Leah & Stephen ⊹ then only for a minute, i want to change my mind 'cause this just don't feel right to me.

Depuis la soirée du nouvel an et son issue explosive, Stephen s'était laissé vivre sur pilote automatique. Passé le traditionnel brunch du nouvel an chez les Holloway, c'était dans son cabinet qu'il avait trouvé refuge aux côtés d'une demi tonne de paperasse en retard. Il lui fallait au moins ça pour reléguer au second plan sa colère et ses incompréhensions face au comportement de Leah, ou plutôt face à ce non-comportement. La brunette l'avait laissé dans un silence de mort après les deux messages successifs qu'il lui avait laissé, et ça, le brun l'avait mal vécu. Il n'avait eu aucune réponse si ce n'est une ignorance grandiloquente, et par orgueil, il avait poursuivi dans la même lancée ; les choses auraient sans doute été plus simples si les deux ne vivaient pas ensemble. Stephen avait adopté une technique un brin radicale pour ne plus avoir à croiser la jeune femme : partir de chez eux encore un peu plus tôt que d'habitude et ne rentrer qu'après avoir rattrapé tout le travail en retard qu'il accumulait depuis des semaines maintenant.  Il avait accepté quelques rendez vous d'urgence pour des nouveaux nés, était sorti un soir avec Nephtys, avait même réussi à passer un peu de temps avec Anabel pour ses derniers jours de vacances. Sa productivité avait été hors normes ... ou presque. S'il avait réussi à tenir le rythme un moment, la fatigue avait fini par -justement- reprendre ses droits.

Après une énième journée de rendez vous, Stephen avait repris le chemin de l'appartement. Sur pilote automatique, conduisant dans le calme le plus plat, il remerciait l'heure tardive d'avoir vidé de la route les quelques personnes qu'il aurait pu croiser. Sa dernière interaction se limitait avec un type croisé dans l'escalier de l'immeuble, et c'était à peu près tout. Les traits tirés, c'était en toute fin de soirée que sa clé était venue se glisser dans la serrure de leur collocation ; plus que quelques mètres avant la délivrance que lui apporterait le moelleux de son matelas. En focus sur sa chambre, le brun fut pourtant frappé par une odeur de brûlé à peine le pas de la porte franchi. D'instinct, son regard pivotait vers la cuisine... et vers Leah. Il était inutile de préciser qu'il ne s'attendait pas vraiment à la voir à en juger par son expression à mi chemin entre étonnement et colère qui venait instantanément durcir ses traits. Stephen balaya par réflexe la scène du regard. Un plat cramé entre les mains ; rien d'étonnant. Leah était une catastrophe à elle seule. Un carton de pizza sur la table basse, des verres de vins ... deux verres de vins. Elle avait du avoir de la visite. Elle avait du voir ses foutus messages pour organiser une soirée chill pendant que lui se retournait le cerveau. Un ricanement franchissait la barrière de ses lèvres tandis qu'il déposait ses clés de voiture sur le meuble de l'entrée dans un tintement qui tranchait avec le silence de plomb qui régnait. Traversant le salon pour rejoindre sa chambre, pas forcément d'humeur à rester dans la même pièce, Stephen avait pourtant fini par s'arrêter net : Leah n'avait pas bougé d'un pouce. Elle le regardait avec une expression qui dépassait de loin la colère et l'amertume ... c'était autre chose. Quelque chose comme de l'incompréhension ? du doute ? Il ne savait pas trop quoi en penser, toujours est il qu'il connaissait suffisamment la petite dernière des Baumann pour comprendre qu'elle avait l'air en colère ... et perdue. Il avait ouvert la bouche ; initialement pour dire quelque chose de censé comme un : ça va ? mais rien de la sorte n'en sortait. A la place, la colère reprenait le dessus, et il crachait presque : " ... t'as un sacré culot Leah" en faisant quelques pas pour avancer vers le canapé. "Tu sais prendre ton putain de téléphone pour inviter je ne sais qui, mais ..." un grognement étouffait les quelques jurons qu'il se refusait à débiter. Se portant une main fatiguée au visage, il fixait les verres sur la table quelques secondes, comme pour faire une mise au point, avant de rebrousser chemin. "Oh puis merde, t'as fait ton choix. Bonne nuit." qu'il grommelait en reprenant la direction de sa chambre, bien décidé à passer une soirée plus tranquille que les précédentes.

Spoiler:

La voix de Leah l'interpellait alors même qu'il avait abandonné l'idée de se battre avec elle ; pas ce soir, pas encore. Se rendre dans sa chambre lui semblait être la plus sage des décisions. Le brun manquait de sommeil, de repos. Les quelques heures passées avec sa famille et sa fille ne lui avaient pas vraiment permis de ramener avec lui une parcelle de sérénité qui lui aurait été bien utile pour contrer la colère qui l'animait lorsque son regard avait croisé celui de la jeune femme.  "Je te signale quand même que c'est toi qui m'a demandé, ou non plutôt, "fortement conseillé"..."  qu'elle commençait en laissant un rire glacial s'échapper d'entre ses lèvres, un rire qu'il ne lui connaissait pas. Leah et lui ne s'étaient jamais disputés de cette façon. Quelques étincelles étaient bien venues ponctuer leur histoire, mais jamais l'incompréhension n'avait été aussi grande qu'aujourd'hui. Il n'arrivait pas à comprendre son silence, et elle.... elle semblait débarquer d'une autre planète en lui rapportant en plein visage des paroles qu'il avait pu lui dire quelques semaines plus tôt. "... De revoir du monde, de sortir avec un autre mec..." Et c'en était fini du calme froid qu'il avait réussi à plus ou moins contenir jusque là. La brunette n'avait pas le droit de jouer la dessus, pas après ce qu'il avait pu lui dire une fois qu'elle ait quitté l'appartement après leur baiser du nouvel an. Se refusant de croire un seul instant que cette petite soirée ait pu avoir ce genre de finalité, Stephen laissait le temps se suspendre un instant. Il s'était retourné, l'air absent bien que glacial, la fixait sans trop savoir ce qu'il devait en penser. Finalement, Leah réduisait ses espérances au néant en lâchant d'un ton cinglant :  "Alors désolée, je pensais que ça te ferait plaisir Stephen. C'est ça que tu voulais, pas vrai?" Ses méninges se mirent à tourner à vive allure. Demeurant silencieux l'espace de quelques secondes, Stephen jaugeait à nouveau la scène entre eux. Un canapé aux coussins affaissés, deux verres de vin... et le souvenir de la brunette, l'air perdu et coupable qui lui durcissait les traits, à qui il avait eu à faire en revenant à l'appartement. Elle s'était tapé un autre mec ? L'une de ses mains venait heurter son front, glissait dans sa chevelure, comme si ce geste aurait pu suffire à lui remettre les idées au clair, minimiser ce constat qui s'était imposé de lui même. Bouillonnant d'une rage nouvelle, Stephen tenter de contenir le flux de paroles blessantes qui auraient pu franchir la barrière de ses lèvres s'il ne se sentait pas si affecté. "Ouais, c'est ce que je voulais." qu'il crachait presque dans un demi mensonge. Il aurait voulu que Leah se trouve quelqu'un d'autre, qu'elle ne se raccroche pas à la catastrophe qu'il était, mais le comportement que la brunette adoptait là lui était incompréhensible. Pourquoi lui amener ça sous le nez ? Pourquoi lui faire ça après qu'il ne lui ait dit qu'il était d'accord pour essayer ? "J'pensais juste pas que t'étais capable de te taper le premier mec venu, que t'avais un peu plus de respect envers toi même." Leah ne se doutait sûrement pas de ce qu'elle avait bien pu provoquer chez lui, et sûrement que Stephen se rendait à peine compte de ce qu'il lui arrivait là. Il adoptait le seul comportement qu'il connaissait pour se protéger de la peine qu'il pouvait ressentir ; l'attaque. Il était hors de question qu'il ne s'écrase, pas alors qu'elle avait balayé ses excuses en couchant avec quelqu'un d'autre à l'endroit même où ils vivaient.

Au contact de Leah, Stephen avait commencé à apprivoiser ses émotions. La brunette était à des kilomètres du conformisme dans lequel il se complaisait. Elle était impulsive, caractérielle, impossible à soumettre. Il aurait su gérer un simple béguin pour elle, de simples égarements, mais ce qu'ils avaient concrétisé en Tasmanie était bien plus fort que ce qu'il ne soupçonnait. Sitôt revenu de leur escapade sur l'île d'à côté, Stephen avait quitté Carter et sa candeur. La jeune maman lui laissait le contrôle, et si sur papier, cette situation était une excellente façon de tourner la page, dans les faits, le souvenir d'avoir partagé les mêmes draps que la petite dernière des Baumann le hantait encore bien plus qu'il ne l'aurait jamais avoué. Il oscillait entre deux volontés ; celle de la voir prendre un nouveau départ avec quelqu'un qui n'avait pas une situation familiale chaotique et un cœur en vrac comme le sien, puis celle de laisser une chance à cette histoire qui serait compliquée, mais qui se révélait être une évidence à ses yeux jour après jour. Finalement, elle avait pris sa décision d'elle même. Choisissant de passer à autre chose aussi rapidement, Stephen n'avait pas pu s'empêcher de sentir sa poitrine se serrer, son cerveau fonctionner à vive allure. Elle débitait des paroles, qui à ses yeux n'avaient aucun sens, si bien qu'alors qu'elle parlait, il avait traversé la pièce en sens inverse pour revenir prendre ses clés et quitter cette atmosphère oppressante. "Oh mais c'est loin d'être le premier mec venu Stephen, désolée de te décevoir mais ça fait plus d'un an que je le connais. T'es loin d'être le seul et unique type de mon entourage. Je trouve que c'est toi qui a du culot de venir me faire des reproches alors j'agis exactement comme tu me l'as suggéré. "Je suis pas bien pour toi Leah", "Je peux pas porter toutes les casquettes Leah", "Il faut vraiment que tu sortes avec quelqu'un d'autre Leah." Alors, pour une fois que je fais ce que tu me demandes, pourquoi? Pourquoi tu débarques ici avec tes accusations?" Puis soudainement, trop c'était trop. Après quelques secondes d'un silence glacial à peine rompues par le tintement sec des clés qu'il reposait sans cérémonie sur le meuble, Stephen se retournait vers Leah pour lui faire face. "Parce que je voulais croire que c'était simple de tourner la page, alors qu'en fait, ça ne l'est ni pour toi ni pour moi. Je suis pas le seul mec de ton entourage ? Ok. Je vais faire abstraction de ça." qu'il crachait presque en balayant ses paroles d'un geste du bras, se rapprochant d'encore quelques pas pour arriver à sa hauteur. Il avait beau la dépasser d'une bonne tête, Leah soutenait son regard glacial sans ciller, même si elle semblait être au bord des larmes. Lui demeurait vidé de toute émotion. Il avait (encore) relégué toute sa peine au fond de lui même, par un automatisme protecteur qu'il avait développé au fil des mois. "T'es pas prête en fait, et j'me sens tellement con d'avoir contribué à ça. Tu fais comme si tout allait bien, mais si t'avais à ce point d'avoir non pas un, mais deux types dans ta vie, pose toi les bonnes question." Le ton montait, la patience se perdait doucement. Finalement, la statue de glace qu'il était finissait par se laisser happer par la colère qui tambourinait dans sa poitrine. "Donc j'espère que j'ai été un bon amusement pour les soirs ou tu te sentais seule, sans défense, paumée. Maintenant c'est clair, et du passé. Une putain de connerie du passé. J'm'en tape que tu sois avec quelqu'un d'autre. Essaie juste de faire ça dans ta chambre la prochaine fois. Et débrouille toi." qu'il concluait, même si ses pieds n'avaient pas bougés d'un poil. Il avait désespérément besoin d'un éclair de lucidité, d'être frappé par un happy end. Ses pensées étaient si obscurcies par la colère qu'il voyait à peine l'état émotionnel dans lequel se trouvait la brunette face à lui. Il lui en voulait tellement.

Leah & Stephen ⊹ then only for a minute, i want to change my mind 'cause this just don't feel right to me.

Une Leah au bord des larmes, dont le moindre des mots qu'il prononçait semblaient lui faire l'effet d'un coup de poignard, Stephen n'avait jamais vu la jeune femme si vulnérable. Pourtant, comme guidé par la colère, il ne s'était pas privé de tenir un discours acerbe, de monter le ton. Ses mots résonnaient encore, tranchaient avec la banalité de cette pièce de vie dans laquelle ils avaient réussi au fil des mois à tisser un lien qu'il avait estimé être solide. Il lui avait fait confiance, lui avait maladroitement confié ses doutes et ses craintes. Stephen avait beau être conscient des erreurs qu'il avait pu commettre en la repoussant lors de la soirée du nouvel an, il avait tenté de se repentir en lui adressant non pas un, mais deux messages dans les minutes qui avaient suivies. Des bouteilles à la mer. Leah l'avait laissé dans l'ignorance la plus totale, et si cette situation était déjà suffisamment compliquée à gérer pour son ego, l'irlandais était bien loin de s'imaginer qu'elle n'allait pas aller en s'arrangeant .... bien au contraire. Alors qu'il venait de débiter une longue tirade, de lui exposer son point de vue d'une verve sans le moindre tact, la jeune femme avait pris sur elle, et quelques secondes plus tard, lui asséna le coup de grâce qui suffirait à le décider à quitter l'appartement : "Comment t'aurais pu croire que je puisse tourner la page avec toi? J'ai jamais vu quelqu'un d'aussi indécis, tu sais pas ce que tu veux. T'es encore plus névrosé que moi, et tu te mens à toi-même. Depuis le début, tu te voiles la face et tu m'entraînes avec toi là dedans. Tu me laisses croire que tout va bien, et dès que ça va plus loin, tu t'éloignes. Alors tu sais quoi, merci pour toutes ces belles parties de jambe en l'air, c'était vraiment sympa. Et tant mieux si tu t'en tapes, ça tombe bien Holloway, moi aussi. Je sais même pas ce qui m'a prit de penser un seul instant qu'il y avait quelque chose de possible entre nous deux... Y a qu'à voir ce qu'il s'est passé avec Carter. T'es qu'un con." Jeu set et match. Le ton volontairement nonchalant, une technique comme une autre pour le blesser, Stephen avait observé Leah débiter ce flot de paroles dans l'incompréhension générale. Il refusait de croire qu'elle puisse tenir un tel discours, et pourtant, la lèvre inférieure mordue d'un geste qu'il devinait être une manière pour elle de se donner l'assurance nécessaire pour lui livrer le fond de sa pensée, il tombait des nues. Son visage s'était vidé de toute couleur, sa colère évaporée en un quart de seconde. Elle était allée trop loin. "Va te faire foutre Baumann." qu'il sifflait avant de tourner les talons, de repartir en direction du meuble d'entrée qu'il atteignait alors qu'un rire glacial secouait sa poitrine. "... dans tous les sens du terme, on se comprend bien. T'iras attirer dans tes filets l'espèce de crétin qui s'est laissé embobiner lui aussi." Il attrapait sa veste, ses clés, et fit quelques pas pour atteindre la porte qu'il mit quelques secondes à déverrouiller. Le temps de la réflexion, d'une dernière pique qui lui permettrait de déverser le flot de haine qui courrait dans ses veines, qui battait à tout rompre contre ses tempes. Rien de tout ça ne s'extirpait d'entre ses lèvres. Le brun aurait pourtant tant aimé la faire souffrir, lui faire du mal à mesure qu'elle lui en avait fait ce soir en réduisant à néant l'étincelle de volonté qu'il avait eu de tourner la page de son mariage à l'issue dramatique et traumatisante. Peine perdue. Malgré cet échange, la petite dernière des Baumann restait une personne particulière à ses yeux, une personne dont il n'arriverait pas à se défaire si facilement. "... je vais pas disparaître. On garde nos arrangements. Mais c'est tout. On devient colocataires le temps que je vende la maison. Pour le reste, t'es plus que la petite sœur de Logan. C'est mieux comme ça." qu'il annonçait d'une voix claire, résignée, avant de disparaître de l'appartement en claquant la porte derrière lui. Peut être que c'était mieux ainsi.

rp terminé.