Le stress. Non pas de mon biper qui me disait de me retrouver dans un bloc opératoire, mais c’était mon téléphone personnel qui me disait que Selina était en maternité, prête à accouchée. Le temps avait tellement filé, et pourtant j’avais attendu ça depuis tellement longtemps, pas seulement depuis des mois, mais bien depuis des années. Et ce jour de rêve arrivait enfin. J’aurais pu m’évanouir de joie, mais à la place je courais vers les vestiaires, retirais ma tenue de travail, refermais tout à la va vite, me rassurant sur le fait que mon responsable était bien au courant que je file de la sorte une fois le grand jour venue. Tous mes collègues que je croisais en courant me souhaitaient déjà les félicitations. Parce que oui, tout le monde était au courant tellement c’était la plus belle nouvelle de ma vie, malgré le fait que le divorce avec Sawyer arrive à trop grand pas. L’étage de la maternité ne se trouvait pas bien loin et j’y arrivais bien rapidement. La belle blonde était déjà en blouse, prête à faire expulser les deux bébés. Oui, deux bébés, un garçon et une fille pour mon plus grand bonheur, alors que Selina semblait depuis le début pas très rassurée. Cette fois-ci, ça ne pouvait qu’aller bien. Les bébés avaient bien grandi, sans encombre et semblaient bien prêt pour voir le jour aujourd’hui. Le gynéco qu’on avait vu ensemble à quelques rendez-vous échographique était présent lui aussi. Normal en même temps. Je me rapprochais de la maman, et ne pus m’empêcher de venir lui déposer un baisé sur son front Tu te sens d’attaque ? Lui demandais-je alors qu’elle allait avoir un sacré boulot à fournir pour faire sortir ces deux petits monstres qu’on avait fait grandir.

C’était comme un rêve éveillé, même si au final je ne l’avais pas du tout espéré comme cela. Je l’avais espéré comme dans les règles de l’art. Déjà amoureux, déjà ensemble depuis longtemps, déjà marié. Mais non. J’allais divorcer avec ma femme et je commençais à craquer sérieusement pour la mère de mes enfants. Même dans cette tenue, même fatiguée, même totalement à cran et rejetant la faute sur la sage-femme qui lui annonçait une bien trop mauvaise nouvelle pour être supportable. Je fronçais les sourcils quand Selina m’annonça ne pas avoir de péridurale. C’était nécessaire ces choses-là pour ne pas souffrir non ? Faut dire que la maternité et les accouchements n’ont jamais été les sujets où j’ai eu les meilleures notes pendant mes études. Je connais vraiment la base, et en cas d’urgence, je pourrais faire accoucher une femme. Mais pas sûr qu’elle puisse être parfaitement bien soignée par la suite. Mais la sage-femme répondit par une vérité que je ne pouvais pas nier. Elle n’avait pas tort du tout et je vis dans le regard de Selina, qu’elle comprenait également. A croire qu’ils sont réellement pressés de voir le jour. Souriais-je à la jolie blonde pour essayer de la détendre un peu, même si ça risquait d’être compliqué vu son état. Je n’attendais pas trois mille ans avant de prendre la main de la future maman, comme la sage-femme le voulait et comme j’allais faire de toute façon. Je ne comptais certainement pas rester là, mon cul posé sur cette chaise en attendant qu’elle fasse tout le sale boulot. J’étais même persuadé que j’allais être pitoyable à me mettre à respirer avec elle le temps de l’accouchement. Respire à fond, respire comme on t’a appris et ça ira. Lui disais-je alors tout en la regardant, me faisant du mouron pour elle, inquiet comme jamais. J’espérais vraiment que tout se passe bien, tellement que je mettais ma deuxième main sur sa main que je serrais déjà.

Beaucoup de fois je m’étais imaginé cette expérience, cette scène de vie immensément importante, cruciale, le début d’une autre vie. Et je peux dire que je m’étais préparé pendant très longtemps à ce moment magique que j’allais vivre. Parce que malgré tout ce qu’on pouvait dire du rôle de père pendant les accouchements, j’étais sûr que j’allais assurer, je m’étais bien renseigné, encore plus ces derniers temps. Mais me retrouver d’un coup face à la situation du « souffler, pousser », à sentir la main de Selina se crisper violemment dans la mienne, je me suis senti impuissant. Mais réellement, je me sentais stupide à côté d’elle alors que j’aurais voulu l’aider ou la soulager de cette douleur qui devait être intenable, surtout sans la péridurale. Comment j’avais pu passer d’un état euphorique, à la panique complète. Je me sentais horriblement inutile surtout. Je ne pouvais même pas lâcher la main de la jolie blonde pour m’échapper. L’idée m’avait à peine traversée l’esprit. Je ne voulais évidemment pas la laisser seule et voir nos enfants qu’après le travail achevé, je me sentirais encore plus inutile sur le coup. Je me sentais même mal à l’aise à présent. Figé. Je passais par toutes les étapes, toutes les émotions possibles et imaginables. Jusqu’à ce que je me lâche totalement ou que je pète totalement un câble et que je me mette à souffler et à pousser moi aussi en même temps qu’elle pour l’encourager. Voilà tout ce que je pouvais faire et tout ce que j’avais voulu éviter tellement je trouvais ça stupide qu’un homme fasse ça. Mais dans l’urgence et la panique, je me retrouvais dans la même stupidité. Et le travail dura assez longtemps, tellement que j’étais presque autant essoufflé qu’elle, pas aussi en sueur et souffrant, mais tout de même. C’est alors que le premier bébé sortait Ca y’est, je vois une tête ! Une dernière petite poussée madame, allez-y ! La sage-femme annonça alors sa tête, la première tête et rajoutais C’est un garçon ! Mon visage s’illuminait, comme si je n’étais pas au courant du sexe. Je ne trouvais même pas bizarre qu’elle annonce le sexe alors qu’on était déjà au courant, j’étais juste soulagé, heureux, apaisé. Mais le pire était à venir.

Le petit sortit et je lâchais la mère pour aller le voir de plus près tellement j'étais subjugué, impressionné et heureux à la fois, une sensation bien étrange, un peu flippante aussi, mais terriblement attirante. Et ce petit bout pleurait comme pas possible, comme s'il n'était vraiment pas content de quitter sa mère. Je regardais le petit bout avant de retourner le regard vers la blonde et de lui sourire. C'était une sacrée expérience qu'on vivait là et j'étais heureux de la partager avec elle, malgré le fait qu'elle ne soit pas en excellente forme et surtout déjà très fatiguée. Elle m'avait broyé la main mais je m'en fichais totalement. Le petit Kyle était là et la sage femme me proposait de couper le cordon. Punaise oui, c'était impressionnant ça aussi. J'en avais déjà vu à la télé, dans les films, mais en vrai, c'est particulier. Je secouais la tête pour acquiescer, je pouvais au moins faire ça, j'avais l'impression de rien faire depuis le début. Mais à peine le cordon coupé, le « oh oh » tant redouté arriva. Le sang de Selina se répandait bien trop et il était évident que la césarienne s'imposait. Le bonheur s'échappa quelques instants pour laisser place à l'inquiétude. Je gardais Kyle avec moi pour laisser faire la sage femme préparer l'opération pour revenir auprès de Selina, qu'elle ait tout de même le temps de voir son premier enfant avant qu'on ne l'endorme pour lui sortir le deuxième par une voie bien moins naturelle. Je préférais même pas savoir quelle était la réelle raison de la détresse du deuxième. Déjà que je stressais pas mal, pas besoin que je me mette réellement à paniquer. Je souriais à la blonde et lui déposais Kyle dans les bras Ca va aller, tu ne sentiras plus rien, et quand tu te réveilleras les deux petits bouts seront là en parfaite santé, et toi aussi. Je continuais de la sourire, sachant pertinemment que la sage femme ne faisait que la stresser et la rendre nerveuse. Pour l'opération, valait mieux qu'elle se détende un maximum.

Le stress montait de plus en plus chez la jeune femme et il n’y avait vraiment pas de quoi. La médecine est fiable de nos jours, ce n’est plus ce qu’elle était il y a des siècles, les futures mamans n’ont plus rien à craindre. Certes Selina perd beaucoup de sang, mais la césarienne va pouvoir tout arranger au contraire, il n’y a plus rien à craindre à présent. Même avec Kyle dans les bras, elle paniquait. Je n’avais pas vraiment pu la rassurer, je le voyais dans son regard. Mais je lui promettais au moins de veiller sur le petit, c’est évident Bien sûr Selina. On sera tous là à ton réveil. Je venais alors lui déposer un baisé sur le front avant que l’infirmière ne vienne la récupérer pour l’emmener en bloc opératoire pour commencer la césarienne. C’est vraiment une opération de routine, il n’y aucun soucis à avoir, juste à attendre sagement, surtout pour moi, vu que pour elle ça allait passer très rapidement vu qu’elle allait être endormie. Je sentais que j’allais pouvoir faire une petite sieste également, je ne savais juste pas quand exactement, vu que je n’arriverais à m’endormir tant qu’elle sera encore au bloc opératoire. Oui j’allais devoir m’occuper comme je le pouvais en attendant que les nouvelles soient bonnes et que la petite Louna fasse enfin son apparition. Au fond de moi, j’ai tout de même cette petite appréhension, mais je sais que tout se passera bien.

hrp: