“ that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart”

A défaut d’être en mesure de pouvoir s’aider elle-même, Camber avait dédié sa vie à aider les autres. Dans sa vie professionnelle de notaire, elle accompagnait les gens, certes en retour d’argent, mais le faisait toujours avec grand cœur. Au cours de sa carrière, nombreuses avaient été les familles déchirées et désorientées qui s’étaient présentées à elle. Dans sa vie privée, elle avait son groupe de paroles. Encore une fois, elle ne pouvait plus compter le nombre de gens qui avaient fréquenté ce refuge qu’elle avait créé. Néanmoins tout ce monde qu’elle avait construit s’écroulait de jour en jour. Car ce qu’elle apportait aux autres devenait insuffisant pour son propre bien. Aider ne l’aidait plus. Chelsea avait été la goutte qui faisait déborder le vase, la révélation, le dernier coup de grâce. Cette existence qu’elle menait ne rimait plus à grand-chose et il était temps d’admettre qu’il fallait laisser les autres de côté pour s’occuper d’elle, pour une fois. D’elle et de sa solitude, d’elle et de son ennui de vivre. D’elle et de sa vie qui n’en était pas une. « J’pense que c’est atypique d’aider quelqu’un de c’te façon, » Il ne faisait aucun doute que la jeune femme n’était pas aussi convaincue qu’elle de l’importance de ses mots. Du regret se lisait dans ses yeux, ce qui ne manquait pas d’agacer Camber qui ne comprenait pas. Si il y avait bien une chose dont elle ne devait pas s’en vouloir, c’était de lui avoir ouvert les yeux. Elle pouvait en revanche se sentir coupable de la façon dont elle avait volé les gâteaux, ou encore de son air mal aimable lorsqu’elle lui avait demandé de signer ses papiers, mais pas ça. « La finalité est plus importante que la forme » Tout dans la bouche de Camber sonnait à la perfection. Elle paraissait parler comme si tout était facile, donnant l’impression d’avoir une connaissance et une sagesse sur tous les sujets du monde. Son ton de voix posé et assuré jouait grandement dans cette vision que l’on pouvait avoir d’elle, si calme et sage.

Le corps las, la notaire avait fini par détourner son regard, ressassant dans son esprit ce qui s’était passé ce soir. Elle n’aurait jamais pensé que sa soirée allait prendre une telle tournure et quand ses yeux se posèrent sur l’horloge face à elle, elle ne put contenir un soupir. Il était déjà tard et encore une fois, son chat n’allait pas se retenir de lui faire comprendre sa colère. Pourtant pas du genre gourmande, Camber sentit un désir puissant de chocolat en elle, convaincue que rien ne pourrait lui faire plus de bien à cet instant précis. Aux dernières nouvelles, les gâteaux que Chelsea avait embarqués en contenait. Avec une légère hésitation vis-à-vis de sa situation, elle se permit cependant d’en demander un à son interlocutrice. « J’vous balancerez pas à Elias, ne vous inquiétez pas. Il tient de sa mère. J’pense qu’il serait capable de vous faire vivre dans des conditions dantesques pendant des jours s’il venait à l’apprendre. Lui voler un gâteau… Quelle idée. » Amusée par sa réponse, Camber hésita quelques secondes avant d’en prendre un dans la boîte qu’elle lui tendit. « Je lui en achèterai autant qu’il voudra pour me faire pardonner, promis » répliqua-t-elle très sincère. Avec sa vie chargée, la notaire n’avait pas réellement le temps de dépenser son argent et rien ne lui faisait plus plaisir que de se sentir utile pour quelqu’un grâce à cela. Tandis qu’elle avait avalé sa première bouchée, la brune sentit de nouveau le calme reprendre le contrôle sur son corps. Le pouvoir du chocolat l’impressionnait toujours. « En réalité, j’pense qu’il aurait plutôt du genre à m’faire la morale et m’dire que j’ai mal agi. Et que j’ai besoin d’aide quoi que j’en dise. » Se dépêchant d’avaler le plus proprement possible, Camber esquissa un sourire de satisfaction. Ce que Chelsea venait de dire était bien plus puissant que ce morceau de gâteau. Bien plus gratifiant que tout le chocolat du monde. « Je suis contente que vous l’admettiez enfin » Alors qu’elle se releva de sa chaise, posant sur la table le reste de gâteau qu’elle n’avait pas fini, Camber attrapa une serviette en papier, ainsi qu’un stylo qui trainait par ici. Avec toujours une grande élégance, elle s’appliqua à inscrire son prénom, nom, ainsi que son numéro de téléphone portable avant de tendre le tout à la jeune femme. « Je pense qu’on en a assez fait pour ce soir vous et moi, prenez mon numéro personnel. Je serais ravie de vous revoir pour discuter et offrir ces muffins à Elias. Je pense qu’il doit vous attendre vu l’heure, vous devriez rentrer chez vous » dit-elle d’un ton maternel et avenant. « Je compte sur vous pour m’appeler, vraiment. » finit-elle en plongeant son regard dans le siens, lui évitant tout moyen de fuir.  

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