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 hard to live in the city

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Message(#) Sujet: hard to live in the city hard to live in the city  EmptyMer 25 Jan 2017, 21:53



Well its hard to live, its hard to live in the city. Yes its hard to live, so hard to live in the city. I've been following you for blocks and I wish you would stop and tell me your name.

(☆☆☆)

"... Vous avez reçu une invitation pour l'ouverture d'une nouvelle galerie dans le Queens. Sans oublier le salon annuel des Rockefeller qui début à 14 heures... ce qui est encore plus tôt que l'année dernière."
"Hmmm... Mets-le dans la pile des peut-être... La dernière chose que j'ai envie de voir c'est Elias Rockefeller et sa quoi... quatrième femme ? Il devrait juste laisser tomber et admettre qu'il est gay, ça serait beaucoup plus pratique pour tout le monde."
"Tout le monde n'est pas aussi tolérant que vous Miss Hannah."
"Eh bien... ils devraient l'être Audrey... Et est-ce que je peux avoir plus de thé ? Je sens que cette matinée va être longue, en plus je n'ai absolument rien à me mettre... quoi ? C'est vrai!"

C'était partiellement vrai et la gouvernante d'Hannah, Audrey, esquissa un sourire avant de se diriger vers la cuisine, abandonnant Hannah dans le salon, entourée de magazines et trois agendas différents ouverts devant elle. Si son père avait décidé de ne pas étendre son séjour à New York, la brune était plus que contente de se retrouver dans sa ville natale et elle n'était pas tout à fait prête à revenir à Brisbane. Janvier était arrivé, avait ramené deux fois plus de neige sur la ville qui ne dormait jamais et Hannah avait observé le tout depuis sa fenêtre, un franc sourire sur le visage et un bon manteau sur les épaules lorsqu'elle se risquait à sortir. New York lui avait manqué, des taxis jaunes aux gens pressés aux tendances futiles et inutiles. Elle avait sauté dans les bras d'Audrey à son arrivée, prête à lui faire un résumé de tout ce que la domestique avait manqué dans la vie de sa petite protégée. New York était bien fade sans elle, lui avait répété Audrey et Hannah aimait bien le croire. Si à Brisbane, la presse la suivait par simple fascination et parce qu'elle était une cible facile, ici, tout le monde savait qui elle était, ici, elle était bien une reine. Un simple claquement de doigts suffisait pour obtenir la meilleure table dans le restaurant le plus branché, ou la robe ou le sac à main parfait, dans l'Upper East Side Hannah était entourée de ses pairs et elle n'avait pas hésité à faire un retour triomphant au bal de fin d'année des Rockefeller, vêtue de Valentino des pieds à la tête, sobre toute la soirée et prête à s'amuser. Depuis qu'elle était là, Hannah avait eu l'occasion de refaire sa garde robe trois fois, de se rendre au moins une dizaine de fois au MET pour rendre visite à ses toiles préférés. Sans compter les pièces de théâtres qu'elle avait vues, les comédies musicales à Broadway et les quelques événements de charité et de politique qui lui avait permis de s'attaquer au président actuel. Si les vacances étaient synonymes de repos, pour certains, les choses étaient bien différentes pour Hannah, qui n'avait pas non plus fait de pause sur le plan professionnel et qui n'avait eu cesse de dessiner, et ce depuis sa dernière conversation avec Rose. "Votre thé Miss Hannah... dois-je en apporter un aussi à Monsieur Masterson ?" "Tu peux l'appeler Saul Audrey... et pour te dire, je ne sais pas vraiment." Hannah poussa un soupir tandis qu'elle reposait sa copie du New York Times. Elle ne savait pas vraiment quoi dire à Audrey. S'il y avait bien une chose qui l'avait surprise en cette nouvelle année, c'était bien Saul. Non, Hannah ne s'était pas attendue à le trouver à la porte de sa demeure, si loin de l'Australie, si loin de sa propre famille et avec un air... aussi triste. La brune avait tout de suite compris que quelque chose clochait, elle n'avait pas posé de question, s'était contentée de le prendre dans ses bras et de lui offrir un toit. C'était ce que faisait les amis pas vrai ? Hannah aurait été incapable de lui refuser quoi que ce soit et sa présence ici, dans sa demeure de toujours, la rendait perplexe. Si avant son départ elle aurait souhaité qu'il l'accompagne, elle ne savait quoi faire de ce Saul déprimé et dans le fond brisé au possible. "Hannah fais-moi plaisir et essaye de ne pas essayer de le réparer... Je sais très bien comment ça finit et je ne pense guère qu'un autre homme marié puisse t'aimer comme tu le souhaites." Lui avait lancé Nathan avant de partir, ramenant de lui-même Saul sur le tapis. Hannah avait haussé un sourcil et croisé les bras sur sa poitrine, proclamant que ce n'était pas la même chose, ils étaient juste amis. L'air de son père était tout sauf convaincu et la Siede lui avait souhaité un bon retour, un maigre sourire sur le visage. Hannah n'avait pas besoin de ça en ce moment, elle se relevait à peine, elle n'avait pas besoin de penser à Saul comme ça, ou de se dire qu'elle avait besoin de lui, c'était stupide. Il l'avait soutenue dans un moment difficile comme l'aurait fait un véritable ami et confident, voilà tout. Hannah poussa un énième soupir, son index droit s'enroulant autour de son collier comme à chaque fois qu'elle songeait à Saul. Audrey l'avait déjà complimentée sur le bijou, avant de demander qui le lui avait offert; elle savait très bien qu'Hannah ne s'achetait jamais de diamant pour elle-même, mais à en juger par le sourire qu'avait parfois Audrey quand elle voyait Saul, elle avait compris. Et ce fut Saul qui justement tira Hannah de sa rêverie, elle se releva, être assise sur le tapis du salon entourée de magazine faisait vraiment de trop, et lui accorda un sourire. "... Regardez qui pointe enfin le bout de son nez. Nous parlions justement de toi." "Oui, laissez-moi aller vous chercher quelque chose à manger Monsieur Masterson." Hannah laissa échapper un léger rire et regarda Audrey s'éloigner encore une fois; visiblement la perpective de cuisinait l'enchantait vraiment, surtout depuis qu'elle s'était rendue compte qu'Hannah commençait presque à manger comme une personne normalement constituée... presque. Hannah observa Saul en silence pendant quelques secondes avant de lui indiquer le canapé, histoire qu'ils s'y installe. "Non pas que j'ai envie de te brusquer mais dix jours de déprime je pense que c'est suffisant non?" Oui, Hannah était toujours aussi directe et quelque part, elle se disait précisément ce qui fallait à Saul, et puis, si elle était tout à fait honnête, elle était fatiguée de ne pas savoir. "Il y a tellement de choses à faire à New York... et commencer à me dire ce qui s'est passé serait une bonne idée. Encore une fois, je suis ravie que tu sois là mais... Elsie doit s'inquiéter non ?" Je sais que je le serais moi, se retint d'ajouter d'Hannah, ses yeux couleur noisettes braqués sur Saul.
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Message(#) Sujet: Re: hard to live in the city hard to live in the city  EmptyDim 29 Jan 2017, 19:38


C'est songeur qu'il s'était réveillé ce matin, et qu'il avait ensuite quitté la chambre qu'il occupait. Songeur, et mélancolique, parce qu'aucune nuit aussi longue soit-elle ne pourrait décemment apaiser la peine qui s'était éveillée au fond de son cœur quelques jours plus tôt. Une peine implacable, viscérale, qu'il croyait d'abord pouvoir laisser derrière lui lorsqu'il avait pris la décision de s'envoler à plusieurs milliers de kilomètres de Brisbane. La distance n'y avait pourtant rien fait, pas plus qu'un dépaysement qu'il espérait au départ salvateur, et seule la présence d'Hannah avait su jusqu'ici lui changer les idées. C'est au fond pour cette raison qu'il l'avait rejointe à New York, plutôt que de simplement partir pour une destination éloignée, où il n'aurait croisé aucune connaissance susceptible de le questionner sur son état, et sur cette mine abattue qu'il gardait depuis son arrivée. Hannah, elle, n'était pas n'importe qui et le fait qu'elle ne lui ait pas posé de question lorsqu'il avait sonné à sa porte lui avait une nouvelle fois prouvé – si tant est qu'il en ait eu besoin – qu'elle était une amie précieuse et certainement la meilleure compagnie dont il puisse profiter en ces temps confus. C'est alors précisément pour rejoindre la brune qu'il avait pris la direction du rez-de-chaussée, peinant toujours légèrement à se repérer dans cette demeure particulièrement spacieuse où même un homme comme lui – pourtant habitué à une certaine démesure pour avoir vécu quelques années en haut d'une des tours de son père – était facilement désorienté. S'apprêtant à emprunter les escaliers, Saul jeta furtivement un œil à son téléphone, où il fut pour le moins étonné de découvrir un message de son frère. « Hey. Je sais que t'as besoin de prendre du recul, mais ici ça devient bizarre sans toi. Tu comptes rentrer quand ? On me pose des questions et je sais pas quoi répondre. Je m'inquiète pour toi alors … appelle-moi dès que tu peux, ok ? Abel. » Cette inquiétude qu'il devinait derrière ce sms, ça ne ressemblait pas à son demi-frère, qui l'avait jusqu'ici habitué à se désintéresser à beaucoup de choses, y compris à son sort. Mais en y repensant, c'était la première fois qu'il partait sur un coup de tête, laissant derrière lui tout ceux qui comptaient pour lui, et qu'il se contentait d'un coup de fil passé depuis l'aéroport pour l'avertir qu'il resterait loin de Brisbane pendant quelques jours. Un autre sms, moins surprenant celui-ci, lui avait quant à lui été envoyé au beau milieu de la nuit, par une Patty visiblement soucieuse elle aussi, mais sans doute plus pour ses propres intérêts que pour les siens. « Saul ? Tu peux m'expliquer ce qui se passe ? J'ai eu Abel et il m'a dit que tu t'étais absenté, et qu'il ne fallait pas essayer de te joindre. Tu crois pas que je mérite une explication ? Ici ça commence à jaser, les investisseurs sont de plus en plus sceptiques … On a besoin de toi, alors fais-moi signe. S'il te plaît. Patty. » Saul s'attarda à peine sur ce message, rangeant aussitôt son téléphone en se promettant d'y répondre, bientôt, quand il n'aurait plus l'impression de devoir peser chacun de ses mots pour éviter d'avoir à admettre qu'il était tout simplement parti pour éviter d'assister, impuissant, à sa propre chute. Pour ne pas recroiser Elsie, et lire toute la haine qu'il pouvait certainement lui inspirer. Pour ne pas craquer devant ses enfants, devant sa mère, devant Camber. Pour ne pas revoir Meg et la faire de nouveau souffrir, ou la tenir injustement responsable des actions de Tommy. Non, c'était encore trop tôt pour qu'il puisse donner des nouvelles sans risquer de les inquiéter, inutilement, ainsi descendit-il les escaliers en tâchant de penser à autre chose, ne serait-ce que pour arborer une mine un peu moins inquiète lorsqu'il se retrouverait face à Hannah. Ce fut chose faite lorsqu'il arriva dans le salon, où il la trouva en compagnie d'Audrey. La comédienne nota son arrivée avant même qu'il n'ait besoin de s'annoncer, et c'est dans un fin sourire qu'il accueillit sa remarque. « De moi ? » Il s'étonna, sans trop savoir s'il était censé s'en inquiéter, lui qui imaginait facilement que sa simple présence sous ce toit suffisait à soulever un certain nombre de questions, dont Hannah débattait peut être auprès d'Audrey. Audrey qui d'ailleurs enchaîna en proposant d'aller lui chercher de quoi manger. « Oh non, ne vous embêtez pas, je ne suis pas sûr ... » La jeune femme n'attendit toutefois pas qu'il termine pour s'éclipser en direction de la cuisine, faisant naître sur ses lèvres un sourire un peu plus amusé. « … de pouvoir avaler quoi que ce soit. » Il conclut malgré tout, en reportant toute son attention sur Hannah. « Je crois que je vais quand même faire un petit effort pour elle. » Parce que même avec l'estomac noué, il restait conscient que cette jeune femme se donnait du mal et qu'il lui était reconnaissant d'être manifestement toujours prête à se plier en quatre pour apporter satisfaction à leurs hôtes. Constatant en tout cas qu'Hannah continuait de l'observer tandis que le silence avait temporairement repris ses droits tout autour d'eux, c'est les lèvres légèrement pincées qu'il accueillit sa prochaine remarque, tandis qu'il osa s'approcher pour prendre place à ses cotés. « Je ne suis pas déprimé, je ... » Son regard croisa le sien et il comprit, en l'espace d'une seconde, qu'il ne pourrait pas espérer jouer à ce petit jeu avec elle. Parce qu'elle l'avait vu, le soir de son arrivée, et qu'elle avait probablement compris que quelque chose n'allait pas et qu'il n'aurait certainement pas fait le voyage sans une bonne raison. Pas à cette époque de l'année, où n'importe qui s'attendrait certainement à le voir entouré de sa famille. « D'accord, c'est vrai, je ne suis pas de très bonne compagnie depuis mon arrivée. Mais ça n'a rien à voir avec toi, ni avec New York, c'est juste … une période un peu difficile. » Et même si c'était user d'un euphémisme pour décrire sa situation et le fait qu'il ait présentement l'impression de se tenir au bord d'un immense précipice au fond duquel le premier coup de vent venu aurait vite fait de le précipiter, ça n'en était pas moins la vérité. La façon dont Hannah reprit bientôt la parole lui valut cependant de perdre le léger sourire qui était jusqu'à alors resté accroché à ses lèvres. « Elsie ? » Il souffla, l'air subitement penaud, tandis qu'il baissa légèrement la tête. « Elsie doit apprécier de ne plus m'avoir dans son champ de vision. Et je la comprends. » A sa place, et compte tenu des circonstances, n'importe qui apprécierait probablement de le savoir aussi loin que possible de Brisbane. Mais réalisant que cette remarque vaudrait probablement à Hannah de se poser plus de questions, c'est doucement qu'il reprit. « Le nouvel an a été un peu compliqué, à plusieurs niveaux. » Et soupirant au moment de recroiser son regard, il repensa un court instant au déroulé des événements. A Tommy et à leur confrontation dans les toilettes de la mairie, le soir même du réveillon, et de laquelle il n'était pas ressorti tout à fait indemne. Et puis à Elsie, à ce qu'elle avait fini par comprendre, sans qu'il ait cette fois véritablement cherché à l'éviter, peut être parce que s'être pris un coup de poing lui avait prouvé que les choses avaient déjà été beaucoup trop loin. « Je vais tout te raconter, mais avant ça j'aimerais te poser une question. Une seule. » Après quoi il lui dirait tout, pas seulement parce que c'était ce qu'elle attendait de lui, aussi parce qu'il avait besoin de se montrer parfaitement honnête envers Hannah, comme il aurait voulu l'être beaucoup plus tôt. « Comment est-ce que tu réagirais si tu apprenais que je ne suis pas exactement l'homme que tu crois connaître ? » Son regard toujours accroché au sien, Saul guetta sa réponse, tel un couperet menaçant de s'abattre sur sa nuque. C'était risqué, il le savait, et Hannah pourrait prendre peur et en déduire d'elle-même que ce qu'il était sur le point de lui avouer était loin d'être anodin. Mais il avait besoin d'être sûr qu'au moins une partie d'elle saurait voir qu'il n'avait jusqu'ici gardé le silence que pour lui éviter de souffrir, et d'être déçue, et que cette même partie saurait accepter, même difficilement, cette vérité qu'il avait tant redouté de lui confesser.
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Message(#) Sujet: Re: hard to live in the city hard to live in the city  EmptyMar 31 Jan 2017, 10:38


Si Hannah n’était pas rentrée dans le vif du sujet quand Saul était littéralement apparu sur le pas de sa porte il y a une dizaine de jours, c’était parce qu’il savait qu’il n’était pas prêt. Qu’il y avait une plaie encore béante dans son coeur et qu’il faudrait quelques jours pour qu’il soit en mesure de panser cette cicatrice et de songer à faire autre chose. Quelques jours oui mais la brune refusait de le voir avec le moral au plus bas plus longtemps. Peut-être que c’était totalement égoïste mais Hannah s’en moquait, il était temps de le secouer, ou au moins de connaitre les raisons de sa peine. Surtout qu’Hannah avait déjà prévu un programme bien différent et rempli si Saul venait la voir à New York, et il était hors de question d’arpenter les rues de la Cinquième Avenue quand il avait l’air aussi triste et aussi… ailleurs. Hannah aurait voulu faire quelque chose, elle voulait faire quelque chose, plutôt que de le fixer comme une idiote et de se retrouver impuissante. C’était une sensation qu’elle détestait particulièrement, encore plus quand quelqu’un à qui elle tenait était concerné. Peut-être qu’elle s’impliquait trop, la brune n’en avait que faire, Saul ne l’avait pas laissée toute seule pleurer sur la chaussée il y a quelques semaines de cela, et il semblait bien que c’était le moment de retourner la pareille. Hannah voulait comprendre, elle voulait aider, elle voulait qu’il aille mieux, quelque part, elle avait besoin qu’il aille mieux. Une partie d’elle avait presque envie de lui dire de ne pas parler, de se laisser distraire par le silence et de la laisser se blottir au creux de ses bras et passer ses mains dans ses boucles brunes pour essayer de dissiper une partie de sa peine. Sauf qu’Hannah savait que ça ne ferait que retarder l’échéance et qu’il n’était jamais bon d’être coincé avec ses pensées les plus sombres trop longtemps. Elle tenait trop à Saul pour le laisser dans cette impasse, il avait besoin qu’on le secoue, tant pis s’il la détestait parce que c’était elle qui faisait cela, elle s’en remettrait, elle en était certaine. "Audrey n’attendait pas vraiment de réponse de ta part, ne t’en fais, je crois qu’elle est juste contente de pouvoir se rendre utile." expliqua simplement la trentenaire alors que la gouvernante était surement déjà en train de s’affairer dans la cuisine. " Je crois qu’elle pense qu’un estomac rempli est déjà un pas vers… la guérison, je ne sais pas." Hannah haussa les épaules, signe que la logique derrière ce raisonnement la dépassait totalement. Mais ce n’était pas pour discuter des prouesses culinaires d’Audrey qu’elle avait demandé à Saul de s’asseoir près d’elle mais bien pour autre chose. Hannah n’hésita pas à adresser à Saul un regard noir alors qu’il lui disait ne pas être déprimé. Non, qu’il garde ses excuses pour une autre femme assez crédule pour les gober, il était sous son toit, Hannah l’avait vu se complaire dans un mutisme latent et une espèce de léthargie sans nom depuis des jours. Ce n’était pas rien, quelque chose s’était passé à Brisbane, quelque chose qui l’avait conduit ici. La première inquiétude d’Hannah concernait Elsie, Saul avait déjà trouvé la femme de sa vie, pourquoi ne pas se tourner vers elle ? " … Compliqué comment ? " demanda la Siede à demi-voix. La réponse de Saul concernant sa femme ne fit qu’alarmer un peu plus Hannah, est-ce que leur couple battait de l’aile… au point qu’ils se séparent ? Non, si les choses avaient été si critiques et immédiates, Saul lui en aurait parlé … non ? Trop de questions se bousculaient dans l’esprit d’Hannah, tellement qu’elle en eut la gorge sèche et que son regard se détacha de Saul pendant quelques secondes. Hannah ne savait vraiment pas quoi lui dire, elle avait déjà emprunté cette route, avait déjà juré de protéger quelqu’un en débit de toutes les parties horribles qu’il pouvait et avait su lui montrer. Et Saul savait mieux que quiconque que c’était récent, que les propres cicatrices d’Hannah ne s’étaient pas encore refermées, mais il ne lui demanderait pas ça si ce n’était pas important, si ça n’était pas important pour lui… "Saul je…" Une des mains d’Hannah avait trouvé sa chevelure brune tandis que l’autre jouait avec ce collier qu’elle n’enlevait plus depuis qu’il lui avait offert. Entre ça et le montre, ce n’était que des symboles de toute l’affection qu’il lui portait, et n’avait jamais pris la fuite… Hannah était totalement perdue dans ses réflexions, qu’elle ne remarqua même pas qu’Audrey revenait dans le salon, les bras chargés, et un petit sourire sur le visage. Elle déposa le tout sur la table devant eux et prit le temps de servir son thé à Hannah.  "Et voilà pour vous Monsieur Masterson. Des oeufs brouillés et quelques toasts. « Merci, Audrey, ça sera tout pour le moment. » murmura Hannah, la gouvernante sembla comprendre le message, la tension dans la pièce était suffisamment palpable, car elle finit par les laisser seuls, non sans avoir indiqué à Hannah qu’elle serait à l’étage au besoin. La brune eut un maigre sourire, et respira un grand coup avant de relever les yeux vers Saul. C’était toujours lui, toujours les mêmes épaules sur lesquelles elle avait pleuré, toujours les mêmes mains qu’elle avait vues se défouler sur son bureau et surtout ... toujours les mêmes mains qui se glissaient avec une facilité déconcertante dans les siennes. C’était toujours Saul. Aussi Hannah finit par prendre une grande respiration et formula une réponse : "Saul, personne n’est parfait. Il s’est passé quelque chose, tu ne serais pas venu pour rien, ça ne me dérange pas de t’avoir ici bien au contraire mais…" Mais Hannah ne pouvait être l’encre de personne, elle ne pouvait plus, elle n’avait plus la force nécessaire pour porter quelqu'un d’autre et se laisser écraser, elle ne pouvait plus le faire, il fallait qu’elle pense à elle avant tout. "Je ne veux pas te faire de promesses que je risque de ne pas tenir." Cela aurait été tellement hypocrite de sa part, chose qu’elle pourrait encore moins se pardonner. "Peut-être que je serais déçue ou triste ou en colère, je n’en sais absolument rien. Je peux juste te dire qu’une fois que ça sera passé… je serais là." La dernière partie de sa phrase fut dit sur un ton un peu plus insistant que le reste et une de ses mains se posa sur celle de Saul. "C’est à toi de décider si tu veux me faire confiance ou pas."
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Message(#) Sujet: Re: hard to live in the city hard to live in the city  EmptyVen 03 Fév 2017, 20:57


Cela faisait maintenant une dizaine de jours que Saul avait posé un pied sur le sol américain. Une dizaine de jours qu'il avait ressorti la valise qu'il utilisait chaque fois que ses déplacements professionnels l'éloignaient de Brisbane, pris le premier billet d'avion qu'il avait trouvé et s'était envolé à plusieurs milliers de kilomètres de chez lui, sans autre idée en tête que celle de s'éloigner, quelques jours, le temps d'y voir un peu plus clair sur le chantier qu'était devenue sa vie. Sans doute avait-il pris cette décision sur un coup de tête, un jour où il avait été bien incapable de raisonner intelligemment et où la fuite lui était finalement apparue comme la seule solution au tumulte qui menaçait de balayer son existence. Mais c'avait été le seul moyen qu'il avait trouvé pour s'éviter de couler, définitivement, après un début d'année plus qu'éprouvant et face à la certitude que les prochains mois ne l'épargneraient pas non plus. L'angoisse qui l'animait depuis déjà plusieurs mois avait laissé place à une peine et une rage qui tourmentaient son être chaque fois qu'il repensait à tout ce qu'il aurait pu faire pour s'éviter cette situation, mais c'était aussi et surtout la peur de perdre le peu qu'il possédait encore qui avait pesé dans sa décision de prendre le large. Comme si partir, s'éloigner de tout et de tout le monde retarderait le moment où le sol qui l'empêchait encore de sombrer finirait par céder, et où toutes les erreurs qu'il avait pu commettre lui reviendraient en pleine figure, comme un boomerang lancé à pleine vitesse et qui aurait pris de l'élan pendant près de trois ans. Comme si disparaître du champ de vision d'Elsie simplifierait les choses. Comme si s'éloigner un temps de ses enfants les maintiendrait bien à l'abri dans cette bulle d'innocence qui les empêchait pour le moment de voir leur père tel que Brisbane toute entière ne tarderait certainement pas à le dépeindre. Comme si finalement c'était mieux pour tout le monde, qu'il soit ici et non plus là-bas, y compris pour lui. Et c'est vrai, il ne s'était plus senti autant en sécurité que le soir où il s'était présenté sur le seuil de la demeure d'Hannah, son bagage à la main et sa mine désemparée pour toute explication. Parce qu'Hannah savait apaiser les maux les plus douloureux en un regard, un geste, ou un mot, comme un pansement qui viendrait épouser une plaie laissée à vif. Parce que derrière ce caractère bien trempé qu'on remarquait souvent en premier lieu chez la comédienne, il y avait cette douceur immuable qui réconforterait n'importe quel cœur, anesthésierait n'importe quelle blessure et dompterait n'importe quelle rage. Cette même douceur qui déjà l'avait soulagé le soir où il s'était emporté, enfermé entre les quatre murs de son bureau, et qu'il avait laissé parler une peine accablante que la brune avait su apaiser, juste en étant là, juste en étant elle-même. Alors, chaque jour qu'il passait sous ce toit lui rappelait combien il était chanceux de pouvoir la compter dans sa vie. Et ce matin, tandis qu'il rejoignait le salon dans l'espoir d'y trouver la brune, c'est un regard comme chaque fois reconnaissait qu'il posa sur Hannah au moment où celle-ci lui apparut, en compagnie d'Audrey. Audrey qui d'ailleurs attendit à peine qu'il se soit approché pour se proposer d'aller lui chercher de quoi manger, une gentille attention qui l'inciterait probablement à oublier le fait que son estomac demeurait noué depuis plusieurs jours. « Je crois surtout qu'elle se réjouit que tu sois venue passée quelques jours ici. Vous semblez très proches. » Saul souffla, les lèvres étirées en un fin sourire, conscient depuis son arrivée que les deux femmes partageaient une relation privilégiée, qui tenait sans nul doute du fait qu'Hannah avait longtemps vécu à New York et s'était certainement rapprochée de cette femme attachante et maternelle, qui n'était pas sans lui rappeler les employés de son père, avec qui il avait lui-même noué des liens très forts étant plus jeune. La suite valut toutefois à Saul d'adopter une attitude plus embarrassée lorsqu'Hannah le pria de s’asseoir près d'elle et l'incita à lui parler de ce qu'il avait jusqu'ici gardé pour lui, non pas par pudeur mais plutôt par honte, parce qu'une partie de lui savait que ce qu'il pourrait lui dire aurait des conséquences qu'il n'était pas nécessairement prêt à affronter. Sa tentative pour détourner l'attention d'Hannah échoua quant à elle lamentablement lorsque celle-ci lui lança un regard censé lui faire comprendre qu'il pouvait lui épargner ses fausses excuses, et c'est finalement d'une voix faible et confuse qu'il concéda à évoquer Elsie et les récents événements.« Assez pour que m'éloigner de Brisbane pendant quelques jours m'ait semblé être la meilleure chose à faire. Pour moi comme pour les autres. » Il formula alors, en réponse à la question d'Hannah, en échangeant avec la brune un regard qui semblait vouloir lui hurler tout ce qu'il ne parvenait pas encore à lui dire. Mais parce que lui-même ne se sentait plus capable de lui cacher ce qu'Hannah méritait de savoir, et qu'il ressentait le besoin – mais aussi l'envie – de se montrer enfin parfaitement honnête envers celle qui avait fait plus pour lui que n'importe qui durant ces derniers mois, c'est décidé à tout lui dire qu'il avait repris la parole, le temps de lui souffler une question qu'il ne pouvait pas éviter. Parce qu'elle se posait, plus que jamais. Et parce qu'une partie de lui redoutait qu'Hannah le voit tout autrement dès lors qu'elle comprendrait qu'il n'était pas tout à fait celui de qui elle pensait s'être rapproché, et que cette partie souhaitait certainement se rassurer, en s'assurant que les risques qu'il pourrait prendre en lui avouant la vérité vaudraient la peine d'être pris. La brune s'apprêta alors à lui répondre, moment choisi par Audrey pour regagner le salon, les bras chargés. « Merci, c'est vraiment très aimable. » Saul la remercia alors tandis qu'Hannah sembla vouloir lui faire comprendre qu'elle aimerait rester seule avec lui, une idée qui suffit à éveiller une douce inquiétude au fond de son cœur, tandis que la comédienne reposa bientôt son regard sur lui. Audrey disparut alors, et ils restèrent ainsi à simplement s'observer, l'espace de quelques secondes, avant qu'Hannah ne reprenne la parole, soufflant des mots que le brun accueillit avec un sourire aussi doux que triste. « Je ne te demande pas de me promettre quoi que ce soit, et la dernière chose que je veux … c'est que tu t'empêches de me dire les choses telles que tu les penses. Tu sais bien que je ne te reprocherais jamais ta franchise. » Parce que cette tendance à livrer le fond de sa pensée sans s'encombrer d'une pudeur qui n'avait plus lieu d'être entre eux depuis longtemps, c'était aussi ce qu'il appréciait chez Hannah. Il savait, bien sûr, qu'elle pourrait ne pas l'épargner et lui asséner une vérité difficile à entendre, mais c'était Hannah, il la connaissait et savait que rien de ce qu'elle pourrait lui dire ne serait foncièrement malveillant. Entendre qu'elle serait là quoi qu'il arrive lui réchauffa évidemment le cœur, et c'est tout bas qu'il reprit. « J'ai toute confiance en toi, Hannah, tu le sais. La raison pour laquelle je ne t'en ai pas parlé avant, c'est parce que je ne voulais pas risquer de t'inquiéter, et plus encore de te décevoir. Parce que je te l'ai dit ... je ne suis pas exactement l'homme que tu crois connaître. Ou plutôt, je ne suis pas aussi irréprochable que tu sembles parfois le penser. » Parce qu'Hannah le connaissait au travers de son art, bien sûr, et de cette passion qu'ils avaient en commun. Mais elle le connaissait aussi comme l'homme marié et le père de famille qu'il était aux yeux de tous depuis onze ans. Comme un modèle de stabilité, et l'archétype du mari dévoué qui pouvait voir défiler les comédiennes les plus séduisantes et malgré tout rentrer chaque soir auprès de son épouse. Hannah connaissait sa femme, quoi que de loin, et lui avait même gardé Elliott pendant toute une après-midi, ne contemplant toujours que l'illusion d'une vie sans écaille. « J'ai merdé, Hannah. » Il ajouta, son regard cherchant le sien comme pour se donner le courage de poursuivre. « Cette vie de famille parfaitement rangée que tu m'imaginais sans doute retrouver chaque soir lorsque je quittais la compagnie … ça n'était plus qu'une supercherie depuis déjà trois ans. Et moi, je n'étais plus qu'un usurpateur, qui croyait pouvoir tout avoir mais qui ne pouvait que tout perdre. » Un usurpateur, parce qu'il avait joué un rôle, improvisé ce qui n'était en rien inné chez lui et s'était résigné à berner aussi bien ses proches que ses amis, ses collègues, son public. Reprenant finalement sa respiration, c'est la voix brisée qu'il confessa. « J'ai eu … j'ai eu une liaison. » Ses yeux, toujours ancrés à ceux d'Hannah, semblaient implorer la jeune femme de ne pas le condamner sur ces simples mots, sur cet aveu difficile à entendre mais qui ne voulait rien dire s'il n'était pas accompagné d'explications auxquelles la jeune femme avait droit. « Une liaison que j'ai caché par tous les moyens pendant ces trois années, au point parfois d'arriver à me perdre entre mes propres mensonges, et qui a peu à peu changé celui que je croyais être. Je suis resté huit ans persuadé que je ne serai toujours l'homme que d'une seule femme, qu'Elsie et moi vieillirons ensemble … et il a suffi d'un seul jour pour que je ne sois plus sûr de rien, et pour que je prenne le risque de sacrifier tout ce pourquoi je m'étais tant battu. » Baissant cette fois la tête jusqu'à fixer le sol, il se remémora les années qu'il avait passé à tenter de fonder cette famille qu'il avait tant voulu, tant attendu, puis tant chéri. Une famille pour qui il sacrifierait tout ce qu'il avait et tout ce qu'il était, mais qui menaçait d'imploser maintenant que ses choix impliquaient des conséquences. « Depuis, je ne peux plus affronter un miroir sans détourner les yeux. Parce que mon reflet me débecte. » Et c'était peu dire, alors qu'aujourd'hui il en venait presque à comprendre Tommy, et le besoin irrépressible qu'il avait du éprouver de lui coller le poing dans la figure qu'il méritait sans doute depuis bien trop longtemps. « Je suis désolé. » Saul ajouta finalement, la gorge serrée et la mine éteinte, affligée. « Je sais que j'aurais du te mettre au courant, parce que tu avais le droit de savoir. Je sais aussi que tu m'as dit que tu serais toujours là si j'avais besoin de parler, mais je … je crois qu'une partie de moi était terrorisée à l'idée que ça puisse changer quoi que ce soit à tout ça. » « Tout ça », c'était cette complicité qu'Hannah et lui avaient développé, mois après mois, semaine après semaine, et qui les avait finalement indirectement réunis dans ce même salon, aujourd'hui. C'était cette relation à part, indéfinissable et indéfinie, qui n'avait pas son pareil et qu'il ne sacrifierait pas pour tout l'or d'un empire. « Pourtant je savais que tu finirais par l'apprendre, et que tu serais déçue. Probablement plus que si je t'avais tout raconté dès le départ. » Parce que s'il avait bien évidemment honte d'en être là aujourd'hui, c'était surtout d'avoir tenu Hannah à l'écart de toute cette histoire qui lui laissait maintenant craindre que la jeune femme aurait du mal à encaisser ces confessions. « Hannah, je regrette tellement. » Il regrettait tout. D'être ce qu'il était, de ne lui avoir rien dit, mais aussi de gâcher ce qui aurait certainement pu être un bon moment de plus en compagnie de la jeune femme si les circonstances avaient été différentes. Ainsi, c'est fébrilement qu'il se pencha pour déposer une main sur celle de la brune, sans pour autant oser la serrer comme il l'aurait certainement fait quelques heures plus tôt. C'était un contact qui symbolisait beaucoup de choses, des choses qu'il n'osait plus forcément articuler maintenant qu'il redoutait de l'avoir profondément rebutée. Et plus qu'un contact, c'était surtout un besoin.
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Message(#) Sujet: Re: hard to live in the city hard to live in the city  EmptySam 04 Fév 2017, 02:06


Quand Saul évoqua sa franchise, Hannah eut un maigre sourire et son regard quitta celui du brun pendant quelques instants. C'était ainsi qu'il la voyait pas vrai ? Celle qui serait toujours en mesure de dire la vérité sans jamais aucune concession, cette vie-là aussi avait un prix et parfois la brune se retrouvait toute seule avec ces vérités, celles que personne ne voulait entendre. Mentir pouvait avoir du bon, la brune le comprenait dans certaine mesure, si mentir voulait dire que Saul pouvait rester dans son champ de vision... alors peut-être qu'elle y consentirait, peut-être qu'elle trouverait un compromis avec elle-même; mais ce n'était pas ce que le metteur en scène était venu chercher. Ça, Hannah n'avait pas besoin de connaitre tous les détails pour le savoir. Aux mots suivants de Saul, la jeune femme se tourna de nouveau vers lui, quelque chose de différent dans le regard. Quelque chose de plus doux, après tout, il disait lui faire confiance. Comme ça, juste après quelques semaines, sans qu'elle ne lui ait donné une partie d'elle-même, sans qu'ils arrivent à un compromis, sans qu'aucun baiser ou aucune cigarette ne soit échangé. C'était nouveau, Hannah n'avait vraiment pas l'habitude qu'on s'ouvre à elle aussi rapidement et aussi facilement, contrairement à d'autres elle ne s'était pas cachée devant lui, ses retrouvailles avec Saul était surement arrivée au moment le plus bas. Rejetée par deux hommes qu'elle avait jurés d'aimer envers et contre tous, le premier en dépit de son père et le second au dépit de l'autre femme qu'elle aimait, elle avait été vulnérable au possible. Et pourtant Saul ne l'avait pas jugée, il n'en avait pas profité, il s'était montré d'une patience infinie face à celle qui aurait dû savoir depuis longtemps qu'il était impossible de faire confiance aux hommes et encore moins à son propre coeur. Hannah n'apprenait jamais de ses erreurs non, elle repartait toujours avec des nouvelles cicatrices et un nouveau sourire aux lèvres, comme si de rien était, comme si elle n'était pas blessée, comme si elle ne boitait pas. La vérité était plus tragique que ça et Saul l'avait accepté. Alors peu importe ce qu'il allait lui dire, elle accepterait. Hannah n'allait pas le dire à haute voix, non, ça Saul devait bien le savoir, bien le deviner. Après tout, il y avait un prix à chaque confession et dans ce cas-là ça serait surement le pardon d'Hannah. Elle n'allait pas hocher la tête à tout et ne rien dire, elle serait juste là, fidèle à cette merveilleuse version d'elle-même qu'il avait faite ressurgir. La brune conserva donc son silence et le laissa parler, se confier, vu qu'il semblait en avoir besoin, et que tout ces maux semblaient le ronger de l'intérieur. Dire que la jeune femme était loin du compte était un doux euphémisme, peut-être qu'Hannah avait une image fausse de Saul. Peut-être que pour lui il n'était que ce sourire si particulier, des boucles brunes à n'en plus finir, et ses mains qui ne quittaient pas les siennes quand tout allait mal. Peut-être qu'il était une constance, quelque chose que rien ne pouvait faire tomber. Peut-être que c'était la façon dont son propre coeur s'accélérait quand ils étaient ensemble, peut-être que c'était tout ça et rien à la fois. Peut-être que ce n'était rien du tout. "J'ai eu … j'ai eu une liaison. " Hannah ne sourcilla pas, elle ne tourna pas la tête, ne cligna pas des yeux et continua de fixer Saul, phrase après phrase, l'idée, la pensée, tout ça se formant peu à peu dans sa tête. Les sourires, les enfants, le mariage, Elsie, c'était fou mais plus il parlait et plus Hannah l'imaginait, les lèvres posées sur celles d'une autre, qui n'était pas sa femme, qui n'était personne, et qui l'éloignait de tout, de tout le monde, d'elle, de tous. Quotidiennement. La pensée était horrible et clouait Hannah sur place et pourtant son visage ne laissa absolument rien transparaitre, c'était ce masque de marbre qu'elle s'était jurée de ne jamais enfiler devant lui, devant Saul, qui était venu se poser automatiquement sur son visage. Car quelque chose manquait, parce que quelque chose semblait se briser en elle, le mensonge s'étalait partout, sur les rires qu'ils avaient échangés, les compliments, la façon dont il lui avait remonté le moral, le collier qu'il lui avait offert... Le bijou n'avait jamais paru aussi lourd que maintenant, comme si les fins diamants pesaient soudainement des tonnes et qu'ils empêchaient Hannah de respirer. Pourtant elle ne dit rien, ne montra rien et laissa le silence s'installer. Jusqu'à ce que cette main vienne se poser sur la sienne. La brune baissa les yeux pour observer, presque fascinée, la main de Saul posée sur la sienne, juste-là, comme si. Le contact ne dura que quelques secondes, Hannah récupéra la sienne, relevant les yeux vers Saul, les émotions enfin lisibles sur son visage. C'était un mélange de tristesse, de dégout, mais aussi et surtout de colère. Hannah fut sur ses deux pieds avant de réaliser qu'elle s'était levée, tournant le dos à Saul. Elle en profita pour laisser s'échapper le souffle qu'elle retenait depuis qu'il lui avait commencé ses aveux et aussi pour essuyer l'unique larme qui avait roulé sur sa joue droite. Que pouvait-elle dire ? Ah oui la vérité. Hannah laissa échapper un léger rire à cette pensée et finit par se retourner, les bras croisés sur sa poitrine. "Donc tu as menti. Tu m'as menti ? " Son ton indiquait clairement que répliquer ne serait pas à son avantage, ce n'était pas vraiment une question en somme, juste un constat plus que triste. "Saul je... tu penses vraiment que te trouver ici, à New York est la meilleure idée que tu aies eu ? " ajouta la brune. Elle marqua une pause, retenant le flot de questions qu'elle avait en tête. Qui était donc sa maitresse ? Comment avait-il pu faire souffrir Elsie comme ça pendant trois ans ? Est-ce qu'il aimait l'autre femme ? Est-ce qu'il se serait confié à Hannah comme il venait de le faire si tout ne lui avait pas éclaté en pleine figure ? "Tu n'es pas parfait, personne ne l'est, et ce n'est pas en te terrant ici que ça va changer quoi que ce soit." New York, ici, ce n'était pas la réalité, c'était bien pour ça que la brune était bien contente de pouvoir retourner à Brisbane très bientôt. Il y avait de quoi se perdre dans cette grande ville, à des kilomètres de tout, mais Hannah refusait de cacher Saul, elle refusait de le voir s'enfouir la tête dans le sable quand c'était lui le fautif. Personne ne l'avait forcé.... il était juste humain. "Ce que tu ne veux pas entendre, je vais te le dire, je vais te le dire parce que malheureusement pour toi, je me suis déjà retrouvée dans ce genre de situation." L'actrice ponctua sa phrase par un sourire triste qui disparut très rapidement. "Peu importe tes sentiments pour ces deux femmes, tu vas les perdre, si Elsie décide de te pardonner, ça m'étonnerait qu'elle oublie aussi facilement... Je ne le ferai pas si j'étais à sa place." souffla la jeune femme. C'était une conversation pour un autre jour... Il n'était pas certain qu'elle arrive à faire confiance à qui que ce soit après tout ça. "Mais il va falloir que tu retournes à Brisbane et que tu fasses face aux conséquences. Littéralement. Tant pis si ton coeur est brisé, tant pis si tu as mal, tant pis si tu déprimes. Tu as commis une erreur, une énorme erreur... maintenant c'est à toi de voir si tu vas laisser cette erreur te définir ou pas. C'est aussi simple que ça." Car s'il y avait bien une chose qu'Hannah avait retenu de son aventure avec Jamie, c'était que le pardon n'existait pas, c'était pour les gamins, croire que quelques mots pouvaient tout changer et effacer tout le mal qu'on avait fait, non... Pas de pardon dans le vrai monde, il n'y avait que des actions et leurs conséquences, Saul devrait faire face à tout ce qu'il avait brisé, ni plus, ni moins. Hannah poussa un profond soupir, se sentant trop fatiguée pour tout ça, elle avait tellement espéré autre chose... La brune croisa de nouveau les bras sur sa poitrine, mais plus pour se réchauffer qu'autre chose à présent, plus autant sur la défensive, et elle s'appuya contre un des meubles, fixant de nouveau Saul. Il ne comprendrait surement jamais tout ce qu'il représentait pour elle... et il aurait été bien inutile de lui expliquer maintenant. Non, dans les prochains mois à venir, sa vie allait être complètement chamboulée, il n'avait pas besoin qu'Hannah vienne lui compliquer encore plus les choses. "... Je voulais te demander quelque chose, quelque chose d'important. Mais visiblement tu n'est pas prêt. C'est dommage." Elle ne comptait pas lui parler de sa visite à l'hôpital, ou de la décision qu'elle avait prise, non, ça n'avait pas d'importance maintenant. "Je vais retourner à Brisbane à la fin de la semaine, juste le temps d'aller aux derniers événements de la saison et je m'éclipserai d'ici comme je sais si bien le faire.  Ça te laisse quelques jours de plus pour réfléchir... mais ça sera tout... Personne ne peut se cacher pour toujours Saul, personne."
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Message(#) Sujet: Re: hard to live in the city hard to live in the city  EmptyMer 08 Fév 2017, 03:14


A présent seul avec Hannah, Saul comprenait que le moment qu'il avait si longtemps redouté était arrivé. Qu'il était temps de livrer à la brune une vérité qu'il avait trop longtemps gardé pour lui, et qu'Hannah méritait de connaître. Pas seulement parce qu'autour de lui s'écroulaient peu à peu les piles de mensonges qu'il avait si longtemps entreposées et qui aujourd'hui ne le protégeaient plus des conséquences qu'il lui fallait affronter. Aussi et surtout parce qu'Hannah avait gagné une place privilégiée dans sa vie, en étant là pour lui au moment où il en avait eu le plus besoin, et en lui offrant son épaule, ses bras, son amitié, sa confiance, et tellement d'autres choses encore. Pour toutes ces raisons lui mentir n'était plus envisageable, et certainement pas alors qu'elle lui avait ouvert grand les portes de sa demeure, un soir où Saul avait eu besoin d'un refuge, d'un endroit où l'extérieur ne pourrait pas l’atteindre. Alors oui, il était temps pour lui d'oublier ses craintes et de lui octroyer le droit de tout connaître de lui, de ses erreurs, et de ses failles. De toutes ces choses qu'Hannah ne pensait probablement pas rencontrer chez quelqu'un comme Saul, dont elle imaginait probablement la vie comme étant une pièce savamment écrite, loin du drame qu'il retrouvait chaque fois qu'il redevenait un auteur, un metteur en scène, un artiste. Tout ce qu'il n'était prétendument pas auprès de sa femme, de ses enfants, de tous ces êtres qu'Hannah connaissait essentiellement au travers des récits que le brun avait longtemps tenus. Des récits où transparaissait chaque fois le bonheur d'une famille unie, d'un couple qui s'accordait une confiance aveugle, d'un foyer rempli d'amour. Tant de détails qu'il avait malgré lui mis en avant chaque fois qu'il avait évoqué sa vie, et ce qu'il était une fois que le rideau retombait. Parce que c'était plus simple, bien sûr, que de lui avouer que ce bonheur qui sonnait pourtant si juste ne tenait plus qu'à un fil depuis déjà trois ans. Plus simple que d'admettre qu'il avait été un bon père, un mari dévoué, mais qu'à présent il n'était plus qu'un salaud de plus qui n'avait pas su sa satisfaire de ce qu'il avait et qui avait pris le risque de tout perdre, en s'écartant de la route vertueuse qu'il avait longtemps suivie pour emprunter un chemin plus sinueux. Oui, Hannah découvrirait qu'il n'était pas exactement l'homme qu'elle s'était imaginée connaître, qu'il y avait comme une face de son être qui demeurait cachée depuis le départ et qui brusquement se révélerait à elle, avec tout ce qu'elle avait d'imparfaite et de honteuse, mais aussi d'authentique. Et si les paroles d'Hannah se voulurent rassurantes lorsque celle-ci lui assura qu'elle serait là pour lui quoi qu'il ait à lui avouer, Saul garda en lui une appréhension inévitable. Parce que de toutes les personnes susceptibles de le condamner pour ses choix, Hannah était la mieux placée pour savoir ce qu'un triangle amoureux pouvait faire comme ravages. Alors, c'est timidement qu'il la rassura à son tour, souhaitant que la brune ne doute à aucun moment de la confiance qu'il lui accordait. Et puis, accroché à son courage comme s'il s'apprêtait à se jeter dans un puits sans fond, Saul finit par se lancer, et par formuler les aveux qui désormais ne pouvaient plus dormir au fond de son être. Il parla, longuement, de cette situation qu'il avait longtemps gardée secrète. Il évoqua, à demi-mots, cette femme qui rien qu'en existant avait fait vaciller ses certitudes. Il avoua, sans pudeur, n'être qu'une ordure sans figure, parce que c'était bien ce qu'on penserait de lui, ce qu'Hannah penserait peut être de lui Lui, l'homme de théâtre qui hier encore affichait un bonheur sans nuage, et une image finalement trop lisse pour être honnête. Arrivé à la fin de ses confessions, Saul se sentit bientôt partagé entre le soulagement d'avoir enfin livré tous ses secrets à la jeune femme, et l'angoisse que ce qu'Hannah venait d'apprendre l'éloigne considérablement de lui. Alors, comme s'il espérait la retenir avant même qu'elle ne lui échappe, il posa une main fébrile sur celle de la brune, son regard accroché au sien comme à un radeau de survie. Une main qui se retrouva toutefois bien démunie lorsqu'Hannah quitta sa place pour se lever et lui tourner le dos. Le cœur meurtri par le constat qu'il redoutait, Saul se sentit avaler par ce canapé où il demeurait maintenant bien seul, incapable d'articuler quoi que ce soit. Et puis il y eut ces quelques mots, cette question qui le frappa de plein fouet comme une hélice acérée. Cette question qu'il accueillit avec résignation, face à une Hannah qui croyait sûrement déjà en connaître la réponse. Alors, plutôt que de lui apporter une réponse qui peut être n'aurait plus le moindre crédit à ses yeux, Saul resta silencieux, la mine abattue, tandis que la comédienne poursuivait sur un ton très juste, mais qui néanmoins le heurtait plus que s'il n'avait pas été question d'Hannah. Est-ce qu'il pensait avoir bien fait de partir pour New York ? « Probablement pas, mais je ne pouvais pas rester, pas après le Nouvel An, pas après … ce que j'ai lu dans certains regards. » Celui d'Elsie bien sûr, qui brusquement avait du sentir toute une partie de sa vie lui échapper, en perdant non seulement son mari, le père de ses enfants, mais aussi un ami, un confident, quelqu'un qui avait tenu plus d'un rôle auprès d'elle depuis onze ans. Celui de Tommy aussi, qu'il considérait comme un soutien il y a encore quelques semaines, avant que son poing ne s'abatte sur sa joue et ne les place brusquement des deux cotés d'une barrière à présent infranchissable. Et puis quelques autres regards, aussi, au fond desquels il n'avait plu lu que de la déception, du dédain, et l'impression d'avoir été trahis, abusés, sans espoir de pouvoir racheter ses fautes. « J'ai cru devenir fou ces derniers mois. Chaque jour où le mensonge était ma meilleure arme pour garder ma situation secrète, chaque jour où j'impliquais malgré moi des personnes qui m'étaient chères, et où je me sentais épié, jugé, comme si chacune de mes erreurs, chacun de mes choix pouvaient se lire sur mon visage ... Tout ça m'a changé, m'a rongé aussi, et j'ai perdu peu à peu tout contrôle sur ma propre vie. Si j'étais resté, si je n'avais pas mis un peu de distance entre Brisbane et moi avant que tout n'éclate pour de bon, j'aurais probablement fait plus de mal encore autour de moi. » Parce qu'il aurait certainement pété les plombs, et détruit le peu qu'il était malgré lui parvenu à épargner. Il aurait renoncé, au pardon que personne ne lui aurait de toute façon accordé, à continuer quand l'avenir ne dessinait qu'un ciel sombre et couvert. Il aurait poussé sa lâcheté à son maximum et détruit les rares personnes qui peut être sauraient encore voir qu'en dépit de ses erreurs, il n'avait jamais voulu blesser les gens qu'il aimait. « Je sais tout ça Hannah, bien sûr que je le sais. » Saul reprit doucement, lorsque la brune lui souffla une vérité à laquelle il lui fallait effectivement faire face, quand bien même elle lui faisait l'effet d'une bouteille d'alcool qu'on verserait sur une plaie encore fraîche. « Beaucoup me croient sans doute assez idiot pour aller implorer le pardon de ma femme. Pour attendre d'elle qu'elle me reprenne, malgré trois ans de leurre, durant lesquels j'ai eu un millier d'occasions de parler sans jamais en saisir aucune ... » Les lèvres pincées, il soutint un instant son regard, comme s'il cherchait à s'achever lui-même alors qu'il savait très exactement ce qu'il y lirait, à présent qu'Hannah avait accès à ces parcelles de sa vie qui le laissaient incroyablement vulnérable face à un regard qui avait toujours eu un pouvoir particulier sur lui. « Mais ce serait comme l’humilier une fois de plus, et je ne peux pas lui faire ça, je n'en ai pas le droit. Alors je ne l'empêcherai pas de me rayer de sa vie si c'est son souhait, parce que je sais que c'est ce que je mérite, depuis l'instant où j'ai été près à la rayer de la mienne. » Parce que même s'il n'avait jamais été capable de choisir, de sacrifier l'une ou l'autre de ces deux histoires, il avait délibérément mis son mariage en danger le jour où il avait entamé cette liaison qui ne pouvait décemment pas le mener ailleurs que là où il se trouvait aujourd'hui. « Elle s'appelle Margaret. » Le brun reprit d'ailleurs, tout bas, en liant nerveusement ses mains entre elles. « Cette autre femme. » Il fallait qu'elle le sache, qu'elle sache pour qui il avait risqué tout ce qu'il avait, y compris des amitiés telles que la leur. « Elle est hôtesse de l'air, nous nous sommes rencontrés un jour où je partais en déplacement. Ce n'était pas … prévu. Ni elle ni moi n'aurions pensé que ça arriverait, et encore moins qu'on en serait là aujourd'hui. Mais ça s'est passé et ça a compté. Ce n'était certainement pas parfait, ça n'avait même aucune chance de l'être dans ces conditions et je sais que je l'ai brisée elle aussi ... mais ça a compté. » Et il continuerait de l'assurer en dépit de ce qu'on lui reprocherait, parce que c'était bien la seule chose à laquelle il pouvait encore se raccrocher. La certitude que son histoire avec Meg avait été vraie, à chaque instant, quand bien même ils n'auraient jamais pu être heureux dans cette vie où leur amour avait été proscrit dès les premiers instants et où un avenir commun n'avait finalement jamais été qu'un rêve dont ils avaient parfois crus s'approcher, pour mieux le perdre de vue l'instant d'après, comme si pour eux le bonheur ne se conjuguerait jamais qu'au présent. « Je voulais que tu le saches. Pas parce que j'espère que ça t'aidera à me comprendre, je sais que c'est impossible et je ne te le demande pas. Mais parce que je n'aurais jamais risqué de briser ma famille pour une histoire qui ne comptait pas, et que j'espère qu'une partie de toi le sait. » Que Tommy ne l'ait pas cru le soir de leur confrontation, ça lui avait certainement fait plus mal qu'il ne se l'avouait encore aujourd'hui mais ça n'était assurément rien comparé à la peine qu'il ressentirait si Hannah le pensait réellement capable de tout risquer pour une histoire à laquelle il n'aurait même pas cru. Parce qu'elle savait ce que c'était que d'aimer la mauvaise personne, au mauvais moment, et combien tout le monde finissait fatalement par en souffrir. Hannah reprit la parole, et ses mots vinrent presser son cœur, doucement, tandis qu'il resta une seconde à se demander quelle était cette chose qu'elle pouvait bien vouloir lui demander avant que cette conversation n'échappe à son contrôle, et en quoi était-il désormais moins « prêt » qu'il ne l'aurait été une heure plus tôt. « Hannah ... » Sa voix s'éleva alors à travers la pièce tandis qu'il quitta sa place, lentement, pour aligner quelques pas vers la jeune femme. Hannah demeurait adossée à un meuble, quand lui osait à peine s'en approcher. C'était tellement étrange, de la craindre et de redouter la moindre de ses réactions comme s'il n'y avait jamais eu toutes ces fois où leurs deux mains s'étaient trouvées, où leurs deux corps s'étaient frôlés, et où rien n'aurait pu se dresser entre elle et lui. « C'est toujours moi. » Il murmura, si bas qu'il crut pendant un instant que ses mots étaient restés piégés à l'intérieur de son esprit. « Je suis toujours le même, non ? Ou bien est-ce que ça change absolument tout ? » Visiblement, ça changeait quelque chose, puisqu'elle ne se sentait plus tout à fait libre de lui livrer ce qu'elle avait sur le cœur. Mais à quel point était-il désormais différent à ses yeux ? A quel point tout ça était-il à présent différent ? Aux prochaines paroles de la brune, Saul esquissa un sourire tendre, mais profondément triste, qui ne quitta plus ses lèvres tandis qu'il se rapprocha encore un peu plus. « Je ... je ne suis pas obligé d'attendre quelques jours. Si tu veux que je m'en aille, si ... si tu as besoin que je te laisse digérer tout ça sans plus traîner dans tes pattes, tu n'as qu'un mot à dire et je partirai dès ce soir. » Il ne voulait pas partir, parce que ça voudrait dire qu'il avait tout gâché, au point qu'il ne leur était plus possible de se retrouver sous un même toit sans que pour l'un ou pour l'autre la fuite ne soit la solution. « Tu l'as dit toi-même, je me suis assez caché. Mais par dessus tout, je ne veux pas que tu penses que je t'utilise, toi, pour éviter d'avoir à affronter ce qui m'attend à Brisbane. Je ne veux pas que tu penses que je suis ici par dépit, parce que c'est faux. » Parce qu'il avait fui pour éviter d'avoir à affronter les conséquences de ses erreurs, mais qu'il avait choisi de retrouver Hannah parce qu'elle était la seule auprès de qui il se sentait encore véritablement à l'abri. Plus qu'auprès d'Abel qui ne le comprenait pas, plus qu'auprès de Camber qu'il ne voulait pas impliquer davantage dans cette histoire. Parce que c'était Hannah … et qu'elle était peut être la vraie raison pour laquelle il était monté dans cet avion, quelques jours plus tôt. « Tu ne sais pas ce que je donnerais pour gommer la déception que je vois dans tes yeux. Pour y lire à nouveau ce que j'y lisais l'autre jour, sur la plage. » Il finit par ajouter, le cœur plus lourd, brusquement happé par les souvenirs de ce moment où il semblait si loin de pouvoir la décevoir, et où Hannah avait sans doute encore l'illusion de le connaître, lui qui soudainement devait lui sembler bien étranger.
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Message(#) Sujet: Re: hard to live in the city hard to live in the city  EmptyJeu 09 Fév 2017, 01:45


Elle s'appelle Margaret. Hannah aurait préféré que Saul se taise, qu'il ne continue pas dans les détails, mais la brune savait très bien qu'elle n'aurait pas pu l'arrêter. Qu'il voulait laver sa conscience d'absolument tous ses pêchés et ressortir changé de sa confession. Comme si... comme si ce genre d'expérience ne laissait pas des énormes marques, comme si Saul allait pouvoir fonctionner correctement après, ou Elsie, ou Margaret. C'était trois vies qui étaient chamboulées en ce moment et Hannah n'en avait absolument rien à faire. Elle était vidée, épuisée, avait envie de lui tourner le dos et de retourner dans sa chambre pour... pour tirer les rideaux et laisser ses lèvres se refermer autour d'une cigarette ou deux. Voilà ce dont elle rêvait là tout de suite, du cliquetis du briquet et du fin sourire qui viendrait probablement orner ses lèvres alors qu'elle portait le bâton de nicotine à ses lèvres. Cette douce nicotine qui viendrait la libérer et lui envahir les poumons lentement, tout ça pour plonger dans le feu ce coeur dont elle n'avait pas besoin. Elle n'en avait pas besoin si un autre homme avait l'intention de le piétiner, encore une fois, sans aucune considération pour sa propre personne. Tous des incapables, Hannah en était certaine, elle finirait ses jours seule, loin de tous, loin du bruit, avec une immense bibliothèque pour s'occuper l'esprit et des robes blanches à repriser si elle s'ennuyait vraiment. Elle n'avait pas besoin de tout ça, elle n'avait pas besoin d'une épaule sur laquelle pleurer, elle n'avait pas besoin de lui. Hannah essayait de se convaincre, oui, elle tentait vraiment de tout effacer de sa mémoire mais Saul était là. À ne pas comprendre cette espèce de colère glacée qui se formait peu à peu dans son regard et qui avait fait fuir d'autres hommes avec les épaules plus larges que les siennes. Si seulement. Mais Saul était Saul et Hannah ne l'apprécierait surement pas s'il déguerpissait au premier regard fait pour le blesser. « Hannah ... » Les mouvements de la brune mimèrent ceux de Saul et au moment où celui-ci se leva pour faire quelques pas vers elle, elle se redressa, plus appuyée contre le meuble, se tenant parfaitement droite, son regard acide le maintenant à distance. Qu'il n'essaie pas de se rapprocher, la brune n'était pas certaine de ses réactions, elle n'était plus certaine de rien et elle détestait ça. Cette espèce d'inconnue, cette peur qui commençait à se former au creux de son estomac. Non, ce n'était pas un sentiment qu'elle avait envie d'associer à Saul, elle ne devait pas, elle devait pouvoir respirer correctement en sa présence, pas craindre le moindre geste, la moindre parole... "Non... Non ce n'est plus toi, et bien sur que ça change tout." Le ton de la brune se voulait cassant et il l'était volontairement, peut-être qu'elle le mettait à la porte, peut-être qu'elle le foutait dehors, peut-être qu'elle avait besoin de lui, qu'elle voulait revenir en arrière et trouver un moyen stupide de le faire taire. Peut-être en posant ses lèvres sur celles de Saul... Plus que tout, Hannah était déçue, plus triste qu'elle ne l'aurait jamais pensé et elle le maudissait pour ça. Elle n'avait plus versé des larmes depuis des semaines et pourtant, il lui donnait envie de pleurer. Oh cette après midi passé à la plage, qu'ils en parlent, Hannah lui avait fait confiance aveuglément, certaine qu'en serrant sa main dans celle de Saul, tout irait mieux, qu'il n'y avait personne en dehors de ça et que tout serait suffisant. Alors pourquoi se sentait-elle trahie maintenant qu'il lui avait dit la vérité, pourquoi est-ce qu'elle avait aussi mal et que la blessure était aussi profonde ? Pourquoi est-ce qu'elle ne pouvait pas juste passer à autre chose ? Lui dire qu'il était complètement cliché de le faire avec une hôtesse de l'air, et le tirer par le bras pour une visite de New York ? Parce que c'était Saul. "Je suis humaine Saul, j'ai dit que je passerai à autre chose, il va juste falloir que tu me laisse du temps, le temps de réaliser et d'accepter le fait que tu aies exactement comme les autres hommes." lâcha abruptement Hannah. C'était ça qui la blessait le plus dans le fond, elle s'était crue capable de discerner le vrai du faux, de trouver quelqu'un de bien, de bien meilleur qu'elle et son passé. Mais non, il était comme les autres hommes de sa vie, se jouait des sentiments des autres et demandait pardon après. Non, Hannah refusait cette vérité-là, son Saul devait bien être là quelque part. "Et je ne suis pas certaine de vouloir en arriver à cette extrémité." continua lentement la Siede. Ce fut elle qui finit par se rapprocher, réduisant la distance entre eux à quasiment rien, tandis qu'une de ses mains se refermait sur le pull de Saul et tirait dessus, presque pour l'attirer contre elle, presque pour se réfugier dans ses bras. Le geste n'avait rien de tendre, bien au contraire. "Tu étais censé être mieux qu'eux tous... You... just you. You were better, I need you to be better. I don't care how, or when, or how long it takes you... just fix this. Fix you. And be better."  C'était un ordre, un ordre qui n'avait pas son contraire vu qu'Hannah n'acceptait pas son contraire, elle demandait et elle exigeait encore une fois, ni plus ni moins. Saul devait arranger tout ça, retourner à Brisbane, faire face aux conséquences et tout irait mieux. Ils pourraient continuer d'avancer main dans la main, comme si de rien n'était et comme si aucun d'eux n'était brisé, ils contempleraient leurs cicatrices respectives et tout irait mieux. Hannah leva sa main libre, pour caresser la joue de Saul, mais la brune se ravisa au dernier moment et finit par reculer, respirant profondément. Ses mains finirent par trouver sa propre chevelure tandis qu'elle articulait les mots suivants:  "Tu peux rester si tu veux, je ne te mets pas à la porte Saul, et je suis vraiment contente que tu sois là, en dépit de tout ... cette maison est assez grande pour nous deux je pense, non ? En ce qui me concerne, je suis soudainement d'humeur à aller voir des toiles... ou à atteindre le plafond de ma carte de crédit, on verra bien quelle occasion se présentera en premier."  La logique ? Il n'y en avait aucune, pour Hannah le sujet était bien clos. Elle ne voulait pas en savoir plus, elle avait besoin de temps maintenant, pour digérer toutes ces informations et pour pouvoir le fixer de nouveau sans que son coeur ne se serre aussi vicieusement. "Audrey !" héla Hannah une seconde plus tard. Elle fut ravie de voir que la gouvernante n'était vraiment pas loin, cette dernière jeta un regard alarmé à Hannah et Saul, ils devaient être en piteux état... Hannah se força à battre des paupières pour se redonner meilleur figure. Elle constata simplement que plus de larmes étaient venues se loger au coin de ses yeux, la brune les essuya rapidement avant de sourire à Audrey. "Fais donc préparer la voiture ou appelle un taxi, ce qui sera le plus rapide, j'ai besoin d'un peur d'air frais." La gouvernante hocha aussitôt la tête et son regard se porta vers Saul. Oui, Hannah savait qu'elle allait lui demander le programme de la journée pour Monsieur Masterson. La brune se tourna de nouveau vers Saul, elle se mordit la lèvre inférieure, encore une fois indécise. Tout était si simple il y a quelques heures de cela. "Et pour ce qui est de Monsieur Masterson, c'est à lui de te dire s'il veut rester ou pas, mais fais en sorte de l'aider dans tous les cas. Je crois qu'il va en avoir besoin."
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Message(#) Sujet: Re: hard to live in the city hard to live in the city  EmptyLun 13 Fév 2017, 03:01


Son regard le transperçait de part en part, comme un poignard aiguisé venu le malmener jusqu'au berceau de ses entrailles, là où il était le plus vulnérable et où les plaies qui s'ouvraient ne se refermaient jamais totalement. Saul le savait avant même de passer aux aveux, confier à Hannah ses plus vilains secrets n'était pas sans risque, et chuter dans l'estime de la comédienne ne se faisait généralement pas sans fracas. Il l'avait jusqu'ici constaté d'un point de vue extérieur, lorsque la brune s'était défaite d'une relation qui l'avait longtemps faite souffrir et avait chassé de sa vie un homme qu'elle avait pourtant aimé, ou chaque fois que quelqu'un avait eu le malheur de la contrarier et de faire ressortir ce tempérament volcanique qui balançait si parfaitement avec l'étonnante douceur qu'on trouvait aussi chez la jeune femme. Mais aujourd'hui, c'est lui qui avait réveillé ce feu qui brûlait presque silencieusement mais dont les flammes semblaient danser jusque sous ses yeux, le blessant au passage comme le faisait chacun de ses regards, au fond desquels brillait une lueur nouvelle, loin de celle qu'il y avait vue lorsqu'ils s'étaient retrouvés tous les deux sur cette plage, le jour de son anniversaire. Aujourd'hui c'était de la déception qu'il y lisait, du mépris aussi, et tant de choses que la brune n'avait même pas besoin d'exprimer par des mots quand il lui suffisait de le fixer. Tant de choses qui lui faisaient plus mal que tout ce qu'elle aurait pu lui dire, surtout, quand jusqu'ici c'était précisément dans ses yeux qu'il avait chaque fois découvert qui était la vraie Hannah. Celle qui pouvait paraître trop franche, trop capricieuse, mais qui n'était au fond qu'un cœur qui battait trop vite, trop fort, et qui attendait d'être enfin chéri et protégé comme il aurait du l'être depuis le départ. Alors lire brusquement tout ce qu'il lui inspirait, c'était comme si Hannah le crucifiait sur place, et possédait le droit de vie ou de mort sur ce qu'il restait de lui. Si peu de choses en soit, quand la jeune femme comptait il y a encore quelques minutes parmi les rares personnes qui ne lui avaient pas encore complètement tourné le dos. Sans doute était-ce maintenant le cas, à présent qu'un mur semblait s'être dressé entre eux, empêchant tout contact comme lorsqu'il tenta de réunir leurs deux mains ou de briser la distance qui les séparait. Une distance que ses dernières paroles avaient probablement amplifiée, lorsqu'il s'était risqué à évoquer Margaret, cette autre femme qu'Hannah devait mépriser elle aussi mais que Saul ne pouvait pas réduire à de la figuration, pas alors que c'était par amour qu'il en était arrivé là. Il fallait qu'Hannah comprenne qu'il n'aurait pas risqué tout ce qu'il avait pour une histoire sans lendemain, pour ce qui n'aurait pas compté. Pas parce qu'il espérait que la pilule serait plus facile à avaler pour la brune, mais parce que si elle devait véritablement lui tenir rigueur de quelque chose, c'était assurément de son erreur de s'être épris d'une autre femme que la sienne presque trois ans plus tôt. Une erreur qu'Hannah connaissait bien, pour avoir elle-même déjà souffert d'avoir partagé le cœur d'un homme. Mais tandis qu'elle reprit bientôt la parole, c'est cette fois une peine plus intense, presque viscérale, qui vint tourmenter son être. Parce qu'il comprenait brusquement à quel point les choses avaient changé, en l'espace d'une minute, d'une confession, de simples mots venus balayer des semaines d'une complicité qu'il pensait acquise, éternelle, mais surtout inébranlable. Hannah ne se sentait plus libre de lui parler comme elle l'aurait fait avant tout ça, parce qu'elle le disait elle-même : tout avait changé, y compris lui. « J'ai toujours été vrai. » Saul souffla, la gorge serrée et le souffle court, en effectuant cette fois un mouvement de recul, presque inconscient. « Je t'ai caché toute une partie de ma vie, mais je ... avec toi je n'ai jamais joué de rôle. Parce que je n'en ai jamais eu besoin. » C'est vrai, il n'avait pas été honnête alors qu'il aurait pu saisir mille et unes occasions de lui révéler son secret, d'admettre qu'il ne valait pas mieux que cet homme dont Hannah s'était détournée après des mois de souffrance et de désillusions, et de reconnaître que sa vie n'était plus qu'une succession de faux pas depuis déjà trois ans. C'est vrai, il l'avait peut être inconsciemment laissée se persuader qu'il vivait la vie qu'il avait toujours voulu, loin des drames et des faux-semblants qui régissaient ses pièces, parce qu'il y avait bien longtemps qu'on ne l'avait plus regardé comme Hannah l'avait fait avant cette triste journée. Mais à coté de ça, il avait été lui-même à chaque instant passé avec la brune, de sa passion invétérée pour le théâtre à la loyauté sans égal qu'il destinait aux personnes qui comptaient tout particulièrement pour lui. Il avait été sincère lorsqu'il lui avait proposé un rôle dans sa troupe, lorsqu'il avait consolé son cœur meurtri ou lui avait offert un collier symbolisant son importance à ses yeux. Il n'avait pas été parfait, Hannah le constatait aujourd'hui, mais tout ce qu'il lui avait donné – quand bien même ça n'avait pas été suffisant – avait été vrai. Hannah attendait à présent de lui qu'il réfléchisse, qu'il estime si sa place était encore sous ce toit ou non, mais Saul s'en remettait entièrement à la brune pour ça. C'était elle qui pouvait décider qu'il était temps pour lui de disparaître, et de la laisser souffler sans plus lui rappeler qu'il avait tout gâché. Elle, dont les prochaines paroles lui assenèrent le coup de grâce, tandis qu'il baissa les yeux. « Et ensuite, que se passera-t-il ? » Il demanda, tout bas et presque timidement, ébranlé par l'idée de n'être officiellement qu'une déception de plus aux yeux de la brune, quand bien même l'idée avait eu le temps de faire son chemin depuis l'instant où il l'avait très précisément lu dans son regard. « Si tu es honnête avec toi-même, tu sais bien que ce qui te déçoit aujourd'hui te décevra toujours demain. Et peu importe le temps dont tu auras besoin, je ... je ne veux pas que tu te forces à revenir auprès de moi si ce n'est pas ce que tu veux réellement ... même si je n'envisage pas de te perdre toi aussi. » Elle l'avait dit elle-même, il n'était plus à ses yeux qu'un homme semblable à ceux qui lui avaient fait du mal, et quand bien même l'idée de perdre Hannah lui était purement insupportable, la dernière chose qu'il souhaitait c'était que la comédienne se sente obligée de lui laisser une autre chance si son cœur lui dictait au contraire de passer sa route sans plus lui accorder ni son temps, ni son affection. Mais dans l'immédiat, ce fut à Hannah de réduire la distance qui les tenait jusqu'alors éloignés l'un de l'autre, au moment de s'approcher pour saisir son pull à l'aide de ses deux mains et l'attirer contre elle dans un geste assuré, mais qui portait surtout l'empreinte d'un désespoir que Saul détestait associer à la brune. La force de ses poings à présent refermés sur son haut le déstabilisa un instant, avant que ses mots ne viennent serrer son cœur, tandis qu'il se perdit un instant dans son regard. « J'aurais tant voulu être à la hauteur des espoirs que tu as placé en moi. J'aurais tant voulu ... agir différemment de ceux qui t'ont déçue. » Et alors qu'il rêvait de la serrer contre lui pour lui demander pardon et tenter d'effacer la peine qu'il lui avait infligé plusieurs minutes auparavant, Saul était à présent résigné à ce que ce contact, qui n'avait rien de tendre ou d'amical, soit le seul qu'ils puissent à cet instant partager. « Je ne suis pas comme toi, Hannah, je ne sais pas … prendre les bonnes décisions, et changer en bien. Tu le vois bien, je ne sais qu'accumuler les erreurs et perdre tous ceux qui comptent pour moi. » Hannah voulait qu'il change. Pire que ça, elle en avait besoin et comptait sur lui pour réparer ce qu'il venait de briser. Mais savait-elle qu'ils n'avaient pas été taillés dans le même bois et que cette force qu'Hannah parvenait à puiser au plus profond d'elle-même, Saul n'en possédait pas la moitié ? Ne voyait-elle pas que s'il désespérait à ce point de l'avoir déçue, c'est bien parce qu'il ne croyait pas en ses chances de devenir meilleur, et d'être enfin digne d'elle et de celui qu'elle espérait un jour retrouver ? « Mais je … je te promets d'essayer. » Saul conclut malgré tout, et dans un maigre sourire, pourtant dénué de joie. Il avait le cœur lourd rien qu'à l'idée de la décevoir à nouveau, raison pour laquelle il se contentait ici d'une demi promesse, préférant sans doute la contrarier une bonne fois pour toute que prendre le risque de lui causer à nouveau de la peine. Hannah finit par reprendre la parole, et il fut presque soulagé de l'entendre parler d'une sortie shopping quand lui songeait de plus en plus à aller s'enterrer au fond d'un bar miteux, où il boirait jusqu'à en oublier que son existence partait à vau-l'eau. Mais lorsqu'Hannah appela Audrey et qu'il lui sembla la voir essuyer quelques larmes venues humidifier le coin de ses yeux, c'est d'une voix plus tremblante qu'il reprit. « Hannah, je ... » Mais sa phrase resta en suspend, tout comme ce qu'il aurait tant aimé lui dire, car déjà la brune projetait de sortir, sans qu'il n'envisage un seul instant de la retenir. Après tout, c'était certainement lui qui avait rendu l'air si irrespirable dans ce salon. Alors, quand les deux femmes se tournèrent vers lui lorsque fut évoqué le sujet de son potentiel départ, c'est d'un ton résigné, mais néanmoins des plus doux, qu'il reprit. « Je pense que le moment est venu de rentrer. Je suis attendu à Brisbane, et tout sera probablement beaucoup plus simple si je repars maintenant. » Ses yeux fixèrent Hannah l'espace de quelques secondes, avant qu'il ne tente lui-même de faire bonne figure devant Audrey, passant une main dans sa nuque avant d'inspirer, un sourire triste accroché à ses lèvres. « Ne vous inquiétez pas, je me débrouillerai. J'ai l'habitude, et vous en avez bien assez fait pour moi depuis mon arrivée. » Il s'était toujours débrouillé seul, que ce soit pour préparer ses bagages ou pour toutes ces tâches qu'Audrey se proposerait probablement de réaliser à sa place s'il ne l'en empêchait pas. De plus, il se sentait désormais comme un intrus sous ce toit dont il avait bien assez profité, ainsi l'heure était probablement venue de les laisser tranquilles, l'une comme l'autre, et d'assumer seul les conséquences qui se dresseraient bientôt sur son chemin. Mais ne pouvant se résoudre à quitter la pièce sans être certain de savoir quand Hannah et lui auraient l'occasion de se revoir, c'est lentement qu'il se rapprocha à son tour, comptant peut être sur la présence d'Audrey pour qu'Hannah hésite à le rejeter comme elle avait pu le faire un peu plus tôt. Son regard se fit plus tendre tandis qu'il la dévisagea silencieusement, quelques secondes, avant de détailler le collier qu'il était presque étonné de voir toujours accroché à son cou. « Tu n'es pas obligée de le garder. Je comprendrais … qu'il ne veuille plus rien dire pour toi. » Rien ne pourrait certainement lui faire plus de mal que si Hannah décrétait que ce cadeau infiniment symbolique n'était finalement qu'un affront de plus dont elle ne voulait pas, mais Saul comprendrait qu'à ce niveau-là aussi les choses avaient changé. « Je te demande juste une chose : ne me le rends pas. C'était un cadeau, et je ne l'imagine pas ailleurs qu'autour de ton cou. C'est la raison pour laquelle je l'ai choisi. » Et la raison pour laquelle il le referait sans hésiter s'il se retrouvait à nouveau dans cette vaste bijouterie, en quête d'un présent qui prouverait à la brune tout ce qu'elle représentait pour lui. Hannah pouvait se séparer de ce bijou, en faire cadeau à qui elle voulait ou simplement l'enfermer au fond d'un coffre qu'elle n'ouvrirait plus … tant qu'elle n'attendait pas de lui qu'il récupère ce qu'il associerait éternellement à elle, à eux, et à ce petit quelque chose qu'une partie de lui espérait peut être ne pas avoir complètement tuée.
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Message(#) Sujet: Re: hard to live in the city hard to live in the city  EmptyMar 14 Fév 2017, 19:03


Non, il n'était pas le même, non, plus rien n'était pareil. La brune n'avait pas envie de lui expliquer, elle savait qu'elle perdrait probablement son temps et elle ne pouvait pas lui accorder une seconde de plus désormais. Elle ne voulait pas, elle ne pouvait physiquement plus le faire, sans que son coeur ne se serre de trop et qu'elle ait l'impression de suffoquer et de manquer d'air. Il fallait qu'elle mette le plus de distance entre eux si elle espérait être en mesure de lui parler une prochaine fois. Peut-être que c'était lâche, peut-être que c'était facile mais Hannah n'en avait que faire, elle ne pouvait plus se tenir droite et prétendre que rien ne l'atteignait. Et rester de marbre avec un magnifique sourire bien en place pour orner ses lèvres rouges et vernies accompagnée une robe hors de prix. Assez, il était censé être différent, peut-être que c'était complètement égoïste et puérile mais pour Hannah, la pilule était très difficile à avaler. Elle avait envie de le saisir par les deux épaules, et de le secouer, et lui dire que si ça n'avait pas été pour lui, elle n'aurait pas fait tous ces efforts. S'il n'y avait pas eu une seule chance de le faire sourire, de lire la fierté sur son regard ou au contraire ce truc qui la tenait éveillée parfois certaines nuits, elle n'aurait pas essayé. Elle n'aurait pas pu. Oui, elle avait été marquée, saignée à blanc, oui Hannah avait eu mal... mais bordel elle avait pleuré dans ses bras, était-ce si mal d'y avoir vu quelque chose de plus et de s'y être raccrochée avec toutes les forces qui lui restaient ? Pourquoi fallait-il que la réalité vienne s'emparer de cette douce vision encore une fois ? Il n'y avait plus son Saul, il n'y avait plus la simplicité, elle ne pouvait pas juste lui prendre la main, non les complications qu'elle avait fuites étaient de nouveau là, pour lui rappeler que les belles histoires n'existaient pas. Que ce soit dans un roman ou dans la réalité, il fallait qu'elle se réveille, peut-être que c'était Hannah qui était mal faite au final. Pas lui ou tous les autres qu'elle avait aimés  avant et qui semblait s'en sortir bien mieux qu'elle... Où était donc sa médaille, sa couronne pour avoir survécu aussi longtemps ? Il n'y en avait pas, pas de doute là dessus, il n'y en avait tout simplement pas. Hannah aurait pu parler à son tour, lui dire qu'elle aussi n'avait jamais menti, qu'elle avait toujours été vraie, mais tout ça pour quoi ? Pour leur rappeler à tous les deux que l'échange avait été complètement inéquitable, qu'elle repartait avec le coeur brisé et Saul... elle s'en moquait, elle qui était si douée pour ressentir la peine des autres d'ordinaire, elle refusait de compatir, elle fermait volontairement son coeur. Parce que dans le fond, il ne la méritait pas, et c'était ça le plus triste au final. Et la suite ? Est-ce que tout était fini ? Hannah lâcha un profond soupir et elle lui adressait un regard glacial, elle maudissait son impatience, devait-elle battre des cils et prétendre que tout ceci ne lui faisait rien ? S'il voulait Hannah, s'il voulait la vraie, il allait devoir prendre les bons et les mauvais côtés, et accepter le pire d'elle. Le pire serait surement de l'ignorer, de renier son existence tout entière jusqu'à ce qu'elle finisse par se rendre compte qu'elle ne pouvait pas vivre sans lui au final. Hannah n'y était pas encore, pas encore du tout à en juger par le nouveau regard qu'elle posa sur Saul, qui parlait de déception comme s'il connaissait vraiment la signification de ce mot. Oh you poor fool, pensa la brune en se passant une main dans les cheveux.  "... Est-ce que c'est le moment où je suis censée te dire que je te pardonne et qu'on passe tranquillement à autre chose ? C'est au dessus de mes forces Masterson, même pour toi je suis incapable de faire ça." lâcha sèchement Hannah. Son regard se porta alors sur Audrey, qui comprit qu'elle était de trop dans cette conversation et qui s'apprêtait à quitter la pièce; avant qu'Hannah ne la retienne d'un regard. Que personne ne la laisse seule avec Saul, dieu seul savait ce qu'elle pourrait faire, éclater en sanglots ? Le gifler ? Le mettre à la porte ? Hannah était tellement perdue que toutes ces options étaient possible. Elle ne s'attendait certainement pas à ce qu'il lui parle du collier qui trônait sur son cou et qu'elle portait depuis des semaines, rassurée par la présence des diamants dans le fond. La main droite de la trentenaire se porta aussitôt sur la parure aux mots de Saul et elle sentit une autre larme rouler sur sa joue. "L'enlever ? Tu penses que c'est aussi facile que ça ?" Il ne comprenait rien, non, Saul ne voyait même pas tout le chemin qu'elle avait parcouru, qu'ils avaient parcouru, il n'avait pas vu les sourires, la façon dont il parvenait toujours à la rassurer, les expressions qu'elle ne lui avait jamais cachées, l'enthousiasme avec lequel elle avait voulu enfiler le bijou. Tout ça pour l'enlever ? Parce qu'elle était perdue à cette seconde précise ? Ainsi donc tout s'arrêtait là, il était tellement désespéré qu'il ne voyait pas plus loin que cette journée, qu'il ne voyait pas plus loin que sa propre peine et sa propre misère.  "Pour quelqu'un qui dit me connaitre tu n'as pas la moindre idée de ce que tu .... Si tu savais tout ce que j'aurais fait pour toi Masterson. But I guess we'll never find out. At least not right now." Le ton d'Hannah était beaucoup plus féroce à présent, elle aussi se rapprochant de lui, tellement que ça en était risible. "Je ne fais pas de promesses en l'air Saul." Ils ne comprenaient jamais, que ce soit Lawrence, Jamie ou même lui... Il pensait être essentiel à sa survie ? Que les larmes qui coulaient maintenant allaient finir par revenir ? Non, il l'avait dit lui-même, elle était plus forte que ça, elle était plus forte que lui, qu'il se perde dans sa propre dépression, Hannah n'avait le temps de sauver personne, elle refusait d'aller le cherche au milieu du chaos qu'il avait lui même créé. S'il voulait vraiment d'elle, il sortirait seul et viendrait la chercher. Galvanisée par cette pensée, Hannah esquissa un sourire, le premier depuis le début de toute cette conversation et elle posa son index là où aurait dû se trouver le coeur de Saul. "Jamais." murmura la Siede. Elle finit par reculer, au même moment Audrey l'informait que la voiture était prête et qu'il faisait particulièrement froid dehors. "Tu sais déjà où se trouve la sortie Masterson. Loin de moi l'idée de te retenir... " souffla Hannah. Sans un regard en arrière, la jeune femme quitta la pièce, le bruit de ses talons claquant sur le sol vernis comme seul écho. Et quelque part comme seul souvenir.
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