Ils étaient tous mort. Arthur n’avait rien pu faire. Tout était arrivé si vite, sans préambule, dans une violence si cruelle et si rare de la part de ceux qui auraient dû être des leurs. Ils leurs avaient ouvert leur porte sans trop de méfiance, son père ayant toujours eut une âme charitable, cherchant à sauver l’humain de l’apocalypse qui était venu ravager leur quotidien. Une soirée basée sous l’échange et l’espoir, avant que la nuit ne tombe, que le complot se forme et que le massacre ne débute au petit matin. Arthur n’avait rien pu faire si ce n’est obéir aux ordres de son père et fuir. Il avait attrapé son sac à dos, toujours prêt pour un départ précipité et avait emprunté la trappe dans la cave. Il n’avait pas eu le temps de grimper l’étage pour entraîner sa mère et sa petite sœur. Il n’avait eu le temps de rien, si ce n’est voir l’être humain sous son plus horrible visage. Eux qui s’étaient enclavé dans un petit morceau de village pour échapper aux rôdeurs, s’était laisser embobiner par des humains. En une heure, le village fut pillé, les habitants exécutés. Arthur pouvait encore entendre les hurlements de détresse ricochant dans l’écho de la vallée. Il avait fui sans demander son reste, seul.

Arthur était né avant l’apocalypse, mais il n’avait jamais été seul. Son père, un leader naturel, avait très rapidement pris l’idée de s’exiler loin des villes et au fur et à mesure avait su créer une petite communauté qui s’était implanter dans ce village. Arthur n’avait que très peu de souvenir de l’errance, se souvenant plutôt de tous les efforts qu’il avait fallu mettre en place pour construire les barricades. Il avait une parfaite conscience de tout ce qui pouvait rôder à l’extérieur, mais jamais il n’aurait pu imaginer devoir se méfier des rôdeurs et des humains qu’il croiserait sur son chemin. Il était parti sans carte, sans boussole, avec juste quelques vivres et des petites armes. Les heures c’était transformer en jour, il avait dormi dans une vieille maison abandonnée avant de reprendre son chemin. Sans but. Arthur était terrorisé et surtout, il commençait à avoir faim. Abandonnant les champs pour mieux suivre une route, ses pas le guidèrent jusqu’à une petite ville. Peut-être trouverait-il de quoi se sustenter.

Il s’était accordé quelques minutes de repos, dans l’une des maisons qui tenaient encore bien debout. Au bout du jardin se tenait une petite rivière où il put se désaltérer et nettoyer son visage empli de la crasse des derniers jours. Alors qu’il reprenait son paquetage pour rejoindre la maison, il vit une silhouette se découper près de la bâtisse. « Qui est là ? » Mettant la main sur son couteau, il avança prudemment. Rien ne laissait deviner la présence d’un rôdeur, mais soudainement un homme se tenait devant lui. Arthur était terrorisé. « Je… Je vais partir. » Avait-il pénétré dans la maison de cet homme sans y être autorisé. « S’il vous plaît, je n’ai rien pris, je… » Arthur ne pouvait le sentir, mais son corps tout entier tremblait, rendant son couteau tendu vers l’avant, presque dérisoire.

J’ai entendu les cris des femmes, des enfants et des pères désoeuvrés alors qu’ils assistaient à l’exécution de leur proche. J’ai reconnu la détresse dans le regard de certains hommes de la communauté forcés par le leader de tuer des survivants sains pour les piller au lieu d’assurer leur sécurité afin que notre espèce ne s’éteigne pas. L’arme à la main, j’ai été témoin de ces horreurs qui m’ont rappelé celles de la guerre et j’ai déserté les rangs. Certes, j’ai vécu dans la rue avec Raelyn. Évidemment, comme elle, j’ai eu envie de croire que l’installation militaire dans laquelle nous avons échoué nous offrirait du répit alors que notre exode durait depuis près d’un an, un an de solitude, un an à se méfier de tout et de tous. J’ai espéré avoir trouvé cet havre de paix qui nous sauverait de notre quotidien. J’ai déchanté et j’ai regretté de ne pas m’être davantage fier à mon instinct. A l’inverse, Rae serait avec moi. Je n’aurais à me casser la tête, maintenant que j’ai fui, pour trouver un moyen de la tirer des griffes de cette communauté sanguinaire avant que dirigeants et les soldats soient de retour. Je n’en ai aucune. Tout ce que je sais, c’est qu’il convient que je me dépêche avant d’arriver trop tard. Je ne supporterais pas qu’il arrive malheur à ma complice de galère quoique sa grossesse - celle que nous aimerions avorté faute au temps qui coure - semble l’immuniser contre leur folie. Au moins leur reste-t-il un peu d’instinct de préservation, un peu à l’image du type que je surprends tapi dans l’ombre, pas loin des trottoirs que je longe tel un rat, les rigoles jusqu’aux égouts de peur d’être vus et tués. Voilà donc ce que nous sommes devenus : des rats et, vraisemblablement, nous partageons la même condition : celle du dédain pour la condition nouvelle de l’être humain et la survie soit de corps ou soit de la morale, ce qui est mon cas. Peut-être pourrait-il bon de m’approcher, doucement, sans l’effrayer afin de ne pas crever d’un geste malheureux. Peut-être pourrait-il m’accompagner dans mon entreprise et, à défaut d’évolution à deux, d’avancer à trois dans ce monde où chacun porte le nom d’ennemi. Lui, il n’a pas l’air de l’être. Aussi, me suis-je lancé “à sa poursuite”, estimant que le surprendre tandis qu’il “vole” une maison abandonnée depuis certainement des années, je pourrai me protéger d’une éventuelle attaque. J’ai marché à tâtons, mais j’ai été trahi par le soleil qui coupé ma silhouette dans l’embrasure de la porte. D’emblée, je suis menacé d’un couteau, mais ne tremble-t-il pas ? N’a-t-il pas aussi peur que moi ? Notre différence ne réside-t-elle pas dans ce que j’ai été entraîné pour mieux le cacher ? Pour me maîtriser ? Pour dompter mon corps ? «Là, c’est surtout toi qui as l’air dangereux. Qu’est-ce que tu fais là ? » Espère-t-il se cacher ? « Tu es monté ? La maison est vide ? Parce que le soir va tomber et j’aimerais être le plus loin possible avant que la fête s’achève.» Celle qui se déroule à quelques kilomètres à peine, sur le lieu du massacre auquel j’ai assisté et, si j’en crois l’expression apeurée de mon interlocuteur, lui aussi et de l’autre côté de la barrière par rapport au mien. «Allez, range ce couteau. Je ne te veux rien. Je veux juste me casser le plus loin possible.» Le but de mon périple, il l’apprendra plus tard, peut-être. J’aimerais autant de pas lui donner de quoi me vendre si, d’aventures, nous étions rattrapés par les pillards.

Il ne connaissait rien de l’extérieur, il n’avait rien connu dans l’errance, de la terreur de se retrouver sans un abri fixe, sans ses parents. Arthur n’avait rien vécu. Il ne connaissait que la sécurité de sa communauté, les gens qui étaient venues la peupler au fil des années. Tout venait de lui être arraché, en une soirée, dans un coup-de-poing qui était venu lui couper la respiration. Il avait couru sans but, sans savoir ce qu’il fallait faire, sans même avoir un but pour le lendemain. Arthur avait couru en laissant tout ce qu’il avait toujours connu derrière lui. Il lui était impossible de pleurer ce qu’il venait de perdre, une part de lui espérant encore que ses parents, sa petite sœur et ses amis avaient pu fuir à leur tour. Un drôle de mantra se jouait dans un coin de sa tête. Tout cela ne serait qu’un mauvais rêve, demain il pourra retourner à la communauté et rien n’aura changer. Une part de lui était consciente que cela n’arriverait jamais, mais son cœur de jeune homme se voulait de rêver encore un peu. Il en avait besoin, pour tenir le coup, pour continuer à fuir. Il n’avait pas le droit de s’écrouler, pas maintenant, il se devait de rester sur le qui-vive.

S’il avait été plus attentif, il aurait probablement repéré l’homme avant de se retrouver face à lui. « Là, c’est surtout toi qui as l’air dangereux. Qu’est-ce que tu fais là ? » Ses doigts tremblaient autour du manche de son poignard, mais Arthur tentait de rester droit. « J’étais là avant. » La réplique se voulait faible, il avait vérifié la maison certes, mais l’homme aurait très bien pu dissimuler ses possessions. Il n’avait aucune idée de ce qu’il était censé faire et son rythme cardiaque s’affola à l’idée qu’il soit l’un des pilleurs qui l’avait suivi jusqu’ici. « Tu es monté ? La maison est vide ? Parce que le soir va tomber et j’aimerais être le plus loin possible avant que la fête s’achève. » Alors il était au courant de ce qui venait de se passer à la communauté. « Vous… Je ne vous connais pas. » Il ne connaissait pas tout le monde, de nouveaux arrivants avaient intégré le groupe quelques semaines auparavant. « Je suis pas tout seul. » Le mensonge était éhonté, mais il se devait de tenter. « Les autres sont au premier. » Est-ce que l’homme allait voir au travers de tout cela ? Arthur se sentait démuni. « Allez, range ce couteau. Je ne te veux rien. Je veux juste me casser le plus loin possible. » Est-ce qu’ils avaient au moins un point en commun ? « Ils… Ils s’en sont pris à ma famille. » Arthur sentait la réalité des événements le heurter de plein fouet. « Vous comptez aller dans quelle direction ? » Il cherchait à gagner du temps pour mieux analyser l’homme face à lui.

Quel âge avons-nous exactement ? Six ans ? A peine l’âge des enfants quand, d’antan, il rentrait en primaire ? J’en soupire de consternation d’autant qu’à présent, je le remarque bien ce couteau qui vacille entre ses mains. Il semble moins en équilibre qu’un funambule débutant sur un fil. A-t-il assisté à la tragédie qui a frappé sa communauté ? Est-ce la raison de sa nervosité ? M’aurait-il plutôt reconnu alors que j’étais en retrait ? Que j’observais de loin, outré par ce qui se jouait sous mes yeux ? Par les atrocités décrites par leur futur acteurs qui m’ont chatouillé les tympans et, par conséquent, mon sens de l’éthique ? La morale prend moins de place dans ce monde post-apocalyptique dans lequel nous évoluons. Ceci étant, il m’en reste et j’en prends soin. Aussi, ne l’ai-je pas trop houspillé ce gamin qui paraît plus choqué que dangereux. Je ne me moque pas de lui, je lève au contraire les mains dans l’espoir de lui inspirer un soupçon de confiance, ce qui semble compromis compte tenu de mes hypothèses. Puis-je les vérifier ? Ne serait-ce pas griller mes chances de ne pas être confondu avec les monstres que je viens d’abandonner si, d’aventures, je n’avais pas été reconnu ? «Et je respecte ça. Je veux juste…» Quoi exactement ? Le tirer dans ma mésaventure ? L’inviter à prendre part à ma quête ? A mon sauvetage ? C’est cavalier. Dès lors, j’invente une bêtise consacrée à me dévoiler meilleur que je ne le suis, meilleur comme je l’étais jadis, quand nous étions effectivement plus civilisés que des animaux. «Je veux juste m’assurer qu’on est tous les deux en sécurité. Il fait pas bon de traîner dans le coin, tout seule… dans le coin ou partout ailleurs.» Nul doute qu’il n’osera me contredire. «Alors, vas-y, baisse ton couteau.» Fais donc, puisque tu ne me connais pas, ce qui me réjouis, ai-je pensé, soulagé de ne pas prendre l’allure de l’ennemi à ses yeux. Plus tard, peut-être que je lui raconterai d’où je viens, où je suis arrivé et par quel miracle nous nous sommes rencontrés. Sur l’heure, je me concentre davantage à ce qu’il ne me braque plus, maladroitement, de la pointe de son couteau et ne s’essaie plus à m’endormir en mensonge. «Bien sûr. Je suppose qu’ils me braquent avec un fusil et que c’est pour ça que tu es mort de trouille.» ai-je amorcé avant d’insister de nouveau sur le conseil : celui d’être plus courtois, de ne plus me menacer, d’accepter que je transpire de sincérité, un peu à son image, parce qu’il n’a pas l’air bien dangereux, le gamin. Il a surtout l’air d’être paumé dans tous les sens du terme d’ailleurs. «Je compte aller chercher la mienne parce qu’ils la détiennent. C’est par là que je vais. je veux la sauver, mais je pourrai pas le faire tout seul. Je…» Je m’hasarde à avancer d’un pas dans sa direction. «Et toi ? Par où tu vas ? Peut-être qu’on pourrait s’entraider, au moins le temps d’être assez loin de ce merdier pour se sentir en sécurité, parce que ceux que tu crains, c’est vers ici qu’ils viennent, c’est évident. »

« Et je respecte ça. Je veux juste… » Quoi ? S’en prendre à lui. Donner l’illusion de vouloir l’aider pour mieux lui sauter dessus dès qu’il aura le dos tourné ? Arthur n’était pas rassuré, il ne savait tout simplement plus quoi faire. « Je veux juste m’assurer qu’on est tous les deux en sécurité. Il fait pas bon de traîner dans le coin, tout seule… dans le coin ou partout ailleurs. » Il se doutait bien de tout cela. Il n’était guère bon de s’aventurer seul dans ce monde depuis bien longtemps. « Alors, vas-y, baisse ton couteau. » Non. Il ne voulait pas se laisser à découvert. Arthur n’était rassuré de rien, et même si sa main tremblait, il se sentait un peu plus en sécurité avec ce couteau entre ses doigts. Ce n’était qu’un bout de métal, mais cela lui permettait de poursuivre la conversation avec l’esprit clair. Ses yeux ne cessaient de scanner le visage de l’homme face à lui. Est-ce qu’il faisait partie de ceux qui avaient mené l’assaut ? Il n’avait pas l’air, mais Arthur n’était sûr de rien. Il avait été terrorisé, il avait simplement obéi à l’ordre de son père, il n’avait pas vu les visages des assaillants. « Bien sûr. Je suppose qu’ils me braquent avec un fusil et que c’est pour ça que tu es mort de trouille. » - « Je suis pas mort de trouille ! » Même sa voix se mit à trembler. « Je sais pas qui vous êtes. » Ne pouvait-il pas lui donner un prénom ? Quelque chose à laquelle se raccrocher ?

« Je compte aller chercher la mienne parce qu’ils la détiennent. C’est par là que je vais. Je veux la sauver, mais je pourrai pas le faire tout seul. Je… » Ils ? De qui parlait-il ? Est-ce que les assaillants s’en étaient pris à sa famille ? « Ils… Ceux qui ont fait ça, ils détiennent votre femme ? » Ou son mari ? Ou tout du moins quelqu’un à qui il tenait vraiment. « Et toi ? Par où tu vas ? Peut-être qu’on pourrait s’entraider, au moins le temps d’être assez loin de ce merdier pour se sentir en sécurité, parce que ceux que tu crains, c’est vers ici qu’ils viennent, c’est évident. » Et sans réellement s’en rendre compte, Arthur se mit à baisser son arme. « Je sais pas. » Il n’avait pas encore réalisé tout cela, pas complètement. « Où aller. Je sais pas où aller. » Arthur était perdu, sans sa famille, sans les conseils avisés de son père. « Je voulais retourner à la communauté, demain matin. » Voir s’il pouvait au moins retrouver quelqu’un qu’il connaissait. « Je me suis jamais retrouvé tout seul. » Et Arthur ne voulait pas faire perdurer l’expérience. « Et… Je sais me battre, un peu. Mais pas tant. » Il n’avait jamais eu besoin de sortir de la sécurité de sa communauté. « Je sais pas si je pourrais beaucoup vous aider. » Et il détestait se montrer aussi fébrile, mais Arthur n’avait aucune idée de ce qui allait lui arriver désormais. « Me laissez pas tout seul. » Et maintenant il suppliait presque.

Bien sûr qu’il a le trouillomètre à zéro, le gamin qui tend vers moi, d’une main tremblante, la pointe de son couteau. Je ne le contredis plus cependant. Je n’ai pas besoin d’un ennemi supplémentaire : plus du trois quarts - je suis gentil - de la population doit susciter ma méfiance parce qu’elle a envie de me bouffer. Ceux qui restent ? Ils en veulent aux maigres butins que nous amassons parce que tout est trésor de nos jours. Une cigarette a la valeur d’un lingot d’or dans ce monde qui n’est plus. Ma seule véritable alliée, elle est gardée prisonnière d’une communauté qui n’aspire qu’à récupérer l’enfant qu’elle porte. Nous n’en voulons pas, c’est vrai. Si j’arrive à la tirer - nous tirer - de ce merdier, nous chercherons une solution rapide, efficace et plus ou moins sûre pour nous débarrasser de ce qui, dans ce monde-ci, ne pouvait pas être une bonne nouvelle. Mais, cette décision, nous la prendrons parce qu’elle ne regarde que nous, les parents que nous refusions de devenir alors que nous appréhendons nos congénères comme des menaces potentielles à notre survie. Aujourd’hui, j’aimerais pouvoir me vanter d’avoir gagné la compagnie d’un coeur vaillant puisqu’il faut être pour oser répondre par le verbe à un étranger. «Amos. Je suis Amos.» Mon nom de famille ? Il n’a plus d’importance. La lignée est de toute façon vouée à disparaître. A se demander pour quelles raisons je me bats encore. Une seconde de silence et de réflexion plus tard, je me souviens que le noble sentiment remplit la jauge de résilience au-delà de son maximum. «Et toi ? C’est quoi ton nom à toi ?» me suis-je essayé, avançant d’un pas supplémentaire dans sa direction. Il est accompagné d’une confidence de plus à propos de mon objectif. «Plus ou moins. Je peux te raconter, mais…» lui ai-je répondu, concluant par un coup d’oeil vers son arme blanche. Elle m’oppresse, m’empêche de me détendre et, si je pourrais moi aussi brandir mon couteau, je m’abstiens. Nous avons tous bien trop de sang sur les mains. Je n’ai pas envie d’ajouter, à cause de la peur, celui d’un gosse qui admet qu’il n’est pas versé dans l’art du combat. «Et, tirer ? Tu sais ?»  J’aurais de quoi l’aider dans mon sac à dos. «Je pourrais t’apprendre.» Cette fois, je réalise qu’il admet sans mot dire qu’il a effectivement les foies, qu’il n’y a personne à l’étage et qu’il a surtout besoin d’aide. «Je n’ai jamais été seul non plus depuis que…» J’ai soupiré en songeant au souvenir de ma vie de jadis. J’étais le protagoniste d’une vie de solitude. L’apocalypse m’aura au moins apporté une partenaire. Et, il faudrait que je l’abandonne ? Hors de question. IL n’y a pas de monde où j’évolue sans elle et, soucieux de me dévoiler plus humain que jamais, je l’explique : «Tu ne trouveras plus rien là-bas et, oui, ils la détiennent, un peu de notre faute, mais je ne veux pas qu’elle y reste, ce qui me laisse peu de temps. Je la connaissais déjà avant que toute cette merde se produise. Mais, pas comme ça, pas de la même manière. On était ensemble quand tout a déconné et on n’a jamais été séparé aussi longtemps.» Moins de vingt-quatre heures, mais c’est déjà trop. «Peut-être qu’on pourrait faire un bout de chemin ensemble. On a trois jours devant nous avant qu’ils de désertent les lieux.» Autrement dit, sa communauté, pour enfin retrouver la leur les bras chargés des effets de leur pillage.

S’il fermait les yeux, est-ce qu’Arthur pourrait rêver d’ailleurs ? Juste un instant. S’échapper dans les souhaits qu’il faisait parfois dans la pénombre de sa chambre. De la vie d’avant, il avait su récupérer plusieurs livres de voyages, notamment ceux de son père qui dépeignait l’Europe et ses merveilles. Arthur s’était souvent imaginé voyager sur le continent, découvrant les pays de l’Est, allant découvrir les plaisirs culinaires de la France, avant de se foutre la frousse dans les forêts sombres et denses de la Roumanie s’abreuvant des mythes et des légendes du comte Dracula. S’il fermait les yeux, Arthur pourrait se voir à rêver d’ailleurs. Mais fermer les yeux ne changerait rien à l’horreur de sa réalité. Le monde n’avait plus rien de normal et d’un point de vue de l'eschatologie, leur histoire ressemblait en tout point à la fin dernière de l’Homme. « Amos. Je suis Amos. » Il avait au moins, obtenu le prénom de celui qui l’avait interrompu. Désormais, les noms de famille n’avaient plus aucun intérêt si ce n’est revendiquer des terres saliques. « Et toi ? C’est quoi ton nom à toi ? » Il hésita un instant. Rien ne servait de mentir. « Arthur. » Et lentement, il commençait à lui faire un peu plus confiance. « Plus ou moins. Je peux te raconter, mais… » Il remarqua son geste et finit par baisser son arme pour la glisser dans sa poche. L’homme aurait déjà pu l’attaquer depuis longtemps. « Je vous ferai rien si vous me faites rien. »

Il était évident qu’Arthur ne possédait aucune connaissance du monde extérieur et que son interlocuteur semblait être bien plus débrouillard. « Et, tirer ? Tu sais ? » Il haussa les épaules. « Un peu. » Son père lui avait appris dans le jardin. « Je me débrouille mieux avec un arc et des flèches. » Mais il n’avait pas eu le temps d’embarquer son arme de prédilection avec lui. « Je pourrais t’apprendre. » Alors l’homme possédait tout un arsenal ? « Peut-être. » En réalité, Arthur n’avait aucune idée de ce qui allait suivre, de ce qu’il devait faire ou ce qui pourrait être la solution idéale pour lui. « Je n’ai jamais été seul non plus depuis que… » Depuis qu’il a rencontré cette femme ? Arthur compris qu’elle était vraisemblablement importante dans la vie d’Amos. « Tu ne trouveras plus rien là-bas et, oui, ils la détiennent, un peu de notre faute, mais je ne veux pas qu’elle y reste, ce qui me laisse peu de temps. Je la connaissais déjà avant que toute cette merde se produise. Mais, pas comme ça, pas de la même manière. On était ensemble quand tout a déconné et on n’a jamais été séparé aussi longtemps. » - « Je suis désolé. » qu’il murmura sans trop savoir quoi dire de plus. « Mais je peux pas laisser mes parents. » Ils ne connaissaient qu’eux. « Et ma petite sœur est encore là-bas, elle… » Les larmes lui montèrent aux yeux. « Elle… Elle a peur du noir Charlotte. » Et il ne pouvait pas la laisser seule, sans au moins essayer d’aller la secourir. « Peut-être qu’on pourrait faire un bout de chemin ensemble. On a trois jours devant nous avant qu’ils ne désertent les lieux. » Trois jours ? Pour tout pilier probablement. Mais Arthur se refusait à renoncer aussi facilement. « Non, je peux pas les laisser. » Pourtant, son père lui avait ordonné de fuir sans se retourner. « C’est ma famille à moi là-bas. » La sienne l’attendait peut-être ailleurs, mais Arthur ne pouvait pas laisser derrière lui tout ce qu’il avait toujours connu. « Et vous ferez quoi dans trois jours hein ? » Il avait peur maintenant. « Vous allez me tuer quand vous aurez retrouvé votre femme et qu’on aura plus besoin du gamin qui sait pas se battre ? » Arthur tremblait, mais de rage cette fois. Il avait peur, mais il ne souhaitait pas mourir.

Arthur ! C’est le prénom d’un roi, un prénom qui inspire bravoure et courage. Sans doute n’en manque-t-il pas, ce jeune homme. Au contraire, il ne serait plus en vie. Il aurait péri à cause de l’étendue du danger qui rôde inlassablement autour de nous. Chaque mort est transformé en zombie par Dieu seul sait quelle malédiction. Chacun est supposé avoir appris à se défendre. Or, je le crois sur parole lorsqu’il prétend qu’il n’a pas appris à se battre. J’en déduis qu’il n’est pas bien vieux, qu’il a certainement vu le jour avant l’apocalypse, mais que ses parents - ou SON parent - aura fait en sorte de le protéger jusqu’au bout de ses forces, par amour ou pour s’accrocher aux vieilles idées de la descendance ou de l’hérédité. Nous n’avons plus rien à transmettre de nos jours. Le dévouement s’exemplifie par ce que nous sommes prêts à sacrifier pour son prochain ou de ses proches, quelles qu’ils soient, qu’importe qu’ils aient été rencontrés avant ou après cette fin du monde. «Rien du tout, à part peut-être t’aider à t’en tirer tout seul.» Ce gosse dégage quelque chose de touchant. Il semble de ceux, somme toute rares, qui ont su conserver un soupçon de naïveté. Cette insouciance est dangereuse, c’est vrai. Elle réduit son instinct de survie au minimum et, tandis que je lui explique mon histoire et qu’il me fait témoin de la sienne, je me demande sur ce qu’il ne convient pas de faire éclater la bulle de savon aux couleurs de l’illusion dans laquelle il a décidé de s’enfermer. Est-ce bien de l’avertir qu’il n’y a pas de survivants parmi sa communauté ? Que celle qui m’a adoptée sous prétexte que Raelyn est enceinte est une sanguinaire ? «Quelle âge elle a ? » me suis-je enquis afin d’évaluer les risques de le heurter jusqu’à brider en lui toute combativité. Il a l’air vaillant. Nous deux, ensemble, en route vers la libération de ma complice, c’est jouable. Sauf qu’il ne sera bon à rien s’il est ravagé par le chagrin. «A moins que ça ne soit qu’une toute petite fille, je ne sais pas si…» Mal à l’aise avec mes propres suppositions - a mon sens, elle ressemble tout de même à de la fatalité -, j’hésite et me ravise. «Enfin, on verra. On pourra aller la chercher, je te promets, mais pas maintenant, pas pendant qu’ils sont tous là et que nous ne sommes que deux.»Deux pauvres proies qui se jettent dans la gueule du loup. «On a tous les deux des choses à perdre et des gens qu’on aime à sauver… » Du moins essayer et s’il n’est pas déjà trop tard. Je n’ose penser au pire. Dès lors, je m’abstiens. Je m’accroche à ce qui nous aidera à tenir, tous les deux, durant cette période difficile que nous nous apprêtons à traverser. C’est pour cette raison que je m’obstine à montrer patte blanche et à rassurer le jeune homme malgré qu’il ait tendance à m’agacer avec cette méfiance des plus normales, mais qui nous ralentit. «Dans trois jours, on sera un de plus pour essayer de récupérer ta famille. Puis, on la créera notre communauté. On se cherchera un endroit où nous réfugier et nous apprendra ce que tu sais, ce qu’il faut pour devenir sédentaire, il faudra qu’on le devienne… Allez, fais-moi confiance. Viens avec moi.»

Citation :

WIN : Des bruits de pas lents et traînants avancent vers les deux hommes. Ce sont ces âmes vagabondes à exterminer. Je m’exécute d’un coup de couteau savamment bien administré et, j’ajoute, en guise de preuve : «Je t’aurais déjà tué si j’avais vraiment voulu.»
SO CLOSE : Des bruits de pas, lents, mais trop vifs pour être un zombie. Ce sont des membres de la communauté qui ont exterminé les siens. «Grimpe à l’étage. Vite.  Et j’espère que tu as fait le ménage.» Aussitôt monté, aussitôt se sont-ils réfugiés dans la salle de bain, le corps d’Amos servant de rempart tandis qu’il pointe une arme à feu vers l’ennemi. Comment vont-ils donc se tirer de ce guêpier ?  
FAIL :  Des bruits de pas, lents, mais trop vifs pour être un zombie. Ce sont des membres de la communauté qui ont exterminé les siens. Pas le temps de se cacher, il va falloir se battre. Ils sont deux, c’est faisable, mais à quel prix ?

« Rien du tout, à part peut-être t’aider à t’en tirer tout seul. » Arriverait-il à s’en sortir tout seul au milieu de ces créatures qui rôdent la nuit, s’enivrant de la lumière de la lune. Ils n’avaient rien de semblable aux chauves-souris qui survolaient parfois la communauté, mais Arthur les voyait tels des vampires prêts à tout pour se satisfaire du sang d’autrui. Et il ne pouvait dignement pas laisser sa petite sœur devenir la proie de ces suceurs de sang. Cela lui était tout simplement inconcevable. « Quel âge elle a ? » - « Dix ans. » Née quelque temps après l’apocalypse, Charlotte n’a connu que la peur et les rôdeurs. Elle savait parfois mieux se défendre que son aîné, mais elle restait une petite fille qui n’avait fait que grandir au sein d’une communauté paisible et protégée. « A moins que ça ne soit qu’une toute petite fille, je ne sais pas si… » - « Elle a encore toute sa vie devant elle ! » Arthur montait au créneau pour sa sœur, mais il voyait bien dans les yeux d’Amos qu’il cherchait à l’épargner. « Enfin, on verra. On pourra aller la chercher, je te promets, mais pas maintenant, pas pendant qu’ils sont tous là et que nous ne sommes que deux. » Arthur aurait voulu rire, mais le son resta bloquer dans le fond de sa gorge, telle une gousse d’ail bloquant sa trachée. « On a tous les deux des choses à perdre et des gens qu’on aime à sauver… » Il ne voulait plus l’entendre parler. « Vous pouvez me dire la vérité, je peux l’encaisser. » Non. Il n’était pas capable d’entendre que ces bêtes du genre humain avaient décidé de vider de leur sang les siens, mais il voulait la vérité. « Je pourrais pas la revoir ? » Il ne veut pas imaginer ce qui avait pu arriver à Charlotte, il espérait simplement qu’elle n’avait rien vu venir. Il allait s’en vouloir pour le reste de sa vie, de ne pas avoir bravé l’interdit pour aller la chercher.

« Dans trois jours, on sera un de plus pour essayer de récupérer ta famille. Puis, on la créera notre communauté. On se cherchera un endroit où nous réfugier et nous apprendra ce que tu sais, ce qu’il faut pour devenir sédentaire, il faudra qu’on le devienne… Allez, fais-moi confiance. Viens avec moi. » Au moins, Arthur aura de quoi lui enseigner sur la vie sédentaire. Il savait construire une maison, des palissades, entretenir un jardin et tout ce qui s’en suivait. Il aurait le temps d’y penser, plus tard, pour le moment, il se devait de survivre.

Au loin, ou pas si loin, des bruits de pas se firent entendre. « Grimpe à l’étage. Vite. Et j’espère que tu as fait le ménage. » Arthur s’était figé, tétanisé par la peur. Amos dut le bousculer pour que ses pas l’entraînent vers l’étage, direction la salle de bain, où il prit couvert dans la baignoire. D’une main tremblante, il récupéra son couteau et de l’autre main, une lame un peu plus imposante qui était glissé dans ses bottes. Arthur n’entendait que les battements de son cœur, terrorisé de se retrouver pris au piège. En bas, les hommes retournaient la maison. « Trouve-moi ce connard. » Une voix se fit entendre, des pas dans l’escalier, et Arthur retint sa respiration.

win - Les tueurs ont une radio sur eux, un message leur demande de se replier immédiatement, celui à l'étage n'aura jamais le temps de les retrouver dans la salle de bain. Le silence ce fait dans la maison, Arthur a l'impression que son coeur va exploser. « Ils sont partis ? »
so close - Celui qui vient d'arriver à l'étage, décide de partir à gauche en premier. Il ouvre une première porte qui mène sur une chambre vide, il en ouvre une deuxième, qui laisse sortir en furie quatre zombies qui avait été emprisonner là. Le gars prends la fuite en hurlant vers ses amis, le zombie reste à l'étage, ayant senti autre chose. Amos et Arthur sont désormais prisonnier de la salle de bain, n'ayant qu'une minuscule fenêtre et avec des zombies sur le palier.
fail - Le gars choisi d'ouvrir la porte de la salle de bain en premier. Amos tire, attirant tous les autres à l'étage, la salle de bain possède qu'une fenêtre minuscule, juste assez grande pour Arthur ? Mais celui-ci est terrorisé, dans la baignoire, avec ses poignards. Les autres arrivent en hurlant, prêt à en découdre.

Dix ans. Le calcul est vite fait. La petite n’a rien connu du monde d’”avant”. Elle est née alors que l'apocalypse était engagée et, d’hypothèse en déduction, je comprends mieux pourquoi Arthur sait à peine se battre. «Tu n’as jamais été seul, n’est-ce pas ?» Il n’a aucune idée de ce qui l’attend à l’extérieur. Moi, je sais. Je me souviens parfaitement de jour où j’ai fait mine d’être l’un de ses rôdeurs pour qu’il ne me repère pas, qu’il ne me flaire pas à des kilomètres. Badigeonné de leur sans, je me déplaçais en traînant la patte, mon coeur battant tambour de peur dans ma poitrine, j’ai cru qu’il finirait par s’arrêter tant l’effroi accélérait son rythme : il tambourinait avec l’allure d’un galop de cheval. Je me rappelle également cet heure triste où j’ai réalisé que l’humanité n’était plus qu’un lointain souvenir. L’un de mes semblables a voulu s’en prendre à Raelyn et moi à cause du butin que nous avons amassé. Je crois que, ce jour-là, j’ai su que si un jour la force de vivre me quittait, je me tirais une balle dans le ciboulot, la seule qu’il me reste dans l’arme que je tiens à ma ceinture : elle est pour moi. Pour moi ou pour ma partenaire de galère si, d’aventures, elle était transformée ou sur le point de l’être : c’est notre promesse. «Je n’ai pas la vérité. Je n’ai que des présomptions.» ai-je affirmé en haussant les épaules. «Mais, nous irons voir. Dans trois jours. Si elle est toujours en vie…»Ce que je souhaite. «Ils ne lui feront pas de mal. Ils aiment les enfants chez eux. C’est l’avenir, tu comprends ?» Ils exterminent les femmes stériles, mais les enfants bien portants, ils en prennent soin comme de la prunelle de leur yeux. Elle est soit morte soit gardée prisonnière. Incapable de promettre davantage, je m’estime heureux que le jeune homme soit prêt à me suivre, à condition, bien entendu, que nous survivions à l’attaque qui se prépare.

Nous avons perçu les bruits de pas au loin. Le danger avançant, j’ai distribué un ordre celui qui se transforme en statue de sel. Il ne bouge pas : un coup de vent et il s’effondre. Je dois le secouer pour réveiller son instinct de survie. Planqués dans la salle de bain, j’appuie une main sur ma bouche pour atténuer le bruit de ma respiration. De l’autre, je tiens fermement mon couteau pour le planter dans le poitrail ou dans le dos de n’importe quel individu passant la porte de notre refuge. Nous sommes tombés sur la salle de bain et, j’avoue, je m’étonne qu’elle soit si bien achalandée : elle n’est pas encore été pillée. Plus tard, je poserai la question sur la façon dont vivait la communauté d’Arthur. Sur l’heure, je me concentre sur la voix qui sort du talkie walkie de notre assaillant. Ils doivent rentrer. Pourquoi ? Je n’ai pas compris. «On dirait bien qu’on a eu de la chance, mais il faut y aller. ça ne sera pas toujours le cas. Suis-moi.» lui ai-je conseillé, avançant d’abord à tâtons puis plus rapidement. Nous nous sommes enfoncés dans les bois le long de la route. Quand le soleil a décliné, nous étions là, devant le centre militaire dans lequel est enfermé Raelyn. «C’est là. Il n’y a pas grand monde, ici. Juste de quoi survivre à une poignée de rôdeurs, tout simplement bêtes. Nous ne le sommes pas. IL faudra juste un peu d’astuce. Tu te sens capable ?» D’y aller ? De réfléchir ? De suivre mes ordre ? «Après, nous irons cherché ta petite soeur.» N’a-t-il pas d’autres choix que d’accepter alors que j’ai pris soin de lui tout au long de notre périple ? N’ai-je pas partager avec lui le contenant de mon maigre paquetage ?


@Arthur Coventry

« Tu n’as jamais été seul, n’est-ce pas ? » Est-ce que cela paraissait si évident ? Arthur avait peur de tout. Il n’était pas très religieux, mais à cet instant, il aurait aimé pouvoir faire rouler ses doigts sur un chapelet comme le faisait sa grand-mère quand il était enfant. Dans sa communauté, on appelait les marcheurs, les assoiffés de sang. Il en avait toujours fait des cauchemars, voyant leurs canines acérées se planter dans son mollet ou son bras. « Je n’ai jamais été seul. » Il ne pouvait le nier face à l’homme bien plus expérimenté que lui. Est-ce que cela allait directement l’envoyer dans un cercueil ? Il aurait dû garder le pieu que son père avait taillé pour lui quelques jours auparavant, cela aurait fait une arme excellente à planter dans ses adversaires. Mais pas l’homme qui lui faisait face. Celui-ci lui paraissait sincère. « Je n’ai pas la vérité. Je n’ai que des présomptions. » En somme, il n’allait pas lui mentir, ou user de son charme hypnotique pour lui faire avaler des chauves-souris, ou est-ce que l’on disait couleuvres ? « Mais, nous irons voir. Dans trois jours. Si elle est toujours en vie… » Si. Le conditionnel le fit frissonner de frayeur. « Ils ne lui feront pas de mal. Ils aiment les enfants chez eux. C’est l’avenir, tu comprends ? » Les enfants, la chair fraîche au sang pur. Arthur secoua la tête pour chasser toutes ses pensées négatives. « D’accord. » Il n’eut pas le temps de remercier Amos. Ils avaient de la compagnie.

Enfermé dans la salle de bain, Arthur plaqua un pan de son tee-shirt sur sa bouche, pour atténuer le bruit de sa respiration. Son arme lui servirait de pieu à planter dans le premier torse qui passera sous ses yeux. Le suspense se voulait intenable, il pouvait entendre son cœur battre à tout rompre, sans s’arrêter. Il était persuadé qu’il allait mourir dans cette baignoire, mais la chance fut de leur côté. Un véritable miracle survenant d’outre-tombe. « On dirait bien qu’on a eu de la chance, mais il faut y aller. Ça ne sera pas toujours le cas. Suis-moi. » Il n’allait clairement pas discuter. « Merci. » qu’il murmura en rassemblant ses affaires avant de le suivre vers l’extérieur.

Ils ont marché longuement, Amos lui a parler de quelques techniques de défenses. Arthur a tout enregistré, la moindre de ses paroles. Il ne se sentait pas plus fort, mais peut être juste un peu plus serein. Quelque chose de différents en tout cas. L’homme à ses côtés lui parlait avec une véritable patience, comme un père. Et leur périple pris fin à la tombée de la nuit. « C’est là. Il n’y a pas grand monde, ici. » Il avait raison, le lieu semblait calme. « Juste de quoi survivre à une poignée de rôdeurs, tout simplement bêtes. Nous ne le sommes pas. Il faudra juste un peu d’astuce. Tu te sens capable ? » Capable ? Pas réellement. Il avait l’impression d’être une chauve-souris tombée du nid. Mais il allait devoir l’être. « Je peux vous suivre. » Ça, il serait en capacité de le faire. « Pour couvrir vos arrières. » Ouais, ça, il se sentait capable de le faire. Il lui avait montré comment manier son poignard et surtout à tirer avec une arme. « Après, nous irons chercher ta petite sœur. » Il n’avait pas oublié sa promesse. « D’accord. » D’abord sauver la compagne d’Amos et ensuite sa sœur. Arthur aimait ce plan. « D’abord votre compagne. » Il eut un faible sourire.

Ils étaient encore un peu loin, juste assez pour observer les environs. « Vous savez où ils la tiennent ? » Où est-ce qu’il allait devoir y aller à l’aveugle ? Arthur avait une ouïe parfaite, mais parfois, sa vision lui jouait des tours. Est-ce qu’il devait le mentionner ? Non, ce n’était pas nécessaire. « Je… Je serais plus à l’aise si on avait juste un petit plan d’action. » Un fil rouge à suivre quelque chose comme ça. « Je vous ferais pas faux bond, c’est promis. » Il tenait à le dire encore, et encore. « Il faut que l’on soit efficace et vous paraissez connaître leurs faiblesses. » Un plan d’action cela fonctionne toujours non ? Surtout, c’est nécessaire lorsque l’on se trouve en infériorité numérique. « Est-ce qu’on attaque la nuit ? » Il parlait comme un pilleur désormais. « Ou au petit matin pour les surprendre ? » Dans la nuit, cela pouvait fonctionner aussi. « Certains font des rondes ? » Arthur avait beaucoup trop de questions.