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 It's a beautiful day - Adam&Ash

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Message(#) Sujet: It's a beautiful day - Adam&Ash It's a beautiful day - Adam&Ash EmptyLun 26 Nov 2018 - 22:12




Ca y est. Tu les as. Les clés de ton appartement. T’es propriétaire. Tu n’aurais pas cru faire ça si rapidement mais tout un tas d’occasion se sont enchaînés et ta banquière a été très gentille pour ton prêt. De la chance. Ouais. C’est bien ça. T’as plongé là dedans tête la première. Acheter un appartement n’est jamais une mauvaise décision. Ton père serait fier de toi. Tu ne l’as pas encore annoncé à ta famille. Tu le feras à la prochaine occasion. T’es vraiment content de pouvoir quitter ce petit appart’ miteux que tu loues depuis ton retour à Brisbane. Ouais bon ok, en revenant t’as refait le même coup qu’il y a de longues années. Quand t'as squatté chez Abby pendant presque une année. Là t’as pas hésité à recontacter une meuf avec qui t’as eu une aventure par le passé afin de lui offrir ton corps en échange du gite et du couvert. Mais elle ne connait pas ces détails là. Tu te gardes bien de le crier sur les toits. Tu profites juste de leur crédulité et du fait que ton charme ne les laisse pas indifférentes. Tu passes des bons moments. C'est cool. Ouais nan pas vraiment en fait.

Tu entres dans le premier bar qui est sur ta route après avoir récupérer tes clés de chez toi. C’est 17h en ce samedi, c’est pas très rempli. Au comptoir tu fais signe au barman.

« La prochaine tournée est pour moi ! »

Quand tu veux célébrer, tu fais pas ça n’importe comment. T’aurais pu attendre de voir tes potes et faire ça avec eux mais non. T’as pas voulu attendre. Y’aura un autre round avec eux quand tu les verras. Là il te fallait un truc tout de suite. Tu t’assois sur la chaise haute alors que certaines personnes au comptoir te remercient.

« Ta femme est enceinte c’est ça ? »

Tu lâches un rire à cette suggestion.

« Non. J’ai acheté un appart’. »

T’es tout fier, ça se voit. Tu croises le regard du mec directement assis à côté de toi. Ok il est hot. Tu essaies de chasser cette pensée alors que le barman t’apportes une bière. Le gars d’à côté est servi également du verre que tu lui offres. Tu prends ta pinte et tu vas faire tinter ton verre avec le sien.

« De rien. »



Dernière édition par Asher Baxton le Sam 1 Déc 2018 - 23:58, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: It's a beautiful day - Adam&Ash It's a beautiful day - Adam&Ash EmptyMar 27 Nov 2018 - 14:53


— Pas assez sexy.
— Alu, je vais dans un bar de quartier à cinq heures de l’après-midi, pas draguer dans une discothèque.
— Personne ne dit discothèque de nos jours mon grand.

Adam se considérait dans le miroir, tandis que l’image de sa sœur, sur l’ordinateur, se figeait quelques instants, le temps pour la connexion de se rétablir à travers le Pacifique.

— Allez, mets autre chose. Ton défilé de mode, ça occupe mes insomnies.
— C’est juste pour m’aérer un peu, tu sais. Je cherche pas à faire des rencontres.
— Je croyais que c’était précisément le but, faire des rencontres.
— Non mais des rencontres rencontres, juste des rencontres.
— Limpide, ironisa Alicja.

Le jeune homme soupira et disparut de devant la webcam quelques secondes, le temps de revenir dans une tenue qui ressemblait trait pour trait à la précédente.

— Tu te fiches de moi ou quoi ?
— Mais qu’est-ce que tu veux que je mette ? J’ai pas une garde robe extensible à l’infini.
— Et elle est composée exclusivement de sweats à capuche, ta garde robe ?
— Non…

Alicja leva les yeux au ciel.
Ces garçons !
Tous des empotés.

— Faut que tu montres tes biceps et tes pectoraux. Les gens aiment ça.
— Ouais, j’suis sûr que Robert, au bar PMU du coin, il sera passionné par mes pectoraux.
— Et qui tu dis que le serveur du bar n’est pas un séduisant jeune homme qui n’attend que de se faire culbuter dans l’arrière-boutique ?
— Alicja !
— Moi, je dis ça, c’est pour aider, hein…

Nouveau soupir.

Adam avait décidé d’avoir une vie sociale. Depuis son aventure éphémère avec Andy dans une backroom d’un club gay, sa discussion avec Leonardo qui multipliait les activités et sa rupture Koji, il avait décidé de prendre sa vie en main. Sa vie à lui. Pas le terrain, pas les missions, pas l’avancement et la carrière, mais sa vie de jeune homme encore dans la fleur de l’âge, qui courait le risque de passer à côté du monde.

Et sa principale conseillère en la matière, c’était une sœur aux idées un brin plus radicales que les siennes. Ce jour-là, Adam s’était fixé pour objectif d’aller dans un bar, de regarder le sport à la télé en faisant des commentaires de bonhommes avec d’autres bonhommes, et c’était tout. Mais Alicja lui prévoyait déjà d’innombrables conquêtes et des romances improbables avec des employés fictifs.

Bonjour la pression.

— Ah, voilà, c’est mieux.

En désespoir de cause, il avait enfilé un tee-shirt blanc dont le tissu léger épousait le dessin de ses muscles au gré de ses mouvements et un jean bien coupé. C’était un compromis entre sa sœur, qui l’aurait envoyé à moitié nu en jockstrap avec des pinces aux tétons, et lui-même, qui était à deux doigts d’enfiler un treillis pour jouer au camaléon.

— Bon, mon grand, je vais essayer de me recoucher. Bonne chance. Oublie, serveur mignon, sourire, compliments, et hop !
— Bien sûr, bien sûr. Repose toi bien, madame conseil en nymphomanie.

Skype coupé. C’était l’heure de se lancer. Quinze minutes plus tard, Adam était accoudé à un zinc et parvenait à échanger avec un barman pas du tout du genre à se faire culbuter dans l’arrière-boutique sur les résultats de différentes équipes sportives australiennes : ce n’était pas si mal. L’ambiance était calme et, finalement, les conversations se nouaient facilement. Jusque là il avait réussi, Dieu merci, à éviter la philosophie de comptoir et la politique de café du commerce, pour s’en tenir à des sujets plus généraux.

Et puis un type vint payer une tournée. C’était toujours idéal pour détendre l’atmosphère. Le patron fit le tour des commandes et interrogea Adam du regard, qui se contenta de désigner sa tasse d’un geste de la tête et eut le droit à un nouveau thé noir. On a le sens de la fête ou on l’a pas.

— Merci.

Tasse contre pinte.
Deux mondes qui s’entrechoquaient en tintant.

Adam adressa un sourire au nouveau client.
Il avait le sourire facile, c’était déjà ça.

— Félicitations pour l’appartement. J’y pense aussi, en ce moment, mais je remets toujours à plus tard. Trop focalisé sur la conjecture économique, le marché immobilier, et tout ça, mais je commence à me dire que si je décortique tout en détail, je finirai jamais par sauter le pas.

Après tout, il avait largement les moyens. Peut-être pas de s’acheter une villa extravagante sur la côte, et encore, s’il faisait les yeux doux à ses parents… Mais enfin, il avait des désirs assez simples en la matière, et il était peut-être temps d’investir pour de vrai.

— J’m’appelle Adam, au fait.

Serrage de pinces.

— Alors, ton appart ? Ta photo ? Comme un bébé ou un nouveau chat. C’est le moment de te vanter de ta salle de bain, de ton parquet flottant et de ton double-vitrage. Fais voir.
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Message(#) Sujet: Re: It's a beautiful day - Adam&Ash It's a beautiful day - Adam&Ash EmptyDim 2 Déc 2018 - 2:17




Une fois que t’as fait tinter ton verre avec ton voisin, tu réalises qu’il a une tasse. T’es surpris mais tu fais pas de commentaire. Tu le juges quand même. Qui vient dans un bar pour boire un thé ? Lui, apparemment. Mais tu t’en fais pas trop parce que là, t’es trop heureux d’avoir tes clés et d’être sur le point de boire une bonne bière. C’est tout ce dont tu as envie là. Un de tes petits plaisirs. La boisson, tu en abuses beaucoup trop. Tu le sais. Mais tu ne changes rien. Une gorgée de ta bière et le gars à côté entame la conversation. Le freak te félicite et commence à te parler de sa propre expérience. Mine de rien, ça t’intéresse un peu, surtout que tu te retrouves dans ce qu’il dit. Tu hoches la tête.

« J’ai eu de la chance. Je me serai pas lancé sinon. C’est l’appart’ d’un pote. C’était. Maintenant c’est le mien. »

Tu épargnes les détails. C’est en fait l’appart’ du père d’un pote, qui maintenant est cloué dans une chaise roulante suite à un accident. Oui, t’as eu de la chance dans sa malchance. Ca n’en reste pas moins de la chance. Tu prends toutes les opportunités que tu trouves. Il se présente. Adam.

« Asher. »

Tu serres sa main et il te demande un peu plus de détails à propos de l’appart’. Tu souris assez largement quand il te parle de photo, de te vanter. Tu loupes pas qu’il parle de bébé lui aussi. Bien sûr. C’est ce qu’il faudrait que tu penses à faire à ton âge. Mais faudrait déjà que tu aies trouvé la bonne. C’est pas demain la veille. Il n’empêche que tu sors ton téléphone de ta poche parce que oui, tu as des photos.

« Y’a rien dedans encore. Je déménage ce weekend. »

Tu lui passes le téléphone en lui indiquant dans quel sens il peut balayer les photos. Il y a le salon, les deux chambres, la salle de bain et la cuisine. L’endroit est de taille très correct, surtout que pour l’instant tu vas y vivre seul. Mais pas pour longtemps.

« Je vais mettre une des chambres en location. Pas Airbnb, j’ai pas envie de me faire chier avec tout ce que ça engendre. »

Parce que t’as des potes qui t’ont suggéré de faire ça.

« Juste la louer à l’année ou plus. Vivre en coloc. Ca va m’aider à payer le crédit. »

Et tu seras moins seul aussi comme ça. C’est Owen, ton frère, qui t’a fait germer cette idée dans ta tête. Lui aussi loue une chambre chez lui. C’est qu’il a de bonnes idées parfois le prêtre.

« Tu cherches pas une chambre en coloc ? »

Tu plaisantes. Tu t’attends pas à ce qu’il dise oui. D’ailleurs tu sais même pas pourquoi t’as posé cette question. Tu ne connais rien de ce mec à part qu’il a un regard assez envoutant.


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Message(#) Sujet: Re: It's a beautiful day - Adam&Ash It's a beautiful day - Adam&Ash EmptyDim 2 Déc 2018 - 9:10


Adam avait toujours entendu dire que la majorité des gens trouvaient leur emploi grâce à leur réseau personnel et, désormais, il devait s’inquiéter d’une autre réalité : les réseaux immobiliers. Est-ce qu’il était censé harceler ses collègues de travail pour savoir si quelqu’un dans son entourage n’était pas en train de se défaire d’un joli trois pièces de charme dans un quartier agréable, proche toute commodité, beaux volumes et lumineux ?

Ou quelque chose de plus industriel.
Il aurait rêvé d’avoir un loft industriel.

Ce n’était pas exactement le genre de cadre discret qui convenait à un agent qui essayait absolument de se faire oublier du reste du monde, mais, d’un autre côté, certains de ses supérieurs lui répétaient que son souci de la discrétion relevait plutôt de la névrose que de la conscience professionnelle.

— Sympa comme prénom, commenta-t-il d’un ton distrait, en passant, alors que ses doigts frôlaient nécessairement ceux d’Asher au moment où il prenait le téléphone, pour considérer les photos.

C’était un bon exercice, pas vrai ? Essayer de voir ce qu’Asher avait vu dans l’appartement, et ce que, par conséquent, il était lui-même censé chercher s’il se mettait pour de bon à chasser.

— Paraît que c’est préférable de visiter des apparts meublés, parce que ça donne une idée de ce qu’on peut y faire, mais enfin, c’est quand même plus clair quand il y a rien.

Il releva un instant les yeux vers Asher pour rajouter avec un sourire :

— Ouais, j’avoue, des fois, je regarde des émissions stupides genre Cherche appartement ou maison. C’est, euh… Cognitivement peu exigeant, disons. Parfait après une longue journée.

Il reporta son attention sur les quelques clichés qu’il lui restait encore à regarder.

— Ah, sympa la salle de bain. Je crois que y a rien de plus déprimant que les apparts où la salle de bain fait un peu… J’sais pas… Internat soviétique des années soixante. Quelque chose comme ça.

Le jeune homme rendit son téléphone à l’heureux propriétaire et hocha la tête quand celui-ci évoqua le projet de louer. La seule fois où Adam avait jamais vécu avec quelqu’un d’autre que ses parents, ça avait été avec Koji, et l’on ne pouvait pas dire que le résultat avait été particulièrement glorieux. Les voisins du Japonais s’étaient plaints de leurs multiples séances de jambes en l’air, et ç’avait été à peu près le summum du positif dans leur cohabitation.

Désormais, évidemment, il considérait que ce serait presque impossible. Comment justifier à quelqu’un d’autre qu’un traducteur se lève au milieu de la nuit, après avoir reçu un coup de fil pour urgent, pour disparaître pendant plusieurs jours, avant de revenir un beau matin, couvert d’éraflures et de contusions ?

Un rire léger accueillit la proposition d’Asher.

— Dis donc, on passe vachement vite de « bonjour, j’m’apelle Asher » à « tu viens vivre avec moi ? ».

Il avait failli faire une plaisanterie sur une demande en mariage mais s’était retenu juste à temps en se souvenant que les mecs hétéros étaient généralement peu à l’aise qu’on mette en doute leur orientation.

Pas facile de socialiser sans commettre d’impair.

— Non, désolé, je suis bien là où je suis. Et vraisemblablement pas le meilleur colocataire du monde. Par contre, je peux demander autour de moi.

Après tout, il connaissait des gens avec des enfants en âge de faire des études, qui chercheraient peut-être un environnement un peu plus diversifié que les résidences étudiantes.

Adam tira de la poche arrière de son jean sa carte professionnelle. Enfin, sa fausse carte professionnelle.


Adam Suski
Traducteur — Interprète
Mandarin - Polonais - Anglais


Dessus, il y avait une adresse mail et un numéro de téléphone. Il la tendit à Asher.

— Tu peux m’envoyer un genre d’annonces, t’sais, le prix, la disponibilité, les règles bizarres de propriétaire scrupuleux, et je ferai circuler.

Adam but une nouvelle gorgée de thé. Il aurait probablement dû prendre quelque chose de plus passe-partout. Mais l’alcool, c’était exclu : il aimait garder l’esprit aussi clair que possible. Et le soda, c’était trop sucré : pas indiqué pour un régime alimentaire qu’il surveillait avec beaucoup de soins, afin de s’assurer que ses performances physiques demeuraient optimales.

— T’as une idée du genre de colocataire que tu cherches ? T’auras évidemment plus de facilité à trouver un autre mec, les femmes se méfient généralement de ce genre de dispositions. C’est pas contre toi, hein, juste une précaution générale regrettablement nécessaire. Mais genre, étudiant ou professionnel ? Tu vas organiser des fêtes tous les soirs ? T’es, comment dire, ‘fin…

La question qu’il voulait poser, c’était si Asher était un homophobe en puissance, ce qui réduisait fatalement la liste des gens auxquels Adam communiquerait l’annonce. Mais il ne voyait guère de bonne manière de la tourner, alors il conclut prudemment :

— Le profil général, quoi.
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Message(#) Sujet: Re: It's a beautiful day - Adam&Ash It's a beautiful day - Adam&Ash EmptyLun 3 Déc 2018 - 19:33




Son compliment sur ton prénom. Ses doigts sur ta main. Tu remarques tout. Tu fais mine de rien. Il fait son petit commentaire sur les photos. En gros il vient de te dire que t’as fait de la merde sans tous ces mots là. T’es du genre à être susceptible, mais non, tu vas pas faire une scène. C’est une bonne soirée, tu veux pas la gâcher. Que du positif. Tu vas essayer. Pas évident quand on a le genre de penser que tu as quotidiennement, mais t’es optimiste sur le déroulement du reste de la journée. Adam se justifie sur son commentaire et tu hoches la tête. Oui. Ces émissions sont stupide. Oui, ça t’es déjà arrivé de les regarder. Beaucoup trop souvent tu passes tes lendemain de cuite devant la télé avec le son presque au minimum. Comme un petit rituel. T’as l’impression que ça t’aide à te remettre sur pied plus rapidement. C’est faux. Nouvelle gorgée de ta bière alors qu’il parle de ta salle de bain.

« T’as l’air calé en internat soviétique. »

Ca sort tellement de nulle part que ça te fait un peu sourire. Ce mec a l’air chill. La conversation va être simple et tu vas passer un bon moment. Tout à fait ce qu’il te fallait. Tu vas essayer d’arrêter de le juger à chacune de ses phrases mais c’est plus fort que toi. Il se fou gentiment de ta proposition et t’es content de voir qu’il a de l’humour.

« Tu sais pas ce que tu manques. »

Non en fait il sait pas et c’est tant mieux parce que sinon il refuserait à coup sûr. Il refuse clairement et ça te fait sourire de voir qu’il a besoin de le faire. T’étais pas du tout sérieux. Est-ce qu’il serait du genre naïf ? On dirait bien. Cute. Tu prends sa carte quand il te la donne. Ça peut toujours servir et puis, ça donne des informations sur la personne. Traducteur hein? Ca doit être tellement ennuyant comme boulot. Tu préfères créer que retranscrire dans une autre langue en ce qui te concerne. Tu hoches la tête quand il te dit de lui envoyer les infos. Ce sera fait, même si tu doutes qu’un gars simplement traducteur ait un super réseau. Pas comme s’il était Pete Wentz. Il revient sur la question du coloc. Il souligne justement que tu trouveras plutôt un mec qu’une fille. T’hausses un peu une épaule. L’un ou l’autre, tu t’en fou en fait.

« Des soirées… Ça se peut ouais. Tous les soirs non, je bosse dans un bar certains soirs. Je l’inviterai à venir se cuiter là bas plutôt. »

Ca te fait sourire cette proposition.

« Etudiant ou professionnel, tant qu’il paie. »

Tu fais pas de discrimination. La vérité c’est que tu préfèrerai certainement que ce soit une femme qui te rejoigne. T’as déjà vécu avec des mecs, dont Nino récemment et parfois c’est compliqué pour la paix de ton esprit quand tu les croises en boxers ou à la sortie de la douche.

« Qu’est ce que tu fais comme plans pour être un si mauvais coloc ? »

Parce que ouais, ça t’a rendu curieux. Toi aussi t’es vraiment nul en coloc mais ça, c’est parce que t’as pas une très haute image de toi.

« Pour voir si t’es pire que ce que j’ai déjà vécu… Et fait vivre. Mais ouais c’est vrai que là je risque d’être moins conciliant qu’à l’époque parce que c’est mon appart’ à moi. Faut quelqu’un qui sait se tenir. Du coup plutôt une femme je dirai. »

Genre c’est ça la raison.


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Message(#) Sujet: Re: It's a beautiful day - Adam&Ash It's a beautiful day - Adam&Ash EmptyLun 3 Déc 2018 - 20:00


Raté. Adam avait essayé d’amener subtilement le sujet, mais il fallait bien reconnaître que sa subtilité confinait à la devinette cryptique. Il se voyait mal demander de but en blanc : « est-ce que tu es homophobe, parce que je conseille pas à mes potes gays de faire une coloc avec un réac ? », et c’était pourtant une question cruciale. Étudiant, il avait entendu tant d’histoires désastreuses de ses amis qui avaient fini par essayer de passer le moins de temps chez eux pour éviter de croiser leurs colocataires intolérants qu’il refusait d’exposer le moindre de ses contacts à une pareille situation.

Peut-être qu’en filant la conversation, il arriverait à cerner un peu plus le profil du fameux Asher. En jetant quelques hameçons dans l’eau. Chaque chose en son temps, il s’agissait de ne pas brusquer son interlocuteur. C’était un peu comme interroger un agent chinois sur la frontière mongole avec du fil de fer barbelé dans une main et un briquet dans l’autre.

Un peu.

— Les internats soviétiques, j’en connais un rayon. Comme tout bon Polonais, j’ai passé ma jeunesse dans des blocs communistes gris sous la surveillance d’anciens agents du KGB reconvertis dans le secteur éducatif.

Il avait dit cela d’un ton absolument sérieux mais un sourire était finalement venu souligner la plaisanterie. La vérité, c’était que bien des Occidentaux se faisaient de la Pologne une image de ce genre. Combien de fois avait-il croisé des Australiens qui lui avaient demandé sincèrement s’il y avait internet à Varsovie ? Ou des cinémas ?

— On néglige les charmes de l’architecture soviétique. C’est très joli si on aime les gros, gros pavés droits sans couleur avec des murs en papier de cigarette.

Et, pour le coup, si le système avait changé, les bâtiments étaient restés. La situation professionnelle de ses parents l’avait préservé de tout cela, mais c’était une réalité que beaucoup de ses compatriotes connaissaient encore au quotidien.

La conversation roula ensuite sur ses mérites personnels.

— Non, en vrai, je suis un ange, un charme pour la vie en commun, plaisanta-t-il, armé de l’un de ses jolis sourires, avant de hausser les épaules pour reprendre plus sérieusement, J’sais pas. Je bosse en indépendant, pas dans une entreprise, alors je suis habitué à avoir mes horaires à moi, tu vois ? Je sors à n’importe quelle heure, j’aime bien me promener la nuit, par exemple, aller courir, ce genre de choses. On m’appelle souvent pour des voyages d’affaires à la dernière minute. C’est pas très, très stable.

Dans l’absolu, ce n’était pas dérangeant, tant qu’on n’espérait pas avoir une vie sociale avec son colocataire et qu’on avait de bonnes boules quiès.

— Puis j’ai des phases, genre, cow-boy solitaire et taciturne, tu vois. Idéalement, me faudrait une rocking chair dans le désert, un harmonica et un morceau de bois à sculpter et ce serait parfait.

De fait, Adam n’avait pas le look, ni certainement la carrure, qu’on aurait associés à un traducteur, et s’il avait fallu lui prêter une profession à première vue, on l’aurait sans doute imaginé coach sportif ou ranger.

— Après, c’est des trucs dont mes mecs se sont plaints par le passé, mais j’imagine que ça serait pas si pire en colocation.

« Mes mecs ». Il avait lâché l’information cruciale pour tâter le terrain et voir si Asher remballait sa bière pour aller parler avec d’autres hommes moins suspects ou si l’idée de bavarder avec un type gay ne le perturbait pas. C’était un petit test pour savoir à quel point il pouvait recommander le nouveau propriétaire à ses éventuels amis.

Et pour éviter d’avoir l’air trop suspect, il enchaîna directement :

— Du coup, tu travailles dans un bar ? Pas celui-ci, j’imagine. Tu finances la concurrence, c’est pas très professionnel, tout ça.

Quelques exclamations mécontentes s’élevèrent un instant de l’autre côté du bar : manifestement, les parieurs n’avaient pas misé sur le bon cheval. Adam jeta un coup d’oeil à la télévision où une nouvelle course se préparait, avant de reporter son attention sur Asher.

— Tu cherches un service avec un temps plus complet ? J’ai croisé une barmaid l’autre jour qui parlait de lâcher son boulot, peut-être que la place va se libérer, je pourrais te rencarder des fois si ça t’intéresse. C’était un jour de bar sans histoire. Pas tellement de personnalité mais j’imagine pas tellement d’emmerdes non plus.
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Message(#) Sujet: Re: It's a beautiful day - Adam&Ash It's a beautiful day - Adam&Ash EmptyMar 4 Déc 2018 - 16:38



Le gars est polonais. Tu te demandes comment il est arrivé en Australie avec cet anglais parfait. Il te parle de sa jeunesse et t’aurais tendance à croire qu’il dit de la merde mais la réalité est que t’as aucune idée de comment la vie se déroule en Pologne. Alors tu commentes pas. Surtout que son sourire confirme qu’il s’est joué de toi. Ah le salaud. Mais ça te fait marrer aussi.

Il se lance des fleurs à propos de son savoir vivre et tu crois que la moitié de ses propos. Le côté gars qui a pas d’horaires c’est vrai que ça te fait envie. Quand tu avais encore ton groupe c’était tranquille comme ça lors des tournées et promotions. C’était le bon vieux temps. Ca te manque énormément. Ton job ici à Brisbane c’est pas trop mal mais comme ta boss est une vraie conne, c’est dur. Tu prends ton mal en patience, attendant de voir si tu peux bifurquer de nouveau dans la musique avec un projet solide. Ca risque de prendre encore beaucoup de temps cette affaire là.

T’aimes bien qu’il parle d’harmonica dans sa description. La musique a l’air d’être un aspect assez important dans son cadre de vie pour qu’il le mentionne. Quand il mentionne ses mecs tu t’y attendais pas à celle là. Qu’il soit si libre avec sa sexualité pour qu’il le dise comme ça au détour d’une phrase dans une conversation des plus banales dans un bar avec un parfait inconnu. Tu te fais du coup plus distant à son égard. On sait jamais. T’as pas envie de sombrer dans le pêché toi aussi. Il parle de ton job, tu bois une gorgée de ta bière en faisant un vague « hmmmm » pour confirmer ses propos. Y’a de l’agitation un peu plus loin et tu portes ton attention là dessus comme si c’était beaucoup plus intéressant que ce type qui est en soit l’image de la tentation incarné. L’univers est en train de tester tes limites. T’aimes pas ça. Tu cherches pas à reprendre la conversation mais c’est lui qui le fait.

« Nan j’ai un job à temps plein à côté. Le bar je fais ça pour me détendre. »

Tu évites bien le regard de Adam. Tu veux l’esquiver. T’as pas besoin de cette épreuve supplémentaire dans ta vie déjà bien compliqué. C’était sensé être une bonne soirée merde ! Tu fais genre tu t’intéresses au sport qui passe à la télé en espérant que Adam parte bientôt. Mais sachant que tu lui as offert une autre consommation, il va rester là encore un moment. Merde. Alors c’est toi qui te lève avec ta bière, feintant de vouloir mieux voir la télé.


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Message(#) Sujet: Re: It's a beautiful day - Adam&Ash It's a beautiful day - Adam&Ash EmptyDim 9 Déc 2018 - 15:30


La conversation avait fini par tourner court et la raison n’était un mystère pour personne. L’homophobie. Adam avait fini par s’y résigner. Plus jeune, il avait été en colère. Il avait voulu faire quelque chose, sans vraiment savoir quoi. De la politique, ce n’était pas vraiment son genre. La vie lui avait fait prendre un autre chemin, et il avait d’autres combats, désormais, mais sa carrière était pleine de remarques assassines, pleine de regards condescendants, de la part d’agents et de militaires qui auraient préféré que leur monde ne soit pas envahi par des femmes et des homos.

Le Polonais s’abstint d’insister. À quoi bon ? Faire une scène ? Tenter de faire changer d’avis à l’autre ? Il n’avait rien d’un prédicateur et il n’aurait pas su trouver les mots pour souligner tout ce que ça pouvait avoir de stupide. C’était une fatalité de l’existence, pour lui. Il ne put s’empêcher de songer à Leonardo. Leonardo, lui, il aurait su s’y prendre, sans doute. Il avait réfléchi à tout ça. Il était doué avec les gens.

L’agent ne retint pas un soupir résigné. Le reste de sa tasse de thé avalé, il glissa quelques billets sur le comptoir pour régler sa première consommation, avant de quitter son tabouret pour quitter le bar, sans demander son reste, et sans dire au revoir. Message reçu. Présence indésirable. Dehors, la nuit était tombée. L’idée de rentrer chez lui pour se réfugier dans son lit avec un livre, loin de toute cette vie sociale qu’il était probablement vain de vouloir reconquérir, lui traversa un instant l’esprit.

Mais c’était une forme de lâcheté.
Et la lâcheté, ça, il ne faisait pas.

Adam jeta un coup d’oeil à sa montre.
S’il y allait en marchant, il s’y serait peu près l’ouverture.

Les mains dans les poches, il s’engagea dans la rue, laissant le bar et Ash derrière lui. Au moins, il avait eu la réponse à sa question et il ne conseillerait pas au moindre de ses amis de venir se mettre en colocation avec un mec comme ça. Ce n’était pas si grave. Juste un rappel à la réalité. Aux statistiques. Des fois qu’il aurait oublié que, dans ce monde, il n’était jamais qu’une minorité, qui devait quémander sa place parmi les autres.

Trois quarts d’heure plus tard, ils étaient aux portes du club où, quelques semaines plus tôt, il s’était rendu avec Koji, avant leur rupture, et il avait pris conscience qu’une vie personnelle bien rangée ne pourrait jamais que le frustrer. Il avait essayé de dominer son animalité pour se faire la couverture parfaite, mais c’était en vain. Videur et porte passée, sur la piste de danse qui commençait à se remplir au début de la soirée, il se prit à chercher du regard dans la foule la silhouette à peine familière d’Andy.

Au fond, il doutait que le quasi inconnu ait eu envie de le revoir. Et il n’était même pas sûr de le vouloir de son côté. Ils ne s’étaient presque rien dit, mais, quelque part, Andy l’avait rappelé à lui-même. Mis face à l’identité qu’il tentait d’enfouir. Peut-être qu’il aurait dû faire une scène dans le bar, après tout. Est-ce que ça lui ressemblait d’abandonner comme ça devant l’adversité ? D’un autre côté, Ash ne l’avait pas insulté. Il avait battu en retraite. Tout le monde avait battu en retraite.

Le regard d’Adam s’arrêta sur un garçon, jeune, vingt ans, à peine. Blond. L’air faussement fragile. L’autre le regarda à son tour. L’agent traversa la salle pour le rejoindre. Échanger quelques banalités. Des sourires. Des regards entendus. Bientôt il dansait ensemble. Et l’autre là, avec son appartement, et ses photos de pièces vides, et le reste. Qu’est-ce qu’il était en train de faire ? Regarder un match de ruby dans un bar de seconde zone avec d’autres mecs aussi réacs que lui ?

La main d’Adam s’était posée au creux des reins de l’inconnu. Leurs deux corps étaient pressés l’un contre l’autre. Ils s’embrassaient. Là, au moins, personne n’allait les juger. Personne n’allait mettre trois tabourets de distance entre eux simplement à cause de ce qu’ils étaient, comme s’ils allaient tout contaminer, comme s’ils étaient dangereux. Adam sentit une main inquisitrice jouer avec sa braguette. Comme avec Andy. Son coeur battait plus vite. L’instinct de la chasse. Pulsion libératrice.

Au moins, la soirée ne se terminerait pas trop mal.
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