’est à mon tour, donc. » murmurais-je pour ne pas briser la bulle de savon qui nous entoure et en abandonnant ma tâche. Je ne suis plus en mesure de me concentrer. Je ne regarde plus les chiffres, mais son épaule nue sur laquelle je pose mes lèvres le temps d’un baiser délicat.

Celui-là, contrairement à d’autres, ne signifiait pas j’ai envie de toi, mais j’aime t’avoir là. Je tends à en profiter encore un peu. « Mais je n’ai pas envie de bouger. » Et mes papiers retrouvent leur place dans la farde à rabats et j’enfouis mon visage dans son cou. Je la respire, discrètement. Je referme mes bras autour d’elle et, les yeux clos, j’ajoute : « Tu peux commander ce que tu veux. Ça m’est égal. » Quoique si j’étais certain que mon estomac le supporterait je n’aurais pas dit non à un quartier de pizza. « Que tu doives aller voir Mitch, par contre. » Je reculai ma tête pour l’observer et évaluer sa réaction. Sur mes lèvres, l’ombre d’un sourire à mi-chemin entre l’amusement et la réelle irritation. « Il n’est pas venu pendant des semaines, est-on vraiment à un jour près. » lâchais-je subtilement, en haussant les épaules et en me dégageant pour de bon tandis que mes doigts jouent avec les siens. Je regrettai que sa journée de la veille ait été si compliquée. Je lui aurais lancé mon T-shirt après m’être levé en guise d’invitation, mais nous n’en étions pas vraiment là aujourd’hui et, quand bien même, j’aurais manqué d’énergie. Aussi, je m’abstiens et me contente d’une expression fataliste alors que je me lève non sans avoir embrassé le dos de sa main au préalable. Ce n’est qu’une fois arrivé devant la porte de sa chambre que j’ai fait marche arrière pour lancer à la cantonade – en l’occurrence, elle seule – que : « Je ne me méfie pas de tes questions, je me méfie des conséquences de mes réponses parce que les choses sont ce qu’elles sont et que c’est en effet très bien comme ça. » Et cet aveu, bien qu’il soit des plus laconiques, me fit plus de bien que je ne l’aurais cru, comme si ce que nous partagions en dépendait, comme si le moment était idéal, puisqu’il me suffit de quelques pas pour entrer dans la salle de bain.


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Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptySujet: (Amelyn #5) ► MANY RIVER TO CROSS    Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptyLun 10 Fév 2020 - 22:32



MANY RIVER TO CROSS
Sa tête posée sur mes genoux, je l’observe, avec envie, mais pas de celle qui, entre d’autres temps, nous conduiraient jusqu’à sa chambre. Je jalouse plutôt sa jeunesse, moi qui me sens cent ans d’âge. Ma tête est lourde, mes muscles endoloris, mes jambes menacent ne plus pouvoir me porter et je réalise soudain, presque brutalement, ces longues années qui nous séparent. J’en prends davantage conscience dès lors qu’un vieux souvenir de mon ancienne vie me rattrape. Raelyn n’était encore qu’une petite fille lorsque je jurai, devant témoins, que je prendrais soin de Sarah jusqu’à ce que la mort nous sépare et elle l’avait fait. Certes, nous respirons encore, mais nous avons cessé d’être un couple après le décès de notre enfant, celle qui s’égara au cœur de notre conversation de la veille. Je n’en parlais jamais à quiconque. Les dernières personnes qui m’entendirent prononcer son prénom étaient les membres de notre famille ou ses amies les plus chères. Pour les autres, elle demeurait une illustre inconnue, comme moi, qui évitait la moindre allusion à mes blessures, mes traumas ou mon passé. Je le garde précieusement, en général. Je n’en fais jamais l’étalage parce que ma douleur altéra les plus beaux moments de mes tendres années. Que s’est-il donc passé durant cette nuit commémorative ? Que m’est-il arrivé exactement et, surtout, qu’elle avait été mon but ? Rassurer Raelyn sur mes bonnes intentions ? Lui prouver qu’elle n’était pas seule et que j’étais plus à même de la comprendre que n’importe lequel des quidams venus, n’importe lequel de ses amis absents ? Avais-je tenté d’apporter à sa détresse un peu de normalité afin qu’elle souffre un peu moins ou dans le but malsain qu’elle fasse tomber le masque ? En toute franchise, je crois que j’aurais préféré la seconde solution. Elle est certes moins noble, mais elle a le mérite d’être plus facile à gérer. Si, à mesure que mon enquête progressait, elle occupa longtemps la deuxième place sur la liste des gens à abattre, elle l’avait définitivement quittée. Au contraire, je n’aurais pas frappé à sa porte avec l’espoir de lui apporter un peu de réconfort par ma simple présence. Je serais venu en voyeur pour me galvaniser de sa peine, pour en apprendre les causes et, peut-être, pour enfoncer sa tête dans une baignoire pleine et la maintenir sous l’eau, jusqu’à ce qu’elle se noie. Et pourtant, c’est la première qui remporte tous les suffrages, aussi angoissante soit-elle. Qu’elle ait mal me toucha plus que de raison et, si je refuse d’admettre les quelques présages qui pointent du doigt de l’attachement, j’accorde à cette poupée de femme que sa réaction, alors que je lui avouais le plus cuisant de tous mes échecs – je n’ai pas su protéger mon bébé -  fut l’une des plus intelligentes que toutes celles auxquelles je fus un jour confronté. Elle n’a pas dit : je suis désolé ou mes sincères condoléances. Elle ne m’a pas jeté au visage ce regard horrifié qui a le don de m’agacer. Elle n’a fait preuve de ce simulacre d’empathie trop proche de la pitié et, mieux encore, elle ne s’est pas attardée en question. Elle s’est tue et elle a serré ma main dans la sienne. Alors, ce matin, je déborde de reconnaissance à son égard. J’en déborde tant que j’en oublie ma méfiance et mon goût pour le secret, car je parle trop ou un peu trop vite : je partage une vieille anecdote, dépourvue des détails, de ma vie de militaire.

Evidemment, il n’est rien de surprenant à ce qu’elle relève aussi vite. La sagacité de Raelyn n’est plus à démontrer. Il lui arrive même d’être curieuse à mon sujet ce qui, en fonction de mon humeur, me dérangeait, de temps en temps, voire de moins en moins. En d’autres circonstances, et à condition que nous ambitionnons pour notre relation un tour nouveau, ses questions m’auraient amusé. Sans doute me serais-je prêté au jeu sans cacher que son intérêt me flatte. Sauf que notre “histoire“ n’est pas vouée à l’amour ou à l’adoration. Nous avons, à notre manière, été limpides sur nos désirs. Nous n’en avons jamais discuté, mais d’après moi – nous ?- il est inutile de polémiquer sur les évidences. C’est une perte de temps. Or, cet interrogatoire, que ses sourcils froncés colorent de gravité, m’embarrasse. Je ne sais pas quoi en faire parce que je redoute ce que pourrait impliquer ce genre de discussions atrocement banales qu’échangent habituellement les futurs amoureux. Pourtant, quoique je commence doucement à prendre peur, j’affirme d’un hochement significatif de la tête. « Armée de terre au départ et puis, pour la RAN. » ajoutais-je avec désinvolture, mes doigts caressant sans audace sa joue. « Et, j’y suis resté de 1996 à fin 2008. Un truc comme ça. » La question suivante, je la devine : pourquoi ai-je abandonné mon poste après y avoir consacré autant d’années de ma triste existence ? C’était, somme toute, l’autre sujet brûlant que je n’abordais que rarement. Alors, je l’ai anticipée. « J’ai été blessé. » Moins physiquement que psychologiquement, mais j’avais assez chargé la mule durant ces deux derniers jours. « On m’a poussé vers la sortie. J’ai perdu la foi au système. » Après, j’ai végété, je n’ai rien fait de bon, j’ai puisé dans le cœur de ma fille ce dont j’avais besoin pour renaître un peu. Elle est devenue ma seule raison de vivre et son bonheur, mon obsession. Sauf que j’ai tout raté. Je me le répète souvent, mais dès lors que je sens poindre l’heure où Raelyn lavera sa fierté d’avoir à supporter ma présence tandis qu’elle souffrait, je réalise qu’au-delà de la déception, je suis couvert de honte, une honte incommensurable qui s’exprima par une furieuse envie de m’en aller, tout de suite, sans attendre qu’elle me le demande ou le sous-entende d’une quelconque manière. J’ai envie de m’occuper l’esprit pour mieux chasser tout ce qui m’empêche de respirer. J’ai envie de fuir, tout simplement, et plus encore maintenant que je me demande où elle veut en venir. « Je ne comprends pas. » admis-je, à cheval entre la tentative pour gagner du temps et la vérité nue. « Tu sais déjà qui je suis ? Non ? » Aurais-je été plus vaillant que la réplique aurait pu résonner comme un trait d’humour, mais j’en suis loin. Je suis plus déstabilisé que divertit par la discussion qui s’annonce. « Je devrais peut-être aller prendre une douche avant de… » De partir ? D’affronter son indiscrétion ? Tout ça à la fois, mais je ne bouge pas. « Je n’aime pas les questions pièges. Ça fait partie de ce que je suis. » surenchéris-je parce que je déteste cette sensation d’être un pleutre ou de lui inspirer plus de méfiance que nécessaire. « Si tu veux savoir quelque chose en particulier, demande-le franchement. Qui je suis, ça ne veut rien dire pour moi. » Mon ton est égal – du moins, je l’espère – mais néanmoins franc, parce que ça fait longtemps que je me sens perdu.



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Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptySujet: (Amelyn #5) ► MANY RIVER TO CROSS    Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptyDim 9 Fév 2020 - 16:54



MANY RIVER TO CROSS
“Un peu tout ça à la fois.“ Sur le moment, c’est tout ce que j’ai trouvé d’intelligent à formuler et justement… ce genre de réplique, laconique, dit tout et son contraire. Elle prouve uniquement que j’ai réfléchi, que j’ai émis des hypothèses, que j’ai trié le bon grain de l’ivraie parmi ces dernières, que j’ai soupesé les arguments à charge et décharge de cette visite inopinée, mais ça ne l’éclaire pas sur ce que je pense de sa fragilité apparente alors qu’elle entoure ses jambes de ses bras pour se réconforter, de son verre étrenné sur la table, de son allure échevelée, des cernes noirs qui assombrissent son regard. Ça ne lui ouvre aucun chemin sur le fond de ma pensée. Elle n’en connaît que la forme : j’étais inquiet et je suis venu. Et, est-il bon, dès lors que son armure est fendue, de m’infiltrer dans la brèche ? De l’acculer contre le garde-fou de sa forteresse de chagrin jusqu’à ce qu’elle bascule dans le vide et me raconte ce qui la heurte tant ? En pointant du doigt le cadre qu’elle a sciemment soustrait à sa vue, ce n’était pas mon but. L’objectif est bien plus noble finalement. J’essaie de la déculpabiliser, de la rassurer sur la normalité de son comportement et sur ce que je crois entrevoir, non pas en faiblesse, mais en courage. Il en faut pour se lever chaque matin et fonctionner correctement, pour ne pas céder à une furieuse envie de fondre en larmes, de ne pas hurler con. Il faut être fort et robuste pour ignorer sa douleur, pour ne pas cogner ses poings contre les murs jusqu’à se blesser, physiquement, parce que cette douleur-là, elle est éphémère et gérable. Il faut être sacrément coriace pour ouvrir sa porte à un presque inconnu et l’inviter à rester. J’aimerais lui dire que c’est tout ce qu’elle m’inspire, mais serait-ce judicieux ? Ce n’est pas ce qu’elle veut savoir ou, tout du moins, pas encore. Ce qu’elle attend – ce n'est cependant que supposition – c’est comprendre dans quelle mesure elle a bien fait de ne pas chasser. Elle s’inquiète de découvrir si elle fait bien de se nourrir des premiers ingrédients qui contribuent à la confiance. Peut-être ne le réalise-t-elle pas, mais se confronter à mes présomptions, c’est prendre le risque de rouvrir la plaie, d’en avoir honte et de s’en vexer par orgueil. Or, tandis que je lui soumets le fruit de mes déductions, elle ne s’offusque pas. Elle a mal, évidemment : une simple œillade dans sa direction laisse supposer que son cœur s’est serré dans sa poitrine. Elle a mal, mais elle ne m’empêche pas de poursuivre pour autant. Elle écoute religieusement. Elle avertit que la pente est savonneuse, glissante et qu’il vaut mieux ne pas l’emprunter. Elle énonce en souhait que ma présence, à défaut d’être requise, ne lui cause aucun tort. Alors, je hoche la tête. Je respecte. Je ne formule aucun commentaire, il serait superflu et moins probant qu’un sourire. Il l’encourage à ne pas se méfier de moi pour toutes les raisons qui sautent l’obstacle de mes lèvres.

Je lui parle de mes propres blessures, à commencer par mes frères d’armes, morts en mission ou au combat. Je dénonce ce qui me tue à petit feu : le décès de ma fille, si jeune, sans que je ne parvienne à m’arrêter sur la thèse du meurtre, de l’overdose ou du suicide, parce que la vérité ne changerait rien. Elle ne défalquera pas cette image asphyxiante qu’apeurée, elle m’ait appelée à l’aide, qu’elle ait réclamé sa mère, que personne n’est venu et qu’en poussant son dernier souffle, elle s’est sentie terriblement abandonnée. Je redéfinis également les contours de la douleur. Je ne la banalise pas, je lui rappelle qu’elle est humaine et que, si chacun s’en passe volontiers, elle est quelquefois nécessaire. Moi, je n’y ai jamais trouvé avantage. Ma douleur, à vif, écorcha mon âme avec une telle férocité qu’elle m’a dévoré tout entier. Elle m’a conditionné, reprogrammé et c’est pour ça que j’agis souvent comme un robot, que mes gestes sont calculés : je ne réponds qu'à sa seule volonté. La douleur, elle me contrôle. Elle est à l’origine de tout ce qui sort de ma bouche, que ça soit véhément ou bienveillant, froid ou émouvant, tiède ou franc. Elle a pris le pouvoir, au point que parfois, je ne reconnais plus l’homme qui me fait face dans mon miroir, au point que j’ai complètement oublié qui j’étais vraiment. Or, ce soir, Raelyn me rapproche de mon identité profonde. J’y songeai, hier, sans y prêter une réelle attention, mais sa main dans la mienne me confirme que si elle s’en donnait les moyens – et à condition qu’elle le désire – elle me soulagerait d’un peu du poids qui pèse sur mes épaules. Je prends aussitôt un coup de jus, mais plus que l'attention en elle-même, c’est sa confidence qui me porte à croire que je ne suis plus tout à fait un pion sur l’échiquier de sa vie. Je réalise qu’elle ne me balaiera pas d’un geste rageur de la main si sa victoire – sur quoi d’ailleurs ? – est mal engagée. Je suis plus qu’un simple amant désormais et, étonnamment, ça ne me tracasse pas outre mesure, parce qu’en me pointant devant sa porte, j’ai malgré moi sous-entendu une forme d’affection plus saine que je ne l’avais soupçonné au départ. Je ne m’en soucie pas, même si c’est clair comme de l’eau de roche, sous prétexte que l’heure ne s’y prête pas. Ça me traverse l’esprit comme une étoile filante strie le ciel dégagé d’une nuit d’été. C’est bref et rapide. C’est presque imperceptible parce que je ne me concentre pas sur ce que je ressens, mais sur ce qu’elle me cède en explications. Ça lui coûte évidemment. Ses yeux clairs m’échappent un instant tandis qu’elle fixe le sol avant de me revenir. Je présume qu’il est mort ici, dans cette pièce et je m'interroge. Comment a-t-elle fait pour vivre dans ce même appartement sans en souffrir chaque jour. Je me demande si elle y songe, avant nos étreintes, quand ses sous-vêtements tombent sur le sol, non loin de l’endroit où le corps froid et inanimé de son compagnon a succombé à ses blessures. Je me demande également, si, ce que j’en pense, appartient au respect ou l’admiration, car à sa place, j’en serais incapable. Sauf que je n’y suis pas.

J’ignore tout du mal qui prend aux tripes lorsqu’on perd son partenaire et je ne me risque à aucune comparaison douteuse. Je ne suis pas du genre à évaluer un drame à l’aide de l’échelle de la souffrance, cet instrument de mesure qu’utilisent les égoïstes pour décider de ce qui est grave de ce qui ne l’est pas, de ce dont on peut se relever et qui nous écrasera notre vie durant. J’apprivoise simplement l’idée que son deuil est derrière elle 364 jours par an quand j’ai à peine entamé le mien. « Je déteste les flics» soufflais-je en récupérant, sans me faire prier, le joint qu’elle me tend. Mes pensées se traînent jusqu’aux seules exceptions que je fréquente, mais qu’ont-ils fait pour Sofia ? Hormis Olivia et Greg, lequel de ces êtres humains qui bombent le torse dans leur uniforme m’a-t-il aidé quand j’étais perdu ? Quand mon enquête stagnait ? Quand l’espoir d’expier mes erreurs au pied de la tombe de Sofia me fuyait ? Quand ? Aussi vide soit cette observation, elle eut au moins le mérite de meubler le silence peu à propos alors que sa fierté se réduit à une peau de chagrin. Elle s’en remet à l’authenticité, ce qui est assez rare finalement. « Je te prendrai pour une sensible le jour où tu pleureras devant un truc niais, genre une video de chatons. » Je lui adresse un clin d’œil, rempli de conviction, mais en déconnexion totale avec la lueur qui brille au fond de mon regard éteint. Celle-là, elle dit : si tu savais qu’en face de toi se tient le type le plus pathétique de la création… Il perdrait son attrait puisque lui, il t’en inspirera de la pitié. « Si tu ne penses pas à toi. » Sous-entendu, si tu ne t’abandonnes pas au vague à l’âme quand tu en as besoin. « Personne ne le fera pour toi. » Se lamenter sur son sort, c’est une façon de se souvenir de ce qu’on a été et de ce qu’on veut plus être. Mais, ce n’était pas son problème. Ce qui l’angoisse, c’est ce que je pense d’elle. « Arrête de dire des bêtises. » lui déclarais-je tout de go « Je ne te trouve ni faible ni fragile. Tu ne me fais pas pitié. Je n’ai pas de la peine pour toi non plus. Alors, tout va bien. » Je tirai légèrement sur sa main qui n’avait pas lâché la mienne et j’osai la prendre dans mes bras, non pour l’y emprisonner, mais pour déposer un baiser sur sa tempe. L’acte est familier finalement. Je ne compte pas le nombre de fois où je reproduis ce même geste. Souvent, et je conclus en flattant ses paupières, mais je ne m’y aventure pas. Je la relâche aussitôt, persuadé qu’elle sait, désormais, que si l’envie la prenait de trouver auprès de moi de quoi combler sa si pesante solitude, je l’accueillerai, sagement, pudiquement, sans arrière-pensée. Je la serrerai contre moi, sans briser le silence, sans déposer mes mains ailleurs qu’autour de ses épaules.

Évidemment, ça finit par arriver. Au bout des quelques heures à nous rendre malade d’alcool, d’herbe et autres saloperies, elle s’approcha, plus timidement qu’à l’habitude. Je l’ai gardée blottie contre moi jusqu’a ce que le sommeil nous gagne et que le soleil, au zénith, nous réveille enfin. Pour Raelyn, ce jour nouveau signe certainement la fin de son passage à vide. Il laisse derrière elle tous ses plus tristes souvenirs. Quant à moi, il ne me réchauffe pas. Je m'enfonce un peu plus encore dans le bourbier de vase que je brasse heure après heure. Je suis cassé, à l’intérieur comme à l’extérieur. J’essaie de m’étirer sans la réveiller, mais elle remue déjà entre mes bras, du moins, je crois. J’ai l’impression d’être pris dans un brouillard aussi dense qu’une purée de pois, sans torche pour m’éclairer et vent violent pour le chasser. « J’ai mal partout. » grognais-je d’une voix pâteuse, à peine audible. Je ne lui fis pas l’affront de lui demander si elle avait bien dormi. Je devinais la réponse. Ma tête se renverse sur le dossier, je me frotte le visage et les yeux dans l’espoir d’y voir plus clair, mais c’est sans effet. « J’ai l’impression que mon crâne va bientôt exploser » Je ferme les paupières, mais c’est pire. Elle me tourne et avec elle, des réminiscences de mon passé de militaire qui me font sourire, faiblement, mais de bon cœur. « La dernière fois que je me suis mis la tête à l’envers comme ça. » Avec quelqu’un pour m’accompagner, pas dans l’espoir de noyer mes problèmes. « Je devais avoir quoi ? Moins de trente ans. Quatre potes. Plus ou moins le même matos. » Et, au réveil, un putain de savon par le responsable de la caserne. « Dernier soir d’une perm. Je te laisse imaginer la suite. » conclus-je, provisoirement peut-être, parce que j’ai faim, j’ai soif, j’ai besoin d’une douche, de me brosser les dents, sans avoir pour autant envie de ne plus profiter de cet apaisement qui émane de sa seule présence, quand elle est là, tout contre moi. Et, cette fois, sans plus que la veille et bien moins que demain, j'ai peur.




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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptySujet: (Amelyn #5) ► MANY RIVER TO CROSS    Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptyDim 9 Fév 2020 - 0:23



MANY RIVER TO CROSS
Rien n’est surfait dans mon discours. Je ne l’ai pas tissé au préalable pour l’endormir, qu’elle se sente obligée, devant mes bonnes intentions, à m’inviter à rester ou à se dévoiler un peu plus. Je ne suis ni un gangster ni un héros. Je ne force pas les portes fermées à double tour pour piller, voler ou aider. En général, je me tiens à bonne distance de toutes émotions néfastes susceptibles de raviver la douleur de mes blessures. Ce soir tient lieu d’exception, faute au poids du tracas sur mon estomac. Cette entorse à mes résolutions, je ne me l’explique pas, mais je ne cherche pas à la comprendre, pas maintenant. Seule compte cette détresse dans les yeux de Raelyn qui me happe dans le torrent des souvenirs. La mienne lui ressemblait lorsqu’un policier, débordant d’empathie, m’annonça droit comme un I que je ne reverrais jamais plus ma fille, qu’elle ne me tendra plus les bras, que je n’entendrai jamais plus son rire résonner à mes oreilles, ce rire qui pansait les traumatismes que je ramenai dans mes bagages après ma dernière mission. Je me rappelle ô combien je haïssais ce type dans son uniforme, la tête baissée, avec à la bouche un discours dégueulant de mièvreries hypocrites. Je me levai de mon fauteuil, menaçant, le poing levé, comme s’il était responsable de cette tragédie. Sarah m’arrêta de justesse et, aujourd’hui encore, je regrette qu’elle se soit interposée. Le geste ne m’aurait pas rendu Sofia, mais il aurait eu le mérite de laver l’affront de ce policier endimanché qui manqua cruellement de sincérité. C’est pour ça que je m’y fie ce soir. Je sais trop que personne n’aime être pris pour un con dans les pires moments de sa vie. Personne. La vérité prévaut toujours, même si elle est douloureuse. Elle supplante toute volonté de mettre l’autre à l’abri de lui-même. Dès lors, bien que j’hésite longuement, déchiré entre la peur d’alourdir les épaules de mon amante et ma volonté d’être intègre, je répondis à ses questions sans m’encombrer de fierté, de non-dits. Un jour, peut-être, elle m’en remerciera, même si le récit des rumeurs qui courent au Club la blesse un temps. Ce ne sera que passager. Elle est forte, Raelyn. Elle l’est plus que les hommes pour qui elles travaillent. Elle me sourit d’ailleurs et je présume que c’est sa façon de me témoigner sa gratitude, non pas d’avoir bravé les interdits pour être auprès d’elle, mais de rester égal à moi-même, c'est-à-dire éloquent quand il le faut, taiseux lorsque c’est nécessaire et solide également, solide dès lors que Sofia n’entre pas en ligne de compte.

Ai-je pour autant bien fait de lui avouer les véritables raisons de mon intrusion ? Etait-il bon de lui préciser que j’étais tracassé, que ça m’a semblé normal et que, sans ça, je ne serais pas là ? N’aurais-je pas mieux fait de jouer la carte du hasard ? Elle le prendrait mal et, à mon sens, c’est bien plus qu’une supposition. Bien que je la connaisse peu, quoique je n’aie, jusqu’à aujourd’hui, entrevu qu’une partie de ce qu’elle est réellement, je m’appuie sur cette certitude nouvelle : nous nous ressemblons. Je le dépose sur la table d’ailleurs et je "joue" à découvert. Je parle à cœur ouvert et, de quelques attentions mesurées, je veille à la rassurer pour ne récolter que l’effet inverse. Elle baisse la tête, visiblement en prise avec ses états d’âme, mais je ne regrette rien. Je ne suis pas responsable de ce qu'elle ressent et, sans ça, sans doute qu’elle se serait amusée de mes déclarations. Elle les aurait balayées d’un rire ou d’un soupir désabusé. Pas ce soir. Elle manque d’énergie. Elle est à plat et, si ça ne me réjouit pas, ça m’arrange plutôt bien. Ça rend l’exercice de la transparence moins compliqué. Ça l’est toujours quand on ne reçoit en retour que des lazzi, des vrais, ceux qui claironnent et qui nous crèvent les tympans, ceux qui entaillent l’orgueil d’un coup de canif, ceux qui agacent parce qu’ils sont factices, ceux qui rendent mauvais. Celui qu’elle glisse au milieu de la conversation, il ne rime pas à grand-chose en comparaison. Il ne froisse pas mon ego, il fend simplement mes lèvres d’un nouveau sourire « Pas encore, mais je m’en souviendrai. » conclus-je avant de l’inviter à lénifier ses maux d’une bonne dose d’alcool et d’un joint d’herbe.

Je joins le geste à la parole d’ailleurs. Je lui sers un verre, bois une gorgée du mien, récupère le matos et manipule avec dextérité papier à rouler, filtre, tabac et cannabis. Je n’en fume que lorsque l’insomnie me gagne malgré les doses faramineuses d’alcool que j’ingère, quand il faudrait me l’injecter en perfusion. Son regard, je le sens pesé sur moi lourdement. Elle m’épie et je la devine soucieuse, peut-être dans l’expectative de quelque chose. Quoi ? Aucune idée. Un peu d’humour peut-être. Une blague débile faite d’autodérision. Je ne sais pas et, dans le doute, je m’apprête à lui raconter une vieille anecdote de ma vie de militaire, celle où mes frères d’armes et moi, en permission, avons beaucoup bu, beaucoup fumé, au point d’envisager possible d’être poursuivis par un abribus. Dieu qu’elles sont loin ces belles années où je riais de tout et surtout pour rien. Il me plait d’y replonger quelquefois, quand je cherche la force d’avancer et je me demande quelles sont les souvenirs qui fendent le minois de Raelyn d’un sourire mutin et facétieux. Soulever un pan de mon histoire, est-ce que ça l’aiderait à s’en rappeler et, peut-être, à surmonter cette journée ? De mon point de vue, ça vaut le coup d’essayer. Alors, je m’apprête à tenter ma chance quand elle m’interrompt d’une nouvelle question, une qui me concerne directement ou, devrais-je plutôt dire, qui nous concerne.

Ce qu’elle veut, Raelyn, c’est un accès privilégié sur ce que je pense et, par-dessus-tout, sur comment je pense. Aussi, d’instinct, envisageais-je de garder le tout pour moi et d’éteindre sa curiosité à l’aide d’une pirouette. “Qu’est-ce que ça change ?“ aurait somme toute été un moyen efficace de lui ôter toute envie de poursuivre et pourtant, je capitule devant sa dernière question. Cette histoire, celle que je m’imagine, elle lui appartient plus qu’à moi. Peu importe que je sois dans le bon ou l’inverse, je ne me sens pas assez légitime, sous prétexte qu’on s’envoie en l’air régulièrement, pour m’approprier son passé à grands renforts de suppositions et de tirer seul les conclusions qui découlent de mon imagination. « Un peu tout ça à la fois, j’imagine. » Je ne pourrais décemment affirmer que ça ne m’intéresse pas. Ça fait longtemps que j’ai compris que, dès qu’il s’agit d’elle, je suis plus curieux qu’à l’accoutumée. Je n’irais pas non plus jusqu’à prétendre que mon courage est sans limite et que je ne crains pas de la vexer à poser la question de trop. Je n’apprivoise que trop bien ce que ce genre d’intrusion peut engendrer en conséquences. Et, finalement, je ne saurais alléguer que, mon silence, est la suite logique de mes certitudes. Alors, plutôt que risqué de trop en dire, je pointe le cadre renversé sur son meuble. « Ce que je crois, c’est que c’est en rapport avec lui. » déclarais-je sans permettre à mon regard de vagabonder jusqu’aux siens. « En fait, je ne crois pas, j’en suis sûr. Ce qu’il s’est passé ? Je n’en sais rien. J’ai dû mal à imaginer qu’il t’ait simplement quitté. Je pense que c’est plus grave que ça. Et, si ça m’intéresse, ce n’est pas à moi de décider si j’ai le droit de savoir ou pas. Et, si je reste…» ajoutais-je en récupérant entre ses doigts le joint. « C’est parce que tu ne m’as pas encore demandé de partir. Tu peux le faire. Ce ne serait pas grave. » Autrement dit : demain, quand tu iras mieux, je serai toujours là, jusqu’à ce que tu te lasses et que tu me remplaces. Et, ça non plus, ça ne serait pas grave.

Rien ne l’est plus vraiment depuis la mort de Sofia. Mon mariage en décrépitude ? Pas grave. Mes addictions ? Aucune importance. Mais, cette vie volée, avortée trop tôt, sans que je ne puisse rien faire pour aider mon bébé, cette douleur qui m’écrase toujours autant, ce mal violent qui me pousse à me suicider un peu plus chaque jour, ça compte, vraiment. Je me retranche derrière mes œillères quand, tous les matins, je me répète que je vais bien, que je vais mieux, que je renais de mes cendres. Je me mens et ça me saute aux yeux alors que cette drogue douce m’embrouille déjà l’esprit. « De quoi tu as peur, Rae ? J’ai perdu des amis. J’ai perdu ma fille.» chuchotais-je plus ému que je ne l’aurais souhaité, parce que ça claque dans l’air et mes oreilles en bourdonnent. « On perd tous quelqu’un un jour ou l’autre. Et la douleur est la même pour tout le monde. » Ce qui diffère, c’est comment on digère et ce qu’on fait de ce qui en résulte. « Et si ce que je pense est vrai, je vois pas en quoi ce ne serait pas normal que ce jour-ci ne soit pas pénible pour toi. » ça la rend, au contraire, plus humaine et plus saine, qu’elle ne l’a jamais été.


Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 YV4dgvCSujet: (Amelyn #5) ► MANY RIVER TO CROSS
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptySujet: (Amelyn #5) ► MANY RIVER TO CROSS    Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptySam 8 Fév 2020 - 1:45



MANY RIVER TO CROSS
« Je sais. » lui répondis-je spontanément pour finalement la suivre dans son appartement. Vu son état, elle ne se rend certainement pas compte de ce que signifie cet échange. Elle, elle dit : « Je n’ai rien à t’offrir » et moi, « je suis par là pour ça. » Dans le fond, c'est assez logique qu’elle ne m'ait pas jeté comme un mal propre. Je m’éloignais considérablement du type qui ne s’intéresse qu’à ses belles jambes et ses fesses rebondies. Je n’y attardai pas mon regard, non pas que j’ai peur d’être incapable de tenir ma promesse tacite, mais parce que j’étais sincère. Je préférai entreprendre une nouvelle chasse aux indices en examinant chaque recoin de son appartement et j’en trouvai au moins un. Il n’était pas de nature à transformer mes hypothèses en certitude, mais je détenais sous mes yeux une piste intéressante. Une piste que je n’explorerai pas si elle n’en manifeste pas le besoin, mais qui m’instruit sur le comportement à adopter. Me taire, attendre, la réconforter de ma présence, si tant est qu’elle lui fasse du bien, et par dessus-tout, ne poser aucune question et ne pas répondre à ses provocations qui sonnent faux. Sa tentative n’est qu’un simulacre voué à me tester ou à s’éviter ma compassion. Je n’en ressens pas, pas le moins du monde. Alors, je ne relève pas. Je m’assois dans son divan, je l’observe, un peu, avec un soupçon d’inquiétude au fond des yeux, mais elle est imperceptible parce que je ne soutiens pas son regard comme il m’arrive souvent de le faire. Pour que faire justement ? J’ai toujours su qu’à l’instar de tout être humain, elle traîne derrière elle des casseroles. Ce soir, alors qu’elle emprunte un sentier caillouteux, elles sont simplement plus bruyantes. Je pourrais les entendre si je choisissais d’y prêter attention, mais je ne trouverais aucun avantage à la dévisager comme un animal exotique emprisonné dans un cirque ou dans un zoo. Au contraire, je me sentirais dégueulasse, peut-être plus qu’Alec qui brille par son absence, si je n’avais la décence de respecter ce que trahit son regard, de respecter son chagrin silencieux. Aussi lui soufflais-je de toute mon intégrité une proposition qu’elle sera libre de refuser. Elle est explicite. Je serai là, 15 minutes, une heure, la nuit, ici, ailleurs, qu’importe, c’est comme il lui siéra et aussi longtemps qu’elle le souhaitera. Je me ferai aussi petit qu’un insecte si c’est ce qu’elle veut. Et, contre toute attente, elle m’invite à rester là, auprès d’elle. Je ne peux pas me mentir, je me sens honoré et je la gratifie d’un sourire entendu et reconnaissant avant de glisser de mon siège, récupérer un verre dans son bar, de m’asseoir en tailleur devant sa table basse, de m’y créer un peu d’espace et de me plonger dans mes papiers.

Je n’aurais su dire combien de temps s’est écoulé entre le moment où je me penchai sérieusement sur mon boulot et celui où elle finit par m’interpeler. Pour m’en inquiéter, il aurait fallu que je sois moins concentré, autant sur elle qui sort du sachet un paquet de chips que sur les chiffres des différentes propositions de quelques entrepreneurs que j’ai contactés. J’étais tout juste en train de me dire que certains ne se coiffaient pas avec le dos de la cuillère et, en parallèle, de me demander si Raelyn avait trouvé son bonheur parmi mes achats. En définitive, j’étais dispersé, si bien que je l’entendis parfaitement cette question qui traversa le rempart de ses lèvres. D’instinct, je fus tenté de la faire répéter, histoire de gagner du temps. Je n’avais pas envie de la blesser en lui rapportant les horreurs avancées par John et, d’un autre côté, je récusais l’idée de lui mentir en ce jour particulier en queue de peloton. Pour trancher, j’avais besoin de saisir ce qui l’anime. S’intéresse-t-elle réellement à ce que les autres pensent d’elle ? Franchement, j’en doute. Patauger dans la semoule de la détresse arrive à chacun d’entre nous au moins une fois dans sa vie et rares sont ceux qui changent fondamentalement le fusil de leur personnalité d’épaule. Personne. On apprend à cloisonner, on s’endurcit, on s’éloigne de la misère des autres jusqu’à devenir égoïste, mais en substance, on reste les mêmes. Et soudain, tout s’éclaire. Elle n’est pas intriguée par ce qui se dit, mais par ce que j'aurais appris et par l’impact que la rumeur pourrait avoir sur moi, moi qui n’ait pas de place définie dans sa vie, moi qui ne suis personne ou qui ne représente rien et ça me secoue plus que je ne l’aurais imaginé. Je ne redoute pas qu’une double lecture sous-entende une forme d’attachement et donne lieu à un quiproquo. Pour être honnête, je n’y ai pensé que plus tard, lorsque ce fut mon tour d’être accablé par ma solitude.

Sur le moment, ce que je crains, c'est sa fierté, celle derrière laquelle elle se retranche et qui m’étouffe bien trop souvent, celle qui lui colle au train et qui me pousse, presque systématiquement, à ramasser mes clic, mes claques et de me casser loin d’elle. Pourtant, je ne me défile pas. Je ne peux pas m’être entièrement trompé sur elle quand je la présume plus belle personne qu’elle n’y paraît. Je l’interromps pas non plus, je tends la main pour qu’elle y dépose quelques chips et je l’écoute, poliment. Je la couve d’un regard qui l’analyse, sans la juger pour autant. Sa fierté n’a jamais été plus proche de la façade que ce soir. C’est l’évidence et à sa place, je n’aurais pas mieux fait ni mieux dit. A situation inverse, j’aurais fait pire : je ne lui aurais pas ouvert. « Mitchell n’a rien dit. Alec m’a conseillé de te laisser tranquille. John pense que c’est une histoire de drogue, d’overdose… Je crois qu’il s’imagine que tu fais une sorte de pèlerinage pour célébrer la vie. » Quand il est clair que lui, il l’aurait préférée morte. « Et c’est très bien qu’il le croit. » Autrement dit : je ne raconterai à personne l’état dans lequel je t’ai trouvé ce soir, au cas où cette éventualité t’alarmerait. « Ce n’est pas à cause de ce qu’on m’a dit que je suis là, Raelyn, c’est à cause de ce qu’on a refusé de me dire. J’ai estimé que ça devait être grave et… » Qu’ajouter ? Que je me soucie de son bien-être au point d’oublier que je ne suis rien de plus qu’un plan cul régulier ? J’ai soupiré, parce que l’intégrité pleine et entière reste une épreuve, j’ai refermé mon dossier, déplié mes jambes et en appui sur mes jambes, je me redressai, sans un mot, pour m’asseoir à ses côtés. « J’étais inquiet. » finis-je par à avouer en haussant les épaules preuve de mon authenticité.

Ma main, je l’ai posée doucement sur sa cheville, estimant ce geste bien moins intime que de lui prendre la main, quand j’aspire à ce qu’elle accroche mes pupilles aux siennes, qu’elle y puise ce dont elle a besoin en réconfort, qu’elles puissent la rassurer sur ma sincérité. « Raelyn. Tout ce qui me vient en tête c’est que tu avais raison. » ça me coûte de le dire. Il n’y a pas si longtemps, j’aurais hurlé le contraire. Je n’ai cependant pas le sentiment détestable de me parjurer. « Toi et moi, on n’est pas si différents. Alors, je sais que ça ira mieux demain. » Mieux que personne. « Parce que tout ce que tu m’inspires quand je te regarde, tout ce que je vois, c’est moi, il n’y a pas si longtemps et peut¬-être demain. » Dans le sens large du terme. « Tu peux donc mettre ton cœur à l’aise. Je ne te juge pas, je n’ai pas pitié de toi et je ne suis pas non plus là non pour vérifier si la rumeur est vraie ou fausse. » conclus-je plus désarçonné que je ne l’aurais voulu. Je tapotai sa peau et j'ôtai ma main aussi sec. Je songeai même à retrouver mes devis, histoire de faire semblant qu’il m’intéresse vraiment alors que, dans le fond, je ressasserai certainement tout ce que je viens d’avouer. Au lieu de ça, je la quitte des yeux et je pioche dans son paquet de chips. « Tu la sens là ? » Je cognai mon index contre mon nez, comme si une odeur m’avait réellement interpellé. « Tu le sens ce moment où on a tous les deux besoins d’un petit remontant ? » Question rhétorique. Juste l’envie de la voir s’essayer à un sourire. « Va pour un scotch sans glace. » Qu’elle n’a pas encore réclamé, mais tous les prétextes sont bons pour ne pas m'appesantir sur ce que je viens de réveiller en moi. Ce n’est pas le moment de permettre à mes tragédies de s’inviter à cette fête supposément morbide. Alors, je passe un coup de balai devant la porte de mes propres souvenirs, je cache la poussière sous le paillasson. Je ferme à clé derrière moi, je lui tends un verre et je récupère dans le fond du sachet de course un peu d'herbe. « Et de quoi faire passer le temps jusqu'à demain.»




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Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptySujet: (Amelyn #5) ► MANY RIVER TO CROSS    Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptyVen 7 Fév 2020 - 20:19



MANY RIVER TO CROSS
Il était rare que je vienne jusqu’à son appartement sans y être invité, ce qui rendait tout aussi étonnant le fait que j’attende sagement son autorisation pour pénétrer son antre. Pourtant, je ne bouge pas. Je patiente gentiment sans peser les pour et les contre de mon audace. Me demanderait-elle de m’en aller que je m’exécuterais sans m’en sentir froissé. Je pourrais me trouver bête et m'en vexer, mais elle n’est plus tôt à fait elle-même aujourd’hui. Je le sais, car parmi toutes ses indéniables qualités, sa joie de vivre est probablement celle qui m’a séduit et je ne la retrouve pas dans le fond de ses yeux. J’y trouve un peu de lassitude, de fatigue, d’ennui, jumelé à un soupçon de souffrance. Ils sont délavés et si mon esprit ne parvient pas à la projeter recroquevillée sur elle-même, le corps secoué d’effroyables sanglots, je me doute que sa fierté presque maladive et souvent mal placée pourrait l’empêcher de saisir la main que je lui tends littérairement. Quel monstre d’égoïsme et de vanité serais-je si je lui tenais rigueur qu’elle referme la porte non pas derrière moi, mais sur moi ? J’ignore ce qui l’a blessée, mais j’ai la certitude que ce jour ne réveille que des souvenirs heureux teintés de nostalgie et des plus malheureux, chargé de rage et d’injustice. Ça m’arrive à moi aussi. Plusieurs fois par an d’ailleurs et, à son image, je me barricade derrière ma solitude, ma culpabilité en bandoulière et une bouteille pour seule amie. Je bois jusqu’à l’oubli, jusqu’à ce que je ne sois plus capable de réfléchir, de penser, de me rappeler. Je n’ouvre pas ma porte non plus. J’éteins les lumières, mon téléphone et je disparais aussi longtemps que nécessaire. Je me cache du monde parce que me confronter à leur sourire m’est trop pénible. Dès lors, non, je ne lui en voudrais pas si elle me chassait tel un intrus. Je m’en tracasserais sans doute, pour elle, pas pour moi et j’espérerais simplement qu’une fois l’orage passé, elle parvienne déchiffrer le message codé que renferme mon geste. Il n’est pas tout à fait anodin. Il n’est ni courtois ni hypocrite. Il ne signifie pas qu’elle stimule mon cœur que par la faute du désir qu’elle m’inspire. Il est juste bienveillant, amical et, quelque part, réconfortant, pour moi, et qui sait, peut-être pour elle. Qu’importe qu’on rejette toute forme d’aide quand on a mal. Ces jours où la solitude devient pesante, cet acte sain soulage autant qu’un onguent sur une ecchymose. Et quand bien même… n’en tirerait-elle rien de plus de ma démarche, serait-ce bien grave ? Si son absence me tracasse, je vérifie qu’elle va bien. Rien de plus, rien de moins. Après tout, ai-je véritablement besoin de son accord pour me comporter en ami sous prétexte que je ne le suis pas exactement ? Que nous n’avons jamais pris le temps de mettre un nom sur ce que nous partageons et qu’on ne le fera certainement jamais, parce que ça ne nous intéresse pas, que ça ne nous chahute pas ou pas encore ?

À quoi bon y penser d’ailleurs ? Elle s’inquiète du contenu de mon sac en papier kraft et elle ne soutient plus sa tête lourde de soucis à l’aide de l’encadrement de sa porte et je me dis que c’est bon signe, que j’ai bien fait de ne pas me fier aux avertissements d’Alec, lui qui sait tout, qui connaît l’histoire de cette journée du mois de mars, mais qui n’est pas à ses côtés. Je le suppose trop lâche. Ça lui ressemble bien. Moi, si je ne jouis pas du courage des chevaliers servants ou des princes charmants, j’ai au moins le mérite d’avoir assez d’estime pour elle pour ne pas rencarder ses émotions dans un placard. « Un peu de tout. De quoi tenir en tout cas. » Je savais de source sûre que son frigo était plus souvent vide que le contraire. J’ajoutai donc à ma liste de départ quelques saletés à enfourner si la faim la tiraille. « Je n’en cherchais pas spécialement » lui répliquais-je alors qu’elle m’avertit qu’elle n’est pas d’humeur joueuse, taquine ou joyeuse, ce qui n’avait rien de dérangeant, moins encore qu’elle s’en retourne à l’intérieur de son appartement, sans fermer la porte. Je l’ai suivie et j’ai jeté un coup d’œil circulaire à la pièce afin de me faire une idée précise de l’ampleur des dégâts. S’il était moins bien rangé qu’à l’habitude, il ne trahissait ni la débauche ni le chaos qu’une perte douloureuse. Laquelle ? Je l’ignorais toujours, mais un détail me sauta aux yeux. Le cadre, qui trône en maître  sur son meuble, celui où elle est accompagnée d’un homme au regard aussi bleu que le mien, celui qui renvoyait d’elle l’image d’une jeune femme épanouie, sensible, amoureuse et nageant dans le bonheur, ne me nargue plus. Il a été retourné, sans doute par sa propriété. Elle l’a dérobé à sa vue et, s’il m’arriva un jour de me demander qui était cet homme, si je conclus rapidement qu’il ne pouvait être que son compagnon de l’époque - autrement dit, son ex – je dois bien admettre que tout converge en ce sens. Le problème, c’est que j’avais dû mal à imaginer que cette détresse, qui irradie de son attitude, soit la conséquence d’une rupture. À mon sens ça dépasse le chagrin d’amour. Se pourrait-il qu’il soit mort ? Ce n’est pas idiot. Mais, comment ? Pourquoi ? Un accident de voiture ? La maladie ? Qu’est-ce que ça change finalement ? La cause n’enlève rien à la douleur. C’est ce que nous chantent les autres, ceux qui ne connaissent pas la souffrance du deuil. Ils prétendent qu’il est plus facile de perdre un être cher d’un cancer plutôt que d’un incident parce qu’au moins, on peut s’y préparer. Je ne suis pas d’accord avec eux, mais je me garde de donner mon avis, tout comme je maintiens loin de nous toutes indiscrétions qui l’obligeraient à me foutre dehors. J’essaie de faire honneur, d'un clin d'oeil, à cette remarque, qu’elle aurait souhaité cinglante, mais qui n’atteint pas vraiment sa cible.

Une provocation similaire, la veille ou le lendemain, aurait été le moteur de nos jeux de mains favoris. Insolent, j’aurais répliqué que je m’assurais surtout qu’elle ne dépérit pas à se languir de moi ou, dans sa version plus désobligeante que c’est sa bouche, plus que sa compagnie, qui m’a conduit jusqu’ici. Or, je lui concède un nouveau sourire, il est bien plus creux qu’à l’accoutumée. Il dit : « Bien essayé » et rien de plus. Certes, malgré son état, j’arrive à la trouver attirante, mais son chagrin, presque tangible, n’appuie pas sur le bon bouton. La seule idée qui me traverse l’esprit, c’est que je la prendrais bien dans mes bras pour lui chuchoter à l’oreille que, quoiqu’il arrive, c’est terminé, que ça passera, comme le reste, jusqu’à l’année prochaine, certainement, mais que demain, c’est loin. Je n’en fais rien évidemment. Je me l’interdis parce que je suis lucide sur ce qu’elle pourrait y entrevoir : rien de moins noble que la pitié et elle ne m’en inspire pas. Je ne suis pas non plus agité par une empathie débordante – j’en ai cependant – ou d’un excédent de passion. Je songeai à la consoler parce que j’aurais aimé que quelqu’un le fasse pour moi, quand j’étais au plus, et qu’on répète le geste, lorsque ma fille occupe tout l’espace dans ma tête. Au lieu de ça, je m’assois dans le canapé en face d’elle et j’allume une cigarette. Je ne me prépare pas un verre. J’ignore encore s’il est bon de m’attarder, mais ça aussi, ça me démange. Ça me ferait du bien parce que je déteste me faire à nouveau la réflexion qu’elle est miroir et vice versa. « Tu sais que je ne suis pas mal à l’aise avec le silence. » lui annonçais-je sans préambule. Je montre patte blanche et, dans le sac en papier kraft qu’elle a posé sur la table sans l’ouvrir, je récupère de quoi m’occuper, soit un dossier à la couverture d’un rouge criard dont dépasse une ribambelle de documents : des devis, pour les réparations du bateau, des appels d’offres que j’ai rédigés de ma main, à la hâte. Étudier les premiers et vérifier les seconds est un travail considérable. Je n’aurais pas assez d’une nuit, mais c’est ma façon de lui expliquer que je n'attends rien d'elle. « Alors, voilà ce qu’on va faire. Je me pose là, dans ta salle à manger. » Avec un peu de whisky cette fois, mais ça va de soi. « Je vais me concentrer là-dessus. » Je désignai ma paperasse d’un signe de la tête. « Et, si tu as besoin que je m’en aille, de t’asseoir près de moi, de discuter ou que sais-je encore… » Trouver un compagnon de galère, passer ses nerfs sur quelqu’un qui peut encaisser. « Je ne serai pas loin ou vite parti. Ça marche pour toi ? » l’informais-je de toute ma maladresse. Plongé dans mon bocal d’ignorance, je n’ai rien d’autre de plus grand à proposer, si ce n’est l’ébauche de ma loyauté et la preuve de mon respect.




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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptySujet: (Amelyn #5) ► MANY RIVER TO CROSS    Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptyVen 7 Fév 2020 - 16:00



MANY RIVER TO CROSS
J’aurais préféré qu’elle ne l’avoue jamais, sa possessivité. Le matin qui suivit cet révélation, je n’eus de cette de lui chercher une explication rationnelle et d’évaluer les conséquences qu’elle aurait sur moi. Je ne pouvais plus me cacher à présent. J’appréciais tout particulièrement que nous la partagions cette émotion. Je me sentais moins seul et moins con parce que si elle est réciproque, elle ne peut pas être si dangereuse qu’elle n’y paraît. Nous ne sommes pas bien différents Raelyn et moi. Nous ne croyons plus en l’amour. Il y a peu de chance pour qu’il frappe à notre porte et pourtant, les jours d’après, si je ne l’évitai pas vraiment, je balayai toute envie ou toute tentative de rapprochement physique. Je n’avais pas besoin que cette irrésistible blonde se transforme en habitude, une relation basée sur le sexe dont on est incapable de se passer. J’aurais pu, par prétention ou pour me rassurer, m’arranger pour devenir, moi aussi, un incontournable dans sa vie. Mais, pour y gagner quoi ? Quel serait le prix à payer également ? Je ne suis pas certain d’avoir l’énergie pour mener ce genre de combat. Ce serait lutter contre ses appréhensions pour la révolutionner. Mais est-ce que le jeu en vaut vraiment la chandelle finalement ? Sarah occupe toujours une place prédominante dans ma vie. Pas de réconciliation à prévoir sur le long terme, mais pas de divorce non plus. Elle insiste parfois, au profit de sa vanité, mais elle n’y tient pas systématiquement où elle l’aurait gagnée, ma putain de signature. Je ne sais pas où j’en suis avec elle. Manigancer pour que Raelyn ne soit plus qu’à moi, rien qu’à moi, alors que je ne suis pas au clair dans ma relation avec Sarah, serait idiot, égoïste et monstrueux. Je refusais de me rabaisser en bassesse pour redorer le blason de mon ego. Je n’avais pas envie de lui faire ça non plus. Ainsi, debout sur un bout de trottoir, je pris la décision sage d’espacer nos relations si, d’aventures, nous tendions à remettre le couvert. Il lui suffit d’un battement de cil et, les jours d’après, de regards brûlants. Ce qui survint de temps en temps devint régulier, trop pour que je tienne des comptes précis. Mais, pourquoi donc a-t-il fallu que le destin me dote de cette faculté inouïe à balayer toutes les pensées qui m’encombrent – même lorsqu’elles sont proches du raisonnable – au profit d’une idée de merde ?  J’oubliai tout discernement sur le quai de gare avant d’embarquer. Résultat, je la cherche toujours du regard quand nous sommes au Club. Ses yeux croisent les miens souvent parce qu’elle en faisait de même. Nous avons baptisé presque tous les endroits possibles de notre lieu de travail… à se demander comment nous n’avons pas encore été surpris et il n’était pas rare que je me réveille à ses côtés sans que je ne fuie avant que le sommeil ne la quitte. . Moi, bien inconsciemment, je m’efforçais de ne pas nous imposer une routine qui me laisserait une sale impression. Et pourtant, cette soirée du mois de mars, alors qu’elle n’était pas là, je m’inquiétai pour elle.

Elle est toujours au Club, Raelyn, surtout lorsque le chef s’absente. Ce soir, il occupait son rôle, et incapable de me raisonner, je le questionnai sur ce que je qualifiais, avec exagération, de disparition. Il me grommela une réponse, inconsistante, peu convaincante et je tentai ma chance auprès d’Alec. Je le déteste, autant que son frère, mais aux grands maux, les grands remèdes. Il est légèrement plus bavard et enjoué que l’aîné. Toutefois, il me servit plus ou moins le même discours que ce dernier. Un truc louche et j’en fronce les sourcils, soucieux et suspicieux. Qu’est-ce qu’ils cachent exactement ? Qu’est-ce qui peut bien justifier leur comportement des plus étranges ? Aurais-je été de nature paranoïaque, si un seul de mes cheveux s’imaginait que Raelyn avait confié notre aventure à l’un de nous deux, j’aurais pu en déduire qu’elle m’évite et qu’elle essaie de se débarrasser de moi sans me faire de la peine. Quelle blague. Comme si je m’étais réellement attaché à elle en tant que personne et non pour ce qu’elle m’insuffle en souffle de vie. Franchement. Mauvais, bien que je ne jugeais pas cette hypothèse particulièrement cohérente, je commandai un verre à John et, je l’admets, je fus tenté de l’interroger. J’utilisais souvent son amour pour les ragots pour grappiller des informations à propos des employés du Club. Tout savoir, sur tout le monde, c’était la clé pour ne pas griller ma couverture. Je réprimai l’idée cependant, quoique je fus heureux qu’il n’ait jamais eu besoin d’être brûlé au fer rouge pour se mettre à table. « On respire mieux, pas vrai ? » s’enquit-il en déposant mon whisky sous mes yeux interloqués par cette remarque. « La reine des abeilles se retire dans sa ruche chaque année à la même époque. » ajouta-t-il, péremptoire, sans qu’il me soit nécessaire de le titiller. Je ne suis pas idiot, j’ai rapidement compris qu’il faisait allusion à l’objet de mon tracas, mais je jouai les innocents. « La reine des abeilles ? » « Miss Blackwell. On dit que ce n’est pas son jour préféré. Ça doit avoir un rapport avec son passé. Un truc en rapport avec la drogue à mon avis, genre sa première overdose. Si elle avait pu… » Il s’interrompt, mais son regard est éloquent. Il s’apprêtait à cracher son venin, ce qui avait le don de me foutre en rogne. Il n’avait pas digéré qu’elle prenne à partie Judith et qu’elle la vire, sans son consentement, outrepassant ses droits et l’autorité du petit journal du Club. « Si elle avait pu quoi ? » insistais-je, soucieux de découvrir s’il assumerait le fond de sa pensée. « Rien, laisse tomber. » conclut-il en s’éloignant, son torchon sur l’épaule, à la défaveur de ma curiosité.

Jamais elle ne fut plus envahissante. Aussi, je fouillai ma mémoire en quête d’un indice qui pourrait m’éclaire, qui m’aiderait à distinguer le vrai du faux parmi mes dépêches du soir. Je rembobinai le film de nos différentes rencontres, l’air pensif. Rassembler mes souvenirs, ceux rangés dans le coffre-fort de ma tête tout ce qui est susceptible de me toucher vraiment, n’est pas chose aisée. Sauf que, soudain, vint l’étincelle, une lueur, l’ébauche d’une supposition qui me paraît plus évidente que les autres. Dans la voiture, juste après son rendez-vous foireux avec un pauvre type, lorsque je lui confiai la douleur de l’absence sans pour autant rentrer dans les détails, quand mes pupilles se voilèrent de nostalgie, les siennes transpiraient d’empathie. Ça m’avait surpris parce que j’étais convaincu qu’elle était dépourvue de ce genre d’émotion et, aujourd’hui, j'ai la quasi-certitude que la réponse est là, dissimulée quelque part, dans un coin de son cœur blessé, comme le mien. Je ne sais pas qui lui manque. J’ignore également ce qui la tient éloignée de ces responsabilités, mais l’important n’est pas là. Ce qui compte, c’est que je n’ai pas envie de la laisser seule. Je n’ai pas envie de l’abandonner à son sort si, d’aventures, elle souffre autant que je ne l’imagine. Je me fous que ça soit anormal. Je me moque aussi que ma présence ne soit pas requise. Je ne suis animé que de bonnes intentions quand je quittai le Club pour la rejoindre. Je pense utile, pragmatique. Je dresse la liste mentale de tout ce que réclame pareils moments pour aider le temps à s’écouler plus vite : alcool, herbe, malbouffe et soutien. C’est ce que je m’apprête à lui offrir : une main secourable, une épaule, pas tant afin qu’elle s’y épanche, mais pour que sa solitude – je ne m’avance pas, ce fut son premier aveu -  la pèse moins si elle vit des moments difficiles. À aucun moment je n’envisageai que me présenter derrière sa porte l’importunerait et qu’elle aurait pu chasser. Je ne m’y préparai pas non plus, à cette éventualité, mais dès lors qu’elle apparut dans l'embrasure, les traits tirés, le regard éteint, les cheveux défaits et l’œil témoignant des prémices de son ivresse future, je ne m’imposai pas. Je lui ai simplement souri, sans compassion, mais d’un air engageant et j’ai agité devant son nez le sac de commissions qui pendait au bout de mon bras : « Ravitaillement. » ponctuais-je aussitôt d’un clin d’œil. « Je ne sais pas ce qui se passe. » Et, accessoirement, je n’essaierais pas de le découvrir. « Mais, je me suis dit que tu en aurais besoin. »
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptySujet: still a flicker of hope » eavan #5    Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptyDim 5 Jan 2020 - 22:04
Still a flicker of hope
Eavan & Cian #5


J’aurais aimé n’en avoir rien à faire. J’aurais aimé ne pas me prendre la tête, l’allonger sur ce lit et juste profiter de l’instant présent, profiter de ses lèvres contre les miennes. Mais j’en suis incapable. J’ai besoin de parler. J’ai besoin d’extérioriser toutes les pensées qui se bousculent dans ma tête. Je suis venu ici dans l’idée de lui faire savoir que je n’allais pas quitter sa vie. Je ne m’attendais pas a la trouver avec un autre. Elle m’assure que c’est un ami et j’aimerais réellement la croire. Dans le fond, je lui fais parfaitement confiance. Et pourtant… C’est plus fort que moi, je pense à ce con qui est avec Ailis en ce moment même. Je suis jaloux. Elle ne se gêne pas pour mettre des mots sur mon comportement. Je ne peux plus vraiment le cacher. Bien sûr que je suis jaloux. Pas du genre à menacer, à faire du chantage ou autre. Juste à regarder de loin et à ronchonner dans mon coin. Cela a toujours été comme cela, mais lorsque l’on était ensemble, j’avais moins de raison de m’inquiéter. Je ne lui dirais rien de tout cela. Elle le sait dans le fond…

Allongé l’un contre l’autre, on tente d’échanger. Je sais qu’elle ne comprend pas, qu’elle aimerait que je me taise, mais j’en suis incapable. Je sens ses doigts glisser contre mon bras et ferme les yeux un instant pour profiter de l’instant. On ne sait combien de temps ça va durer. Et comme toujours, Eavan ne mâche pas ses mots. Elle est directe. Et elle a raison… « Je veux rien gâcher. » dis-je doucement. J’ai besoin que le temps s’arrête, juste quelques secondes. Que l’on reste l’un à côté de l’autre comme ça, sans se mettre la pression, sans parler, sans rien. Juste un peu. Ma main glisse entre nous et viens attraper la sienne pour entremêler nos doigts. Fixer le plafond, respirer lentement, faire danser mes doigts avec les siens. Profiter de sa présence à mes côtés. Les minutes s’écoulent et je sais qu’elle panique. « C’est tentant d’aller lui casser la gueule. » Je soupire. « Gratuitement. Il pourrait payer pour l’autre. » Aucunement besoin de préciser de qui je parle, elle comprendra. Eavan connaît les soucis que j’ai pour gérer ma colère. Cette situation entre nous, n’a fait que créer une réserve de rage en moi. Je n’ai toujours pas extériorisé et je plains celui qui prendra toute cette colère en pleine tête.

Je soupire longuement et fini par me tourner pour me retrouver au-dessus d’elle à nouveau. Mes mains de chaque côté de sa tête, nos corps si proches et mes lèvres qui viennent effleurer les siennes lentement. « Et si on virait l’autre con. On demande à tes parents de garder Ailis juste pour la soirée et nous… On prend enfin du temps pour nous. » Chose que l’on n’a pas faite depuis si longtemps. Depuis bien trop longtemps. J’ai besoin de la retrouver et pas que physiquement. « J’ai pris une chambre d’hôtel, j’avais un peu peur que tu me fermes la porte au nez, je dois avouer. » dis-je en riant un peu avant d’embrasser ses lèvres à nouveau. « On sort un peu, on dîne tous les deux et on voit ? »

Et c'est ce qu'on a fini par faire. On c'est évader comme deux adolescents pour le reste de la journée et pour la première fois depuis bien longtemps on a pris le temps de se retrouver, de se parler. C'était tout ce dont on avait besoin.

@Eavan Fitzpatrick         
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LE DESTIN

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Rechercher dans: annonces   Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptySujet: ∆ cérémonie des awards (édition #5)    Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptySam 4 Jan 2020 - 23:37




cérémonie des awards #5
l'heure des récompenses

Vous les avez élu, vous les avez félicité durant la soirée CB, il est temps d'avoir une vue d'ensemble et permanente des résultats de cette cinquième édition des 30Y Awards  Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 3290930861 Toutes nos félicitations aux vainqueurs, mais également aux nominés qui n'ont pas démérité, loin de là  Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 2954228499 et merci à tous d'avoir participé à cette édition des Awards, que ce soit en votant ou en étant parmi nous lors de la soirée CB qui a duré 3h, vous êtes bien courageux  Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 1149740097

Les lauréats peuvent à présent exhiber fièrement leur prix dans leur signature, quant aux autres, n'hésitez pas à poster à la suite pour les féliciter ! Nous, on se dit à l'année prochaine  Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 3922047296  

Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 YV4dgvCSujet: still a flicker of hope » eavan #5
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptySujet: still a flicker of hope » eavan #5    Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptySam 4 Jan 2020 - 18:02
Still a flicker of hope
Eavan & Cian #5


J’avais oublié. J’avais oublié à quel point, j’aimais sentir son corps contre le mien. À quel point, j’avais besoin de sentir ses lèvres danser contre les miennes. Notre relation a toujours été explosive. Lorsque je l’ai connu, je n’étais pas un grand romantique. J’aimais que ce soit tout feu tout flamme entre nous. Il nous arrivait de s’attraper et de s’embrasser passionnément sans raison, dans des lieux parfois franchement pas appropriés. Deux ans plus tard, j’ai la sensation que la passion ne ce n’est toujours pas m'envoler. On l’avait tout simplement enterré sous de la rancœur et du mal-être. J’ai l’impression de retrouver la Eavan dont je suis tombé amoureux et je ne veux pas la laisser partir. Je n’ai pas fait tout ce chemin pour rien. Je venais ici avec l’idée de retrouver un lien. Sans savoir comment définir ce dernier. Je voulais tout simplement la retrouver. Elle semble d’accord avec moi, Ailis un peu moins. Et bien entendu, je suis incapable de résister à la petite fille. Je la prends contre moi et l’espace d’un instant manque de me pincer violemment. C’est tout ce que j’ai toujours voulu. Nous trois. Tout simplement.

Il faut croire que la terre entière à décider de nous déranger, de venir s’immiscer entre nous. L’espace d’un instant, j’ai peur qu’Eavan reparte avec Cole. Ce qui se passe en réalité me laisse sans voix. En quelques secondes, Ailis se retrouve dans les bras de Cole. La porte se claque entre nous et Eavan me saute dessus. Je réponds à son baiser sous la surprise et avant qu’elle me colle contre le mur à nouveau, je la pousse sur son lit pour venir m’allonger au-dessus d’elle. Je viens embrasser ses lèvres avant de glisser dans son cou. « Tu l’as vraiment viré en disant qu’on allait s’expliquer sans parler ? » Elle est folle. Sa folie m’avait manqué. Si fort que j’en ai le cœur qui va exploser. Je reviens l’embrasser fougueusement. Pourtant, il faudrait que l’on se calme. Que l’on discute un peu. Juste tous les deux. Comme deux adultes. Je soupire et viens m’allonger à côté d’elle cette fois-ci. « On joue à quoi Ea ? » Honnêtement ? J’aimerai ne pas avoir cette conversation. Juste la déshabiller et la faire taire avec des baisers. Rien de plus. Mais ses parents sont dans la maison, sa fille et son… Son petit con là. Nouveau soupire. « Je… Tout ce que j’aimerai c’est… Te retrouver. Vraiment te retrouver. » Je soupire un peu et pose ma main sur mon visage comme pour me cacher, pour cacher mes émotions. « Mais on dirait qu’il y a toujours un truc qui nous empêche… Toujours quelqu’un… »

@Eavan Fitzpatrick         
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptySujet: still a flicker of hope » eavan #5    Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptyVen 3 Jan 2020 - 15:02
Still a flicker of hope
Eavan & Cian #5


Je ne voulais pas laisser cette conversation en suspens. Je ne voulais pas partir comme cela. Plié bagage, errer dans ce pays qui fut mien sans elle. Je me devais de retourner voir Eavan. Certes, je ne m’attendais pas à la trouver en compagnie d’un autre. Je ne m’attendais pas à ce qu’il me fasse la leçon. Je n’avais rien prévu dans le fond… Tout laissait place au hasard. J’avais pris ce billet d’avion sur un coup de tête, pour suivre mes sentiments, juste pour la retrouver. C’est la définition même de notre relation. Un coup de tête. On fonce dans le mur sans réfléchir. Je savais qu’elle n’allait pas m’accueillir les bras ouverts, que son impulsivité prendrait la première place. Elle a explosé. Mais je ne compte pas partir. Je ne lui ferais pas ce plaisir. Non… Rien est complètement défini, j’avance dans le brouillard, mais je sais parfaitement que l’on ne peut pas laisser les choses comme cela entre nous. Sans dire d’y coller une étiquette, sans dire de tout ranger dans des placards, dans un ordre impeccable. Je suis loin d’avoir une réponse à toutes mes interrogations, encore moins aux siennes, mais je suis sûr d’une chose… Je ne sais pas faire sans elle. Je veux avoir Eavan dans ma vie. Je sais que je l’aime. Que même si parfois les sentiments sont brouillés, un peu flou. Je l’aime. Rien de plus que cela. Et c’est ce que je me dois de lui dire et seulement après cela, je partirais si c’est ce qu’elle désire.

Lorsque j’arrive dans la chambre, je ne sais pas vraiment ce que je vais lui dire. Ce n’est pas le genre de discours qui se prépare, qui se révise. Il faut que ça sorte du cœur. Tout simplement. Je me dois d’être honnête avec elle. Elle m’avait demandé de prendre mon temps et de revenir lorsque je serais sûr de moi. Et bien me voilà… C’est tout ce que je peux lui offrir pour le moment. J’ose à peine relever la tête lorsque je l’entends s’agiter. Elle pose Ailis dans son petit lit et vient vers moi. Enfin… Viens me plaquer contre le mur et un sourire se dessine sur mes lèvres. Il faut croire que j’ai été convainquant ou qu’elle a simplement compris ce que je voulais dire. En quelques secondes, ses lèvres se retrouvent contre les miennes et je sens un poids énorme s’enlever de mes épaules. Ce baiser, j’en ai longtemps rêvé. Tellement qu’un instant, je reste un peu bête, plaquer contre ce mur à ne rien faire. Je reprends rapidement mes esprits et enroule mes bras autour de ses hanches pour prolonger l’instant. Mes lèvres dansent avec les siennes et je me sens soudainement mieux. Je l’embrasse comme si c’était la seule chose qui me restait à faire sur cette terre. Je colle son corps au mien, et même si je commence à manquer d’air ne colle pas mes lèvres des siennes. J’avais trop besoin de cela. Jusqu’à ce qu’Ailis explose dans un énorme sanglot. Un petit rire m’échappe alors que je me recule un peu. On attend une seconde sans bouger, mais Ailis ne cesse de pleurer et je capitule. « Bouge pas. » dis-je à Ea, tandis que je me dégage légèrement de son étreinte pour aller prendre la petite contre moi. Sa tête vient se poser contre mon épaule et tout de suite ses sanglots se calme. J’embrasse son petit crâne et murmure doucement : « Tu m’as manqué aussi ma puce. » Je caresse doucement son dos et retourne auprès d’Ea, un sourire idiot coller aux lèvres. Je me penche vers elle et reviens l’embrasse de manière un peu plus chaste. « J’ai le droit de rester alors ? » Et à l’instant où je prononce ces quelques mots, on entend des pas montant les escaliers. Un soupir m’échappe. « Si c’est lui, je réponds plus de rien… »

@Eavan Fitzpatrick         
Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 YV4dgvCSujet: Even my phone misses your call - Jailey #5
Arthur Coventry

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptySujet: Even my phone misses your call - Jailey #5    Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptyDim 29 Déc 2019 - 15:38
Even my phone misses your call
Jailey #5


Je lui promets qu’elle apprendre à connaître ma maison. J’hésite, presque prêt à qualifier l’habitation comme notre. Je ne veux pas l’effrayer. On s'est promis que l’on n’irait pas trop vite. Je connais Jill, elle a besoin d’une vitesse de croisière, quelque chose qui fonctionne avec son rythme. Alors, je garde la remarque pour moi. « C'est une promesse ? » Je hoche la tête et lui sourit. « Oui. C’est promis. » On va apprendre à vivre ensemble. Doucement, mais sûrement. On va faire ça bien. On va devenir un vrai couple. Aucun de nous ne chercher à virer mielleux, mais je sais aussi que l’on manque cruellement d’affection. C’est de cela dont on a besoin, de petits gestes d’affections sans mettre de mots dessus, sans y coller une étiquette. Quelque chose qui ne fonctionne que pour nous. Quelque chose qui nous ressemble.

C’est d’ailleurs bien pour cela que l’on finit par aller se réfugier dans mon studio. On ne s’enferme pas dans mon bureau, préférant aller s’installer près d’un piano. C’est ce qui nous avait réunies, il y a de cela plusieurs années. Il faut croire que c’est devenu le fil rouge de notre relation. La musique pour exprimer ce que l’on est bien souvent incapable de se dire autrement. La musique pour apaiser nos colères, le manque de communication et nos cœurs brisés. Avant, je n’aurais jamais parlé de mes doutes. Je me serais contenté de garder tout cela pour moi, je me serais contenté de paniquer une fois seul chez moi. Pour la première fois, on échange, on prend le temps de s’écouter, de se comprendre. Pour la première fois Jill fait preuve d’une douceur infinie alors que je sais à quel point la conversation peu la déstabiliser. « On se met pas la pression d'accord ? On essaye, on parle et on verra bien... On va travailler ensemble... Moi aussi tout ça me fait peur ! C'est tellement... nouveau ! » Une nouvelle fois, je hoche la tête. Cette fois, je me penche vers elle et viens l’embrasser tendrement. « On prend notre temps. » dis-je doucement mes lèvres encore collées aux siennes. On doit faire cela à notre rythme même si c’est encore si nouveau, même si on c’est pas vraiment par où commencer. « Je vais me faire à l’idée, tu as raison, c’est juste si nouveau. » Je n’ai jamais vécu de relation sérieuse. Jamais je n’ai eu cette envie irrépressible d’être avec quelqu’un. Jamais je n’ai aimé quelqu’un comme j’aime Jill. Je l’ai accepté et maintenant, je me dois de le vivre pleinement.

Je lui parle de ma musique tandis qu’elle me fait écouter la sienne. Je lui parle de Jack et du retour qu’il m’a fait par email. « On va travailler ça ensemble, il m’a dit. » Je hausse un peu les épaules. « Je sais pas vraiment où ça va mener, mais j’ai envie de voir. Je veux faire ça pour moi. » Pour moi. Pas pour mon père, pas pour prouver quelque chose à mon frère. Juste pour moi. Pour la toute première fois de ma vie. Et après cela, on décide de mettre les discussions sérieuses au placard. Il est temps que l’on profite pleinement de notre soirée en amoureux. Que l’on pense à nous sans se mettre de barrière, sans se faire du mal. « On peut faire quelque chose qu'on chante tous les deux ? Qu'est-ce que ça t'inspire ? » Je réfléchis un instant, m’installe un peu plus correctement face au piano et tourne le regard vers elle. « Joue… » Juste joue et on verra…

C’est ce que l’on a fait pour le reste de la nuit. On a joué des mélodies au hasard, on a tenté d’y mettre des paroles. On a mélangé nos idées, on s’est embrassé entre deux fous rires et quelques fausses notes. On s’est aimé simplement, pour la première fois depuis dix ans.

           
Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 YV4dgvCSujet: ∆ 30Y awards #5 (event #33)
LE DESTIN

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Rechercher dans: annonces   Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptySujet: ∆ 30Y awards #5 (event #33)    Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptyMar 17 Déc 2019 - 0:16


30Y awards #5 (édition 2019)
event numéro trente-trois
Vous avez été très nombreux à voter pour le premier tour des awards et nous vous en remercions  Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 3290930861 certains se sont hissés au sommet et il est maintenant temps de passer aux choses sérieuses en élisant vos vainqueurs dans chaque catégorie !  

Vous l'aurez compris, le second tour des awards est officiellement lancé et ce, jusqu'au 29 décembre alors n'oubliez pas de voter  Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 3922047296  Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 1949770018



Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 YV4dgvCSujet: Even my phone misses your call - Jailey #5
Arthur Coventry

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptySujet: Even my phone misses your call - Jailey #5    Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptyDim 15 Déc 2019 - 18:47
Even my phone misses your call
Jailey #5


Elle joue, elle aussi. Elle me titille. On se cherche. Pour la première fois, pourtant, c’est sans se prendre la tête. On s’amuse simplement. Il n’y a pas de quiproquo, pas de sous-entendu qui pourrait amener une dispute. On s’embête un peu, parce que c’est aussi la base de notre relation au départ. On ne sait pas faire autrement. Et elle me fait rire. « C'est bête, je connais pas assez ta maison pour pouvoir faire un petit déjeuner toute seule ! Par contre pour le concert, je te suis quand tu veux ! » Je lève les yeux au ciel. « Tu vas apprendre à la connaître cette maison. » J’y compte bien. Je sais qu’elle a préféré se trouver une colocation pour que tout se passe bien entre nous, mais j’espère qu’elle viendra tout de même passer du temps avec moi. Cette maison, c’est la mienne, Ginny n’a jamais vécu ici et c’est ce qui fait la différence. J’ai toujours vécu seul dans cette maison et je sais que Jill va pouvoir s’y faire ses marques, y laisser son empreinte. Je suis convaincu que petit à petit, on va pouvoir se construire quelque chose ensemble.

On a quitté la plage pour aller se réfugier dans mon studio. On se retrouve autour de mon piano préféré. Cela devait être un bon moment, leur moyen de terminer notre soirée. Pourtant, je ne peux empêcher mon cerveau de trop réfléchir, de se questionner, de tout remettre en doute. Ce n’est pas quelque chose de conscient, c’est tout simplement plus fort que moi. « Parle moi, poses moi toutes les questions que tu veux ! Tu sais que je répondrais si ça t'aide ! » Je hoche la tête sans vraiment savoir quoi dire de plus. Je n’ai pas vraiment de questions. C’est juste des peurs complètement infondées. Elles sont là pour me pourrir la vie constamment. Il va falloir que je lui fasse confiance, je le sais. « Je veux juste que tout se passe bien. » Je lui souris un peu et viens glisser ma main dans la sienne pour la serrer doucement. « Et… M’en veux pas si parfois t’as la sensation que je doute… J’essaye. » J’essaye si fort, mais je ne sais pas mettre des mots là-dessus. C’est bien cela mon problème la plupart du temps, je ne sais pas exprimer mes émotions. « Mais ça ira. » Je veux me rassurer, c’est un peu idiot, mais parfois cela fonctionne. « Arrête de te détester, c'est pas de ta faute... » Je hausse les épaules. C’est un peu trop me demander… Mais je sais que pour elle, je vais tout faire pour calmer mes angoisses. « Je vais vraiment travailler là-dessus. Promis. » Et comme pour sceller cette promesse, je viens déposer mes lèvres contre les siennes.

On décide de ne pas se prendre la tête et juste de finir cette soirée calmement, en musique. « Tu veux écouter un nouveau truc. » Je hoche la tête vivement, pressé d’entendre ce sur quoi, elle avait bien pu travailler. Je la vois hésitante et serre doucement sa cuisse avec ma main. Signe de soutien. Je lui souris alors qu’elle commence à jouer une mélodie que je ne connais pas du tout. C’est vraiment quelque chose d’inédit et je l’écoute avec attention. Je l’écoute marmonner et comprends qu’elle n’a pas de réelles paroles coller à la mélodie pour l’instant. « J’aime beaucoup. » Un instant, je la laisse jouer lentement avant de lui parler de l’énorme pas en avant que j’ai fait cette semaine. Elle est tellement surprise qu’elle cesse de jouer immédiatement et cela me fait rire. « J’ai envoyé celle que je t’ai jouée en début de soirée et notre première. » Je n’ai pas besoin d’en dire plus, je sais qu’elle va comprendre. Un jour, il faudra que je trouve un vrai titre à mes chansons. Rien qu’en évoquant cela, je sens mes mains trembler légèrement. « J’ai jamais été aussi stressé. J’ai… J’ai envoyé ça à Epstein en plus… » Je soupire et passe une main sur mon visage. « Si mon père l’apprend, je suis mort. Et je pense qu’Epstein me répondra jamais. » Je hausse les épaules doucement avant de secouer la tête. « Enfin, on verra bien hein. » Signe que je veux clairement changer de sujet, car ce n’est pas le plus simple pour moi. Mes chansons, c’est mon jardin secret. Il m’a fallu des années pour oser les jouer devant quelqu’un. Jill était la gardienne de secret et voilà que ce soir, j’ai joué devant des inconnus et il y a quelques jours, j’ai envoyé mes chansons à celui qui devrait être mon ennemi numéro un. Ce n’est pas simple. « Rejoue ta mélodie. Parle-moi de ce que tu voulais faire avec. » Je lui souris tendrement. « Je suis curieux. » ajoutais-je en riant un peu.            
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptySujet: still a flicker of hope » eavan #5    Tag 5 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 15 EmptySam 14 Déc 2019 - 13:57
Still a flicker of hope
Eavan & Cian #5


Elle ne me laisse même pas le temps de comprendre ce qui se passe dans cette maison. D’apprendre qui est le connard qui glisse ses bras autour de ses hanches, mais surtout qui a le droit de prendre Ailis dans ses bras. Elle ne me laisse même pas le temps d’aller voir la petite. Non. En quelques secondes, elle m’entraîne à l’étage, nous enferme dans sa chambre d’adolescente et soudainement crache son venin. Je savais que rien ne serait tout rose en venant ici avec une semaine de retard. Je la connais par cœur ma blondinette. Elle a trop de fierté, elle a besoin d’exprimer sa colère et elle n’avouera jamais qu’elle puisse avoir tort lorsqu’elle se met à crier sur tout le monde comme cela. En quelques secondes, je me fais accuser de menteur et j’en prends plein la tête. Je savais que ça allait se passer comme ça et pourtant, je sens la colère monter. Il faut croire que c’est devenu un cercle vicieux entre nous. On s’aime tout autant que l’on se déteste et on passe notre temps à s’engueuler. « You don’t have to justify but I do ? » Et un rire nerveux s’échappe d’entre mes lèvres. Je sais que je devrais me taire, que je devrais juste prendre le temps de l’écouter avant de répondre quoique ce soit, mais c’est plus fort que moi. Je déteste me faire attaquer aussi librement et encore plus lorsqu’il s’agit d’Eavan. Pourtant, je ne veux pas envenimer les choses. Je ne veux pas qu’elle me foute dehors alors que je viens de faire le tour du monde pour la rejoindre. Je la laisse s’énerver. Je la laisse me dire que je suis le dernier des cons. Je voudrais lui répondre, en particulier lorsqu’elle sous-entend que je ne sais pas si elle en vaut la peine. Je ne veux pas parler sur un coup de tête, de toute manière elle n’entendra rien, bien trop enfermer dans sa colère soudaine. Pourtant, je suis incapable de me taire lorsqu’elle me parle d’Ailis et du fait que je sois la première personne à l’avoir accueilli dans ce monde. « I’ll never forget that. » Jamais non. Je me souviendrais toujours du moment où on m’a mis la petite dans les bras. « I miss her more than you will ever know. » Elle pense me connaître par cœur, mais plus on se dispute ces derniers temps, plus j’ai la sensation que ce n’est pas vraiment le cas. Je me sens perdu. Tellement que je ne dis rien. Je reste planter face à elle, me demandant si je devais vraiment rester ici où juste reprendre un vol dès ce soir. Je n’ai pas le temps d’y réfléchir plus longtemps qu’Eavan m’entraîne de nouveau dans le salon où tout le monde nous observe bizarrement. Ils ont probablement entendu le ton monté et j’ai juste envie de m’enfuir, c’est ce que je compte faire, mais Ailis se met à pleurer et je m’arrête en plein dans mon élan. Eavan se dirige de suite vers sa fille et sans réfléchir j’avance en même temps qu’elle. Ailis ce blotti de suite contre sa maman et je viens doucement caresser sa petite main avant qu’Eavan l’emmène à l’étage pour la nourrir.

Je me retrouve comme un idiot au milieu de ce salon avec le père d’Eavan qui me fusille du regard. Je sais même pas si elle a parlé de moi. Je me tâte à partir, mais j’ai encore des choses à dire a Eavan. Ne voulant pas rester ici à me faire fixer par le reste de la famille, je sors par la baie vitrée qui donne accès au petit jardin de la maison. Je m’appuie contre le mur et ferme les yeux en soupirant. Ma main se glisse dans la poche de ma veste pour sortir un paquet de cigarettes. Je m’étais promis d’arrêter à la naissance d’Ailis et encore plus depuis que Charlie compte vivre chez moi avec son bébé, mais dans des situations comme celle-là, j’ai vraiment besoin de cloper. J’allume ma cigarette et en prends une longue bouffée. Je pensais pouvoir être seul, mais voilà que l’autre abruti me rejoins. Et voilà qu’il se mêle de ce qui ne le regarde pas. Je n’ai pas explosé face à Eavan, mais là je ne peux pas garder mon calme. Je laisse tomber ma cigarette et l’écrase sous ma chaussure avant de l’attraper par le col de son tee-shirt de le plaquer contre le mur sur lequel je prenais appui. « You don’t have the right to say anything about my relationship with her. » Je resserre un peu ma pression sur sa trachée avant de le lâcher. « I’m not gonna justify with you. It’s between Eavan and I. » Qu’il ose pas l’ouvrir encore une fois parce que je vais lui faire la tête au carré. « She wasn’t that afraid to upset me when she went out and cheated on me. I know I have my fair share of mistake, I know that she didn’t understood the wide aspect of my job and I know I should have stay with her. I KNOW ! I don’t need you or anyone else to come and make comments about my relationship with her. We messed up but at the end she’s the one who cheated and it’s dumbass like you who wants to make profit out of it. You better stay away. » Je finis par le lâcher et lui lance un dernier regard noir. J’ai besoin de souffler et m’éloigner de lui pour m’allumer une nouvelle cigarette et tirer dessus comme un taré. Il faut que je me calme. Il faut que j’aille voir Ea. Je vais pas laisser cet abruti me dire quoi faire ou pire aller dire, je ne sais quelle connerie à la jeune femme. Je prends le temps de fumer, je prends le temps de respirer. Lorsque je me retourne Cole est retourner dans la maison et je finis par en faire de même. Les parents sont toujours dans le salon, le connard est dans la cuisine. Je l’observe du coin de l’œil et sans demander l’autorisation à personne, je grimpe les escaliers afin de rejoindre Eavan et Ailis.

Je les trouve dans la chambre. Eavan est assise sur le lit, Ailis en train de tête, caressant doucement la peau de sa maman avec sa petite main. Je ferme la porte derrière moi et croise le regard de la jeune femme. J’ai bien compris que je n’étais pas le bienvenu, mais j’ai des choses à dire. Je ne cherche pas le conflit. Alors, je me laisse glisser le long du mur près du lit et baisse le regard sur mes pieds. « Never say that you’re not worth it ever again… » Je passe une main sur mon visage et soupire longuement. « I wasn’t lying you know… Sullivan needed me for something at work. And… I really missed you. » Je relève la tête vers elle. « Both of you. » Je sais que je devrais être un peu plus clair. Je sais qu’à un moment donner, il va falloir que l’on remette les sentiments sur la table, mais pour l’instant, je veux juste m’assurer qu’elle ne va pas hurler, qu’elle est ouverte à la conversation. « Last time, you told me to take my time and to come back when I’ll stop doubting everything we do or say. » Je plonge mon regard dans le sien. « I’m back… »

@Eavan Fitzpatrick         
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