Tu es mort pour moi. Tu n'existes plus. Ces mots résonnes encore et toujours dans mes oreilles et s'enfonce, comme des couteaux, dans mes côtes, compressent mes poumons si bien que je peine à respirer correctement. Il vient de me renier, clairement. Je suis tellement abasourdi, choqué, que je ne sais pas comment réagir. Je fais bien moins le fier, ne parvenant même plus à soutenir le regard de mon père. Fort heureusement, c'est James qui se charge de la situation. Attrapant David par le bras, il le tire et l'oblige à entrer. Même là, je devrais me montrer reconnaissant envers mon frère, mais je n'y parviens pas. Dans un coin de ma tête je me promet de le remercier en bonne et due forme.

Lorsque la porte se referme derrière eux, c'est le silence qui m'entoure, oppressant. Que faire maintenant ? Rentrer. C'est ce qu'il y a de mieux à faire. Oui, clairement. Retrouver la présence rassurante de Myrddin et Arthur, c'est tout ce que je demande maintenant. J'ai envie de me pousser du mur auquel je suis adossé, mais la force me manque. Mon corps ne me répond pas. Alors je ne bouge pas. Pas même lorsque la porte s'ouvre sur Ezra cette fois. J'observe simplement mon frère qui me dit qu'il me ramène chez moi, qu'on mettra simplement mon vélo dans son coffre et que je n'ai pas le choix. J'avoue que quelque part sa proposition me rassure et vient à point nommé. J'hoche doucement la tête et le laisse s'approcher comme s'il voulait me soutenir. Je lève la main pour lui signifier que c'est bon, je me débrouillerais seul.

C'est un d'un pas quelque peu chancelant et pas des plus sûr que je descends les quelques marches de la véranda avant de me diriger avec Ezra vers sa voiture. Je le laisse se débrouiller avec mon vélo et prends place sur le siège passager, accrochant ma ceinture en attendant mon frère. Lorsque celui-ci s'installe au volant, met le contact et démarre, je soupire doucement et ferme les yeux  «Tu fais attention aux camions, hein » dis-je avec une pointe d'humour, un léger sourire en coin. Je pense que chacun de nous et de notre famille se rappelle encore très bien de dernière fois que nous avons pris la voiture, Ezra et moi. Ça fait deux ans déjà et le traumatisme n'est plus aussi présent. C'est pour ça que je me permet cette note d'humour un peu noir.

 « Merci Ezra» dis-je finalement avec sérieux, rouvrant les yeux  «Et désolé que vous aillez dû assister à ça » je grimace un peu, reportant mon attention sur l'avant  «Mais au moins c'est bon, je … Myrddin et moi n'auront plus à nous cacher » et je n'aurais plus à avoir peur que mon père découvre notre relation. Je sais, dans le fond, que, même si je me sens extrêmement mal maintenant, dans une semaine ce sera totalement différent. Je penses même que je parviendrais à apprécier cette nouvelle liberté.