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Elle voyait bien dans le regard du jeune homme en face d’elle qu’il était intrigué par la situation, et à la fois perdu dans cette dernière. Ce n’était pas tout les jours que vous deviez adapter votre situation à une personne qui ne pouvait vous entendre, et Kaecy devait avouer qu’elle n’avait plus tant l’habitude que ça lui arrive. Certes, elle avait passé des années dans le silence complet, mais depuis qu’elle pouvait entendre, à part pour dormir, il était rare qu’elle s’isole dans le silence. « Je vais bien. Et vous vous êtes blessé ? Vous étiez ou durant l’accident ? » Un petit sourire léger vint se positionner sur les lèvres de la jeune femme. Elle avait oublié que les gens qui n’étaient pas habitués se mettaient instinctivement à parler extrêmement lentement pour être sûres que la personne sourde en face d’elle comprendrait bien ce qu’elle voulaient dire. « Pas besoin de parler aussi lentement, vous savez, j’ai l’habitude de lire les paroles plus que de les entendre. » Son sourire s’étira, d’autant plus tendre. Parce-qu’elle ne voulait en aucun cas offenser le jeune homme, alors qu’il tentait de faire des efforts. Elle trouvait ça même bien mignon de sa part. « Et le train a bien bougé vous savez, j’ai bien senti l’accident. C’est à cause de tout ce raffut que mes appareils ont du tomber. » Soupirant légèrement, elle fit une petite moue. C’était chiant, certes, mais au moins ce n’était pas une situation où il y avait mort-d’homme. Surtout qu’elle pouvait toujours être utile même en étant de nouveau dans le silence. « Comment vous vous appelez ? » Instinctivement, elle pensait, le jeune homme vint poser sa main à lui sur son épaule à elle. Comme elle l’avait fait quelques instants plus tôt, pour être sûre de capter son attention. « Kaecy, et vous ? Vous savez si y’a d’autres personnes qui ont besoin de nous ici ? » Le fait de voir déjà qu’il n’était pas parti en courant lorsqu’il avait compris qu’elle ne l’entendrait pas de si tôt, alors qu’ils n’avaient apparemment clairement aucun temps à perdre avait rassuré Kaecy. Et puis, le fait de devoir se concentrer sur les paroles des gens avait toujours eu pour don de l’apaiser, de la calmer, la recentrer sur les choses.

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{@=2199}Priam Strand{/@}

La jeune femme que Debra avait déposé au sol semblait se porter de moins en moins bien, comme si quelque-chose ne tournait pas rond. Mais Debra n’avait pas les connaissances  ni les compétences nécessaires pour faire quelque-chose à la situation. Cependant, l’autre jeune femme qui les avait rejoint semblait s’y connaître. Et elles semblaient, tout court, se connaître aussi, en étant déjà aux prénoms et tout ce qui s’en suit. « Je vais essayer, mais c’est dur Théo. Comment vas Olivier ? » Debra haussa un sourcil. Apparemment, elles semblaient même se connaître depuis un bon bout de temps pour que la minette qui tournait de l’oeil puisse demander des nouvelles de ce qui semblait être un proche de l’autre, le médecin. « C’qui Oliver ? » Parce-que, même si elle ne semblait pas comprendre pourquoi, Debra sentait que ce nom ne lui était pas inconnu. Alors que l’endroit dans lequel elle se trouvait, lui, lui était complètement inconnu. Elle avait beau faire des tours et des tours sur elle même, elle ne reconnaissait aucun détail de ce semblant de train, déraillé. « Parlez-moi… Vous pensez qu’on va s’en sortir ? » Debra se retint de ne pas avoir un petit rire - ce n’était pas le moment, la jeune femme n’était pas dans son assiette. « Ouais ouais. » Elle se racla légèrement la gorge, presque discrètement. « J’espère bien qu’on va s’en sortir oui, je suis attendue à une soirée ce soir, et vu les mecs qui sont censés venir, j’ai pas intérêt à la louper. » Là, elle s’autorisa un petit rire. Parce-que détendre l’atmosphère ne pouvait pas faire de mal, et puis au moins ça donnerait peut-être matière à jaser à la jeune minette qui peinait à garder ses yeux ouverts. Et bien qu’elle ne savait que faire de ses dix doigts pour l’aider, Debra, étonnement, étrangement, ne ressentait pas nécessairement le besoin de sauter sur l’occasion pour tenter de faire quelque-chose de mieux que d’amuser la galerie en se plaignant.

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{@=2345}Penelope Haesting{/@} {@=2533}Théodora Hazard-Perry{/@}

L’horreur parfaitement dépeinte sous ses yeux. L’angoisse, le malheur aussi. Tout le train semblait sans dessus, ni dessous, et surtout les gens qui y étaient présents semblaient ne pas être très bien en point. De ce qu’elle pouvait voir, Kaecy décernait plusieurs blessures qui nécessitaient normalement des soins immédiats. Elle ne s’imaginait pas ce qu’il pouvait arriver aux blessures qu’on ne voyait pas. Et alors, elle laissa aller la première larme. Silencieuse, cependant. A vrai dire, elle ne s’en était pas aperçue encore, sous le choc, mais tout était beaucoup trop silencieux. Ses oreilles semblaient siffler, mais c’était un son seulement dû au choc. Tout le reste était silencieux. Et alors qu’elle vit un jeune homme s’approcher d’elle, remuant les lèvres, elle porta instinctivement ses mains à ses oreilles. « Oh non… » La chute avait du être assez violente, puisque ses appareils auditifs ne se trouvaient plus à leur place légitime. Essuyant rapidement les larmes qui coulaient, Kaecy inspira un bon coup, avant de venir prendre le jeune homme qui se tenait désormais devant elle par les épaules. « Je sais pas qui vous êtes, je suis désolée d’avance si je parle trop fort ou pas assez, mais j’ai perdu mes oreilles… Appareils, je vous entends pas si vous vous êtes adressé à moi jusque là. » Elle finit par le regarder de haut en bas, plusieurs fois - déjà pour voir si elle ne le connaissait pas déjà, mais surtout pour vérifier que le jeune homme était en point. Certes, la vision du train n’avait pas été un bon élément et avait perturbé la jeune femme pendant quelques instants - qui lui avaient paru trop long -, mais elle devait maintenant reprendre de la consistance et se focaliser sur quelque-chose de plus productif que des larmes. Ce n’était pas pleurant qu’elle allait réussir à faire quelque-chose de bien et de bon pour les autres. Elle planta donc son regard dans celui du jeune homme. « Est-ce que vous allez bien ? » Avant de descendre son regard directement sur ses lèvres pour être sûre de ne pas louper sa réponse.

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{@=2199}Priam Strand{/@}

Pourquoi, et surtout comment elle, Kaecy Wilson, s’était-elle retrouvée à brod de ce train de l’enfer ? Tout simplement parce-qu’elle avait eu besoin de souffler. Les dernières nuits n’avaient pas forcément été de tout repos - ou plutôt elles auraient pu l’être, si elle avait réussi à dormir un peu. Entre le retour presque à la normal avec Elio qui était encore tout fragile, tout beau, mais surtout l’arrivée de Vittorio en ville, ça lui avait demandé beaucoup d’énergie. Et puis bien sur, à côté de ça il y avait les jumeaux, le boulot; parce-qu’il fallait bien que tout ce petit monde continue de tourner. Et lorsqu’elle avait vu ce jeune homme distribuer des flyers dans la rue, au début elle était partie pour lui dire qu’elle n’en avait pas besoin. Mais la curiosité l’avait titillé et elle avait pris le bout de papier, qui disait que le lendemain même, un moment d’évasion était possible - qui plus est avec des pizzas gratuites. Pas qu’elle était une grande fan de ce type de nourriture, mais en revanche pouvoir rencontrer du nouveau monde et pouvoir faire un tour dans les alentours de Brisbane, ça, ça semblait être une bonne idée. C’était donc la raison qui avait fait que Kaecy était à bord du train lorsqu’il avait déraillé. Mais la chance avait semblé lui sourire puisqu’elle avait reçu un appel quelques instants avant de la part de son boulot qui l’avait fait s’isoler dans une pièce assez petite et hors de portée d’objets dangereux, et confinante ce qu’il fit que Kaecy ne vola pas dans tous les sens. Elle avait senti son corps heurter les parois de la pièce, mais à part quelques bleus, elle pensait plutôt bien s’en sortir. Elle finit par réussir à bouger la porte - qui n’était plus que semblant de porte, en fin de comptes -, ce qui lui permis d’arriver dans la pièce principale du train, là où se tenait quelques concurrents pour le trophée du meilleur mangeur de pizza de Brisbane et le bar. Et à peine elle avait posé ses yeux sur la pièce que déjà elle portait une main à sa bouche, portait un visage d’effroi et les larmes semblaient monter à ses yeux. « Oh mon Dieu… »

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La jeune femme au visage pâle se tourna vers elle, les yeux à moitié divergents. Autant vous dire que ça ne donnait qu’à moitié envie à Debra d’aider, elle qui était plus du genre à jouer la princesse en détresse. « Je.. Je vais bien.. Je, je suis juste fatiguée. » Elle eut un petit rire. « Tah, même moi j’y crois pas. » « Je .. Trouve un médecin s’il te plait.. Je crois que j’ai vraiment besoin de voir un médecin. » Regardant plus attentivement la jeune femme, elle pouvait s’apercevoir que son teint était encore plus livide vu de près, que des gouttes de sueurs semblaient perler de nulle part et que clairement, elle était sur le point de s’effondrer à tout moment. « S’il te plait… » Elle vint passer un bras sous celui de la jeune femme. « Déjà, tu vas t’asseoir par terre sinon tu vas t’exploser le crâne si tu tombes. » En quelques secondes, presque en supportant totalement la jeune femme tellement elle commençait à partir dans les vapes, Debra réussit à asseoir Penelope. Elle se releva par la suite, regardant autour d’elles. « Trouver un médecin ici alors qu’ils ont pas leur saleté de blouse blanche, quelle bonne idée… » Elle murmurait, se parlant à elle même, mais apparemment quelqu’un dut l’entendre quand même puisqu’une jeune femme se précipita vers eux. « Penelope ! » Et elle semblait être médecin, puisqu’elle commença directement à regarder et à prendre des mesures comme les médecins font dans les films. « Hey ma belle, il faut que tu restes éveillée d’accord ? Tu m’entends ? » « Je suis pas sure qu’elle réponde clairement, elle avait l’air grave à l’ouest. » Ce n’était pas des paroles rassurantes, certes, mais si elle était médecin, c’était surement le genre d’éléments que la jeune femme voudrait savoir. Cette dernière finit d’ailleurs par se tourner vers Debra. « Ca va toi, rien de grave ? » Relevant un peu les épaules, elle était pas peu fière qu’on s’intéresse un peu à elle. « Je crois. Je saignais un peu tout à l’heure, mais rien de grave apparemment. J’ai même pas mal à la tête pour le moment, alors. » Elle haussa légèrement les épaules. « Mais bon, apparemment de ce que je vois, le médecin de nous deux ça à l’air d’être toi, donc ce serait plutôt à toi de nous dire si on va bien. » Un élément que Debra devrait normalement savoir, puisqu’en réalité, elle habitait dans la même maison que Théodora.

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