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 joanne + it only matters if we care

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Message(#) Sujet: joanne + it only matters if we care joanne + it only matters if we care EmptyMer 29 Aoû 2018 - 8:52


Il y avait un petit antiquaire, sur le trottoir juste en face du bâtiment où Kelly rencontrait régulièrement l'un des négociants avec lesquels elle faisait affaire au nom des établissements qui lui confiaient leur cave. C'était sûrement le seul endroit au monde où elle aimait voir de la poussière, bien que les propriétaires de ce genre de boutique n'en toléraient pas la présence du moindre particule. À vrai dire, plus les objets étaient vieux, plus ils lui parlaient. De la part d'une femme dont l'intérieur manquait autant de personnalité que celui de ces pièces figées dans un vide perpétuel que l'on trouvait dans les catalogues de vente à domicile, c'était un goût insoupçonnable. Pourtant, parmi les babioles et les bibelots bariolés, les dorures vives, les argents irisés, les patines luisantes, les bois nobles, l'éclectisme des styles et des âges, Lee aimait flâner, rêvasser. Elle se regardait dans les grands miroirs opacifiés par le temps dans leur cadre usé, la surface tachetée de noir déformant légèrement son visage. Sur le mur, elle observait les portraits, les silhouettes, les macramés, tous ces regards vitreux et fantomatiques. Elle ouvrait les tiroirs des vieilles commodes et des buffets par simple curiosité, se demandant bien ce qu'il restait à y trouver -un bouble fond peut-être. Sans oser s'y asseoir, elle s'imaginait tout à fait à quel point cette banquette couverte de velours prune qui trônait au centre de la pièce était confortable. Tout ceci était encore raisonnablement abordable pour toute personne avec un peu de moyens et de volonté d'ajouter ce genre de cachet à sa maison ; si certains étaient enclins à se ruiner dans le design épuré de Max Sparrow ou Coco Republic, d'autres séléctionneraient une pièce d'exception dans un endroit de ce genre. Kelly, elle, se contentait de regarder mais se sentait incapable de disposer dans son salon les biens d'autrui, qu'importait s'ils n'étaient plus de ce monde et quelle valeur ces objets prenaient. L'aspect lisse de son chez elle était tout à son image, et elle s'y sentait bien. La pièce suivante constituait un péché mignon qui l'enthousiasmait plus encore. Jamais ne s'était-elle risqué à estimer le prix des biens ici, ni à retourner une étiquette afin d'en avoir une idée concrète ; il ne servait à rien de se briser le cœur de la sorte et faner de doux rêves. Rêver, au moins, ne coûtait rien. Et ses pieds poursuivaient leur marche délicate entre les allées d'antiquités, le pas lent afin que le claquement de ses talons ne perturbe pas cette forme d'admiration et de respect qui se dégageait de la contemplation des clients de la boutique. Ceux-là faisaient l'acquisition d'un vase que Lee aurait particulièrement bien imaginé sur l'un de ses guéridons, jusqu'à ce que la gaucherie de Tobey ne résulte en un désastre à plusieurs milliers de dollars. Ceux-ci se penchaient sur une sculpture de chérubin au postérieur généreux et aux joues rebondies qui était tout bonnement adorable, si l'on aime une touche de kitsch chez soi. Et elle… Elle, la petite blonde dans le fond de la salle, ne lui était pas inconnue. “Joanne !” lança-t-elle à travers la boutique, quelques décibels au-dessus de ce que le vendeur pouvait tolérer sans la juger du retard. Kelly se pinça les lèvres, sourit timidement, les épaules jusqu'aux oreilles. Puis elle approcha de la jeune femme à pas d'autant plus feutrés. Bien sûr, la brune n'oubliait pas leur dernière rencontre, ni la première avant cela. Bien sûr qu'elles étaient parties sur le mauvais pied, mais rien n'était une fatalité d'après elle. L'approcher avec un grand sourire avait tout le potentiel de leur faire emprunter un bien meilleur chemin, songeait-elle. Joanne ne pouvait décemment plus lui en vouloir pour son indiscrétion lors de sa visite à Hassan, il y avait des mois de cela. Cela pouvait arriver à n'importe qui de laisser ses oreilles balader là où elles ne devaient pas écouter, mais il n'y avait pas mort d'homme, et c'était il y avait déjà longtemps désormais. Il était impensable qu'elle lui en tienne rigueur à ce jour alors que son ex-mari, lui, n'avait jamais pris la peine de commenter ce comportement. Ainsi, tout allait bien dans le meilleur des mondes, sans l'ombre d'un doute. “Toujours un pied dans le passé.” constata-t-elle, faisant référence à son travail au musée où elles avaient fait connaissance dans un climat de méfiance de la part de Joanne, l'antiquaire où elles se trouvaient toutes deux -et peut-être évoquait-elle également Logan City et un certain voisin, tout en subtilité. Ses mains jointes devant elle, le sac bien calé sur son épaule, Lee ne se risqua pas à lui faire une bise ou faire preuve de la moindre familiarité, elle qui distribuait habituellement les étreintes chaleureuses à longueur de journée. “C'est la nostalgie du style colonial qui vous amène ?” Son regard glissa furtivement sur les articles anciens proposés autour d'elles, et cela ne comportait rien de tel, pour ce qu'elle en savait. Alors il ne lui restait plus qu'à croiser les doigts pour que cela soit compris comme une plaisanterie plutôt qu'une preuve d'ignorance.
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Message(#) Sujet: Re: joanne + it only matters if we care joanne + it only matters if we care EmptyLun 3 Sep 2018 - 17:30



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Les recherches n'avaient pas été des plus fructueuses pour le moment. Les arrivages n'étaient pas nombreux, et pour les quelques oeuvres que Joanne avait pu repérer, elle doutait sérieusement de leur véritable authenticité. Elle ne désespérait pas pour autant. Elle fouillait, motivée par sa curiosité et sa détermination, durant chacune de ses pauses déjeuner. Elle mangeait sur le pouce et se ruait ensuite chez les différents antiquaires de la ville. Son visage commençait même à devenir familier chez certains antiquairess. La jeune femme avait vaguement parlé de cet objectif qu'elle s'était fixée toute seule à son mari. Elle lui avait assuré que cette activité supplémentaire n'empiétait pas sur le temps libre qu'elle accordait à sa famille. Elle adorait déambuler dans de tels endroits, elle s'y sentait véritablement dans ses élements. Joanne se laissait parfois le temps de contempler des vieux meubles, comme ce vieux vaisselier en acajou devant lequel elle était passée et dont les gravures dans le bois l'avait rendue curieuse pendant de longues minutes. Bien qu'elle était apte à analyser tout objet d'art, Joanne avait un intérêt tout particulier pour les peintures et c'était ce qu'elle recherchait principalement. Qu'il s'agisse d'un artiste australien ou d'une oeuvre venant de l'autre bout du monde, elle observait tout ce qui entrait dans la catégorie dont elle était experte afin d'être sûre de ne rien manquer. La jeune femme était persuadée que durant la colonisation, de nombreuses familles fortunées avaient emmené des oeuvres d'art avec eux afin de décorer leur nouvelle maison. Au fil du temps, ils finissaient par être stockés dans les greniers, les générations nouvelles s'y intéressant moins, prenant la poussière et se dégradant avec les années, à cause d'une conservation peu recommandable. Il ne fallait plus qu'attendre qu'ils se décident à les mettre en vente ou à les fournir à des antiquaires, n'espérant pas forcément en tirer un bon prix. Ce n'était que la vieillerie, après tout. Du moins, c'était ainsi que Joanne s'imaginait les choses. Ne serait-ce que retrouver des croquis perdus d'un peintre célèbre, ou une oeuvre parfaitement méconnue d'un grand artiste italien. Ses rêveries l'emmenaient loin et la faisaient espérer, mais elle avait malgré tout conscience qu'elle risquait d'être déçue à chaque fois qu'elle entrait dans une boutique. Elle ne baissait pas pour autant les bras. Entre tous les objets venant du continent asiatiques et les meubles au bois foncé, décoré de dorures permettant de définir leur style, elle ne trouvait pas véritablement son bonheur. Quoi qu'elle avait vu un portrait, dont l'artiste était inconnu, mais dont le coup de pinceau laissait penser qu'il était d'une école hollandaise. Impossible de dire qui était le jeune garçon représenté à première vue, et Joanne n'avait pas aperçu de détails qui étaient susceptibles ded la mettre sur une piste. Mais ce tableau la rassurait dans la mesure où elle pouvait désormais être certaines qu'il était possible de trouver des oeuvres venant d'Europe. La jeune femme observait une vieille tapisserie accrochée au mur quand une voix féminine appela son nom. La blonde sursauta vivement, ne s'attendant pas à croiser une personne qu'elle pouvait connaître chez un antiquaire. Elle n'en fut que plus surprise en voyant qui s'approchait d'elle. Kelly, toute pimpante, un large sourire aux lèvres, comme si elle était ravie de croiser une vieille connaissance. Une attitude des plus déroutantes pour Joanne, ne gardant pas un bon souvenir des fois où les deux jeunes femmes s'étaient croisées. Muette, elle regardait la brune s'approcher d'elle. Joanne venait à se demander si elles avaient vraiment vécu leurs rencontres de la même façon ou si Kelly tentait tout simple de faire table rase afin de repartir sur de bonnes bases. Dans les deux cas, elle était perplexe. Elle l'observa longuement, très longuement, avant de prononcer le moindre mot. Joanne était incapable de connaître les véritables intentions de Kelly. Elle aurait pensé qu'elles se seraient plutôt fui, compte tenu de ce qu'il s'était passé. Elle ignorait aussi ce que la belle brune pouvait insinuer avec sa première phrase, s'il y avait un sens caché, une allusion. C'était plus fort que Joanne, elle ne pouvait s'empêcher de se demander pour elle était prise d'un tel élan de sympathie. Cela lui paraissait si soudain, et surtout, inexpliqué. Et Joanne était une personne qui avait besoin de comprendre, qui avait besoin d'explication. "Toujours, oui." dit-elle tout bas avec un maigre sourire, bien qu'elle ignorait que la phrase de Kelly pouvait insinuer exactement. A vrai dire, elle ne savait pas pourquoi elle était venue l'aborder. Avait-elle quelque chose à dire, ou voulait-elle en savoir plus sur sa vie privée, afin de pimenter davantage la sienne. Il lui était impossible de cerner Kelly.  "Plutôt la recherche d'un trésor." lui répondit-elle avec un rictus un brin amusé, échangeant enfin un regard avec elle. Etrange que Kelly fasse cette remarque, parce qu'il n'y avait rien de colonial sur les objets qui les entouraient. Et maintenant, quoi ? La conversation pouvait très bien s'arrêter là, chacune revenant à son quotidien et à vitre oublier cette rencontre furtive. Pourtant la petite blonde restait plantée. C'était plus fort qu'elle, d'avoir une certaine réserve, de ressentir exactement le même malaise qu'elle avait lors des deux premières fois. "Pour le musée." se permit-elle de préciser, en regardant la vieille commode que ses doigts effleuraient depuis un moment maintenant. "On peut autant trouver les objets les plus communs que les biens les plus précieux dans ce genre d'endroits, et je compte bien tomber sur une véritable perle rare un jour." Un projet qui lui tenait énormément à coeur et dont elle n'avait parlé qu'à très peu de personnes. Même son supérieur ignorait pourquqoi elle se rendait en ville tous les midis. "Et vous ? Vous venez ici juste pour le plaisir des yeux, ou en quête d'un artefact en particulier ?" Beaucoup de personnes aimaient désormais trouver de vieux objets ayant une véritable histoire derrière, pour étoffer la décoration de leur maison ou agrandir une collection personnelle. "Je pourrais peut-être vous aider." suggéra-t-elle. La petite blonde se disait qu'elle pouvait faire également un effort, malgré la méfiance qu'elle ressentait encore. Elle n'était pas méchante, ni malpolie. Et bien qu'elle avait tendance à pardonner facilement, elle n'oubliait pas. C'était à cause de cela qu'elle ne comptait pas se lancer dans des sujets qui pouvaient mener, d'une manière ou d'une autre à Hassan, ou d'autres sujets de conversation qui concernait son passé. Kelly en savait déjà bien trop à son sens et le pire dans tout ça était que Joanne ne savait absolument rien d'elle. Malgré tout, Joanne lui offrait le sourire le plus sincère qu'elle ait pu lui donner jusqu'ici. Elle voulait bien lui accorder que leurs deux premières rencontres n'étaient ruinés que par maladresse (et, une franche curiosité). Elle avait vu en elle, jusqu'ici, quelqu'un qui ne se mêlait pas de ses affaires. Mais Kelly n'avait pas l'air d'être foncièrement une mauvaise personne. Joanne se devait de lui accorder une nouvelle chance. Mais cela prendrait du temps, beaucoup de temps. Sans qu'elle ne s'en rende compte, elle s'était mise à jouer nerveusement avec ses doigts.
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Message(#) Sujet: Re: joanne + it only matters if we care joanne + it only matters if we care EmptyMer 5 Déc 2018 - 9:58


Les paroles étaient maladroites, articulées par des lèvres délicatement rosées. Kelly arborait sa moue amicale, le même sourire enthousiaste sous un regard assuré, insistant, comme celui des enfants qui s'approchent du premier camarade venu parce que “je t'aime bien, tu seras mon ami”. Elle n'avait aucun avantage quelconque à tirer d'une amitié avec Joanne néanmoins, et ce n'étaient pas les amis qui lui manquaient, à elle. Pourtant, il n'était pas tolérable qu'une personne de cette ville ne l'apprécie pas, ou pire, puisse lui reprocher quoi que ce soit et érafler son impeccable couche de vernis. Un ennemi, ce n'est pas bon pour le karma, et Casey était une assez grande paire de manches. Pour la petite blonde, elle ferait un effort. Elle appuierait ses deux petits yeux marrons sur sa bouille de poupée et les enfonçait dans ses orbites jusqu'à ce que le maléfice prenne. Après tout, pourquoi Joanne serait la première à ne pas l'aimer ? Elle n'était pas meilleure que la brune, elle n'était pas trop bien pour elle. Elle n'était pas parfaite, elle n'était même pas si bien que ça. Alors elles seraient amies, point barre. Voilà un moment que Lee n'écoutait plus que d'une oreille, facilement distraite par ses pensées. Elle hochait de la tête régulièrement, les sourcils discrètement froncés pour feindre l'intérêt et l'attention. Puis quand les lèvres de Joanne cessèrent de bouger, elle s'exclama d'un “Oh, je vois !” passe-partout à l'enthousiasme justement dosé. L'australienne appréciait les musées, bien sûr. Du moins, ce genre de lieu ne lui était pas désagréable. Elle avait peu de savoir en matière d'art, elle ne s'était jamais réellement intéressée. À ses yeux, un tableau était simplement beau ou moins beau. Du reste, des mouvements artistiques, des techniques, des grandes analyses, Kelly ne voyait là que le reflet du besoin de bomber le torse d'une bande d'hommes faisant joujou avec des pinceaux. C'était faire un grand tas de fouin de pas grand chose. “Eh bien, je ne sais pas s'il y a quoi que ce soit de digne d'un musée ici, reprit Kelly, mais il y a toujours un quelque chose qui menace de vous faire un trou dans le porte-monnaie pour votre chez vous.” Peut-être pas de perle rare, mais de quoi satisfaire un caprice, un besoin compulsif de faire chauffer la carte de bleue pour compenser tout autre chose. Je finirais seule jusqu'à la fin de mes jours, mais ce vase trop cher pour sa qualité made in China qui aura fait travailler un enfant pour sept centime de l'heure pour un magasin aux millions de bénéfices fera illusion de régler le problème de mon cœur desséché. Cependant, Lee flânait juste, dans cette boutique d'antiquités où elle n'avait jamais rien acheté. Le problème d'une vieillerie était son aspect éternellement sale. Même à peine dépoussiéré, un meuble ancien semblait vous narguer en demeurant légèrement terne, visiblement usé. Un peu comme une personne âgée ; tout le maquillage du monde ne pouvait cacher les rides, marques du temps -et encore moins l'odeur de fleur fanée qu'ils émanent tous. Il n'y avait rien à faire, et la brune serait la première à se faire saigner les mains à force de frotter en vain. “Je… Oui, tout à fait !” répondit-elle pourtant sans réfléchir, sans que cela ait le moindre sens ou ne lui ressemble en quoi que ce soit. Mais Joanne vaut proposé son aide, elle était prête à lui accorder un peu de temps, peut-être juste assez pour quitter la boutique moins fâchées, et c’était, pour aujourd’hui et pour elles deux, tout ce qu’elle désirait. Néanmoins si son manque de culture avait déjà transparu au moment même où elle avait abordé Joanne, il n’en serait que plus flagrant au fil des minutes à ses côtés, et il parut évident qu’à la fin, Lee se serait ridiculisée plus d’une fois. Et cela commençait par sa grande bouche ouverte façon poisson mort entre deux syllabes tandis qu’elle recherchait les parties de son bobard non sans difficultés. “Je cherche… une décoration pour…” le grenier, songeait-elle, à voir ce qui les entourait et qui n’aurait de place ni dans son salon, ni dans sa chambre, dans sa cuisine -ni où que ce soit. “...mon entrée ?” Pire choix de tous. Pile là où, si Joanne venait la visiter un jour -quand elles seront amies, vous savez- elle noterait immédiatement son absence -parce que la brune s’en serait évidemment débarrassé. “Quelque chose qui donne le sourire dès qu'on entre dans la maison, qui mette de bonne humeur.” La voilà qui s’imaginait repartir d’ici avec cette statue en fer de flamant rose visiblement volé dans le jardin de quelqu’un il y a assez longtemps pour que les ailes aient perdu de leur couleur, ou encore ce portrait de petite fille aux longs cheveux noirs tressés façon Mercredi Adams et au regard figé, au rictus angoissant, prête à sortir de son cadre et ramper au plafond. “Habituellement, je me tournerais vers une grande enseigne de décoration. Mais je me suis dit, “Lee, il te faut quelque chose d'unique pour cette… entrée. Quelque chose qui a plus qu'une valeur pécuniaire.” Que ce soit un vase, un tapis ou un cadre, je ne sais pas encore.” Ce cinéma se retournerait forcément contre elle, et Lee finirait dindon de sa propre farce. Convaincante, elle l’était, plus ou moins, malgré les quelques mots sur lesquels elle butait. De là à se convaincre elle-même, il y avait encore du chemin. “J'aime croire que l'objet me parlera, quand je le trouverais.” conclut-elle avec le regard légèrement plissé, la bouche pincée, et la tête dodelinant sur sa nuque, ce qui, pensait-elle, lui donnait un air sérieux et philosophe.
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Message(#) Sujet: Re: joanne + it only matters if we care joanne + it only matters if we care EmptyMer 12 Déc 2018 - 20:09



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Bien qu'elles ne se soient pas beaucoup croisées jusqu'ici, Joanne n'appréciait pas le fait qu'elle ait autant de mal à cerner la brune. Pourtant, elle côtoyait des personnalités complexes. Jamie n'était pas le plus facile à comprendre, surtout avec les aléas récents. Elle y était pourtant parvenue. Mais Kelly, en revanche, restait un véritable mystère. Elle ne parvenait pas à discerner ce qu'elle cherchait, ce qu'elle voulait véritablement. Avoir des nouvelles de sa relation avec Hassan, le fin mot de l'histoire ? Ah mais oui, c'est vrai, elle avait été là à ce moment là. Quand Joanne lui parlait, tentant d'être amicale et polie, son interlocutrice ne semblait pas des plus attentives. Peut-être était-ce du au fait qu'elle n'avait pas de réel intérêt pour l'art. "On ne sait jamais sur quoi on peut tomber." maintenait Joanne, convaincue par ses propres convictions. "Je ne compte pas acheter quoi que ce soit pour décorer mon chez-moi." Déjà, il n'y avait plus beaucoup de place à la maison pour se permettre d'acheter quoi que ce soit d'autre. Le projet de maison était resté au point mort pour le moment, mais Joanne gardait bien l'idée en tête. Ce n'était que partie remise, pour un peu plus tard. Voyant que la quête de Joanne n'évoquait pas de vif intérêt à la brune, elle préférait se focaliser sur elle, dans l'espoir de trouver un sujet de conversation qui pourrait être plus fructueux et ainsi éviter un silence particulièrement gênant. Malgré l'effort des deux partis, Joanne ne se sentait pas vraiment à l'aise. Elle se disait que cela finirait par se dissiper avec le temps. Mais rien de cette discussion était naturel. C'était forcé, pour faire les choses bien et pour paraître civilisées, se donner l'illusion que l'on est capable de se faire bonne figure. Ca avait fonctionné avec d'autres personnes, mais pour cette fois-ci, Joanne devait reconnaître que c'était beaucoup moins évident. Kelly était extrêmement difficile à cerne et ses véritables intentions étaient impossibles à déceler. La blonde avait l'impression de ne pas faire véritablement sa connaissance. "Une décoration pour votre entrée..." répéta Joanne, particulièrement perplexe. "... vraiment ?" Elle arqua un sourcil. Peut-être était-ce la curiosité qui avait mené Kelly jusqu'à chez un antiquaire, mais elle n'avait pas l'air forcément emballée par tout ce qui l'entourait pour le moment. Peut-être était-ce une excuse pour déambuler par ici, ou elle aurait simplement pu dire qu'elle aimait se promener dans de telles boutiques. Parfois, la brune semblait hésitante sur ce qu'elle disait. Joanne, toujours avec son fond naïf, ne voyait pas de suite que ce qu'elle lui racontait n'était que le début d'un tissu de supercheries pour justifier une cause qui n'avait pas besoin de l'être. "Si vous voulez véritablement quelque chose d'unique, je pense que vous trouverez plus votre bonheur dans une galerie d'art. Je connais quelques bonnes adresses, si ça vous intéresse." proposa Joanne avec un haussement d'épaules. "A moins que vous ne désirez véritablement ajouter une touche de vintage chez vous." Ce n'était qu'une suggestion comme une autre. Peut-être que c'était à force de côtoyer des collègues qui adoraient l'art moderne et contemporain qu'elle commençait à montrer un certain intérêt à de l'art un peu plus récent que ce qu'elle aimait admirer d'habitude. Elle n'était pas non plus devenue une fan incontesté, mais elle s'y intéressait et s'était même surprise à apprécier quelques oeuvres quand elle visitait des galeries. Il était étrange que Kelly n'ait pas d'idée précise de ce qu'elle voulait. Elle parlait d'abord de vase, puis de tapis, puis de cadre. Ces objets n'avaient pas le même volume et ne pouvaient pas être disposés de la même façon. "Votre entrée doit être sacrément vide pour que vous ne sachiez pas de quelle façon vous voudriez la décorer." dit Joanne avec un léger. Ni tableau, ni tapis pour le moment, apparemment. Toute information était bonne à prendre. La petite blonde vivait plutôt mal le fait que Kelly semble en savoir autant sur elle et que ce ne soit pas réciproque. Elle trouvait ça plutôt injuste. Joanne avait quelques rares données qui ne lui étaient pas franchement utiles. Elle ne savait absolument rien sur elle. Si ce n'est quelques détails futiles. Ne fais pas ta bornée, Joanne, fais un effort. continuait-elle de se dire malgré la méfiance persistante. Cela manquait de naturel et elle n'appréciait pas vraiment les relations forcées. Elle n'aimait pas non plus les situations conflictuelles ou tendues comme ça pouvait l'être avec Kelly. "Vous tomberez surtout sur des objets asiatiques ou... qui s'en inspire, du moins." dit-elle en en prenant en main une petite statuette dont elle doutait sérieusement de la valeur. "Comment est décorée le reste de votre maison ? Cela pourrait vous aider à vous aiguiller un peu dans vos recherches. A moins que vous ne soyez du genre à changer radicalement de styles dans chaque pièce." Elle avait vu des reportages, où chaque pièce était dotée d'une inspiration et d'une excentricité différente de celle où on était avant. Un changement radical d'univers. Joanne se disait que ça devait être particulièrement destabilisant de vivre dans un tel environnement. "Si vous voulez, il y a un autre antiquaire un peu plus loin dans la rue. Je comptais y faire tour rapidement, nous pouvons y aller ensemble, si ça vous dit." Joanne n'était pas totalement à l'aise à cette idée, mais elle persistait à vouloir faire un effort pour se faire un deuxième avis sur Kelly. Une question lui brûlait cependant les lèvres. Enfin, il y en avait plus d'une. Mais étant la voisine d'Hassan, la brune était certainement la personne la plus encline dans l'entourage de Joanne à pouvoir lui donner des nouvelles. Elle ne cherchait pas non plus à le stalker par tous les moyens possibles, loin de là. Elle respectait qu'il veuille rester loin d'elle et ne veuille plus entendre parler d'elle. Joanne désirait simplement savoir s'il se portait bien. Mais parler de lui pourrait revenir à des sujets fâcheux, des sujets qui pourraient facilement faire remonter l’amertume qu'elle ressentait vis-à-vis de son interlocutrice. "Dites m'en plus sur vous." dit-elle finalement. "Je connais votre métier, où vous habitez, je sais que vous cherchez un bel objet pour décorer votre entrée, mais c'est tout." Peut-être qu'en corrigeant ce déséquilibre, Joanne se sentirait un peu plus à l'aise, elle n'en savait trop rien. Et le seul moyen de régler ce que Joanne vivait comme une injustice, était que Kelly s'ouvre un peu à elle.
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Message(#) Sujet: Re: joanne + it only matters if we care joanne + it only matters if we care EmptyMar 16 Avr 2019 - 11:11


Cela la turlupinait, de ne pas savoir par quel angle il lui fallait prendre Joanne afin de se la mettre rapidement et facilement dans la poche. Il n’était d’ailleurs pas question que cette amitié qu’elle leur fantasmait soit fausse ou forcée ; la stratégie dans sa globalité consistait à faire adhérer la jeune femme à Kelly Ward de son plein gré. Qu’à son tour, elle réalise quelle femme remarquable et aimable qu’elle était, qu’elle s’éprenne de sa présence, de son aura, de son influence, de ses sourires. A un moment donné, une petite voix dans sa tête lui dirait « hé, mais, j’ai envie de devenir son amie », et la mission serait pleinement remplie dès lors où la blondinette serait persuadée que cette volonté serait du cru de son propre esprit. Mais pour que l’inception prenne, il leur fallait des atomes crochus, des points communs. Il fallait creuser, faire un effort, feindre un peu pour la bonne cause. Joanne finirait par succomber, puisque tout le monde le faisait. Bon gré, mal gré, les badauds environnants se rendaient à l’évidence ; Lee était impossible à détester, impossible à ignorer. Son éventail de qualités et d’actions généreuses pouvaient faire oublier son antipathie à quiconque s’arrêtait à cette lecture-là. Au final, si elle n’était pas adorable, elle était au moins appréciable, et nul n’était supposé être en mesure de dire le contraire. C’était facile, le monde était rempli de personnes aux goûts simples à deviner, à adopter, à adapter. A peu près n’importe qui se prétendait notamment adepte de bonne nourriture et c’était là un de ses domaines de prédilection. L’art n’en faisait pas partie et c’était pourtant par ce pan central de la vie de Joanne que Kelly avait décidé de grignoter du terrain. Elle n’était pas sûre d’elle, tricotait, trébuchait, mais il ne lui faudrait qu’une pirouette pour se remettre en jambe. Il fallait dire qu’elle n’avait pas connu de personnalité aussi réfractaire depuis un bon moment. « C’est le dernier endroit que je songe à décorer, à vrai dire, se lança-t-elle plus aisément dans une justification improvisée face au laconisme dubitatif et quasi-vexatoire qu’arborait Joanne en bouclier face à elle. Elle est optimale, utile, mais trop sobre. » Porte-manteau, meuble à chaussures, un banc et un tapis, la première impression du foyer de Kelly mêlait le sobre à l’utile comme dans les catalogues de décoration suédoise. C’était vide, oui. Au moins aussi spartiate que le cercle d’amis de la blonde dont la méfiance persistante devait être un répulsif aussi efficace contre les humains que les créatures infernales et mortelles vivant sur le sol australien. Si le croissant de lune blanc de dents du sourire de Lee signifiait en lettres capitales qu’elle n’avait pas l’intention de manger Joanne et que celle-ci pouvait donc cesser d’alimenter le malaise entre elles par ses suspicions sous-entendues, son regard presque trop expressif bien malgré-elle laissait comprendre qu’en revanche elle serait en mesure de lui arracher sa petite tête blonde comme une mante-religieuse après la nuit de noces si elle ne descendait pas d’un cran dans le dédain froid qu’elle voilait derrière sa voix fluette. Sois coopérative, merci. « J’aime le blanc comme base, et le bois clair, reprit-elle en réponse aux questions qui meublaient la conversation en attendant que l’hameçon soit mordu. Quelques touches de motifs, mais jamais rien d’extravagant. Il y a des détails chaleureux et confortables, comme une tonne de coussins sur le sofa, des tapis à poils longs où s’enfoncer les orteils, des grands plaids… » Des photos de son intérieur ne seraient pas le reflet d’une grande personnalité -et il était clair que Lee possédait peu de goûts qu’elle n’ait pas empruntés aux magazines ou au net. Mais il était aisé pour elle d’en parler avec un brin de passion tant elle aimait son chez elle, sa maison, ce lieu de calme et de sécurité, bien qu’il soit trop vide et qu’elle y soit désormais trop seule. C’était son cocon, là où elle aimait se lover avec Tobey, observant le monde depuis les fenêtres du salon, s’adonnant à ses hobbies à moitié avoués. Un univers à la fois intime et passe-partout, des murs blancs, des meubles simples, de quoi projeter ce que l’on voulait au sujet de Kelly Ward lorsque la porte vous était ouverte. Elle y était qui elle voulait, et ce que les autres pensaient qu’elle était. Alors non, elle n’estimait pas réellement avoir besoin d’une pièce de décoration supplémentaire, mais s’empressant de saisir la chance que lui offrait Joanne de passer quelques minutes supplémentaires avec elle, voyant-là une première victoire suite à son approche maladroite, Lee approuva l’idée de se rendre avec la jeune femme dans la boutique d’antiquités suivante. Elle opina du chef, rabattant ses cheveux derrière son épaule du dos de la main, et laissa Joanne ouvrir la marche vers l’établissement en question. La clochette de la porte sonna leur sortie du premier antiquaire et Kelly adressa un poli au revoir au gérant avant d’emboîter le pas de sa guide. Ses doigts repliés autour de la hanse de son sac sur son épaule, l’australienne fit mine d’être parfaitement à l’aise à l’idée d’être le sujet principal de la suite de la conversation ; fut un temps, elle n’aurait demandé que cela. Désormais, il ne lui semblait n’avoir que des histoires de vieille fille à raconter, des soirées en tête-à-tête avec son chien entre deux dates ratés dénichés sur des sites de rencontre bourrés d’âmes en peine, un divorce à son actif dont elle peinait à se remettre et qui la poussait à se remettre en question sur des points où elle n’avait jamais mis de lumière, des journées de travail qui se se succédaient allant de routines en habitudes ; elle préférerait lui tendre son profil instagram et la laisser déduire de sa vie tout ce que Kelly prenait soin de montrer, suggérer, laisser deviner. « Bien sûr que vous en savez plus ! rétorqua-t-elle finalement, ayant trouvé quel joker poser sur la table pour contourner le coeur de la question. Enfin, vous ne vous souvenez sûrement pas. Mon ex-mari et Hassan se connaissaient à l’université, ils étaient dans le club de rugby. Vous savez, Chad Taylor ? Nous avons été ensemble pendant dix ans. Alors nous nous sommes croisées, vous et moi. » Le large sourire de Lee s’affichait, pierre angulaire de tout l’enthousiasme qu’elle prêtait à ses rencontres avec Joanne, maintenant que tout s’imbriquait de manière plus claire pour celle-ci. La brune n’était pas n’importe quelle folle furieuse apparue du jour au lendemain sur la pelouse voisine de la maison d’Hassan, et même si cela remontait à plus de dix ans, leurs destins à eux quatre étaient, en réalité, liés depuis lors. Il avait juste fallu le temps au temps pour que les chemins se croisent à nouveau, après que la vie ait redistribué les cartes d’une toute nouvelle façon.
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Message(#) Sujet: Re: joanne + it only matters if we care joanne + it only matters if we care EmptyMer 1 Mai 2019 - 18:01



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Il y avait peu de personnes qui comprenait la complexité de l'esprit de Joanne. De nombreux engrenages construisait le tout, tournant à une vitesse folle qu'il en était parfois difficile de suivre certains de ses raisonnements et ses courants de pensée. Une machinerie complexe, avec de nombreux défauts, mais pourtant bien huilée. Jamie savait très bien qu'il y avait beaucoup de choses sous cette petite tête blonde qu'il ignorait peut-être d'elle. Des parties qu'il savait existantes et qu'il adorerait voir surgir un jour, et d'autres dont il appréhenderait peut-être un peu plus la venue. Elle devait être un sujet intéressant pour des psychothérapeutes et autres psychanalystes, mais manque de pot, elle avait une dent contre ce corps de métier là. Quoi que Kelly devait être tout aussi fascinante, en terme de psychanalyse. Joanne ne saurait dire quoi, mais il y avait quelque chose de différent, de bizarre. La jeune femme était pourtant suffisamment naïve pour pouvoir lui faire croire quasi n'importe quel mensonge bien ficelé. Mais là, pour elle, elle avait une sorte pressentiment, une drôle d'intuition qui la poussait à se montrer un peu plus méfiante qu'à l'accoutumée. De ce fait, la conversation était tout ce qu'il y avait de plus étrange. Comme si chacune se cherchait à se court-circuiter afin de trouver enfin une faille. Joanne, pour connaître ses véritables intentions, Kelly, pour la persuader à se faire apprécier par elle. Le serpent qui mord la queue, en somme. La brune semblait retourner sa veste à tout bout de champ, car rien n'était de trop pour chercher à se rattraper, de quelque manière que ce soit. Le sourire insistant de Kelly laissait deviner qu'elle attendait de Joanne qu'elle fasse également sa part d'effort dans cette conversation. Mais il était bien difficile pour la blonde d'oublier la fois où elle s'était permise d'écouter sa conversation avec Hassan. Cette pilule là, elle ne parvenait vraiment pas à la digérer, d'où sa méfiance particulièrement persistante. "De quoi s'y sentir bien, en somme." répondit Joanne d'un air plus doux. A la description de Kelly, Joanne se souvenait de l'appartement qu'elle possédait après sa séparation avec Hassan. Ce n'était pas bien grand, mais elle s'y sentait bien. "Comme dans son cocon." Voilà qu'elle adorerait avoir un endroit pareil. Calme, où elle pourrait s'isoler avec de la lecture sans être interrompu par les nombreuses sollicitations qu'elle pouvaiti avoir à la maison. Que ce n'était pas Daniel ou les chiens, c'était les tâches ménagères. Et quand Jamie était là, elle préférait passer son temps avec lui, auprès de lui, car ils ne se voyaient finalement pas tant que ça avec leurs journées  bien chargées. Voulant tout de même accorder une chance à Kelly, Joanne lui proposait de se rendre dans une autre boutique, où la brune pourrait peut-être trouver son bonheur. Une autre occasion de la voir peut-être sous un autre jour. La porte de l'antiquaire franchie, les yeux de Joanne prospectaient déjà les premiers éléments qui se présentaient à elle. Elle était observatrice, et plutôt curieuse. Sinon elle ne serait pas venue à demander à Kelly de parler d'un peu plus d'elle car elle avait l'impression qu'il y avait une sorte d'inégalité entre elles. Ses yeux s'écarquillèrent lorsque Kelly lui certifia que la petite blonde en savait bien plus sur elle qu'elle ne saurait le prétendre. Ils l'interrogeaient alors et on ne tarda pas à éclaircir sa lanterne. "Je dois reconnaître que ma mémoire me fait effectivement défaut." reconnut alors Joanne avec un rire gêné. Joanne avait beau être une fervente supportrice lorsque son ex-mari participait à un match, elle était loin de connaître tous les étudiants qui faisaient partie de son équipe. Et ce n'était pas vraiment son genre d'aborder d'autres personnes ainsi à tout bout de champ. Mais il était très probable que les deux jeunes femmes se soient croisées plus d'une fois sans se douter qu'elles finiraient par se retrouver après tant d'années. "Le monde est petit." Et Joanne ne pensait pas que ce genre de rencontres était du au hasard. C'est qu'il y avait une raison, elle se demandait juste laquelle et elle était bien curieuse de savoir quel rôle pouvait jouer Kelly dans sa vie, et inversement. "J'ai déjà fait la connaissance de Chad." dit alors la jeune femme, surprise de ce lot de coïncidences. "Nous nous sommes rencontrés un peu par hasard dans un café et sommes devenus amis depuis. Nous nous sommes trouvés un petit arrangement, qui, finalement, est juste une raison pour que nous nous voyions régulièrement et que nous fassions plus ample connaissance." expliqua-t-elle alors. Kelly semblait être relativement à l'aise de parler de Chad malgré leur divorce, sinon  Joanne ne se serait pas permise de donner ces quelques anecdotes à la brune. Il était d'ailleurs surepnant qu'elle finissse par s'ouvrir à elle. "J'ignorais que vous étiez ensemble pendant tout ce temps." Il y avait une sorte d'ironie dans tout ceci. A première vue,  les deux jeunes femmes avaient quelques points communs. "Nous avons été toutes les deux dans la même université, avions été marié à un rugbyman ayant joué dans la même équipe, durant la même durée, pour finir par un divorce." Un tableau plutôt insolite mais que Kelly et Joanne avaient en commun. Une partie d'elle se demandait bien pourquoi Chad et Kelly avaient divorcé. Mais c'est une question qu'elle n'oserait jamais poser. "C'est étrange, comme points communs." La différence devait certainement être les circonstances du divorce et de toute façon, Joanne n'aurait pas voulu aborder ce sujet là.  Elle avait toujours un pincement au coeur lorsqu'elle songeait à Hassan, et son lot de regrets qui la poursuivaient à son égard était difficile à supporter. Elle ignorait toujours comment s'y prendre pour espérer renouer une relation avec lui. C'était compliqué. Joanne en restait bouche bée un moment, avant de lâcher un rire stupéfait et un peu amusé. Ca la rendait même un petit peu nerveuse, en témoignaient ses doigts qui commençaient à jouer entre eux. Elle ne donnait plus aucune attention aux objets qui l'entouraient dans cette petite boutique. "Ca doit certainement expliquer l'intérêt que vous avez pour Hassan. Vous devez vous soucier de lui." Ce qui expliquerait son envie d'en savoir plus sur la conversation qu'il y avait eu entre le brun et son ex-femme. "Et ma méfiance à votre égard a du vous paraître sacrément excessive." Elle lâcha un rire nerveux, son regard bas. "Je suis désolée si je vous ai paru froide." Peu à peu, Joanne baissait sa garde, estimant que Kelly ne donnait pas vraiment d'autres raisons de se méfier d'elle. "C'est juste que... ce qu'il s'est passe, ce qu'il se passe entre mon ex-mari et moi... Ca reste un sujet particulièrement sensible et je ne suis pas vraiment à l'aise quand quelqu'un s'en mêle sans crier gare." L'intervention de Kelly, ou, plus tard, celle de Jamie quand il avait aperçu son épouse sur les gradins de l'université. Elle voulait faire les choses bien, et surtout seules, sans avoir des éléments risquant de parasitant ses méthodes. Méthodes qui n'étaient pas toujours les meilleures qui soient, mais l'effort était là. "Vous pensez que c'est du hasard ? Nos histoires, je veux dire." L'imaginaire de Joanne étant poussé, elle se laissait facilement raisonner par des histoires de réincarnation, de destin. "En y pensant, ça me paraît bien trop singulier pour que ce ne soit que de simples coïncidences." Une part de mystique qui la passionnait et qu'elle ne parvenait pas à expliquer. Des rêveries qu'elle adorait alimenter. Certains étaient prêts à les écouter, d'autres beaucoup moins. "Vous devez me prendre pour quelqu'un de bien étrange, maintenant." Mais elle continuerait tout de même à croire que ce n'est pas juste le fruit du hasard. Elle en était persuadée, même. "Vous m'avez parlée de Chad, mais toujours pas de vous." finit-elle par dire au bout d'un moment silencieux entre elles. "Je connais Chad maintenant, mais je ne sais toujours pratiquement rien de vous. Qu'est-ce que vous aimez ? Quelles sont vos passions ?" Ce n'était que deux questions parmi tant d'autres qui pouvaient aiguiller Kelly à en dire un peu plus sur elle. Juste un outil supplémentaire qui lui serait peut-être utile. Tout le monde n'était pas toujours à l'aise à l'idée de parler de soi, Joanne en faisait partie. Avec Jamie, ils apprenaient encore et toujours à se connaître au fil des jours et elle ne serait pas surprise qu'un tableau similaire puisse se présenter ainsi avec la belle brune. Elles partageaient déjà d'étranges points communs, alors pourquoi pas celui-ci également ?
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Message(#) Sujet: Re: joanne + it only matters if we care joanne + it only matters if we care EmptyMer 10 Juil 2019 - 22:12


Paraître à l’aise avec son divorce était un défi. Le prénom de Chad traversait bien trop ses lèvres et bien souvent, Kelly se surprenait à parler de lui comme si rien n’avait changé. En soi, cela avait été vrai pendant un temps. Avant que les secrets prenne le meilleur d’eux. Sans surprise, la diversion de la jeune femme eut l’effet escompté et elle parvint à détourner le sujet de la conversation dont l’aspect personnel commençait à pousser la brune hors de sa zone de confort. Parler des passions ce celle-ci aurait rapidement écourté la discussion, car la liste, pour ce qui en existait, n’était ni longue, ni trépidante. Au point où même évoquer son ex-mari était finalement plus aisé. « Quel genre d’arrangement ? » demanda Lee, curieuse après le vague récit de la rencontre entre Chad et Joanne. Le terme avait un caractère mystérieux qui laissait sous-entendre toute sorte d’entreprise obscure dont les détails ne pouvaient être discutés que dans un murmure d’oreille à oreille. Aussi Kelly ne pouvait-elle pas tolérer de ne pas être dans la confidence et comptait-elle bien insister, au besoin, jusqu’à tout savoir de ces entrevues. La carte de la nostalgie permit à la petite blonde d’effectuer tous les rapprochements nécessaires entre la présence de l’étrange Kelly dans les environs de son ex-mari, et son oreille tendue à l’écoute des esclandres des anciens époux. Et Lee ne pouvait nier qu’elle se souciait de son voisin comme le soulevait Joanne, sans préciser qu’elle s’en souciait sûrement plus que tout autre habitant de son quartier. Elle haussa les épaules et acquiesça, avant de balayer les excuses de la jeune femme concernant sa froideur depuis leur rencontre. « Ce n’est rien, c’est oublié. » Elle ne s’excusa pas de son intrusion dans leur vie privée pour autant, estimant que cela n’était pas nécessaire ; n’importe qui, les voyant, aurait été assez curieux pour tenter d’attraper une bribe de conversation au vol, et Lee n’avait fait qu’assouvir cette pulsion naturelle. Il n’y avait pas mort d’homme. Elle n’estimait pas s’être mêlée de ce qui ne la regardait pas ; son voisinage tout entier la concernait, depuis le bon entretien des jardins jusqu’à la réputation du quartier à laquelle les frasques d’un voisin pourraient nuire. C’était ça, être une bonne voisine à ses yeux. Parfois, cela nécessitait d’écouter aux portes. Kelly songeait au bien d’Hassan ; allait-elle devoir le consoler sous son porche après le départ de Joanne ? Ou allaient-ils se rabibocher et redevenir le couple parfait qu’ils avaient toujours été destinés à être ? Cela n’avait pas eu lieu, mais il était évident pour Lee qu’ils finiraient par ouvrir les yeux. L’australienne croyait au destin bien sûr, au plan ineffable. S’il devait inévitablement mener à la fin des temps, il n’était pas moins pavé de charmants événements et ponctué de belles rencontres. Elle ne classerait pas encore Joanne dans  cette catégorie, mais Kelly voyait en elle l’autre revers d’une même pièce dont elles feraient toutes deux partie. Elle songeait que son rôle était, sans aucun doute, de permettre à la jeune femme de corriger le tir avec Hassan et réussir là où elle avait échoué, de donner un coup de pouce. « Vous n’êtes pas étrange. Parfois, les chemins que trace le Seigneur sont alambiqués, mais il y a toujours une raison. Nous sommes différentes, mais nos histoires sont sûrement parallèles pour que nous puissions nous comprendre ou nous entre-aider d’une manière ou d’une autre. » Ce qui était parfait pour justifier l’ambition de Kelly de se rapprocher de Joanne d’une manière ou d’une autre. Il aurait ainsi été dans son intérêt de répondre tout simplement à la question de celle-ci concernant ses passions, mais il fut encore plus aisé de s’exclamer un « Oh, nous y sommes ! » une fois face à la devanture de la seconde boutique où elles se rendaient puis de sautiller à l’intérieur avec l’enthousiasme d’une enfant emmenée à Disneyland. « Allons trouver la perle rare ! » C’était à en oublier l’outrageux mensonge depuis lequel tout ceci avait commencé. La voici persuadée, désormais, qu’elle a bel et bien besoin d’une décoration pour son entrée et que tout ce que Joanne lui suggérerait ferait merveilleusement l’affaire. Elle déambulait dans les allées bordées de bibelots en sa compagnie, l’air à la fois songeuse et concentrée. Rien ne lui plaisait vraiment, rien ne lui déplaisait foncièrement non plus. Elle flânait juste, attendant que la petite blonde choisisse pour elle. Après un instant de contemplation silencieuse dans la boutique peu arpentée cet après-midi-là, Kelly reprit la parole de cet air tantôt distrait, tantôt curieux, comme on pense à voix haute à une question un peu saugrenue. « Que s’est-il passé, entre vous et Hassan ? Je veux dire, vous étiez si mignons à l’université, parfaits l’un pour l’autre… Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? »
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Message(#) Sujet: Re: joanne + it only matters if we care joanne + it only matters if we care EmptyDim 14 Juil 2019 - 18:55



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Bien que le petit compromis convenu depuis plusieurs mois entre Chad et Joanne tenaient toujours, cette dernière comptait bien tenir parole et permettre au brun de visiter le musée comme s'il était un véritable invité d'honneur. Kelly semblait particulièrement curieuse de ce convenu et ne manquait pas de poser une question dans le but de soutirer quelques informations supplémentaires. "Rien de bien sorcier, je vous assure." répondit Joanne avec un regard pétillant. "Chad avait pour objectif de me faire reprendre le sport, ou plutôt, de trouver une activité physique qui puisse me correspondre. Et en contrepartie, je lui ai promis une visite privée du musée dans lequel je travaille." expliqua-t-elle avec un sourire sincère. Il n'y avait rien d'ambigue à leur amitié, ce n'était qu'un échange de bon procédés. "Comme je vous l'ai dit, rien de très incroyable." Du moins, pour une Joanne qui avait souvent du mal à créer des amitiés, l'arrangement entre le brun et elle était un excellent prétexte pour se voir, pour qu'elle fasse la connaissance de quelqu'un sans que ce soit par le biais de Jamie. Des rencontres, elle en faisait tous les jours, mais il y en avait bien trop peu qui parvenait à atteindre la sphère privée de la belle blonde. Kelly s'en rapprochait plus que de raison comparé aux vagues que formaient leur relation, qu'importe le nom que l'on pouvait lui donner. Et histoire de ne pas se renfermer immédiatement dans sa coquille, Joanne avait laissé une porte entrouverte en demandant pardon pour un comportement qu'elle avait jugé inapproprié. Elle ressentait un certain soulagement que la brune les accepte. Mais la conservatrice finissait par se sentir un tantinet offusquée lorsque la brune, elle ne daignait pas répondre avec des excuses qui, pourtant, avaient tout autant leur place durant leur conversation. Joanne pouvait comprendre qu'elle se montre soucieuse vis-à-vis d'Hassan, cela d'excusait pas vraiment son attitude, à la limite du voyeurisme. Joanne pouvait pardonner assez facilement, mais elle n'oubliait certainement pas. Que Kelly fasse comprendre qu'elle était croyante avait surpris Joanne. Bien qu'elle était baptisée à l'église catholique surtout pour faire plaisir aux grand-parents à l'époque, Joanne n'était pas vraiment chrétienne. Disons qu'elle avait ses propres croyances et qu'elle préférait largement s'y cantonner plutôt que de se fier aux écrits d'un livre religieux. "Désolée, mais je ne suis pas vraiment croyante." admit Joanne avec un sourire nerveux. "Enfin... Je crois en certaines choses, si. Mais pas à ce que la majorité des personnes puisse croire." Cela n'en faisait pas une religion, rien de tout cela. Mais ses convictions lui suffisaient amplement. La belle brune occulta totalement la question posée par Joanne lorsqu'elles se rapprochaient de la boutique. Elle n 'insistait pas outre mesure, bien qu'elle se demandait ce qui pouvait bien l'empêcher d'en dire plus sur ce qu'elle aimait faire : il n'y avait là pas de sujet tabou, si ? Déterminée à trouver son nouvel objet de décoration, Kelly entrait avec un certain enthousiasme chez l'antiquaire. Joanne la suivait, ni trop près, ni trop loin, un peu trop rêveuse pour pouvoir se concentrer sur les objets qu'elle regardait. Ce n'était pas à elle de dire ce qui conviendrait le mieux ou non à Kelly, elle la connaissait encore si mal. La brune relançait la conversation alors que son interlocutrice était totalement dans ses pensées. Joanne sursautait même légèrement. Son divorce n'était pas un sujet dont elle aimait particulièrement parlé. Parfaits... disait Kelly, non sans insistance. Ses paroles laissaient supposer, encore une fois, qu'elle avait du les observer régulièrement pour s'en faire un tel avis. Joanne, quant à elle, sentait son coeur se serrer, toujours affectée par la séparation qui avait radicalement changée sa vie. "Ca reste un sujet assez difficile, pour moi." confessa-t-elle à voix basse, en prenant le premier objet qui était exposé pour occuper ses doigts devenus soudainement bien nerveux. Elle faisait mine de le regarder, avant de le reposer à sa place initiale au bout de quelques secondes. "Sachez juste que ce n'était pas parce qu'il n'y avait plus de sentiments, plus rien entre nous... C'était même plutôt le contraire. Je l'ai même encore longtemps aimé après le divorce." dit-elle avec un sourire nostalgique. A l'époque, le couple se projetait, vivait un idylle qui faisait quelques jaloux mais que leurs proches s'évertuaient à préserver. "Vous semblez être proche d'Hassan." finit-elle par dire, après une courte pause. "Je suis surprise qu'il ne vous en ai pas parlé." Ils vivaient dans le même voisinage et elle était apparemment très soucieuse de son bien-être (un fond de jalousie de Joanne dirait que c'était peut-être même un peu trop, mais elle n'était certainement plus en droit à se faire ce genre de remarques), alors elle devrait savoir quelle était la raison qui avait changé radicalement le quotidien d'Hassan. "Que pensez-vous de cette statuette ?" demanda finalement Joanne en prenant en main ce qui avait la forme d'un cerf, d'un style plutôt abstrait, fait en métal. Pas trop tape-à-l'oeil, qui aurait sa place dans un décor simple et minimaliste. Joanne utilisait sans trop s'en rendre compte, la technique que Kelly avait utilisé plus tôt quand on lui avait demandé quelles étaient ses passions dans la vie. Et dire qu'elle s'était dit qu'elle ne choisirait pas pour elle un prochain élément de décoration. La blonde se doutait bien que la curiosité de Kelly allait prendre le dessus et qu'elle allait tenter de lui soutirer davantage d'informations. Si elle était capable d'imiter le bruit d'une tondeuse avec la bouche après avoir écouté une conversation qui ne la concernait pas, dans l'espoir de justifier sa présence auprès d'eux. "Vous parliez d'entraide, tout à l'heure..." reprit-elle finalement, afin de recentrer le sujet sur la belle brune. "Vous aviez une idée derrière la tête en songeant à cela ? Est-ce que vous vous dites vraiment que si nous nous sommes rencontrées, même si ce n'était pas dans les meilleures conditions, c'est parce qu'il y a une raison pour cela ? Qu'il s'agisse d'entraide, ou de compréhension, ou les deux, qu'importe." Si Kelly non plus ne croyait pas au hasard, cela leur faisait au moins un véritable point commun, sans avoir à forcer le Destin. "Et qu'est-ce que vous pensez que je puisse bien vous apporter ? Si ce n'est un élément de décoration pour votre entrée." Joanne se doutait bien que ce n'était pas ce que Kelly attendait véritablement d'elle. "Je ne crois pas non plus vraiment aux coïncidences, vous savez. Chaque chose en son temps, avec ses raisons, même si c'est parfois, c'est ce qu'ily a de plus cruel." Et Joanne cherchait encore l'importance que Kelly aurait dans sa vie, le rôle qu'elle aurait. Cette femme, même si Joanne parvenait peu à peu à rassembler des éléments à son sujet, demeurait un véritable casse-tête rempli de mystère.
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Message(#) Sujet: Re: joanne + it only matters if we care joanne + it only matters if we care EmptyMer 24 Juil 2019 - 12:03


Elles marchaient côte à côte, et à s’y méprendre, Kelly et Joanne ressemblaient à des amies de longue date faisant des emplettes dans la rue des antiquaires de Brisbane. La brune avait déposé ses lunettes de soleil sur son nez, protégeant ainsi ses prunelles noisette d’un doux soleil d’hiver. Son pas aérien lui donnait l’air de flotter légèrement au dessus du bitume. Ses hauts talons accentuaient l’écart de taille déjà important entre elle et son interlocutrice. En faisant totalement abstraction de l’évident malaise de Joanne en sa présence, Lee estimait que le moment était des plus plaisants. Lorsque les choses vont dans votre sens, tout l’est forcément. "Désolée, mais je ne suis pas vraiment croyante." Un sourcil se leva derrière les verres teintés. Voilà qui entachait le tableau. Pour Kelly, il n'existait nulle chose telle qu'un pas vraiment croyant. On croyait, ou pas. "Enfin... Je crois en certaines choses, si. Mais pas à ce que la majorité des personnes puisse croire." Elle ouvrit des yeux ronds. Il n'était pas question de sélectionner ici et là parmi les dogmes et les rituels ce qui convenait à chacun, et de laisser le reste de côté. La spiritualité n'est pas un grand supermarché avec des promos sur le Pardon et un cordonnier où demander un double des clés du Paradis. Alors il y avait les saufs, d'un côté, et les damnés de l'autre -côté duquel se trouvait donc Joanne. Pauvre, pauvre Joanne. "Oh." souffla simplement la brune, sa ponctuation de prédilection pour clore un sujet sur lequel elle ne se risquerait pas à faire un commentaire. Les deux femmes finirent par entrer dans la boutique suivante à l’initiative précipitée de la sommelière. Elle ne se fit pas prier pour relancer le sujet de leur connaissance commune, Hassan, afin de creuser l’épais mystère autour du sabotage de leur mariage. "Ca reste un sujet assez difficile, pour moi." Lee s'en fichait. Elle voulait savoir. "Sachez juste que ce n'était pas parce qu'il n'y avait plus de sentiments, plus rien entre nous... C'était même plutôt le contraire. Je l'ai même encore longtemps aimé après le divorce." Croustillant. La brune se délectait toujours autant d'un ragot, d'une confession, d'un secret. Elle en aimait le goût sucré, non pas comme celui d'une tarte aux fraises, doux et gourmand, mais comme ces bonbons acides qui pétillent dans la bouche à la façon d'un petit feu d'artifice sur le bout de la langue. Elle souriait en coin, satisfaite de ce qu'elle entendait. Mais elle n'adressait pas un regard à Joanne, l'air de rien -tellement distraite par tout ce qu'elle voyait dans la boutique. "Je suis sûre que pareils sentiments ne disparaissent jamais vraiment." répondit-elle d'une voix douce, persuadée que malgré les temps passés employés par la jeune femme, il n'était rien de définitif. Tout ce dont les contes de fée ont besoin, parfois, c'est d'un bon gros dragon à terrasser, d'une haute tour à barreaux dorés d'où s'évader ; de mises à l'épreuve, pour mieux s'aimer après. "Vous semblez être proche d'Hassan." Elle haussa les épaules. "Je suis surprise qu'il ne vous en ai pas parlé." Elle aussi, à vrai dire. Mais elle-même ne s'ouvrait que peu et ne se confiait jamais. Adepte des liens superficiels et sans implication émotionnelle, elle ne creusait qu'afin d'assouvir sa soif de gossip. "Je ne l'ai pas interrogé sur les détails. Je ne voulais pas le mettre mal à l'aise alors que je déménageais à peine à côté de chez lui. Et depuis, le sujet n'a jamais été évoqué à nouveau." Lee était une bonne voisine. Une voisine soucieuse, rigoureuse, qui respectait l'intimité de chacun. Après tout, ce n'était pas ses affaires si sa voisine d'en face trompait son mari avec le jardinier, que l'adolescente du cul de sac en était visiblement à son sixième mois, et que l'aïeul du numéro douze avait une aile enfoncée parce qu'à son âge il ne devrait plus être permis de prendre la voiture. Elle était attentive, elle voyait au-delà de ce que les haies voulaient bien laisser voir. Mais jamais ne creuserait-elle auprès d'un ami un sujet aussi sensible et douloureux que le divorce. Ainsi Joanne était toute indiquée pour fournir les détails manquants et offrir à ce puzzle des contours plus nets. "Que pensez-vous de cette statuette ?" lança celle-ci, interrompant les pensées de Kelly. "Joli" qu'elle acquiesça vaguement avec un sourire passe-partout, avant de porter son attention sur autre chose comme on passe de jupe en jupe sur un portant. "Vous parliez d'entraide, tout à l'heure..." Lee leva vaguement les yeux vers Joanne. Y aurait-il un peu d’espoir pour cette âme vagabonde ? "Vous aviez une idée derrière la tête en songeant à cela ? Est-ce que vous vous dites vraiment que si nous nous sommes rencontrées, même si ce n'était pas dans les meilleures conditions, c'est parce qu'il y a une raison pour cela ? Qu'il s'agisse d'entraide, ou de compréhension, ou les deux, qu'importe." Bien sûr qu’elle le pensait, elle le savait même, qu’elle avait une mission auprès de Joanne et d’Hassan. C’était clair comme de l’eau de roche. Sinon, pourquoi seraient-ils tous deux sur son chemin ? Pas si impénétrables, tes voies, Big Guy. "Et qu'est-ce que vous pensez que je puisse bien vous apporter ?” Absolument rien, quelle idée. Commence par sauver ton âme, faute d’avoir sauvé ton mariage, songeait froidement l’australienne. “Si ce n'est un élément de décoration pour votre entrée." Oh, ça. Levant la tête, Lee adressa le plus beau et doux sourire de sa palette. "Je ne sais pas." fit-elle avec malice. Elle n’en dirait pas plus à sa non-croyante de nouvelle amie. Et, passant du coq à l’âne avec facilité et souplesse, Lee souleva la première babiole qui lui passa sous la main pour la suggérer à Joanne. "Qu'en dites-vous ?" Découvrant l’objet en même temps que son interlocutrice, elle découvrit entre ses doigts un vieux cendrier en granit qui pesait son poids, qu’elle remit à sa place sans attendre l’avis de la jeune femme. Quelques pas plus loin, Kelly grimaça en tombant sur une statue d’un mètre de Betty Boop en soubrette proposant un plateau à qui oserait en faire l’acquisition. Elle ne savait pas ce qu’elle voulait, ce qu’elle cherchait, mais elle en connaissait un rayon en mauvais goût, et cette chose en était une parfaite définition. "Est-ce que vous avez songé à vous remettre ensemble, avec Hassan ?" reprit-elle finalement,  compatissante et persuasive, véritable couleuvre au creux de l'oreille de la blonde. "Peut-être que le divorce n'était qu'un accident de parcours, ou… un test.” Son regard jeté par dessus son épaule détailla Joanne de bas en haut. “Enfin, même si vous n’êtes pas croyante.”
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Message(#) Sujet: Re: joanne + it only matters if we care joanne + it only matters if we care EmptyDim 28 Juil 2019 - 22:40



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La simple syllabe prononcée par Kelly laissait deviner qu'elle n'approuvait pas que la petite blonde ne soit pas une fervente croyante. Le baptême, les communions, c'était avant tout pour faire plaisir aux grand-parents. Et Joanne, elle, se contentait de contempler les tableaux accrochés dans les églises durant les cérémonies auxquelles elle pouvait assister, mais rien de plus. Kelly serait certainement déçue de savoir que son mariage n'avait rien de catholique, ni de musulman, d'ailleurs. Ni Joanne, ni Hassan, ne voulait forcer sa moitié à se convertir juste pour pouvoir mettre le pied dans un lieu de culte dans l'espoir d'y être marié par un religieux. Cela n'avait jamais été dans la vision de leur mariage, ni celle de son mariage avec Jamie. Deux unions foncièrement différentes, mais qui se rejoignaient principalement sur ce point. Et cela ne gênait pas Joanne, d'avoir l'approbation d'un être au-dessus de tout dont l'existence était encore à prouver. Certes, elle aurait adoré l'accord d'autres personnes, chers à son coeur, surtout pour son mariage  avec Jamie. Le sujet de la religion semblant être désormais une option de conversation à oublier pour elles, Kelly se plaisait bien à reparler d'Hassan, bien curieuse de connaître les circonstances de leur séparation. Ce n'était toujours pas un sujet dont son interlocutrice aimait parler. Ce fut pourquoi elle restait particulièrement floue dans ses explications, mais vu le visage de Kelly, cela semblait être largement suffisant pour satisfaire un tant soit peu sa curiosité. Peu tentée de continuer à parler de son divorce avec Hassan, Joanne tentait tant bien que mal de détourner la conversation en lui présentant une quelconque statuette qui pourrait potentiellement intéresser la brune, mais malgré le compliment qu'elle en fit, elle s'en détourna rapidement pour prêter attention à ses choses. Elle devait penser à beaucoup de choses, Kelly. A tout, mais certainement pas à l'objet qui ferait office de décoration dans son entrée. A croire que cette recherche fantaisiste n'était que du pipeau. Du moins, Joanne venait à s'en poser la question. "Ce n'est pas vraiment à mon goût." commentait-elle lorsque la brune lui montrait un cendrier qu'elle ne semblait pas avoir véritablement observer avant de demander son avis. Les mains dans les poches de son trenchcoat, Joanne était rêveuse, se demandant de plus en plus ce qu'elle faisait bien là, et avec Kelly. Cette conversation n'était pas la plus naturelle qui soit et le plus effrayant dans tout ça était le fait que cela semblait parfaitement convenir à la brune. C'était bizarre. Ses yeux s'écarquillèrent quand Kelly lui posait une question des plus intrusives. Et Joanne ne savait pas quelle mouche pouvait bien l'avoir piqué pour qu'elle lui réponde quand même. "Nous le désirions." admit-elle sans croiser le regard de son interlocutrice. "Mais j'ai fait des erreurs. Beaucoup d'erreurs. Et j'ai fini par lui faire bien plus de mal que de bien." Joanne ignorait comment le monde serait s'ils s'étaient remis ensemble. Si Hassan avait préféré avoir égoïstement son épouse auprès d'elle durant la maladie en sachant pertinemment qu'elle mettrait en péril la sienne dans l'espoir de revigorer celle d'Hassan, plutôt que de la laisser partir comme il l'avait courageusement fait. Il y avait encore des jours où Joanne y songeait un peu. Kelly nourrissait-elle l'espoir de les revoir un jour ensemble ? "Je suis mariée, Kelly." précisa Joanne, bien que son alliance décorait quotidiennement son annulaire gauche. "Et de manière générale, le divorce est quelque chose qui m'est inconcevable. Si je l'ai accepté à l'époque, c'est parce qu'Hassan me le demandait. Je me suis montrée la plus coopérante possible afin de ne pas faire de vagues, parce que je me disais que c'était ce qu'il souhaitait. Et lui aussi s'était montré incroyablement raisonnable. A l'époque, je me disais qu'il en aimait peut-être une autre, qu'il était lassé que nous n'arrivions pas à avoir d'enfants, pour... Plein de choses qui auraient pu être de ma faute. Et je ne voulais pas lui causer plus de déception en m'acharnant durant notre séparation." Finalement une manoeuvre qui avait plus déçu Hassan qu'autre chose. "Je ne vois vraiment ce que l'on pourrait chercher à tester dans notre couple, à l'époque." finit-elle par dire, songeuse. Ils avaient une vie normale, des plus heureuses, qui leur convenaient, sans trop d'artifice et sans trop d'histoires mélodramatiques. Ils étaient simples, finalement. "Mais il est certain que j'aurais toujours d'affection pour lui et que si je peux l'aider pour quoi que ce soit, je répondrai toujours présente." finit-elle par dire après un long moment de pause, un vague sourire sur ses lèvres. Bien sûr que Joanne continuait d'espérer qu'ils se reparlent un jour, que leur relation s'améliore, mais elle n'osait plus vraiment l'approcher, pour le moment. Elle ne pouvait qu'attendre et laisser le temps panser les blessures. "A vous entendre, j'ai l'impression que vous rêvez de nous revoir ensemble." lui dit-elle avec un sourire gêné. Qu'est-ce que Kelly pouvait bien attendre d'eux ? Joanne n'en avait absolument aucune idée. "Et vous, vous disiez que vous étiez dix ans avec Chad, vous avez quelqu'un dans votre vie à présent ?" demanda finalement Joanne, ayant bien l'intention de retourner les questions contre la brune et voir si elle s'en sortirait mieux qu'elle. Peut-être était-ce vicieux, mais Joanne avait l'impression que la balance était déséquilibrée, et que Kelly avait toujours une longueur d'avance par rapport à cela. Elle en savait toujours plus qu'elle que Joanne ne pouvait savoir sur Kelly et elle ne vivait pas vraiment bien cet étrange déséquilibre. "Vous ne pensez pas vous remettre avec Chad ?" demanda-t-elle, n'étant absolument pas habituée à se montrer si intrusive (alors qu'elle était terriblement curieuse). "Qu'est-ce qui vous a mené au divorce, tous les deux ?" Pour quelqu'un d'aussi croyant que Kelly, ce divorce devait être synonyme d'un véritable échec pour elle et Joanne était bien curieuse d'en connaître les circonstances.
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Message(#) Sujet: Re: joanne + it only matters if we care joanne + it only matters if we care EmptyLun 26 Aoû 2019 - 23:26


"Nous le désirions." admit Joanne, et le coeur de Kelly se gonfla d’espoir. Avant que celui-ci ne se fane aussi soudainement qu’il était apparu. "Mais j'ai fait des erreurs. Beaucoup d'erreurs. Et j'ai fini par lui faire bien plus de mal que de bien." La perspective que la jeune femme ait pu blesser son voisin d’une quelconque manière, par les mots ou les sentiments, suffit à son tour à faire naître de la méfiance à son encontre. Si Lee avait cru comprendre via l’échange qu’elle avait intercepté lors de la dernière visite de la petite blonde à Hassan que leur relation était un brin tumultueuse et peut-être conflictuelle, elle ne se serait pas imaginé qu’une réelle douleur était issue de cette histoire. Peut-être que Joanne n’était pas si bien que ça pour l’universitaire. Mais parfois, la valeur des deux partis d’un couple sont inégales, et l’aveuglement de l’amour suffit à gommer ou bonifier les petits défauts de chacun. Cela n’empêchait donc pas la flamme de renaître, potentiellement, un jour. "Je suis mariée, Kelly." lâcha l’australienne sans sommation. Un pavé dans la mare qui éclaboussa la brune à la façon d’un Tobey sautant dans une flaque de pluie fraîche. "Vous êtes quoi ?" Mariée. Comme dans re-mariée. Et si Lee pouvait comprendre, accepter, la perspective qu’une femme ou un homme divorcé puisse refaire sa vie plutôt que de se condamner au célibat jusqu’à la fin de ses jours -n’y comptant pas elle-même, bien que tout lui indiquait le contraire- elle imaginait mal un nouvel engagement sous forme de mariage, et encore moins lorsque les restes de sentiments pour le premier époux semblaient encore si frais, sans se couvrir d’un voile d’hypocrisie. D’un coup d’oeil furtif, Lee constata la présence de l’alliance au doigt de Joanne, se maudissant d’avoir manqué un détail aussi flagrant. Ce manque d’attention n’était pas dans ses habitudes. Cela la contrariait d’autant plus. "...Mais il est certain que j'aurais toujours d'affection pour lui et que si je peux l'aider pour quoi que ce soit, je répondrai toujours présente." Tandis que Joanne narrait les conditions dans lesquelles Hassan et elle avaient divorcé, Kelly cogitait. Ce remariage avait forcément affecté son voisin et ami, et se comptait parmi les erreurs dans la liste dont la jeune femme n’avait pas effectué le détail. Elle ne pouvait imaginer ce qu’il avait ressenti qu’en se mettant à sa place ; si Chad venait à refaire sa vie de la sorte, il était certain que la pilule serait difficile à avaler. Au final, la brune n’était plus si sûre de vouloir que Joanne puisse répondre toujours présente auprès d’Hassan. "A vous entendre, j'ai l'impression que vous rêvez de nous revoir ensemble." Cela était le cas, jusqu’à cette dernière poignée de minutes, et désormais ses pensées effectuaient un volte-face. Elle ne sut quoi répondre, elle-même sonnée, déçu, désœuvrée face au constat qu’elle était forcée de faire : il n’y avait rien à sauver de ce couple idéal, de ce conte de fées. Il était trop tard pour remettre les choses en ordre, si ordre il y avait dans cette relation. S’était-elle fourvoyé depuis le début en croyant si fort que Joanne et Hassan étaient faits l’un pour l’autre à jamais ? Son amour de l’amour l’avait-il aveuglée au point de ne pas s'apercevoir qu’il s’agissait d’une cause perdue ? Elle se sentit un peu plus sotte et naïve. Au final, toute cette mise en scène n’avait plus grand sens. Peut-être qu’il ne restait plus rien de beau de l’amour à cette époque, qu’il n’y avait plus d’espoir pour ce sentiment dans la société contemporaine. "Et vous, vous disiez que vous étiez dix ans avec Chad, vous avez quelqu'un dans votre vie à présent ?" Son stratagème se refermait sur elle dont la vitalité et l’enthousiasme avaient soudainement quitté l’esprit. "Vous ne pensez pas vous remettre avec Chad ?" Ces questions piquaient. Elle ne faisait que souffler des “Non” distraits, en effectuant quelques pas dans la boutique. "Qu'est-ce qui vous a mené au divorce, tous les deux ?" Kelly s’arrêta devant un miroir. Elle avait pour habitude de toujours vérifier son reflet lorsque l’occasion se présentait. Elle nota avec horreur que son sourire n’était plus qu’une discrète esquisse peu convaincante, que ses yeux étaient éteints, songeurs, et ses cheveux indisciplinés. Fixant ce bazar, elle força délicatement sur ses zygomatiques jusqu’à obtenir un résultat satisfaisant, puis glissa ses mèches brunes derrière ses oreilles. "Il manquait quelque chose, fit-elle plus par sentiment d’obligation de répondre pour effectuer sa part d’un système tacite de donnant-donnant avec Joanne que par réelle envie de s’y confier un tant soit peu, ce qui ne la poussait pas à aller dans le détail. Nous avons pensé que c'était le mieux, pour nous deux, d'essayer de trouver le vrai bonheur ailleurs." Ailleurs que dans les apparences et les obligations de couples qui ne leur correspondaient pas. Ailleurs que dans des rêves de petite fille, des idéalisations et des pressions sociales qui ne seraient jamais satisfaites. Ils pouvaient être misérables ensemble. Mais Lee préférait épargner à Chad ses espoirs déçus. Et cette quête du happy ending, elle y croyait désormais un peu moins, pour elle, pour tout le monde. “Il n’y a rien ici, fit-elle une fois bien arrangée. Peut-être que je ne trouverais pas ce que je cherche aujourd’hui. Je ne voudrais pas empiéter sur votre temps plus longtemps.” Elle se tourna vers Joanne, l’air désolée. Elle avait bien assez abusé de sa naïveté, et sûrement la jeune femme devait-elle rejoindre son futur-second-ex-mari.
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Message(#) Sujet: Re: joanne + it only matters if we care joanne + it only matters if we care EmptySam 31 Aoû 2019 - 14:37



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Joanne faisait mieux pour donner suffisamment d'informations à la brune sans pour autant s'épancher de trop. La petite blonde pensait qu'elle en savait déjà bien trop compte tenu du stade de leur relation (amicale ou pas, c'était encore la question). Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle ferait de ces données-là, ce que ça pouvait bien lui apporter de s'intéresser, voire s'immiscer dans ce qui fut autrefois un couple marié. Marié. Ce même mot qui fit sortir Kelly de ses gonds lorsque Joanne mit en avant qu'elle s'était engagée auprès d'un autre homme, qu'elle aimait profondément. Joanne ne comprenait pas pourquoi la brune semblait si outrée, gênée, d'apprendre cette nouvelle, ce pourquoi ses yeux s'écarquillèrent devant une réaction qui lui semblait un tantinet excessif. Son union avec Jamie n'était pas encore très accepté de tous. Le processus était long et les arguments ne semblaient pas être suffisants, surtout concernant son père, avec qui elle tentait tant bien que mal d'entretenir une relation. Elle l'aimait, son père, là n'était pas le problème. Mais qu'il se montre aussi réfractaire et méfiant de cet événement lui faisait beaucoup de peine. Elle se gardait bien d'en parler à Jamie, ou à sa mère, préférant garder pour elle ce sentiment pensant, plutôt désagréable. Peut-être que Joanne supposait mal, mais il lui semblait que, depuis cette révélation, Kelly semblait moins sereine, moins confortable qu'elle ne l'était quelques secondes plus tôt. Son sourire avait quasiment disparu et sa bouche restait close tandis que la blonde reprenait la parole. Elle ne rebondissait plus sur ce qu'elle pouvait dire. Joanne espérait relancer la conversation en lui retournant la question. Une fois qu'elle lui avait demandé les raisons de son divorce, elle restait silencieuse, l'observant avec attention. Non pas qu'elle espérait vraiment avoir beaucoup de détails, elle cherchait surtout à rééquilibrer une balance très inégale à ses yeux. Les réponses de la brune étaient succinctes, elle ne cherchait pas à se confier ou à donner beaucoup de détails à la Keynes. Joanne ne lui en voulait pas, elle n'allait pas non plus lui forcer la main pour qu'elle se confie si elle n'en avait ni le coeur, ni l'envie. "Je suis désolée pour vous." souffla-t-elle d'un air navré. Difficile pour un couple d'admettre qu'ils n'étaient pas forcément faits l'un pour l'autre, et encore plus de passer la dure étape du divorce. Ce devait être un véritable crève-coeur. "C'était courageux de votre part." Joanne le pensait sincèrement. Elle n'aurait pas su comment elle aurait réagi à sa place, se doutant bien qu'elle aurait été plus du genre à s'accrocher, à croire que ce n'était qu'un petit coup de mou durant une vie de couple et que ça allait s'améliorer. Elle n'aurait pas eu la même volonté que Kelly et Chad à ainsi accepter le divorce. Les sentiments devaient être là, mais il y avait ce quelque chose manquant, qui sappait tout. Immédiatement, Joanne pensait à son ex-mari, et son mari actuel. Hassan avait demandé le divorce dans le seul intérêt de Joanne dès qu'il avait appris pour son cancer. Jamie était prêt à laisser Joanne à Hassan, en dépit de ses sentiments pour elle. Dépitée au possible malgré l'illusion qu'elle voulait donner pour faire croire que tout allait bien dans le meilleur des mondes, Kelly ne voulait plus s'attarder davantage dans cette boutique d'antiquaires, ni même passer du temps avec son interlocutrice. "Vous le trouverez, votre bonheur, Kelly." lui assura Joanne avec un sourire sincère, après avoir laissé régné quelques secondes de silence entre elles. "Que ce soit un... objet de décoration – bien que je commence à douter que c'était votre intention première en venant écumer ces boutiques avec moi –, ou qu'il s'agisse de quelqu'un qui saura vous rendre heureuse." On ne changerait pas Joanne, qui avait un talent certain pour être très optimiste pour les autres et peu pour elle. La grande romantique qu'elle était savait que Kelly allait trouver, en temps voulu, une personne qui lui correspondra parfaitement et qu'elle adorera combler. Elle n'avait absolument aucun doute sur ce point. "Et c'est souvent lorsque l'on s'y attend le moins." Kelly ne semblait plus trop vouloir passer de temps en compagnie de la petite blonde, et il était vrai que celle-ci avait déjà un peu trop flâné dans ces boutiques, sans avoir même prêté trop attention à ses propres objectifs tant sa conversation avec la brune l'interpellait. Ses yeux se rivèrent sur sa montre, offerte par Jamie, afin de constater l'heure avec une certaine panique. "Oh mince, je n'avais pas vu le temps passer, je suis en retard." Elle devait effectivement retourner au QAGOMA, par crainte de se faire taper sur les doigts de son supérieur. Simon n'était pas si vilain que ça et il ne tiendrait certainement pas compte de ce retard étant donné que Joanne ne l'était quasiment jamais d'habitude. Mais c'était plutôt pour elle, pour sa conscience professionnelle et sa tranquillité d'esprit. "Il faut vraiment que je file." dit-elle d'un air embarrassé. "Prenez soin de vous, Kelly." Dieu seul savait quand le chemin des deux jeunes femmes allaient se recroiser. Mais jusqu'ici, Joanne ne voyait pas en quelles circonstances cela pourrait arriver. Qui sait, Le Destin faisait parfois bien les choses, même si Joanne peinait à deviner parfois le pourquoi du comment, la raison pour laquelle Il incitait deux personnes à se rencontrer et à mieux se connaître. Kelly faisait partie de ce grand mystère que la blonde n'arrivait définitivement pas à résoudre. "Prenez soin de vous, Kelly." lui dit Joanne avec un sourire sincère. "Et ne désespérez pas, surtout, qu'importe la nature de vos recherches." Que ce soit ce quelque chose qu'elle pensait trouver chez un antiquaire, ou un quelqu'un. La blonde la scruta encore durant une poignée de secondes, dans l'espoir d'essayer de la comprendre, en vain. Elle lui fit un dernier signe de tête en guise d'au revoir avant de réajuster la sangle de son sac à main au niveau de l'épaule et de tourner ses talonts en direction de la sortie de la boutique.
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