Le dernier mot est dit, la dernière page est tournée. En tout, j’ai compté 40 têtes ce soir, toutes autant de paires de yeux ancrées dans ma direction. C’est bizarre, de les voir là, d’avoir un contact, autre que par leurs soupirs éméchés à la radio, leurs commentaires acérés sur la version web de mes articles. C’est marrant, presque, de me perdre sur leurs visages, de leur imaginer des kinks pas croyables, leur dresser toute une vie sexuelle hypothétique, une chronologie amoureuse, les trucs horribles qui poppent up dans ma tête, qui me font pouffer entre une phrase et une autre que, ma foi, j’ai finalement réussie à écrire. Qui l’eut cru - pas moi, du moins, pas souvent, pas tout le temps.

Steph installée, appuyée aussi confortablement qu’elle peut l’être sur les rayons de livres bien rangés écoute ce qu’elle a déjà entendu des tas d'autres fois, rien qu’aujourd’hui. On a choisi (j’ai choisi, son statut d'éditrice ne lui a pas donné le pouvoir de ne pas céder) un chapitre particulièrement costaud, un historique d’adultère transformé en swingers qui refusaient de se poser dans la plus sécuritaire des routines après des années à batifoler malgré le fait qu'ils en rêvaient. Leur papillonnage les avait conditionnés, ils m’avaient téléphoné tous les deux y’avait presque 3 ans de ça, j’avais toujours eu en tête leur histoire quand on me disait à quel point avoir toutes les possibilités valait mieux qu’une seule possibilité ultime. Ils s’étaient tellement épuisés à choper tout ce qui bouge qu’ils s’étaient retrouvés lassés, fatigués d'être fatigués - et incapables d’entendre ce que je leur disais, juste, d’arrêter. Alors j’avais réécrit leur histoire. Comme les 9 autres qui se compilaient entre les 450 pages et quelques que je tenais contre mes paumes, mon nom bien gravé sur la quatrième de couverture. Legit.

La première chose que je fais à la seconde où je quitte la librairie après une poignée de main et une autre, c’est piquer une course contre la montre, les bouteilles de bulles restantes que j’ai volées, une dans chaque main, l’autre planquée dans le sac bandoulière de Levi qui devrait vraiment travailler son cardio s’il veut me rattraper avant que j’ai terminé mon joint fraîchement allumé. Kane tout devant, bien sûr qu’il est plus rapide que nous le con, il s’entraîne 45h par jour avec ses sexy collègues. La fuite à l’anglaise comme trois têtes brûlées, Steph qui avait à peine eu le temps de fermer la lecture et d’inviter à une prochaine séance organisée dans deux semaines qu’on se tirait la dernière signature barbouillée de mon autographe, nerveuse.

« J’prends le plus grand lit! » je déboule dans la suite qu’on a louée avec le fric qui m’a été donné pour couvrir mes dépenses d’auteure (lolilol mais c’est quoi ce délire) pour la soirée. Apparemment, on gagne un salaire quand on se la joue imbue à se lire devant public. Mon portable que je lance sur la table de chevet, tout sauf prête à lire le moindre feedback sur mes écrits si tôt. « Who am i kidding, ils sont TOUS immenses, les lits. » deux gigantesques pieux recouverts de couvertures et de coussins à outrance, qu’on finira probablement juste par coller pour en faire un bed-in dans les règles de l’art. « Attendez, attendez, bougez pas, faites rien. » j’ai gobé un peu plus que la moitié de la bouteille de champagne que j’ai gardée dans ma main gauche avant de lever la paume droite en panique, la voix un brin plus aiguë qu’à l’habitude, les différentes substances illicites qui commencent doucement à faire l’effet escompté - me changer les idées à outrance. M’élançant vers l’un des cadres ornant le mur de la chambre, je grimpe sur le sofa de cuir bleu royal, désarticule mes jambes le temps de tourner le canevas, fidèle à la coutume qui veut que derrière chaque toile affichée dans un hôtel se cachent des dessins, des croquis, des écritures laissées par les vacanciers de passage. Attendant que les gars devinent, je mémorise ce que je vois de tracé sur le papier gratté, un « Classy. » mystérieux volontairement, que j’accompagne de deux minis formats de Jack Daniels piqués dans le frigo d’appoint, prête à les faire boire pour celui ou ceux qui seront erronés dans leur supposition. « Alors, votre verdict? Y'a quoi, derrière? »

Je suis arrivé pile à temps. Gosh. J’ai couru. Je m’en serai voulu d’arriver en retard. C’est genre super important pour Ariane ce soir. Je reste dans le fond, parce que je suis là en tant que fan #1 de mon statut de meilleur ami. Je suis pas là pour le livre en lui même vraiment. Juste pour le soutient moral de toute la situation. Mais je l’écoute avec attention malgré tout, même si ça manque de musique de fond tout ça si vous voulez mon avis. Genre un petit « Explosions in the Sky » ça aurait été parfait.

Le meilleur de la soirée arrive enfin. L’after. Dans une chambre d’hôtel. J’aime déjà beaucoup trop le concept de base mais quand en plus j’ai eu la présence d’esprit d’embraquer mon enceinte bluetooth (non je mens, elle est toujours dans ma voiture) et bien la soirée ne va en être que meilleure. Ecouter sur un téléphone c’est pas le plus fun, même si au fond, je vais juste chanter par dessus à la moindre occasion mais non. Je vais laisser à Ariane le soin de choisir la playlist parce que c’est sa soirée, c’est sa journée, c’est tout pour elle.

Je ris quand elle veut le plus grand lit, quand ils sont en fait tous immense. L’endroit est super cool. Je crois pas que j’aurai payé pour un chambre pareil, je suis du genre à vouloir faire des économies plutôt que de me payer le luxe d’une chambre. J’ai d’autres priorités pour mon argent. Ariane le sait. Mais je suis content d’avoir le privilège de profiter de ce chic ce soir. Même si y’a pas Wendy. Parce que très clairement les lits ont l’air AMAZING. Et alors que je suis sur le point de m’allonger sur le lit (pour tester) elle dit de nous arrêter. Ok. Freeze. Elle est ivre. Elle me fait rire. Moi j’ai bu qu’un verre pour l’instant. Mais c’est uniquement parce que j’étais en vacances y’a pas longtemps et que j’ai peut être très légèrement abusé de la consommation à ce moment là. Comment refuser quand passe la soirée avec John Floreani ? Je veux dire, juste impossible. On est d’accord. Je lui ai payé une bière et je m’en suis toujours pas remis. J’ai du le répéter 10000 fois à tout mon entourage depuis ce jour divin. John mon King.

Je fais une moue pensive alors qu’elle demande ce qu’il se trouve derrière le cadre.

« Hmmmm je dirai un truc genre ‘I was here’. Genre le nom du mec ou de la fille et ‘was here’. »

Je remarque les mignonettes de Jack Daniels dans ses mains et ça me fait sourire. Je sais qu’elle est plutôt Jameson la miss Ariane, mais je ne fais pas de remarques.

« Ah mais attend ! Le Jack c’est pour celui qui trouve ou qui perd ? Parce que je peux changer ma réponse du coup. Genre je vais dire y’a une bite très mal dessiné. Merde non c’est probable ça aussi… Damn it ! Tout est gratuit dans le mini bar ? »

Voilà la vraie question. Si faut je me prends la tête pour rien parce que je peux prendre autre chose sans pression.

Ça fait un moment que tu as déjà lu les 450 et quelques pages de l'ouvrage d'Ariane. Ce n'est pas le genre de livre vers lequel tu es attiré d'ordinaire - l'amour et le sexe dans toute leur laideur, ce n'est franchement pas ta tasse de thé - mais puisqu'il était rédigé de la plume de la Parker, tu l'as englouti. Chapitre par chapitre, goulûment, avant même leur édition par la dite Steph' qui mérite sans doute une médaille pour avoir autant sollicité et supporté Ariane - en plus de l'avoir survécue. Tu te dis qu'elle devait augurer une richesse immense via cet ouvrage pour avoir placé autant d'énergie sur la rouquine. Mais tout ceci compose leur problème et ultimement le bonheur primant de l'enflammée.

Tu t'amuses à commenter les différentes phrases prononcées par Ariane ainsi que son comportement à la lecture de certains passages au creux de l'oreille de Kane. Tu as sans doute l'air du mauvais élève au fond de la classe qui essaie de pervertir un de ses camarades, mais tu t'en fiches éperdument. A quelques reprises, quelques invités de la lecture te lancent des regards noirs auxquels tu répliques par un clin d’œil sensuel.

L'étalage de sa littérature achevé, Ariane se dérobe des lieux en direction l'hôtel luxueux. Elle a fourré une bouteille de champagne dans ton sac à bandoulière, comme si t'étais sa mule et même pas elle t'a proposé un joint alors qu'elle fume le sien allègrement dans la ruelle à peine vêtue par la nuit. Ingrate. Vous arrivez dans la suite de l'hôtel, ce genre d'endroit qui te rappelle la vie que tu as menée - subie - quand t'étais enfant et adolescent. Vraiment, tu ne partages pas l'engouement de tes deux compères pour avoir baigné dans ce milieu et l'abhorrer. Pour toi, le vrai plaisir ne repose pas dans le chic mais dans le naturel. Néanmoins, tu peux aisément élucider le fait qu'un tel confort les propulse à l'euphorie. Tu te laisses tomber dans un des canapés et observes le duo de choc s'enthousiasmer. Ariane est ivre d'alcool, Kane de son bonheur. Tu devines qu'il pense à Wendy et à quel point il aimerait qu'elle partage un de ces lits avec lui. La jeune femme exhibe quelques mini bouteilles dérobées du bar et vous lance un ultimatum sur l'éventuel croquis qui pourrait être voilé sous l'un des tableaux ornant la suite. Tu as déjà joué à ce jeu - il était l'un de vos favoris avec Jillian dans ces expéditions hôtelières -. De ton expérience, il y a beaucoup des artistes à l'encre rebelle qui les démange constamment qui s'évertuent à graver les murs de leur art - souvent inspiré d'un autre tableau de la pièce. Tu balayes les représentations présentes et conjectures : « J'dirais une Vénus de Milo revisitée ou un screamer, » Tu fais sauter le premier bouton de ta chemise qui t'étrangle depuis quelques heures maintenant et qui n'a plus aucun intérêt d'être désormais - dieu merci. « Tu fais péter la zic ? Tu nous fais de l'impro sur une de tes prochaines histoires pour ton volume 2 ? » Tu questionnes Ariane. Même pas la Parker t'a laissé prendre un de tes instruments chéris, tu te sens démuni et violenté. Comme un enfant qu'on a enlevé pour la soirée sans prendre le soin d'embarquer son doudou préféré. Heureusement, Kane a son matos pour faire péter le son.

C’est Kane qui tente le premier de deviner le dessin qui se trouve derrière la toile que j’arrache presque du mur à tenter de la balancer sous ma curiosité maladive. « Hmmmm je dirai un truc genre ‘I was here’. Genre le nom du mec ou de la fille et ‘was here’. » je pouffe de rire devant la naïveté du truc, Kane, ce gamin de bac à sable qu’on avait fait tremper dans un bain de paillettes un nombre incalculable de minutes à l’entendre. « Wronnnnggggg. » mon exclamation le situe sur sa réponse, et si les décibels montent au départ, ils s’écrasent sur la finale au même titre que ma silhouette qui perd l'équilibre et tombe de l’accoudoir du divan sur lequel Levi vient de se poser sans grâce aucune. Même pas que je montre quoi que ce soit, ramenant une mèche derrière ma tête, redressant le menton l’air de dire que tous ces salamalecs étaient prévus, calculés, prédestinés. Une Ariane bourrée était une Ariane qui se convainquait d’être en contrôle alors qu’elle l’était pas du tout. Merveilleux mélange. « Ah mais attend ! Le Jack c’est pour celui qui trouve ou qui perd ? Parce que je peux changer ma réponse du coup. Genre je vais dire y’a une bite très mal dessiné. Merde non c’est probable ça aussi… Damn it ! » voilà qui est plus intéressant. J’allonge mes jambes pour les délester sur un Levi qui ne semble pas râler de son inconfort au profit de mon confort, parfaitement mis en scène. « J'dirais une Vénus de Milo revisitée ou un screamer, » et il parle même, il sert pas juste à faire joli dans son coin en initiant un strip tease PG-13 d'un bouton de chemise défait. « On a un doublé là. » et je me réjouis, j'envoie chacun une bouteille voler à leur intention. « Un pour le pompier aux cheveux de prince, un pour le pirate au clin d’oeil de pinup. » Kane reçoit la sienne en livraison spéciale directement à ses paumes, je bois une gorgée de celle de Levi avant de lui tendre le reste. Prête à procéder au grand dévoilement, je me dégage du canapé et retourne vers la peinture fièrement accrochée, la détachant du mur pour exhiber son arrière l’air convaincu. On y avait grossièrement tracé un ange qui volait au-dessus de ce que je n’arrivais pas à discerner entre une aubergine de format de compétition, ou son alter ego humain masculin. M’enfin. La question de Kane me revient à l’esprit, à savoir si l’alcool était pour les gagnants ou les perdants. J’hausse l’épaule, satisfaite de l’incompréhension. « Oh, et sinon, j’ai oublié le Jack c’était pour quoi d’autre que pour boire. »

La chambre est immense, y’a trois pommeaux dans la douche, et un écran plat au mur de la salle de bain. J’ignore ce que j’ai bien pu écrire pour justifier pareil séjour, mais avoir su, j’aurais bouclé mon bouquin en une nuit et pas en 40 ans. « Tu fais péter la zic ? Tu nous fais de l'impro sur une de tes prochaines histoires pour ton volume 2 ? » Levi s’emporte, j’éclate de rire, sa suggestion me semblant totalement à propos sachant qu’avant que je me motive à écrire quoi que ce soit en format tome 2, on allait devoir me laisser une décennie et une autre pour m’y faire. « J’ai toujours su que je devrais ajouter du slam poetry à mes nombreux talents. » à ça, j’ajoute un clin d’oeil à son intention, quand il sait à quel point aussi chiant il a pu être, autant nécessaire à la rédaction de ce livre-là il est resté. J’ai juste de la difficulté à être en mode soft avec Levi, 17 ans de pratique à piquer, it grows on you. Avant de passer par la case musique, je fais un détour à mon sac, farfouille un temps. Des remerciements, tentative de. « Tiens, ça prend trop de place chez moi de toute façon. » et d’un geste, je lui tends son harmonica volée, gage d’un pari pris contre lui qu’il m’a refusé, que j’ai gardé pour la forme. Tu l’as écrit ton bouquin Ariane, tu peux souffler. D’un geste, je passe à la 2e bouteille de champagne volée, en boit une énième lampée, avant de la leur tendre à tour de rôle, et finit devant la station musique à choisir la dernière playlist dans l'historique, un truc trop feelsy duquel je saute quelques chansons pour finir sur quelque chose qui bouge un peu plus. Le feuillet décrivant l’établissement et ses différents attraits me nargue sur la table de chevet, je l’attrape avant de m’élancer vers le lit, m’y allongeant bruyamment la seconde d’après. « C’est vrai que leur piscine est sur le toit vous pensez? » je tourne les pages, valide l’horaire. « Pfffff. Elle ferme dans 5 minutes. » je soupire - avant d’hausser le sourcil avec défi, alternant un coup d’oeil sous-entendu vers Kane, puis Levi. « Ouh. Elle ferme dans 5 minutes. » est-ce qu’on s’en fiche, ou est-ce qu’on s’en fiche?

J’ai trouvé. Je suis fier de ne pas être le seul à penser à dessiner des penis un peu partout quand je m’ennuie. Je chope une bouteille de whisky et je m’allonge un peu mieux sur le lit - après avoir enlevé mes vans. Je l’ouvre aussitôt pour boire le contenu. Mais je prends mon temps pour la vider. Je ne sais pas encore si je veux me mettre shitface. Faut que je choisisse mes occasions. Je veux pas abuser de l’alcool à outrance. Je suis un peu traumatisé par mes amis alcooliques qui galère grave.

Je souris quand Levi demande de mettre la musique. C’est clairement un truc très important pour que la soirée soit optimale. Et il a l’air d’être sur la même longueur d’ondes que moi, c’est Ariane qui est en charge de la sélection. C’est sa soirée. La musique a toujours été tellement présente dans nos vies, dans notre amitié, faut dire que c’est ça qui nous a fait nous connaître aussi. L’album Let Go de Avril Lavigne, c’est notre point de départ à tous. Du coup c’est vrai que quand y’a des raisons spéciale de fêter, on laisse toujours la personne à l’honneur s’occuper de la playlist. Sinon c’est toujours le bordel. C’est limite la guerre parfois. C’est un peu plus tranquille quand y’a un nouvel album qui vient de drop parce qu’on se met d’accord bien vite pour l’écouter celui là.

Mais elle prend son temps la Ariane. Elle parle de slam et non merci. Pas mon genre. Elle sort l’harmonica et holy shit. Ok. Je suis sûr que Levi lui a fait le show pour lui apprendre à l’utiliser. IL m’a fait le coup aussi, y’a de nombreuses années de ça. Et autant il aime pas le sexe le gars, autant il est SUPER FORT pour allumer les gens. Non pas que ça ait marché sur moi. Non. Pas du tout. Ok ouais c’était quand même fort comme truc. J’y peux rien. Ariane met enfin la musique et je peux essayer d’oublier ce moment avec l’harmonica. Traumatisé. Bien sûr c’est ni du Deaf Havana, ni du Trophy Eyes, ni du BMTH, ni du Amity, donc me voilà déçu de la sélection. Mais je ne dis rien. J’essayerai de changer l’air de rien tout à l’heure. Elle va beaucoup boire de toute façon, ça va être un jeu d’enfant.

Je bois une nouvelle gorgée de Jack et Ariane parle de la piscine et je sais EXACTEMENT où elle va avec ça. Quand elle dit que ça ferme dans 5 minutes c’est genre un done deal. Je le sais d’avance. Je ris en voyant ce regard qu’elle nous lance et me voilà déjà debout, parce que c’est sûr qu’on y va. Ca fait longtemps qu’on a pas fait de conneries tous les trois.

« J’espère que tu t’es épilée. »

J’ai un immense sourire aux lèvres parce que je me sens trop drôle avec ma connerie.

« Mais ouais je suis partant. Il fait chaud et j’ai mis un beau boxers. Y’aura pas que Wendy qui va avoir le bonheur de poser les yeux dessus pour une fois. »

Je marque une pause.

« Je lui ferai un facetime quand même. »

Parce que je sais que ça va lui faire plaisir.

Ariane est totalement ivre, tu lui augures une sale gueule de bois à son prochain réveil. Néanmoins, tu soutiens totalement les festivités et les accompagnes. On ne publie pas son premier livre tous les jours. Qui plus est, tu sais à quel point la rouquine a galéré pour obtenir ce résultat. Elle peut bien célébrer cet accomplissement comme son cœur le lui dicte.

Tu te laisses tomber dans un des canapés, inconfortable. Tu fais sauter le premier bouton de ta chemise pendant que Kane se prend au jeu de sa meilleure amie. Tu conjectures également sur le mystérieux dessin voilé sous le tableau qui menace à tout moment de tomber au sol. Finalement, c'est Ariane qui s'écroule sur ton accoudoir et y gigote comme si ses mouvements étaient contrôlés. Elle lance un des échantillons à Kane et bois les trois-quart de ton prix avant de le tendre. Tu hausses les sourcils et finis par le poser sur une des surfaces boisées de la suite. Boire ne compose pas ta priorité, contrairement à la musique sur laquelle tu t'enquis, presque grincheux, avant de rattraper le tir en sollicitant une mise en bouche du prochain volume de la chroniqueuse. Elle est désopilée par tes propos, aborde la slam poetry. Un rictus curieux étire tes lippes et tu la convies : « Essaies-toi donc. » Kane n'a pas l'air d'appuyer ta demande, tu devines que ça doit le démanger de faire péter la musique et glisser discrètement des morceaux de ses groupes fétiches du moment dans la playlist de la Parker.

La jeune femme se lève non sans difficultés, s'aventure vers son sac. Après une longue exploration, elle te tend Harriet. Tu ne sais pas cacher le large sourire sur tes lèvres et réprimes cruellement ton envie de la jouer. Tu connais l'avis de Kane sur la question : c'est la soirée d'Ariane. Autant on meurt de désir de manœuvrer sa bande sonore, nous n'en n'avons pas le droit - ou que sournoisement. Tu glisses ainsi docilement l'harmonica dans la poche de ta chemise. « Mon bébé, » tu susurres très bas à l'intéressée en tapotant ta poche. Elle t'avait tant manquée.

Une deuxième bouteille de champagne est ouverte, tu échanges des regards amusés et complices avec Kane. Ariane vous annonce ensuite un plan aquatique et tu éclates de rire quand elle réalise que oui, la piscine ferme dans cinq minutes, mais en aucun cas cela ne peut vous freiner. « Elle sera rien que pour nous. » Tu commentes, avide de retrouver ton élément. Tu devais être un poisson dans une vie antérieure. Pas un humain à aspirer à vivre sur une terre ennuyante par son caractère ferme et immobile.

Tu pouffes quand Kane prononce espérer que la fille du groupe se soit épilée. Tu t'en fiches éperdument de la pilosité de la parisienne ; elle peut bien être un yéti orangé là-dessous si elle veut et t'as jamais compris cette mode d'être imberbe. Tu commentes quand Kane évoque son boxer et sa futur générosité à l'exhiber. « Tu devrais pas l'abîmer avec le chlore de la piscine et l'enlever alors. » T'es pas pour te baigner habillé, tu trouves ça inconfortable d'avoir des vêtements qui te plaquent à la peau comme s'ils voulaient te tuer ou que tu les absorbes ; mais ça, c'est un scoop pour personne. Ton meilleur ami parle de « facetime », ce qui, si t'as bien compris, est un genre de Skype.

Tu te lèves et attrapes Ariane tel un sac à patates sur ton épaule avant d'annoncer. « Allez, on y va ! Tu peux envoyer ça à Wendy si tu veux Kane ! » Tu virevoltes, hilare, et constates par le reflet d'un miroir que la populaire du soir tient toujours sa bouteille de champagne dans une main. « Tu peux embarquer des provisions ? » Tu pries le pompier en démontrant le minibar avant d'ouvrir la chambre de la suite pour que l'on s'oriente vers le toit de l'immeuble.

L’horaire du gym, le menu du restaurant, la liste des chaînes télé, tout ça, ça n’a pas du tout la moindre importance quand mon regard tombe sur les photos clichées au possible, la piscine à la céramique décorative au motif tiki bon marché, les sourires niais des nageuses blondes comme les blés démontrant à quel point un bain dans leur piscine olympique avait de quoi de thérapeutique. En vrai, aller nager m’ennuie, le fait que l’endroit soit off limits par contre, ça, c’est du bonbon. « Elle sera rien que pour nous. » Levi toujours sur la même longueur d’ondes que moi quand il s’agit de foutre la merde à divers niveaux, mon regard malicieux s’accroche au sien dans la seconde. « Ça aurait pas pu être autrement, ouverte ou pas. » qu’on se le dise, à trois, on prenait toujours la place d’une équipe de football entière, entre la musique que les gars imposaient, les remarques salaces que j’assumais, les conversations passionnées dont ils s’enflammaient, les disputes nombreuses entre Levi et moi, les effluves d’un sens unique (devinez lequel) entre Kane et moi. Drôle de bande de potes, j’aurais pas changé pour rien au monde. Surtout quand Levi boit pas son Jack et me le laisse d’office.

« J’espère que tu t’es épilée. » je pouffe de rire, me lève d’un bond en tanguant nonchalamment, avance avec des mouvements relativement langoureux, l’oeil avide et la voix lascive. « La totale, sauf que j’ai demandé un motif en K pour te rendre bien mal à l’aise. Tu stares, je gagne. » en vrai, c’était la faute à Andy si j’avais pu profiter d’une séance complète avec en plus l’huile d’hydratation à la noix de coco et fleur d’oranger, le mec avait des tickets dans tous les salons de beauté de la ville à entretenir aussi sérieusement son corps d'Apollon colombien. Grand bien lui en fasse.  « Mais ouais je suis partant. Il fait chaud et j’ai mis un beau boxers. Y’aura pas que Wendy qui va avoir le bonheur de poser les yeux dessus pour une fois. » j’arque les sourcils, pas sûre de comprendre où il s’en va avec ça, à vouloir se baigner habillé?, sachant au passage que Wendy appréciait les nudes qu’il pouvait bien lui envoyer, sous mes bons et loyaux conseils circa 2010. « Tu devrais pas l'abîmer avec le chlore de la piscine et l'enlever alors. » Levi marque un point, j’hoche de la tête sans la moindre envie de garder non plus mes sous-vêtements - dépareillés en plus, les joies du célibat totalement assumé qui remontent. « Je lui ferai un facetime quand même. »

Je suis à fixer le blond perdue dans mes pensées de drunk Ari, quand le brun, lui, est en mode transport en commun. Ses paumes me soulèvent de terre, je lâche un cri juste pour le plaisir de lui défoncer un tympan, m’accroche à ses hanches la tête dans le vide. J'encourage le McGrath à me réaligner sous sa tutelle, mes mains qui remontent le temps de baisser mon jeans à l’attention de Kane, une jolie moon bien blanche de peau de française pas encore habituée au soleil d’Australie depuis les 30 dernières années.  « Ou envoie-lui ça! » le tiers du trio suggère au pompier de ravitailler l’armée, et dans un énième mouvement pour tenter de me libérer de son emprise sans en avoir vraiment envie, je me redresse, demande, le plus naïvement du monde. « Depuis quand t’es si avenant? » depuis qu’il sait que tu es plus que tolérable une fois complètement bourrée.  Ah ouais, parfait, mon taux d'alcoolémie sera le potentiel diplomate de la soirée. Une fois dans le couloir en direction des ascenseurs, je chuchote à l’oreille de Levi, Kane sur nos talons. « Fais-moi tourner. Et quand je te dis, tu t’arrêtes et je vise! » je rigole déjà, m’imaginant bombe à retardement, aucun haut-le-coeur pour le moment, mais prête à faire le test si on croise qui que ce soit voulant nous bloquer le chemin vers la salvation aquatique. Puis, vient l’étage tant attendu, la porte vers les escaliers montant vers le toit, et l’affiche mentionnant les heures d'ouverture - et de fermeture - d’une piscine déserte sans la moindre surveillance en parallèle. Je me dégage des bras de Levi, perd pied pour me rattraper sur l’épaule de Kane, avant de décrocher la corde de métal bloquant bien faiblement l’accès. « De nos jours, les gens font encore confiance au fait qu’une simple interdiction garde les cool kids en retrait? » le bruit de la chaîne tombant au sol est véritablement jouissif, alors que mes pas se précipitent vers le futur lieu du crime. « Ouhhhhh, y’a un jacuzzi aussi! » mon t-shirt tombe, mon jeans aussi, je lance ma culotte vers Kane et mon soutien-gorge vers Levi, filant plonger la première.

Je sais que ma remarque sur l’épilation va leur faire rouler des yeux mais j’y peux rien. Moi c’est mon truc quand c’est bien taillé. Ariane en rajoute une belle couche pour me mettre mal à l’aise mais ça marche pas. Je sais qu’elle bluff. Elle n’aura droit qu’à un sourire de ma part parce que sa connerie me fait rire. Et puis y’a Levi qui me souligne qu’il vaudrait mieux que j’enlève mon boxers pour me baigner. Ok ils veulent me mater les deux là, je les vois venir. Mais ouais, c’est clair que Levi allait se baigner à poil. Comme d’hab. Le gars c’est une sirène.

« Ouais t’as raison. »

Parce que ça va être plus confo comme ça. Et le FaceTime avec Wendy sera encore plus intéressant. Et voilà Levi qui soulève Ariane comme un sac. Elle hurle. Ca me fait grave marrer mais la vérité c’est que c’est mieux pour elle vu tout ce qu’elle a bu déjà. Ok elle tient pas mal, elle en a sous le code. L’habitude, l’entourage tout ça tout ça. Et on dirait vraiment que moi aussi je vais finir ivre ce soir. Ce serait pas raisonnable vraiment. Levi propose d’envoyer une photo de lui et Ari à Wendy. Ouais. Non. Je crois que je la saoule assez avec eux comme ça. J’ai pas envie d’en rajouter une couche quand en plus je ne suis pas avec elle. En plus le cul d’Ariane, je crois pas que ça passerait cette affaire là. Ou peut être que si ? J’en sais rien en fait. Je sais pas si Wendy serait jalouse. Je pense pas. Mais je me garde bien d’essayer. J’ai pas assez bu pour faire de si grosse frasque sans en être conscient. Levi me demande de prendre de la bouffe et ouais, bonne idée.

« On it ! »

Avec mon esprit pratique hors pair, je vais prendre un oreiller du lit, j’enlève la taie, et je vais mettre tout ce que y’a dans le mini bar dedans utilisant le tissu comme un sac. Je les suis et je vois qu’ils sont en train de trop faire les cons. J’ai un sacré sourire aux lèvres. Je les aime trop ces deux là. Une fois à la piscine Ariane s’accroche à moi et je glisse mon bras libre autour d’elle pour la maintenir.

« Stay with me. »

Mais elle se reprend bien vite, à croire qu’elle avait juste envie de se coller à moi. Ce que je peux comprendre. On arrive à l’intérieur avec une facilité déconcertante et elle mentionne le jacuzzi.

« Je vais TROP squatter le jacuzzi. »

Voilà. Je suis complètement excité à cette idée maintenant. C’est tellement mieux que la piscine. J’ai pas envie de faire des longueurs là. Je suis pas au boulot. Je m’approche du jacuzzi, je pose le sac rempli de provision et je goûte l’eau. C’est tiède. Ouf. J’aurai pas voulu que ce soit trop chaud, on est en plein été. Me voilà en train de me déshabiller plus vite qu’il n’en faut pour le dire. Je me glisse dans l’eau aussitôt, fermant les yeux, appréciant de sentir l’eau sur moi. Sur mon corps parfaitement musclé avec tout le sport que je fais tout le temps. I am so fit. I love it. Je me penche pour prendre une petite bouteille de Jack dans le sac. Je vis ma meilleure vie. Je bois une gorgée alors que je suis dans le jacuzzi.

« Manque plus qu’un blowjob, de la musique et c’est parfait là. Oh non encore mieux, un show, là une scène avec Tonight Alive qui joue ! »

Je suis faible pour Jenna et ça irait bien avec le blowjob dans le jacuzzi. Mais genre, c'est la vérité. Et c'est pas du tout une proposition de blowjob par mes amis même si mes yeux se sont posé sur Ariane, puis sur Levi après avoir dit ça.

« Vous manque quoi pour que ce soit le paradis pour vous ? »

Le dessein de la suite de la soirée est tout tracé : c'est vers la piscine que vous vous orientez. Nuit ou jour, tu sais pertinemment que vous détenez ce talent de faire fuir toute âme extérieure à votre groupe par votre unique naturel, si bien que tu acquiesces, l'air grave, quand Ariane le rappelle haut et fort avant de faire dévaler une gorgée de whiskey supplémentaire dans son organisme.

Ariane et Kane parlent épilation. Tu ne saisis pas tout cet engouement autour des poils et est nullement intéressé pour entrer dans ce débat. Ce qui t'intéresse, c'est retirer le maximum de tissu qui t'étouffe depuis que t'es en public et dois te tenir un minimum correctement pour ne pas finir éborgné par la Parker. Ton meilleur ami évoque son boxer, tu échanges un regard incrédule avec la rouquine. Manifestement, elle te rejoint cette fois-ci sur ton incompréhension de se baigner habillé. Tu le communiques au pompier, indiquant le fait que le chlore abîmerait un de ses morceaux de linge favoris. D'ailleurs, tu te demandes si t'en as mis un aujourd'hui, de boxer. Tu le découvriras d'ici quelques minutes.

« Je lui ferai un facetime quand même. » que le musicien adresse en chinois technologique, avant que tu ne l'invites à prendre des vivres pour la suite des festivités. Tu saisis l'auteure newbie pour la jeter sur une de tes épaules telle un vulgaire sac à patates et accélérer le processus d'occupation de la piscine. La jeune femme émet un cri strident puis exhibe ce que tu devines être ses fesses à Kane. « Ou envoie-lui ça! » « Ha ben le voilà ton fesse-time ! » Tu rétorques en excellent mauvais jeu de mot qui ne fait rire probablement que toi - et peut-être Ariane vu son état d'ébriété. Cette dernière s'étonne de ton caractère avenant puis suggère de la transformer en machine à vomi. Tu te retiens cependant de succomber à la tentation de refaire la décoration de la cage d'ascenseur, le regard de celui que tu considères comme un frère en disant long sur cette éventualité. Une fois sur le toit, tu libères la rousse qui fait valser la chaîne métallique au même rythme que ses vêtements, non sans avoir titubé et s'être retenu sur Kane antérieurement. C'est un éclair livide qui s'enfonce dans l'eau de la piscine tandis que ton meilleur ami s'installe dans le jacuzzi. Tu l'entends jouir de la situation tout en vous questionnant sur votre version du paradis. En tenue d'Adam - enfin -, tu rejoins Ariane dans la piscine - tu préfères les plus grandes étendues d'eau - et réponds, taquin, au garçon : « J'vis toujours le paradis. » Ton existence n'était pas conventionnelle et tu faisais en sorte de créer ton paradis de toutes pièces et en tout temps, si bien que t'avais besoin de rien de plus. Chaque élément possédé était plus qu'estimé et rendait toute situation sublime. « Tu veux qu'on t'appelle une jolie fille pour ton blowjob ? » Tu suggères, avant de te tourner vers Ariane : « Et toi, Riri, tu veux qu'on te commande un pompier musclé ? » Pas que tu sois fana de l'idée de transformer la soirée en orgie, mais tu pouvais pas ne pas rebondir sur les vœux de l'australien. « You spin my head right round, right round, when you go down, when you go down down. You spin my head right round, right round when you go down, when you go down down » Tu accompagnes le sujet en chantant du Flo Rida.

J’ai les cheveux qui sentent le champagne bon marché pour avoir renversé un bon quart de la concoction dans mes mèches un peu avant de filer à la course entre l’ascenseur et le toit. Les joues rosies et pas comme Kane à être gêné de tout, nah, parce que l’alcool mousse et qu’il pétille, et qu’il me fait tituber aussi, éclater de rire à côté. « Stay with me. » Kane qui me retient, je pouffe de plus belle, mais accroche quand même mon regard au sien dans la seconde. « Deal. » *cue une chanson de Michelle Branch bien larmoyante et un medley vidéo de nos meilleurs moments où il me rattrape avant que je m’éclate la gueule au sens littéraire comme figuré* My boy.

Mais il reste pas, il se tire, il voit plus intéressant à droite quand moi je plonge d’un trait à gauche. « Je vais TROP squatter le jacuzzi. » of course you will. Levi fait un vacarme aquatique en résonnant à mes côtés, j’en profite pour lui cracher gentiment au visage la gorgée d’eau qu’il m’a fait ravaler avec son double salto avant approximatif. « Manque plus qu’un blowjob, de la musique et c’est parfait là. Oh non encore mieux, un show, là une scène avec Tonight Alive qui joue ! » le blond qui s’exclame, après de longues minutes, sur sa propre vision d’un monde parfait. Moi, je flotte sur le dos, le corps complètement immergé, les yeux vissés sur la lune au-dessus de nos têtes à entendre leurs voix comme dans un écho, à ressasser le fait que damn girl, you made it, mon livre est publié, là je peux arrêter de stresser. Ahah, la blague. « Vous manque quoi pour que ce soit le paradis pour vous ? » oh, mais c’est qu’il nous parle le gars. Je me redresse, m’assure de capter les iris rieurs de Levi, sachant qu’il a sûrement une belle réponse toute faite bien Kerouac à ajouter au lot. « J'vis toujours le paradis. »  « Oh come on. » et j’éclate de rire à nouveau, assez proche pour plaquer mes paumes sur son torse, le repousser dans l’élan en secouant la tête vu la pathétisme de la chose.

« Tu veux qu'on t'appelle une jolie fille pour ton blowjob ? »  ça, c’est intéressant. Mon œil brille, mon sourire qui relance. « Y’a la ligne rose dans le bottin de l’hôtel sinon, j’ai vuuuuu. » et elle chantonne Ariane, elle dresse même mentalement la liste des critères physiques pref de Kane pour faire les choses bien. McGrath qui m’immobilise dans mon train of thought. « Et toi, Riri, tu veux qu'on te commande un pompier musclé ? » un soupir et un autre, je nage à sa hauteur, évalue la proposition un nombre de temps proportionnel au nombre de collègues pompiers musclés de Kane qui sont hot af et qui, justement, entrent parfaitement dans les maigres diktats que l’anglais a amenés. « Nah. Je suis pas en plein bachelorette party, à 40 ans passé non plus. » et j’hausse l’épaule, et il chante et il s'amuse, et je saute sur les épaules de Levi et le forçant à tourner encore plus vite, à faire d’un vacarme notre pauvre petit tsunami commun de fin de soirée.  

On a fini par se la jouer bronzette à profiter des dernières nuits chaudes de l’été, allongés sur nos fringues sèches, l’air ambiant qui pèse de presque canicule même à cette heure. Personne parle, tout le monde profite, c’est cool, on a pas besoin de grand-chose finalement. « Je vous dirai pas merci d’être venus ce soir les gars. » on sait tous les trois que ça faisait partie du whole package. Que les remerciements étaient obsolètes. Que peu importe ce qui arrivait entre notre trio dysfonctionnel, à chaque grand moment, chacun était jamais bien loin des autres pour le souligner. « Vous aviez clairement pas le choix, et anyways j’ai un haut-le-cœur là. » la décharge qui me fait me lever d’un bon, rigoler ouais, mais aussi chercher l’endroit le plus legit pour soulager le malaise. « Du coup je vais aller gerber, et ensuite on se commande pas de pompier ni de blowie, mais de la pizza et le dernier film d’horreur le plus gore qui soit sur la télé payante. » le plan que j’énumère, hilare, la jarre à plantes là-bas qui fera l’affaire, en bordure du mini-bar tiki fermé pour la nuit, how funny. « See ya loosers! » seront mes derniers mots avant que je pique une course, que mes relents de mauvaises décisions à saveur de substances illicites aient raison de moi pour les prochaines 3 minutes 24.