Cela faisait maintenant un peu plus d'un mois que Nino devait porter un bandage autour de ses côtes, suite à son agression dans la rue. Un peu plus d'un mois qu'il ne cessait de souffrir chaque jour. C'était compliqué pour lui de pouvoir chaque jour réaliser les petits actes du quotidien qui nous paraissent simple mais qui deviennent un calvaire lorsque la souffrance prend le dessus. Prendre une douche, s'habiller, se laver les dents, attraper des choses en hauteurs, c'est pas encore gagné pour lui mais il se force et il se rend bien compte qu'au bout d'un moment c'est plus possible comme ça. Il s'est donc forcé à envoyer un message à Duncan pour qu'il puisse le recevoir à l'hopital. Il était prêt à faire cet effort mais il avait demandé au médecin de faire en sorte qu'il n'ai aucun papier à remplir. En gros, être comme un patient clandestin. Il se foutait pas mal de savoir si ca pouvait mettre Duncan dans la merde en fait. C'était à lui de prendre ses responsabilité à partir du moment où il avait accepté. Il avait quand même de la chance d'être tombé sur un personne comme lui. C'était sans doute toutes ses expériences dans l'humanitaire qui faisait qu'il avait si bon coeur. Nino s'était à plusieurs reprises surpris de la gentillesse et de la générosité de Duncan.

Le voilà planté devant l'hopital, exactement au même endroit où ils s'étaient rencontré la première fois. Ca commence à remonter à présent. Plusieurs mois s'étaient écoulé depuis l'arrivée de Nino à Brisbane et il s'était étonné de voir que le temps passait si vite ici. Il commençait à se faire sa place dans cette ville mais il se rendait bien compte qu'il lui manquait un véritable appartement où il pourrait se sentir vraiment chez lui. Bien que squatter chez des personnes ici et là ne le dérangeait absolument pas. Mais à force, devoir rendre des comptes ou devoir se justifier régulièrement sur le pourquoi de ses absences ou simplement dire s'il serait présent ou non, c'était pesant, et il n'allait pas tarder à envoyer bouler quelqu'un à force. Bref, Nino était assis sur ce banc où il avait passé une partie de la nuit dans ses premiers jours en Australie, ce même banc où Duncan l'avait trouvé, pensant qu'il était presque mort.

Histoire de le prévenir qu'il était là, et qu'il l'attendait déjà depuis plusieurs dizaines de minutes, il lui envoya un sms. "J'suis devant, tu fou quoi? " Il avait peut être tendance à oublié que Duncan travaillait et qu'il n'était pas vraiment à sa merci. Surtout qu'il allait lui rendre un bon gros service.

Nino attendait avec impatience que Duncan se pointe. Il faisait les cent pas près de son banc et grimaçait souvent à cause de la douleur. Il avait mal mais c'était quand même plus supportable qu'il y a encore quelques jours. Il savait que ca allait mieux mais ce n'était pas totalement remis et il savait aussi que ca ne le serait jamais completement s'il ne faisait pas en sorte d'avoir les soins adaptés. La seule solution c'était de se pointer à l’hôpital. Cette idée ne l'emballait absolument pas mais il semblait avoir une confiance aveugle envers Duncan, même s'il ne le connaissait pas. Il s'était bien rendu compte qu'il avait déjà fait beaucoup pour lui. Un jour, peut être que Nino pourrait lui rendre la pareille mais pour le moment, il était encore de l'autre côté de la barrière, celle qui l'empêchait d'être quelqu'un de totalement autonome. Celle qui l'empêchait d'être à son tour quelqu'un sur qui on pouvait compter. Comme s'il était destiné à être un assisté toute sa vie. Il n'en avait pas envie, lui aussi voulait être quelqu'un de bien, mais cela semblait être trop demandé. Et parfois, cette pensée était bien enfuie en lui, ne laissant que son coté obscure venir en surface. Parfois, il était tout sauf quelqu'un de bien mais c'était comme plus fort que lui, comme si quelqu'un s'emparait de lui, comme s'il n'était qu'une marionnette. Surement facile à dire pour se décharger de toute responsabilités mais il avait aussi l'impression de n'être bon qu'à être un vaut rien. C'est souvent ce qu'on lui avait répété aussi. Qu'il ne serait jamais capable de rien, qu'il serait un minable toute sa vie, il avait appliqué à la lettre ce qu'on attendait de lui. Pour ça, oui, il était bon.

Duncan sort après avoir poussé les portes et le voilà devant Nino. Celui ci écouta à moitié son excuse. Ouais, c'est bon. On y va? demanda-t-il pressé d'en finir. Il n'aimait pas les hôpitaux, il aimait encore moins les hôpitaux quand son état de santé était le résultat de sa médiocrité. Cette médiocrité qui l'avait amené sur un trottoir à vendre de la drogue. Nino pensait pouvoir se promener dans les locaux ni vu ni connu mais c'était sans compter devoir enfiler une blouse blanche. Lorsque Duncan lui mis dans les bras, il le regarda d'un air hautain. C'est une blague? Le regard de Duncan répondait à lui seul à cette question. Nino compris rapidement qu'il n'avait finalement pas le choix. Il souffla et enfila la blouse. Voila doc! On peut juste se dépêcher? J'en peux plus!
En ce qui concerne le sourire, c'était l'exigence de trop. Au pire, il allait se faire passer pour l'interne prétentieux, mais ça lui était bien égal.

Ni une ni deux, Nino se fait remettre en place par Duncan. En effet, il n'avait peut être pas penser qu'il pouvait jouer sa carrière. Ou du moins, ca lui avait effleurer l'esprit mais n'avait pas estimé la gravité de la chose. C'est vrai que faire passer Nino pour un interne ne devait pas être très légal. Mais Nino ne lui avait pas mis le couteau sous la gorge non plus et cette idée, il l'avait trouvé tout seul. Il n'avait pas demander au docteur de mentir pour s'occuper de lui. Il voulait seulement avoir un accès à un équipement médical sans avoir à remplir dix milles papiers où il devrait donner son identité et rendre des comptes. Duncan lui avait trouvé ce stratagème, il ne pouvait alors que s'en prendre à lui même. Mais Nino relevait tout de même la prise de risque. J'ai pas dis ça non plus. Nino ne lui souhaitait pas de se faire virer, contrairement à ce que pensais Duncan. Mais il n'allait pas non plus le plaindre. Il pouvait quand même reconnaître que c'était vraiment sympa de sa part, voire plus que ça même... Merci. c'était aussi sa façon d'exprimer qu'il était désolé, ou presque. C'était à prendre ou à laisser.

Une fois à l’intérieur de l’hôpital, les deux jeunes hommes se font arrêter par une infirmière qui semble regarder Nino d'un sale regard. Comme si elle se demandait qui il était. Ce qui est légitime, Nino n'a jamais mis les pieds dans cet hôpital et ce n'était peut être pas la période pour accueillir de nouveaux internes. Nino les laisse alors faire en détournant le regard, préférant ne pas se faire trop remarquer mais en même temps, il sait que les comportement fuyant ont plutôt tendance à attirer l'attention. Une fois qu'ils sont repartis, l'italien interroge le médecin. Elle se doute d'un truc non? Il était un tout petit peu parano. Elle m'a regardé bizarrement... Au pire, ce n'est qu'une infirmière, elle ne peut pas faire grand chose. On va se faire griller! et clairement, il n'avait pas envie d'avoir des problèmes avec la police juste pour avoir mis une blouse qui n'était pas la sienne.

Nino était peut être paranoïaque. Il y avait peu de chance certainement que cette jeune femme connaisse tous les internes de l'Hopital. C'était si grand ici et en même temps, en observant, tout le monde semblait se connaitre. Peut être qu'il serait légitime que Nino se pose des questions. En tout cas, il n'est pas ici avec la conscience tranquille. Il avait cette impression que c'était écrit sur son front, qu'on avait inscrit en caractère majuscule " COUPABLE ". Il n'avait qu'une envie, c'était d'en finir et pourtant, il venait seulement de mettre un pied dans cet hôpital. Il ignorait pour combien de temps il en aurait, mais il ne traînerait pas lorsque tout ça sera fini. Il prendrait le temps de remercier Duncan et pourquoi pas, cette fois lui proposerait il de se revoir à l'occasion mais pour lui payer un verre. Histoire de lui montrer qu'il lui était vraiment redevable. Un verre n'était pas grand chose mais il n'avait pas beaucoup plus à lui offrir. Pediatrie? Nino demanda, curieux. Il se questionna sur le pourquoi de cette remarque. Il n'avait jamais été très à l'aise avec les enfants, d'ailleurs il n'avait jamais eu l'habitude de les côtoyer. A Scampia, on laissait rarement les enfants jouer dans la rue ou sur les terrasses des immeubles. C'était pas bon pour eux et les rares parents qui les laissaient faire jeter un œil sur eux pour que personne ne les approches. La vie dans la rue à Scampia est pas faite pour les enfants, la vie à Scampia est faite pour personne de toutes façons. Ce quartier où personne ne met les pieds, où tout le monde à abandonné ses habitants. Le royaume de la drogue, la plaque tournante de l'Italie. Le service avec les vieux serait plus crédible. C'est pour dire... Mais peut être qu'il avait cette âme de mono de colonie de vacances dont il ignorait l'existence, dont tout le monde ignorait l'existence d'ailleurs.

Nino se voit arrêter dans sa course par Duncan juste devant une porte. Sur celle ci, se trouvait un pictogramme qui signifiait qu'il y avait des rayon X dans cette salle. Nino compris que c'était ici qu'il allait passer ses examens. Okay ca marche... répond-t-il au médecin une fois qu'il lui a expliqué la marche à suivre. Duncan entre alors, suivi de Nino qui s'introduit dans une pièce, comme un petit vestiaire où Nino retira sa blouse. Il ignorait s'il devait aussi retirer son t shirt, mais dans le doute, il le garderait. Si besoin, Duncan lui ferait la remarque. La porte s'ouvre alors et le docteur montra le bout de son nez. Apparemment, il c'était tout bon. Une chance pour Nino d'être tombé sur lui quand même. Il ignore ce qu'il a pu dire au radiologue pour qu'il puisse utiliser l'appareil si facilement. En même temps, Duncan était médecin, il devait sans doute pouvoir utiliser ces grosses machines s'il en avait besoin. Pas de question... Il regarde autour de lui. Enfin! Ca fait pas mal hein? A vrai dire Nino n'avait jamais passer de radio ou de scanner de toute sa vie. Il n'était pas souvent allé à l’hôpital. Son ancien médecin était plutôt habitué à le rafistolé en cas de contusion. Une chance pour lui, il n'avait jamais été gravement blessé, et dieu sait que c'est une grande chance à Scampia. Je garde ca? dit il en tenant son t shirt entre le bout de ses doigts. et je m'installe où? Comment?

La méconnaissance de Nino à propos de ce genre de machine en disait long sur tout ce qu'il pouvait connaitre, ou non. Il n'avait pas été studieux à l'école, il ne s'était jamais vraiment intéressé au monde qui l'entourait, on ne peut pas dire que la curiosité soit sa plus belle qualité. Il n'avait jamais mis les pieds dans un hôpital si ce n'est pour se faire poser un plâtre quand il avait 8 ans. Depuis, plus rien, adepte de l'auto-médication ou du laisser passer. Une chance pour lui qu'il ne lui soit jamais rien arrivé de très grave, les raisons pour lesquelles ça aurait pu arriver n'auraient pas été très légales et les embrouilles lui seraient tombée dessus. C'est bien la raison pour laquelle il voulait venir ici sans se faire remarquer, ça on l'aura compris. " Non ça ne fait pas mal. C'est un peu impressionnant, surtout le bruit que cela peu faire mais il ne faut pas que tu bouges pour que l'image soit net." Il hoche la tête. Il avait tendance à lui faire confiance même si finalement il le connaissait peu. Mais jusqu'à maintenant, Duncan s'était montré fidèle et irréprochable avec Nino, bien au contraire, il s'était montré très généreux avec lui.Garde ton tee-shirt mais enlève tout ce qui pourrait être en métal, comme une ceinture par exemple. Nino s’exécute. Il vire aussitôt sa ceinture et sort aussi son porte feuille de sa poche et ses clés de l'autre. " J'crois que c'est tout!" dit il en tâtant son pantalon. Pas de téléphone sur lui donc pas de soucis avec ça.   Tu t'allonges ici et tu ne bouges pas. Ensuite je vais de l'autre coté. On lance le scanner et toi tu rentres dans la machine. Tu pourras parler, je t’entendrais si jamais il y a un soucis. Tu n'es pas claustrophobe ? Nino alla alors s'allonger sur l'appareil et grimaça en s'inclinant. Il ne bougeait plus du tout, il se tenait raide ensuite. Près à attendre que l'appareil se mette en route. Il ne savait pas combien de temps ça allait durer. "Ca va." Non, il n'était pas claustrophobe mais en même temps, il n'était pas sure de bien avoir compris la question. S'il l'avait été, il ne se serait surement pas installer sur cette machine. "Tu peux y aller." Il regardait autour de lui, se demandant ce qu'il allait se passer ensuite. Il n'avait plus qu'à laisser Duncan faire son travail.