Lorsque j’avais vu cet appel en absence il y a quelques mois de cela, j’avais été intrigué. Célia n’est pas du genre à m’appeler comme ça, sans réelle raison. J’avais senti que quelque chose n’allait pas. J’étais en mission ce jour-là et je n’étais pas en possession de mon téléphone personnel. C’est bien quelque chose que je ne peux vraiment pas avoir sur moi malheureusement. Même si les urgences sont là. Quand je l’avais rappelé, c’était sa sœur, ma meilleure amie qui avait décroché. Le choc quand elle m’a confié que Célia s’était faite tirée dessus dans sa boutique. J’étais à la fois énervé de ne pas avoir pu être là, et inquiet également. Mais elle allait s’en sortir. Cela m’avait réconforté. Aujourd’hui, on comprenait pourquoi ces délinquants lui avaient fait du mal. Pour de la poudre. Ce que ces gens sont désespérants et pathétique. Voilà certainement pourquoi je ne pourrais jamais quitter mon travail. Célia m’avait alors rapporté ce petit sachet qu’elle avait trouvé dans un de ses objets à la boutique. Elle m’avait surtout appris qu’il en existait d’autre, et que pour que je puisse choper ces dealers, il fallait retrouver les acheteurs. Grâce à Célia, cela allait être possible. Elle était déjà bien trop impliquée, j’aurais préféré pouvoir les retrouver moi-même, mais elle avait insisté. Tout comme je sentais qu’elle allait insister pour m’accompagner. Heureusement que je fais cavalier seul depuis quelques temps. J’étais justement en train de faire un point avec mon chef, quand j’aperçus une tête blonde me faire signe. Dans ces moments-là, c’est fou comme elle ressemble à sa sœur. Elles ne sont vraiment pas jumelles pour rien. Je lui rends son signe et clôture la conversation avec mon chef pour aller la rejoindre. Bonjour Célia. Tu as trouvé la liste je suppose ? Elle avait bien une liste dans les mains et étaient curieux de voir qui était noté dessus.

Ce n’était pas tous les jours que je me rendais au commissariat pour y faire un point avec mon boss, d’habitude on reste davantage dans nos locaux bien banalisés pour éviter toute catastrophe, surtout concernant nos missions d’infiltrations. Heureusement il avait mis un bémol sur les miennes, en ayant enchaîné bien trop ces dernières années. Et pour tout dire, ça me convenait parfaitement. J’aidais davantage la police ou même les jeunes femmes dans le besoin, tout comme c’était le cas avec Célia, mais pour ça, j’avais besoin des infos de la police. Voilà pourquoi je me retrouvais ici aujourd’hui, en attendant la blonde. Qui ne tarda pas à arriver d’ailleurs. Elle avait bien la fameuse liste des personnes ayant acheté ces statuettes que nous recherchions. Enfin, il y avait bien trop de noms sur cette liste pour savoir quelles personnes étaient en possession de ces biens. Je me doutais bien que toutes ces personnes ne seraient pas sur Brisbane, ce serait bien trop facile. Je m’étonnais même de voir que la personne habitant le plus loin n’était qu’à une demi heure de route. Parfait. Ma voiture est garée juste devant. Lui précisais-je alors qu’on était déjà en route. Ce n’était pas vraiment ma voiture, c’était celle de mon taf, cette poubelle avec laquelle je me déplaçais pour mon taf. Mais une poubelle bien entretenue sous le capot. Parfois je me dis qu’elle est bien trop maquillée et que je pourrais me faire chopper rien qu’avec ça. T’inquiète pas, elle va tenir la route. Disais-je à Célia, sentant la remarque arriver. Ce n’est pas comme si c’était la première fois qu’une femme découvrait ma voiture de fonction.

Il est évident que cette voiture est une belle poubelle. Je ne sais pas vraiment si je l’aime ou pas. Par moment, ouais je me dis que je pourrais passer ma vie avec, mais dès qu’elle ne roule pas assez vite ou qu’elle est en rade, je ne me gêne pas pour l’insulter et la détester. C’est ce qu’on appelle l’amour vache me direz-vous. Mais ce n’est qu’une voiture. Je préférais tout de même la critiquer avant que Célia ne prenne trop peur. Mais c’est vrai qu’avec sa boutique, les choses neuves ne doivent pas trop l’intéresser. Mais là, elle n’est même pas belle cette voiture. Je veux bien croire que les Cadillac des années 50 ont bien plus de charme niveau ancienneté. La mienne, est juste vieille, pas ancienne. Peu importe. Comme elle le disait, tant qu’elle nous emmène là où on le veut, c’est le principal. On s’installait donc et elle me faisait part de l’avantage de cette affaire. J’étais bien d’accord. Parcourir le pays n’est clairement pas mon dada, et ça sort bien sûr largement de mon périmètre. Je commençais à rouler, direction la première adresse, la plus éloignée qu’on pouvait et je lui exposais les informations que j’avais pu récolter. Ce n’est pas n’importe quelle cocaïne, elle vient tout droit d’Amérique Centrale. Mais les dealers principaux restent introuvables. J’ai pu remonter la piste des deux cambrioleurs, qui ne sont rien d’autres que des gosses de riches qui ont entendu parler de ces statuettes, mais c’est encore bien flou tout ça. Lui expliquais-je alors, sourcils froncés, assez préoccupé par cette histoire, tout comme par la route à suivre.

Cacher de la drogue dans des statuettes datant d’une époque bien antérieure et d’un pays bien lointain ne pouvait pas venir d’une simple petite bande de gamin qui cherchait juste à faire du trafic. Non, ça ne pouvait venir que de la douane qui ne s’est douté de rien, que d’un pays étranger. Et cela venait droit du continent le plus productif en la matière. Rien de bien étonnant. Surtout pour les drogues dures. Les légères, c’est assez fréquent d’en voir mais c’était rare quand c’était vraiment des grosses bandes ou des gros dealers. Là, on pouvait deviner aisément que les deux gamins qui avaient braqué la boutique de Célia n’étaient pas le cerveau de l’opération. Cette dernière semblait surprise, elle s’était certainement attendue à un trafic beaucoup moins important. C’est aussi comme cela qu’on reconnait une bande bien organisée. Mais au fond, pas tant que ça. Envoyer des gamins c’était totalement imprudent. La preuve, on allait pouvoir remonter jusqu’à eux. Mais forcément, elle s’inquiétait de savoir si les vrais dealers n’allaient pas remonter jusqu’à elle. Vu ce qu’il s’est passé, à mon avis, ils ne sont pas prêt de revenir dans ta boutique, ils ont du passé aux statuettes suivantes. C’était même sûr, mais je préférais tout de même rajouter au cas où elle aurait encore la trouille, ce qui serait tout à fait normal On peut toujours placer des agents si tu ne te sens pas très en confiance. Lui proposais-je alors. Il en fallait peu pour mettre en place ce genre de sécurité, ce genre de surveillance. Bien sûr, il y a des priorités, mais j’étais prêt à faire jouer de mes relations pour qu’elle puisse être mise en sécurité.

Je ne pouvais que comprendre son malaise à l’idée de se retrouver seule dans sa boutique, mais également de ne pas se sentir tant en sécurité. Après tout, rien ne prouvait qu’un autre cambriolage ne pourrait se produire, autant rester vigilants, surtout qu’elle commençait à fouiller de son côté et que ça risquait d’être dangereux pour des représailles. En tout cas, son copain lui avait déjà proposé de lui fournir une sécurité, chose qui était très bien et bien rassurant au moins. Chose qui me faisait penser qu’il valait mieux que je la prévienne sur un point. Par contre, ne vaut mieux pas que parle du fait que c’est toi qui tient la boutique d’antiquité, à aucun moment et à personne. C’est fou comme certaines infos peuvent remonter très vite à des oreilles indiscrètes. Je sais de quoi je parle, autant niveau professionnel que personnel. C’est alors que Célia souleva un point très intéressant. C’est vrai que je n’y pense pas à chaque fois, mais c’est vrai que le fait de cacher cette drogue dans ces statues de façon très bien faites, cela impliquait forcément un connaisseur En effet, seul un connaisseur aurait pu faire. Bien que parfois, on peut être surpris par le talent de certains reproducteurs. Lui confiais-je alors. C’est alors qu’on arrivait enfin à la première adresse du premier acheteur qu’on allait interroger. C’était indiquer que c’était une femme, d’âge mûr, la cinquantaine, grande collectionneuse et apparemment femme au foyer. Elle était dehors, devant sa belle maison, à jardiner. Je sortais de la voiture, et accompagné de Célia on s’avançait vers elle. Je nous présentais alors, désignant Célia comme ma coéquipière tout en montrant ma plaque des stups qui sont très peu distinguables aux yeux des citoyens. Au final, je me rends compte que la blonde est l’une rares à vraiment connaître la nature de mon service. Certainement parce que je fais une confiance aveugle à sa jumelle.

Comment la presse avait réussi à obtenir autant d’informations, et surtout réussir à la publier, c’était bien la question que je me posais. Après tout, ce n’est pas comme si l’affaire avait été clause. Du moins, à l’époque de la publication. Depuis, nous sommes un peu en fraude à aller récupérer des informations contre mon badge. Mais peu importe, mon amie avait besoin de mon statut et je ne voulais pas non plus qu’elle en pâtisse. Surtout que ça pourrait aussi valoir une réouverture du dossier. Seulement si on arrive à avoir des preuves concrètes bien sûr. En attendant oui, j’espérais que la blonde puisse passer inaperçue quant à notre quête du jour. Mais les gens ne s’attardent jamais bien longtemps sur ces faits divers. Dans le pire des cas ils sauront qu’ils ont déjà vu Célia quelque part, mais impossible de savoir où exactement. J’exposais donc mon idée de copiste à Célia et d’après elle, ce n’était pas aussi facile pour un copiste, seulement pour un pro de la restauration. Je ne pouvais que lui faire confiance sur ce point, surtout que ça réduisait nos recherches. On était donc arrivés chez la première acheteuse et heureusement, on fit bien accueilli. On put récupérer la statuette en guise de preuve et c’était une bonne chose. Un bon début. Une fois de retour dans la voiture, on en fit un débriefe. Je rassurais alors mon amie en lui disant C’est tout de même un bon début, et puis on aura très certainement d’autres éléments concernant ce type avec nos prochaines visites, j’en suis sûr. Lui confiais-je, bien habitué à ce genre de recherche. Il faut parfois guider les gens, les pousser à en dire trop que pas assez, croyant que ce sont simplement de petits détails insignifiants. Ils ne se doutent pas que parfois, ce sont de vrais éléments qui font toute la différence. On revenait donc en direction de Brisbane pour la prochaine étape, la prochaine adresse, qui nous permettra, je l’espère, d’en apprendre encore plus.

Ce n’est jamais évident ce genre d’enquête, et je dois bien avouer que lorsque j’étais sous couverture la plupart du temps, cela me manquait. Je préfère bien plus montrer ma plaque que d’endosser un énième rôle de drogué. Ou même de dealer. Oui à l’époque ça m’éclatait, et de temps en temps, c’est sympa. Mais c’est tellement plus risqué, tellement plus dangereux et cela me prend beaucoup plus de temps. C’est galère pour moi après si je dois m’occuper de ma petite, si sa mère est indisponible et que je dois m’en occuper. J’ai vraiment envie d’être là, j’ai vraiment envie d’oublier ce type que j’ai été, ce type qui consacrait bien trop de temps au boulot, à jouer la comédie pour arrêter des addictifs de la drogue. Maintenant, seule ma fille compte, j’ai bien assez de fric comme ça pour subvenir à ses besoins. Cette affaire avec Célia me fait donc plaisir, malgré le fait que ça ne soit pas une affaire de cœur et très sympathique. Comme la plupart des enquêtes à vrai dire. Même si en soit, je les trouve bien plus compliqué à résoudre, n’étant directement pas dans le clan concerné. Oui on trouvera bien par trouver à quoi ressemble le fraudeur et dealer, j’en suis persuadé, on a tout de même assez de monde à rendre visite. Mais alors que je conduisais, que ma conduite était assez concentrée et mes pensées ailleurs, Célia me sortit une question qui me déstabilisa grandement. Heureusement, j’étais arrêté à un feu rouge à ce moment-là. Je tournais mon regard vers elle, totalement perplexe, voulant lui demander de répéter, mais je me retenais. J’avais très bien entendu et compris. Un klaxon me tira de ma surprise, le feu était vert. Je redémarrais rapidement tout en me demandant ce que je pouvais bien répondre à la blonde Delilah … Je ne savais même pas qu’elle avait bossé sur cette affaire. Vu qu’on n’est pas du même service, cela m’étonnerait qu’elle s’en soucie. Je disais ça, mais je ne savais rien du tout. Comment avait-elle pu être sur cette affaire-là ? Les mystères de la police me surprendront toujours.