Dean et Douglas c'est une amitié un peu particulière. À son arrivée en ville, Douglas avait transféré son dossier universitaire mais il devait aussi trouver un stage. C'est donc vers le bureau du procureur qu'il s'était tourné en premier. Décrochant un entretien assez rapidement il était plutôt confiant, jusqu'à ce qu'on le refuse. Triste et déçu, l'homme qui se tenait en face de lui et qui aurait dû être son maître de stage s'est senti obligé de le consoler. Et c'est de là qu'est né leur amitié.

Depuis, il leur arrive de temps en temps de se retrouver après le travail, histoire de discuter de tout et de rien, juste pour le simple fait d'être entre amis. Doug est un chouet type mais il a bien trop peu d'amis. Et pour cause, son mode de vie est assez particulier, croyant et pratiquant, il va souvent à l'église, ce qui contraste avec la jeunesse d'aujourd'hui. D'autre part, il n'a jamais touché à tout ce qui drogue, alcool mais surtout, il n'a jamais eu de véritables relations amoureuses. L'anneau qu'il porte à la main n'est pas une simple bague, c'est un anneau de pureté qui signifie qu'il doit attendre le mariage avant de se donner corps et âme à une personne.

Ce soir-là donc, avec son ami que Douglas était heureux de retrouver, ils s'étaient donné rendez-vous dans un petit bar de la ville, assez cosy mais plus que correct. L'ambiance y était sympathique et chaleureuse. Pourtant d'habitude ce n'était pas le type de lieu que fréquentait le jeune croyant mais comme on dit, il y a des exceptions à tout.

" - Bonjour. Comment vas-tu ?" demanda le jeune étudiant en le voyant installé au bar.

La journée avait été compliquée pour le jeune Irlandais. Les cas traités au bureau du Procureur n’étaient jamais spécialement évident, mais là, il s’agissait visiblement d’un meurtre. Bien entendu, l’affaire ne faisait encore aucun bruit parce que toutes les personnes concernées faisaient tout leur possible pour étouffer l’affaire, c’en était déjà bien assez compliqué ainsi. Pour Dean, il fallait être minutieux, précis et avoir le code pénal sous la main toutes les deux secondes. Ce nouveau travail avait quelque chose de particulièrement stressant, à toujours vivre sans tension, comme quelqu’un qui jouait avec la vie des gens finalement… et c’était le cas, d’une certaine façon.

En prime, son amie Chadna ne répondait plus à l’appel. Sans doute qu’elle était encore torchée quelque part ou qu’elle avait perdu son téléphone portable dans la foulée. Dean ne s’inquiétait pas pour son amie, il savait qu’il lui en fallait bien plus pour lui tirer la tête. Seulement, avec qui allait-il boire son verre en fin de journée maintenant ? Un sms l’eut justement sorti de ses pensées à cet instant et il vit un message venant du « Petit Douglas ». Ah, ce brave gamin ! Quel potentiel énorme il avait ! Dean regrettait de ne pas l’avoir engagé comme stagiaire. Seulement, la décision finale ne lui était pas revenue, mais plutôt au procureur qui avait bien trop à penser que de partager son savoir juridique à un étudiant. C’en était triste et décevant, même pour Dean qui voyait de l’avenir dans ce jeune homme.

Après avoir quitté le travail, Dean s’était rendu au bar dont Douglas lui avait parlé. C’était un petit rendez-vous rapidos en fin de journée, tout comme ceux que Dean avait l’habitude de fréquenter. Ce qu’il aimait le petit verre de fin de journée. Lorsqu’il arriva au bar, il alla directement au comptoir, pensant trouver le jeune homme. Visiblement, il était le premier arriver. A peine installé, il entendit une voix s’élever derrière lui : « Bonjour. Comment vas-tu ? ». « Ah, Douglas ! Te voilà enfin, j’ai failli attendre ! » dit-il en rigolant, sur un ton assez taquin, comme à son habitude. Il tapota sur l’épaule du jeune homme, en guise de salut avant de se tourner vers le serveur de lui faire un geste pour commander deux pintes de bière. Quoi de plus rafraichissant après une journée pareille ? A nouveau face à Douglas, il tapota sur le comptoir tout en murmurant : « Ca va toujours, moi ! Mais toi, comment se passe ton stage dans ce cabinet… heu, ce cabinet-là, avec les belles demoiselles avocates ! ». Il fit un clin d’œil. Finalement, Douglas n’avait pas perdu au change. Dean voyait en réalité très bien de quel cabinet il s’agissait et les personnes qui travaillaient là étaient compétentes. C’était une évidence. Au même moment, le serveur revint vers eux avec deux pintes et leur glissa sur le comptoir. Dean en attrapa une et tendit l’autre à Douglas : « A la tienne, mon p’tit ! » chantonna-t-il, avec un fin sourire au coin des lèvres, avant de commencer à boire les premières gorgées.

Douglas aimait beaucoup les études qu'il vivait, c'était ce qu'il avait toujours voulu faire depuis son plus jeune âge. Il avait alors mis tous les moyens à sa disposition pour réussir. Bien que son enfance n'a pas été de tout repos, le jeune homme a su en tirer des leçons et grandir avec ses blessures intérieures. Le jeune anglais n'est pas sans savoir que les épreuves que la vie nous afflige dure durant toute l'existence, mais jusqu'alors, il s'est toujours battu pour s'en sortir. Et même si aujourd'hui il est seul, qu'il n'a plus de famille, il a ses études et son stage qui lui prennent la totalité de son temps, ce qui l'empêche de trop penser.

En arrivant à Brisbane, Anderson ne pensait pas pouvoir décrocher un stage en si peu de temps, et même s'il avait essuyé la déception d'être refusé, il ne s'était pas arrêté là puisqu'il avait poursuivit ses recherches et ça avait payé. Aujourd'hui, il était stagiaire dans un cabinet où il se sentait bien, où il était traité comme un membre du cabinet à part entière, et non pas pour le larbin qui apporte le café ou fait les photocopies. Les tâches qui lui étaient confiés le passionnant et il y mettait tout son coeur pour ne pas décevoir Milena qui avait placé sa confiance en lui.

Les journées étaient rudes et longues, et les dossiers n'étaient pas vraiment plus reposantes que le reste, mais il s'en fichait, il était là pour travailler et ça lui convenait, de toute manière, il n'avait pas le choix non plus, il l'avait choisi sa voie. Afin de se changer un peu les idées, il avait envoyé un message à Dean, l'homme avec il aurait pu travailler si les choses s'étaient passées autrement, il avait opté pour un petit bar dans le centre ville, non loin de l'endroit où il travaillait. L'ironie de la situation c'est qu'il l'avait invité dans un bar alors même qu'il ne buvait jamais d'alcool.

Arrivant avec quelques minutes de retard, il s'excusa durant au moins dix minutes avant de s'installer à son tour. Il sourit à son ami, encore plus lorsqu'il lui demanda comment se passait son stage.

" - Je n'ai pas vraiment le temps de les observer tant j'ai des dossiers, mais c'est pas plus mal comme ça. Mes journées sont bien chargées, mais je fais ce que j'aime donc je ne vais pas me plaindre." conclut-il avec un sourire comme à son habitude.

Dean commanda alors auprès du barman deux pintes de bière. Comment gâcher la soirée avant même qu'elle ne soit commencé ? Douglas était conscient qu'il était un peu à l'opposé des jeunes d'aujourd'hui, de par son éducation et les principes qu'il avait. Bien souvent on le lui faisait remarqué en se moquant de lui, mais il avait quelque chose que beaucoup n'avaient plus : le respect de soi-même. C'est sans doute sa croyance qui le fait aussi réagir de la sorte. Alors quand le barman fit glisser les boissons sur le comptoir, le jeune étudiant chercha une manière polie de prévenir son interlocuteur qu'il ne buvait pas. Mais il était tellement gentil qu'il avait pas envie de le froisser et qu'il était presque prêt à faire semblant d'être habitué de ce type de lieu et de boisson. Mais son malaise prit rapidement le dessus.

" - Dean je.. En fait je t'ai donné rendez-vous ici mais.. Ce que j'essaye de te dire c'est que je ne bois pas d'alcool.." avoua-t-il confus de rendre la situation difficile alors son ami avait déjà commencé à boire la sienne.

Douglas avait perdu des personnes qu'il croyait ses amis lorsqu'il avait avoué son mode de vie un peu particulier. Il concevait que tous ne soit pas d'accord avec lui, mais il avait dû mal avec les critiques à ce sujet.

Tout en sirotant les premières gorgées de sa bière, le jeune Irlandais entendaient encore les paroles du petit stagiaire résonner en tête : « Je n'ai pas vraiment le temps de les observer tant j'ai des dossiers, mais c'est pas plus mal comme ça. Mes journées sont bien chargées, mais je fais ce que j'aime donc je ne vais pas me plaindre ». Il avait lâché un léger rire. A vrai dire, lui aussi avait été ainsi durant un moment, à se prendre au sérieux avec le travail, à toujours faire les choses bien, avec conscience et rigueur. Il avait toujours été d’application dans ses études, tout en profitant de sa vie universitaire sur le côté. Il voulait que tout soit parfait, que tout soit parfaitement droit, plutôt.

La prise au sérieux avait été d’autant plus grande qu’au moment où il était tombé sous le charme d’Heidi et qu’il l’avait demandée en fiançailles, pensant que c’était la bonne. Pour lui, cela l’était. Leurs huit années de vie commune avaient été les plus belles qu’il puisse espérer. Il vivait sur un petit nuage, sans doute aveuglé par une réalité qui le rattrapa bien vite : lorsqu’elle le lâcha brusquement, en lui disant qu’elle était « désolée » et en souhaitant poursuivre ses propres rêves plutôt que leurs projets communs. Comment Dean pouvait-il se prendre au sérieux, depuis lors ? Cela faisait trois ans maintenant qu’il vivait à la Carpe Diem, à tout prendre par-dessus la jambe et à ne plus chercher l’engagement sérieux. Heidi avait pris un sabre pour lui planter en plein cœur et la blessure avait visiblement du mal à cicatriser.

Perdu aussitôt dans ses pensées, Dean n’avait même pas vu que Douglas, de son côté, n’avait même pas levé le petit doigt pour poigner dans sa bière. « Dean je.. En fait je t'ai donné rendez-vous ici mais.. Ce que j'essaye de te dire c'est que je ne bois pas d'alcool.. » - « Oh, je vois ». Dean fit mine de hocher la tête, avec un air faussement compréhensif, avant qu’un sourire narquois ne viennent trôner sur ses lèvres : « Tu es enceinte, c’est ça ? ». Il eut un léger rire, toujours avec son humour décalé, avant de lui donner un petit coup coude contre coude, l’air complice : « Sorry bro, en vrai, je ne savais pas que tu ne buvais pas d’alcool. Du coup, laisse-la moi et fais-toi plaisir avec un soft ou un mojito sans alcool, c’est ma tournée ! ».

Le jeune avocat aimait bien ce petit étudiant. Il avait non seulement du potentiel mais aussi beaucoup de respect vis-à-vis des autres, mais surtout vis-à-vis de soi. Dean aurait aimé être encore aussi pur, innocent, voire naïf à cet âge-là. Les événements et les aléas de la vie faisaient que c’en était tout autre. Il se pencha en avant pour attraper l’une des cartes de boissons derrière le comptoir et la tendit aussitôt à Douglas avant de boire à nouveau quelques gorgées de sa bière.

« Et sinon, quelles tâches t’ont-ils déjà donné, là-bas ? Tu travailles déjà sur des cas à traiter ? Ils sont gentils avec toi, au moins ? Ils ne te donnent pas que du classement et des cafés à servir à longueur de journée, quand même ? ». C’était typique que certaines entreprises prennent des stagiaires pour des larbins, cela énervait le jeune Irlandais au plus haut point, lui qui avait été dans le cas lors de ses études, lorsqu’il était encore jeune et innocent.

Malgré ce qu'il pouvait laisser croire au premier abord, Douglas n'avait jamais été en couple et n'était pas le genre d'homme à draguer une fille qui peut potentiellement lui plaire. En fait, c'est même tout le contraire, autant dans son travail, il est doué et a du potentiel, autant lorsqu'il s'agit de charmer une demoiselle, il se retrouve à être comme un gamin de treize ans lors de son premier baiser. Alors oui, il a déjà embrassé une fille, mais ça n'a jamais été plus loin que ce simple geste d'affection. Et honnêtement, trouver une femme qui serait capable de comprendre son mode de vie lui paraît bien compliqué, c'est la raison pour laquelle il ne s'en préoccupe pas, mais plutôt qu'il accorde de l'importance à son travail. Cependant, nier que les femmes avec qui il bosse sont charmantes serait mentir.

Alors que le jeune homme commença à boire sa bière, Douglas lui, essayait de trouver le meilleur moyen pour lui avouer qu'il ne buvait pas d'alcool. Il est vrai que dans la société actuelle, un jeune qui ne boit pas ça paraît tellement décalé et pourtant, il y en a bien plus qu'on pourrait le penser. Puis, le jeune homme est tellement habitué à ces sortes de petites moqueries comme lui balance Dean que ça ne le touche même plus. Enfin.. De manière officielle en tout cas, car à l'intérieur il en souffre toujours plus ou moins. Être incompris c'est parfois difficile à assumer, d'autant plus quand les gens pensent que c'est simplement le fait d'être coincé qui le fait agir ainsi. Ça serait tellement plus simple s'il en était ainsi.

Heureusement, Dean ne semble pas lui en tenir réellement compte. En même temps, à aucun moment il lui avait dit qu'il ne buvait pas, enfin tout du moins dans ses souvenirs. Il faut qu'ils n'avaient pas vraiment aborder leur vie privée respective donc il ne pouvait pas le deviner, pourtant cela mettait mal à l'aise le jeune stagiaire qui se sentait coupable de gâcher leur soirée de la sorte. Il se saisit de la carte que lui tendait son ami avant de plancher dessus pour voir ce qui pourrait lui correspondre. En règle générale, il était habitué des jus de fruits, mais fallait-il qu'il se ridiculise encore plus qu'il ne venait juste de le faire à l'instant ? Il commanda alors un jus d'orange au barman avant de se retourner vers Dean.

" - Merci."

Aussi bien pour lui offrir la boisson que pour ne pas s'être moqué de lui méchamment lorsqu'il avait su qu'il ne buvait pas.

" - Ça varie en fonction des besoins, parfois je m'occupe simplement de classer des dossiers et faire un peu de rangement et d'autre fois, je prend pas à un dossier en cours quand ils ont besoin d'aide. Mais je ne fais pas de photocopies et de la distribution de café non, sinon tu te doutes bien que je serai parti depuis longtemps."

Douglas était un gentil garçon, même beaucoup trop gentil, surtout dans sa vie professionnelle. Mais au travail, il est vrai qu'il avait pour habitude de s'exécuter sans vraiment rechigner peu importe les tâches qu'on lui confiait. Ce n'était pas pour être hypocrite, mais plus par peur des représailles et des conséquences. Naïf, c'est comme ça que le désigne certaines personnes et il l'est sans doute un peu, mais c'est juste que son extrême gentilesse causera sa perte tôt ou tard.

Le barman revient avec la boisson du jeune homme tout en lui adressant un sourire. Douglas trempa alors ses lèvres dans le liquide jaune avant d'en avaler quelques gorgées fraîches.

Pendant quelques instants, malgré qu’il l’eut caché avec sa blague douteuse sur la femme enceinte, Dean s’était senti mal à l’aise. Il était vrai qu’il déconnait avec l’alcool depuis son arrivée à Brisbane. C’en était parfois à se demander s’il ne devait pas faire un petit tour chez les alcooliques anonymes pour calmer ses ardeurs. « Merci. » L’alcool, pour lui, contrairement à Douglas visiblement, était un moyen temporaire d’oublier pendant quelques instants que son ancien meilleur ami et son ex-fiancée se trouvaient à quelques pas de lui tous les jours mais ne voulaient plus lui parler.

« Avec plaisir, l’ami ! » s’exclama-t-il, bien content de voir que Douglas avait accepté sa proposition. Finalement, le jus d’orange avait l’air tellement bon que sur le coup, Dean se sentit con avec sa bière. Il en but alors quelques gorgées et se rappela aussitôt que le houblon et le malt étaient deux bonnes choses à connaître dans la vie. « C’est pour une raison particulière ? Des parents trop alcooliques qui t’ont traumatisé ? Une trop grosse cuite qui t’a dégoûté de l’alcool ? Une religion ? Un principe tout simplement ? ». Cela ne le regardait pas, c’était sûr, mais sa curiosité avait innocemment pris le défaut et il voulait savoir, pour ne plus paraître con à l’avenir vis-à-vis de Douglas.

Quoi qu’il en soit, ce n’était pas une opinion sur la boisson qui allait séparer les deux avocats. En effet, ce qui avait tapé dans l’œil du jeune Irlandais était le potentiel en termes juridiques de Douglas. Il était brillant, toujours à la page au niveau de la législation et le fait d’être une jeune recrue amenait toujours quelque chose de frais dans un cabinet. « Ça varie en fonction des besoins, parfois je m'occupe simplement de classer des dossiers et faire un peu de rangement et d'autre fois, je prends part à un dossier en cours quand ils ont besoin d'aide. Mais je ne fais pas de photocopies et de la distribution de café non, sinon tu te doutes bien que je serai parti depuis longtemps. » - « Je vois. » Dean ne put s’empêcher de lâcher un léger rire. C’était certain que la réponse était évidente à cette question : qui pouvait bien rester dans de telles conditions ? Lui avait été à deux doigts de craquer lorsqu’il était en période de stage. Fort heureusement, Benjamin était là pour détendre l’atmosphère en fin de journée et, en prime, son lieu de stage n’avait pas été fort loin du sien.

« Milena Grimes a vraiment de la chance de t’avoir ». Dean ne la connaissait que de nom, notamment parce qu’elle défendait de grandes affaires et perdait rarement la cause. Le problème, avec ce genre d’avocats, était que Dean risquait un jour de tomber nez-à-nez avec elle lors d’un procès, puisqu’elle avait toujours tendance à défendre une clientèle fortunée et exigeante alors que lui, défendait l’Etat en toute cause. Si son client était un meurtrier, c’était sans doute Dean qui allait devoir se coltiner l’accusation. « Je reste persuadé que tu aurais été mieux chez nous, mais bon, le procureur en ce moment est tendu, il aurait bien besoin d’un petit week-end en thalasso, si tu veux mon avis » finit-il dans un rire quelque peu taquin, avant de boire de nouveau quelques gorgées de sa bière;

Douglas avait hésité quelques minutes concernant la boisson qu'il allait prendre, mais au bout du compte, il se dit que ce barman devait en voir de toutes les couleurs, et il n'allait certainement pas le juger parce qu'il prenait un jus d'orange alors qu'ils étaient dans un bar. Et quand bien même il le ferait, et bien il ne lui restera plus qu'à faire comme si tout cela ne l'atteignait pas, alors que chaque moquerie lui faisait un peu plus mal que la précédente. Il remercia tout de même Dean qui venait de lui offrir sa boisson, il n'avait aucune obligation de le faire et pourtant, c'était sans rechigner qu'il l'avait fait.

Le jeune anglais fut surpris par la question de son ami, d'une part parce qu'il ne s'y attendait absolument pas, et d'autre part, parce qu'il n'était pas certain que dévoiler son mode de vie soit quelque chose à faire ici et maintenant. Le jeune Anderson n'avait jamais eu honte de l'éducation qu'il avait reçu, bien au contraire, seulement, essayer de faire comprendre son point de vue était loin d'être aisé.

" - On peut dire que c'est un mélange entre ma religion et les principes que l'ont m'a inculqué. Tu vois cet anneau ? Beaucoup pensent que je suis fiancé ou marié mais à lui tout seul, il représente simplement le fait que je n'ai pas le droit au péché de chair, au fait de toucher alcool et drogue."

Il n'attendait pas à ce que Dean comprenne ce qui lui avait été enseigné à la naissance, mais au moins qu'il le respecte, c'est tout ce qu'il demandait, il espérait que ce n'était pas trop. Bien évidement, il évita de parler de son alcoolique de père qui, pendant six ans a passé ses nerfs sur lui lorsqu'il était ivre, ce qui ne lui donne pas envie de lui ressemble, cela va de soi.

Douglas expliqua alors ensuite ce qu'il faisait dans le cabinet de Milena. Il lui arrivait des dois d'avoir des tâches un peu bateau, mais il ne devait pas oublier non plus qu'il n'était que stagiaire, il n'avait pas réellement de plave au sein d'un cabinet, il était surtout là pour aider, alors il devait se plier à ce qu'on lui demandait. Heureusement Milena ne faisait pas parti de ces personnes qui utilisent les stagiaires pour les tâches ingrates, même s'il faut bien les faire à un moment ou à un autre.

" - Peut-être que je n'avais pas les capacités nécessaires pour l'épauler que les dossiers en cours. Mais bon, ce n'est qu'un stage, j'espère qu'après l'obtention de mon diplôme j'aurai la possibilité de trouver quelque chose de concret."

Douglas avait été déçu de ne pas pouvoir travailler pour le bureau du procureur, mais c'était un poste avec peut-être trop de responsabilités pour un étudiant de son âge, il espérait simplement pouvoir trouver un poste qui lui conviendrait une fois ses études terminées. Mais il était heureux de voir que Dean semblait avoir confiance en son potentiel, et ça lui donnait l'énergie nécessaire pour se défonce encore plus et atteindre ses objectifs. Pour lui, qui ne croit pas vraiment en son potentiel, qui est sans cesse en train de se rabaisser, parce qu'il n'a pas confiance en lui, ce n'est pas facile tous les jours. Mais avec Dean, tout paraît plus facile et il l'en remerciera jamais assez.

" - Je vois, du coup, les dossiers sont assez tendus en ce moment au bureau ?" demanda-t-il en buvant quelques gorgées de son jus d'orange.

Au moment où Douglas lui parla de la raison pour laquelle il ne buvait pas, Dean eut l’air le plus sérieux possible, l’air qu’il abordait toujours au tribunal, lorsque les cas à traiter étaient plus que concrets et sérieux. « On peut dire que c'est un mélange entre ma religion et les principes que l'on m'a inculqués. Tu vois cet anneau ? Beaucoup pensent que je suis fiancé ou marié mais à lui tout seul, il représente simplement le fait que je n'ai pas le droit au péché de chair, au fait de toucher alcool et drogue ». Dean acquiesça la tête, c’était profond comme manière de penser, comme principe. Il tenta de montrer son air stupéfait, mais il avait en réalité beaucoup de respect et d’admiration pour lui en ce moment. Combien de personnes agissaient encore de la sorte, avec toutes les tentations loufoques autour d’eux ? Il loucha discrètement sur l’anneau, ne l’ayant jamais vu jusqu’ici. A vrai dire, ce n’était pas le genre de personnes à prêter attention aux détails, encore moins quand il s’agissait d’un mec. « Belle bague ! Enfin, bel anneau, n’empêche ! ». Il se sentit con pendant un instant, de ne pas avoir les mêmes principes aussi respectueux que les siens. Pire même, il ne se respectait plus qu’à moitié depuis qu’Heidi et Benjamin lui avaient fermé la porte. « Franchement, respect mec. Avec tout ce qu’on voit maintenant, je trouve ça vraiment bien que tu tiennes le coup ! ».

For heureusement, parler de boulot semblait tout à coup plus léger à côté de ce sujet-là. Après avoir repris – avec une certaine culpabilité – quelques gorgées de sa bière pour finir la première pinte, il prit l’autre dans ses mains mais ne s’y attarda pas tout de suite. « Peut-être que je n'avais pas les capacités nécessaires pour l'épauler que les dossiers en cours. Mais bon, ce n'est qu'un stage, j'espère qu'après l'obtention de mon diplôme j'aurai la possibilité de trouver quelque chose de concret » - « Et tu trouveras mon grand, crois-moi ! Si la justice te plait comme tu l’as montré lors de tes différents entretiens, tu feras un très bon avocat. Tu pourras même devenir rapidement juge, si l’ambition est dans ton dada ». Être juge, pouvoir prendre la décision finale d’un cas, quel rêve. C’était là ce dont tout avocat aspirait à un moment où à un autre de sa carrière. « Mais ne crois pas que tu n’avais pas les capacités nécessaires. S’il fallait prendre un stagiaire, cela aurait été toi. Les autres qui ont été vus en entretien n’ont pas été au top, crois-moi. C’est juste le procureur qui me paraît bipolaire par moments » finit-il dans un léger rire. Forcément, il avait l’air d’une femme hystérique quand on mouche le piquait. – « Je vois, du coup, les dossiers sont assez tendus en ce moment au bureau ? » - « Disons qu’il y a une accusation pour meurtre dans la ville. Une affaire assez pénible mais pas du tout ébruitée. Heureusement d’ailleurs, car une ville aussi calme et paisible que Brisbane ne mériterait pas de s’affoler pour si peu ». Il hésita sur les deux derniers mots. C’était assez délicat mais d’un autre côté, il voyait tellement des cas tous les jours que celui-ci ne paraissait qu’un dossier de plus sur la pile. Il se rappela d’ailleurs que le compte-rendu à rendre pour le lendemain matin devait être peaufiné en rentrant. Il jeta un coup d’œil à sa montre, le temps passait vite. Sirotant quelques gorgées de la nouvelle bière, il eut une simple question : « Mais ton stage ne te prend pas tout ton temps j’imagine, que fais-tu de ton temps libre du coup ? Et ne me réponds pas que tu passes ton temps à la bibliothèque hein, je ne te croirais pas ! » lâcha-t-il, avec un immense sourire.

Plus d'une fois, Douglas avait dû répondre aux interrogations de personnes qu'il avait pu croisé dans la rue et ave qui une conversation s'était engagée. Lui le premier aurait très certainement posé cette fameuse question, à savoir est qu'il était marié ou même fiancé. Cet anneau pouvait être la preuve d'un tel acte, mais il n'en était rien. Bien qu'une fois qu'il l'aura ôté, ce sera cette fois, bel et bien une alliance qui le remplacera. Douglas fait encore parti des jeunes qui ont des principes, certes assez drastiques, mais qui fait tout pour les suivre malgré les moqueries et tout ce qui peut se mettre au travers de son chemin. Le terme fleur bleue le désigne assez bien d'ailleurs, il croit au grand amour, à celui qu'on ne vit qu'une fois. Mais pour ceux qui connaissent ses principes, ce qui les choquent le plus n'est pas toutes les interdictions qu'il s est lui-même fait, mais plutôt celle qu'il n'est jamais touché une femme et inversement. Est-ce si difficile de se préserver pour la bonne personne ? Il n'était décidément pas fait pour rentrer dans le moule de cette société.

Il adressa un sourire à Dean lorsqu'il remarqua son regard et qu'il entendit ses propos.

" - Ce n'est pas vraiment une question de tenir le coup, c'est plus une question de religion. Quand tu puisses ta force dans une certaine divinité, tu te plis aussi à certains principes, j'ai été élevé dans une famille croyante et pratiquante et j'ai suivi le même chemin, c'est ce qui m'aide à tenir quand la vie décide de me mettre à l'épreuve."

Il avait conscience que cette discussion était tout sauf normale. Enfin, à cette heure-ci du moins, après une journée de travail. Et puis, c'était un point de vue, il savait que les autres ne pouvaient pas avoir le même que lui et il l'acceptait à condition que les autres acceptent le sien. Il n'a jamais été contre les débats tant qu'ils sont fait dans le respect des deux parties.

En vérité, Douglas n'avait pas vraiment songé à la suite. Bien sûr qu'il voulait poursuivre dans ce domaine, mais hormis une spécialité qui lui tenait à coeur, il ne s'était pas senti assez confiant pour s'imaginer juge procureur ou autre poste à haute responsabilité. Bien sûr que c'était un objectif pour tout avocat qui souhaitent progresser, mais il n'a pas fait sa projection aussi loin pour le moment, trop peu confiant en lui-même et ses capacités.

" - Avec tout le respect que je te dois, tu mexcuses mais ton avis est légèrement biaisé au vu de notre relation, mais je ne remets pas tes propos en doute."

Et ça lui faisait plaisir t'entendre une telle chose, que les autres n'étaient pas lui. Que les autres n'avaient pas dégagé ce que lui avait dégagé au premier entretien, mais hélas, la décision n'était pas revenu à Dean mais au procureur qui avait trouvé meilleure chaussure à son pied.

" - Je vois.. Des dossiers pas faciles à gérer.. Dit-moi, comment tu as su que tu voulais travailler au bureau du procureur.. ? Je veux dire, quand tu as fais tes études tu savais déjà dans quel domaine tu voulais te spécialiser ?"

Pour ce qui est du jeune anglais, il avait l'intention de se spécialiser dans des affaires pour mineurs, défendre ceux qui ne peuvent le faire seul, parce que trop jeune, parce que trop naïf et innocent. Mais il n'était pas pleinement certain de son choix, voilà pourquoi il avait besoin de l'avis de son mentor, comme il aimait l'appeler. Il finit de boire les quelques gorgées qui restaient dans son verre avant de répondre à son ami.

" - Non c'est vrai, même s'il m'arrive d'y aller pour bosser sur des dossiers. Quand j'ai du temps libre, je vais dans des associations, je suis bénévole dans plusieurs d'entres elles comme celles des femmes battues ou encore la soupe populaire. Donc disons que le peu de temps qu'il me reste encore avec tout ça, et bien je le prends pour me reposer ou bien lire des livres pour apprendre encore un peu plus sur le droit." répondit-il avec un large sourire, espérant que sa réponse convienne à son interlocuteur.

« Ce n'est pas vraiment une question de tenir le coup, c'est plus une question de religion. Quand tu puises ta force dans une certaine divinité, tu te plies aussi à certains principes, j'ai été élevé dans une famille croyante et pratiquante et j'ai suivi le même chemin, c'est ce qui m'aide à tenir quand la vie décide de me mettre à l'épreuve » - « Waw, très sage ». Et il le pensait. En réalité, il ne pouvait cesser d’être impressionné, ni de le cacher. C’était tellement rare, dans la société actuelle, de croiser des personnes comme Douglas.

Ce n’était néanmoins pas pour cela que Dean allait arrêter de lui parler. Il passait un bon moment avec ce jeune prodige, il avait même ri lorsqu’il le remballa gentiment : « Avec tout le respect que je te dois, tu m’excuses, mais ton avis est légèrement biaisé au vu de notre relation, mais je ne remets pas tes propos en doute ». C’était bien sympathique de sa part et, à ces moments, il entama une nouvelle fois quelques gorgées de la seconde bière, une bière à la base prévue pour Douglas.

« Je vois.. Des dossiers pas faciles à gérer.. Dis-moi, comment tu as su que tu voulais travailler au bureau du procureur.. ? Je veux dire, quand tu as fait tes études tu savais déjà dans quel domaine tu voulais te spécialiser ? ». Le jeune Irlandais réfléchit quelques instants à la question. Parler de son passé lui fait mal, surtout lorsque cela concernant ses années universitaires en compagnie de son meilleur ami Benjamin, de sa petite copine de l’époque, Heidi, mais aussi avec Cora qui, en dépit de sa relation avec Ben, passait du bon temps dans leur petite équipe. Dean pensait-il un seul instant, à cette époque, que tout allait changer ?

Plus précisément, pensait-il vraiment à sa carrière à ce moment-là, alors que tous vivaient leur jeunesse ? « Heu… je… pas vraiment, en fait. Tu me poses un peu une colle, là. Je voulais juste défendre en me servant du droit, peu importe pour qui je travaillais. C’était ce que je pensais à ce moment-là. Je préférais le droit international et j’ai fini dans le droit des affaires ». Il haussa une épaule, tout bêtement. « Tu penses que ta vie est toute tracée, que tu as toutes les cartes en mains pour tout planifier et avoir la vie parfaitement souhaitée… puis, non ». Il reprit quelques gorgées pour terminer la deuxième pinte. C’était fou de ce qu’il était allé vite, venait-il vraiment de terminer un litre de bières à lui tout seul ? Son ventre allait trinquer ce soir, vu la vitesse à laquelle il avait bu. « Non c'est vrai, même s'il m'arrive d'y aller pour bosser sur des dossiers. Quand j'ai du temps libre, je vais dans des associations, je suis bénévole dans plusieurs d'entre elles comme celles des femmes battues ou encore la soupe populaire. Donc disons que le peu de temps qu'il me reste encore avec tout ça, et bien je le prends pour me reposer ou bien lire des livres pour apprendre encore un peu plus sur le droit » - « Les associations, la manière saine de passer son temps libre », murmura-t-il, en tout en hochant la tête, avec un sourire en coin. « J’ai lu un livre très intéressant justement l’autre soir, je pourrais te le prêter si tu veux. On ne sait jamais, qu’il puisse te servir dans le cadre d’un travail ou pour le plaisir personnel ».

Autour d’eux, les gens commençaient à arriver en masse. C’était vraiment l’after work dans les bars, où tout le monde se rejoignait pour le fun, pour se décontracter et – parfois-même – pour en oublier la journée de merde qu’on avait passé. Dean dut se pencher un peu plus vers Douglas pour se faire entre parmi tout ce boucan : « Mais sinon, tu me demandais ça pourquoi ? Tu sais déjà vers quoi tu aimerais te diriger toi, du coup ? ».

Si Douglas confiait tout cela à Dean, ce n'était pas pour qu'il le complimente sur sa manière d'agir, c'était simplement pour qu'il puisse savoir son état d'esprit face à une situation précise. Ce qui pénalisait le jeune homme le plus souvent c'était sa gentilesse, il n'était pas du genre à aller insulter une personnage qu'elle l'avait poussé, ou même s'en prendre à un étudiant qui aurait pu lui mener la vie dure. Comme on dit souvent "Trop bon, trop con". Et une question se posait toujours dans son esprit, il était tellement gentil alors serait-il capable de mener à bien un procès ? De détruire une personne avec un dossier en béton ? Il lui arrivait parfois de se dire qu'il n'avait pas les épaules pour une telle chose, pourtant, c'est tout ce qu'il aimait faire.

Après avoir interrogé son compagnon de soirée sur l'avenir dans lequel il se voyait à l'époque où il n'était encore qu'un étudiant. Sa réponse le prit un peu au dépourvu mais le rassura également dans une certaine mesure. Douglas ne connaissait pas tellement Dean en dehors de ce qu'il avait accepté de lui confier bien sûr, mais il avait comme l'impression que parler de cette époque n'était pas ce qu'il appréciait le plus. Peut-être avait-il vécu une épreuve à ce moment là, et que revenir pour en parler était douloureux. Comme à son habitude, le jeune anglais s'en voulait immédiatement, il aurait dû ne pas poser la question, ça aurait évité un malaise.

Est-ce que le jeune étudiant pensait que sa vie était toute tracée ? Non. C'était même le contraire, il savait bien qu'il y avait toujours des épreuves qui pouvait arriver n'importe quand, et pour cela, il était impossible de se dire à l'abri de quoique ce soit. Personne ne l'était, pas même lui. Mais cependant, la réponse de Dean semblait refléter quelque chose de plus profond. Quelque chose qu'il l'avait impacté d'une certaine façon et dont il souffrait encore. Douglas était bien trop gentil pour poser une nouvelle question qui fâche. Pas ce soir en tout cas, peut-être un autre jour où il sentira que la conversation peut se prêter à des confidences concernant le passé de son ami.

Douglas finit par se confier sur ce qu'il faisait de son temps libre, bien qu'il n'en avait pas tant que ça pour profiter de sa vie, comme beaucoup de jeunes qui étaient des habitués des fêtes ou autre, lui avait préféré se rendre utile et ne pas gâcher son existence plus que son père l'avait déjà fait. Il refusait de reproduire les mêmes erreurs qu'il avait fait.

" - Je serai ravi de lire ce livre, ça me permettra peut-être de décompresser une dizaine de minutes avant d'aller me coucher le soir." fit-il avec un sourire.

Sur ses paroles, il termina son verre de jus d'orange puis le reposa sur le bar, auquel il était accoudé. Il serait ravi de partager un livre avec son ami et de pouvoir en débattre une fois lire ce livre il l'aurait terminé. C'était ça aussi la société actuelle, pouvoir débattre des ouvrages lus et de voir le point de vue de chacun sur ce qui est raconté dedans.

Malgré l'interrogation que Douglas avait posé à Dean, il ne s'attendait pas à ce que la question lui soit retournée. Durant quelques secondes, il dut essayer de se faire à tout ce brouhaha et cette masse de personne qui arrivait. Il n'était pas un grand fan de la foule, alors forcément, il n'était pas très à l'aise dans ce genre d'endroit où l'alcool coulait à flots avec des personnes qui ne savaient pas toujours se maîtriser pour connaître leurs limites.

" - Je.. Oui en fait j'ai déjà une idée mais.. Je ne cesse de me demander si je serai capable de devenir avocat un jour, je me demande si j'ai les épaules pour ça.. Mais j'aimerai vraiment défendre les mineurs, ceux qui n'ont aucun recours, qui ignorent comment la loi fonctionne.."

Sa voix trahissait un certain vécu. À l'époque, il aurait bien aimé avoir une personne à ses côtés pour le défendre contre son père. Mais il avait dû attendre six ans avant que tout cela ne se termine. Aujourd'hui, il voulait rendre la pareille à ces enfants qui avaient besoin d'être aidés.

Le jeune avocat connaissait peu de personnes réellement motivées par le métier et c’en était bien dommage. De nos jours, les gens avaient tendance à ne penser qu’à l’argent que le boulot pouvait rapporter, sans se soucier du bien-être au travail. Douglas allait sans doute faire partie de ces rares personnes qui aiment leur métier. « Je serai ravi de lire ce livre, ça me permettra peut-être de décompresser une dizaine de minutes avant d’aller me coucher le soir » - « C’est une idée comme une autre » finit-il par dire, sans réel enthousiasme. A dire vrai, lui n’était plus du style à lire un livre calmement le soir en rentrant chez lui, juste avant de se coucher. Ces trois dernières années avaient été tout le contraire de l’image qu’il se faisait de la perfection. Lui qui avait adoré avoir une vie parfaite, avec des habitudes tout aussi parfaites à ses yeux elles aussi, avait inconsciemment changé de trottoir à ce propos et menait à nouveau une vie comme s’il avait de nouveau dix-sept ans. C’en était lamentable. Il s’en rendait compte par moments, mais pas toujours et, quand bien même, il n’y changeait rien. « Je.. Oui en fait j'ai déjà une idée mais.. Je ne cesse de me demander si je serai capable de devenir avocat un jour, je me demande si j'ai les épaules pour ça.. Mais j'aimerais vraiment défendre les mineurs, ceux qui n'ont aucun recours, qui ignorent comment la loi fonctionne » - « Quel bon choix! ». En réalité, toute cause était bonne à défendre lorsque l’on faisait du droit. Après, tout dépendait des convictions de chacun. Défendre les mineurs auraient été une cause intéressante s’il avait vécu une situation troublante durant son enfance. Seulement, son enfance avait été tellement parfaite, une fois encore, qu’il n’avait jamais eu de quoi se plaindre. « Mais défendre les mineurs, ce n’est pas une mince affaire mon vieux. Enfin, tu as l’air de savoir dans quoi tu t’embarques, c’est pourquoi je t’encourage à 100% à suivre cette voie-là ». Et il ne pouvait pas être plus sincère qu’à cet instant. Nombreuses auront été les fois où il vit de près ou de loin des situations similaires à celle de Douglas. Un long soupir s’échappa de la barrière de ses lèvres à cette pensée. Par contre, ce qui le fit réellement sortir de ses pensées à cet instant fut l’étrange message qu’il reçut sur son portable à cet instant-là. Heidi. C’était justement Heidi. Après des semaines de silence, elle lui avait enfin envoyé un sms pour lui demander de la rejoindre à la plage quelques jours plus tard. A cet instant, Dean resta figé de manière assez impressionnante, partagé entre l’idée de pester contre elle et celle de lui répondre sur-le-champ. Ce ne fut que bien des secondes plus tard qu’il releva les yeux vers Douglas qui devait sans doute se demander ce qui lui arrivait. « Je, heu… ». Il eut un sourire bête. « Je viens d’avoir un sms de la part d’une personne dont je ne m’attendais pas à avoir de nouvelles. Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer de cette mauvaise blague… ». Il n’avait jamais parlé d’Heidi à Douglas. En réalité, à part les personnes concernées, peu de gens étaient au courant de ce qu’il pensait vraiment de la jeune femme. Lui-même avait parfois du mal à mettre des mots dessus. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il commençait à avoir chaud dans le bar et que prendre l’air lui ferait du bien. Si c’était là encore la représentation-même de la mauvaise blague, il ne lui pardonnerait pas. Pas une fois de plus. Il jeta un coup d’œil à sa bière, celle-ci presque vide. « Gros, on se remet ça dans la semaine, ça va ? Rien d’grave hein, mais je dois cogiter sur le message que je viens de recevoir si je ne veux pas devenir fou ». Et il se mit à rire tout seul, tapota amicalement l’épaule de son ami et finit sa bière d’une traite. « Je t’amène le livre la prochaine fois qu’on se voit ! ». C’était certain que son comportement avait changé. Mais lorsqu’il s’agissait de son passé tant convoité, lorsqu’il s’agissait de Benjamin ou d’Heidi, il n’était pas la même personne. Pas après tout ce calvaire de leur absence. Il adressa encore quelques mots à Douglas pour lui dire au revoir et sortit rapidement du bar.

fin du rp.