Leonardo soupira une énième fois face au miroir de sa salle de bain. C’était la troisième tenue qu’il essayait, et il n’était toujours pas satisfait du résultat; quand ce n’était pas trop soigné, c’était trop informel et vice-versa. Il avait encore une dizaine de t-shirts et pantalons posés sur son lit bien fait – en partie parce qu’il n’avait pas eu la foi de tout ranger une fois sa tournée à la laverie finie, et en partie parce qu’il n’avait toujours pas décidé quoi mettre pour sortir. Mine de rien, c’était bien plus difficile de sembler nonchalant que soigneusement préparé. Il jeta son dernier t-shirt d’essayé sur le dossier de sa chaise, qui commençait à déborder, avant d’enfiler une chemise bleue à manches courtes pour le remplacer. Il se fixa sur celle-ci – après tout, s’il la reposait elle aussi, il n’allait pas en avoir fini avant la fin de la journée. Or, le studio de photographie allait sûrement fermer en fin d’après-midi, donc il avait intérêt à se dépêcher de trouver quelque chose qui aille bien avec. Le printemps de Brisbane n’était pas des pire, mais Leonardo n’était tout simplement pas fait pour ce genre de chaleur, donc il se promenait en shorts et claquettes déjà à la fin de l’hiver. Sa seule limite, c’était les sandales, avec ou sans chaussettes; aucune température ne justifiait de tels choix pour le jeune Britannique. Il en avait une paire cachée sous son lit, mais il ne l’avait pas utilisée depuis tellement d’années qu’il en oubliait constamment l’existence. M’enfin, s’il comptait taper à nouveau dans l’œil d’un certain Colombien, ce n’était clairement pas le bon choix. Il prit alors un short en jeans, ainsi qu’une paire de chaussures en toile toutes simples. Il se regarda une dernière fois dans son miroir, histoire d’être sûr de pouvoir sortir. Il sourit de toutes ses dents pour vérifier qu’il n’y avait pas de feuille de salade coincée dans son sourire, et il prit un chewing-gum avec lui pour éviter la mauvaise haleine. Enfin prêt, il se recoiffa en vitesse avant de prendre le sac à dos qu’il avait posé à côté d’un lit encore rempli d’affaires à ranger. Une fois sorti de son petit studio, il s’engouffra dans l’ascenseur et appuya sur le gros zéro, espérant que la machine daigne marcher. Il soupira de soulagement quand il vit les portes se refermer devant lui – peut-être que c’était son jour de chance, après tout.

Le studio de photographie était toujours le même, n’ayant pas vraiment changé dans les quelques jours qui s’étaient écoulés depuis sa première venue. Encore une fois, il ne put s’empêcher d’admirer l’endroit. Si l’art était quelque chose qu’il admirait sans réussir à en pratiquer, la photographie lui échappait toujours. Contrairement à la poésie ou à l’écriture, qu’il arrivait à comprendre… la photographie lui semblait toujours tellement abstraite et difficile à comprendre. En quelques sortes, le studio lui renvoyait ce côté-là de l’art, sans qu’il sache vraiment pourquoi ou comment. En revanche, il n’était pas exactement revenu pour l’amour de la photographie. La première fois, il était venu pour son travail; le directeur de son cabinet voulait imprimer de nouvelles brochures, et il lui avait envoyé l’adresse d’Action Studio, comme il l’avait fait à tous ses collègues. Du coup, en bon employé modèle, il s’y était rendu le lendemain. Il ne s’attendait pas à tomber sur un si charmant photographe; étonnamment, il avait même réussi à le faire sentir à l’aise alors qu’il le prenait en photo, chose qui était loin d’être évidente pour lui. Sans qu’il ne comprenne vraiment le pourquoi du comment, il s’était retrouvé avec ledit photographe autour d’un verre le soir même. Quant au reste de la soirée, il en gardait un souvenir assez flou et confus, mais il savait très bien qu’ils ne l’avaient pas terminée dans ce même bar, loin de là. Ils avaient ensuite chacun repris leur petite vie dans leur coin, mais Leonardo n’avait pas arrêté de penser au jeune colombien depuis. Et en parlant du diable… « Oh. Hey! » Il ne put s’empêcher de se sentir rassuré – s’il était bien sûr qu’il travaillait dans ce studio-là, il ne connaissait pas ses horaires. « Je… Hm, je suis venu pour retirer mes photos. » Or, s’il avait vraiment besoin de retirer ses photos, si Andy n’avait pas été là il se serait préparé pour rien. Mais maintenant qu’il était devant lui, il ne savait plus trop où se mettre ou comment l’aborder, même s’il s’était entraîné devant son miroir. « Ça va toujours? Depuis la dernière fois? » Parfois, il y avait des moments où Leonardo avait envie de se baffer. Ce moment-là en était un exemple parfait.

Une journée de boulot tranquille. T’es tout seul au Studio aujourd’hui. Ta collègue a pris congé et le chef est en déplacement. T’aimes bien quand t’es le seul maître à bord, tu fais ce que tu veux. Tu fais ton boulot, bien évidemment, mais tu peux mettre la musique de fond que tu veux et ça c’est très important. Tu peux même te laisser aller à quelques dance moves entre deux clients quand il n’y a plus personne dans les environs et c’est plutôt très agréable. Des journées comme ça t’en veux plus. Surtout que tu t’es fait une jolie petite playlist. Pratiquement que des chansons de Sia. Tu es particulièrement fan de cette chanteuse et de son timbre de voix. En ce moment tu écoutes beaucoup la dernière sortie en date « Dusk Till Dawn » en duo avec Zayn Malik. Lui aussi tu l’aimes beaucoup. Surtout sa belle gueule. Non mais c’est vrai qu’il chante bien ce petit. T’as pas mal streamé ses chansons à lui aussi. D’ailleurs, tu vas rajouter ses chansons dans la playlist, que tu renommes « Sia & Zayn ». De la bonne musique quoi. Tu retournes sur photoshop ensuite pour terminer quelques retouches photos. C’est des commandes pour le lendemain. T’es dans les temps. Ou presque. Tu vas essayer de terminer ça ce soir avant de partir et ne pas finir à l’arrache le lendemain matin. Oui, ce serait plus raisonnable.

Il fait bon dans le studio photo, t’es en polo manches courtes avec un jeans bleu foncé et t’es venu en basket. Ouais. T’as un faible pour les baskets, si tu pouvais en porter tout le temps tu le ferais. Mais non, c’est pas toujours assorti avec tes fringues alors tu changes. Mais dès que t’as l’occasion de mettre des baskets tu les mets. T’as trop de paires chez toi. Et pas des paires pour faire du sport non. Des pairs pour faire joli. Voilà où ton argent partait. Tu fais des économies en vivant en colocation, mais à côté de ça tu te fais plaisir sur les fringues. Faut ce qu’il faut.

Le bruit de la porte te fait sortir de ta concentration et tu regardes de qui il s’agit. Oh oh. Tu le connais lui. Vous avez passé une soirée très agréable tous les deux il y a quelques jours de ça. Il était venu pour des brochures et après avoir pris sa commande, tu t’es pas gêné pour l’inviter à boire un verre. Il a accepté. Il a fini dans ton lit sans beaucoup d’efforts. Ton charme naturel a tout fait. Comme souvent.

« Hey ! »

Il vient pour retirer ses photos. Tu prends le temps de le mater un peu, parce qu’il est franchement très agréable à regarder. Tu te lèves de ton siège et tu vas du côté des commandes. Tu regardes parmi les différents paquets. Il te demande comment ça va depuis la dernière fois et tu fais un sourire en coin. La dernière fois. Tu t’en souviens très bien. Tu tournes un peu la tête vers lui.

« Ca va ouais. Et toi ? »

T’as la tête dans les paquets, tu réfléchis pas trop à ce que tu dis. T’es resté sobre pour pas laisser un silence.

« C’est à quel nom déjà la commande ? »

Parce que non, tu ne te souviens pas de son nom. T’as pas vraiment honte, ça arrive. T’as tellement de partenaires d’un soir que tu cherches plus à te souvenirs de leurs noms. Il te dit le nom et tu lui sors le paquet. Tu retournes derrière le comptoir et tu lui annonces la somme à régler.

« Mais si tu veux payer une partie en nature… »

Tu souris en coin, ton visage plein de sous entendu et tu le mates grave. Y’a personne au Studio, tu fais ce que tu veux. Tu profites.

« Je plaisante. Le boss serait pas d’accord. »

Mais tu n’es pas contre un truc vite fait dans l’autre pièce, plus discrète. T’as l’impression que tes envies se lisent dans ton regard.

« Ca reste tentant cela dit… »

T’es vraiment incorrigible. C’est plus fort que toi.

Les choses ne semblaient pas se passer trop mal pour Leo’. Le photographe était toujours aussi agréable, et il ne semblait pas dégoûté en sa présence – du moins, pas de façon ostentatoire; c’était peut-être bien le minimum, mais c’était déjà un bon début, après tout. Le contraire lui était déjà arrivé, et s’il pouvait éviter de vivre ça à nouveau, ça l’aurait très bien arrangé. « Ça va aussi ! » Ensuite, il lui demanda à quel nom était la commande. Et là… Uh-oh. Leonardo sentait ses joues rougir d’embarras. Il ne s’était pas vraiment attendu à la question, même si ce n’était pas la première fois qu’on oubliait qui il était après un coup d’un soir – il y avait bien une raison si on appelait ça comme ça, après tout. Il essayait de se rassurer en se disant qu’il extrapolait sûrement tout; après tout, il avait bien besoin de son nom complet pour qu’il puisse retirer sa commande. Il toussa légèrement avant de prendre la parole, espérant qu’il n’ait rien vu de sa gêne. « Hm, Grimes. Grimes Leonardo. » Pour sa défense, il aurait sûrement dû faire pareil à sa place, ne connaissant pas son nom de famille. Mais oui, Leo’. Arrête de paniquer pour rien. Le paquet est déjà prêt et le jeune brun s’apprêtait à sortir son porte-monnaie, mais il fut arrêté net dans son élan par Andy, qui fit une blague sur un éventuel payement en nature. N’étant pas sûr d’avoir bien entendu ou compris ce qu’il venait de dire, il avait tout simplement écrabouillé ses yeux sans rien réponde. Génial, ducon. T’as l’air d’un merlan frit comme ça. Visiblement, il avait bien entendu, puisqu’il rebondit sur la même blague. Alors, il se mit à rire, presque mis à l’aise par cette blague… du moins, ce qu’il croyait en être une. Il s’était penché légèrement sur le comptoir, où il avait posé ses avant-bras, et il prit une voix faussement séduisante pour essayer de répondre au tac-au-tac. « Je suis presque sûr que c’est censé être illégal. Ou du moins interdit. Ou les deux. » Après tout, s’il s’hasardait à faire une telle chose dans le cabinet où il travaillait, il était presque sûr de se retrouver avec un procès collé aux fesses, chose qu’il préférait éviter. Mais en tant que professionnel du médical, il avait sûrement une emprise différente sur ses patients que celle d’un photographe sur ses clients. Surtout au vu de celui qui se tenait sous ses yeux. « Et quitte à vendre mon corps, autant que ce soit pour autre chose que des simples photos. » Il posa un billet au-dessus du paquet; blague ou non, il n’était pas aussi financièrement désespéré que ça. Il rangea son porte-monnaie dans la poche arrière de son jean, sans trop y réfléchir. S’il était un poil plus détendu qu’en arrivant dans le studio, il craignait toujours de se ridiculiser aux yeux d’Andy, c’est-à-dire tout ce qu’il voulait éviter. Mais il devait avouer que c’était bien trop facile de tomber sous son charme. « Mais effectivement, c’est plus que tentant. » C’était du classique Leonardo, ça; incapable de flirter sans penser qu’il s’agisse d’une blague (ou avant quelques verres). S’il avait été 100% sérieux dès le départ, il se serait mis à balbutier ou à dire n’importe quoi, ce qui aurait fait plomber tout tentative de séduction. Si là il rentrait dans le jeu du beau brun, c’était de manière totalement involontaire – non pas que l’idée de s’amuser avec l’ait dégoûté, mais plutôt parce qu’il ne s’imaginait pas qu’il pouvait être sérieux. Et quant il le fixa dans ses magnifiques yeux bruns,... il comprit qu’Andy ne rigolait pas vraiment, et il sentit son visage perdre ses couleurs. Qu’est-ce que t’es con, mec.

Il a l’air décontenancé au début parce qu’il ne dit rien, mais il rentre dans ton jeu finalement et ça te fait plaisir. T’aimes bien ça jouer. Avec un beau gosse pareil encore plus. Un vrai plaisir. Tu pensais que ta fin de journée allait être tranquille en étant tout seul au Studio, voilà qu’il vient de level up avec l’arrivé d’un ex amant d’un soir. Toujours un vrai plaisir pour les yeux. Tes idées se font rapidement en dessous de la ceinture parce que ça fait quelques jours que tu n’as rien fait. Depuis lui d’ailleurs maintenant que t’y penses. Oui ça fait trop longtemps à ton goût. Savoir que t’es tout seul au Studio n’aide pas tes ardeurs. Vous pourriez tirer un coup si facilement dans l’arrière salle… T’as toujours des préservatifs sur toi. C’est une règle d’or. Toujours en porter et toujours en avoir à porter de main. On sait jamais ce que la vie nous réserve. La preuve encore aujourd’hui. Bien que techniquement tu savais qu’il allait revenir pour récupérer sa commande, mais tu l’avais un petit peu oublié pour dire la vérité. En tout cas Leonardo entre dans ton jeu et tu le mates avec un grand sourire en coin. Il surenchérit parlant de vendre son corps pour mieux que juste des photos. Au moins il est pas fermé à l’idée, ça te plaît.

« Je suis sûr que je pourrais trouver quelque chose qui en vale le coup… »

Oui tu insistes et visiblement ça marche parce qu’il est d’accord avec toi. C’est tentant. La transaction étant terminé, il n’a plus rien à faire dans ton Studio, mais t’as pas envie de le voir filer déjà. Ton cerveau marche rapidement et tu sors la première chose qui te vient à l’esprit.

« T’as du temps devant toi ? Je t’offre un café ? »

Tu es bien content d’avoir cette machine dans les lieux quand ça t’arranges. Tu ne bois pas beaucoup de café mais c’est facile pour retenir les gens. Un café gratuit c’est toujours appréciable. En plus le café est de qualité apparemment. Tu sais pas trop, t’en bois pas. Ou très rarement. En cas d’urgences après une nuit blanche. Tu indiques derrière toi avec ton pouce.

« Ca se passe derrière… »

Et tu souris en coin parce que du coup ça ouvre plein de possibilité d’être à l’abris des regards. T’es déjà en train de reculer vers la porte qui donne sur l’arrière salle et tu fais signes à Leonardo de te suivre sans attendre véritablement de réponse de sa part. Il ne peut pas refuser right ? T’espères pas en tout cas. Une fois dans l’arrière boutique, tu comptes pas faire de café oh non. T’es même prêt à lui sauter dessus. Ok en douceur. Quand il passe la porte tu t’approches de lui, bien trop proche pour que ce soit normal. Vos torses se touchent.

« Un café ou… Autre chose… »

Tu murmures ça alors que tu vas frôler ses lèvres des tiennes. Ta main se posant sur son bras pour créer un contact supplémentaire.

Andy ne semblait pas avoir remarqué son changement de couleurs – ou peut-être que ça ne le dérangeait pas, ce qui était fort possible aussi. Dans tous les cas, une fois l’argent encaissé, il se leva et lui fit signe de le suivre dans l’arrière-boutique. Si Leonardo était peut-être naïf, il se doutait bien qu’il y avait (probablement) autre chose que le café qui l’y attendait. Un peu hésitant, il se leva du comptoir pour le suivre; s’il était en partie venu pour ça (même s’il ne s’attendait pas à ce qu’il soit aussi direct, à vrai dire), il se demandait si c’était vraiment une bonne idée de faire ça, là. Toujours était-il qu’il avait fini par se retrouver tête à tête avec lui dans ladite pièce, et en un rien de temps ils étaient pratiquement collés l’un à l’autre, quelques simples centimètres séparant leurs visages. Le simple contact de sa main contre son bras suffisait pour lui envoyer des frissons le long de son dos. En voulant encore plus, il n’eut qu’à s’avancer d’un simple pas pour l’embrasser tellement ils étaient proches. Profitant de leur proximité, il glissa ses mains sous le polo qu’il portait (pour l’instant, du moins) pour l’attirer encore plus contre lui, et il fut étonné de sentir à quel point la peau du colombien était chaude contre la sienne pendant qu’il la caressait. Sa voix n’était qu’un murmure quand il prit la parole, mais les deux hommes étaient tellement proches l’un de l’autre qu’Andy n’allait pas avoir de mal à l’entendre et le comprendre. « T’es sûr que personne va arriver ? » Si la crainte de se faire découvrir pouvait renforcer la passion et le plaisir, il était quand-même assez réticent à l’idée qu’on le surprenne en plein acte; étant déjà passé par là une fois, ça lui suffisait largement. En revanche, ce n’était pas assez pour l’arrêter maintenant qu’ils étaient lancés. S’il avait toujours peur d’être empoté ou se ridiculiser, il sentait la boule de son ventre se calmer peu à peu, progressivement remplacée par la vague chaleur du désir. Il embrassa à nouveau le Colombien, indulgeant cette fois-ci dans la saveur de ses lèvres. Putain, qu’est-ce que c’était bon. « J’avais oublié à quel point t’embrassais bien, je dois l’avouer. » Effectivement, il ne gardait qu’un très vague souvenir de leur première soirée, essentiellement à cause de la cuite qu’il s’était pris ce soir-là. Mais cette fois-là, il comptait bien en garder le souvenir. Il tirait doucement sur les pans de son polo, déshabillant de plus en plus son torse, l’invitant à l’ôter complètement. Il voulait juste sentir sa chaleur contre son corps, peau nue contre peau nue. Le désir prenait peu à peu le contrôle du jeune Grimes, qui oubliait peu à peu la crainte que ses insécurités pouvaient entraîner. Il fallait avouer qu’Andy savait mettre les gens à l’aise; ça, c’était le moins que Leonardo puisse dire à son sujet, pour le coup.

Il ne te repousse pas et il se colle même davantage à ton corps. Parfait. Il passe ses mains sous ton polo. Encore mieux. Tu le laisses faire, tu continues de l’embrasser. Tu veux faire ça bien, même si t’es un peu pressé. Tu ne veux pas louper un client potentiel. La journée a été assez calme, tu crains donc que le monde arrive sous peu. C’est toujours comme ça. Leonardo a l’air chaud pour aller plus loin mais il demande quand même confirmation sur l’éventuel venue d’une tierce personne.

« Dans cette pièce c’est sûr qu’il n’y aura personne… »

Tu réponds qu’à moitié à sa question. Oui, des gens peuvent venir au Studio. C’est logique, c’est ouvert au public. T’aurais pu fermer l’endroit pendant un quart d’heure, c’est vrai, mais t’y as pas pensé avant de commencer à t’amuser avec lui dans l’arrière boutique. Il pourrait être encore temps mais t’as pas envie de faire fuir d’éventuels clients. La boutique n’est pas sensé être fermé à cette heure ci. De toute façon vous êtes tranquille là où vous êtes. Personne ne vous dérangera, c’est sûr.

« T’inquiètes pas… On va faire vite. »

Tu retournes l’embrasser et tu passes à ton tour tes mains sur son torse, mais tu ne lui enlèves pas son haut. Pas assez de temps pour virer tous vos vêtements. Pas qu’il fasse froid. Non il fait plutôt bon dans le studio et c’est tant mieux. Mais il vaut mieux éviter de perdre du temps à se déshabiller complètement. Ce n’est pas important le nombre de fringues qu’on a sur soit. Ce qui compte c’est d’avoir accès aux endroits stratégiques. Et ça tu vas faire en sorte que ce soit le cas. Leo te complimente sur ta façon d’embrasser et tu lui réponds par un sourire en coin. Ouais tu te la pètes un petit peu. Tu sais que t’es doué. Tu sais que t’es beau gosse. Il t’enlève ton haut, tu le laisses faire. Toi tu vas déjà t’en prendre à son pantalon. Passons aux choses sérieuses. Tu glisses une main dans son jeans qui est à présent ouvert et tu commences à le caresser. Tu continues de l’embrasser en même temps, parce que ouais t’aime bien ça embrasser. Tu t’en prends à son cou et à sa mâchoire de temps à autre. Puis tu descends tes baisers sur son torse, tu te retrouves un genou à terre et tu vas continuer à lui faire plaisir avec tes lèvres. Tu restes pas cent ans sur son membres. Le temps presse et t’as envie d’aller plus loin encore. T’es déjà raide dans ton boxer, tu te redresses, à présent debout, tu ouvres ton jeans et tu baisses ton sous vêtement. Tu sors un préservatif de ta poche. Toujours prêt. Tu l’enfiles et tu le fais doucement se tourner pour avoir accès à ses fesses. T’es versatile mais tu préfères être top et là tu ne lui laisses pas trop le choix. T’as pas de lubrifiant alors tu fais ça au mieux, le préparant à ce qui va suivre. Tu colles ton torse à son dos et tu suçotes le lobe de son oreille alors que tes doigts entre en lui.

Assez rapidement, Andy prit la situation en charge. Au lit (ou dans ce cas, dans une arrière-boutique), Leonardo n’était pas vraiment surprenant ; il avait plutôt tendence à suivre le rythme et les envies de son partenaire, donc ça l’arrangeait bien que le photographe soit aussi entreprenant que ça. S’ils avaient attendu que le jeune Grimes se mette à guider l’action aussi efficacement qu’il le faisait, ils auraient probablement eu le temps de s’endormir. Ce n’était pas par manque d’envie ou de passion qu’il était aussi passif, c’était juste sa façon à lui d’être et de se comporter, même quand on rentrait dans la sphère intime. Avec certains ça ne marchait juste pas, mais le beau Colombien ne semblait pas vraiment être dérangé par ce détail. Au contraire, il parcourait aisement son corps, comme s’il savait exactement où il fallait le toucher pour le faire gémir – ce qui était sûrement le cas, puisqu’ils avaient bien déjà passé une soirée ensemble. Pour le coup, au vu du plaisir qu’il tirait de leur rencontre ce jour-là, il regrettait de ne pas avoir gardé de gros souvenirs de la première. Andy était visiblement pressé, et ils arrivèrent très rapidement au noyau de l’action. Et pour le coup, il espérait qu’Andy ait vraiment raison quand il disait que personne n’allait rentrer dans le studio pendant leur acte. Si un client était rentré pile au mauvais moment, il n’aurait sérieusement pas su où se cacher tellement il aurait été gêné. Heureusement pour lui, il semblait avoir choisi le meilleur moment pour venir, puisque personne ne vint les interrompre.

Si l’acte n’avait pas duré tant que ça, la faute ne retombait pas sur l’un des deux hommes – après tout, contrairement à Leo’, Andy avait un boulot auquel retourner. De toute façon, ce qui comptait n’était pas la durée mais bien la qualité – et il n’avait rien à lui reprocher sur ce plan-là, pour le coup. En revanche, avec la retombée de la passion et le désir qui l’avaient pourtant bien animé avant, Leonardo retrouvait son côté plutôt empoté ; il ne savait pas vraiment comment enchaîner ensuite. Andy n’était pas son premier coup d’un soir (ou de l’après-midi), mais il avait toujours redouté le moment où l’un des deux devait partir, tout simplement parce que c’était beaucoup trop gênant à vivre pour lui. D’un autre côté, quel genre de situation ne lui posait pas souci, franchement ? « Hmm… t’aurais pas quelque chose pour s’essuyer ? » S’il n’allait sûrement pas pouvoir se doucher avant d’être rentré chez lui, il aurait quand-même apprécié de pouvoir s’essuyer très vite fait, histoire de. Andy avait l’air beaucoup plus à l’aise que lui, comme si c’était pas la première fois que ça lui arrivait comme situation. Malgré la vie palpitante qu’il menait, Leonardo n’avait jamais testé l’arrière-boutique – mais eh, il y a bien une première fois pour tout. « Même un p’tit torchon, je suis pas très difficile. » Il essayait de le faire au moins sourire, peut-être dans l’espoir de se rassurer lui-même. Bien malheureusement pour lui, l’humour n’avait jamais, mais alors jamais été son fort.

Tu es allé droit au but et t’as pris ton pied. C’était bref mais intense. Une partie de toi tendait toujours un peu l’oreille vers l’autre côté du mur, au cas où un client arriverait mais vous avez eu de la chance, personne n’est venu. Tu enlèves ton préservatif et tu vas jusqu’aux toilettes, la porte à côté et tu le jettes dans la poubelle. Tu te rhabilles, pas le temps pour un second round. Tu pourrais, mais tu vas pas te risquer. Une fois c’est déjà bien. Leo te demande quelque chose pour s’essuyer et tu ouvres la porte des toilettes un peu plus grand. Il y a un lavabo et du papier. Tout ce qu’il faut. Toi tu t’en es pas mis partout, mais tu prendras une douche quand tu seras chez toi. Tu le mates aller jusqu’aux toilettes et tu penches un peu la tête pour profiter de la vue. Tu te doutes que tu ne verras certainement plus jamais ce mec, mais t’as kiffé le croiser plusieurs fois. Tu te souviendras de son côté timide. Ca t’a bien excité d’ailleurs.

Alors qu’il se nettoie tu jettes un coup d’oeil dans la pièce principal et t’es content de voir qu’elle est déserte. Officiellement ce fut une après midi très productive au travail. Officieusement c’est une autre histoire. Quand Leo a terminé son business tu t’approches de lui et tu vas prendre son menton entre tes doigts avant de prendre ses lèvres. Ta main libre va s’agripper à sa fesse droite. Oui tu profites jusqu’au bout. Tu te détaches de ses lèvres et tu le regardes, un large sourire sur ton visage.

« Repasse quand tu veux. »

Tu lui réserves le même traitement à chacune de ses futures visites. T’es comme ça toi. Tu fidélises la clientèle comme tu peux. Ok c’est pas tout le monde. Mais les cuties comme Leonardo sont les bienvenues à n’importe quelle période de l’année. Tu lui fais un clin d’oeil et tu retournes derrière ton comptoir, dans la pièce principal du Studio photo. Prêt à reprendre le boulot. Comme si de rien n'était.

Andy lui indiqua où se trouvait la salle de bain de l’arrière-boutique – dont Leonardo n’avait même pas suspecté l’existence, ce studio était décidement plein de surprises – et il s’y rendit sans trop de cérémonies. Voyant que le photographe ne se gênait pas pour le mater un peu plus tant qu’il le pouvait, il lui tira la langue en guise de taquinerie avant de refermer la porte derrière lui. Soupirant légèrement, il s’approcha du lavabo pour se rafraîchir le visage, avant de voir son reflet dans le miroir devant lui. Hormis la rougeur inhabituelle de ses joues, rien n’aurait pu fait suspecter à qui que ce soit des activités auxquelles les deux hommes venaient de s’adorner. S’il ne s’était pas rendu au studio pour cette simple raison, Andy n’avait pas eu à batailler bien longtemps pour le faire tomber – une deuxième fois – à ses pieds. Peut-être que c’était dû à sa solitude, au charme du colombien ou tout simplement par leurs desirs respectifs, mais il n’avait pas réussi à resister à la tentation. En soi, ce n’était pas bien dramatique, loin de là. Après tout, ils étaient tous les deux adultes, consentants et vaccinés – ou du moins, Leonardo était à jour dans ses vaccins.

En sortant de l’arrière-boutique, il vit qu’il n’y avait personne dans le studio. Ce n’était franchement pas mal – après tout, ça aurait été gênant d’expliquer d’où il sortait à un autre client ou, pire, le boss d’Andy ; il était presque sûr que dire la vérité n’aurait pas été une très bonne idée dans ce dernier cas. Il récupéra les photos qu’il avait laissé sur le comptoir derrière lequel le photographe était retourné, puisque c’était bien pour ça qu’il était venu – du moins, dans la théorie. Ne sachant pas vraiment comment lui répondre sans paraître bizarre, il se contenta d’un sourire complice et d’un simple geste de la main avant de sortir du studio d’un air faussement nonchalant.