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 FREYA&TERRY • i look inside myself & see my heart's black

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Message(#) Sujet: FREYA&TERRY • i look inside myself & see my heart's black FREYA&TERRY • i look inside myself & see my heart's black EmptyDim 7 Juil 2019 - 12:27



La vie n’est qu’un enchaînement de coïncidences étranges et bizarres. Il y a des gens que l’on ne veut pas croiser de nouveau, qu’on veut éviter car les blessures sont trop grandes, les trous trop béants. Freya a cependant enchaîné ce genre de rencontres dernièrement, que ce soit Elias, Jessian ou même Stephen. Des retrouvailles imprévues et forcées, être au mauvais endroit au mauvais moment est devenu un jeu un peu trop cruel de la part du destin. A croire qu’elle mérite tous ces règlements de compte. Doherty fait un constat sans appel sur sa vie ; elle n’est bourrée que d’acidité, de regrets et de venin. Il n’y a pas un rayon de soleil, pas de ciel bleu, rien que des nuages, de la pluie et beaucoup, beaucoup d’orage. Il n’y a que Romy et ses crêpes qui ont eu le don de lui montrer un semblant de luminosité quelque part dans le désert sombre de son histoire.

Pauvre petite poupée brisée, on pourrait presque pleurer pour ta gueule si les emmerdes, tu ne les avais pas cherché en premier lieu. Attaques sournoises étant ton arme de défense, tu ne sais pas comment aborder les autres, préférant leur planter tes crocs et cracher ton venin piquant plutôt que de montrer autre chose. On ne sème que ce qu’on récolte, c’est bien connu. Alors viens pas pleurer dans les jupons de ta mère – de toute façon, ta mère te reconnaîtrait certainement même pas. Assume tes actes et prends tes responsabilités, sale gosse.

Cette après midi là, Freya n’aurait jamais pu se douter qu’elle allait pouvoir agrandir sa liste des rencontres non voulues. Flanquée de ses écouteurs, un remix de Paint It Black hurlant dans ses oreilles, c’est sa façon à elle d’ignorer le monde extérieur. L’avantage d’écouter de la musique c’est que les gens savent qu’elle ne les entendra pas, qu’elle aura une raison de les ignorer. En clair, laisser la passer et faites pas chier. La fin de journée commence déjà à décliner et elle a eu pour idée d’aller poser sur papier le coucher de soleil. Elle doit avoir une centaine de versions de ce coucher de soleil mais son œil artistique trouve toujours quelque chose de différent à rajouter. Contrairement aux humains, Freya se lasse pas des paysages que la nature offre.

Mais la nature a décrété vouloir la contrarier elle aussi puisque des gouttes ont commencé à perler du ciel. Programme déboussolé, Doherty peste en remballant rapidement ses affaires (elle crise si jamais son carnet est abîmé par la pluie). Elle mit la capuche de son sweetshirt par dessus ses écouteurs, les mains dans ses poches et c’est la démarche rapide qu’elle se dirige vers le coeur de Logan City. La pluie tombe de plus en plus ardemment et sa simple veste ne suffit plus pour la protéger. Alors elle entre dans le premier commerce qu’elle trouve. Une librairie a en juger par l’étalage de livres et de magasines. Elle soupire ; ça tombe bien, elle n’aime pas lire. Elle jette un coup d’oeil dehors ; il est hors de question de traverser la ville avec ce temps. Bordel, elle n’aurait pas pu penser à prendre son vélo ? Son regard se porte sur l’intérieur du magasin ; la vieille dame derrière sa caisse semble la regarder d’un œil suspicieux. Quoi, elle pense qu’elle va voler un bouquin ? Franchement, c’est mal la connaître.

Les bouquins, c’est pas son truc.
Par contre, on ne peut pas en dire autant s’il y a des trucs pour l’art.
Elle a besoin d’un nouveau carnet, en plus.

Pour éviter que la vieille dame appuie un peu trop son regard sur elle, Freya ôte sa capuche, libérant sa crinière blonde qui part dans tous les sens (merci la flotte). Puis elle accroche ses mains aux lanières de son sac à dos, rentre sa tête entre ses épaules et s’échappe dans les rayons. Elle flâne tranquillement et repère le rayon art (tout minuscule mais c’est mieux que rien). Elle s’y dirige, sans faire attention, la musique hurlant toujours dans ses oreilles, quand une figure se dresse devant elle. Impossible de l’esquiver, Doherty lui rentre en plein dedans. « P’tin d’merde, vous pouvez pas faire attention ! » Oui, ce n'est jamais de sa faute, toujours celle des autres. Caractère ingrat quand tu nous tiens. Son casque chancelle légèrement sur son crâne et elle s’est prise une épaule bien dure à la joue. Alors qu’elle allait commencé à pester contre cette personne un peu plus, bordel, Freya eut un mouvement de recul en prenant en compte qu’elle connaît ce physique. Un peu trop bien, d’ailleurs. « Terry ?! » Limite elle est surprise qu’il soit encore en vie pour être honnête.

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Message(#) Sujet: Re: FREYA&TERRY • i look inside myself & see my heart's black FREYA&TERRY • i look inside myself & see my heart's black EmptyMer 10 Juil 2019 - 21:12



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C'était compliqué certains matins de se lever, de trouver la force et le courage de redonner vie à la machine et d'ouvrir les yeux sans avoir à grimacer alors que tout ce qu'il voulait, Terry, c'était dormir encore et encore pour oublier, pour ne pas être conscient d'exister. Blotti au fond de son lit sous les couvertures, roulé en boule les avant bras autour des tibias il attendait parfois longtemps avant de s'extirper de là, le corps encore froissé par sa nuit de travail et par la drogue, les cheveux en bataille et les paupières fatiguées. Il aimait bien se cacher au creux de ses draps comme dans une forteresse, les pensées un peu essoufflées, le regard vide fixé sur les plis et les bosses du tissu à laisser vagabonder ses émotions comme on déroulerait un parchemin sans s'attarder sur ce qui serait écrit dessus. Souvent il se mettait à chialer pour sortir un peu la tension qui lui cramait le coeur, et ça lui faisait du bien. Il se trainait ensuite jusqu'à la salle de bain, prenait distraitement une douche quand il en avait la force, évitait scrupuleusement les miroirs, s'habillait avec ce qui lui tombait sous la main et sautait le petit déjeuner en se demandant pourquoi il fallait subir ça, les réveils, pourquoi il fallait continuer et tenter matin après matin d'être comme les autres, heureux d'ouvrir les yeux. Et puis certains matins, il était sincèrement satisfait de se réveiller, heureux de se lever, enchanté de lancer un disque sur la platine et de tirer grands les rideaux après avoir sauté du lit, sourire calé en coins de lèvres. Ca fonctionnait par cycle avec lui et Terrence était dans le mauvais en ce moment. Il s'était donc levé du mauvais pied, un rêve un peu fou encore accroché à ses paupières, avait effectué sans grand enthousiasme ce qu'il avait à faire et était retourné s'allonger sur son lit pour lire un peu, passer les heures. Lire, un hobby dévorant qui le sauvait la plupart du temps. Véritable papivore il passait presque tout son temps libre à absorber littéralement tous les livres qu'il pouvait trouver. Son appart en était d'ailleurs rempli; sur la table, sur les bords de fenêtres, au pieds de son lit, dans la bibliothèque, dans la cuisine ou sur le table basse. Il n'avait jamais vraiment pris le temps de les compter mais il en avait beaucoup et c'était peut être la seule chose matérielle qui lui importait vraiment. Il n'achetait jamais un libre neuf, Terry, toujours à l'affut d'un ouvrage qui avait vécu, qui était passé de mains en mains et qui racontait quelque chose au delà des mots qu'il contenait. Il aimait les livres abimés, qu'on avait emmené en voyage, en vacances ou qu'on avait fait tomber dans le bain puis fait sécher au soleil, compagnon secret et silencieux. Il aimait les dos cassés, les coins cornés et les feuilles pliées, il aimait découvrir au hasard des pages des messages griffonnés, petites annotations d'un autre temps, d'un autre lecteur. Et c'est donc tout naturellement qu'il se rendait souvent dans des petites librairies de rue pour dénicher de nouveaux petits trésors. Aujourd'hui c'est ce qu'il avait fait.

Pénétrer dans un petit magasin comme celui-là, c'était un coup sûr pour faire battre son coeur. L'odeur, la pulpe des doigts qui parcourt amoureusement la peau des livres sur les étagères, bien ordonnés, le bruit d'une page qu'on froisse en la tournant, les chuchotements, et c'était un peu son paradis, à Terrence. Bravant la pluie qui était survenue un peu abruptement, il avait couru et s'était réfugié ici. Il est là donc, debout entre deux rangées, le corps droit mais la tête penchée entre deux pages, il est là mais il a disparu aussi, perdu dans ses contemplations, là où personne ne pourrait le retrouver. Ou peut être pas, car un corps percute le sien et il sursaute, lâche le livre qu'il tenait et se retourne en s'excusant machinalement avant de tomber nez à nez avec elle. Elle. Elle. Son souffle se bloque avant de se libérer dans un soupir cathartique. Elle. Freya. Freya. Sa Freya. Elle prononce son surnom et c'est comme un coup de poignard dans le coeur parce que sa voix n'a pas changé, ou peut être que si finalement, plus rauque, plus fatiguée, plus sombre. Il ouvre grands les yeux, incapable de bouger, déglutit douloureusement et l'observe comme on regarderait le messie récuscité. Elle est toujours aussi belle, même les cheveux trempés et les yeux fatigués. Freya... Et ce n'est ni une question, ni une affirmation. Ce n'est qu'un murmure qui se perd un peu partout et il se demande bien s'il l'a vraiment prononcé, son prénom, alors il le répète, les yeux qui se perdent sur son visage rendu un peu différent avec les années. Il les revoit tous les deux, adolescents, à faire les pires conneries du monde, main dans la main, il les revoit, leurs corps nus sur le tapis, dans l'herbe, un peu partout. Il la revoit s'accrocher à ses frêles épaules dans la cours du lycée, sur un banc tandis qu'il faisait le malin, joint calé entre les lèvres et sourire narquois, il l'entend, son rire à elle, cristallin, fier aussi quand elle disait à tout le monde qu'il était un peu son mec, lui l'indomptable, et qu'il referait le portrait de n'importe quel trou du cul qui l'approcherait. Il les revoit et ça remue tout à l'intérieur, ça flambe, vertige. Neuf ans sans elle. Il cligne des paupières rapidement et ouvre la bouche. C'est bien toi, Freya? Question réthorique, il l'aurait reconnu dans une foule d'inconnus. Bêtement, il espère qu'elle ne va pas être trop dure avec lui, que le temps avait réussi à éponger leur peine, même si lui la sent encore battre, foudroyante, contre ses côtes. Même si lui n'avait jamais vraiment réussi à se pardonner ce qu'il avait fait. Même si lui n'avait jamais vraiment réussi à vivre avec ce poids sur le coeur durant toutes ces années.




Dernière édition par Terrence Oliver le Mar 26 Nov 2019 - 4:13, édité 5 fois
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Message(#) Sujet: Re: FREYA&TERRY • i look inside myself & see my heart's black FREYA&TERRY • i look inside myself & see my heart's black EmptyJeu 11 Juil 2019 - 21:39



« Freya… » Sa voix est douce, presque trop douce, quasiment un murmure. Si elle ne tend pas l’oreille, elle ne l’aurait pas entendu. La douche glacée qu’elle vient de se prendre à l’extérieur n’est rien comparée à ce qu’elle ressent à ce moment précis. Elle a sûrement l’air d’un chat de gouttière mouillé, les poils tout engorgés d’eau et à l’apparence misérable. Mais ce n’est pas le froid de la pluie sur elle qu’elle ressent à ce moment-là. Le choc est bien trop grand pour qu’elle pense à grelotter. Son manteau – deux fois trop grands pour elle, emprunté à son jumeau – n’est pas fait pour la pluie et encore moins pour réchauffer. Freya ne s’est pas préparée à ça, à lui, à le revoir un jour. Ils habitent toujours la même ville, leurs visages n’avaient finalement pas tant changé que ça et pourtant, c’est la première fois après des années de séparation qu’ils se retrouvent.

L’ambiance est soudainement pesante. L’air est lourd et l’orage ne s’annonce pas que dans les rues. Vies aspirées par des tourments inconnus des autres, réunies dans un espace bien trop restreints pour leur propre confort. Lieu public où la contenance est de rigueur parce qu’il ne faut pas gagner les suspicions de la gardienne des lieux. Et aussi parce que ce n’est pas convenable, ce n’est pas dans les mœurs, ce n’est pas joli de se montrer en spectacle. Cependant, Freya & Terrence n’ont jamais eu pour habitude de se laisser guider par ce que les autres pouvaient penser d’eux. Terry lui avait montré la voie, elle a suivi son pas sans se poser de question. Elle était jeune et naïve, bouleversée par les évènements familiaux. Et ce type sorti de nul part, que les autres n’aimaient pas froissé, s’est retrouvé à lui procurer plus d’attention qu’elle aurait pu imaginer. C’était une période sombre, intense et un tourbillon qui avait embarqué l’adolescente qu’elle était dans ses bras. Bien sûr, il y avait Elias. Toujours là, toujours présent, toujours droit mais plus âgé qu’elle. Séparation forcée des années qui se creusait au milieu d’eux, Freya s’est retrouvée dans la jungle scolaire seule – son jumeau ne pouvant être digne de confiance pour protéger sa sœur. Pas que cette dernière cherchait de la protection. Même face aux moqueries, aux piques acerbes adolescentes, à l’harcèlement qu’elle a commencé à subir.

Hey, Doherty, parais que ton père a foutu le feu à ta piaule ! Vous êtes tous aussi zarbi dans votre famille ? Hey, t’es sûre qu’il va pas v’nir cramer l’école ? Vas-y, arrête de faire la gueule ! On a pas peur d’ton pyromane de père ! C’est quand même chelou que vous en soyez sorti. J’aurai été lui, j’aurai essayé de cramer tout l’monde. T’en vaux pas la peine.
Son enfance n’a pas été des plus douces mais elle a eu le mérite d’y garder une certaine insouciance. Insouciance qu’elle a immédiatement perdu à ses treize ans, brutalement, parti et brûlé dans les flammes brûlantes de leur appartement. Freya fait encore des cauchemars de cette nuit d’août, où elle a frôlé la mort pour la première fois de sa vie.
Terrence lui a fait découvrir toutes les voies possibles qu’elle pouvait emprunter pour juste oublier. Mettre au placard ses démons, s’anesthésier le cerveau, s’abrutir le corps, se perdre soi-même juste pour pouvoir apprendre à (sur)vivre. Il n’est pas arrivé à un mot clé de son mental mais en même temps, il a été son salut, son ange gardien avec des cornes cachées sous ses boucles brunes. Angélique cachant le monstre au dessous, Freya s’est lancée embarquer dans ses vices les plus extrêmes sans réfléchir à deux fois.  

« C'est bien toi, Freya? » Il répète son prénom presque comme une prière et elle aurait envie de se boucher les oreilles pour ne pas l’entendre. Ce n’est pas possible. C’est une illusion, un souvenir du passé, un fantasme foutu au placard. Il n’est pas vraiment là. Il n’est pas en train de la regarder avec de grands yeux, aussi surpris qu’elle l’est. Doherty a le cœur au bord du gouffre, c’est l’affront ultime du destin, un vrai pied de nez de forces supérieures à sa petite personne. C’est trop, trop pour elle à supporter, à comprendre, à analyser. Freya pose la main sur l’étalage à côté d’elle tout en fronçant les sourcils. « Évidemment qu’c’est moi. Si t’avais pas fait ton trouduc, tu me poserai pas c’te conne de question. » Ses veines palpaient la rancune qui coulait à flot dans son sang. Elle ne sait pas où se mettre. Le sol peut l’engloutir à tout moment qu’elle l’accueillerait les bras grands ouverts.

Elle a mille et une questions qui lui traversent l’esprit mais sa mâchoire ne se décroche pas.
Qu’est-ce qu’elle peut bien dire à un type qui l’a abandonné il y a presque dix ans sans aucune raison ?

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Message(#) Sujet: Re: FREYA&TERRY • i look inside myself & see my heart's black FREYA&TERRY • i look inside myself & see my heart's black EmptyMar 23 Juil 2019 - 17:59



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Il a le coeur qui frissonne, Terrence, la respiration qui se bloque ou qui part en vrille dans tous les sens, il ne sait pas vraiment. Tout ce qu'il sait à ce moment précis, c'est qu'il y a Freya Doherty, là, devant lui, et qu'il ne sait pas quoi faire, qu'il perd tous ses moyens. Jamais il ne s'était attendu à la recroiser un jour ou peut être que si mais en espérant secrètement que ça n'arrive jamais. Il ne s'était pas attendu à la revoir et certainement pas dans une librairie, alors qu'elle était trempée par la pluie et que lui avait son coeur en suspend dans le vide de sa vie, à rechercher des plaisirs éphémères dans les pages d'un livre. Et pourtant elle se tient vraiment là en chair et en os et tandis que ses yeux parcourent avec frénésie son visage et ses cheveux blonds, il y a leurs souvenirs communs qu'il avait tenté pourtant d'oublier qui reviennent se coller derrière ses paupières de manière aussi limpide que s'il venait tout juste de les vivre. Elle en train de se faire emmerder dans les chiottes de l'école, lui qui n'hésite pas et qui pète la gueule aux agresseurs. Elle qui éponge le sang sur sa lèvre en lui murmurant un timide merci. Eux, à rire à gorge déployée comme si demain n'existait pas, comme s'ils avaient toute la vie devant, comme si rien n'était impossible. Elle, en larmes au sol après une bataille de chatouilles, lui, à deux heures du matin en bas de son immeuble à lancer des gravas contre sa fenêtre pour qu'elle l'ouvre et lui descende l'échelle de secours, lui qui grimpe jusqu'à son lit tandis qu'elle lui passe la main dans ses boucles qu'elle adore en lui racontant sa journée, eux sur le chemin du lycée, eux dans le lit des parents de Sammy au nouvel an 2006, la capote qu'il n'arrive pas à mettre et les rires étouffés. Eux, hanches contre hanches au creux des draps et les corps moites et alcoolisés, à découvrir ce que c'était que d'aimer pour la première fois, aimer quand on a que seize ans, eux main dans la main dans la cours ou dans les couloirs, eux de la drogue et de l'alcool plein le corps, eux à baiser partout comme des fous, dehors, dedans, dans l'herbe, contre un coin de mur, contre un grillage, partout. Il les revoit, s'embrasser comme si plus rien n'existait jusqu'à en perdre haleine, à faire les pires conneries du monde, à se perdre ensemble dans des soirées, à perdre pieds et à s'éloigner de la réalité, surtout. Ils étaient jeunes et invincibles, inconscients du danger et de la mort qui planait au dessus d'eux. Ils étaient jeunes et se sont aimés comme on aime à cet âge, en étant jamais vraiment sûrs de rien, le coeur étrangement libre. Et quand il repense à ces années, Terrence, il y a un évènement qui lui revient en tête plus précisément et qui surplombe tous les autres parce que le cerveau retient plus facilement la douleur. Il y a un évènement et il aurait aimé l'effacer mais il était toujours là. Elle était gravée, cette soirée, les yeux révulsés et les tremblements, les cris de Freya et la voix lointaine de Romy avant le noir complet et ces mots tragiques qu'il a prononcé en se réveillant avant de ne plus jamais la revoir. "je te te quitte" et ces quatre années de folie étaient parties en fumée. Il avait le coeur lourd depuis neuf ans, Terry, parce qu'il ne lui avait jamais rien expliqué, parce qu'il avait pensé sur le coup que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire, parce qu'avec Charlie et Romy, Freya avait été la personne la plus importante de toute sa vie et qu'il s'était fixé comme but de la protéger. Alors il l'avait quitté, conscient qu'il était la cause du glissement de terrain dans son existence et qu'il était préférable qu'il reste loin d'elle plutôt que juste à côté à tout foutre en l'air. Parce que c'était sa spécialité ça, d'ailleurs, tout foutre en l'air. Prendre les mauvaises décisions, jongler avec des haches, marcher sur un fil en comptant sur la chance pour que le vent de le fasse pas tomber, emprunter le chemin que personne ne prenait par pur esprit de contradiction, et avec le recul il se trouvait si con. Mais on ne peut pas revenir en arrière et transformer l'essai, alors il tentait aujourd'hui d'avance malgré les plaies béantes et ces souvenirs crucifiants. Lorsqu'il la regarde il a envie de lui sourire mais la façon dont elle lui répond le ramène à la réalité avec une brutalité à laquelle il ne s'était pas attendu. Ou au final peut être que si, peut être qu'il s'était attendu à ce qu'elle le gifle comme s'il l'avait quitté hier, peut être qu'il en avait besoin de cette dureté, Terry, pour confirmer son sentiment de culpabilité et le forcer à s'expliquer. Peut être qu'il leur fallait ça finalement, une bonne grosse engueulade avant de se tomber dans les bras. Ou pas.

Il s'apprête à lui répondre quand il entend un petit "tututut" et lorsqu'il relève les yeux et qu'il aperçoit la vendeuse lui faire signe de ne pas parler trop fort il se saisit doucement du bras de Freya et l'attire un peu plus loin dans la boutique, loin des autres. Il l'a bien entendu, le ton de reproche de son ancienne petite amie, il l'a bien compris cette inflexion agressive et emplie de reproches. "Si t'avais pas fait ton trouduc" ... il se racle la gorge et l'observe un instant, incapable de trouver les mots. Alors il soupire, passe une main dans sa nuque, baisse les yeux, les relève et les laisse se poser sur les rangées de livres puis il les fermer furtivement et les rouvre sur elle avant de lâcher dans un souffle. J'voulais pas. Tout ça.. je voulais pas. Je suis désolé. Et t'as raison, j'étais qu'un pauvre trou du cul et j'ai pris toutes les mauvaises décisions qu'il fallait prendre. Il inspire, ne la laisse pas réagir parce qu'il a besoin de lâcher du leste, Terry, besoin de lui expliquer comme si c'était de nécessite vitale, une urgence, comme si le temps était compté. Il lui parle sans lui demander comment elle va, ni s'inquiéter de savoir ce qu'elle devient parce qu'ils savent tous les deux que c'est inutile, qu'ils n'ont pas à faire semblant parce qu'ils ne l'ont jamais fait. Alors il se lance, les souvenirs douloureusement ouverts en grand. Je sais que de te dire dix ans plus tard "je t'ai quitté parce que je ne voulais pas que ce qui m'est arrivé à moi t'arrive à toi" est l'excuse la plus nulle du monde mais.. dans ma tête de gamin paumé de dix-neuf ans c'est tout ce qui est venu, Freya. Et c'était con. C'était terriblement con. Mais j'ai trouvé que ça pour te protéger de moi.Il a les larmes aux yeux mais il ne se laisse pas aller aux pleurnicheries, Terrence. Au lieu de ça il se mord la lèvre, fronce les sourcils et lui prend maladroitement la main. Je sais pas si tu peux me pardonner, je sais pas si t'en a encore quelque chose à foutre, mais pour ce que ça vaut.. je suis vraiment désolé. D'avoir rompu comme ça, de n'avoir jamais rien expliqué, de s'être barré de sa vie aussi violemment qui y était entré. Et il a l'impression de ne jamais avoir vraiment grandi, Terry, alors qu'il se trouve là, face à elle, dans l'obscurité d'une librairie de quartier. Il la regarde et il s'attend à s'en prendre une dans la gueule, à se faire cracher dessus, mais il assume. Il a fait le con et il paiera les pots cassés. Du moins, s'il en retrouve tous les morceaux.


Dernière édition par Terrence Oliver le Mar 26 Nov 2019 - 4:09, édité 4 fois
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Message(#) Sujet: Re: FREYA&TERRY • i look inside myself & see my heart's black FREYA&TERRY • i look inside myself & see my heart's black EmptyJeu 25 Juil 2019 - 19:56



Le monde n'est pas assez grand, pas assez vaste. Non, il a fallu que le destin s'en mêle et que sa malchance, ou son mauvais karma, la rattrape brutalement. 
Fucking shit.

Freya ne pensait pas le revoir ni maintenant ni jamais. Comme un coup de poker où on ne dévoile pas son jeu, Terry – non, Terrence. il est devenu Terrence – a bien su maîtriser sa partie jusqu’au bout. Tant et si bien que l'adolescente presque adulte qu'elle n'avait pas vu le glas de la fin tombé.

« Je te quitte. » Trois mots qui résonnent encore dans sa tête.

Elle le revoit allongé dans son lit, aussi blanc que l'environnement où il se trouvait. A dix huit ans, Doherty avait déjà subi des drames dans sa vie. Mais celui là, ça a été celui qui a déclenché l'alerte rouge dans sa tête. Ils faisait des conneries, ils allaient trop loin, elle est malade, elle n'a pas des gènes qui la pousseront vers la lumière, vers le bien. La preuve. Leurs conneries, engendrées par Terrence et poursuivies par Freya, avaient presque eu la peau de son mentor. Son premier amant. Un petit diable sous forme d'ange béni qui lui a susurrée pendant des années au creux de l'oreille la façon de rendre sa vie palpitante. « Add life to your days, darling. Even if it means nearly dying for it. » Provoquant le fil sur lequel ils marchaient, ce fin filament où elle se raccrochait à lui comme si sa vie en dépendait (c’était le cas).

Elle a été séduite, elle s'est laissée prendre au jeu et elle a succombé. Comme ses frères. Ils ont un faible pour la destruction, chez les Doherty. Surtout envers eux mêmes.

Terrence est arrivé à une époque critique de sa vie, entre sa bipolarité non diagnostiquée, son harcèlement scolaire et le stress engendré par sa situation familiale. Freya a découvert un autre monde, un monde que ses frères touchaient déjà à ce moment là. Et le pire, c'est qu'elle l'a savouré, elle l'a abusé et elle était prête à détruire le monde pour revivre une seconde de cette sensation venant de ce monde là. Une période euphorique, dépressive aussi, dans l'excès, la décadence et la folie. Des soirées, des nuits, des journées même sur une autre planète, à planifier leur prochaine conquête sur une terre inconnue. La douceur des mains de Terry sur elle, la passion qu'ils partageaient. Un appétit jamais rassasié. Ils leur en fallaient toujours plus. Plus fort, plus intense, plus stone. Une dérive entre le réel et l'imaginaire. Le voile presque inexistant du rêve et du conscient. C’était dingue, c’était complètement taré mais Freya n’a jamais autant vécu que durant ces instants.

« Je te quitte. »
Terry – bordel, Terrence ! – a tout détruit d’un claquement de doigt.
D’une simple phrase.

Freya n’a pas pu s’attendre au précipice qui s’ouvrait devant elle. Elle est tombée et elle a roulé jusqu’à penser pouvoir se terrer dans les abîmes et disparaître à jamais. Si Romy, Elias ou Wren n’avaient pas été là, c’est certainement ce qui se serait passé.

Doherty se laisse entraîner un peu plus loin dans la boutique, ne prenant de toute façon pas garde à ses environs (même si elle a déjà repéré le carnet qu’elle veut). Son attention est totalement braquée sur Terrence, qui mit une éternité à l’ouvrir. Il racle sa gorge, il passe sa main dans ses cheveux qui se maintiennent toujours bouclés, ferme puis ouvre les yeux, se masse la nuque. Freya finit par croiser les bras, signe d’impatience alors qu’il décrète enfin de parler.

Pas qu’elle n’a envie d’entendre ses désolations.
Mais juste pour le fun, elle patiente.

Et là, c’est le grand déballage. J'voulais pas. Mais j'ai trouvé que ça pour te protéger de moi. Je sais pas si tu peux me pardonner. Je suis vraiment désolé.
Il a le toupet de lui prendre la main.
Premier contact depuis presque une décennie d’absence.

Freya ne peut s’empêcher d’avoir le coeur au bord des lèvres. Son visage reste de marbre mais à l’intérieur, elle ressent le feu et la glace qui se bousculent. Un tourbillon de sentiments, de sensations remontent à la surface. Elle redevient cette putain d’ado qu’elle était, qui le regardait comme s’il était le fucking king of the world. En tout cas, il l’a été dans le sien. N’en déplaise à ses proches, Terrence a été tellement pour elle. Ce genre de choses, ça ne s’efface jamais, même si vous essayez et même si vous le voulez.

Mais elle a été conne et lui, le pire des salopards.
(Après son père.)

Freya retire brutalement sa main avant de la faire atterrir sur sa joue dans un bruit sec. Elle pourrait tellement faire pire que de le gifler. Elle pourrait lui faire mal, elle pourrait le faire souffrir comme il l’a faite souffrir. Elle pourrait se transformer en lionne avide de chair à se mettre sous ses crocs.
(Attention, gamine, tes pensées te dépasseraient presque.)

« T’as raison, j’en ai rien à foutre. Tu crois que ça m’fait quelque chose, tes excuses de merde après toutes ces années de retard ? » Elle, elle s’en fiche si la vendeuse les fout dehors parce qu’elle parle trop fort. Elle s’en fiche de savoir si elle blesse Terrence – à vrai dire, elle y compte bien. Bang Bang, il est celui qui a dégainé le plus rapidement. Maintenant, il n’a plus qu’à en subir le revers de la médaille.

Parce que Freya ne pardonne pas facilement.
Parce que Freya est devenue une vraie teigne.
Et que Terrence ne le sait pas encore.

« J’pourrai te foutre la gueule en sang tellement que j’suis énervée, Oliver. » Bourrée de violence et de colère, voilà ce qu’elle est, Freya. Elle est tellement bouillonnante que la pluie tombée sur elle ne réussit pas à la refroidir. Ses yeux littéralement levés vers lui, elle veut lui faire comprendre que non, il n’a plus cette emprise sur elle (en tout cas, elle essaie de s’en convaincre) et qu’elle a continué à vivre, même sans lui. « J’avais pas besoin d’protection, j’avais b’soin de savoir que t’allais bien, que tu tenais l’coup, qu’on pouvait s’aider. Mais nan, t’as préféré te la jouer solo et couper net. » Freya donne un coup de pied de rage dans les pieds du rayon se trouvant derrière elle. Que la vendeuse ne l’ouvre pas ou elle s’en prend une aussi.

« Limite t’aurais succombé à ton overdose que ça m’aurait fait moins mal. »

Du venin, un poison qui entre dans les veines de votre cerveau pour aller vous tuer petit à petit. Une violente répartie, mais une terrible vérité. Il faut qu’il prenne conscience que ces excuses ne mèneront à rien. La blessure est là, elle est ouverte et béante. Les années ont réussi à lui faire oublier cette plaie. Freya est douée pour oublier ce qui la gêne.

Mais quand ça lui revient en pleine gueule, c’est là qu’elle défaille.
C’est là qu’elle perd pied et qu’elle ne répond plus de sa personne.

Elle passe la main dans ses cheveux trempés, dans un geste anodin pour les plaquer en arrière.
De toutes les boutiques de Brisbane.
Franchement, putain de karma pourri.

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Message(#) Sujet: Re: FREYA&TERRY • i look inside myself & see my heart's black FREYA&TERRY • i look inside myself & see my heart's black EmptyLun 12 Aoû 2019 - 20:49



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Quatre ans. Elle avait été son monde pendant quatre années entières et il savait au fond de lui qu'un jour il lui faudra lui fournir des explications s'il la recroisait. C'était effrayant, quelque part, de la voir ici parce que ça remuait beaucoup de choses qu'il avait gardé bien au fond, des choses trop belles, des choses trop moches aussi, des actes manqués et deux destins gâchés. Ca remuait les souvenirs et ça faisait terriblement mal parce qu'il en avait souffert de cette séparation, il avait mis du temps à s'en remettre vraiment et de se confronter à elle faisait tout exploser, comme une boite gardée scellée qui ne pouvait plus contenir ce qu'il y avait à l'intérieur.
Il l'observe, la reconnait évidemment mais elle est différente, plus grande, plus assurée, plus sauvage. Elle était loin la petite Freya allongée sur la plage sous son corps, celle qui le suppliait de se laisser aller, de ne pas se retenir, celle qui lui caressait les cheveux, celle qui s'asseyait sur la grille au dessus de la roue arrière de son vélo alors qu'il pédalait vers un avenir flou les visages fouettés par le vent de la vie. Elle semblait faire partie d'un autre temps la jeune fille timide qui lui envoyait des sms à trois heures du matin en lui racontant que toby ronflait et que wren était encore parti n'importe où, celle qui lui envoyait des mms, la moue boudeuse parce qu'il était en soirée sans elle. Mais il la voyait quand même vivre un peu au fond de ses yeux, cette jeune fille-là. Ou peut être n'était-ce que la lumière étrange du plafonnier de la librairie qui se reflétait contre ses pupilles couleur chocolat.

Il s'excuse et il s'excuse encore, le poids d'années de culpabilité qui appuie sur ses cordes vocales. Il lui explique comme il peut, évite de mentionner son frère, evite de lui déballer que c'est Wren qui l'a acculé et qu'il l'a obligé à rompre. Instinct de protection d'un ainé envers sa petite soeur, surement. Et comment lui en vouloir de toute façon, d'avoir voulu la protéger ? Il avait eu raison Wren, quand il avait dit à Terry qu'il n'était qu'un petit con qui n'apportait rien de bon à Freya. Alors il avait écouté et avait obéit. "Dis lui que tu veux rompre" et c'était ce qu'il avait fait, le coeur déchiré.

Elle s'impatiente, Freya, les bras croisés et le souffle rapide. Elle le toise, et il ne peut empêcher son coeur de battre plus fort. Et quand il lui prend la main et qu'elle la retire avant de venir l'écraser contre sa joue dans un claquement sec il ferme les yeux de surprise, grimace mais ne bouge pas encaisse le coup parce qu'il n'a pas le choix, parce qu'elle en a le droit. Elle parle enfin, crache le venin et encore une fois il se tait, l'écoute. Elle s'en tape de ses excuses, il aurait dû s'en douter. Elle s'en fout et c'est ce qui fait le plus mal parce qu'il réalise à quel point elle avait été blessée, puisque dix ans après la plaie semblait encore à vif. Elle suinte, cette plaie et Freya prononce des mots durs, évoque l'idée de lui mettre la gueule en sang et il inspire, Terry, les yeux tristes, tétanisé sur place. Elle a changé. Ils ont changé. Terriblement. Atrocement. Les rôles semblent s'être inversés. Il encaisse les mots lancés comme de couteaux contre son coeur et ils se plantent en lui, solidement. Quand elle lui avoue qu'elle aurait eu moins mal s'il avait succombé de son overdose il baisse la tête, lèvre prisonnière de ses dents avant de relever le regard vers elle, en plissant les paupières, vaincu. Vraiment? C'est ce qu'elle aurait voulu? Il n'aurait pas pu avoir plus mal qu'à cet instant.

Il soupire, détourne les yeux. La situation est critique et il ne sait plus quoi faire alors il secoue la tête et hausse les épaules. Ouais. T'as raison. J'aurais peut être dû crever. Et il le pense vraiment. Il aurait dû crever. Mais il continue pourtant de se battre jour après jour, le regard fatigué et le coeur en lambeaux sans vraiment savoir pourquoi. J'aurais peut être dû crever mais je suis là, et j'suis désolé d'être vivant mais c'est comme ça. Des excuses, encore, qu'il dégueule parce que tout ça lui donne la nausée. Et ça l'énerve aussi de passer pour le connard de l'histoire. Il ne sait pas ce que devient Wren, il ne sait plus rien de la vie de Freya en vérité mais si l'adolescent sur son lit d'hopital avait eu peur de ce grand gaillard, désormais il n'avait plus aucun compte à rendre à personne. Il décide alors de rétablir la vérité et souffle fort avant de lâcher. C'était Wren. Le jour de mon réveil, ton frère est venu dans ma chambre et il m'a menacé. Il m'a dit que je t'apportais que de la merde, qu'un jour c'est toi qui finirait sur ce putain de lit et moi j'ai eu peur, j'étais mortifié à l'idée de te perdre comme ça. Je préférais te savoir vivante quelque part sans moi que morte. J'aurais pas pu le supporter Freya... Et il sait qu'au final elle semblait quand même un peu trop éteinte, là, face à lui, pour être aussi vivante qu'il ne l'aurait souhaité. Tu voulais que je fasse quoi, hein ? Que je nous emmène tous les deux à la morgue? Qu'on nous foute une putain d'étiquette sur l'orteil et qu'on devienne un fait divers à une du brisbane times? "deux adolescents morts d'une overdose" ? C'est ça que tu voulais Bunbun? Qu'on se fasse un remake de Roméo et Juliette? Il expire fort, incapable de se contrôler. Il ne s'était pas connu si nerveux et incisif depuis longtemps, surement qu'elle réveillait en lui des instincts restés enfouis pendant dix ans. Il ne réalise pas qu'il l'a appelé par le surnom qu'il lui donnait quand ils sortaient ensemble, parce qu'il a la tête qui tourne et le coeur qui tambourine contre ses tempes. J'voulais pas que tu meurs. J'aurais pas supporté. Y a trop de larmes qui viennent s'agglutiner derrière ses paupières alors il la bouscule et sort de là parce qu'il manque d'air, s'engouffre dehors sous la flotte s'allumer une clope, et reste là devant la librairie, la tête relevée vers le ciel, yeux fermés. Et il a envie de l'attraper par le bras et de courir jusqu'à en perdre haleine avec elle, de courir jusqu'à la plage pour se baigner dans les vagues glacées comme quand ils avaient 15 ans, de la faire grimper sur son vélo et de se barrer, comme ils avaient toujours eu envie de le faire. Il a envie de lui gueuler qu'il l'avait acheté, sa putain d'étoile, qu'il avait le certificat dans une boite au fond d'un placard avec tous leurs tickets de cinéma, leurs polaroids et leurs souvenirs. Mais ils sont grands maintenant, et il ne peut plus faire ça. Ils ne se connaissent plus. Elle est devenu inconnue. Alors il fini par tirer fort sur sa cigarette, tiraillée entre l'envie de retourner dans la librairie et celle de se barrer, de rentrer chez lui et de hurler avec toute la force de ses poumons, de hurler sa rage d'une vie gâchée et d'un amour avorté.


Dernière édition par Terrence Oliver le Mar 26 Nov 2019 - 4:10, édité 3 fois
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Message(#) Sujet: Re: FREYA&TERRY • i look inside myself & see my heart's black FREYA&TERRY • i look inside myself & see my heart's black EmptyMer 14 Aoû 2019 - 15:24



« J'aurais peut être dû crever mais je suis là, et j'suis désolé d'être vivant mais c'est comme ça. » Est-ce qu’il essaie de la faire culpabiliser ? Ou est-ce qu’il essaie de la provoquer d’une façon ou d’une autre ? Parce qu’il n’y a pas à douter que Freya fulmine. Et que ça doit se voir sur chaque trait de son visage parce qu’elle n’a jamais su le cacher. Et encore moins face à Terrence. « Essaie pas de retourner les rôles, Oliver. Si t'essaie de m'provoquer une once de remord, ça fonctionnera pas. »

Mais non, Terrence Oliver ne la connaît plus autant qu’elle ignore pourquoi il lui manque ce quelque chose qu’il avait auparavant. Une étincelle, une présence, un grain de folie que visiblement il a perdu au fil des années. Il lui semble être plus chétif, plus petit, plus blasé. Comme s’il est en position de pouvoir ressentir de la lassitude. Terrence la laisse faire, il ne réplique (physiquement) pas et c’est bizarre. C’est étrange de voir à quel point le temps à passer et qu’en définition, les choses ont changé, modifié leur direction après un obstacle anodin. 

Même si une overdose, le frôlement d’une mort certaine, c’est tout sauf anodin. 

« C'était Wren. » La pluie qu’elle a pris dehors ne peut pas être la cause totale de la douche froide qui l’envahi jusqu’à ses pieds. Comment ça ? Qu’est-ce qu’il raconte ? Depuis quand son frère serait impliqué là dedans ? Ce n’est pas possible – t’es sûre ? Est-ce que ça te paraît vraiment irréaliste que ça ? Tu connais Wren mieux que quiconque, tu sais comment il réagit dans ce genre de situation. Mais sa tête ne veut pas l’accepter. Elle lui martèle que Terrence veut juste se donner bonne conscience ou trouver l’excuse facile. Ce n’est pas comme ça que ça se passe – t’es vraiment qu’une sale hypocrite.
Freya ignore comment interpréter cette information parce qu’elle lui paraît tellement absurde. Wren, Wren, Wren. Elle espère que ce n’est pas vrai, elle ose croire que Terrence est juste en train de lui mentir. Mais pourquoi il ferrait ça, des années après ? Pourquoi est-ce qu’il cracherait une telle responsabilité sur son aîné ? Non, ça n’a pas de sens – et elle ne veut pas en donner. Elle sent juste ses tempes qui sifflent, ces paroles ne faisant rien pour l’apaiser, bien au contraire.
 
« J'aurais pas pu le supporter Freya... » Cette dernière pourrait se boucher les oreilles et lui hurler d’arrêter. De parler, de s’expliquer, de s’excuser. Disparais, prends cette fichue porte, ne reviens jamais, barre toi, dégage de mon champ de vision ! Mais elle n’en fit rien. Freya sert les poings tout en grinçant entre les dents. Elle s’apprête à rétorquer, cinglante et avec toute la répartie qui la caractérise si bien, mais Terrence ne s’arrête pas là, non, il continue. « Tu voulais que je fasse quoi, hein ? Que je nous emmène tous les deux à la morgue? Qu'on nous foute une putain d'étiquette sur l'orteil et qu'on devienne un fait divers à une du Brisbane Times? "Deux adolescents morts d'une overdose" ? C'est ça que tu voulais Bunbun? Qu'on se fasse un remake de Roméo et Juliette? »

Il a osé. 
Deuxième claque.
La troisième fois sera la bonne.

Un surnom qui lui a échappé des lèvres. Aucun contrôle, aucune retenue. Aucun filtre. Il l’a balancé, comme ça, comme s’ils avaient encore seize ans. Comme s’ils étaient encore ces adolescents qui se foutaient de tout tant qu’ils étaient ensemble. Elle pourrait l'attaquer, là, tout de suite, avec toute la fureur qui lui traverse dans les vaisseaux sanguins.
Freya a les membres qui tremblent, parce qu’elle a froid, putain. L’eau lui a engourdi tous ses vêtements. Oui, c’est ça, ce n’est ni la rage ni une détresse quelconque qu’on peut pourtant déceler dans ses yeux. A l’époque, sa relation avec Terrence avait été son monde, son univers. Wren en a pâti, Elias aussi. On a mis ça sur la fameuse rebelle de l’adolescence. On a essayé de l’encadrer, de lui foutre un filet autour d’elle pour la protéger, du monde extérieur et surtout d’elle-même. Ils ont vainement tenté de les séparer, plusieurs fois, parce qu’apparemment, leur relation était tout sauf saine. 
Mais maintenant, avec le recul, Freya donne raison à toutes ces voix qui n’étaient pas les bienvenus. Elle aurait dû le fuir, elle aurait dû ne jamais se laisser tenter par ses deux iris verts, par ce côté mauvais garçon, par ces boucles qui n’en finissent décidément jamais de pousser et de créer un halo sombre autour de sa tête. Mais Terry – Terrence – a été le premier d’une longue suite d’erreur. Et parait-il qu’on n’oublie jamais son premier, n’est-ce pas ? Sa première fête, son premier joint, son premier baiser, sa première fois, sa première ligne de drogue. Et sa première rupture. 
Et là, il ose lui brandir son surnom à la gueule, l’air de rien, comme si c’est normal. Alors que non, rien n’est normal, ni cette situation, ni ces putains de retrouvailles dont elle se serait bien passée.

« J'voulais pas que tu meurs. J'aurais pas supporté. » Et il la bouscule pour s’enfuir. Lâche, elle aurait envie de lui crier. Les doigts lui fourmillent, l’envie pressante de le poursuivre la démangeant cruellement. Freya voit son ombre qui ne quitte finalement pas le seuil de la librairie, comme s’il se doute qu’elle allait le rejoindre un moment ou un autre.

Elle ne veut pas lui donner satisfaction. Cet espèce d’enfoiré lui a tout brisé, lui a tout pris, et il pense qu’elle va rappliquer comme le putain de chien qu’elle était à l’époque ? Freya se mord la lèvre, perturbée et chamboulée. Qu’est-ce que ça peut l’énerver. Elle regarde la vieille derrière sa caisse avant que ses yeux chocolats tombent sur le carnet. Le fameux carnet qu’elle a déjà visé avant de lui rentrer dedans. Parce qu’elle a un karma pourri. Elle doit payer pour des erreurs d’une autre vie, elle ne voit pas d’autres excuses.

Et puis merde. Si Terrence pense qu’elle va le rejoindre comme ça, sans broncher, il peut se fourrer sa cigarette dans l’oeil illico. Ses paroles lui passent au dessus de la tête, elle décide des règles du jeu maintenant et tout de suite. Et quand ses doigts s’enferment autour du carnet, Freya se mord l’intérieur de la lèvre avant de sourire brièvement. Carnet noir, carnet en cuir, résistant, parfait. Elle se dirige vers la caisse, l’autre pie la scrutant derrière ses lunettes. Doherty pose le carnet mais avant que la dame est pu faire quoique ce soit, Freya le reprit aussitôt avant de s’élancer vers l’extérieur.
Elle frappe le mégot de Terrence qui finit au sol – putain de vice dont il est toujours atteint lui aussi visiblement – avant de lui lancer un regard de défi tout en secouant le carnet dans sa main. « Roméo et Juliette, j’sais pas, mais Bonnie et Clyde, c’est maintenant ou jamais. » Et sans aucun autre mot, Freya s’élance dans la ruelle alors que la propriétaire des lieux sorte à son tour pour crier au scandale, la main sur téléphone portable.

C’est presque grisant et c’est presque comme avant. Seulement, Doherty ne sait pas pourquoi elle ne l’a pas tout simplement ignoré, courir jusqu’à perdre haleine vers un endroit où il ne la retrouvera pas, se quitter une nouvelle fois sans un regard en arrière. On dit souvent que la meilleure des armes, c’est l’indifférence. Se voir mis de côté, ne provoquer aucune réaction, aussi ressenti, comme si on est véritablement indifférent. Comme si la personne en face de vous n’a jamais compté.
Et c’est ce qu’elle a fait. Enfin, il s’est échappé avant même qu’elle ait eu le temps de réagir mais elle ne l’a pas suivi. C’est déjà une victoire en soi. Parce qu’elle aurait pu. Elle a senti la fébrilité en elle, cette vague de vieilles émotions qui l’a submergé et englouti. Il paraît qu’on n’oublie jamais son premier amour. Et elle en a été drogué, de Terrence, jusqu’à l’ivresse et le désespoir. C’était fou, c’était dingue mais ils étaient jeunes.

Des années après, l’eau a coulé, en même temps que celle qui tombe sur elle en ce moment. Elle remonte la rue sans aucun arrêt alors que pourtant, ses jambes ont mal. Elle finit sa course sur une place à moitié couverte, près d’un escalier extérieur. Freya est encore plus mouillée qu’auparavant mais c’est le cadet de ses soucis. Dos plaquée contre le mur derrière elle, elle extirpe le carnet de son manteau. Il est déjà dans un sacré état mais tant pis. Elle trouvera bien un moyen de lui donner une certaine splendeur.
Freya se risque à jeter un coup d’oeil au détour du mur.

Il l’a suivi ou non ?
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Message(#) Sujet: Re: FREYA&TERRY • i look inside myself & see my heart's black FREYA&TERRY • i look inside myself & see my heart's black EmptyMer 4 Sep 2019 - 20:04



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C'est compliqué de la regarder. C'est compliqué de l'entendre parler, mais surtout, c'est compliqué de réaliser que tout ce qu'ils avaient a été foutu en l'air et qu'ils n'ont rien pu faire pour empêcher ça, gamins trop déglingués, prisonniers de familles disloquées, gosses écorchés que la vie avait jeté au sol, voir s'ils arriveraient à se relever.

Ils se sont aimés, Terry et Freya, ils se sont aimés comme on aime quand on a quinze ans, quand on cherche son chemin et qu'on trouve une main tendue. Freya, elle avait été son univers et il aurait fait tout, tout pour la protéger. Pourtant, il aura suffit d'un évènement pour changer la donne, pour que son avis execute une volte-face, pour qu'il réalise que pour la protéger il était obligé de partir lui, de s'éloigner, de prendre ses distances en s'arrachant le coeur au passage, et le sien aussi. Se séparer doucement, ils n'auraient pas pu, se seraient trouvés toutes les raisons du monde de se voir en cachette, de faire l'amour partout, secrètement, de se barrer et de crever au fond d'un caniveau parce qu'ils n'avaient rien, ni diplôme, ni tunes, ni d'envie de lendemain. Et il n'avait surtout pas eu assez confiance en lui, Terry, pour assumer une fuite. Il n'avait pas eu assez confiance en l'avenir, n'avait de toute façon jamais su vivre autrement que dans le présent, là, maintenant. Se séparer d'un coup, ça lui avait semblé la solution, tétanisé par les mots de Wren, par la mort qu'il venait de frôler et qu'il voulait éconduire, proscrire de la vie de sa petite amie. Lui dire "je te quitte" et disparaitre, l'éviter, se volatiliser en espérant bêtement qu'elle s'en remettrait alors que lui avait la blessure à vif encore dix ans après, il n'avait rien trouvé de mieux sur le moment.

Il n'en dira surement jamais rien, mais pourtant... combien de nuits était-il venu jusqu'en bas de chez elle les larmes aux yeux en comptant jusqu'à 500 pour ne pas être en retard, combien de cailloux avait-il pris dans ses paumes avant de les relâcher au sol parce que désormais il n'avait plus le droit de les lancer contre sa fenêtre? Combien de fois il avait été sur la plage pour écouter les vagues en repensant à son corps, à son coeur, à leurs souvenirs sur lequel il avait été forcé de tirer un trait. Combien de larmes avait-il versé en cachette, dans la salle de bain de Sammy en repensant à cette première nuit qu'ils avaient partagé tous les deux, ici. Combien de sms lui avait-il envoyé sans jamais les lui envoyer vraiment, stockés des années dans la zone brouillon avant qu'il ne change de téléphone et que leurs souvenirs ne se barrent définitivement.

Il est face à elle, gosse de vingt-huit ans qui finalement n'aurait besoin de pas grand chose, un mot peut être, pour retrouver ses seize ans. Il est là et ne montre rien mais ce sont tous leurs souvenirs qui remontent d'un coup et qui s'agglutinent à la lisière de ses yeux et il ne veut pas pleurer, Terrence, en vérité. Il ne veut pas lui confirmer qu'il a changé, qu'il n'est plus le gosse intrépide et un peu fou dont elle était tombée amoureuse. Il veut peut être, au contraire, lui montrer qu'il est resté solide, qu'il assume ce qui s'est passé et que leur rupture ne l'avait pas détruit. Mais ses épaules basses et ses sourcils tristes ne le trahissaient que trop bien et elle avait passé quatre ans à l'apprendre, Freya, alors elle devait bien le voir que ça n'allait pas.

Il ne sait pas bien pourquoi, mais il a ce besoin quasi impérieux de s'excuser, pas pour qu'elle le croit, pas pour qu'elle lui pardonne, juste pour se soulager lui, un peu égoïstement. Il déverse ses excuses comme il vomirait le poison, et il l'a gardé si longtemps qu'il s'y était presque habitué, il pense. « Essaie pas de retourner les rôles, Oliver. Si t'essaie de m'provoquer une once de remord, ça fonctionnera pas. » alors c'est comme ca qu'elle voit le truc, Freya? C'est comme ça qu'elle envisage ses mots? Comme une tentative de retourner la situation? Mais Freya, c'est moi le connard, c'est moi qui t'ai quitté. On est d'accord tu sais, j'aurais pu trouver autre chose. J'étais juste con. J'voulais juste te protéger. Mais j'aurais pas dû avoir peur de Wren... Il réalise alors qu'il aurait peut être dû affronter le monde pour rester avec Freya. Se rebeller. S'enfuir avec elle au creux de sa main ou assise sur la grille de son vélo, collée contre son dos. Il aurait dû l'enlever, la libérer de cette vie de merde qui tentait de l'engluer. Mais il avait pas su, trop englué lui-même sûrement, encore fragilisé de son overdose, encore traumatisé des mots de Wren contre son oreille alors qu'il était branché de partout.

Il déglutit, Terry, se rend compte qu'ils n'ont plus rien en commun mais c'est trop difficile à admettre, se rend compte aussi du mal qu'il a fait. Alors il s'enfuit. Il s'enfuit parce que c'est tout ce qu'il peut faire. Et il aimerait que la pluie nettoie ses plaies, qu'elle le soigne de sa douleur, terre abluée après une sécheresse dévastatrice, mais ça ne fonctionne pas. Et il pleure, s'autorise quelques larmes et quelques sanglots dans sa respiration tandis qu'il pense à réellement se barrer ou à retourner vers elle, il ne sait plus. Elle est qui, Freya? Elle est devenue quoi ? On aurait fait quoi, tous les deux hm? Seuls contre le monde, c'est ça qu'on voulait non? Tu crois qu'on aurait pu Freya? Vraiment? Affronter le monde? Tu m'aurais suivi jusqu'où ? jusque dans la mort? Pas glorieux... Mais sa vie ne l'était pas plus aujourd'hui, à Terrence, à moitié crevé, à moitié vivant. Et c'est au moment où il prend la décision de partir qu'une main vient frapper sa clope et il sursaute en réalisant qu'il s'agit de Freya. « Roméo et Juliette, j’sais pas, mais Bonnie et Clyde, c’est maintenant ou jamais. » C'est une invitation. Son coeur part en course folle, à Terrence, les yeux grands ouverts qui la suivent du regard tandis qu'elle se met à courir en brandissant l'objet de son larcin. Elle court Freya, le sourire sur ses lèvres d'adulte qui a mal grandit, le coeur en naufrage mais elle tient bon, tend les voiles et il n'en revient pas de ce que ça lui fait, Terry, parce que s'il se trouve figé sur place à regarder Freya sans jamais la quitter des yeux, les pupilles dilatées au maximum par ce souffle de folie qu'elle vient de lui jeter à la gueule, il y a ce truc indéfinissable qui lui bouffe les poumons, ce truc qui lui donne envie de décoller ses pieds du sol et de chasser ses peurs. Il n'entend pas la vendeuse qui braille à côté de lui et sans réfléchir plus longtemps il s'élance, il court et l'enfant sauvage qu'il avait été un jour aurait presque eu envie de se retourner et de lui adresser un doigt d'honneur pour afficher ouvertement son affiliation à Freya, montrer qu'il la suit, même dans la merde, même dans les conneries. C'est pourtant pas son genre à Terry de faire ça, ce n'est plus son genre depuis longtemps de faire des vagues, de voler, d'être impavide et délibérément effronté, mais quand elle est là, les ailes de son hardiesse oubliée repoussent et il s'élance, les poumons en feu et les yeux rieurs.

Il la suit, tente d'accélérer le pas mais elle a pris du gallon avec les années et il se fait distancer. FREYA ATTENDS ! Elle ne doit pas l'entendre parce qu'elle s'envole, Freya, elle navigue toutes voiles dehors et il se laisse emporter dans son tourbillon, la raison qui s'estompe pour laisser la place à la prescience de ses instincts. Quand il arrive enfin à sa portée il s'arrête, les yeux plantés dans les siens si sombres, le souffle court et la respiration rapide et lourde. Il pose une main contre son torse pour calmer son essoufflement et comme si les dix ans qu'ils venaient de traverser éloignés l'un de l'autre n'avaient pas existé, il marque un temps dans un silence ponctué uniquement par leurs souffles, puis éclate soudain d'un rire sonore. Putain.. j'avais pas couru comme ça depuis.. Depuis toi. ...longtemps. Il s'arrête finalement, parce qu'elle le rend nerveux et qu'il ne comprend pas les sensations qui lui mordent le nombril alors il continue de la regarder sans rien dire, la pluie qui s'accentue et ses boucles folles qui s'écrasent contre son front. Il a envie d'aller dégager son visage à elle, d'essuyer les gouttent qui perlent sur ses joues mais il se retient. Ils sont trop loins, dix ans c'est long. T'as le droit de pas me croire, mais... j'ai pensé à toi, tu sais. Souvent. Tous les jours. Il inspire, détourne les yeux, embarrassé, parce qu'il se doute que c'est mal venu de dire ça compte tenu de la façon dont il l'a quitté. Pour dissiper son trouble il fini par s'allumer une clope avant de reprendre un air nonchalant, un air qu'elle lui connaissait et qu'il avait pourtant oublié d'afficher depuis bien longtemps. T'as volé un truc cool au moins? La cigarette entre ses lèvres il file en petit coup de menton vers le livre qu'elle tient toujours entre ses mains. Tu crois qu'elle nous a suivi? Tu veux pas aller t'abriter? On s'casse? J'ai toujours mon vélo tu sais, on peut aller où tu veux. Et il réalise alors qu'il dit vraiment des conneries, là, à pas comprendre que non, ils ne peuvent plus faire ça. Vraiment? Il ferme les yeux en souriant tristement et les rouvre immédiatement. Pardon c'est con. J'sais pas pourquoi j'ai dit ça, tu veux même me plus voir de toute façon. Il se mord la lèvre en baissant le regard et finalement l'observe à nouveau en souriant. Bonnie et Clyde hein? Et il ne sait pas comment elle va réagir à tout ça, à sa présence ici, si elle va le gifler encore en lui disant de fermer sa gueule ou si elle va rire. Mais là, tout de suite, il devine qu'il est vraiment heureux de la revoir et que s'il ne se retenait pas, il pourrait l'enlacer, l'enlacer comme si le temps n'avait pas fait son oeuvre et qu'aucun grain de sable n'était tombé dans la partie inférieure du sablier...


Dernière édition par Terrence Oliver le Mar 26 Nov 2019 - 4:12, édité 2 fois
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Message(#) Sujet: Re: FREYA&TERRY • i look inside myself & see my heart's black FREYA&TERRY • i look inside myself & see my heart's black EmptyMar 10 Sep 2019 - 20:53



Pourquoi elle lui a tendu la perche ? Pourquoi elle lui a tendu cette main, fichue image d'un espoir quelconque qu'elle est en train de lui donner ? Qu'est ce qui ne tourne pas rond chez elle ? Freya pourrait se taper la tête contre le mur tellement qu'elle ne comprend pas sa propre logique. Des chemins sinueux qui l'emmerdent royalement et qui la foutent dans des situations qui finissent toujours par échapper à son contrôle. Comme là, maintenant, près de cet escalier, protégée de l'eau torrentielle de dame nature. Elle n'a jamais eu la volonté de le revoir. Elle n'a jamais cherché à le faire. Suite à la rupture, il y a bien eu des moments où ils se sont recroisés. Des moments gênants, des moments silencieux, des moments où l'un et l'autre a toujours fini par s'enfuir parce que ce n'était juste pas possible. Elle n'est que tempête dans son for intérieur et c'est avec regret qu'elle constate qu'elle bouffe toujours la même rancœur, la même rage envers des boucles brunes qu'elle aimerait rayer de sa vie au stabilo indélébile. Doherty avait donc clairement rompu contact avec tout le monde qu'elle connaissait - ou plutôt la fréquentait par procuration. Freya n'a jamais réellement eu d'amis et c'est presque naturellement qu'elle s'est retrouvée à revenir vers son meilleur ami. Terrence a été un tout pendant quatre ans et ce n'est que quand le lien a été rompu, brisé comme un œuf qu'on balance, qu'elle s'est rendue compte de la place qu'il avait pris. Ça l'a rendu malade, Freya. Elle avait eu mal partout, à la tête, à l'âme, au cœur, jusque dans ses veines. Le manque, de lui, de ce qu'il amenait, de ce qu'il lui avait offert. Un cadeau empoisonné pendant quatre ans qu'il lui a repris sur un lit blanc immaculé.

Cette soirée l'avait traumatisé. Les cris, les pleurs, la vie qui s'évaporent des yeux normalement si verts, si brillants, si pétillants. La gamine a tout vu, a tout vécu par ces yeux-là. Pendant quatre ans, ils n'ont fait qu'un, respirant la même merde, vivant la même connerie, se baignant dans l'extrême encore et toujours. Terrence qui part en vrille, qui se meurt sous ses doigts tremblants, c'est Freya qui se perd avec lui. Son souffle ne suffisait pas, l'appeler ne servait à rien. Elle avait été démunie, plus impuissante qu'elle ne l'a jamais été. La pire épreuve de sa vie et elle en a encore des frissons rien que d'y penser. Est ce qu'il a pensé à ce qui lui a fait vivre ? Égoïstement, Freya avait espéré qu'il en crève autant qu'elle, qu'il finisse par craquer, qu'il lui revienne d'une façon ou d'une autre. Et même si Wren avait pu avoir un quelconque mot dur, qu'est ce qui aurait empêché Terrence de venir la reprendre ? Il n'aurait eu qu'un mot, qu'un geste et elle serait revenue vers lui. Parce qu'elle est la plus faible du clan Doherty et que même si elle a la rancune tenace, Freya est trop impulsive pour ne pas laisser ses émotions prendre le dessus. Se laisser guider par ce qui transpire dans ses pores, quitte à creuser des crevasses encore plus profondes. Parce qu’elle est affreusement douée pour ça, Freya. Pour aller là où il ne faut pas, se diriger vers ceux qui finiront sûrement par la briser. Heureusement qu’elle ne sait pas ce qu’est la fierté ou même l’égo. Mais être meurtrie à différents degrés, elle sait ce que c’est. Doherty a subi les flammes de l’enfer sur sa peau, elle a frôlé la faucheuse à tellement de reprises, elle a survécu même jusqu’à ses propres entailles qu’elle s’inflige parce qu’elle pense qu’elle le mérite.

C'est con, putain. L'overdose de Terrence aurait dû l'effrayer mais au final, ça n'avait qu'agrandit le trou béant d'une envie profonde (et ironique) de vouloir se sentir vivante. Et puis, cette merde qu'est sa tête, sa maladie qui la hante, qui l'attend à chaque tournant. Les quatre années avaient été éprouvantes pour son mental. Freya était en train de se construire, de se chercher et elle a creusé le sol de ses dents tellement qu'elle a été un échec total. Situation familiale insupportable, des amis qui ne s'attachent que parce qu'il y a de la poudre à gagner. Des études en roue libre, sa plus grande réussite étant son échec scolaire cuisant. Alors c'est hors de contrôle qu'elle subit ses crises passagères, le plus élevé au plus bas. A l'époque, elle croyait que c'était simplement la drogue et l'alcool qui la rendaient comme ça.
Force est de constater qu'elle se transforme en sa génitrice autant que ses frères suivent les pas du géniteur.

Revoir Terrence, c'est pire que la claque qu'elle lui a foutue. C'est une série de coups de poings et de pieds, de coudes et de genoux qui s'enchaîne et qui la piège au sol. Freya est recroquevillée, elle attend que ça passe parce qu'à ce stade, qu'est-ce qu'elle peut faire d'autre ? Ses dents sont au sol, sa mâchoire se cogne, ses genoux pliés, ses côtes sont brisées et ses doigts essaient de la relever mais c'est fini.
Et pourtant, Doherty aurait eu une occasion de s'échapper. De le fuir, de ne plus l'avoir dans son champ de vision. C'est quoi, ce doigt d'honneur que lui inflige l'univers, là ? Et cette imbécile, conne comme elle peut être, stupide comme pas deux, elle l'invite à le suivre. En se prenant pour fucking Bonnie et Clyde. Nan mais sérieusement, on n'a pas d'idée plus con.

Il lui crie quelque chose mais elle n'entend rien. Les œillères sont closes, fermées et la pluie enveloppe tout, que ce soit les bruits, les odeurs, ses vêtements. Quand Terrence finit par la rejoindre, il est visiblement à bout de souffle. Lui confirmant qu'il n'a pas couru comme ça depuis longtemps. « C'est qu'ça fait longtemps que t'as pas couru après c'que tu veux, alors. » Si Freya ne lui avait pas donné la possibilité de la suivre, est-ce qu’il l’aurait fait ? Et est-ce que c'est une pique déguisée ? Clairement. C’est tellement un quotidien, chez elle, de courir. Courir sur son lieu de travail entre les joueurs invétérés, courir quand elle glisse sa main dans une poche car quelque chose l’y intéresse, courir derrière des points d’interrogation qui s’allongent un peu plus chaque jour devant chez elle. Ne pas se faire attraper, une lutte constante, se faufiler dans la masse humaine, essayer de respirer, marcher droit, ne pas se laisser submerger. Tenter le diable parce que ça reste la tentation, parce que même si elle l’abjecte, Freya ne peut s’empêcher de jouer avec le feu. C’est dans ses gènes, dans son sang, elle n’y peut rien et elle continue, comme la gamine qu’elle a pu être – et qu’elle restera sûrement. Et devant Terrence, c’est sûrement encore pire. Elle a tout plein de ressentis qui remontent, des trucs qu’elle ignorait pouvoir transpirer de nouveau. Non, l’adolescente frêle qu’il a connue est derrière eux, elle s’est tordue la cheville, elle s’est pétée le bras et écorché son genou. Elle a pris un retard fou et la vie ne l’a pas attendu.

Freya tourne sur elle-même comme pour chercher une échappatoire. Pourtant, l'espace est ouvert, c'est un lieu public, il n'y a qu'un mur protégeant un escalier qui la bloque sur un côté. Puis elle repose malgré tous ses yeux sur Terrence, dans un état aussi miteux qu'elle, et putain, elle ressent des choses qu'elle ne devrait pas. Elle pourrait chialer pour moins que ça. Mais ce n'est pas la sensation qu'elle veut donner. Alors elle continue de jouer machinalement avec le carnet dégoulinant, ses yeux bruns tentant de garder le contact avec celui du jeune homme. Parce que même si elle n'a pas de fierté, Freya ne compte pas lui donner une quelconque satisfaction. Et la trahison de ses propres traits est juste inimaginable. « T'as le droit de pas me croire, mais... j'ai pensé à toi, tu sais. Souvent. » Doherty sert les dents. Elle, elle a pensé à toi tous les jours, putain. Souvent, c'est de temps en temps, c'est bref, c'est fugace. C'est passager. C'est humiliant de voir qu'il la résume à ça. Souvent. Souvent, c’est à la fois trop et pas assez. C’est ce que je représente pour toi ? Juste une petite tâche qui souvent passe et souvent part ? Comme une poussière qui se soulève et qui revient au même endroit malgré les coups qu’on peut lui passer dessus ? « J'ai souvent pensé à toi aussi. Souvent avec un couteau dans l’dos. » Sa voix est anodine, banale, sans équivoque, comme si elle est juste en train de se plaindre du temps qu'il fait actuellement.
Parce que c’est l’image que la gamine a eue quand il l’a salement abandonné. Et elle n’a rien à foutre de ce que Wren a pu dire ou faire – même s’il faudra qu’elle aille chercher une explication de ce côté-là aussi car non, juste non. Elle ne veut pas croire que son aîné en est allé jusque-là. Ni même que Terrence, le Terry qu’elle connaissait, se serait laisser abattre rien que par ça. Des mots. Non, il n’y a rien à faire, elle ne veut pas y croire (même si Terrence tenait sur plusieurs fils, qu’il était inerte, qu’il a frôlé véritablement la mort et qu’il était au plus bas de sa fragilité).

« T'as volé un truc cool au moins? » Freya baisse les yeux sur ses mains qui encerclent le carnet avant de faire un sourire – ironique, froid, distant, moqueur – tout en le lui fourrant contre le torse jusqu’à ce qu’il le prenne. « Assez cool pour qu’tu puisses l’foutre en morceau comme tu sais l’faire. » Et vlan. La gorge est salée, la langue amère et ce ne sont qu’un torrent de paroles acerbes qui se déverse autant que la flotte autour d’eux. Quand il lui dit qu’il a toujours son vélo, qu’ils peuvent se tirer et même s’il s’excuse juste après, son sang ne fait qu’un tour. « P’tin mais t’es- T’es vraiment sérieux, là ? Tu t’fous de ma gueule, là. Je- » Elle s’interrompt alors que ses yeux se posent sur ses doigts et sa cigarette, putain de nicotine à la con. Il lui fait son numéro de caliméro ? Elle est supposée faire quoi, lui pleurer dans les jambes et le supplier qu’il la reprenne ? Doherty a son cœur qui bat bien trop fort pour son confort et le mouvement des doigts autour de la cigarette n’arrange rien. L’odeur lui monte rapidement aux narines et elle grimace, elle recule, elle secoue la tête. « Ouais, c’est con et stupide. T’as un putain de culot de foutre ça sur le dos de mon frère, en plus. T’es qu’un lâche, en faites. T’avais beau me promettre la lune, tu m’as lâché comme une merde au moment où moi et toi, elle rentre son doigt dans son torse pour bien démontrer son point de vue, on aurait eu besoin de s’aider le plus. Et là, tu veux que j’me casse avec toi ? Visiblement, faut que t’arrêtes la clope parce que ça te grille le peu d’neurones qui t’reste. » Est-ce qu’elle se montre injuste ? Totalement. Est-ce qu’elle l’assume ? Défini- Peut-être. Freya se sent tellement en droit total de se montrer comme ça avec, parce qu’elle a tellement souffert de son rejet, de son absence, de la rupture de pont qu’il y a eu entre eux. Elle ne s’y était pas attendue, elle ne l’avait pas vu venir et ça l’a blessé profondément, assez pour qu’aujourd’hui encore, elle ait envie de lui hurler dessus comme le dernier des pouilleux.

« Bonnie et Clyde, hein ? » Freya avait dévié son attention sur les gens au loin qui courent à leur tour pour éviter de finir comme les chiens négligés qu’ils sont à présent. Au moins, certaines choses ne changent pas. Terrence et Freya, sur le bas-côté, comme toujours, là où il ne faut pas au moment où il ne faut pas. Elle ne le voit pas mais elle entend son sourire. Ses poils s’hérissent, la courbe de ses lèvres frémit un instant. Si la jeune femme s’écoute, elle le taperait encore. Ou alors elle râlerait que ses cheveux n’ont encore aucun sens. C’est stupide. Elle a plus seize ans, bordel. Alors Freya tourne la tête, elle se rapproche de lui (trop, beaucoup trop, pourquoi aussi proche ?) avant de lui prendre sa putain de clope et de l’écraser sans ménagement contre le mur derrière lui. « Ça m’donne mal au crâne. » qu’elle dit en le regardant droit dans les yeux.

La cigarette, c’est comme un cœur qu’on vide de son sang. On pompe, on consume, on le laisse aller en lambeaux. Ça finit en cendre, ça s’envole avec le vent et ça disparait à jamais. La seule chose qui reste, c’est l’odeur, la putréfaction d’un morceau de lambeau qui vous bousille de l’intérieur parce que vous êtes trop faible pour y résister.
Et le pire, c’est que demain, vous recommencez.
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Message(#) Sujet: Re: FREYA&TERRY • i look inside myself & see my heart's black FREYA&TERRY • i look inside myself & see my heart's black EmptyMar 26 Nov 2019 - 5:15


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i look inside myself & see my heart's black


Il fait le malin Terry mais il n'en mène pas large. Il agit comme si rien ne s'était jamais passé, comme s'il ne l'avait jamais quitté, comme si Wren n'était jamais venu le menacer sur son lit d'hopital, comme si tout avait été fabulé, imaginé. Et il aurait préféré, putain ouais, il aurait préféré, mais il y avait la partie rationnelle de sa raison qui savait mieux que son coeur que Wren avait surement pris la bonne décision. Il en avait souffert, Terry, surement autant qu'elle, à ne plus savoir respirer sans l'avoir à ses côtés, à se remettre doucement de son overdose sans personne pour l'aider, à compter jusqu'à 500 en allant chez elle à vélo, à se remémorer comme un con les quatre ans écoulés avant de se rappeler qu'il n'avait plus le droit à ça, que ça appartenait désormais au passé. Qu'il ne pouvait plus l'amener au bord de l'eau la nuit pour compter les étoiles ou faire l'amour dans un coin d'herbe, qu'il ne pouvait plus s'allonger sur son lit en comptant sur ses petits doigts le nombre de baisers qu'il lui avait volé dans la journée. Il n'avait plus le droit de la regarder, de sentir l'odeur de ses cheveux couleur de blé, il n'avait plus personne à protéger. En la perdant elle, il avait perdu une partie de lui en vérité. Après son overdose il avait perdu aussi ses amis mais il avait surtout perdu Freya, celle pour qui il aurait pu donner sa vie même s'il n'avait jamais réellement pris conscience de ça, celle qu'il avait toujours pris soin de valoriser, celle qu'il avait mis sur un piédestal, celle qu'il avait défendu contre vents et marées, celle qu'il avait toujours eu envie de la faire sourire plutôt que de voir pleurer. Elle avait été son univers tout entier et désormais il avait l'horrible sensation que tout ça n'avait jamais existé pour elle. Ou plutôt si, que ça avait trop existé justement, que leur rupture les avait tous les deux bousillés au point de les foutre par terre et que si Terry avait plongé dans la douleur passive et autodestructrice, Freya avait sombré dans la colère. Ca leur allait bien finalement, lui qui se puni à l'infini pour la faute qu'il a faite et elle qui en veut au monde entier aussi surement qu'elle lui en voulait à lui.
Est-ce qu'elle l'avait cru quand il avait évoqué Wren et que pour la première fois il avait accepté de se décharger de cette responsabilité? Est-ce qu'elle avait toujours cette image de lui, celui du petit con bagarreur qui savait jamais retenir ses poings quand il s'agissait de défendre son honneur? Est-ce qu'il lui avait quand même manqué? Sans réfléchir, il lui avoue qu'il a souvent pensé à elle. Et toi Freya, je t'ai manqué? « J'ai souvent pensé à toi aussi. Souvent avec un couteau dans l’dos. » Et elle dit ça comme si elle lui aurait annoncé qu'au petit déjeuner elle avait mangé du pain, sans une once d'emotion, sans colère ni rancoeur, juste de l'indifférence et c'est peut être ce qui lui fait le plus mal à Terry. Il plisse les paupières, les sourcils tristes, le coeur en vrac. Alors c'est ça que ça t'as fait à toi, Freya? C'est dans le sens là que t'es bousillée? Tu mets de côté les émotions pour ne pas trop souffrir? Tu fais ça avec tout le monde, ou c'est juste avec moi? Et puis j'entends que t'as eu envie de me tuer et tu sais quoi en vrai, t'aurais peut être dû, parce que vivre m'est effroyablement douloureux... Et puis le livre, le livre qu'elle a volé et qu'elle vient lui claquer contre le torse en évoquant la souffrance qu'elle avait éprouvé. Ce livre qu'il pourrait selon elle mettre en morceau et il comprend qu'elle se sert de ça pour se confier, pour lui témoigner son amertume et sa peine. Leur rupture l'avait mise en morceaux et la faute lui incombait totalement, à l'évidence. Surement qu'elle avait raison en vérité, qu'il aurait pu, qu'il aurait contrer Wren, qu'il aurait avoir le courage de s'élever contre ses menaces, ne pas se laisser faire, qu'il aurait dû embarquer Freya sur son vélo et l'emmener loin loin loin là où personne n'aurait pu les retrouver. Mais il avait flippé, pauvre humain qu'il était, il avait eu peur des soucis de tune, des souci d'identité, des soucis de bouffe, des soucis de tout. Et il y avait pensé, oh oui qu'il y avait pensé, à aller l'enlever. Combien de fois avait-il fait son putain de sac avant de s'arrêter en bas de chez elle, son téléphone portable dans la main, le sms rédigé mais lui qui restait là, pas foutu de l'envoyer parce que la réalité lui éclatait à la face? Combien de fois? Et quand il parle de son vélo sa colère augmente jusqu'à atteindre son apogée. Et ca explose comme une feu d'artifice. Elle martèle, elle fait mal. « Ouais, c’est con et stupide. T’as un putain de culot de foutre ça sur le dos de mon frère, en plus. T’es qu’un lâche, en faites. T’avais beau me promettre la lune, tu m’as lâché comme une merde au moment où moi et toi, on aurait eu besoin de s’aider le plus. Et là, tu veux que j’me casse avec toi ? Visiblement, faut que t’arrêtes la clope parce que ça te grille le peu d’neurones qui t’reste. » Il voudrait répondre mais reste estomaqué, l'observe comme s'il la découvrait soudain pour la première fois, se demande à qui appartient ce visage si tiré. Non je... non j'voulais pas qu'on se casse comme ça j'voulais juste qu'on aille quelque part je... il baisse les yeux, soupire, lève la tête vers le ciel pour laisser ses pensées se faire nettoyer par l'averse puis la regarder à nouveau, le bide en vrac et les souvenirs en bandoulière. J'sais pas, j'ai dit ça comme ça, c'était une connerie. J'ai peut être tout fait de travers ouais. J'aurais pu aller démonter ton frère, j'aurais pu venir t'enlever, on aurait pu se casser toi et moi, se barrer de cette ville pourrie et vivre un truc tout pourri ailleurs sans tune ni rien et je sais Freya, que toi ça t'aurais pas dérangé de vivre sous un pont mais j'voulais pas t'offrir ça. J'voulais pas t'offrir ca! C'est si répréhensible que ça d'avoir voulu que tu sois bien? Il aimerait qu'elle comprenne qu'il n'a pas eu le choix, qu'il l'a fait pour elle, qu'il a eu peur aussi, qu'il n'était qu'un gamin, qu'il a fait ce qu'il a cru juste. Mais il n'y arrive pas. Il sait que c'est peine perdue, qu'elle ne l'écoutera pas, trop aveuglée par sa colère et sa rancune encore bien trop vives et envahissantes. Alors il baisse les bras, il laisse tomber, il jette l'éponge parce qu'il n'est plus le Terry qu'elle a connu, il n'est plus combatif ou effronté. Il n'est que l'ombre d'un passé trop lourd à porter, un grand mec un peu seul, triste à crever avec l'envie de mourir greffée contre les boyaux à longueur de journée. Il place une paume de main contre son torse là où quelques secondes avant elle le martelait du doigt et il l'observe en silence, la clope dans la main et les yeux fanés. Et quand elle s'approche de lui il sursaute, aurait presque peur qu'elle le frappe, qu'elle le pousse contre le mur juste derrière mais c'est sa cigarette qu'elle prend et qu'elle écrase juste à côté de son visage. « Ça m’donne mal au crâne. » Il en savait rien. Avant, elle ne s'était jamais plainte. Il tremble, Terry, c'est venu d'un coup et Freya, elle lui fait un peu peur, là. Il tremble mais ne cille pas, le regard planté tristement dans le sien, les sourcils froncés et les poings serrés. Pardon. Et c'est tout ce qu'il arrive à articuler dans un murmure, comme pour s'excuser de la clope, comme pour s'excuser de cette rencontre fortuite, comme pour s'excuser de tout ce qu'il avait pu faire de travers sans même le réaliser. Il déglutit, ne bouge pas, et il y a un moment de flottement durant lequel il se demande pourquoi la vie fait si mal son boulot, pourquoi la vie tourmente les gens avec autant de férocité, pourquoi le destin s'acharne aussi fort. Et puis quand il revient à lui il réalise que tout ça, c'est trop, pour elle et pour lui aussi, qu'ils étaient surement pas prets à se revoir. Alors il s'écarte, l'air absent, fait un pas de côté et baisse la tête avant de passer une main dans ses cheveux mouillés. J'te demande pardon, Freya, de pas avoir été à la hauteur de ce que t'attendais de moi. De ne pas avoir été là quand t'en avais besoin. De pas avoir su prendre soin de toi comme il fallait. De t'avoir bousillée malgré moi. J'aurais aimé être le mec qui combat mais tu vois, finalement faut croire que c'était pas moi. Il serre le livre dans sa main en se disant qu'il irait le payer en retournant sur ses pas mais se garde bien de le partager avec son ex petite amie. Au lieu de ça il renifle, l'observe, les traits las et fatigués. J'ai jamais prétendu être parfait. J'ai fait des erreurs. Trop d'erreurs et crois moi, j'me puni tous les jours pour ça. J'ai pas besoin de ton index entre mes côtes ou de tes mots incisifs. J'me fais assez de mal tout seul, t'inquiète pas. Il retient ses larmes mais c'est dur parce qu'il est face à ses échecs et que ça percute un peu trop fort, parce que ça heurte et que ça fait mal. Mal parce qu'il est déja tout pété Terry et qu'un rien savait le faire chavirer. Et il savait d'avance qu'en rentrant il se défoncerait la veine à coup d'héro pour oublier, pour planer un peu, pour panser son coeur le temps de quelques heures. J'vais y aller je... ça sert à rien. Je sers à rien. T'as mieux à faire je pense... Mieux à faire que de rester avec le mec qui a détruit ta vie. Et il attend qu'elle lui dise quoi faire, pantin de chiffon qui a perdu toute volonté, et tout raison de continuer.

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Message(#) Sujet: Re: FREYA&TERRY • i look inside myself & see my heart's black FREYA&TERRY • i look inside myself & see my heart's black EmptyJeu 5 Déc 2019 - 19:14



Il cherche ses mots, il a l’air paumé. Et pourtant, Freya n’a pas une once de compassion qui passe à travers ses yeux bruns. Elle est bien trop furieuse, bien trop à l’image du temps actuel ; brumeux, pluvieux, noirci. La rancœur, elle peut parfois l’avaler. Parfois elle peut y passer outre, elle peut en faire l’impasse et elle peut voir au-dessus de tout ça.
Mais pas là, pas avec Terrence, certainement pas avec Terrence. Elle aurait pu avoir de vieux réflexes qui reviennent à la charge, comme bouger ses boucles mouillées qui envahissent son visage fin. Lier ses doigts aux siens pour le rassurer et lui dire que ce n’est pas grave, qu’il n’a pas à bredouiller comme ça, tout ira mieux. Mais non. Ce n’est pas comme ça que les choses se déroulent, la tête en feu sous l’eau en trombe ne cesse de lui rappeler la douleur indélébile qu’il lui a foutu au ventre, au cœur et à l’esprit. De la faute de son frère ou non, Freya ne pense plus à ce détail. Elle passe outre ça, elle vogue au-dessus parce qu’au final, ce n’est pas le plus important. Le plus crucial dans cette affaire, c’est qu’il n’a pas voulu la retenir, qu’il n’a pas voulu être fort ne serait-ce que pour elle. Il venait de frôler la mort et il l’a balayé de sa vie. Comme si elle était un souvenir trop douloureux pour lui, une réminiscence d’un passé qu’il a voulu mettre derrière lui. Et ça l’avait blessé, non, ça l’avait détruite. Tout s’est accumulé, tout est devenu flou et elle avait perdu un des piliers centraux de son existence pendant quatre ans. Fracturée, brisée, en mille morceaux, elle ne marchait que sur trois cannes, brinquebalante et incertaine.

« Parce que tu crois que… » Que je vis dans un palace ? Que je réussis à gagner brillamment ma vie, que j’ai la tête sur les épaules, que tout roule dans le meilleur des mondes parce que tu t’es retiré de ma vie ? La suédoise passe sa main sur son front pour retirer ses propres mèches de cheveux qui gênent. « Ma vie ne s’est pas améliorée parce que t’es parti, Terrence. J’aurai préféré qu’on essaie et qu’on se casse la gueule ensemble plutôt que tu m’coupes l’herbe sous l’pied en faisant les choix pour moi. » La liberté n’a pas de prix et c’est bien une Doherty pour ça. Pas de chaîne, pas de barrière, rien qui les retient de faire quoique ce soit. A part peut-être leurs consciences, à supposer qu’ils en ont une. Freya l’entend parfois lui parler, comme maintenant. Elle lui murmure que Terrence a juste voulu faire les choses bien, qu’elle doit apprendre à accepter le passé, arrêter de ressasser tout ça.
Mais putain que la douleur est encore là, tonitruante et flamboyante.

Et il s’excuse. Il sursaute, il a l’air d’avoir peur et Freya, ça la perturbe un peu. Terrence ne flanche pas, normalement. Il ne frétille pas comme une brindille, il ne fuit pas non plus le regard. A y regarder de plus près, il n’est pas non plus censé être aussi triste - ou au moins, il ne l’a jamais montré aussi ouvertement que ça. Doherty a plus l’impression que voir le Terrence pâle coincé dans son lit d’hôpital que celui qu’elle a côtoyé pendant quatre ans. Il s’excuse une nouvelle fois, c’est un déluge de mots, de syllabes composées de regrets et d’amertume. Freya les prend en plein fouet, elle ignore comment réagir parce que ce n’est pas la réaction qu’elle aurait pensé avoir de lui. Elle serre la mâchoire alors qu’il coince son regard clair dans le sien, porteur d’un message d’une grande lassitude. Elle ignore si c’est contre elle, la situation ou la vie en général. Sûrement un peu des trois. Elle pourrait presque avoir un pincement au cœur.
Mais il lui tient le discours de celui qui sait se faire du mal tout seul et ça, c’est comme une gifle à la tronche. Qu’en clair, elle pourra faire ce qu’elle veut, il aura toujours fait pire avant. Que les reproches qu’elle pourra lui balancer ne serviront à rien car ‘j'me fais assez de mal tout seul’. Sa langue se retient entre ses dents et ses mains finissent par se serrer autour de la lanière de son sac.

« J'vais y aller je... ça sert à rien. T'as mieux à faire je pense... »
Freya compte jusqu’à cinq - à défaut de ne pas avoir le temps de compter jusqu’à 500 - pour calmer la tempête de ses entrailles. « T’as raison. » Du temps gaspillé, il faut bien l’avouer. Cette conversation n’a aucun sens ni aucun débouché heureux de toute façon. « J’ai jamais voulu que tu t’punisses ou j’sais pas quoi. Tout c’que j’voulais, c’était continuer à t’aimer. » Le ton banal, Doherty relève sa capuche (inutile aussi) sur ses cheveux (déjà complètement trempés) avant de finir par tourner les talons et foutre ses mains dans ses poches, les épaules se voutant, alors qu’elle se dirige vers la pluie.
Jamais elle n’aurait pensé que sa journée aurait tourné comme ça.
Elle ira régler ça au premier bar qu’elle croisera, tiens.

Après tout, Freya n’a jamais eu besoin de Terrence pour foutre en l’air sa vie.
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