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 bloodstream (khadji²)

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Message(#) Sujet: bloodstream (khadji²) bloodstream (khadji²) EmptyLun 3 Déc 2018 - 11:52


bloodstream
khadji² (#2)


Étendue en travers de deux bancs accolés aux couloirs des urgences, la violence de l’éclairage était telle, qu’une migraine avait commencé à lui piqueter le milieu du front. A l’intérieur de sa boîte crânienne, c’était le branle-bas de combat. Ses terminaisons nerveuses s’étaient mises à échanger à une vitesse ahurissante, faisant fourmiller les informations trop vite, au point qu’elle se sentit soudain submergée par la tension. A ce moment-là, Yasmine n’aurait pas dit non à un peu d’obscurité. Concentrée sur le rythme de ses pulsations cardiaques, elle se laissa surprendre par un picotement à l’intérieur de son bras gauche. Elle inspira trop fort, emmagasina trop d’air dans ses poumons, et gonfla les joues en conséquence ; meilleure imitation du poisson-ballon au monde. La main droite mollement posée sur ses yeux, la jambe repliée pour prouver qu’elle n’était pas complètement inerte, elle se lança dans une apnée inutile pendant que l’une de ses collègues infirmière lui prélevait un peu de sang. Question mesure d’hygiène, ce n’était pas l’idéal. Seulement, elle avait refusé catégoriquement d’occuper un lit ; ils en manquaient. Elle n’était pas à l’article de la mort, elle était juste épuisée. Pas de quoi s’affoler, pourtant…

« Je peux t’emmener dans la salle de repos si tu veux, chérie. » Molly avait quitté son poste à l’accueil sitôt qu’elle l’avait vue s’immobiliser devant ses grands yeux de poupée. Derrière son comptoir, elle avait observé Yasmine devenir livide, et retenir ce qu’elle avait pris pour une nausée, avant de s’apercevoir que c’était sa respiration qui lui avait échappée. Elle avait bondi de sa chaise de bureau, l’entendant distinctement prévenir l’escouade des pompiers qu’elle allait tomber ; trop pris dans l’intervention qui les avaient amenés à dépasser le seuil du service, ils l’avaient laissé à son sort sans se préoccuper de sa chute. Elle ne s’était pas fait mal, c’était déjà ça « J’ai demandé à ce qu’on appelle mon frère, il ne devrait pas tarder. Ça va aller. » fit-elle en se redressant sur le banc, et remerciant l’infirmière qui lui indiqua que ses résultats reviendraient bientôt. Elle grimaça en opinant du chef, puis tendit la main pour venir frotter les côtes de Molly dont la pâleur la rendit presque transparente sous les néons – ses cheveux roux, en revanche, ils flamboyaient « Retourne travailler, je vais gérer. » Et la jeune femme en était farouchement convaincue. Ce n’était qu’un concours de circonstances, cette histoire ; rien de plus grave qu’un peu de surmenage qui l’avait fait vaciller. Ça lui pendait au nez depuis son retour sur le sol Australien. Et puis de toute façon, ce n’était pas si exceptionnel pour un infirmier de démontrer des signes de fatigue après plusieurs gardes prises d’affilée. Conclusion : son évanouissement était un non-événement, et elle entendait bien remettre à leur place ceux qui pépieraient sur le sujet au cours des prochains jours. Ce qui était sûr, c’est qu’elle ne reprendrait pas le travail ce soir. Mais au moins, elle rentrerait chez elle debout sur ses deux pieds. Chassant Molly d’un dernier « Allez, file ! » Yasmine jeta un coup d’œil, un peu vitreux, au cadran de sa montre.

Elle disait vrai, Sohan ne devrait pas tarder. Et autant elle s’en voulait de l’avoir sans doute fait réveiller, autant le soulagement de l’avoir appelé lui à la rescousse annihilait tous ses élans de culpabilité. Il serait celui qui la jugerait le moins, et surtout, qui lui poserait le moins de questions. Alors qu’elle s’inclinait légèrement pour poser ses coudes sur ses genoux, le regard rivé sur le mur en face d’elle, cette fois-ci, elle comprit que c’était exactement ce dont elle avait besoin ; d’une épaule sur laquelle elle pourrait poser sa tête douloureuse, et d’une oreille qui l’écouterait déblatérer des mensonges sans chercher à les débusquer, et encore moins à les analyser.

« C’est pas aussi grave qu’on te l’a laissé sous-entendre. Tu connais le corps médical, plus on dramatise, mieux on se porte. » rassura-t-elle son frère, le prenant dans ses bras une fois qu’il fût arrivé près d’elle. Elle s’était levée d’un bond pour le rejoindre au milieu du couloir, laissant sa brique de jus de fruits derrière elle, et la prudence conseillée de ses collègues qui lui avaient amenés de quoi picorer en attendant. Sur son visage, le soulagement se dessina immédiatement ; vite remplacé par un froncement de sourcils, quand la collègue qui lui avait fait sa prise de sang la pointa d’un doigt autoritaire en passant à côté d’eux « Tu bouges pas d’ici avant d’avoir eu tes résultats de prise de sang et vu un médecin. Procédure, Khadji. » se défendit-elle en levant les mains devant sa poitrine en signe de fausse réédition. Yasmine jeta un regard en biais à Sohan, et rompant leur étreinte en même temps, elle lui dit avec une pointe d’amertume dans son ton altéré par la fatigue « Tu vois, c’est exactement pour ça que les gens ne viennent plus dans les hôpitaux. » Elle toupilla prudemment sur ses pieds, rejoignit la rangée de sièges, et se laissa lourdement asseoir sur le banc sur lequel était posé les reliefs de son goûter tardif. Elle croqua rageusement dans un beignet harponné à la va-vite « Parce qu’on les traite comme des enfants pris la main dans le pot de confiture. JE VAIS BIEN NATASHA HEIN ! » lança-t-elle en haussant le ton. La bouche pleine, elle tourna la tête vers Natasha ; elle avait déjà quitté le couloir, mais il y avait fort à parier qu’elle l’avait très bien entendue. Frustrée, et sa migraine se rappelant à elle, Yasmine avala rapidement sa bouchée, et souffla bruyamment pour exprimer tout son mécontentement. Prenant la tangente en s’appuyant paresseusement contre le dossier du banc, elle tourna la tête de l’autre côté pour regarder son frère à qui elle tendit, résignée, son beignet déjà entamé « T’en veux ? »
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Message(#) Sujet: Re: bloodstream (khadji²) bloodstream (khadji²) EmptySam 8 Déc 2018 - 23:44


Sohan était en repos aujourd'hui et il n'avait pas prévu de faire de quelconque dépannage. C'était une journée off à 100% destinée à faire ce qu'il avait envie de faire. Même s'il adorait son travail et que personne ne le forçait à faire du dépannage informatique durant son temps libre, il était tout de même nécessaire pour lui de se prendre un vrai jour de repos une fois de temps en temps. Ca permettait de vraiment décompresser et ça lui permettait aussi de pouvoir prévoir sa journée tranquille. Quand il était disponible pour faire des dépannages il avait beau ne pas avoir à se rendre au poste de police, il fallait tout de même qu'il soit disponible et donc il était malgré lui un peu limité dans ses activités. Il n'était par exemple pas question de prévoir quelque chose en plein milieu de l'après-midi. Il se devait de rester à l'affut du moindre coup de fil pour pouvoir intervenir le plus rapidement possible si quelqu'un avait besoin de lui. Quand il prévoyait de faire des dépannages, il était donc en repos, mais pouvait être appelé à tout moment ce qui influait donc sur sa journée. Aujourd'hui, c'était différent. Pas de dépannage. Il était donc complètement libre d'organisé sa journée comme il le souhaitait. Il s'était réveillé tôt, voulant démarré sa journée du bon pied. Il avait avalé un bol de céréales avec du lait avant d'enfiler ses vêtements de sport et de partir pour son footing matinal dans le quartier. Il n'était pas avide de courses en tout genre et sa pratique du sport se résumait à aller courir plusieurs fois par semaine quand il en avait le temps et l'envie. Il n'avait pas de programme d'entraînement particulier et se contentait donc de courir comme bon lui semblait. Il s'arrêtait quand il avait envie et courrait à l'allure qui lui convenait le mieux sur le moment. Le jogging c'était vraiment pour lui un moyen de se détendre et de bien commencer la journée. En toute logique, il fallait donc que ça reste un plaisir. Avant de partir, il avait envoyé un sms à Yanis afin de savoir si le coach sportif était disponible pour le rejoindre puis il avait commencé à courir en direction de l'université, ayant en tête l'idée d'aller courir dans le parc qui bordait le campus. Il n'allait là que très rarement, mais aujourd'hui c'est là que ses pieds avaient décidé de le porter.

Il devait être en train de courir depuis une bonne demie heure quand il senti son téléphone vibrer dans la poche de son jogging. Immédiatement, il pensa que c'était Yanis qui l'appelait afin de savoir où il se trouvait exactement dans Toowong pour le rejoindre. Il fut cependant surpris de voir un numéro de téléphone qu'il ne connaissait pas s'afficher sur son écran. Il arrêta donc sa course pour répondre. C'était le St. Vincent. Apparemment sa soeur avait fait un malaise. La personne au bout du fil paraissait alarmante sans l'être particulièrement, c'était assez paradoxal. Lui disant qu'il ne fallait pas s'inquiéter, mais qu'il fallait qu'il vienne dès que possible. Il ne réussi pas à avoir plus d'information avant de dire à la jeune femme qu'il était en chemin et faisait au plus vite. Il hésita à passer chez lui pour se doucher, après tout ce n'était sans doute pas très propre de se présenter comme ça tout transpirant, mais la femme au bout du fil lui avait dit de venir dès qu'il le pouvait. Il laissa donc tomber l'idée d'une douche pour courir rapidement chez lui, récupérer ses clés de voiture et parcourir la courte distance qui séparait sa maison de l'hôpital. Au moins, il avait cet avantage, il habitait près de l'hôpital et n'avait donc pas à affronter le trafic de Brisbane pour aller retrouver sa soeur. C'est d'ailleurs aux urgences qu'il la retrouve, assise sur deux bancs. "Yas ! Tu vas bien ?" lui demande t-il un peu abasourdit. Elle n'a pas l'air à l'article de la mort, mais en même temps si on l'a appelé ce n'est sans doute pas pour rien. "Pourquoi t'es pas sur un lit ? T'as vu un médecin ?" Oui ça aussi c'était assez étrange. Sur le moment, il se fiche bien qu'elle lui dise que le corps médical aime dramatiser. Lui, ce qu'il voit à ce moment précis, c'est sa petite soeur qui a potentiellement quelque chose qui ne va pas. Le grand frère protecteur en lui est donc au premier plan et c'est limite s'il ne la voit pas vingt ans en arrière. Il l'observe ensuite, ahuri, vouloir aller à l'encontre de ce que sa collègue lui dit. Si le corps médical est du genre à dramatiser les situations, elle, elle est plutôt en train de la minimiser. Quand elle décide enfin de se rasseoir sur son banc, il s'approche d'elle pour aller s'asseoir à son tour. "Non merci, mange le toi, apparemment t'en a besoin." Lui dit il en repoussant la main de sa soeur vers elle pour qu'elle garde son beignet. Il ne peut s'empêcher de la toiser. Ne sachant pas trop quoi faire. Il n'était pas médecin et à première vue, elle n'avait pas l'air d'aller mal. Il ne savait cependant pas si c'était parce qu'elle n'allait pas mal ou si c'était parce qu'elle essayait de faire bonne figure. "Tu vas me dire ce qu'il t'est arrivé ? Ou faut que j'aille m'adresser à un des médecins ?" lui demande t-il n'ayant vraiment pas envie de devoir aller demander à quelqu'un d'autre qu'elle.
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Message(#) Sujet: Re: bloodstream (khadji²) bloodstream (khadji²) EmptyJeu 13 Déc 2018 - 12:55


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Plus qu’une philosophie de vie, désamorcer les inquiétudes de sa famille à son propos, c’était devenu le domaine d’expertise de Yasmine. A peine Sohan avait-il posé le pied dans le service des urgences du St-Vincent’s qu’elle s’échina à le rassurer, sans même avoir besoin de réfléchir davantage à ce qu’elle lui déclamant sous le ton las de la fatigue. Elle ne répondit pas textuellement à ses questions, préférant condenser sa réponse pour la lui fournir d’un air presque impassible, puis elle lui proposa tacitement de la rejoindre pour se poser plus loin. Se laissant tomber sur ces bancs qu’elle avait quittés pour se jeter dans ses bras et le serrer aussi fort que ses maigres réserves d’énergie le lui permettaient, elle fit éclater sa fausse mauvaise humeur à l’encontre de la pauvre Natasha, avant de mordre goulument dans son beignet déjà attaqué. Au moins-là, elle savait par quel morceau commencer. Et tandis que le ton ferme de son aîné lui parvenait de la gauche, elle baissa la tête en réfléchissant aux options qu’elle avait en magasin pour continuer à prétendre que tout allait bien. Ce n’était pas le cas. En presque dix ans de carrière aux urgences, Yasmine avait rarement faibli. A son arrivée dans le service, certains s’étaient pourtant attendus à ce qu’elle soit la première de la nouvelle fournée d’infirmiers à flancher. Sa carrure et sa douceur jouait en sa défaveur. On pensait qu’elle n’était pas apte à gérer la pression qui allait de paire avec les cas les plus difficiles à traiter. Travailler aux urgences demandait une force de caractère dont on ne la pensait pas détentrice. Elle paraissait si frêle parfois, glissée dans ses sweats toujours un peu trop grands et ses jeans quelle choisissait une taille au-dessus pour casser ses courbes et les cacher. Sa proximité intuitive avec les enfants la faisait paraître plus niaise qu’elle ne l’était, et ses yeux de biche emplis de patience, son physique, qui souvent lui valait des remarques désobligeantes et des doutes exprimés sous le ton caustique de la misogynie, étaient tout un package qui la reléguait à la toute dernière place des recrues en qui on croyait vraiment. Son entourage ne le prenait pas de cette façon, fiers de la vocation qu’elle s’était trouvée, pour autant une chose était certaine : Yasmine avait abominablement souffert pour en arriver là où elle en était aujourd’hui – sans parler qu’elle avait dû revoir ses ambitions à la baisse d’entrée de jeu, et que la seule mention de son grand rêve de médecine la plongeait souvent dans une introspection douloureuse au tout début de ses études d’infirmière. Mais elle redoublé d’effort pour prouver qu’elle n’était pas juste un cliché, celui de la jolie minette pétrie de bonnes intentions pour qui sauver le monde était un objectif à atteindre dans l’espoir de gagner en estime de soi et prétendre être quelqu’un de bien. Elle ne le prétendait pas, Yasmine était quelqu’un de bien – la plupart du temps, en tout cas. A force d’acharnement, elle avait su se faire une place de choix dans le service, et aujourd’hui, elle se sentait respectée par ses collègues. Elle était douée, volontaire, ne comptait pas ses heures, et contre toute attente, elle savait parfaitement gérer ses émotions face au cas qui la touchait le plus – parce que beaucoup trop proches de ce qu’elle avait eu à affronter en privé, l’image d’Hassan, de son père, et même de monsieur Davis se superposant, comme ces calques transparents dans les livres pour enfants, aux visages malades à qui elle offrait, sans exception, le plus sincère des sourires. Seulement, sourire était devenu plus pénible, depuis son retour du Niger. Les doigts crochus de ses angoisses s’étaient fichés dans des parties de son être qu’elle n’avait jamais pris la peine de soigner, occupée à soigner celles des autres, à panser leurs blessures, et à annihiler leurs maux pour les soulager ; elle aimait à penser que ses traits d’humour et sa bonne humeur était un moyen discret d’aspirer le mal être de ses proches, mais aujourd’hui, elle étouffait sous l’obstination de cette masse de chagrin et de maladie à la faire ruminer sur tout un tas de choses qu’elle préférait maladroitement ignorer – elle en avait perdu le sommeil, ce n’était pas rien.

« Bonne chance pour en trouver un. On est en sous-effectif, je doute qu’un malaise comme le mien entre dans le top des priorités des titulaires. D’ailleurs, on est encore là pour un bout de temps. » Elle arqua un sourcil, reprenant sa mastication une seconde, puis la parole « Je suis juste tombée, Sohan. » Elle sentit que son ton n’était pas des plus amènes – la fatigue, le stress, surtout. Le fait qu’elle avait encore la tête baissée, et la bouche à moitié pleine, rendait sa voix un peu plus grave qu’à l’accoutumée. Aussi elle se hâta d’avaler, et tourna la tête vers son frère pour ajouter, avec plus de douceur toutefois « J’ai enchaîné plusieurs gardes d’affilée. Je dors peu, j’étudie beaucoup, ça joue sur ma capacité à rester debout. » Elle posa la fin de son beignet à côté d’elle, empoigna sa brisque de jus de fruits à la place, et aspira une lampée. La paille toujours dans la bouche, elle poursuivit en rétrécissant son champ de vision, fixé sur un point invisible sur le mur qu’elle avait devant elle « Ma prise de sang sera forcément mauvaise, mais je suis à 99% sûre de ne couver rien d’autre qu’une carence en magnésium. Pas de quoi faire une annonce publique, ça se soigne en deux-deux. » Pas comme les cauchemars ou les crises de panique. Pour ça, il faudrait qu’elle de se laisser aller, qu’elle crache ce qui lui restait en travers de la gorge depuis des années, et pas face à son thérapeute qu’elle voyait de moins en moins par manque de temps, mais aussi de bonne volonté. Yasmine aspira une nouvelle rasade de jus. Se rejouant rapidement sa tirade sur son écran mental, elle fronça les sourcils lorsqu’elle s’arrêta brusquement sur ce qu’elle avait laissé échapper ; elle étudiait beaucoup. Elle pinça les lèvres un instant, puis elle se somma de recommencer à respirer – ce qu’elle fit en prenant une grande inspiration « Je vais passer l’examen d’entrée en fac de médecine. Je ne sais pas quand exactement, mais c’est en projet, et c’est sérieux. » Et elle posa délicatement sa brisque de jus. Elle n’avait pas voulu en parler tout de suite à Sohan, n’ayant pas envie que ça devienne le seul sujet de conversation qui rythmerait leur séance footing. Yasmine était avant tout terrorisée par son échec potentiel, et dans son esprit vif, et un peu alambiqué au demeurant, elle se disait que si moins de monde était au courant de ses velléités, la chute serait moins difficile à supporter lorsqu’elle se vautrerait lamentablement, pas au top de ses capacités ; Clara savait, Hassan savait, Sloan savait – ajouter Sohan à la petite liste des privilégiés à connaître ses ambitieux plans d’avenir, c’était aussi gonfler celle de ceux qu’elle décevrait immanquablement à la fin, et cette idée fit manquer un battement à son cœur.  Mais ici, elle avait parlé trop vite, et ne pouvant décemment pas revenir sur ce qu’elle venait d’annoncer, elle choisit de faire quelque chose qu’elle faisait assez rarement finalement : elle s’avoua en difficulté, n’usant d’aucune parade ou d’aucun filtre pour atténuer ce qu’elle ressentait à ce sujet – et au sujet de tant d’autres choses aussi, mais chaque chose en son temps comme disait maman « Ça m’angoisse. Je crois que c’est plutôt normal, non ? »
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Message(#) Sujet: Re: bloodstream (khadji²) bloodstream (khadji²) EmptyMar 25 Déc 2018 - 23:48


Sohan n'était pas médecin, il n'avait pas de réelle connaissance en médecine, tout ce qu'il savait, c'était quelques informations qu'il avait pu réunir par-ci par là par le biais de Yasmine, quand elle lui parlait de son métier. Ses connaissances étaient donc très sommaires et à première vue, pour lui, sa soeur allait bien. Il était donc plutôt perplexe. Elle avait l'air d'aller bien, certes un peu fatiguée, mais rien d'alarmant, mais d'un autre côté, pourquoi l'auraient ils appelé s'il n'y avait rien ? Là était tout le soucis. Pour sa soeur visiblement, ce n'était rien de grave et il n'y avait pas de quoi s'inquiéter. D'ailleurs, elle ne manquait pas de minimiser la situation ce qui fit lever les yeux au ciel au jeune homme. Elle était incorrigible. Même là, assise sur un banc aux urgences, il fallait qu'elle tente par tous les moyens de n'inquiéter personne. Il n'était pas dupe et ça ne le rassurait pas pour autant. "Pourquoi ils m'ont appelé si c'est pas dans les priorités ? J'suis quand même là pour te ramener à la maison, donc c'est quand même pas rien." Lui répond-il. Il n'a pas de connaissance en médecine, mais il a tout de même de la jugeote. Quelqu'un ne quitte pas son lieu de travail pour une simple chute ou un simple malaise. Dans le pire des cas, ils lui auraient fait prendre une pause, histoire qu'elle mange quelque chose, qu'elle boive un jus de fruit ou un verre d'eau et puis ils l'auraient laissée reprendre son poste pour le reste de la journée. C'était comme ça qu'il voyait les choses et donc il ne pu s'empêcher de lever un sourcil inquisiteur dans sa direction quand elle lui dit être 'juste tombée'. Il lui jette un regard qui en dit long, un regard qui veut dire 'sérieusement ?' Il ne croit pas vraiment ce qu'elle lui raconte. Ou du moins, il est persuadé qu'elle ne dit pas tout, son ton disait bien plus que ce qu'elle voulait laisser paraitre. Il la connaissait bien trop pour se faire berner aussi facilement et elle le savait très certainement. D'ailleurs, elle élabore un peu plus, lui parle de son emploi du temps chargé avec un bon mélange de gardes et de manque de sommeil. Il tique cependant sur le fait qu'elle dise étudier, il ne savait pas que même maintenant elle devait encore étudier. Il ne dit rien à ce sujet cependant, là n'étant pas forcément la question sur le moment. "Tu forces trop, tu devrais te ménager, sinon tu vas pas pouvoir tenir la distance Yas." lui dit il. Ce n'est pas un reproche qu'il lui fait là. C'est simplement son côté grand frère protecteur, qui s'inquiète un peu trop, qui ressort. Il sait très bien que ce n'est pas parce qu'il lui dit ça qu'elle va l'écouter, mais il s'en moque. Il l'a dit, elle sait ce qu'il en pense, pour le reste, elle et en âge de décider comment mener sa vie. Après tout, il ne peut la forcer ni la contrôler de toute façon. Ca ne le rassure pas forcément de l'entendre lui dire que sa prise de sang sera probablement mauvaise, elle a beau lui dire qu'elle ne pense pas avoir autre chose qu'une simple carence facile à corriger, il a comme impression que tout ceci n'est que la partie immergée de l'iceberg et pour le coup, il ne sait pas trop s'il se fait des films ou pas. Il essaye cependant de se rappeler que la médecine c'est son domaine à elle et qu'elle a surement raison, mais il tient tellement à elle qu'il ne peut s'empêcher de s'inquiéter. "Si tu le dis. De toute façon on va être fixés rapidement et après crois moi que je vais pas te lâcher, s'il faut que tu prennes des vitamines ou je ne sais trop quoi." S'il fallait qu'il la harcèle, il le ferait.

Elle finit par dire qu'elle va passer l'examen d'entrée à l'université de médecin. C'était donc ça ce dont elle parlait quand elle disait qu'elle étudiait. Il se sent un peu con sur le coup, car il n'avait aucune idée que c'était un des projets de sa soeur. Du moins, il n'avait aucune idée que c'était un de ses projets actuels. Il savait qu'avant d'étudier pour devenir infirmière, elle avait toujours rêvé de faire médecine. Il ne savait pas que c'était de nouveau au gout du jour. Cependant, il était content pour elle, si elle trouvait quelque chose qui la motivait. Il se disait assez égoïstement que si elle se lançait dans cette voie-là, elle allait sans doute rester en Australie et à Brisbane encore un bon moment. "Tu m'avais pas dit ! Tu as commencé à mettre ça en place quand ? C'est par ça que t'es si fatiguée ?" Lui demande t-il. Ca expliquerait beaucoup de choses. Si elle doit réviser un concours d'entrée en parallèle de son travail d'infirmière qui est déjà extrêmement prenant. Il y a de quoi accumuler une bonne dose de stress et de manque de sommeil. Il est surpris quand elle lui dit que tout cela l'angoisse. Il ne s'attendait pas à entendre quelque chose comme ça sortir de sa bouche. Surtout pas aujourd'hui quand elle avait passé cinq bonnes minutes à lui soutenir que tout allait bien. "Bien sûr que c'est normal." répond-il avant d'ajouter. "J'ai même envie de dire que ça doit être d'autant plus angoissant pour toi que pour ceux qui commencent à peine leurs études." Oui, elle n'avait pas l'emploi du temps lui permettant d'aborder cet examen le plus sereinement du monde et puis il fallait aussi mettre dans l'équation le fait qu'elle avait déjà un travail, qu'elle était bien établie et qu'elle allait tout droit vers un changement radical. Alors, oui, bien sûr que c'était normal d'être angoissée. "Faut vraiment que tu fasses attention à toi quand même. Je sais que tu me trouves surement chiant à te dire ça, mais tu sais que j'ai raison." C'est lui le plus vieux donc il a toujours raison techniquement, non ? Il ne voulait pas qu'elle compromette sa santé surtout que ça n'apporterait rien de bon au final. Il valait mieux se ménager un peu plus selon lui. "Après si tu veux vraiment mon avis, je pense que t'es largement capable d'y arriver. T'es une super infirmière, t'as déjà des connaissances en médecine longues comme le bras. Ok ça fait pas tout, mais t'as de bonnes bases. Il y a pas de raison que ça ne fonctionne pas." Ajouter à ça le fait qu'elle était surement très motivée. C'était peut-être son côté frère pas très objectif qui parlait, mais pour Sohan, il n'y avait pas vraiment de doute quant au fait qu'elle allait réussir haut la main. A la condition qu'elle se ménage et fasse attention à elle, sans minimiser sa fatigue ou son stress.
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Message(#) Sujet: Re: bloodstream (khadji²) bloodstream (khadji²) EmptyMer 2 Jan 2019 - 23:02


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« C’est moi qui leur ai demandé de t’appeler. » précisa calmement l’infirmière, la bouche endolorie par le sucre qui s’insinuait doucement dans ses veines. Posant l’arrière de sa tête contre le mur, elle faillit ajouter quelque chose impliquant le regret graduel qu’elle ressentait de l’avoir fait sans hésiter. Peut-être qu’elle aurait dû peser le pour et le contre finalement, anticiper les questions de Sohan pour mieux supporter l’interrogatoire qu’il lui faisait subir sans même s’en apercevoir – une sorte de déformation professionnelle, supposa-t-elle en glissant brièvement son regard sur son profil, le détaillant avec prudence et admiration. Puis elle baissa la tête, triturant le bord de ses ongles mi-longs, une canine perçant à peine sa lèvre inférieure pendant qu’elle retenait un sourire mal venu, un sourire amer. Prenant une grande inspiration, c’est avec diplomatie, n’ayant pas son pareil pour désamorcer les tensions à peine pointaient-elles le bout de leur vilain nez que Yasmine murmura, tout simplement « Pardon, d’ailleurs. Tu dois avoir mieux à faire en ce moment. » Ajoutée au reste, l’impression qu’elle était devenue une pièce rapportée dans le quotidien de ses proches chagrinait de plus en plus la jeune femme. Elle ne savait plus comment faire pour pallier les mois qu’elle avait passé en Afrique, ressentant ses maigres efforts comme des tentatives culottées, voire désespérées, d’attirer l’attention. Ce qu’elle détestait, par modestie ou par pudeur, qu’importe en vérité : dans les deux cas, elle n’aimait pas ça. De ce fait, elle s’isolait beaucoup, elle évitait souvent, elle ruminait inlassablement… pensant que, très bientôt, les choses reviendraient à la normale d’elles-mêmes, qu’elle avait eu raison d’abandonner sa thérapie imposée ; que c’était elle qui mettait trop de temps à reprendre les choses là où elles les avaient laissées en s’en allant, tandis qu’elle tachait d’agir comme avant, mais s’apercevant que tout sonnait faux, car personne ne lui avait fourni de nouvelle partition.
Couvant une angoisse tenace, et des regrets qui l’étaient tout autant, elle savait que, foncièrement, elle ne rattraperait jamais ce qu’elle avait manqué. Et puisqu’elle avait déjà mis un pied en dehors de Brisbane une fois sans que tout ce qu’elle avait laissé derrière elle, conflits et non-dits, ne s’améliorent ou ne s’enveniment, il lui arrivait de se dire que d’un côté, ce n’était pas si grave qu’elle le ressentait – c’était la vie, en somme. Dans l’hypothèse d’un nouveau départ, une idée qui grandissait encore et encore, la vie suivrait son cours comme elle avait suivi son cours durant ses huit mois d’absence ; Sohan vivrait reclus de son clan, Hassan poursuivrait prudemment sa route, Clara un peu moins, ses parents vieilliraient… et tout ça sans que son influence ne vienne perturber quoi que ce soit, tant c’était logique et inévitable. Alors pourquoi s’obstinait-elle à rester là, mûrissant des rancunes injustifiées, et des appréhensions malsaines ?

Refusant de s’enfoncer trop loin dans ses pensées, elle se permit d’enfin relâcher le rire qu’elle retenait pour lancer à Sohan qui la menaçait de venir lui faire prendre des vitamines en personne s’il le fallait « Si j’avais su qu’il ne fallait que ça pour que tu passes de nouveau le seuil de la maison, je serais tombée malade bien avant. » Consciente que sa dernière boutade pourrait l’inquiéter plus que de raison, elle précisa sans aucune malice, tournant la tête dans sa direction pour chercher son regard. Elle planta ses pupilles dans celles de son frère « Je ne suis pas malade, je te le jure. » Et quand Yasmine jurait, non seulement c’était sincère, mais ça voulait surtout dire que le débat était clos. Elle soutint son regard un court instant néanmoins, s’assurant qu’il avait bien saisi, et entama un autre sujet, et pas des moindres « Hopla, on se calme sur l’interrogatoire. » s’amusa-t-elle, tirant sur le sparadrap qui recouvrait l’intérieur de son bras, à l’endroit où sa prise sang avait été faite. Sciemment, elle se leva du strapontin pour aller le jeter à la poubelle fixée à un chariot laissé dans un coin du couloir, et tout en rebroussant chemin, elle lui répondit « Tu veux parler des petits jeunes qui sortent à peine du lycée et qui, en plus de bénéficier de tout un panel de bourses d’études, sont encore assez endurant pour emmagasiner des notions sans risquer le trop-plein cérébral ? » Un haussement de sourcils plus tard, alors qu’elle effectuait un rapide comparatif entre elle et ses concurrents directs, et elle se réinstalla à côté de Sohan en concluant, très peu convaincue, mais pleine de bonne volonté, comme toujours « Ouais, t’as sûrement raison. » Seulement, elle l’était cent fois, mille fois plus que tous ceux-là.
Elle soupira, posant sur le jeune homme un regard en biais que la moue qu’elle emprunta à cet instant rendit involontairement ironique. Hassan avait tenu le même discours que Sohan. Autant de la part de l’un que de l’autre, les compliments qu’ils lui décernaient la touchait plus qu’ils ne l’imaginaient, même si quelque part, elle les soupçonnait de faire preuve d’un léger manque d’objectivité qu’elle se hâta de souligner en disant, un coin du visage remonté par le sourire en coin qu’elle laissa percer « Je suis ta petite sœur. Je pourrais décider de devenir jongleuse dans un cirque que tu m’en penserais capable. » Elle aurait de l’avenir au demeurant, plutôt bonne jongleuse, mais le sujet n’était pas celui-ci à ce moment-là. Assise tout au bord de son siège, elle tritura de nouveau ses ongles, les fixant un instant, avant de reprendre au compte-gouttes, se raclant la gorge par intermittence, et déroulant sa pensée lentement, mais plus sûrement que jamais « Je me demande si je devrais pas explorer d’autres options. En termes d’universités, je veux dire. » Partir, elle l’aurait fait de nouveau à un moment donné – si elle réussissait ses études, c’était ce qu’elle comptait faire. Mais soudain, ses projets se superposant, elle improvisa pour recueillir l’avis de son frère. Encore une fois, son cœur pulsa.
Elle ne partirait pas si loin cette fois-ci, tenta-t-elle de se rassérénée, et avalant difficilement sa salive, elle garda son regard volontairement concentré sur ses mains qui tremblèrent un peu quand, confrontée à la tournure que prenaient ses confidences, elle dit « Tu sais, me renseigner à propos d’autres campus que ceux de Brisbane. Edge m’a beaucoup parlé de Melbourne, alors… » Et comme souvent dans ces cas-là, elle-même prise par surprise, et préférant taire ce qui se bousculaient à l’orée de sa gorge, Yasmine ravala ses mots et haussa les épaules, osant à peine tourner la tête vers Sohan.
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Message(#) Sujet: Re: bloodstream (khadji²) bloodstream (khadji²) EmptyDim 6 Jan 2019 - 0:20


C'était elle qui avait demandé à ce qu'on l'appelle. Bon sur le coup, il se sentait un peu bête maintenant. Il pensait qu'elle avait été contrainte et forcée de donner un nom et un numéro de téléphone à contacter pour venir la chercher. Il était à des kilomètres de s'imaginer que l'idée venait d'elle. Il ne s'imaginait tellement pas qu'elle allait lui dire ça, qu'il ne sait même pas quoi lui répondre sur le coup. Il se contente d'ouvrir la bouche, l'air de dire 'Ah !' et la referme aussitôt. Peut-être qu'il n'aurait pas dû s'inquiéter autant et surtout, il n'aurait pas dû l'assaillir de questions. Sinon la prochaine, si prochaine fois il devait y avoir, elle choisirait quelqu'un d'autre pour venir la chercher. Il préférait encore que ce soit lui. Pour lui c'était normal. C'était sa soeur, il lui devait bien ça. Surtout quand il ne travaillait pas et était donc totalement libre. "Tu sais bien que quand il s'agit de toi, je suis toujours disponible." Lui répond-elle. Ce n'était même pas un mensonge et encore moins quelque chose qu'il disait par politesse ou pour lui faire plaisir. C'était réellement ce qu'il pensait. S'il avait eu à quitter son lieu de travail pour venir la chercher aujourd'hui, il l'aurait fait sans même avoir à réfléchir trente secondes. Elle était sa petite soeur et si elle avait besoin de lui, elle passait devant tout le reste. C'était la vérité. Encore plus quand il n'avait rien d'autre à faire de sa journée. Certes, il avait écourté son jogging pour elle, mais franchement, est-ce que c'était réellement un sacrifice ou un dérangement ? Pas du tout si vous lui posiez la question à lui. D'ailleurs, il n'avait pas hésité une seule seconde à se rendre ici, il n'avait pas non plus cherché à demander à quelqu'un d'autre d'aller chercher Yasmine à sa place et ça, c'était bien parce que ça lui faisait plaisir. Même si ce n'était pas forcément les meilleures conditions pour voir sa soeur, ça lui permettait de la voir et de passer du temps avec elle. Raison de plus pour venir la chercher.

Est-ce qu'il venait de dire qu'il serait prêt à retourner chez ses parents ne serait-ce que pour faire prendre ses médicaments à sa soeur ? Oui. Est-ce qu'il avait réalisé que faire ça voudrait dire croiser ses parents ? Pas forcément. Yasmine, elle, n'avait pas du tout loupé ce détail et le taquina légèrement à ce sujet. Avant de le rassurer avant même qu'il n'ait le temps de s'inquiéter. Elle le connaissait bien. Il la connaissait tout autant pour savoir qu'elle n'avait pas envie d'élaborer là-dessus. Elle n'était pas malade, fin de la discussion et de l'interrogatoire qui allait avec. Ce n'était donc pas aujourd'hui qu'il allait pouvoir lui tirer les vers du nez. "T'avises pas de tomber malade juste pour ça ! Ca ferait bien trop de choses à gérer en même temps." Lui répond-il tout de même. Il plaisantait, mais il y avait quand même une part de vrai là-dedans. Après ça, il lâche l'affaire. De toute façon, elle ne se contente pas de lui faire comprendre implicitement qu'elle ne veut pas s'étaler. Elle clôt son interrogatoire de vive voix. Il sait parfaitement que pour les questions, il faudra repasser plus tard. Surtout que finalement, il était tout aussi intéressé par ce qu'elle venait de lui dire quant à son souhait de reprendre ses études. "Oué c'est ça ! Je veux parler de ces petits jeunes qui sont encore ton conditionnés par l'école. Mais qui à la différence de toi ne connaisse absolument rien en médecine. Ils ont la méthode, toi t'as les connaissances." Lui répond-il. Il n'avait pas de doute quant à sa réussite. Peut-être parce qu'il n'était pas objectif, mais pour lui, elle pouvait réussir dans tout ce qu'elle voulait. Comme devenir jongleuse dans un cirque. "Bah pourquoi tu pourrais pas être jongleuse ?" Lui demande t-il avec un grand sourire dessiné sur les lèvres. "Tu peux dire que je suis pas objectif, mais moi je pense que justement je suis très objectif et que tu peux faire tout ce que tu veux. Tant que t'es motivée, il y a pas de raison que tu réussisses pas." C'était plutôt logique pour lui. Même si ce n'était pas de sa soeur qu'il s'agissait il aurait pu dire la même chose. Avec de la motivation et du travail, en théorie, tout était possible. Si par exemple il décidait de se mettre au violon et qu'il s'y mettait sérieusement, il allait bien finir par réussir à jouer quelque chose correctement à force de travailler. Selon lui, c'était avant tout une question de motivation. La personne la plus intelligente du monde pouvait échouer des n'importe quelles études si elle n'était pas motivée et ne fournissait pas au moins un effort minimal. "Ah ? Tu penses qu'il y a des programmes plus intéressants ailleurs ? Ou ça t'aiderait d'être dans une autre ville ? Ou alors tu veux juste te débarrasser de moi ?" Finit en plaisantant. Il y avait plein de raisons qui pouvaient pousser quelqu'un à quitter sa ville natale pour ses études. Pour Sohan Brisbane avait tout de suite était une option et pas seulement parce qu'il avait toujours vécu ici, mais parce que le cursus qu'il voulait suivre était disponible là. Il n'avait pas eu ce besoin de chercher ailleurs. "Et alors quoi ?" Lui demande t-il doucement en lui touchant le bras, ne sachant pas si elle allait dire le fond de sa pensée ou si elle allait simplement passer à autre chose. "T'as regardé un peu Melbourne alors ? C'est un peu loin et je t'aurai égoïstement proposé Sydney, mais si Melbourne t'intéresse, tu devrais y jeter un oeil." Lui demande t-il ensuite. Melbourne c'était loin, mais c'était toujours plus proche que le Niger. Ca restait l'Australie, ça restait donc un pays qu'il connaissait. "Tu te lances pas dans un truc simple, alors autant que tout te plaise. Il faut pas que tu fasses un choix par défaut je pense." Il ne la poussait pas dehors, mais il voulait qu'elle sache qu'il respecterait n'importe qu'elle décision qu'elle pourrait prendre, même si cette décision voulait dire qu'elle s'en allait à plusieurs milliers de kilomètres.
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Message(#) Sujet: Re: bloodstream (khadji²) bloodstream (khadji²) EmptyDim 13 Jan 2019 - 12:30


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« A cause de la tenue. Les paillettes, ça gratte. » rétorqua-t-elle du tac-au-tac. Les sourcils et les paupières légèrement froncés, Yasmine s’inclina pour poser ses coudes sur ses genoux qu’elle fit tressauter nerveusement, non sans grimacer en réponse au petit picotement qui lui chatouillait toujours l’intérieur du bras. Soudain, fixant le mur devant elle, elle donna l’impression d’y contempler son avenir. Avant de prévoir son séjour au Niger, tout était si clair dans son esprit. Elle n’aspirait plus à grand-chose, si ce n’était poursuivre la petite vie calme qu’elle s’était bâtit au fur et à mesure. Elle n’était pas fermée aux surprises que lui réservait l’avenir, plutôt aventureuse et curieuse de s’y soumettre pour l’expérience. Si elle tombait, elle se relevait avec le sourire, prête à recommencer jusqu’à atteindre le but à accomplir, courageuse et gentiment têtue. Mais aujourd’hui, elle avait peur de tout, et plus précisément de cette fichue chute qui la guettait sans cesse – comme en témoignait son malaise, heureusement il y avait eu peu de chance qu’elle tombe encore plus bas. Alors qu’en quittant l’Australie, elle était déterminée à continuer sur sa lancée, elle y était rentrée avec un sentiment d’insatisfaction qui la rongeait de l’intérieur, et qu’elle pensait ne pas être en droit de ressentir. Elle n’avait pas à se plaindre contrairement à d’autres, elle s’en sortait drôlement bien. Pourtant, une voix à l’intérieur de sa tête lui murmurait qu’elle méritait encore plus, et elle avait beau tout faire pour l’ignorer, elle avait fini par s’installer, caquettant et ricanant sans cesse face à ses difficultés, la jugeant parfois, l’humiliant davantage.

Les couloirs des urgences étaient plutôt silencieux à ce moment-là. Remuant sur son siège, Yasmine constata à quel point ça l’angoissait désormais d’être soumise aux longues pauses silencieuses, elle qui autrefois se complaisait dans la quiétude. Clignant des yeux pour se reprendre, elle se demanda si Sohan pouvait entendre cette fameuse voix, et parce que ça la gêna d’y réfléchir, elle se redressa en lâchant un court soupir. Puis, elle le regarda un instant. Secouant imperceptiblement la tête en l’entendant chanter ses louanges, et vanter les mérites de sa surmotivation comme s’il n’y avait pas d’autres facteurs à prendre en compte dans ces cas-là, elle voulut soupirer une nouvelle fois, mais elle se retint, préférant laisser un sourire en coin fendre l’expression sérieuse de son visage, quand elle lui dit avec une nuance de taquinerie dans le ton « Tu parles comme Hassan. » Il lui tenait plus ou moins le même discours que le jeune homme. Ça avait beau lui serrer le cœur, ces dernières semaines qu’elle avait passé à le fuir la rendant plus nostalgique qu’elle oserait l’avouer à qui que ce soit, elle trouvait ça réconfortant de retrouver un petit quelque chose de lui dans la façon dont son frère envisageait les choses pour apaiser ses doutes. Même si au fond, ça lui faisait aussi grincer des dents de s’apercevoir à quel point ils lui faisaient confiance – ça lui ajoutait une pression supplémentaire « Un peu des trois, pour être honnête. Mais surtout pour me débarrasser de toi. » Et elle le gratifia d’une grimace tout en froncements de nez et fossettes rieuses. Avant qu’il ne lui touche le bras, elle déplaça un long rideau de cheveux par-dessus son omoplate, puis elle se pencha vers lui pour poser la tête sur son épaule. Yasmine reprit avec calme et résignation, fixant toujours ce mur vierge devant elle « Et alors j’en sais rien, Sohan. » Un soupir, très long cette fois, et elle poursuivit, convenant que tourner autour du pot ne servirait à rien ; elle en avait déjà beaucoup trop dit de toute façon « Si je me lance vraiment dans ce projet, je dois mettre toutes les chances de mon côté et le faire dans un environnement qui me permettra d’avoir l’esprit plus tranquille que maintenant. » Elle renifla sans expliciter, alors qu’elle en aurait eu des choses à dire à ce sujet. Elle cala plus confortablement sa tête sur l’épaule de son frère. Sa joue se rabougrit un peu, lui donnant une mine plus boudeuse, et lorsque Sohan exprima le fond de sa pensée avec justesse, Yasmine n’hésita pas à le suivre dans son raisonnement « Je sais, c’est pour ça que c’est compliqué. Je vais devoir faire des concessions et je suis pas sûre que ça plaise à tout le monde. » Parce qu’elle avait fait des promesses, à Hassan, à ses parents… ces derniers, elle le utilisa comme excuse toute trouvée pour expliquer ses doutes « Je suis déjà à la limite de ce que les parents peuvent tolérer. Je t’apprends rien, ça donne à réfléchir. » Elle voulut en rire, mais elle n’y parvint pas. A la place, elle déglutit et ferma les yeux brièvement, pensant à ces dernières semaines où elle s’était enfoncée si profondément dans une sorte de dépression latente qu’elle ne se reconnaissait plus vraiment.  Elle sentit sa gorge se rétracter, aussi ce fût un ton en-dessous qu’elle conclut « Que ce soit Sydney ou Melbourne, c’est pas si loin en avion. » Ses sourcils tressaillirent « Hey, ça te donnera des perspectives de voyage. Faut pas que tu restes trop enfermé, tu pâlis. » Et les yeux se détachant du mur en face d’elle, elle lança un regard par-dessous vers le profil de Sohan, et tendit le bras pour venir tapoter l’une de ses joues, beaucoup trop maigrichonnes à son goût.


Dernière édition par Yasmine Khadji le Dim 20 Jan 2019 - 15:34, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: bloodstream (khadji²) bloodstream (khadji²) EmptyJeu 17 Jan 2019 - 23:39


C'était donc ça ! La tenue à paillettes serait donc ce qui pourrait empêcher sa soeur de devenir jongleuse. Ca fait rire Sohan sur le coup. Il ne s'attendait pas à une telle réponse de sa part, même s'il aurait dû s'en douter. Yasmine avait toujours fait preuve de répartie, ça n'allait pas changer aujourd'hui. "Oh si c'est que ça je suis sûr que tu peux trouver une tenue sans paillette." Lui répond-il en plaisantant. Si la tenue était le soucis, il suffisait de changer la tenue, rien de bien compliqué là-dedans. Une chose de plus qui pouvait démontrer que Sohan était persuadé que sa soeur était capable de faire absolument tout ce qu'elle pourrait entreprendre. Le jonglage ou la médecine, ça avait beau être bien différent, il restait sûr qu'elle pouvait réussir l'un ou l'autre. Du moment qu'elle était motivée et qu'elle l'avait décidé. Il était certain que rien ne pourrait l'arrêter. Elle était loin, très loin d'être bête et il serait presque prêt à parier qu'elle pourrait mettre le monde à ses pieds si un jour elle se mettait ça en tête. Il n'était très certainement pas objectif, mais il défendrait cette idée bec et ongle s'il le fallait.

D'ailleurs, devant elle, il n'hésite pas à vanter ses mérites. Il ne sait pas vraiment si ça sert à quelque chose. Il ne sait pas si elle a besoin d'entendre ça ou pas, mais ça lui tient à coeur de lui dire. C'est la façon la plus simple qu'il ait trouvé pour lui faire comprendre qu'il la soutenait à 100% et qu'il était de tout coeur derrière elle. Quand elle lui dit qu'il parle comme Hassan, un sourire se dessine sur son visage. Hassan était son meilleur ami, ils avaient passé tellement de temps ensemble que pour Sohan ce n'était pas très étonnant qu'ils finissent par ressembler l'un à l'autre sur certains points. Il serait incapable de compter le nombre d'heures qu'il a passé à écouter Hassan parler c'était normal qu'il finisse par parler comme lui, dans une certaine mesure. "Ca t'étonne ?" lui demande t-il, son sourire toujours dessiné sur les lèvres avant d'ajouter. "D'ailleurs, en parlant d'Hassan ... Je l'ai croisé dans un café de Spring Hill il y a pas si longtemps que ça." Ca faisait quelques semaines maintenant qu'il avait croisé Hassan. Il n'avait cependant pas encore parlé à Yasmine de cette rencontre un peu hasardeuse qui les avait forcés à s'adresser la parole de nouveau. Ce n'était pas que ça ne lui avait pas fait plaisir, c'était surtout qu'il avait toujours du mal à y croire. Après toutes ces années il ne pensait pas que l'abcès allait se crever de manière si inattendue et il avait encore du mal à réaliser qu'il avait revu son meilleur ami. C'était donc pour cela qu'il n'en avait pas encore parlé à Yasmine. Comme s'il allait faire tout capoter en s'empressant d'en parler à sa soeur. Cependant, il avait trouvé que ce moment précis se prêtait bien à cet aveu. Une bonne nouvelle ne ferait sans doute pas de mal à sa soeur aujourd'hui. "Mais bon, le plus important aujourd'hui, c'est quand même toi." Ajoute t-il. C'était elle sa préoccupation du jour et il aurait largement le temps de tout lui raconter à propos d'Hassan à un autre moment. Il prend une mine choquée et lui pince gentiment le côté quand elle dit que s'éloigner de lui est une des raisons pour lesquelles elle s'intéresse à d'autres campus que celui de Brisbane. Elle devrait savoir qu'à Brisbane ou ailleurs en Australie, on ne se débarrasse pas de lui si facilement.

Il reprend cependant une mine un peu plus sérieuse quand elle lui fait part de ses craintes. Il hoche la tête de haut en bas quand elle parle des conditions qui lui permettront de réussir ce projet. Il comprend ce qu'elle veut dire. Effectivement, être loin de Brisbane pourrait grandement contribué à cet environnement propice au travail. Loin de Brisbane, les seules choses auxquelles elle aurait à penser, ce serait elle et ses études. Difficile de faire plus tranquille comme environnement de travail selon Sohan. C'était certain en revanche que ça n'allait pas plaire à tout le monde. Malgré lui, avant même qu'elle ne le dise de vive voix, Sohan pense à ses parents. C'est sûrement eux qui auront le plus de mal à se faire à une telle idée. Ils sont de la vieille école et Sohan peut déjà imaginer qu'ils auraient du mal à comprendre qu'on puisse vouloir se lancer dans quelque chose de plutôt incertain quand on a déjà fait des études et qu'on a une situation. Il peut les comprendre cependant. Même s'il a foi en elle et qu'il ne doute pas de sa réussite, ça restait incertain. "Je pense qu'ils se feront à l'idée rapidement quand tu seras lancée. Là pour eux je pense que c'est un peu dur à imaginer, mais une fois que tu auras commencé, j'suis certain qu'ils seront trop fiers de raconter que leur fille va devenir médecin." C'était sans doute un peu hypocrite de sa part de dire ça d'une certaine mesure, puisqu'il répétait depuis des années que ses parents ne comprendraient jamais son choix de ne pas vivre dans le mensonge, mais il considérait que la situation était bien différente et que la pilule était bien plus facile à avaler. Elle pouvait penser le contraire si ça la chantait. "Melbourne c'est un peu plus loin quand même. Après, tu me diras, une fois que t'es dans l'avion, une heure de plus ou une heure de moins ça change pas grand-chose c'est vrai." Lui dit-il. Ca ne l'enchantait pas vraiment d'entendre qu'elle considérait la possibilité de partir dans une autre ville, mais il respecterait son choix quoi qu'il advienne. Après tout, sa petite soeur n'était plus si petite que ça et il ne pouvait pas la retenir si elle ne voulait pas rester. "Des perspectives de voyage, ou alors je peux te suivre jusque là-bas pour faire le chaperon et te surveiller. Je pourrai même te faire à manger, comme ça tu auras ça en moins à faire. Puis en même temps je prendrai des couleurs. Même si pour ma défense, l'été vient de commencer, je peux pas être marron." Lui répond-il en plaisantant avant d'ajouter. "Mais attends, tu veux aller là-bas pour étudier ou te dorer la pilule toi ? Car tu sais ici aussi on a l'océan, en trente ans tu aurais dû le trouver." Il plaisante bien sûr, mais comme elle lui parle de bronzer, il ne se gêne pas pour se moquer un peu.
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Message(#) Sujet: Re: bloodstream (khadji²) bloodstream (khadji²) EmptyDim 20 Jan 2019 - 15:30


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Est-ce que ça l’étonnait vraiment, qu’au fil des années, la voix de Sohan et d’Hassan avait fini par démontrer les mêmes accents, leurs conseils se réverbérer mélodieusement aux oreilles de leur entourage proche, et leurs pensées immédiates correspondre avec une telle osmose que, pour elle, témoin privilégié de leurs bons et mauvais moments, agissant dans l’ombre pour qu’ils envisagent sérieusement la réconciliation, ça en devenait un peu effrayant ? « Pas vraiment. » admit Yasmine, un petit sourire remontant le coin de ses lèvres. Et sans transition, elle se redressa comme un Diable sortit de sa boîte lorsque Sohan lui révéla avoir croisé Hassan récemment. Evidemment, le dos de sa main s’abattit en travers de son abdomen, car faussement vexée d’avoir été tenu à l’écart de cette grande nouvelle, elle entendait bien le faire comprendre à son aîné, et pas de la façon la plus douce qui soit, malgré son manque notoire d’énergie. Elle sembla soudain retrouver un peu de couleurs, cependant, tandis qu’elle ouvrait grand la bouche pour démontrer son mécontentement.

C’est pour fustiger le jeune homme qu’elle retrouva sa voix, perdue pendant quelques longues secondes, partagée entre la surprise et l’excitation de voir cette situation avancer, même si ce n’était qu’un peu – un pas à la fois, comme elle le lui avait dit l’autre fois « Et tu me dis ça que maintenant, t’es sérieux, Sohan ! » Hassan se serait sans doute empressé de la tenir au courant, lui. Mais ça, elle ne pourrait jamais le vérifier, puisqu’ils se voyaient au compte-gouttes ; jamais plus de quelques minutes, la jeune femme préférant trouver des excuses pour s’éviter de rester en sa présence trop longtemps, rongée par ce qui lui avait fait tourner de l’œil, mais pas seulement. Depuis combien de temps ça durait exactement ? Assez longtemps pour qu’elle admette que, en plus d’être inutile, son obstination à le tenir volontairement à distance, à se tenir volontairement à distance, ne faisait que la rendre plus malheureuse encore que tous les doutes – qu’elle croyait farouchement avoir confirmé, soit dit en passant – qu’elle nourrissait à propos de sa relation avec Ginny, entre autres. Mais le sujet n’était pas là, et donnant presque l’impression d’avoir retrouvé la santé, ses grands yeux vert brillant d’une lueur de ravissement contagieux, elle se hâta de reprendre, couvant son frère d’un regard inquisiteur, et débitant un nombre incalculable de questions à la fois, telles que « Tu lui as parlé, au moins ? Ça s’est bien passé ? Vous vous êtes fait un câlin ? Quoi ? C’est important les câlins, il est comme ton frère, et tu l’as pas vu depuis longtemps, vous devez rattraper le temps perdu. Un bisou alors ? Oh, ça va hein, on est en 2018, détends-toi. Il avait l’air d’aller bien ? Non-non-non-non ! » Elle secoua la tête comme une dératée, faisant virevolter les cheveux qu’elle avait remis en place quelques secondes avant, et accompagnant son discours de gestes désordonnés de ses mains qui s’écartèrent dans l’espace qui les séparait ; elle s’agrippa au bras de son frère « Non, je vais bien, je te dis. Je veux tout savoir, ça fait je ne sais combien de temps que j’attends que… » Une profonde inspiration plus tard pour mieux calmer le désordre de ses fonctions vitales, et elle reprit avec emphase « Je te supplie de ne pas le gâcher, t’as pas envie d’avoir un second malaise sur la conscience, je le sais. » C’était vil de sa part, mais la situation le méritait. Elle éluda sa tentative malhonnête d’avoir gain de cause toutefois, reprenant son interrogatoire avec panache, sa voix montant dans les aigues tant elle était soudainement joyeuse « T’es soulagé ? Dis-moi que c’était pas une rencontre isolée ! Tu lui as parlé après ? T’as toujours son numéro au moins, attends, je vais te le chercher sinon ! Oh, je tachycarde. » Elle se planta deux doigts dans le cou à la recherche de son pouls qui pulsait sans doute trop fort, quand elle finit par ajouter dans un souffle éthéré, la délivrance se lisant sur son visage, malgré l’impression qu’elle avait d’être à deux doigts d’exploser de joie « C’était inespéré. » Qu’après autant d’années, ils tombent l’un sur l’autre – ça annonçait plusieurs choses, et le poids qu’elle traînait depuis longtemps au creux de sa poitrine s’allégea instantanément – de quelques grammes seulement, mais c’était bon à prendre.

Et plus rien ne sembla avoir d’importance aux yeux de Yasmine à cet instant-là. Pas même la pression que Sohan lui remit de nouveau en mentionnant la fierté de leurs parents, ni même les joutes verbales avec lesquelles elle se serait défendue en l’entendant remettre gentiment ses projets en doute, lui prétendant des velléités de parfaire son teint caramel en se dorant la pilule sur Bondi Beach – tout ça, elle le mit de côté, sans aucune hésitation. Sohan et Hassan s’étaient revus, son monde, s’il ne tournait pas encore tout à fait à sa vitesse originelle, ralenti par tout un tas de choses qu’elle croyait avoir sous contrôle, aurait davantage de chance de le faire très bientôt, et ça, c’était plus efficace que n’importe quelles pilules. Yasmine sentit ses yeux se border de larmes, et par pudeur, elle détourna brusquement la tête, non sans omettre de glisser sa main dans celle de son frère.


Dernière édition par Yasmine Khadji le Dim 10 Fév 2019 - 21:05, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: bloodstream (khadji²) bloodstream (khadji²) EmptyDim 27 Jan 2019 - 17:50


Quand Yasmine ne réagit pas alors qu'il vient de lui avouer avoir croisé Hassan. Il se demande s'il n'a pas dit quelque chose qui n'allait pas et sur le moment il se mettrait presque une claque pour lui avoir dit ça maintenant. Puis finalement, elle prend la parole et lui il baisse la tête comme un enfant qui a fait une bêtise et se fait réprimander. Il aurait sans doute pu lui envoyer un sms à peine avait il quitté le café dans lequel il avait pu discuter un peu avec Hassan. C'est sûrement ce que n'importe qui aurait fait dans une situation comme celle-ci. Sauf que lui ce n'était pas ce qu'il avait fait. Il y avait pensé tout de même, mais il y avait cette petite voix au fond de lui qui avait du mal à croire que c'était vrai. Il n'avait pas voulu s'emballer et envoyer un sms à sa soeur pour lui en parler, pour lui, ça aurait été comme s'emballer. C'était sans doute idiot. Maintenant que l'abcès avait été crevé il n'y avait pas de raison qu'Hassan et lui n'aillent pas de l'avant. "Désolé, je sais pas je crois que j'avais besoin de temps pour réaliser que c'était réel." Car franchement il n'y aurait pas vraiment pire pour Sohan. Que sa rencontre hasardeuse avec Hassan ne soit qu'illusion, qu'il y ait tout à refaire finalement. Puis il avait aussi besoin d'intégrer l'idée en elle-même. L'idée qu'après toutes ses années perdues, il avait finalement renoué avec Hassan. Certes ils n'avaient échangé qu'un petit peu autour d'un café, ce n'était pas grand-chose, mais en même temps comparé au fossé qu'il y avait eu entre eux ces dernières années, c'était énorme. "Enfin, je sais pas c'était un peu inespéré tu comprends ? Sur le moment je me serai presque pincé pour vérifier que j'étais pas en train de rêver." Qui aurait cru que dans une ville aussi grande que Brisbane il tomberait sur Hassan avec qui il n'avait pas eu de contact depuis des années ? Il n'avait jamais imaginé que ses retrouvailles avec son meilleur ami seraient le fruit du hasard. S'il avait su, peut-être qu'il aurait tenté de fréquenter les mêmes lieux que Hassan, dans l'espoir de le croiser par inadvertance. Histoire de forcer un peu la main du destin. Quand elle lui pose trois questions à la seconde il tâche de ne pas rire. Les questions, c'est toujours mieux que de se faire réprimander, même si elles partent un peu dans tous les sens. "Tu veux faire toi-même les réponses aussi ?" Lui demande t-il en plaisantant avant d'ajouter. "Pour répondre à tes questions dans l'ordre : on s'est parlé, ça s'est bien passé, on s'est pas fait de câlin, on s'est pas embrassés non plus et il avait l'air d'aller bien." il finit avec un sourire dessiné sur ses lèvres. Ca faisait tellement longtemps qu'il espérait pouvoir un jour dire ça à sa soeur et il savait qu'elle aussi attendait ce moment avec de plus en plus d'impatience. "Je vais rien gâcher, je te le promets." Lui dit il sincèrement. Il aurait même pu dire que maintenant qu'il avait repris contact avec Hassan, il ne comptait pas voir la situation changer de si tôt. Ces quelques années durant lesquelles il n'avait pas eu de contact avec son ami étaient quelque chose qu'il ne souhaitait pas vivre une seconde fois. Il allait donc tâcher d'être un peu moins bête cette fois-ci et d'agir avec un peu plus de maturité. Ce ne serait pas trop demandé.

Quand elle repart de plus belle, Sohan se met à sourire de plus belle lui aussi. Ca lui fait plaisir de voir sa soeur comme ça. Jusqu'à maintenant, il ne s'était pas rendu compte à quel point la situation avait impact sa soeur indirectement. Il savait qu'elle se trouvait entre les deux et il savait au fond de lui que ça lui faisait de la peine, mais pas à ce point là. Il avait l'impression de lui faire le plus beau des cadeaux sur le moment. "Calme toi, je veux pas que tu refasses un autre malaise. Surtout que si t'es dans les vapes, comment veux tu que je te raconte ?" lui dit il doucement en posant une main sur son bras. Il ne voulait pas non plus se faire taper sur les doigts par le personnel des urgences si sa soeur se sentait mal. Il n'était pas là pour aggraver son cas. "Je suis soulagé maintenant, mais sur le coup je savais plus où me mettre honnêtement. Je m'attendais tellement pas à le croiser que je crois bien que mon coeur s'est arrêté l'espace d'une demie seconde. C'était une rencontre isolée pour le moment, on s'est pas revu depuis, mais oui j'ai toujours son numéro, quand même ! Vu ton état je sais pas si je peux te dire ce que je m'apprête à te dire." Finit il en souriant, laissant un peu de suspens parce que ça le fait quand même un peu rire de voir sa soeur comme ça. "Bon allé je te le dis quand même, il vient diner à la maison le 24 décembre." Il ne le montre pas forcément, mais à l'intérieur il est comme un gamin qui s'apprête à recevoir ses amis chez lui pour fêter son anniversaire. Il hoche la tête pour acquiescer quand Yasmine dit que c'était inespéré. Il ne pouvait pas être plus d'accord avec ça. C'était aussi inespéré qu'inattendu, mais ça lui mettait du baume au coeur.

Il ne comprend pas réellement ce qui se passe ensuite. Il remarque simplement Yasmine qui se détourne de lui en glissant sa main dans la sienne. Un virage à 380° de son euphorie quelques minutes plus tôt. "Hey qu'est-ce qui va pas ?" lui demande t-il en dégageant sa main de la sienne pour venir passer son bras autour d'elle. "Ca te fait pas plaisir ? Ou c'est le trop plein d'émotions d'un seul coup ?" ajoute t-il pas vraiment sûr de savoir ce qui se passait dans la tête de sa cadette à ce moment précis.
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Message(#) Sujet: Re: bloodstream (khadji²) bloodstream (khadji²) EmptyDim 10 Fév 2019 - 22:06


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« Même morte, je réussirais à m’arranger pour que tu me racontes. Je suis bien la fille de maman – je le cache bien, mais j’aime les potins et celui-ci, c’est le meilleur. » rétorqua-t-elle avec bonne humeur, malgré sa soudaine tachycardie. Puis, battant en retraite en se sommant de se calmer ne serait-ce qu’un peu, un instant euphorique à l’annonce de cet évènement qu’elle avait attendu depuis si longtemps, elle s’enfonça doucement dans une émotion pudique qu’elle préféra garder pour elle, opinant simplement du chef quand Sohan mentionna cette sensation qu’il avait ressenti d’avoir son cœur si peu préparé à cette rencontre inopinée, qu’il avait cru qu’il s’était arrêté le temps d’une demie seconde. Elle comprenait parfaitement, mieux qu’il ne pouvait l’imaginer, sans doute. C’était souvent dans cet état d’esprit qu’elle évoluait, ces temps-ci, sa dernière conversation avec Ginny étant l’exemple concret que, lorsque ça concernait Hassan, elle avait beau se croire maîtresse de ses émotions, son corps et son cœur tenaient à lui démontrer le contraire en se jouant d’elle. C’était drôle, et en même temps atrocement triste, qu’ils se côtoient de nouveau maintenant, même si ça restait timide pour le moment, alors qu’elle-même s’évertuait à prendre du recul, ne sachant trop comment faire au fond, et agissant plus maladroitement que nécessaire quand elle évitait de se retrouver trop longtemps dans la même pièce qu’Hassan. Elle savait bien ce qu’ils pensaient tous les deux, qu’elle était probablement la plus mature d’eux trois, tant la façon dont elle avait tenté de les rabibocher au cours de leur querelle, qui n’en était pas une au final, n’avait pas faibli, et ce même pendant son séjour prolongé au Niger. Sauf qu’aujourd’hui, elle avait de plus en plus la désagréable impression de n’être qu’une enfant chez qui la honte se matérialisait par un besoin farouche d’esquiver le jour où on la mettrait devant le fait accompli. C’était irrationnel, mais elle s’y attelait avec tellement de volonté qu’elle n’avait même plus à y songer.
Et puis quelque part, ça lui brisait le cœur pour Hassan qu’il s’apprêtait à retrouver un frère d’un côté, mais que de l’autre, celle qu’il considérait comme une sœur cherchait à s’affranchir de cette étiquette trop collante pour qu’elle n’accepte de la porter à-même la peau. Oui, le moment, en plus d’être inespéré, était en fait particulièrement mal choisi. Mais aussi ironique fût son intime réflexion, c’était la vie, et assise-là, sur ce siège inconfortable dans le couloir des urgences, l’intérieur du bras picotant toujours un peu, elle ne put s’empêcher de céder au défaitisme et d’admettre, exceptionnellement, que sur ce coup-là, elle était foutrement mal faite, cette satanée vie ; elle en aurait presque pleuré, et ses yeux qui se bordèrent de larmes en témoignaient.  

Mais elle ravala tout ça en l’espace d’un mouvement de tête, tournant rapidement son visage vers son frère sur qui elle posa un regard tout en paupières plissées « Dis-le moi tout de suite, Sohan Khadji. » fit-elle en arabe, ne se laissant pas attendrir par le sourire du jeune homme qui, friand de suspens, prit tout son temps pour passer aux aveux. Quand la sentence tomba, Yas écarquilla les yeux « C’est pas vrai. » murmura-t-elle, prenant un peu de recul, tête rentrée si fort dans les épaules, qu’un soupçon de double-menton se forma, tandis qu’elle contemplait le mur qui s’étalait devant elle « Wouah, c’est sans doute ce qu’ils appellent un miracle de Noël. Ça donnerait presque envie de se convertir, si seulement Jésus n’était pas aussi pâle… bah oui, j’ai des standards. » Sa mère lui en voudrait de tourner en dérision les croyances des autres, elle qui était si à cheval sur les siennes. Mais secrètement – enfin, pas tout à fait étant donné ses nombreux traits d’humour à ce sujet, surtout pendant la période de Noël – ça la faisait toujours beaucoup rire que tous les culs-bénis du quartier dans lequel elle avait grandi prétendent farouchement que leur Messie était blanc, en plus d’être blond aux yeux bleus. Se mordant la lèvre en faisant couler un regard rieur sur le profil de son frère, Yasmine lui demanda avec brin de taquinerai dans le son de sa voix « T’as hâte, hein ? Mais oui, t’as hâte, je le vois ! » Et elle lui pinça le bras plusieurs fois d’affilée, exactement comme quand ils étaient beaucoup plus jeunes, et qu’elle le soupçonnait d’avoir le béguin pour un voisin, ou un camarade d’école – parce qu’au contraire de ses parents, elle avait toujours su.
Quand il enroula son bras autour de ses épaules, elle fronça le nez comme la petite dernière surprotégée qu’elle était « Ça va, je suis juste contente que ça s’arrange. C’est pour de bon, tu crois ? » En même temps, elle aurait aimé lui demander si ça promettait de grandes choses pour lui ; peut-être qu’il puiserait enfin la force nécessaire d’affronter ses parents pour faire un retour dans leur cocoon, maintenant qu’Hassan serait là pour l’épauler autant qu’elle l’avait toujours fait. Levant la tête pour le regarder, elle sentit ses yeux lui gratter de nouveau, alors elle regarda de l’autre côté pour feindre de vérifier si l’un de ses collègues se montraient enfin avec ses résultats d’analyse de sang. Pour noyer le poisson encore une fois, elle ajouta après un petit moment « Tu peux t’en aller, tu sais. Ça va prendre vraiment longtemps, et si ça se trouve, je vais pouvoir reprendre mon service tout de suite après ma consultation ; si j’en ai vraiment besoin au final. Je me sens déjà beaucoup mieux. »
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Message(#) Sujet: Re: bloodstream (khadji²) bloodstream (khadji²) EmptyDim 3 Mar 2019 - 20:07


Quand elle dit qu'elle cache bien le fait d'aimer les potins, il tente par tous les moyens de cacher le sourire qui menace de se dessiner sur ses lèvres. Cependant, il ne peut s'empêcher de lui lancer un regard interrogateur. L'espoir fait vivre comme on dit. Tant qu'elle croit savoir cacher ce genre de choses, c'est le plus important. Lui, en revanche, il ne dirait pas totalement ça. Il n'a en revanche pas le coeur à la contredire sur ce point-là. Elle a bien le droit de rêver un peu. Elle ne se trompe pas par contre quant au fait d'être bien la fille de sa mère. Elles partageaient toutes les deux cette curiosité qui caractérisait à merveille Fatima. Cette femme savait tout sur tout. Elle était au courant du moindre potin, comme si elle avait des oreilles partout. Rien ne lui échappait et il était bien compliqué que lui cacher quoi que ce soit. Avec elle, un secret n'en restait pas un très longtemps puisqu'elle finissait toujours par découvrir ce qui pouvait bien se tramer. Elle avait comme ce sixième sens qui lui faisait instantanément savoir qu'il y avait quelque chose à découvrir, que derrière une simple phrase banale pouvait se cacher bien plus que ça. Sohan n'arrivait toujours pas à croire qu'il avait réussi à cacher son homosexualité pendant tant d'années. Au fond de lui, il se demandait tout de même si sa mère n'était pas au courant depuis bien longtemps, mais avait toujours rejeté l'idée ou refusé de l'accepter. Ca lui semblait logique et bien plus en adéquation avec ce qu'elle était. Si tel était le cas, il était reconnaissant envers elle de n'avoir jamais rien dit sans qu'il ne décide de tout avouer de lui-même.

Alors, il était clair que les chiens ne faisaient pas des chats. Si Sohan n'était jamais très bon quand il s'agissait de potins, qu'il était plutôt le genre de type à tout apprendre en retard parce que trop respectueux pour être curieux, Yasmine n'avait rien à envier à leur mère et n'hésitait pas à dire qu'elle voulait être au courant de quelque chose. Quand il s'agissait de Hassan et lui, il comprenait parfaitement. Il savait que ça la touchait autant que lui et d'une certaine manière, ça la concernait tout autant. Il n'empêchait que lui n'étant pas curieux pour un sous, prenait tout de même un malin plaisir à faire durer le suspens. Non pas qu'il ne mourrait pas d'envie de tout lui raconter d'une tarte, sans même reprendre son souffle entre ses phrases. L'envie plutôt puérile de taquiner sa soeur était bien trop forte. "Un miracle de Noël ou une super idée de film à l'eau de rose qu'ils servent tous les ans à cette époque. Ca pourrait sans doute changer de ces histoires qui se ressemblent toutes dans ces films. Puis franchement ça nous permettrait aussi de restituer un peu leur messie. Ca ferait de mal à personne." lui répond-il en plaisantant même si elle n'avait absolument pas tort. Sa rencontre avec Hassan avait tout de miraculeuse si on y pensait bien. La probabilité qu'ils se croisent comme ça par hasard devait être proche de zéro. Pour un miracle, ça en était un.

Elle le taquine ensuite. Un petit sourire se dessine sur les lèvres de Sohan, qui rougit légèrement comme un enfant à qui on passerait de la pommade dans le dos. Oui il a hâte. C'est indéniable. C'est simplement étrange pour lui d'entendre sa soeur mettre des mots sur ses sentiments à lui. Lui qui est plutôt du genre réservé sur ce point. Il a énormément de mal à laisser paraitre ce genre de choses. Une pudeur dont il a bien du mal à se détacher. Même devant sa soeur. Il lui pince gentiment le bras quand elle insiste, un moyen de détourner son attention, un peu comme un moyen de défense pour lui. "Bah oui j'ai hâte." tente t-il de répondre de la façon la plus nonchalante possible, ne parvenant cependant pas à cacher son sourire. "C'est normal non ? Je suis sûr que même toi t'as hâte et que tu me bombarderas de sms et d'appels une fois la soirée finie histoire de savoir tous les détails." Dit il en souriant avant d'ajouter. "Enfin, ça c'est si tu débarques pas pendant la soirée pour pouvoir voir ça de tes propres yeux ... D'ailleurs tu serais la bienvenue." C'était aussi une possibilité. Ce n'était pas une excuse pour ne pas se retrouver seul avec Hassan. Certes ça le stressait légèrement, il avait peur de ne pas être à la hauteur de cette soirée. Même si c'était complètement idiot. Hassan n'avait pas d'attente particulière. Sohan connaissait parfaitement son ami pour savoir cela, cependant, il ne pouvait pas sortir de son esprit le fait que ça faisait des années qu'ils n'avaient pas passé de temps ensemble et au fond de lui, il avait peur que les choses aient changé. Qu'avec les années, ils se soient réellement perdu et qu'ils n'aient plus rien à se raconter. Pour Sohan ce serait terrible. Il essaie donc de ne pas trop penser à ça. Ils avaient grandi ensemble, il n'y avait aucune raison que ça se passe de la sorte. Il n'avait donc aucune raison de s'inquiéter. "J'suis sérieux. Je pense que même Hassan serait content de te voir et qu'on passe du temps tous ensemble. Pas forcément toute la soirée si tu as quelque chose de prévu, mais pour le dessert, ou plus tard." Finit il en haussant les épaules. Il ne voulait pas la forcer, mais il se disait que ça pouvait faire plaisir à toutes les parties concernées.

"J'espère !"
répond-il simplement avant d'ajouter. "Je vois pas pourquoi ce serait pas pour de bon. Maintenant il s'agit juste de recoller les pots cassés et rattraper le temps perdu." Le plus dur était fait. La glace avait été brisée, les fiertés avaient été ravalées, il n'y avait plus qu'à repartir sur de bonnes bases et en théorie, les choses devraient revenir comme avant, d'une certaine manière. Du moins, c'est ce qu'il se disait. Seul le temps pourrait dire si oui ou non il voyait juste. Il fait non de la tête quand elle lui dit qu'il peut s'en aller. Il ne compte aller nulle part. Il a toute la journée si besoin. Il n'est pas attendu par qui que ce soit. "Je bouge pas de là. Que ça prenne une heure ou dix, tu te débarrasseras pas de moi. S'il faut te ramener, je te ramène. S'ils disent que tu peux reprendre ton service, dans ce cas-là, je m'en irais, mais pas avant." dit il en croisant les bras avant d'ajouter "Et tu iras à ta consultation, que tu penses en avoir besoin ou pas. Mieux vaut y aller et entendre le médecin dire que c'était rien, plutôt que de ne pas y aller et que ça recommence non ?" Ca lui paraissait plutôt logique à lui.
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Message(#) Sujet: Re: bloodstream (khadji²) bloodstream (khadji²) EmptyJeu 14 Mar 2019 - 15:48


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"Je sais pas, je voudrais pas m'imposer." répondit-elle d'abord avec un demi sourire plein de fossettes. Sachant pourtant que Sohan disait vrai, Yasmine préféra opter pour l'incertitude, le temps de faire le point sur ses pensées qui se mirent à tourner plein régime dans son esprit. A une époque pas si lointaine, elle n'aurait en effet pas hésité une seule seconde à le bombarder de textos pour savoir comment la soirée se déroulait, impatiente de connaître les moindres détails du menu qu'il choisirait de servir et des sujets de conversations qu'ils aborderaient. Tout, elle aurait fait tout son possible pour tout savoir, se réjouissant de cette belle avancée vers la réconciliation totale, et s'enthousiasmant à l'idée que leur complicité d'antan reprendrait vite le dessus sur les rancœurs qu'ils avaient pensé avoir l'un pour l'autre sans jamais oser se l'avouer – exactement comme des frères, il n'y avait pas d'autre façon de l'exprimer. Seulement, de son côté, les choses avaient évolué depuis qu'elle était rentrée. Si elle se trouvait dans une zone de flou étrange à propos du rôle qu'elle occupait dans cette histoire entre les deux hommes, elle savait néanmoins, et ce avec une certaine netteté, que l'hésitation s'emparerait d'elle au moment d'envoyer ces fameux textos dont Sohan se moquait gentiment. Cette hésitation ne serait sans doute pas suffisamment forte pour supplanter la curiosité qu'elle ne savait pas ignorer lorsque ça concernait deux des personnes les plus importantes de sa vie, mais elle serait là tout de même, et la spontanéité qui caractérisait ses tentatives d'ordinaire serait viciée, pas aussi évidente que dans le passé. Elle redouterait les réponses que Sohan lui enverrait, Yasmine le pressentait avec tant de clairvoyance que son estomac se tordit en l'entendant l'inviter à passer, elle aussi. Dans le fond, elle aurait préféré qu'il s'en abstienne, mais ça, il n'était pas sensé le deviner "Hum, je me suis déjà engagée à servir des repas gratuits pour les sans-abris à la veille de Noël." Elle opina pour traduire la sincérité factice de ses propos, et coinça une mèche de cheveux derrière son oreille qu'elle sentait comme chauffée à blanc "Et puis, on se voit tout le temps avec Hassan. Ça lui fera du bien de pas me voir, pour changer un peu !" Mais, malgré sa mine pleine de candeur, que ce soit pour l'un ou l'autre de ses propos, rien n'était vrai. Yasmine n'avait encore fait aucun projet concret, mais comme les repas gratuits il faisait partie d'une action annuelle mise en place par la coopérative de l'hôpital, elle s'ajouterait rapidement au tableau pour corroborer son mensonge – après tout, les bénévoles n'étaient jamais de trop. Quant à ses rencontres avec Hassan… la dernière datait de tellement longtemps qu'elle aurait été bien incapable de donner des précisions sur quoi que ce soit, et c'était sa faute, elle ne le nierait pas.

Tout doucement, elle se mordit la lèvre inférieure, marquant un autre temps dans la foulée. Le regard tourné de biais vers Sohan, elle craignait, comme elle venait de le lui dire à haute voix, de s'imposer, d'occuper cette place dans laquelle on l'accusait de se complaire. Son omniprésence, que ce soit auprès d'Hassan ou de Sohan, était devenue une tare qui lui faisait honte ; parce qu'on l'avait trop souvent pointée du doigt sous le prétexte que ce n'était peut-être pas sain, surtout concernant cette proximité qu'elle avait avec Hassan, et qu'elle devait cacher quelque chose pour s'échiner à la garder intacte. Puisque ce n'était pas totalement faux, elle se disait que le temps était venu de faire quelque chose pour qu'on cesse de le souligner. Elle en avait assez de se justifier à ce sujet, et peut-être que finalement, c'était à elle seule de se raisonner, ce qu'elle tentait de faire maladroitement depuis quelques temps, avec de la bonne volonté, néanmoins. Elle s'était éloignée, doucement, prétextant tout un tas de choses pour ne pas avoir à en avouer d'autres, et elle comptait continuer sur sa lancée, n'en déplaise à la contrariété et à l'apathie dans laquelle ça la plongeait ; et clairement, un manque commençait à se creuser, le même qui l'avait fait revenir en Australie, sept mois plus tôt.

Sous les œillades de Sohan, ça s'avérait plus compliqué de ne pas flancher. En l'observant encore un peu, elle pouvait largement anticiper la déception qui se lirait sur le visage de son frère lorsqu'il prendrait conscience qu'elle venait de décliner son offre, et malgré ses décisions prises en état d'urgence, ses soupçons concernant Ginny s'étant confirmés récemment, elle ajouta après coup, voulant lui éviter la désillusion d'une soirée à l'ancienne "Je te promets rien, mais je verrai ce que je peux faire, OK ? Si ça ne termine pas trop tard, et que je pense pouvoir assumer mon service du lendemain, je passerais." Sa voix partit légèrement dans les aigues, avant qu'elle n'ajoute avec un peu plus de coffre "A condition que tu me réserves la plus grosse part de ce que t'auras décidé de préparer, évidemment." Mais même s'il respectait sa promesse, le morceau aurait un peu de mal à passer. Après s'être furtivement frottée les yeux, Yasmine reprit "Excellente résolution anticipée. Attends, je vais te la noter." Elle enleva le stylo qu'elle avait toujours accroché à la poche de sa blouse, l'actionna dans un clic caractéristique, puis attrapa le bras de son frère. Elle releva sa manche et lui nota la phrase qu'il venait de prononcer en travers de son poignet gauche "On a vu pire comme memo, tu devrais penser à te la faire tatouer." Elle lui sourit en lui jetant un regard par-dessous ses longs cils, et soupirant face à sa détermination, elle glissa de nouveau son stylo dans la poche de sa blouse ; elle fit rouler sa tête sur le côté en grimaçant, feignant la lassitude "Tant d'autorité, je suis impressionnée. Il était temps que tu montres enfin que c'est toi l'aîné." Elle lâcha un rire, puis l'attrapant par le cou, elle lui claqua un baiser un peu humide sur la joue "T'as envie d'un thé ? Ils en servent de pas trop mauvais à la cafétéria de l'hôpital…. en attendant qu'ils s'occupent de mon cas, ça fera passer le temps."
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Message(#) Sujet: Re: bloodstream (khadji²) bloodstream (khadji²) EmptyDim 12 Mai 2019 - 18:50


Il ne peut s'empêcher de pouffer de rire quand sa soeur lui dit qu'elle ne voudrait pas s'imposer. Pour lui, c'était un peu comme s'il venait d'entendre la chose la plus impensable qui puisse être. Sa soeur, s'imposer. C'était deux choses qui n'allaient pas ensemble. D'autant plus quand c'était lui qui proposait. C'était absurde et il ne savait même pas où elle avait pu aller chercher cette idée. Il s'arrêta rapidement de rire cependant, se tournant vers sa cadette et l'interrogea du regard. Son regard voulait tout dire, mais surtout c'était le genre de regard qui voulait dire "T'es sérieuse là ?" parce que oui, il se demandait quand même si ce n'était pas une blague, si elle ne se jouait pas un peu de lui quand même. Il ne pouvait pas imaginer que sa soeur soit comme un fardeau pour lui. Même si elle débarquait chez lui en pleine nuit et le tirait des bras de Morphée, il ne trouverait même pas qu'elle s'impose. Ce n'était juste pas possible et au fond de lui il espérait quand même qu'elle ne pense pas réellement ce qu'elle venait d'avancer. Quand elle lui explique ses plans pour le réveillon, il comprend un peu plus son hésitation, elle a des choses de prévues, des choses admirables qui plus est. Cependant, pour lui, l'un n'empêche pas l'autre. "Bah tu peux toujours venir faire un coucou quand t'auras fini, même s'il est tard. Puis je suis sûr qu'on t'aura gardé un peu de dessert. Tu peux pas dire non à un dessert !" lui lance t-il, lui faisant presque des yeux de merlan frit comme si ça pouvait influer sur la réponse de sa soeur. "J'suis pas sûr que ça dérange Hassan de te voir un soir de plus." ajoute t-il en haussant les épaules. "Au contraire. Tu le vois tout le temps, mais tu nous as pas vu ensemble depuis des années donc c'est pas totalement pareil." Même si on pourrait voir par là un moyen pour lui d'éviter de se retrouver seul avec Hassan, il n'en était rien. L'abcès avait été crevé, le plus dur avait été fait. Maintenant, il voulait juste profiter de cette amitié retrouvée et partager ce moment avec sa soeur était un peu comme la cerise sur le gâteau. Elle qui s'est trouvée entre deux eaux toutes ces années, pouvait enfin souffler un peu et passer un moment avec deux personnes chères à ses yeux comme au bon vieux temps. C'était plutôt ça qu'il avait en tête.

Elle ne lui promet rien pourtant, un large sourire se dessine sur ses lèvres quand elle mentionne que si sa soirée de bénévolat se termine tôt et qu'elle se sent capable de gérer au travail le lendemain, elle pourrait peut-être passer. Ce n'est pas grand-chose et connaissant sa soeur, il sait que c'est loin d'être gagné, mais pour lui, c'est toujours mieux que rien. Ce n'est pas un non catégorique et de ce fait, il ne se gênera probablement pas pour insister de manière subtile ou non dans les prochaines semaines afin de la travailler au corps et de la faire céder. D'ailleurs s'il devait jouer des sentiments pour arriver à ses fins sur ce coup-là, il le ferait probablement. Cette soirée était inespérée, telle un véritable miracle de Noël comme dans les films clichés qui investissent les écrans de télévision en cette période de fêtes. "Si te réserver la plus grosse part est la seule chose à faire pour te faire venir. Tu peux considérer que c'est bon pour moi et ça t'attendra bien au chaud quand tu arriveras. Si ça peut aider à te convaincre, peut-être même que je ferai ton dessert préféré ... ce serait bête de louper ça." Lui dit il, son sourire toujours vissé sur les lèvres. Il laisse échapper un petit rire quand Yasmine lui attrape le bras et vient recopier ce qu'il venait de lui dire. Quand elle dit qu'il devrait penser à se faire tatouer cette phrase, il fait mine d'inspecter l'écriture de sa soeur sur son bras. Comme s'il considérait pleinement cette idée, tournant son bras dans plusieurs angles pour voir les mots sous différentes coutures. "Mouais ..." finit il par dire "C'est vrai que c'est pas mal, mais je crois que c'est quand même pas pour moi les tatouages. C'est pas que j'ai peur des aiguilles, mais j'suis pas sûr d'assumer ton écriture de médecin sur mon bras toute ma vie." Finit il en plaisantant. Quand elle le taquine sur son autorité, il fait semblant d'être vexé par cette remarque. Comme si elle venait de remettre en cause toute son existence avant de se mettre à rire quand elle vient lui attraper le cou pour lui déposer un baiser baveux sur la joue. "Et toi il était temps que tu acceptes enfin le fait d'être le bébé de la famille." Lui rétorque t-il, s'essuyant la joue avec exagération. Sur le moment l'idée d'aller se chercher quelque chose à boire le botte. Il se rend compte qu'il a soif, surement à cause du sprint qu'il a tapé pour rentrer chez lui quand l'hôpital l'a appelé pendant qu'il faisait son jogging. Il se lève donc de sa chaise. "J'vais aller me chercher un thé. Tu veux que je t'en ramènes un ? A moins que ce soit pas recommandé pour je ne sais quelle raison ?" demande t-il à sa soeur, commençant à s'éloigner d'elle une fois sa réponse obtenue. Puis il s'arrête net et se retourne vers Yasmine. "T'es pas en train de faire diversion là hein ? Quand je reviens tu seras encore là et tu seras pas partie en courant te cacher dans un lieu où j'ai pas accès ?" Lui demande t-il comme s'il avait peur de se faire avoir comme un bleu et de revenir de la cafétéria pour trouver les chaises complètement vides.
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Message(#) Sujet: Re: bloodstream (khadji²) bloodstream (khadji²) EmptyLun 13 Mai 2019 - 16:30


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Le moment lui était servi sur un plateau d'argent. Seulement, Yasmine n'avait pas été habitué à l'opulence et à la facilité, si bien qu'elle feignit de ne pas considérer qu'il aurait été plus que propice d'avouer maintenant à son frère aîné qu'elle avait peut-être enjolivé les choses en prétendant voir Hassan aussi souvent que dans le passé. Après tout, Sohan était le mieux placé pour comprendre la position dans laquelle elle se trouvait en ce moment-même, coincée au milieu des non-dits qui prenaient de plus en plus de place dans sa façon d'envisager sa relation avec le jeune homme, mais aussi par son envie insupportable d'être là pour le soutenir dans les projets qu'il lui avait dit vouloir mener à bien. C'était atroce comme elle s'en voulait de la façon dont elle s'était soudainement extirpée de la promesse qu'elle lui avait faite quand il lui avait parlé de son envie d'adopter, et parce qu'elle savait combien il était important pour lui de pouvoir compter sur elle à ce sujet, elle avait constamment l'impression d'avoir emprunté le costume d'une personne qu'elle n'était pas, surtout pas en sa présence ; une dissimulatrice, de talent, qui plus est. Elle n'avait jamais été distante, encore moins timide et hésitante avec Hassan, pourtant c'est ce qu'elle était devenue, et ce n'était pas quelque chose qu'elle appréciait. Néanmoins, elle se rassurait comme elle le pouvait, se répétant que c'était nécessaire, qu'il faudrait qu'elle s'y habitue et qu'au fond, elle ne faisait que prendre de l'avance sur ce qui se passerait inévitablement quand Hassan referait sa vie avec quelqu'un – ça arriverait, quoi qu'il prétende aujourd'hui, intimement persuadé d'avoir laissé filer sa chance, et d'avoir gâché la seule expérience sentimentale qui avait valu le coup à ses yeux. Elle l'avait appris à ses dépens, Joanne lui ayant craché ses doutes au visage comme elle lui avait craché son venin pour se prémunir contre la vérité : personne n'aimait que sa moitié soit aussi proche d'une tierce personne, surtout lorsque le lien qui l'unissait à elle était floué par l'ambiguïté latente et les échanges quotidiens qu'aucun lien du sang ne venait diluer pour soigner les doutes de ceux qui accusaient. Yasmine déglutit silencieusement, et trouvant une parade pour ne pas avoir à affronter le regard de Sohan, elle marmotta un autre "On verra." Mettant ainsi de côté sa rhétorique qui consistait à lui faire remarquer qu'il la prenait tout bonnement par les sentiments lorsqu'il lui parlait de le voir, lui et Hassan, réunit pour la première fois depuis longtemps. Elle aurait tout donné pour y assister, à vrai dire, mais elle ne faisait pas confiance à ses nerfs qu'elle sentait à fleur de peau. Son malaise en témoignait mieux que quoi que ce soit d'autre à cet instant-là, Yasmine n'était plus tout à fait maîtresse de ses émotions.

L'ombre d'un sourire se dessina sur ses lèvres pleines, tandis que la tête baissée, occupée à écrire sur le bras de son frère pour ne pas à avoir à le regarder en face, elle consentit à sortir de son court silence pour lui répondre, l'air taquin "Regarde un peu l'horrible maître chanteur que t'es devenu. On dirait maman." Et c'était annoncé sur le ton le plus tendre qui soit, rien à voir avec de quelconques reproches à l'intention de Fatima. Cependant, elle psalmodia en arabe pour faire bonne mesure, ce qui la fit ressembler plus à leur mère qu'elle ne l'imaginait probablement, puis elle lui rendit son bras. Les sourcils légèrement haussés, elle ajouta en anglais "T'es juste jaloux parce que je sais écrire et que toi, pas tellement." Et dans le claquement de sa langue contre son palais, aussi sec que l'air de leur terre natale, on pouvait déceler les jolis traits de la petite-fille malicieuse qu'elle avait toujours été ; surprotégée par ses proches, et tellement reconnaissante de leurs bons soins, qu'elle préférait cent fois souffrir plutôt que qu'admettre qu'ils l'étouffaient. A cette pensée, l'impression de manquer d'air lui fit prendre une très légère inspiration.
De ce fait, elle préféra laisser la boutade de Sohan de côté, et ne pas faire ressortir son avis très tranché à propos de son statut de bébé de la famille. Après un baiser humide sur sa joue, elle l'invita à passer le temps autrement qu'en attendant à ses côtés "File, ça ira. J'ai un peu soif, mais on a une fontaine à eau dans la salle de repos des infirmières. Je vais aller y faire un tour pendant que tu vas chercher ton thé." Roulant des yeux quand il s'éloigna d'elle et qu'il l'accusa à demi-mots de l'envoyer sur un autre terrain pour pouvoir s'enfuir, elle se leva à son tour, et posa une main sur son cœur qui battait à tout rompre "Promis, juré… mais pas craché, c'est pas classe." conclut-elle en élevant la voix pour qu'il l'entende de là où il se trouvait. Elle lui renvoya une grimace bien sentie par-dessus son épaule, lui tournant le dos le temps de retrouver bonne contenance et de dépasser l'angle du couloir qui l'empêcha de foncer, tête la première, dans la poitrine du médecin baraqué en charge de son cas qui, s'arrêtant en face d'elle, lui dit de le suivre sur le ton le plus professionnel qui soit, ses résultats de prise de sang gigotant au bout de ses doigts ; signe annonciateur d'une consultation rapide et sans anicroches. Pourtant, Yasmine blêmit.

rp terminé.
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