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 weight of the world (vidal)

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Message(#) Sujet: weight of the world (vidal) weight of the world (vidal) EmptyLun 8 Aoû 2016 - 2:33



you've been doing what you like, thinking that you're always right. you can hold your breath, 'cause i won't hold mine.

(☆☆☆)


Il y avait plusieurs raisons qui pouvaient pousser Saul à prendre le chemin de la St Anthony's School de bon matin, du moins lorsqu'il pouvait se permettre d'arriver au siège de sa compagnie en milieu de matinée et de faire un détour par Toowong. La première, c'était bien évidemment lorsqu'il y emmenait ses fils, Caleb et Eliott. L’aîné gravissait les échelons de l'école primaire, quand son petit frère avait mis un pied en maternelle quelques mois plus tôt, et c'était toujours un moment privilégié pour Saul de les accompagner personnellement sur le chemin de l'école, lui qui en général peinait encore à réorganiser sa vie de façon à accorder davantage de temps à sa famille. Quant à la seconde raison pour laquelle il lui arrivait parfois d'emprunter ce chemin même alors qu'il était déchargé des responsabilités qui impliquaient ses fils, c'était lorsqu'il y donnait occasionnellement quelques cours de guitare, à des élèves tout juste en âge d'apprécier ses mélodies acoustiques ou suffisamment grands pour apprivoiser quelques accords. Et aujourd'hui, c'est justement parce qu'il était attendu pour donner un cours bénévole que le brun avait quitté son domicile, son instrument à la main, et qu'il avait marché jusqu'à apercevoir la façade de l'école. Le sourire aux lèvres - comme chaque fois qu'il s'apprêtait à transmettre un petit bout de sa passion à des esprits attentifs - Saul fut alors bien loin de s'attendre à déchanter quelques instants plus tard. Car tandis qu'il avait relevé les yeux vers l'une des silhouettes qui attendaient devant les portes de l'établissement et qu'il avait d'abord cru à la présence d'un parent d'élève qui viendrait - comme souvent - le saluer, c'est bientôt face à une carrure qu'il ne connaissait malheureusement que trop bien qu'il se retrouva, et une mine quelques peu abasourdie qu'il afficha. La gorge serrée, Saul sentit le sang lui monter au visage, signe que cette rencontre était aussi surprenante qu'elle s'annonçait désagréable. Et c'était peu dire lorsqu'on connaissait le contexte de leurs derniers échanges. « Vous êtes dingue ? » Sa voix s'éleva, presque malgré lui, tandis qu'il se rapprocha de l'homme qui se tenait à quelques pas de là, non sans réprimer avec difficulté la contrariété qui grandissait déjà en lui. « On avait convenu de se retrouver dans des endroits discrets, et certainement pas à la vue de tous. » Mais sans doute Vidal avait-il choisi de ne pas s'en tenir à ce qu'ils avaient décidé, par esprit de contradiction ou par envie d'asseoir un peu plus son influence sur Saul. Une influence qu'il devait au chantage qu'il avait débuté quelques semaines plus tôt, et auquel le metteur en scène s'était soumis bien malgré lui, par crainte de voir sa vie voler en éclats si cet odieux personnage parlait de ce qu'il savait, sur lui et sur cet autre homme qu'il devenait si tôt qu'il s'éloignait de son foyer pour courir après une nouvelle existence. Une existence que sa femme, ses enfants, ses proches n'accepteraient jamais. Alors affronter cet homme, s'accrocher à sa fierté et à son orgueil au nom de sa liberté d'agir, ce serait prendre des risques que Saul n'était pas certain de pouvoir assumer, raison pour laquelle il s'enlisait dans cette situation à défaut d'avoir trouvé un moyen de se débarrasser de cet homme. « Attendez voir. » Il reprit toutefois, les sourcils froncés, réalisant brusquement que la présence de Vidal devant cette école soulevait aussi une autre question, plus déplaisante encore que la précédente. « Comment avez-vous su que vous me trouveriez ici ? » Comment avait-il su qu'il serait devant cette école, un jour où il aurait très bien pu être en route pour le boulot ? Avait-il tant de temps à perdre pour s'être renseigné sur son compte, en ne laissant aucun détail au hasard comme pour s'assurer d'avoir toujours une longueur d'avance pour lui ? S'était-il mis en tête de le pister jusque dans les recoins les plus privés de sa vie, de le persécuter chaque jour avec un peu plus d'impétuosité ? Saul, qui avait bien du mal à s'amuser de l'ironie de la situation, serra les points à l'idée que son interlocuteur se pense en droit de dépasser des limites qu'ils auraient du fixer depuis bien longtemps. Il avait peut être l'avantage dans cette sordide histoire de chantage, mais Saul s'était déjà juré de lui faire payer son audace à la première occasion, et il y était d'autant plus déterminé à présent qu'il mesurait à quel point Vidal se complaisait dans le rôle qui était le sien.


Dernière édition par Saul Masterson le Lun 10 Oct 2016 - 21:36, édité 2 fois
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Message(#) Sujet: Re: weight of the world (vidal) weight of the world (vidal) EmptyMer 10 Aoû 2016 - 2:40



Saul & Vidal
__________________________________
L'ómi si leanu cu a parólla, i bói cu a funa
(on attache les hommes avec la parole,
les bœufs avec de la corde.)


Le quartier ouest n'était pas franchement celui que le corse fréquentait le plus, mais contrairement à ce que les idées reçues sur son compte pouvaient laisser penser il lui arrivait quand même de quitter le secteur englobant son bateau et les bars avoisinant. À le voir posté devant cette école, les bras croisés et parfaitement détendu, on avait aucun mal à deviner que Vidal attendait quelqu'un. Mais il s'était bien gardé de prévenir l'homme en question, puisque celui que Vidal prévoyait de retrouver devant ce complexe scolaire ne se doutait probablement pas un seul instant de sa présence ici. Vidal était un homme imprévisible, ce cher monsieur Masterson allait encore s'en rendre compte aujourd'hui. Une rencontre forcée, et pas la première entre eux. Ce matin-là Vidal était arrivé en avance, il ne voulait surtout pas manquer sa cible. Il avait ouï-dire que Saul donnait des cours de guitare dans cet établissement, et il ne doutait pas de la fiabilité de sa source, qu'il garderait pour lui. Lorsqu'il avait besoin d'informations sur quelque chose ou sur quelqu'un Vidal savait toujours vers qui se tourner, des ressources il n'en manquait pas... des contacts non plus. Neuf heures. Tout juste le temps de porter les yeux à la montre à son poignet que ce cher Masterson entra dans son champ de vision. Son air déconfit en découvrant Vidal témoignait sa déconvenue et son déplaisir de le trouver ici ce matin. Ses premiers mots lui arrachèrent un sourire narquois. Dingue il l'était certainement un peu, oui, pour pousser son chantage toujours plus loin avec Saul et oser profiter toujours plus d'une situation sur laquelle il n'aurait sans doute pas l'avantage éternellement. Vidal vivait au jour le jour, ce n'était pas un homme très soucieux de demain alors ce qui importait pour lui c'était l'argent qu'il pourrait amasser aujourd'hui. Et justement, s'il s'était rendu ce matin devant cette école pour confronter Saul c'est bien parce qu'il attendait quelque chose de lui. Et cette chose, ce bon vieux Masterson allait la lui donner puisque il n'avait pas le choix. Vidal ne pouvait pas essuyer le moindre "non" et il le savait, il avait le sentiment de contrôler Saul comme un pantin et de pouvoir faire ce qu'il voulait de lui. Ce n'était pas ce qui motivait son chantage, mais ce n'était tout de même pas déplaisant de se sentir aussi puissant. Allons bon. Cet endroit n'était pas assez discret pour Saul, et sur ce coup-là il n'aurait pas pu être plus prévisible. Une chose semblait lui avoir échappé. Il n'était pas question de faire les choses comme Saul l'entendait mais bel et bien selon le bon vouloir du corse, autrement dit si Vidal désirait une rencontre publique à la vue de tous à aucun moment l'avis de Saul n'était attendu pour valider ou non cela. « Je savais où vous trouver. Je sais que vous donnez des cours ici. », des cours de guitare aurait-il pu ajouter. Il n'ignorait plus grand chose des occupations quotidiennes du metteur en scène désormais, la vie de Saul avait de moins en moins de secrets pour lui. « Je sais aussi que vos fils sont scolarisés à St Anthony. » il ajouta d'une voix neutre. Était-ce pour lui faire peur, ou à simple titre informatif ? Vidal ne prévoyait pas de s'en prendre à ses gosses qu'il se rassure, c'était contre ses principes et il avait déjà bien assez de quoi le faire chanter pour ne pas devoir en plus menacer l'intégrité de sa progéniture. Masterson voulait connaitre ses sources, comme s'il allait sérieusement tout lui balancer. Pour trahir Vidal n'était jamais le dernier mais lorsqu'il était dans son intérêt de fermer sa gueule, vous pensez bien qu'il savait aussi tenir sa langue. « Quelle importance. J'ai peu de temps, alors voyons rapidement pourquoi je suis là. » Vidal devrait être au port d'ici une dizaine de minutes, et Saul avait son boulot qui l'attendait lui aussi, il était donc dans leur intérêt à tous les deux que cette rencontre soit brève. « Je vais avoir besoin de mon versement plus tôt que prévu. J'ai... une dépense importante à venir. C'est bon pour vous ? » Cette dépense n'était autre que le paiement du billet d'avion de sa sœur, un aller simple pour Brisbane, qu'il allait prendre à sa charge. Son projet de la faire venir allait enfin se concrétiser, mais encore fallait-il que Saul lui crache l'argent nécessaire. Cet argent il le lui fallait aujourd'hui, Vidal espérait donc pouvoir régler ça dans les dix minutes, ce qui lui laissait largement le temps de sortir son chéquier. Vidal n'allait pas donner de détails à Saul sur l'usage qu'il ferait de cet argent, tout ce qu'il devait savoir c'est que son versement n'allait pas pouvoir attendre la date prévue initialement, à savoir dans quatre jours. « Mon silence vaut bien ce petit effort de votre part, non ? » il laissa entendre d'une voix impérieuse. Tout était bon pour rappeler à Saul qu'il valait mieux lui accorder cette petite avance sur son versement, s'il voulait s'assurer de pouvoir dormir paisiblement ce soir. La requête de Vidal n'allait pas changer grand chose pour lui, puisque cet argent de toute façon il lui aurait donné au plus tard dans quatre jours. Le fait de lui demander de lui avancer était aussi un moyen de le tester, pour voir si Saul opposerait un peu de résistance au début, avant de cèder, comme il le faisait toujours.


Dernière édition par Vidal Angeli le Lun 3 Oct 2016 - 18:14, édité 5 fois
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Message(#) Sujet: Re: weight of the world (vidal) weight of the world (vidal) EmptySam 13 Aoû 2016 - 21:09


Si la matinée avait plutôt bien commencé – en partie parce que Saul était rarement aussi enthousiaste que lorsqu'il se rendait à la St Anthony's School pour partager sa deuxième passion avec des élèves auxquels il commençait à être attaché – celle-ci n'avait pas mis longtemps à s'assombrir, lorsqu'en regardant droit devant lui il avait croisé un regard glaçant, perçant, qui l'avait pétrifié jusque dans les moindres recoins de son être. Le brun avait manqué de lâcher sa guitare sous le coup de la surprise, et sa gorge s'était instantanément serrée, comme si une fraction de seconde avait suffi à ce qu'il comprenne que la journée ne serait peut être pas aussi réjouissante qu'il se l'imaginait. Ce n'était pas la première fois, pourtant, que cet homme et lui étaient amenés à se rencontrer. Mais jusqu'ici, le dénommé Vidal s'était efforcé de respecter ses différentes occupations, ne le sollicitant qu'après qu'ils aient convenu ensemble de l'endroit et du moment où ils se retrouveraient. Ce petit jeu, qui n'était autre qu'un chantage déguisé derrière des rencontres calculées, durait en effet depuis un certain temps. Il ne saurait dire combien, tant Saul le voyait chaque fois défiler avec résignation, lui qui se sentait pris au piège de la toile que Vidal avait tissé tout autour de lui, mais qui aimait se convaincre, malgré tout, qu'un jour viendrait où la roue tournerait suffisamment fort pour que son maitre-chanteur n'en ressorte pas indemne. D'ici là, ce petit manège le contraignait à lui verser de l'argent, des sommes toujours relativement importantes mais qui ne lui manqueraient pas, en échange de son silence. Un silence cher payé, oui, mais qui valait bien son prix. Car si parfois Saul se prenait à rêver au moment où il s'affranchirait de l'emprise de Vidal et lui ferait payer l'audace dont il avait usé et abusé avec lui, aujourd'hui il était forcé de regarder la vérité en face : tant que ce petit jeu durait, sa situation demeurait préservée, et sa vie de famille épargnée. Et cette idée importait suffisamment pour qu'il se garde de tenter quoi que ce soit et s'assoie sur sa fierté chaque fois que leurs routes se croisaient. Aujourd'hui, pourtant, Saul était bien décidé à faire entendre à son interlocuteur qu'il n'appréciait pas particulièrement de le voir débarquer à l'improviste, d'autant moins alors que sa présence ici semblait indiquer qu'il s'était renseigné sur son compte, une idée qui ne le surprit peut être pas outre mesure – il avait bien compris à qui il avait à faire et n'avait jamais compté la naïveté parmi la liste de ses tares – mais qui ajouta à la contrariété qui naissait en lui. « Je n'ai pas le souvenir que nous ayons convenu que vous deviez enquêter sur moi. » Il formula alors, après que Vidal ait confirmé ses doutes, une mine faussement inexpressive en guise de masque, comme par envie de ne rien laisser paraître qui risquerait de contenter son adversaire. Mais cette même mine ne tarda pas à se durcir lorsque l'homme commit l'erreur d'évoquer ses enfants. Une erreur qui lui valut de contracter la mâchoire, le regard offensif, tandis que son cœur semblait maintenant battre au rythme du son des cordes à sauter qu'on entendait depuis la cour de l'école, à quelques mètres de là. « Faites attention. » Il souffla, après avoir fait un pas vers lui, sans plus chercher à cacher son malaise et son envie grandissante de lui asséner un virulent coup de poing, qui se ferait d'autant plus caustique au contact de ses bagues sur la peau du corse. Un geste qu'il ne pouvait malheureusement savourer que dans un coin de son imagination, mais dont la simple pensée suffit à le détendre, comme l'exutoire dont il avait besoin. Prenant sur lui pour ne pas entrer plus longtemps dans son jeu, Saul se concentra sur la suite, et soupira bientôt à l'idée que Vidal semble décidément le prendre pour un porte-feuilles sur patte, toujours rempli et disposé à être dévalisé. « Ça n'est pas mon problème. Vous ne pouvez pas débarquer quand ça vous chante, sans vous soucier de bouleverser toute l'organisation de ma journée ou de me mettre dans l'embarras. » Parce que Vidal savait très certainement combien cet endroit était symbolique pour lui, combien il se trouvait directement rattaché à son rôle de père de famille, une étiquette qu'il souillait chaque fois qu'il s'enfonçait dans ses frasques et dans ses mensonges et qui restait, en dépit de l'énergie qu'il mettait à vouloir étouffer ses remords, son véritable point faible. Alors le retrouver ici, qui plus est en le prenant par surprise et en ne se privant pas de lui faire savoir qu'il saurait toujours où le trouver quand il en aurait besoin, c'était comme serrer un peu plus la corde qu'il avait passé autour de son cou lorsque toute cette histoire avait commencé. Il faisait pression sur lui, sans doute dans l'espoir qu'il n'en soit que plus manipulable, mais il prenait aussi le risque de le compromettre auprès de ses connaissances. « Est-ce que j'ai besoin de vous rappeler que si ma situation est dévoilée, notre petit arrangement ne tiendra plus ? » Car la seule raison pour laquelle Saul n'avait pas encore fait joué ses relations pour lui garantir de longues et prospères années derrière les barreaux d'une prison – entre autres choses qu'il laisserait volontiers aux mains d'hommes bien moins scrupuleux que lui – c'était cette épée de Damoclès qui lui rappelait sans cesse où se trouvaient ses intérêts. « Et contrairement à ce que vous semblez penser, je ne peux pas disposer de mon argent quand bon me semble. Je dois faire des démarches auprès de ma banque, les grosses sommes ne s’extraient pas en un claquement de doigt. » Car Saul appartenait peut être à cette catégorie de personnes qui n'avaient pas à compter leurs dépenses et que ce genre d'imprévus ne mettraient pas sur la paille, mais il n'en était pas moins un homme qui comptait rester en bons termes avec son banquier. « Bon. » Il reprit toutefois, après un instant, d'un ton qui se voulait aussi résigné que celui avec lequel il ne tarda pas à reprendre. « En admettant que j'accepte de reporter mon cours et que je m'arrange pour vous verser ce dont vous avez besoin … Je veux votre parole que vous ne mettrez plus jamais les pieds ici. » Parce qu'en dépit des efforts que semblait faire Vidal pour lui apparaître comme un homme absolument détestable, Saul tendait à espérer qu'il avait malgré tout une once de principes, habilement dissimulés derrière cette carapace de gros dur inébranlable. « Et si vous connaissez mon adresse, je vous conseille de l'oublier. » Sur ce point-ci, il serait intraitable. Il avait jusqu'ici accepté de se soumettre à ses règles, de le suivre sur un terrain qu'il n'aurait pourtant jamais pensé emprunter, et de ranger sa fierté au placard à défaut de pouvoir en faire quoi que ce soit. Mais si Vidal était un jour tenté de s'aventurer du coté de chez lui, et qu'il l'apercevait roder autour de sa famille, de ses enfants … Alors Saul mettrait personnellement un terme à leur marché. Qu'importe les conséquences, qu'importe qu'il doive y perdre tout ce qu'il avait construit, il y avait une limite que Vidal ferait mieux de ne jamais franchir, au risque sinon de le payer au centuple.
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Message(#) Sujet: Re: weight of the world (vidal) weight of the world (vidal) EmptySam 3 Sep 2016 - 15:03



Saul & Vidal
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Le corse avait mené sa petite enquête habituelle pour obtenir le plus d'informations possible sur ce cher Masterson. Il avait déjà la plus compromettante de toutes en sa possession, idéale pour le faire chanter, mais il lui en fallait encore plus pour pouvoir le faire tourner en bourrique et lui soutirer toujours plus d'argent. C'est là que le petit réseau qu'il s'était constitué ces derniers mois à Brisbane s'avérait utile. Des informateurs ce n'était pas ce qu'il manquait dans les (mauvaises) fréquentations du pêcheur. Vidal n'était pas le moins bon pour flairer les sources fiables, et ça il le devait à l'expérience accumulée au fil des années, depuis le temps qu'il trempait dans de sales affaires. Une bonne quinzaine, au moins. Le fait de savoir Vidal si bien informé semblait déplaire à Saul, et vu ce qu'il risquait déjà dans cette histoire c'était compréhensible. Plus Vidal en savait sur lui et plus il avait de moyens de faire perdurer son chantage. Et c'est évident que Vidal avait en tête de rafler un maximum d'argent avant de daigner relâcher sa mainmise sur le metteur en scène. « C'est un minimum pour tout maitre-chanteur qui se respecte. » lui rétorqua le corse avec assurance. Il se complaisait dans ce rôle fait pour lui, il aimait avoir la situation bien en mains, la contrôler à sa guise et en profiter. Quant aux rejetons de Masterson, à aucun moment bien sûr il n'avait songé à s'en prendre à eux. Vidal avait bien assez à faire avec le père, il n'avait que faire des gamins. « On se calme. J'en ai rien à secouer moi d'vos gosses. Seul votre argent m'intéresse. » il jugea bon de lui rappeler lorsque Saul se montra sur la défensive et limite menaçant à son encontre. Vidal était certes un ripoux mais dans son milieu la devise était très claire, on ne touchait pas à un cheveu de la femme ou des enfants. Alors Masterson pouvait se tranquilliser par rapport à ça, ses gamins ne risquaient rien et ils n'entraient pas un seul instant en considération dans leur deal. C'était entre hommes que ça se réglerait si ça venait à mal tourner. Là dessus Vidal n'avait pas de temps à perdre. Il exposa alors à Saul ce qui motivait leur entrevue d'aujourd'hui, à savoir son besoin pressant d'argent pour faire venir sa petite sœur à Brisbane. Il n'était pas question que Chiarra paie son billet d'avion, c'était son rôle en tant que frère et protecteur, c'était donc à lui de se débrouiller pour rassembler au plus vite la somme nécessaire. Mais pour cela Vidal comptait bien évidemment sur Masterson, après tout ça ne tuerait pas ce dernier de lui verser sa prochaine enveloppe en avance. Car le corse partait du principe que Saul pouvait bien lui cracher des billets quand il claquait des doigts, ça ne faisait pas partie de leur "contrat" de base mais Vidal n'avait jamais exclus cette possibilité là non plus. Et en se montrant imprévisible dans les rendez-vous qu'il lui imposait ou dans les demandes d'argent qu'il lui formulait, Vidal le testait et renforçait le contrôle qu'il avait sur la situation et sur sa victime.

Apparemment Vidal était entrain de saboter toute l'organisation de la journée du metteur en scène. Ah, il est vrai que ces personnalités publiques ont parfois des emplois du temps de ministre, et ce Masterson n'y échappait sans doute pas. Quant au fait de le mettre dans l'embarras, là par contre il ne tenait qu'à lui de faire en sorte que cette entrevue ne traine pas, s'il se souciait tant que ça du regard des autres. « Raison de plus pour régler cette histoire au plus vite. Vous compliquez tout, réglez-moi l'argent et je m'en irai avant que qui que ce soit ait pu me voir. » Il ne lui mettait pas la pression, il lui conseillait juste d'agir rapidement pour ne pas attirer les soupçons sur leur petite affaire. Une transaction devant son lieu de travail, si elle venait à s'éterniser, pourrait effectivement attirer l'attention de certaines personnes. Au fond en deux minutes cette histoire aurait pu être réglée, le temps de sortir son chéquier et de lui remettre son dû. Si la situation éclatait au grand jour le chantage de Vidal ne tiendrait effectivement plus, ça il le savait très bien et il n'avait donc pas particulièrement envie non plus que tout ça se sache. « Qu'est-ce que vous attendez alors ? Vous perdez du temps Masterson... » lui glissa le corse en jetant de furtifs regards à droite à gauche. Personne à l'horizon pour le moment, mais il ne fallait quand même pas trop trainer. Or Masterson parlait beaucoup mais ne faisait rien, ah c'était bien un riche, aucun doute là-dessus. Il ne semblait pas avoir la même notion du temps que le pêcheur, cinq bonnes minutes que la demande d'argent lui avait été faite et toujours pas l'ombre d'un chèque en vue. Vidal esquissa un sourire en coin lorsque Saul lui exposa les démarches à faire auprès de son banquier pour pouvoir disposer de la somme que le corse lui demandait. Le versement devait avoir lieu dans quatre jours mais il allait devoir être avancé, là ce n'était pas franchement son problème, c'était à Masterson de se débrouiller. « J'ai besoin de cet argent aujourd'hui. Pas demain, ni la semaine prochaine. Alors vous allez bien réussir à vous arranger avec votre banque, je vous fais confiance pour ça. » Vidal le gratifia d'une tape sur l'épaule, bien moins amicale qu'elle aurait pu en avoir l'air de loin. Un homme comme Masterson, qui avait probablement placé pas mal de pognon en coffre fort à la banque et qui devait être l'un de leurs plus précieux clients, allait bien pouvoir trouver un arrangement avec celle-ci. Ce n'était pas un petit monsieur tout le monde comme Vidal, qui était en mauvais termes avec son banquier depuis toujours. Ce qui suivit était presque amusant, Masterson attendait de lui qu'il lui promette de ne plus jamais venir le trouver ici. En réponse à la demande du metteur en scène, le corse haussa les épaules. « Je ne suis pas sûr que ma parole vaille encore quelque chose. Mais soyez rassuré, nos futures entrevues n'auront plus lieu ici à l'avenir. Cette école est trop loin du port, ça ne m'arrange pas. » Vidal était à pied, il n'avait pas de véhicule et ce n'était pas du tout pratique pour lui de rejoindre ensuite son bateau, à un bon bout d'ici. Et il connaissait bien évidemment l'adresse du domicile de Masterson, mais il ne faisait pas partie de ses plans actuels de s'y rendre. « Si je suis un jour contraint de venir jusqu'à chez vous, c'est que notre petite affaire aura vraiment mal tourné. Et personne ne veut que ça arrive. » Autrement dit pour que Vidal doive employer les grands moyens et aille dire personnellement bonjour à la petite famille de Masterson, il faudrait une bonne raison à cela, raison que seul Saul pourrait lui donner en refusant par exemple de le payer. « J'ai pas envie de foutre le boxon dans votre vie. Je veux mon argent, c'est tout. Vous me payez et vous avez la paix jusqu'au prochain versement, c'est ainsi que les choses fonctionnent. » Et on avait quand même vu plus compliqué comme fonctionnement. Vidal n'était pas un homme très envahissant, quand il obtenait de Saul ce qu'il désirait, à savoir son argent, il restait généralement un petit temps sans faire parler de lui. Il ne le sollicitait quasiment que pour ça, certains maitre-chanteurs aimaient probablement s'infiltrer dans la vie de leur victime en mettant une pression quotidienne, mais Vidal était beaucoup plus discret dans sa façon de faire. « Vous savez je suis pêcheur avant toute chose, j'ai ma vie moi aussi. Quand vous retournez à votre train de vie luxueux et à vos maitresses, moi je travaille et je gagne ma croûte tant bien que mal. » Mais pas assez bien pour pouvoir payer le billet d'avion à Chiarra, d'où la nécessité aujourd'hui d'obtenir son versement en avance. Vidal avait déjà du mal à s'en sortir entre l'entretien de son bateau et ses dettes, pour cette dépense-là il n'avait vraiment pas les moyens et c'est là que Masterson pouvait, et devait l'aider. Tout ça était aussi l'occasion de souligner qu'ils n'appartenaient pas du tout au même monde. Ils ne se souciaient pas des mêmes choses, Saul voulait préserver sa double vie, sa réputation et ses enfants, alors que Vidal voulait vivre un peu plus décemment, garantir la sécurité de sa petite sœur et tout faire pour éviter la vente de son bateau. Tout opposait ces deux hommes, seul ce petit arrangement les liait l'un à l'autre.


Dernière édition par Vidal Angeli le Lun 3 Oct 2016 - 18:14, édité 4 fois
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Message(#) Sujet: Re: weight of the world (vidal) weight of the world (vidal) EmptyJeu 8 Sep 2016 - 0:21


Si Saul s'était douté dès le départ que le petit manège orchestré par Vidal ne lui apporterait rien de bon, et que son maître-chanteur ne dépenserait pas beaucoup d'énergie pour tâcher de lui faciliter la vie alors qu'il se croyait en droit de le dépouiller aussi bien de son argent que de sa fierté, il prenait à présent conscience que l'audace de cet homme n'avait d'égal que l'animosité qu'il dégageait naturellement. Parce qu'alors que Saul se sentait déjà pris au piège et incapable de se dépêtrer d'une situation où il n'avait rien à gagner – si ce n'est l'éventuelle garantie que Vidal s'en tiendrait à leur marché et ne divulguerait pas ce qu'il savait de sa vie sentimentale – ici il comprenait mieux que jamais à qui il avait précisément à faire. Vidal avait vraisemblablement entrepris de se renseigner sur son compte, au point de savoir où le trouver chaque fois qu'il lui prenait l'envie d'initier une rencontre, et cette idée n'était pas vraiment pour rassurer Saul, qui aurait décidément le plus grand mal à se défaire de l'emprise du corse. Ce dernier ne semblait d'ailleurs pas peu fier des moyens qu'il était prêt à utiliser pour toujours garder l'avantage sur lui, et c'est dans un rictus teinté d'ironie que Saul marqua son incrédulité. « Excusez-moi de ne pas être très au courant de ce qui se fait communément entre crapules. » C'est sans hésitation aucune qu'il s'était permis cette remarque, loin d'avoir l'intention de le brosser dans le sens du poil simplement pour tenter d'alléger la peine qu'il semblait de toute façon décidé à lui faire subir. Vidal et lui ne développeraient pas d'empathie l'un pour l'autre, tout comme ils ne riraient jamais de bon cœur en repensant à cette grotesque situation, ainsi le brun aimait autant s'accrocher au peu de fierté que le corse ne lui avait pas encore arraché. C'est par la suite un Saul particulièrement irrité – et sous pression – qui fit comprendre à son interlocuteur qu'il n'était pas dans son intérêt de mêler ses enfants à leurs histoires, dans l'hypothèse où il compterait sur cette idée pour asseoir définitivement son influence sur lui. Parce que si Saul se gardait bien de lutter contre quelqu'un qui pourrait bouleverser toute son existence sur un simple coup de tête, sa famille restait un sujet sensible sur lequel il ne comptait pas plaisanter, et pour lequel il n'hésiterait pas à affronter directement Vidal. Ce dernier lui assura heureusement ne pas en avoir après ses enfants, et si Saul parvint à se détendre un court instant, c'est la mine à nouveau crispée qu'il accueillit bientôt l'idée selon laquelle le corse se pensait en droit d'exiger de lui qu'il bouleverse ses projets, après avoir déjà débarqué en prenant le risque de le placer dans une situation inconfortable. Et là encore, le culot de Vidal l'aurait presque fait sourire si tout ça ne lui laissait pas un goût aussi amer. « J'imagine que vous vous fichez bien de savoir que j'avais d'autres plans pour ce matin ? » Saul soupira, conscient qu'il n'était pas en position de lui refuser ce changement de programme, mais néanmoins déterminé à lui faire sentir qu'il n'avait pas l'intention d'être continuellement à la merci du moindre de ses caprices, en plus de ce à quoi il se pliait déjà. Vidal semblait en tout cas s'impatienter, lui qui disait avoir un besoin urgent de cet argent, et c'est par un froncement de sourcils que Saul accueillit la tape qu'il reçut sur l'épaule, puis dans un nouveau soupire qu'il reprit la parole. « Ça n'est pas comme si j'avais le choix. » Dieu sait pourtant que ce contre-temps n'était pas pour l'arranger, lui qui savait pertinemment qu'il ne se débarrasserait pas de Vidal avant qu'il ait obtenu ce qu'il désirait. Alors, résigné à faire ce qu'il fallait pour que cet échange ne s'éternise pas outre mesure, Saul émit tout de même une condition, non négligeable. S'il était prêt à changer ses plans pour lui procurer ce dont il avait besoin, Vidal devait lui promettre de ne plus improviser de rencontre dans un endroit qui risquerait d'éveiller les soupçons de ceux qui pourraient s'étonner de le voir en compagnie d'un homme qui ne semblait pas compter parmi ses connaissances. Vidal accepta, lui aussi visiblement d'avis qu'il vaudrait mieux éviter cette école à l'avenir. « Alors raison de plus pour nous en tenir à ce que nous avions décidé. Nos rencontres ne doivent avoir lieu que dans des coins discrets, et ça ne me dérange pas de me rapprocher de votre territoire si ça s'avère plus simple pour nous deux. » Lui était prêt à se rendre en terrain ennemi si ça pouvait lui éviter de prendre des risques inutiles, et il supposait que Vidal ne refuserait pas une situation qui serait aussi plus commode pour lui. La suite, toutefois, valut à Saul de croiser fermement les bras sur son torse, après que son interlocuteur ait émit une idée pour le moindre dérangeante, bien qu'hypothétique. « Si ça tourne mal, comme vous dites, ne vous imaginez pas que vous serez encore en position d'intimider qui que ce soit. » Peut être que Saul ne payait pas de mine quand on le voyait face à cette montagne d'arrogance doublée d'un physique un peu plus impressionnant que le sien, mais il avait pour lui sa détermination et sa force mentale, deux alliées qui pourraient lui être d'une précieuse utilité s'il devait tôt ou tard régler ses comptes avec Vidal. Jusqu'ici il s'écrasait à défaut de pouvoir faire autrement, mais si du jour au lendemain il n'avait plus rien à perdre, ses principes et sa raison ne l'emporteraient plus très longtemps face à sa rancune. « Jusqu'à quand ? » Il reprit finalement, après quelques secondes, d'un ton qui ne se voulait pas tant provocateur que véritablement interrogatif, voire même un brin désespéré. « Quand est-ce que vous estimerez que cette histoire a assez duré ? Lorsque je finirai ruiné ou bien une fois que vous serez tombé pour extorsion de fonds ? » Si sa remarque pouvait de prime abord laisser penser qu'il menaçait indirectement son adversaire, ici Saul tentait surtout de lui faire prendre conscience qu'aucun d'eux ne s'en tirerait probablement à très bons comptes si cette situation perdurait. Il était peu probable que sa situation financière soit la première victime collatérale de ce petit manège, mais il ignorait combien de temps Vidal comptait profiter de son influence sur lui, et cette idée se faisait un peu plus angoissante à mesure qu'il sentait s'éloigner la délivrance à laquelle il avait osé croire au départ. Aux prochaines paroles de Vidal, en tout cas, c'est un Saul passablement agacé qui l'entendit dépeindre de lui un portrait au vitriol, aussi désavantageux qu’exagéré. « Bon, suivez-moi. » Il préféra ainsi souffler, pour toute réponse, tout en s'éloignant de l'école et en alignant quelques pas en direction de la place où se tenait le marché. Il savait qu'il y trouverait une banque, et qu'une fois en possession de ce que réclamait Vidal, il pourrait espérer vaquer de nouveau à ses occupations – et notamment donner le cours qui ne tarderait d'ailleurs pas à commencer. Arrivant devant le bâtiment, il se tourna vers le corse. « Attendez-moi ici, je ne devrais pas en avoir pour très longtemps. » Il fut tenté de lui conseiller de ne pas rester trop près de l'entrée de la banque, pensant que Vidal n'était pas le genre d'homme à passer inaperçu et qu'il aurait vite fait d'éveiller quelques soupçons, mais songeant qu'il était assez grand pour savoir où étaient ses intérêts, Saul n'attendit pas plus longtemps pour s’engouffrer à l'intérieur. Il y resta ainsi quelques instants, puis en ressortit, la mine grave, qui aurait pu laisser penser que ce rendez-vous improvisé s'était soldé par un échec, si toutefois il ne tenait pas une enveloppe brune, qu'il lui tendit aussitôt. « C'est arrangé. Voilà de quoi régler vos dépenses. » Il lui passerait les détails de l'entrevue qui s'était jouée à l'intérieur de la banque, mais ressentit tout de même le besoin de lui préciser un détail. « Et au cas où vous vous poseriez la question, je n'ai pas eu à ajouter une conquête à mon tableau de chasses. » Puisque Vidal semblait imaginer qu'il avait une maîtresse dans chaque recoin de la ville et qu'il vivait une vie de débauche et de luxure, autant qu'il n'aille pas l'imaginer en pleine action avec la première banquière venue. Mais tandis qu'il crut être plus proche que jamais du moment où leurs routes se sépareraient et où il aurait tout le loisir de regagner l'école, une voix familière s'éleva à quelques mètres de là, le tirant brusquement de ses songes. « Monsieur Masterson ? » Se retournant après un léger sursaut, c'est face à un visage qu'il connaissait bien que le brun se retrouva, et une gêne intensifiée qui s'empara de lui. « Ma... mademoiselle Hewitt ? Je ne m'attendais pas à vous croiser par ici.  » Et la raison pour laquelle cette rencontre n'aurait pas pu tomber plus mal, c'est que la dernière chose dont il avait besoin était de croiser une connaissance alors qu'il était en compagnie de son maître-chanteur, ce dernier tenant toujours l'enveloppe qu'il venait de lui donner. « J'ai rendez-vous avec mon banquier, je compte lui demander un prêt pour financer mon mariage. Peter et moi voudrions organiser ça pour avril prochain, et nous sommes un petit peu justes ces temps-ci. » Accaparé par l'angoisse qui grandissait maintenant en lui, Saul mit quelques secondes à assimiler les propos de la jeune femme, et reprit d'un ton toujours un brin embarrassé. « Oh, toutes mes félicitations, je … je vous présente Daniel. Un ami de passage à Brisbane. » Daniel, comme il aurait pu employer n'importe quel nom qui lui serait passé par la tête et lui aurait évité de révéler – même partiellement – l'identité de celui qu'il devait à tout prix présenter comme quelqu'un qui n'attirerait en aucun cas l'attention de la jeune femme. « Mademoiselle Hewitt a été la baby-sitter de mes fils pendant deux ans. » Saul reprit finalement, après un temps d'hésitation, et en lançant à Vidal un regard entendu, censé sous-entendre qu'ils étaient là en compagnie de quelqu'un qui connaissait sa femme, ses enfants, et plusieurs personnes de son entourage. Quelqu'un auprès de qui ils n'avaient donc pas intérêt à apparaître comme suspects, ni l'un ni l'autre. Car quoi que pense probablement Vidal, lui aussi aurait beaucoup à perdre s'ils se trahissaient pour de bon, ainsi il était certainement dans leur intérêt d’œuvrer ensemble afin d'éviter une catastrophe.
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Message(#) Sujet: Re: weight of the world (vidal) weight of the world (vidal) EmptyMar 27 Sep 2016 - 12:11



Saul & Vidal
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(on attache les hommes avec la parole,
les bœufs avec de la corde.)


Masterson n'avait pas besoin de le lui rappeler, il n'avait pas oublié qu'ils ne faisaient pas du tout partie du même monde tous les deux. Évidemment qu'il ne connaissait rien des pratiques d'hommes comme Vidal, au même titre qu'il ne savait pas ce qu'était avoir des fins de mois difficiles. Car dans le cas du corse, toutes ces magouilles, toutes ces affaires louches dans lesquelles il trempait n'étaient justifiées que par un besoin constant d'argent. Et non pas pour le plaisir d'agir en toute illégalité au nez et à la barbe des flics, ou de risquer parfois sa peau. Comme tout le monde il avait eu d'autres ambitions au départ, mais il était tombé dedans très jeune et s'était depuis convaincu que c'était le seul moyen de faire rentrer de l'argent facilement. Il n'avait jamais été doué pour les études et avait fait une croix très tôt sur la possibilité d'avoir un emploi bien payé. La pêche c'était un truc de famille, un métier cher au cœur de Vidal et à ses racines. Mais ce n'était pas avec ce que ça lui rapportait qu'il pourrait aller loin, ni ce qui lui permettrait de rembourser les dettes accumulées d'année en année. Masterson pouvait bien le traiter de crapule, de ce qu'il voulait, il savait parfaitement que le terme était approprié et qu'en étant dans le milieu de la pègre depuis une vingtaine d'années maintenant il était même une crapule de premier plan. « Vous, je suis sûr que vous n'avez jamais rien fait d'illégal dans toute votre vie. Casier vierge, bien évidemment. Et puis tenez, je mettrais ma main à couper que vous avez encore tous vos points sur votre permis. » Ne serait-ce que ça. Ce type n'avait jamais dû transgresser les lois, alors que Vidal le faisait chaque jour que le seigneur faisait. Masterson était sans doute passé à rien du parcours de vie sans  faute, oui mais voilà, s'il se retrouvait aujourd'hui dans une situation de chantage exercé par le corse c'est bien parce qu'il avait merdé quelque part. Quel dommage tout de même, cette sombre histoire de tromperie. Enfin, dommage pour lui mais certainement pas pour le corse. Vidal prit le temps de tranquilliser le metteur en scène au sujet de ses enfants, histoire que celui-ci garde son calme et ne les fasse pas remarquer. Et puis, ce n'est pas comme si Vidal se souciait de bouleverser tout l'emploi du temps de sa victime. Il disait avoir d'autres plans pour la matinée, mais très franchement ça n'était pas son problème ça. De toute évidence il n'avait toujours pas intégré que les rencontres de ce type dépendaient du bon vouloir du corse, autrement dit il ne se donnerait jamais la peine de vérifier auprès de lui ses disponibilités au préalable. « Ça ne pouvait pas attendre. » lui signifia-t-il d'un ton hargneux. « Qu'est-ce que j'aurais dû faire selon vous, prendre rendez-vous auprès de votre assistante ?... Que vous vous tapez probablement aussi, d'ailleurs. » Ou peut-être pas, peu importe en fait. Ses sources lui avaient dépeint le portrait d'un homme marié infidèle en mauvaise posture, à partir de là Vidal se foutait bien de connaitre le nombre exact de ses maitresses. « Et non effectivement, vous n'avez pas le choix Masterson. » conclut-il en plantant un instant son regard perçant dans celui du metteur en scène. Ça avait le mérite d'être clair, le corse prenait les décisions et imposait leurs rencontres, et Masterson s'adaptait. Concernant leurs rencontres justement, Vidal préférait ne pas trop s'éloigner de son secteur, à savoir le quartier de Bayside, où il avait son bateau. Aujourd'hui c'était exceptionnel, il était très pressé et était venu à la rencontre de Masterson où il l'avait pu, en l'interceptant juste à temps avant qu'il ne pénètre dans l'école pour y donner son cours. Les autres fois il ne ferait pas tout ce chemin à pied, c'était une certitude. L'occasion pour Saul de lui rappeler l'importance de se voir en toute discrétion, en des lieux où leurs affaires n'attireraient pas l'attention. Ce serait en effet un critère à prendre en compte lors de leurs prochaines entrevues, et à sa grande surprise Masterson proposait de se rapprocher de son territoire, pour lui simplifier la vie. « Bon on verra ça. Je ne veux juste pas vous voir trainer près de mon bateau, c'est entendu ? » Disons que c'était une garantie à lui donner en échange de celle qu'il n'approcherait plus de cette école à l'avenir. Et comme Vidal n'était pas près d'avoir des enfants, Saul avait de quoi être tranquille. Mais voilà que le metteur en scène se faisait presque menaçant, assurant au corse que si les choses venaient à tourner mal il ne demeurerait pas en position avantageuse. Vidal était loin d'en avoir des frissons de peur, mais il croyait comprendre que Saul aurait plus tendance à régler personnellement ses comptes avec lui plutôt qu'à le livrer aux flics. S'il ne balançait pas ça en l'air, alors c'est qu'il devait en avoir dans le pantalon, et ça tombait très bien puisque Vidal ne faisait affaire qu'avec de vrais hommes. La question qu'il lui posa ensuite lui arracha un bref soupire. Jusqu'à quand comptait-il exercer sur lui ce chantage, oui, il était légitime à la place de Saul de se le demander. « Idéalement lorsque j'aurai obtenu assez pour pouvoir rembourser toutes mes dettes. La somme qu'il me manque a de quoi faire peur. Mais je pense que vous êtes loin, très loin de finir un jour sans le sou Masterson. » Il est vrai que Vidal avait accumulé de sacrées dettes ces dernières années, et même s'il avait quitté sa Corse natale il n'avait pas changé de nom, ses dettes le suivaient donc même à l'autre bout du monde et il était régulièrement rappelé à l'ordre. Le but de sa fuite il y a quelques mois de ça était avant tout de se débarrasser des hommes qui en voulaient à sa peau, sur le moment il n'avait pas pensé à tout cet argent qu'il devait à des tas de gens. Vidal se fichait de ce que Masterson pouvait penser, et ce dernier n'avait qu'à se dire qu'au moins cet argent qu'il lui versait ne servirait pas à investir dans des voitures de luxe ou de la drogue. Là-dessus le corse se laissa mener jusqu'à une banque à quelques mètres de là. Masterson lui demanda de l'attendre devant, et il pouvait compter sur Vidal pour ne pas bouger de là, lui qui était sur le point d'obtenir ce qu'il désirait, enfin. Le metteur en scène se fit quelque peu désirer, du moins le corse trouvait qu'il mettait du temps, mais c'est sans doute parce qu'il était pressé de recevoir son dû. Lorsque Masterson daigna enfin quitter la banque et revint vers lui, il guetta le contenu de ses mains. Il tenait une enveloppe, ça sentait bon pour Vidal. Les choses semblaient se dérouler comme le corse le souhaitait, tout du moins pour l'instant. « Je vous remercie. » formula-t-il d'une voix plate, s'emparant de l'enveloppe tendue par le metteur en scène et la glissant dans la poche intérieure de son blouson en cuir. Il s'abstint de lui demander si cela s'était bien passé, le fait qu'il soit revenu avec l'argent entre les mains était la preuve que oui. Masterson lui indiqua aussi qu'il n'y avait pas de nouvelle conquête à dénombrer, son tableau de chasse en demeurait inchangé. Allons bon. « Et... Je ne me posais pas la question. » Il était certain que non. Grand bien lui fasse, avait-il simplement pensé. L'instant d'après, sans qu'il ne comprenne comment, Vidal se retrouva mêlé à une improbable discussion. Une jeune femme avait apostrophé Masterson et ce dernier n'avait visiblement rien trouvé de mieux pour justifier la présence de Vidal que de le faire passer pour l'un de ses amis de passage à Brisbane. Il fallait quand même oser. Le corse n'en revenait pas, et ce n'était pas l'envie qui lui manquait de planter le metteur en scène ici avec ses bobards. Malheureusement, il avait encore besoin de lui aujourd'hui. Ce n'était pas la peine en tout cas d'attendre de lui qu'il lui assène une tape amicale pour entrer dans le personnage et se rendre crédible. « Bonjour mademoiselle. Et félicitations pour votre mariage. » Vidal se fendit même d'un sourire, et même si ça lui coûtait un peu il valait mieux ça que tirer une gueule de trois mètres de long devant cette femme. Ces histoires de mariage et de prêt lui passaient totalement au-dessus de la tête, mais le but était de ne pas montrer que c'était le cas. En tout cas il était mille fois plus détendu que Masterson, qui avait l'air parfaitement angoissé. Ce dernier justement lui tendit une perche en lui présentant cette jeune femme comme l'ancienne baby-sitter de ses enfants. « Vraiment ? Vous devez bien connaitre Madame Masterson alors. Une femme charmante, n'est-ce pas ? » Vidal en profitait un peu, c'est vrai, pour tenter de mettre mal à l'aise le metteur en scène. Il avait horreur d'être mêlé à ce genre de mascarades ridicules et le lui faisait bien sentir. Le corse n'avait de son côté jamais croisé la route de l'épouse Masterson, par conséquent il avait employé le terme charmante sans être certain qu'il était vraiment approprié pour la définir. Mais une épouse trompée n'était pas forcément une harpie, c'est en tout cas ce qu'il avait pensé. Cet échange n'était pas le plus désagréable auquel il lui avait été donné de participer mais le corse n'en perdait pas de vue son entretien avec Masterson, quelque peu perturbé par l'arrivée de cette demoiselle. « Hum Saul, tu n'oublies pas ton cours. » lui glissa le corse dans un regard insistant. Il espérait faire comprendre au metteur en scène qu'il serait peut-être temps de dire au revoir à cette jeune femme, pour reprendre leur affaire en cours. Car la présence de celle-ci les empêchait de parler sérieusement et les retardait l'un comme l'autre. Masterson aurait bien l'occasion de discuter avec elle une autre fois, en l'occurrence pas aujourd'hui. S'agissant d'une connaissance de Masterson, Vidal le laissait signifier gentiment à cette demoiselle qu'il était attendu quelque part. Évidemment, ce n'était qu'un prétexte sorti par le corse, en réalité il n'était pas question de laisser Masterson rejoindre l'école pour y donner son cours sans avoir vu quelques derniers détails ensemble. Et aussi sans avoir vérifié le contenu de l'enveloppe, car on est jamais trop prudent.


Dernière édition par Vidal Angeli le Mar 18 Oct 2016 - 23:24, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: weight of the world (vidal) weight of the world (vidal) EmptyLun 3 Oct 2016 - 23:24


Crapule. Un terme que Saul n'avait pas employé de bon cœur, mais qui malheureusement semblait plus qu'approprié lorsqu'il fallait dresser le portrait de l'homme qui lui faisait face. Vidal avait peut être des qualités insoupçonnées et un bon fond habillement dissimulé derrière des actions pour le moins discutables, mais Saul était forcé d'admettre qu'il ne le connaîtrait probablement jamais sous un jour un peu plus glorieux, sans qu'il ne soit plus question de chantage, de menaces et d'extorsion. Alors oui, Saul ignorait tout de ce qui se faisait communément dans un milieu comme celui de son maitre-chanteur, et à dire vrai il espérait ne jamais tomber suffisamment bas pour que ce genre d'alternatives représentent un jour son dernier espoir. Il avait certes des problèmes de conscience, et ne menait pas une vie qu'on pouvait juger d'idéale en tous points, mais Saul n'avait jamais envisagé de construire sa prospérité sur la détresse des autres, et c'était précisément ce qui le différenciait ici de Vidal, qui quant à lui semblait véritablement se complaire dans l'existence qu'il menait. « A vous entendre, on croirait que c'est une mauvaise chose. » Saul répliqua en tout cas, dans l'esquisse d'un sourire un brin fataliste, lorsque Vidal ironisa volontiers sur le fait qu'il puisse effectivement mener une vie loin de toute inégalité. Il aurait pu lui dire qu'il avait connu son lot d'épisodes un peu moins reluisants, et que comme chacun il avait pu faire certaines choses qu'il regrettait aujourd'hui, mais parions que Vidal aurait jugé ses petits méfaits indignes de sa condition de voyou. « Vous vous demandez certainement comment je peux mener une existence aussi ennuyante, tout comme je me demande quelle satisfaction une vie comme la votre peut bien vous apporter. » Et alors que son ton était cette fois dépourvu du moindre jugement, Saul en venait réellement à se demander à quel moment un homme pouvait bien estimer agir convenablement lorsque faire chanter quelqu'un n'était plus pour lui qu'une action des plus banales. Il se demandait s'il fallait être passé par des moments extrêmement difficiles pour franchir un jour la ligne qui empêchait heureusement la plupart des gens de tomber du mauvais coté de la loi. Et si son demi-frère, qui flirtait lui aussi fréquemment avec l'illégalité et ne semblait pas toujours mesurer les conséquences de ses actes et leur répercutions sur ceux qui l'aimaient, finirait par devenir aussi peu scrupuleux que Vidal. Autant dire qu'il n'aurait de cesse de s'en inquiéter. Ce dernier, en tout cas, ne semblait pas particulièrement se soucier de bouleverser son emploi du temps, et notamment l'organisation de sa matinée. Et la façon qu'il eut bientôt de répliquer – après avoir partiellement justifié l'urgence de sa démarche – ne manqua pas d'agacer un Saul déjà passablement irrité par l'audace de son interlocuteur. « Vous dépassez les bornes, Vidal. » Lui fit-il alors remarquer, d'un ton qui se voulait franc, presque corrosif, tant il jugeait ici sa réflexion gratuite et inappropriée. « Il me semble que vous avez suffisamment à gagner dans cette histoire pour au moins m'épargner ce genre de commentaires. » Parce que passe encore qu'il l'imagine s'en donner à cœur joie avec toutes les femmes qui avaient le malheur de croiser sa route, mais ce que Saul tolérait encore moins, c'est qu'il se permette de lui lancer ce genre de remarques à la figure, comme si leurs échanges n'étaient pas déjà suffisamment inégaux et humiliants lorsqu'on était dans sa posture. Et tandis que Vidal lui confirma qu'il n'avait de toute façon pas d'autre choix que de se plier à ses requêtes, Saul soupira pour toute réponse, avant qu'ils ne tombent finalement d'accord sur le fait qu'il valait décidément mieux qu'ils se gardent de se rencontrer dans des endroits trop risqués à l'avenir. Chacun tenait à ce que l'autre n'envahisse pas son territoire, ainsi c'est dans un sourire narquois que Saul osa reprendre. « Vous auriez donc des choses à cacher, vous aussi ? » C'est ce qu'il en concluait à la manière dont Vidal lui avait asséné qu'il ne voulait pas le voir s'approcher de son bateau. « Probablement pas une femme et des enfants, ou alors vous cachez très bien votre jeu. » Parce qu'instinctivement, Saul serait tenté de dire qu'un homme qui agissait contre les intérêts des autres n'avait pas le meilleur profil pour diriger une famille. Être un époux, être un père, c'était avant tout aimer son prochain, dédier sa vie à ceux que l'on considérait comme plus précieux que sa propre existence, et c'était là des notions qui lui paraissaient assez éloignées de la philosophie de Vidal. « Soyez tranquille, je ne m'en approcherai pas tant que vous tiendrez parole de votre coté. » Il finit par conclure, dans un hochement de tête censé lui confirmer qu'il s'en tiendrait à sa part du marché si de son coté le corse ne s'aventurait plus dans des endroits qui risqueraient de le compromettre. C'est en tout cas un Saul beaucoup moins conciliant qui ajouta par la suite qu'il ne comptait pas nécessairement avoir le rôle le moins évident si toutefois les choses devaient mal tourner. Il se fichait bien que Vidal ait pour l'instant l'avantage et un moyen d'obtenir de lui ce qu'il voulait : si Saul perdait tout ce qu'il chérissait au monde, il est certain qu'il n'aurait plus aucun scrupule à lui faire payer l'addition. Supposant que le message était passé, il se risqua par la suite à poser une question qui lui brûlait les lèvres depuis déjà un certain temps. Depuis le début de leurs échanges, en fait. Quand est-ce que tout ça cesserait ? A quel moment Vidal estimerait-il qu'il avait assez profité de sa posture, et que ce manège n'avait plus lieu d'être ? Visiblement, le corse n'en était pas encore tout à fait certain, et cette idée inquiéta Saul autant que le fait qu'il semble décidément penser qu'il était tombé sur une source de revenus inépuisable. Parce qu'aussi prolifique soit sa situation, Saul ne pourrait pas éternellement puiser dans ses comptes en banque pour enrichir le corse. « Et le jour où vous contracterez de nouvelles dettes, j'imagine que vous vous trouverez un autre pigeon à dépouiller ? Comme si les erreurs qu'il avait pu commettre le rendaient responsable de vos problèmes. » C'est d'un ton soucieux qu'il reprit cette fois, en posant sur son interlocuteur un regard interrogatif, parce qu'une fois encore il se demandait si Vidal réalisait que tout ça n'était pas une solution, et certainement pas la meilleure décision qu'il aurait pu prendre pour régler sa situation. « Ce n'est pas juste, vous en avez conscience ? » Peut être pas, car peut être s'imaginait-il que ceux qui vivaient dans un confort supérieur au sien étaient censés réparer les fautes que lui avait commises. Pourtant non, ça n'était pas juste que des types qui se condamnaient à échouer comptent ensuite sur d'autres pour leur sortir la tête de l'eau. Saul estimait être un honnête homme en ce qui concernait son travail, la source de ses revenus, et l'argent dont il faisait profiter ses enfants. Alors qu'un homme comme Vidal aille à la facilité en dépouillant le premier riche venu plutôt que de se relever les manches et de dépenser ne serait-ce que le quart de l'énergie que lui avait destiné à l’œuvre de sa vie, oui, ça tendait à le désespérer légèrement. Mais plutôt que d'entamer un dialogue de sourds, Saul jugea préférable de le conduire jusqu'à la banque, là où il pourrait obtenir de quoi acheter sa tranquillité pour les prochains jours. Ainsi Saul pénétra-t-il à l'intérieur de l'établissement, avant d'en ressortir quelques instants plus tard, une enveloppe garnie à la main. La tendant à Vidal, il se permit une précision qui devrait l'intéresser, à en juger par sa tendance à lui imaginer des conquêtes aux quatre coins de la ville. Mais alors que leur transition touchait à sa fin et que chacun aurait pu repartir d'où il venait, une rencontre impromptue les prit tous les deux de court. Une femme que Saul connaissait bien s'était en effet approchée, et avait aussitôt entamé un échange dont il se serait pour le coup bien passé. Le problème étant ici que Vidal attirerait l'attention de Mademoiselle Hewitt s'il ne s'arrangeait pas pour le rendre aussi insoupçonnable que possible. C'est ainsi qu'il le fit passer pour un ami, sous les yeux éberlués du principal intéressé, qui heureusement sembla disposé à jouer le même jeu que lui. « Merci beaucoup. Ça me fait plaisir de rencontrer un ami de Monsieur Masterson. Vous êtes ici pour longtemps ? » Mademoiselle Hewitt posa ici une question qui eut le don d'ajouter à l'embarras de Saul, qui lança un regard presque affolé à son voisin, avant de reporter son attention sur la jeune femme et de répondre instantanément. « Hm non, Daniel est … il doit repartir à la fin de la semaine. Nous avons bien essayé de le convaincre de rester un peu plus, mais ce n'est pas facile de lui faire entendre raison. » Et affichant un sourire qui trompait facilement sur son véritable état d'esprit, Saul fit en sorte que la jeune femme n'ait aucune raison de penser qu'il puisse ici chercher à lui cacher la vérité. Jugeant qu'il valait alors mieux que Vidal sache à qui ils avaient ici à faire, il lui présenta leur interlocutrice comme l'ancienne baby-sitter de ses enfants, non sans espérer que le corse comprendrait qu'il valait définitivement mieux marcher sur des œufs pour éviter le moindre incident. Ce dernier osa alors un commentaire qui le paralysa l'espace d'un instant. Saul, qui n'était guère surpris par la provocation dont Vidal savait décidément faire preuve, avala difficilement sa salive avant d'afficher un sourire peu convaincant. « Oh oui, Madame Masterson est une femme extrêmement attachante. J'espère qu'elle va bien, et que les enfants aussi. » La jeune femme ajouta à ce moment-là, tandis que Saul fut cette fois bien décidé à ne surtout pas laisser à Vidal une nouvelle occasion de répondre si c'était à nouveau pour prendre des risques inutiles. « Tout le monde se porte très bien. Notre petite dernière fêtera bientôt ses un an, et nous serions ravis de vous convier au baptême qui sera organisé dans quelques semaines. » Et tandis que Mademoiselle Hewitt manifesta un enthousiasme qui parvint presque à lui faire oublier où ils se trouvaient et combien leur position était délicate, c'est finalement Vidal qui le tira de ses pensées, dans un commentaire que Saul accueillit comme une chance inespérée de couper court à cet échange. « Oh, c'est exact je … je suis attendu à l'école et il vaudrait mieux que je me mette en route si je ne veux pas arriver en retard. Passez une bonne journée, et saluez votre fiancé pour moi. » Et alors que la jeune femme ne se fit heureusement pas prier pour les laisser repartir, c'est après avoir marché quelques mètres – et s’être assuré que plus personne ne risquait de leur tomber dessus – que Saul se tourna finalement vers Vidal, un air encore angoissé accroché au visage tandis qu'il n'était pas près d'oublier ce contre-temps. « Je suis désolé, j'étais loin de m'attendre à la croiser ici. Ou à croiser qui que ce soit d'autre, d'ailleurs. » Pas près de la banque et à une heure aussi matinale, disons, quand bien même ils n'étaient pas très loin de la place du marché. « Vous croyez qu'elle a vu l'enveloppe ? » Il s’inquiéta finalement, croyant pouvoir dire qu'il avait vu Vidal la ranger dans son blouson juste avant qu'ils ne soient surpris par l'arrivée de Mademoiselle Hewitt, mais préférant tout de même s'en assurer. « En tout cas, je … je vous remercie d'avoir tenu votre langue. Je sais que vous ne l'avez probablement pas fait d'une manière désintéressée, mais je vous suis reconnaissant d'être rentré dans mon jeu. » Il est vrai que sa petite provocation de tout à l'heure avait bien failli lui provoquer une syncope, mais Saul était en mesure de reconnaître que sans la coopération de Vidal – qui aurait pu estimer qu'il n'avait pas à improviser cette scénette ridicule – les choses auraient pu sensiblement se compliquer pour lui. « J'imagine que vous ne comptez pas réellement me laisser vaquer à mes occupations, alors allez-y, faites ce que vous avez à faire. » Il finit par conclure, croisant les bras tandis qu'il se doutait bien que Vidal ne se contenterait pas de valider cette transaction, pas tant en tout cas qu'il ne se serait pas assuré que Saul lui avait reversé une somme suffisante. Et parce qu'il savait que plus vite cette vérification serait faite plus vite il pourrait effectivement aller donner son cours, il ne comptait certainement pas le retarder.
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Message(#) Sujet: Re: weight of the world (vidal) weight of the world (vidal) EmptyMer 19 Oct 2016 - 3:13



Saul & Vidal
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Ce Masterson ne pouvait pas le comprendre, et ce n'était pas ce qu'il lui demandait non plus. Vidal était tombé dans le milieu de la pègre très jeune, depuis des années il en faisait un gagne-pain comme un autre, et même s'il trempait dans des combines peu scrupuleuses telles que le chantage ou l'escroquerie, il n'en rencontrait pas des problèmes pour dormir pour autant. Sa conscience ne le tiraillait pas, il ne se sentait pas désolé pour ses proies, encore moins pour un homme comme le metteur en scène pour qui l'argent n'avait sans doute jamais été un problème. Le corse avait su tirer profit des faiblesses de cet homme, c'était le jeu, il fonctionnait comme ça. Un homme aussi respecté dans la profession - d'après ce qu'il en savait - avait tout intérêt à ce que ses infidélités n'éclatent pas au grand jour, à garder une image irréprochable, et ça Vidal l'avait bien compris. Il avait à faire à quelqu'un qui préférait lâcher de grosses sommes d'argent à un parfait inconnu, plutôt qu'accepter que cette histoire de tromperie ne soit divulguée, et risquer d'y perdre son couple, sa famille, sa réputation. C'était la proie parfaite pour le corse, il tenait un très bon moyen de se faire de l'argent facile avec Masterson et l'opinion de ce dernier sur ses pratiques le laissait bien évidemment indifférent. Il était certain que comparé à lui, Vidal pouvait passer pour la plus grande crapule de son espèce mais d'un autre côté qu'est-ce que cet homme connaissait des pratiques illégales, mêmes les plus dérisoires ? Probablement rien. Vidal n'avait pas parlé d'existence ennuyante comme le mentionnait Saul, mais il pensait oui qu'il ne pouvait pas assimiler le fait que s'il faisait tout ça, c'était avant tout par besoin, parce que lui ne venait pas d'un milieu privilégié et ne gagnait pas bien sa vie. Il ne se poserait certainement pas en victime, mais à aucun moment il n'avait rêvé de cette vie-là. Aussi, il parlait d'une satisfaction que cette vie de criminel pouvait lui apporter, ce qui prouvait bien que Masterson ne voyait pas plus loin que Vidal le maitre-chanteur arrogant et sans vergogne. Il le percevait ainsi car ce devait être l'image que le corse lui renvoyait au fil de leurs échanges, et il devait s'imaginer qu'il se levait chaque matin avec la furieuse envie d'aller à l'encontre des lois et des morales, mais il n'en était rien. Le corse ne tirait aucun plaisir de tout ça, il n'en était pas très fier non plus malgré l'assurance qu'il pouvait dégager. Il se contentait de faire ce qu'il savait bien faire, et ce qui jusqu'ici s’avérait fructueux pour lui même s'il vivait imprudemment. « Je pense que vous mettez bien plus de passion dans les pièces que vous mettez en scène que moi dans mes affaires. Le besoin d'argent, ça peut vous mener à faire de sales trucs. Si j'avais pu choisir je n'aurais pas choisi cette vie-là, mais on n'a pas toujours la vie qu'on souhaite, ni les moyens pour y parvenir. » Le corse avait haussé fatalement les épaules. Il n'était doué pour rien d'autre que pour la pêche, et dernièrement elle ne lui rapportait pas grand-chose. C'était trop tard pour se trouver une nouvelle vocation, il avait sans doute emprunté les mauvais chemins au cours de sa vie mais après toutes ces années, même s'il n'y avait rien de glorieux à profiter des autres et à se faire de l'argent sur leur dos, il ne concevait pas de se ranger car tant que le besoin d'argent serait là, ces pratiques lui apparaitraient comme une "solution". Il avait fait des mauvaises rencontres, s'était lié aux mauvaises personnes et le fait d'avoir été enrôlé dans ce milieu très jeune le rendait d'autant plus incapable de décrocher aujourd'hui. S'entendre dire qu'il chamboulait l'emploi du temps du metteur en scène le laissait de marbre. Lui aussi avait un travail, en l'occurrence des poissons à pêcher, et c'est bien pour cela qu'il avait insisté pour que cette entrevue se déroule rapidement. Il était pressant parce qu'il ne pouvait pas attendre, cet argent il en avait besoin aujourd'hui et il se fichait de brusquer Masterson et de bouleverser ses plans pour la journée. La remarque qu'il s'était permis de formuler à haute voix lui valut des remontrances immédiates de la part de son interlocuteur. « Bon sang c'que vous êtes susceptible Masterson. » lui fit-il remarquer, d'un ton effaré. Ce n'était de toute évidence pas la chose à dire à un homme qui se retrouvait en délicate posture et risquait de tout perdre pour une aventure extraconjugale. Oui mais bon, ce n'était pas de sa faute à lui s'il avait manqué de discrétion et n'aimait pas assez sa femme pour lui rester fidèle. Quoique le problème pouvait se situer à ce niveau-là ou à un autre, ça ne concernait pas le corse et il se fichait de connaitre les détails de cette histoire. Comme il dépassait les bornes selon lui, et ne voulait pas risquer un esclandre en pleine rue qui ne ferait qu'attirer l'attention sur eux, Vidal ne répliqua pas sur sa précédente remarque. Les deux hommes venaient de tomber d'accord, enfin, sur le fait qu'ils ne s'aventureraient pas ou plus ni l'un ni l'autre sur leurs territoires respectifs. On ne devait pas les voir ensemble dans des lieux trop fréquentés, où ils avaient tous deux leurs habitudes, ce qui incluait par exemple cette école pour Saul, et les alentours de son bateau pour Vidal. Il insista bien sur le fait qu'il ne voulait pas le voir trainer près de son chalutier, ce qui ne manqua pas de faire réagir Masterson. Selon lui Vidal devait avoir des choses à cacher, comme lui, et la comparaison était plutôt amusante étant donné qu'on pouvait difficilement trouver des situations plus opposées que les leurs. « Oui, on peut dire ça. » concéda-t-il dans un premier temps. Vidal était toujours resté relativement peu bavard sur son passé, la vie qu'il avait menée en Corse avant sa fuite vers l'Australie. On l'imaginait ponctuée de magouilles en tous genres comme ici, mais il était passé par des épisodes pour le moins marquants qui avaient compromis plus d'une fois sa sécurité et celle de ses proches, des épisodes sur lesquels il ne s'exprimait jamais. Tout ce que l'on savait c'est que le corse s'était mis à dos des mauvais types, et qu'il avait tout intérêt aujourd'hui à faire en sorte qu'on ne le retrouve pas. Même à l'autre bout du monde il ne pouvait pas espérer vivre paisiblement et s'estimer à l'abri de représailles. Si ces types parvenaient à remonter jusqu'à lui d'une façon ou d'une autre, c'était entre quatre planches qu'il finirait, il le savait. « Je vous confirme que je ne cache ni femme, ni enfants. Et mon bateau, c'est le lien restant avec mon ancienne vie. Je ne veux pas qu'on s'en approche tout comme je ne veux pas qu'on s'immisce dans ma vie passée. » Vidal en disait peu par soucis de discrétion, parce qu'il ne pouvait pas se permettre de compromettre sa nouvelle vie. Ici tout le monde ou presque savait qu'il trempait dans de sales affaires, mais personne ne savait qui il avait fui et pourquoi, et c'était très bien ainsi. C'était donc convenu comme ça, Vidal se tiendrait éloigné de cette école à l'avenir et Masterson ferait de même avec son bateau. Ils s'abstiendraient de se serrer la main pour officialiser cet accord, il était de toute façon dans leur intérêt commun de s'en tenir à ça pour ne pas éveiller les soupçons autour d'eux. Après quoi le corse eut droit à une leçon de morale, concernant ses pratiques de maitre-chanteur. À peine avait-il mentionné qu'il devait beaucoup d'argent et qu'il espérait en rembourser une grande partie avec l'argent de Masterson que ce dernier lui fit savoir qu'il n'y avait pour lui rien de juste dans le fait de profiter des erreurs commises par les autres pour éponger ses dettes. Ça pouvait sembler cruel oui, d'utiliser les faiblesses d'autrui et d'exercer un chantage pour son propre intérêt, mais Vidal n'avait plus de notion de morale depuis bien longtemps. « Si vous le dites. » Les propos du metteur en scène ne trouvaient pas le moindre écho en lui. Il entendait bien ce qu'il lui disait, il ne rejetait pas ce point de vue mais on ne pourrait pas lui faire éprouver des remords pour ça. Leurs routes n'étaient pas loin de se séparer lorsque l'arrivée d'une jeune femme au beau milieu de leur conversation, qui s’avéra en plus être une connaissance de Saul, ne manqua pas de déboussoler complètement ce dernier. Sans rien voir venir, Vidal se retrouva affublé d'une étiquette, celle du soi-disant ami du metteur en scène de passage à Brisbane. Pire encore, Masterson en faisait des caisses en inventant qu'il avait tout fait pour le retenir de rester un peu plus, mais que son départ était imminent. En somme, cette femme était persuadée qu'il quitterait sous peu Brisbane, et il lui fallait donc espérer qu'elle ne mémoriserait pas sa tête. Car que pourrait-il lui dire s'il était amené à la recroiser par la suite en ville, Masterson avait été jusqu'à l’affubler d'un nouveau nom, s'en était parfaitement ridicule. Le corse s'imaginait déjà devoir éviter cette femme à compter de ce jour, tout ça parce qu'il n'avait rien trouvé mieux sur le moment que d'inventer des bobards plus gros que lui. « Oh Saul, tu sais bien que je ne suis jamais bien loin. Je reviendrai, c'est sûr. » il rétorqua en s'employant à donner un minimum de conviction et de crédibilité à ses propos, mais vraiment le minimum. Cette histoire lui avait définitivement fait passer l'envie de faire le moindre effort, cette distribution des rôles n'était pas du tout au goût du corse et pour rappeler celui-ci à l'ordre sans éveiller les soupçons de la jeune femme, il n'hésita pas à le provoquer en mentionnant son épouse. Mais s'il avait su qu'il donnait une occasion à Masterson de s'étaler sur sa petite vie, il se serait sans doute abstenu. Cette discussion prenait une tournure surréaliste, et n'en oubliant pas leur affaire en cours, Vidal fit subtilement remarquer au metteur en scène qu'il était peut-être temps maintenant d'abréger celle-ci. Ou tout du moins de prétendre devoir donner son cours pour se débarrasser de cette femme, pas nécessairement dérangeante car plutôt charmante, mais assurément présente ce jour-là au mauvais moment, au mauvais endroit. Vidal salua d'un bref signe de la main la jeune femme, qui les laissa enfin seuls. Masterson s'excusa, et s'il n'avait pas été plutôt pressé par le temps Vidal se serait sans doute employé à le mettre en garde de ne plus jamais le mêler à des histoires de ce genre. Au lieu de ça, il se contenta d'une brève remarque. « La prochaine fois, oubliez-moi pour ce genre de mises en scène grotesques. » Le faire passer pour un ami, passe encore, mais lui attribuer une nouvelle identité et lui imposer une énième personne à soigneusement éviter à l'avenir n'avait vraiment pas été son idée la plus brillante. « Je ne pense pas qu'elle ait vu l'enveloppe. Mais franchement, pour un metteur en scène, votre jeu d'acteur était à revoir. » Et Vidal n'avait honnêtement que faire des remerciements de Masterson, s'il avait joué le jeu c'était uniquement pour ne pas compromettre la discrétion de leur affaire, et ne pas éveiller de soupçons chez la jeune femme.  « Je n'agis jamais de façon désintéressée, vous devriez le savoir. » lui signifia-t-il, tandis que Saul l'invita à "faire ce qu'il avait à faire" avant de mettre un terme à leur échange. Pour ça le corse n'allait pas se faire prier. Il ne partirait certainement pas sans s'être avant cela assuré du contenu de l'enveloppe que lui avait remis le metteur en scène. Alors après avoir vérifié que personne ne le verrait faire, il ouvrit l'enveloppe et se mit à compter les billets. Il ne le précisa pas mais il semblait évident qu'il attendait de Saul qu'il le couvre et l'informe si quelqu'un approchait, après toute cette histoire il lui devait bien ça. « Le compte y est. » formula-t-il en remettant discrètement les billets dans l'enveloppe, rangeant celle-ci dans la poche intérieure de son blouson avant de reporter ses yeux sur Saul face à lui. « Bien, je reviendrai vers vous lorsque le besoin s'en fera ressentir. D'ici là on fait comme d'habitude, aucun contact, on ne se connait pas vous et moi. » Ce serait Vidal qui déciderait du moment de leur prochaine rencontre, du lieu également, en tenant toutefois compte de l'accord qu'ils venaient de passer et en respectant celui-ci. C'était lui qui contrôlait la situation, lui qui convenait de se voir quand il le désirait. Mais Masterson avait généralement la paix un petit moment avant que le corse ne revienne vers lui, il pouvait s'écouler des semaines sans que Vidal ne fasse plus parler de lui et sans que les deux hommes ne soient amener à se croiser. Ce matin il avait une nouvelle fois obtenu ce qu'il voulait, et cet argent avec lequel il repartait lui permettrait de passer le billet d'avion à sa sœur. Vidal aimait lorsque les choses se déroulaient comme il les avait planifiées, Masterson ne lui avait pas vraiment facilité la tâche aujourd'hui mais il avait obtenu son enveloppe et c'est ce qui comptait. Sans s'éterniser davantage auprès du metteur en scène le corse disparut dans la légère brume du matin, rejoignant le port à pied, soulagé d'une sacrée préoccupation.


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