Elle avait été contente d’être libérée de son dernier cours de la journée et d’être déjà en weekend, à treize heures à peine. SI certains profitaient de leur temps libre pour faire du sport ou une activité artistique, dès qu’elle était rentrée, elle s’était contentée de se poser sur son lit, perdit une heure sur son portable à checker tous les réseaux sociaux possibles sur lesquelles elle était inscrite et différents sites parlant de modes. Puis, continua ses activités très culturelle en se posant devant la télévision pour se refaire à ses ongles une beauté. Maman Gilmore au salon de thé, papa Gilmore parti faire un tour de la propriété (elle était encore surprise qu’il ne soit toujours pas revenu à cause de la pluie), tout le monde avait eu l’intelligence de s’absenter pour lui laisser la paix. Même la gouvernante, pourtant toujours sur son dos, avait joyeusement lancé une heure plus tôt qu’elle partait en courses. Nina avait l’immense bâtisse à elle toute seule. Elle s’appliquait à mettre la deuxième couche sur ses orteils du pied droit quand on sonna à la porte. Elle fit attention en se levant pour ne pas abîmer le vernis fraîchement posé pour aller ouvrir à papa Gilmore qui revenait de sa balade… mais à moins qu’il ait changé de sexe entre temps et rajeuni de vingt-cinq ans, elle se trouva nez-à-nez avec une inconnue. Enfin inconnue… elle ne prit même pas la peine de détailler ses traits pour chercher une quelconque ressemblance avec les Gilmore pour deviner que c’était leur fille. Pour la bonne raison que malgré tout ce qu’on avait beau dire sur elle et la réputation qui la précédait, ses parents gardaient encore DES TONNES de photos de leur trésor dans chaque recoin du manoir. Nina la reconnut immédiatement, ne se gêna pas pour la regarder de haut en bas et la toiser. Angelina prit la parole en premier. Alors comme ça, elle ne savait pas que ses parents avaient gentiment accepté de l’accueillir chez eux ? Pourquoi les Gilmore le lui avaient-ils caché ? Elle ne savait pas mais c’était à creuser, elle était toujours prête pour découvrir les raisons derrière cette omission. Il y avait peut-être manière à faire du chantage et qui disait chantage, disait qu’elle avait le pouvoir. « Femme de ménage, c’est le nom de code pour les maîtresses de ton père ? » C’était peu crédible, Nina avait encore une tête d’adolescente mais elle avait glissé ça juste pour le plaisir de voir comment son interlocutrice allait réagir. En plus, elle venait de lui révéler qu’elle savait qu’elle était la fille Gilmore. « C’est quoi ça ? » Se yeux glissèrent sur la chose qui se tenait près d'elle. Elle le reconnut aussi, elle l'avait vu en photo dans toute la maison et il était aussi le fond d'écran de maman Gilmore. C'était son gosse, à Angelina. Elle regretta d'avoir formulé sa question à haute voix, elle allait sûrement passer pour une débile. Elle ne pouvait pas la faire attendre plus longtemps sur le pas de la porte et avant qu’elle ne lui fasse remarquer, tourna les talons. C’était sa manière de l’inviter à entrer. De toute manière, Angelina était aussi chez elle. « Ta mère est au salon de thé, comme d’habitude, et ton père, je ne sais pas trop… ça fait une heure qu’il est parti faire un tour de la propriété… mais vu comme c’est immense. Par contre, il va peut-être choper la mort avec tout ce qui tombe. Et, il a laissé son portable ici. » Typical papa Gilmore, le bougre voulait sûrement, comme elle, être vraiment tranquille. Nina était contente d’être au chaud, à la maison et retourna au salon pour reprendre sa séance manucure. Puis bien sûr, comme elle n’était pas la reine des bonnes manières, elle oublia qu’elle ne s’était même pas présentée.

Spoiler:

you smell like problems and coco chanel
— NINA

Elle n'était même pas majeur, ça se voyait à ses traits. Sa façon de se tenir avait l'insolence de la jeunesse et Angelina se demanda un instant si ce n'était pas une cousine éloignée ou un truc du genre, mais comment aurait-elle pu le savoir ? Sa famille adoptive n'était pas du genre à se préoccuper d'elle. Angelina savait que les gens de sa "famille" n'avait pas trop apprécié que les Gilmore adoptent le bébé d'une putain de junkie plutôt que de se tourner vers les meilleurs institutions sociales australiennes pour combler leur besoin d'enfant. La légende voulait que Monsieur et Madame Gilmore étaient tombés instantanément amoureux d'Angelina lorsqu'il l'avait vu dans son couffin à la maternité, alors qu'un vieil ami de la famille le chirurgien-obstétricien Moore leur proposait une adoption fermée pour la modique somme de 15 000 dollars. Les Gilmore avaient signé le chèque sans ciller, Moore sera rayé de l'ordre des médecins 10 ans plus tard lorsque les soupçons d'un trafic de bébés au sein de son service remontèrent jusqu'aux autorités. Petites magouilles entre riches obligent, Moore n'avait jamais été inquiété par la police. On parlait de "retraite anticipé". Mais on s'écarte du sujet.
La répartie de la jeune inconnue laissa Angelina pantoise, la bouche légèrement ouverte sous l'effet de la surprise. Mais elle se prenait pour qui celle-là ? Elle avait clairement envie de lui coller une tarte, mais elle avait les mains titres par un petit garçon de deux ans demi qui s'amusait à lui tirer les cheveux ce qui ne l'aidait pas à se détendre le moins du monde. "Tu te crois franchement drôle ?" Elle manquait pas de culot celle-là. Autant Angelina pouvait se montrer détestable avec ses parents, autant il était insupportable pour elle qu'on leur manque de respect. Elle seule avait le droit de se montrer odieuse. Ce genre de petite blague ironique ne l'amusait pas une seule seconde et le regard glacial qu'elle adressait à son interlocutrice ne laissait aucun doute là dessus.
"Ça, c'est mon fils." rétorqua sèchement Angelina. Décidément,les deux jeunes femmes partaient sur de très mauvaises bases. La météo était en parfaite cohérence avec la tension palpable qui s'était immédiatement installé entre les deux jeunes femmes. Angelina sentait qu'elle ne pourrait pas rester polie longtemps, c'était la reine des emmerdeuses elle-même mais elle venait visiblement de tomber nez à nez avec la princesse des problèmes. Mais peu importait, Angelina ne savait toujours pas ce que cette petite effrontée foutait chez elle. En tout cas, une chose était sûre, c'est qu'elle savait qui elle était puisqu'elle cita son père et sa mère. Son père était sûrement dans ce qu'ils appelaient "la cabane du jardin" qui était ni plus ni moins qu'une grande verrière où son père adorait lire à la lumière d'un poêle. Chacun son truc. Angelina se garde bien de répondre, aucune envie de faire la conversation avec cette nana. Mais visiblement elle va y être obligée. Elle rentre dans sa propre maison comme une étrangère et elle a déjà envie de mettre un chassé à la nana qui marche devant elle, cette nonchalance devait forcément irriter ses parents. Elles semblent se diriger vers le grands salon. Angelina constate que rien n'a changé au manoir, elle ne peut s'empêcher de sourire lorsqu'elle voit de nouvelles photos : celle d'Abel. Même une d'elle enceinte aux côtés de son père lorsqu'ils étaient venus lui rendre visite à Hawaï. "Et au faite t'es qui en faite ? Parce que tu réponds à la porte comme si tu remplissais le frigo et payer les factures mais je t'ai jamais vu dans le coin ? T'es le nouveau pet toy de ma mère ?" Sa mère avait cette lubie chelou de s'intéresser à tous les enfants de 0 à 18 ans comme si elle était investie d'une maison divine. Ca ne l'étonnerait pas si la brune qui la regarde avec tant de mépris faisait partie d'un de ces projets expérimentaux dont seule Madame Gilmore a le secret. "T'as quoi en plus ? 14 ans ? Tu devrais pas être à l'école ?" Trop de questions et pas assez de réponse. Angelina aimerait quand même savoir pourquoi elle n'a pas été mise au courant. Ok elle était venue à l'improviste mais elle avait l'impression familière qu'on lui cachait quelque chose. Encore. Angelina prit place sur l'énorme canapé qu'elle affectionnait tant, posant Abel à ses côtés. Elle sortit son biberon de son sac et lui donna, le petit avait l'air un peu impressionné mais Angelina savait que c'était qu'une question de temps avant qu'il descende du canapé et décide de ramper partout dans le Manoir. C'était qu'un immense terrain de jeu pour lui.

Spoiler:

Sur les photos, Angelina lui inspirait toujours le mot ‘rayonnante’. Elle devait l’admettre. Il y avait une douceur qui se dégageait de ses traits fins et harmonieux et de ses grands yeux azur mais elle mettait ça sur le compte des sourires de la jeune femme et de sa photogénie que même une top model aurait pu lui envier. Parce que oui, Nina avait eu vent de sa réputation et de toutes ses frasques quand les Gilmore avaient des discussions animées concernant leur fille et même si elle faisait mine de ne pas y prêter attention, elle avait compris que derrière ce beau visage, on pouvait facilement révéler une harpie. En ça, elles ne devaient pas être différentes Nina et Angelina. Mais en ce-moment précis, elles n’en n’étaient pas vraiment à copiner et à se chercher des points communs. Angelina avait ouvert les hostilités en adressant cette question, que l’adolescente considéra comme un affront. Elle eut un petit rire. Sa réponse n’avait pas plus à son interlocutrice. « Il faut un certain niveau de raffinement pour parvenir à comprendre mon humour. Ne t’en fais pas, tu t’y feras. » Nina sait qu’elle est trop insolente et malgré toutes les gifles qu’elle s’est déjà prises pour ne pas avoir su contrôler sa langue déliée par les sarcasmes, elle ne se retenait jamais de jouer la carte de la provocation. Les regards foudroyants de la fille Gilmore auraient pu figer n’importe qui sur place, Nina était même impressionnée par leur intensité mais elle n’était pas intimidée par si peu (c’est ce qu’elle disait). La façon dont elle lui crachait ses mots à la figure, d’une façon glaciale, pour désigner indiquer que c’était son fils fit comprendre à la lycéenne qu’Angelina était à la hauteur de sa réputation, qu’elle serait une adversaire coriace. Même avec un gosse entre les jambes, Nina sentait qu’elle n’aurait pas hésité à lui sauter dessus alors pour calmer le jeu, elle la fit entrer.

Elle la laissa la suivre dans le salon, pensant qu’Angelina ferait ses petites affaires et la laisserait tranquille pour terminer le vernissage de ses ongles mais elle fut interrompue au bout de quelques minutes. Elle avait une façon de lui parler si méprisante à son égard que Nina ne put retenir un gros soupir (vraiment bruyant) avant de se tourner vers elle pour lui répondre. « Bravo ! Tu veux peut-être une médaille pour avoir deviné que j’étais le nouveau cas désespéré que ta mère essaye de sauver ? » Elle leva les yeux au ciel, à son âge, être prise pour une gamine (car oui, il y avait une grosse différence entre avoir quatorze et dix-sept ans et demi), c’était considéré plus offensant que si on avait insulté sa mère. « J’ai pas quatorze mais dix-huit ans et j’ai aucun compte à te rendre. » Avec elle, l’âge bête, ce n’était pas qu’une période. Elle avait toujours traîné ce mauvais caractère et c’était œil pour œil, dent pour dent, Angelina l’attaquant de front, elle ne se gênait pas pour répliquer. « Tu as d’autres questions ? », lâcha-t-elle, ironiquement, avec un petit sourire hypocrite sur le visage. « Parce que sinon, que dirais-tu de me foutre la paix avec tes questions et de faire ta vie et tes activités de maman dans ton coin ? » Son sourire moqueur s’élargit en la voyant tendre un biberon à son gamin. Nina voulut souligner l’opposition entre elles. « Activités qui doivent sûrement être passionnantes, au passage. » Elle laissa échapper un petit rire, elle se fichait bien si elle allait trop loin, ou non, avec ses remarques ironiques teintées de mesquinerie.

La tension était palpable dans le salon, Nina le gaz, Angelina les flammes, elles n’étaient qu’à deux doigts des étincelles et il n’en n’aurait pas fallu beaucoup plus pour que ça explose. Elle n’avait qu’une seule envie : se concentrer sur ses ongles de pied couleur corbeau et faire comme s’il n’y avait personne d’autre dans la pièce… Mais c’était peine perdue, elle sentait la présence de la jeune femme, elle sentait son aura qui clashait avec la sienne, elle sentait l’électricité dans l’air pendant qu’elles commençaient leur joute verbale. « Comment oublier. » Elle se sentait vraiment agacée par le ton d’Angelina prenait quand elle se payait sa tête et grimaça en la regardant s’installer sur le canapé, en face d’elle. Elle n’avait plus l’excuse de sa manucure pour ne pas la regarder dans les yeux quand elle lui parlait puisque tous ses ongles étaient parfaitement peints, maintenant. Elle n’avait plus qu’à attendre que ça sèche et soufflait à intervalle régulier dessus, pour se donner contenance. Les petites attaques pernicieuses d’Angelina la faisaient plus rire qu’autre chose mais son sourire s’évanouit quand elle commençait à proposer des hypothèses sur la présence de Nina ici. La lycéenne venait se trahir toute seule, montrant que la raison de son emménagement à Brisbane, chez les Gilmore était un sujet assez délicat. Elle prit un moment avant de relever les yeux vers la jeune maman et s’enfonça plus confortablement dans le dossier du canapé, les sourcils froncés. « Si tu avais su, à mon âge, ce que tu allais faire de ta vie, tu aurais sûrement eu une vie très différente que celle que tu mènes, je me trompe ? » Elle lui faisait l'effet d'une ancienne reine de bal promo qui aurait perdu sa couronne et son écharpe, à la popularité éclipsée à peine sortie du lycée. Enfin, elle n'avait aucun mal à se représenter Angelina dans une belle robe de soirée, attirant tous les regards mais elle n'était pas certaine que ce soit le genre du personnage. Elle n'arrivait pas à trouver d'autres métaphores pour désigner la jeune femme qui, d'après ce qu'elle comprenait des conversations des parents Gilmore, était bien loin de la vie de princesse qu'ils pensaient avoir tracé pour elle. Aucunement peinée de la vexer ou de l'énerver, elle allait lui faire regretter de se frotter à l’héritière Farrell. « Rien de tout ça, même si t’as l’air de m’avoir bien cernée, j’ai mérité une histoire un peu moins clichée. Mais tu devras brider ta curiosité pour l’instant parce que ce n’est certainement pas moi qui vais t’expliquer le pourquoi du comment j’ai atterri ici il y a presque trois ans. » Son petit sourire s’étire. Elle sait que la nouvelle fera sûrement l’effet d’une bombe. Elle n’allait pas tarder à savoir comment allait réagir Angelina en apprenant que ses parents avaient omis de lui informer qu’une petite peste comme Nina avait, tel un coucou intrusif, fait son nid chez eux depuis tout ce temps. Leur fille avait été très occupée et ils avaient sûrement des raisons de lui cacher ça, sans vouloir leur trouver d’excuses, elle-même cela ne lui semblait pas très sain de leur part. Si elle avait été dans la même situation qu’Angelina, elle l’aurait très très mal pris. Nina n’eût pas le temps de se confronter à la jeune brune en face d’elle car la sonnerie de son portable interrompit leur échange. Elle jeta un coup d’œil à ses doigts pour être certaine qu’il soit assez sec pour éviter toutes les chances de l’écailler avant de se lever pour décrocher. Elle prit soin de s’éloigner du salon pour ne pas converser en présence d’Angelina quand elle vit le nom qui s’afficha sur l’écran lumineux, la laissant seule avec Abel, dans l’immense salon des Gilmore.

Il y avait quelque chose de très spécial dans le fait d'être reçue entre ses propres murs. Angelina se sentait un peu dépossédée de sa maison, même si elle avait passé le plus clair de son existence à détester chaque centimètre carré de ce manoir. Ses parents lui avaient bien évidemment proposé de revenir habiter au manoir quelques temps, le temps de se retourner et de trouver un logement correct mais retourner ici aurait vraiment eu un goût d'échec insupportable pour la belle australienne qui aspirait à une nouvelle vie avec son fils. Si elle avait renoncé aux plages idylliques d'Hawaï pour retrouver les palmiers australiens ce n'était certainement pas pour s'infliger à nouveau le supplice d'habiter dans le repère des Gilmore. D'ailleurs, Angelina se demandait comment cette jeune fille assise en face d'elle gérait son séjour ici. Elle se demandait depuis combien de temps elle faisait sa manucure sur le canapé du salon principal. Elle marchait pieds nus, chose que sa mère lui avait toujours interdit : risque de tomber malade, sol passablement mal nettoyé (alors qu'il était immaculé 100% du temps). La nouvelle locataire avait visiblement le doit à des privilèges jusqu'ici interdits à Angelina. Soit.

"Si tu avais su, à mon âge, ce que tu allais faire de ta vie, tu aurais sûrement eu une vie très différente que celle que tu mènes, je me trompe ?" Ouch. Angelina fixa la jeune fille dont elle ignorait toujours le prénom d'un air dubitatif. Elle touchait un point sensible, Angelina n'était effectivement pas très fière de la direction qu'elle avait prise et même si elle aimait Abel de toutes ses forces, cela allait s'en dire : elle ne pouvait nier que si elle aurait pu tout refaire d'un coup d'une baguette magique elle n'aurait pas refait les mêmes choix. "Non effectivement tu marques un point, y'a tout un tas de trucs que j'aurais fais et que j'aurais pas fais. Mais ce qui est fait est fait et y a un bout de chou juste ici que j'effacerai du tableau pour rien au monde." Son enfant avait fait fondre son coeur de glace, en partie du moins et Angie était reconnaissante d'avoir ce rayon de soleil dans sa vie. Elle ne savait pas qui était son père mais elle était certaine que si un jour elle parvenait à savoir son identité il saurait également heureux d'avoir Abel dans sa vie, en dépit des circonstances qui l'avait fait venir au monde. Mais c'était une histoire pour un autre jour, sur laquelle Angie n'avait pas du tout envie de s'attarder.

Vient ensuite le jeu des devinettes, la curiosité d'Angelina était piquée et elle aurait bien aimé savoir ce que cette minette foutait sur son canap'. Déjà pas très encline à lui dévoiler son identité, l'inconnue poussa le bouchon encore un peu plus loin en éludant sur la raison de sa présence en ses murs. Rajoutant un petit détail qui fit l'effet d'une claque en plein visage à Angelina, la laissant totalement coite alors que la sale gosse sautillait jusqu'au téléphone dont la sonnerie stridente raisonnait dans les pièces immenses du manoir. Trois ans ?! Angie n'en revenait pas. Trois ans qu'elle était là ? À se dandiner dans le hall et à répondre à la porte ? Wow. OK, elle n'était vraiment pas prête pour ça et elle avait vraiment envie de se barrer maintenant. Elle avait l'impression d'être un iphone 4 qu'on venait de remplacer avec un iphone 5. C'était très désagréable. Sauf qu'Angie n'était pas un putain de smartphone inanimé, elle avait des sentiments et ceux-ci se transformaient en un tourbillon dangereux. Elle sentit les fourmillements familiers à l'arrière de son crâne qui prévenait la tempête. Les fourmillements qui annonçaient les prémices d'une de ces crises d'hystérie dont elle avait le secret. Elle jeta un coup d'oeil à son fils pour se calmer mais elle avait du mal à respirer. Ses parents qui se plaignaient constamment qu'elle était trop secrète et qu'elle se rendait inaccessible, avait réussi à lui cacher la présence de cette gamine chez elle pendant toutes ces années ? C'était trop pour elle, elle allait trouver sa mère et la confronter. Néanmoins pendant ce temps-là, il était hors de question de montrer la moindre émotion devant la lycéenne. Même si c'était putain de dur. Angie était connue pour son air impassible, mais là elle était véritablement ébranlée parce qu'elle venait d'apprendre. Elle se sentait terriblement mal. Si ça se trouve, c'était justement Maman Gimore qui venait de l'appeler. Angie se leva et approcha doucement de la pièce où se trouvait la jeune fille, elle fit mine de regarder les portraits sur la cheminée mais en réalité elle tendait l'oreille, tentant de capter quelques bribes de la conversation de l'inconnue. Elle avait besoin de savoir à qui elle avait affaire.

Après l’avoir regardé dans les yeux, toujours d’un air aussi insupportable alors qu’elle confrontait Angelina sur sa propre vie, son attention s’attarda sur le petit garçon. Elle n’avait jamais eu la fibre pour la connecter et lui permettre de communiquer avec les gamins, d’ailleurs, elle n’en côtoyait presque jamais, pour son plus grand bien. Elle se les imaginait très criards et avec un besoin permanent d’attention, ce qu’elle trouvait insoutenable. Même là, Abel – de son petit nom – semblait très sage, bien occupé à téter le biberon mais elle ne le pensait pas différent dans autres enfants et devait sûrement savoir se faire entendre au besoin. Tout de même, elle devait le reconnaître quand ils se scrutèrent mutuellement avec des yeux curieux, il méritait d’être appelé bout de chou. Angelina aussi posait un regard tendre sur lui, cela la laissa indifférente et bien vite, elle refixa son attention sur la jeune femme. « Tant mieux si tu es épanouie, ça ferait plaisir à tes parents. Pas un seul jour ne passe sans qu’ils ne parlent de toi. » Elle ne savait pas trop si la nouvelle allait la réjouir ou non mais au moins, Nina laissait transparaître son agacement des ‘Angelina’ par-ci, ‘Angelina’ par-là et la plupart du temps, ce n’était pas que des louanges. Elle supportait depuis tout ce temps d’avoir tout le temps les oreilles sifflantes d’agacement à force d’assister aux discussions mouvementées entre papa et maman Gilmore.

Elle n’eut que le temps de voir son visage se décomposer, une fois qu’elle percutait que ses parents avaient vraiment gardé secret la présence de Nina depuis très longtemps, maudissant la personne qui lui ôtait le plaisir de recueillir le ressenti d’Angelina, à chaud. Elle voit le nom de Jaco, il choisit affreusement mal son moment lui, mais elle ne peut pas ignorer son appel.

- Allô, tu veux quoi ? […] Maintenant ? Non, c’est pas possible… il y a du monde à la maison. […] Pourquoi ? […] Oui, c’est ça. J’en ai besoin ce weekend. J’ai plus rien. […] Tu ne peux vraiment pas à un autre moment, samedi, dimanche ? […] … […] Ok, ok… passe maintenant. Oui, c’était pour deux gra-… deux bouquets de fleurs. (Elle se rappela de son vieux code secret à deux balles) […] J’ai l’argent. A tout de suite.

Jaco, c’était pas un type à la gueule cassée, ce n’était pas une petite frappe, c’était pas non plus un camé de drogues dures. Jaco, il venait d’une famille riche, il avait l’air propre sur lui, il était sculpté par sa pratique du rugby et il acceptait d’être son intermédiaire pour les deals. Jaco, il avait une gueule assez acceptable pour qu’elle accepte de lui acheter de l’herbe mais aussi pour ne pas éveiller les soupçons, des fois que maman Gilmore aurait envie de vérifier ses fréquentations. Jaco allait passer à la maison. Elle soupira, en raccrochant. Elle n’avait pas pris la peine de beaucoup s’éloigner et se dit qu’elle aurait peut-être dû, parce qu’elle avait été obligée de hausser le ton devant son interlocuteur et ses problèmes d’audition (allez savoir ce qu’il était en train de faire). Nina remonta dans sa chambre, choppa deux billets dans son porte-monnaie qu’elle rangea dans la poche de son jogging avant de redescendre. Angelina allait sûrement la trouver trop longue mais elle n’avait rien à lui dire et encore moins des comptes à lui rendre. Sauf qu’elle ne la trouva pas sagement assise dans le canapé à jouer avec Abel ou à le surveiller mais elle eût le droit à un silence assez pesant, il y avait le retour des éclairs. « Il y a un problème ? » Vu la tête de la fille Gilmore, elle regretta d'avoir usé de la salive pour poser les questions parce que clairement, il y avait un problème.

BINGO ! Angelina porta la main à sa bouche lorsqu'elle comprit autour de quoi la conversation à laquelle elle assistait clandestinement retournait. Après la fille de junkie, les Gilmore avaient recueillis une vraie junkie sous leur toit. Quelle ironie. Amazing. Pas sûr que Maman Gilmore apprécie que sa petite protégée soit en train de lui faire méchamment à l'envers... C'était scandaleux à souhait, c'était tout ce dont Angelina avait besoin comme matériel pour faire un des scandales dont elle avait le secret. Surtout que là pour une fois, impossible qu'on lui donne tort. Cette nana manquait pas d'air quand même, elle débarquait de nulle part, prenait possession de ses pénates et se livraient à ses petites activités illégales. La drogue était un sujet tabou chez les Gilmore, facile à comprendre quand on sait qu'Angelina était le fruit d'une liaison entre une prostituée toxicomane et un homme dont personne ne savait quoique ce soit. Les méfaits de la drogue n'avaient aucun secret pour Angelina dont les parents adoptifs lui avaient rebattu les oreilles la totalité de sa vie. Si Angie avait fait des grosses conneries, la drogue dure n'en avait jamais fait partie. Un joint à l'occasion pourquoi pas mais jamais plus, c'était là que se dessinaient ses limites. Elle avait d'autres moyens de s'amuser beaucoup plus sains et surtout qui ne renvoyaient pas à son passé chaotique.
Mais il en était autrement pour la jeune fille dont elle venait d'espionner la conversation. Encore une gosse de riche en manque de sensations fortes, c'était tout ce qu'Angelina arrivait à penser. Un cliché sur pattes. Le genre de gamine qui ne pouvait pas s'amuser s'en boire ou s'envoyer en l'air avec n'importe qui sûrement. Tu parles d'un cadeau... Dame Gilmore s'était cru sans doute capable d'héberger un tel cataclysme entre ses murs mais franchement rien n'était moins sûr.

Lorsque l'adolescence surgit à nouveau dans la pièce après être partie faire on-ne-sait-quoi, Angelina ne put s'empêcher de lui adresser un regard lourd de reproche. Son visage était fermé, et comme à chaque fois qu'il sentait sa mère tendue Abel était en train de s'agiter. Elle fixait l'adolescente de son regard de glace, et au lieu de faire profil bat celle-ci respecta sa ligne de conduite en lui adressant une ultime provocation. Angelina s'esclaffa. "Est-ce qu'il y a un problème ?" Elle secoua la tête. "Non ma puce, aucun problème." Pas besoin d'avoir fait polytechnique pour sentir la dose d'ironie dans ses propos, Angelina pouvait s'improviser reine du sarcasme quand la situation l'exigeait. "Tu te fais livrer deux grammes de C sous mon toit comme si c'était une livraison de sushis mais sinon t'inquiète pas de soucis." Elle marqua une pause puis reprit. "C'est pile le genre de trucs que ma mère peut pas laisser passer. Tu m'as toujours pas dis d'où tu venais mais je peux te garantir que quand ma mère va apprendre ça tu vas retourner fissa d'où tu viens. La drogue ici c'est niet, et si tu sais pas pourquoi tu vas l'apprendre quand elle va venir t'expliquer la vie. Je te souhaite bonne chance parce que tu vas vraiment te sentir mal." Il fallait voir la Dame Gilmore lorsqu'elle se lançait dans son laïus anti-drogue, prenant l'exemple d'une jeune fille qui était tellement droguée qu'elle avait abandonné son bébé et foutu sa vie en l'air. Là aussi, pas besoin d'être diplômé d'une grande école pour deviner que la jeune fille droguée était en réalité la mère d'Angelina. "Honnêtement c'est quoi ton problème ? Tu veux venir ici, profiter de mes pauvres parents et faire absolument tout ce que tu veux maintenant que t'as plus tes géniteurs sur le dos ? Réveille toi princesse, c'est pas Coachella ici." lui conseilla Angelina avant de sommer à Abel d'arrêter de baver sur les coussins du canapé.

Elles se fixèrent en chiens de faïence pendant ce qui lui parût être une éternité. Qu’est-ce que cette bonne femme lui voulait ? Qu’est-ce qu’elle allait trouver à lui reprocher ? La première chose qui lui venait à l’esprit, c’était qu’elle avait peut-être tâché le tapis ou le canapé avec une goutte de vernis et qu’elle allait balancer sa négligence à maman Gilmore. Bon, elle lui ferait peut-être une scène mais ça se nettoierait vite. Bref, Nina divaguait complètement en essayant de chercher une raison plausible à l’expression d’ultimate bitch qu’Angelina affichait. Elle n’y alla pas par quatre chemins et demanda directement à l’intéressée ce qui lui posait problème. Garde tes ‘ma puce’, pour toi et arrête de me parler comme une débile, s’agaça Nina, intérieurement, devant la jeune femme qui prenait un malin plaisir à s’adresser à elle d’un ton insupportable. Il y a un silence qui en dit long de sa part, alors que sa bouche s’est ouverte sur le coup de la surprise, sans qu’aucun son n’en sorte. Et puis, elle ne tarde pas à comprendre, elle relie tout, la tête d’Angelina, ses paroles (elle est encore en train de parler mais Nina ne l’écoute que distraitement, elle essaye de capter les trucs les plus importants mais le cerveau en alerte, sa priorité est ailleurs), les non-dits dans l’air, elle est prête à exploser. Elle se sait en danger mais son premier réflexe, c’est d’attaquer, ça a toujours été sa manière favorite de se protéger. « MAIS ANGELINA !!! » Elle a foncé droit sur elle, en hurlant comme une furie, elle se fiche bien d’Abel qui assiste à cette scène. Elle s'arrête, un peu avant le canapé sur lequel Angelina a posé ses fesses de démonne. Elle espère juste qu’il ne se mette pas à chialer. « JE RÊVE ?! T’AS ESPIONNÉ MA CONVERSATION, MAIS POUR QUI TU TE PRENDS ???! » Elle bouillonne, Nina, elle a du mal à se calmer, elle expire, elle expire encore et encore, veut reprendre contenance. Angelina se trompe, elle n'attend pas une livraison de coke mais le problème ne réside même plus dans la nuance. Elle ne tolère juste d'être menacée ainsi, que ce soit une histoire de drogue dure ou drogue douce, elle allait lui montrer qui était Andrina Farrell. Elle sait déjà que son adversaire ne se laissera pas crier dessus comme ça et elle ne peut pas répliquée si elle est encore baignée de colère. Elle s’éloigna, Nina commença à faire les cent pas, en rond dans le salon pour tenter de réfléchir à nouveau correctement. Elle voyait encore rouge, Angelina devait sûrement se délecter du spectacle. - Honnêtement c'est quoi ton problème ? Tu veux venir ici, profiter de mes pauvres parents et faire absolument tout ce que tu veux maintenant que t'as plus tes géniteurs sur le dos ? Réveille-toi princesse, c'est pas Coachella ici. Elle se figea. Le temps qu’elle prononce ces paroles, cela avait laissé le temps à Nina de se reprendre. Elle fit encore des exercices de respiration, sur place mais elle n’était pas assez concentrée pour que cela soit réellement efficace. « Ok. » Elle resta sur place, ses bras retombèrent mollement le long de son corps après qu’elle ait fait un geste de capitulation. « Tu sais quoi, ce n’est même pas grave que tu sois venue mettre ton nez dans mes affaires et que tu joues les nouveaux shérifs. » Elle eut un petit sourire angélique, en posant une main sur sa hanche et en basculant son poids sur sa jambe droite, pour prendre une pose nonchalante. « Tu viens trop tard. Tu peux dire à tes parents tout ce que tu veux, tout ce que tu as cru entendre, tout ce que tu penses avoir deviné, sans problème. Mais ça fait trois ans que je suis ici, trois ans que je me suis glissé dans le rôle de la parfaite fille modèle. In-soup-çon-nable. » Sa voix s’est faite toute grave et son ton est glacial, laissant transparaître à quel point Nina était tordue, à quel point quelque chose ne tournait pas rond avec elle, à quel point elle était diabolique. « Il me suffit de battre des cils et de faire glisser trois petites larmes sur ma joue pour les persuader que je suis encore trop traumatisée par mon accident pour retoucher à la coke. Alors que toi Angelina, on sait tous comment tu es, non ? Est-ce qu’on ne va pas penser que tu fais une énième crise car tu es juste jalouse ? » D’un mouvement de tête, elle remit ses longs cheveux en place, elle ne quittait pas son petit sourire. Elle planta ses yeux dans ceux de celle qu’elle voyait maintenant comme l’ennemie à abattre. « Jalouse qu’on ait pu prendre ta place dans le cœur de tes parents ? » Elle se félicita d’avoir eu l’intelligence de se montrer si docile et si sage aux yeux des parents Gilmore, bien sûr, au départ, c’était surtout pour ses propres intérêts et mieux dissimuler sa vraie nature mais maintenant, cela allait lui servir à mettre Angelina sur la touche. Peut-être que cela allait la dissuader de tout balancer de savoir que Nina avait, pour l’instant, la balle dans son camp.

Spoiler:

C'était risible quand on y pense. Deux nanas venant exactement du même milieu, avec les mêmes traits de caractère en train de s'invectiver parce que l'une comme l'autre ne voulait pas qu'on marche sur ses plates-bandes. C'était carrément pathétique mais ni l'une ni l'autre ne prenait assez de recul pour s'en rendre compte. Angelina était toujours en train de process l'information qu'une gamine qu'elle connaissait ni d'Eve ni d'Adam avait débarqué chez elle dans le but de lui piquer sa place visiblement. Puis elle avait intercepté une conversation censée rester privée et la situation avait dégénéré. Angelina ne s'était même pas énervé, en revanche elle jubilait d'avoir quelque chose contre cette fille qui était l'incarnation du manque de respect et de l'insolence. Angelina connaissait ce genre de comportement agressif dès le premier contact, c'était le genre de nanas en souffrance qui n'avait pas d'autre solution pour garder la tête hors de l'eau que d'attaquer. Quant à Angelina, c'était le genre de filles qui était tellement habituée à se faire prendre à parti qu'elle ne s'étonnait même plus qu'on essaie de la faire tomber. Cette petite livraison de drogue était tombé à pic, et à voir la tête de sa rivale Angie avait touché la cible. La jeune maman regarda la dernière arrivée chez les Gilmore faire les cent pas dans le salon immense. Visiblement, elle était beaucoup moins à l'aise qu'au début. Angelina pensait avoir gagné cette bataille mais c'était sans compter un retour de flamme auquel elle ne s'attendait pas.

D'un coup d'un seul la jolie brune fit volte-face, l'invectivant. Angelina ne rigolait plus à présent, elle s'était départie de son petit sourire malicieux. Au contraire, elle sentait une vague d'émotions la submerger et ce n'était pas bon du tout pour le cas de son opposante. Ce n'était vraiment pas bon du tout. La colère prit possession d'elle et il était trop tard pour qu'elle parvienne à se raisonner seule. Elle était allée trop loin. Elle pouvait prendre autant de reproches de plein face que possibles mais jamais elle n'accepterait qu'on manque de respect à ses parents devant elle de la sorte, c'était la limite à ne pas franchir peu importe ce qui arrivait. Leur relation était peut-être compliquée mais jamais elle ne pourrait supporter qu'on essaie de leur faire du mal ou qu'on abuse d'eux. Angelina traversa l'immense salon comme une flèche et l'empoigna fermement par les cheveux, l'obligeant à la regarder droit dans les yeux. "C'est la dernière fois que tu sous-entends que mes parents sont assez idiots pour croire à tes mythos." vociféra Angelina à deux centimètres de son visage. Ses yeux étaient aussi orageux que le ciel au dessus de Brisbane. Le visage d'Angie était si proche du visage de Nina qu'elle pouvait distinguer les pores de sa peau et l'odeur de son parfum. "Je t'entends encore une seule fois dire ouvertement que tu prends mes parents pour des cons et je te jette par dessus la falaise, tu me reçois ?" Angelina relâcha violemment ses cheveux, lui faisant perdre légèrement son équilibre. La jeune australienne ramassa son sac posé sur le canapé et prit son fils dans ses bras avant de prendre la direction de la sortie. "Tiens. Maintenant t'as une bonne raison de croire tout le monde quand ils disent que je suis une tarée psychopathe. Bon séjour chez les Gilmore Miss 2 grammes."

Nina était outrée. Elle se dit qu’elle aurait dû se tenir sur ses gardes, s’attendre à ce qu’Angelina fouine et laisse ses oreilles traîner pour tenter de lui faire un mauvais coup. C’était un manque de clairvoyance de sa part, clairement, parce que se connaissant, elle aurait fait exactement la même chose et maintenant, elle voyait clairement qu’Angelina et elles avaient sûrement plus de points communs qu’elle ne voulait le croire. Mais elle allait sortir sa dernière carte parce que c’est plus fort qu’elle, elle veut mettre le feu aux poudres, voir le sourire minable de la fille Gilmore disparaître de son visage parfait. Elle ne peut plus faire que ça pour répondre à son besoin viscéral de l’écraser sur son propre territoire et de lui voler sa couronne. Ses paroles sont cinglantes. Nina se sent tellement puissante là, elle veut prendre le pas sur Angelina mais ça marche bien, trop bien. Elle n’a pas le temps de s’écarter de la trajectoire de la jeune femme qui fonce droit sur elle. Elle pousse un cri de douleur alors qu’elle se fait empoigner les cheveux par la harpie. Elle se débat mais plus elle s’agite, plus la douleur sur son crâne s’intensifie, elle tente même de lui mordre l’autre bras mais elle est plus rapide. Elle n’a plus d’autre choix que de soutenir son regard. C’est le choc des titans. Elle se souviendra toujours de ce moment, de la couleur de ses pupilles qui lançaient des éclairs, de toute la rage qu’elle pouvait lire dans ses yeux. Nina eut un petit rictus moqueur, toute fois, déformé par la douleur d’avoir toujours sa tête bloquée par Angelina. Elle se retint de lui cracher au visage, elle avait déjà obtenu l’effet escompté et savait maintenant où résidait le point sensible d’Angelina. Elle l’écouta attentivement, toujours les yeux plongés dans les siens, avec son sourire insupportable et le cœur battant d’adrénaline. Elle respirait fort, essoufflée par toute la tension entre elles, elle ne ratait aucun mot prononcé par son adversaire et préparait déjà sa réponse. Elle ne s’attendait pas à ce qu’Angelina le relâche aussi violemment. Elle se cogna le genou au canapé, au passage, propulsée par sa force. Il lui fallut un moment avant de reprendre ses esprits pendant que l’autre furie s’éloignait déjà, elle comprit qu’elle s’en allait comme ça, après l’avoir menacé, ne lui laissant même pas le temps de répliquer. Son attitude énerva de nouveau Nina. Elle se remit à hurler. « MAIS TU TE PRENDS POUR QUI ? TU CROIS QUE TU PEUX T'EN PRENDRE A MOI COMME CA ? EN ME MENAÇANT EN PLUS ? » Pas de réponse, Angelina l'ignorait royalement alors qu'elle se dirigeait vers la porte d'entrée. Elle la rattrapa en quelques pas, la brune avait déjà ouvert la porte et descendait les escaliers et Nina resta dans l’embrasure, dans l’impossibilité d’aller plus loin car elle était encore en chaussons. « TU TE CROIS MALINE MAIS T’AURAS PAS FINI D’ENTENDRE PARLER DE MOI !!! » lui hurla-t-elle pendant que la jeune femme regagnait sa voiture. Elle avait été désagréablement enchantée de rencontrer cette ‘tarée psychopathe’, Angelina Gilmore était digne de sa réputation mais Nina était prête à relever le défi. Elle n’obtint pas de réponse mais à la place, la brune leva haut son bras et lui brandit son majeur. Nina ne s’attarda pas et referma la porte.
Elle se demandait encore ce qu’Angelina allait dire à ses parents.
En retournant dans le salon, elle remit ses cheveux en ordre.
Elle sentait encore une petite pointe de douleur aux racines de ses cheveux, la relancer.
Elle grimaça.
Quelle pétasse.
Cette rencontre avait été tellement éprouvante qu’elle aurait sûrement besoin de fumer au moins deux grammes de weed pour se détendre.