En passant les portes de la caserne policière en ce pluvieux 19 Août 2000, je savais que ça allait être une bonne journée. Depuis que nos professeurs avaient évoqués ce cours pratique avec une autre force de protection civile, je me faisais une joie de découvrir ce qu'ils nous réservaient. Bien qu'ils aient tout gardé relativement secret, j'ai décidé de me documenter à fond sur le travail de la police australienne. Je connais la plupart des dates sur le bout des doigts, je sais ce qu'ils font, leur droits, le nombre d'années d'études à faire pour les différents corps de métier de la police. Bref, je suis totalement préparé et mon cerveau est plus que prêt à assimiler les différentes informations que nous allons recevoir.

Entrant dans la salle, c'est tout naturellement que je me dirige vers la place se trouvant exactement au milieu. Ni trop devant, ni trop derrière, juste au centre de la salle. J'y dépose mes affaires, accroche ma veste à la chaise et remet ma cravate en place alors que je me dirige vers le petit groupe de ceux déjà présent et agglutinés autour de la machine à café. Je les salut et n'ai absolument aucun problème à m’intégrer au groupe, me joignant facilement aux discussions. Très rapidement nous venons à faire des spéculations sur ce qui nous attend, lorsque la porte s'ouvre à nouveau et que Cian entre dans la pièce.

Cian, ce mec qui nous a rejoint quelques mois plus tôt et qui, pour une raison obscure, nous insupporte tous. Moi plus que les autres pour tout avouer. En vrai, je ne saurais même pas dire pourquoi. Il ne fait rien, il est là, assit dans le fond de la salle, ne dit rien, n'emmerde personne, il fait son truc. Mais peut-être est-ce bien pour ça qu'il m'insupporte ? Parce qu'il se donne des airs d'ours solitaire ? Je soupire avec dédain lorsqu'il passe à côté de nous et retourne quelques instants à la discussion avant de lancer un coup d'oeil au-dessus de mon épaule. J'attrape ensuite un gobelet que je remplie de café ainsi qu'un cookie et, portant le tout, je me dirige vers Cian, bien envie d'avoir ma petite partie de rigolade.

 «On t'as déjà dit que tu étais une personne incroyablement commune ?» lui demandais-je avec un faux sourire, déposant le café devant lui tandis que je tire une chaise pour m'installer face à lui.

@Cían Atwood

Spoiler:

Tu es aussi brillant qu'un trou noir et au moins deux fois plus lourd

Thomas & Cian

Il pleut à torrent et je n’ai pas pris de parapluie. Je vais débarqué tremper dans les locaux de la police et je vais très probablement me faire reprendre. Un militaire doit avoir son uniforme toujours impeccable qu’importe la météo. J’entends déjà ce que va me dire le chef et un soupire s’échappe d’entre mes lèvres. Pour le moment, je suis à l’abri sous l’auvent du parking et je ne suis pas en retard alors autant me griller une clope. Je sors mon paquet de la poche de ma veste et sors une cigarette. Du coin de l’œil, je vois d’autres recrues arriver ensemble. Visiblement, tout le monde a eu l’idée de faire du co-voiturage, je dois être le seul à être venu par moi-même. Je compte bien rester le solitaire du groupe encore un bon moment. Je n’ai jamais été du genre à avoir une ribambelle d’amis. À Galway, je passais tout mon temps avec Eoghan. Une fois au Lycée à Brisbane, je n’avais que quelques amis, mais cela pouvait se compter sur les doigts d’une main. Je ne suis pas rentré à l’armée pour faire amis avec les autres. Je suis là pour moi, pour prouver à mon père que je ne suis pas un moins-que-rien, pour me tirer loin d’ici sur la durée également. Je tire sur ma cigarette et au loin croise le regard d’un de nos chefs. Et merde… Je suis là, cravate au vent en train de fumer et sans être pressé d’aller rejoindre les autres. Je lui souris quelque peu, écrase mon mégot avant de le faire passer sous ma voiture d’un coup de pied. Il pleut toujours autant. Tant pis, je vais me taper un sprint.

C’est un peu essoufflé que je finis par entrer dans la salle qui nous est réserver pour la journée. Du coin de l’œil, je repère Thomas et son petit groupe de sous-fifre. Je lève les yeux au ciel et décide d’aller m’installer le plus loin possible du petit groupe. La chaise en plastique grince lorsque je m’assois faisant tourner les regards vers moi. Cette journée va être longue, je sens. Je passe une main dans mes cheveux trempés pour les ébouriffer encore plus. Je me plie jamais complètement à leur code vestimentaire alors autant continuer comme cela. Je remets tout de même ma cravate en place et tire un peu sur mes manches. Ça va le faire. Pour une fois, on sort un peu de la base et ça ne va pas faire de mal de voir un peu autre chose. Je suis curieux de savoir ce que l’académie de police nous réserve. On nous a juste demandé de venir ici, sans plus d’informations. Si on pouvait finir la journée en stand de tir, ce serait parfait. Je pourrais peut-être faire une petite frayeur à Beauregard, ça lui ferais pas de mal.

En parlant du loup… Je vois Thomas s’approcher de moi, son sourire sournois au bord des lèvres. Je soupire tandis qu’il pose une tasse de café devant moi. L’espace d’un instant, j’ai cru qu’il faisait ça de bonté de cœur, c’était sans compter sur sa remarque assassine. « On t’a déjà dit que tu étais une véritable nuisance ?! » Il faut pas me chercher comme cela alors que j’ai pas eu le temps d’avaler mon premier café. J’observe la tasse qu’il a posé devant moi du coin de l’œil. On ne sait jamais ce qu’il a pu faire avec. Au point ou j’en suis, je finis tout de même par attraper le gobelet pour en boire une gorgée. Beauregard semble vouloir me dédier toute son attention ce matin vu qu’il prend place en face de moi. « Qu’est-ce que tu me veux Beauregard ? » Il m’exaspère. Je suis persuadé qu’il ne va pas en manquer une pour étaler son savoir aujourd’hui et j’ai déjà envie de le frapper rien que pour cela. « Prêt à faire de la lèche ? »      

Il est là, cet irlandais à la face décrépie, dents jaunies par les nombreuse cigarettes qu'il inspire, les cheveux trempés lui collant sur le crâne et dégoulinant sur sa chemise, le nœud de cravate mal fait, le col mal replié. Il n'a pas fait d'effort aujourd'hui, encore moins que d'habitude. L'odeur de tabac frais et vieux ayant imprégner ses vêtements nous donne tous envie de gerber, moi le premier. Et pourtant je me retrouve, de mon plein grès, là, devant lui, avec un faux sourire et une remarque acerbe, mais avec un café et un cookie comme si ça pouvait m'excuser sans problème. Ce que je lui veux ?  « Mais je ne veux que ton bonheur et que ton intégration se fasse pour le mieux» dis-je sur un ton mielleux et dégoulinant d'ironie

 «En vrai je voulait te demander si ton père t'avais un jour appris à faire un nœud de cravate ou si c'est ta sœur qui t'as montré comment la nouer »  dis-je en désignant ladite cravate d'un coup de menton  « Parce que ça ressemble plus à un Nœud de capucin qu'au Double Windsor obligatoire» reprenais-je en hochant la tête avant de me redresser pour me pencher vers lui  «Je te conseil d'aller te regarder dans le miroir quand tu fais ça, mais évite de salir la glace avec la communication de ton image » j'arque un sourcil, demi sourire moqueur sur les lèvres  «Et arrange toi les cheveux avant que le CDRE  Williams ne te voit» avec un clin d'oeil, je lui ébouriffe rapidement les cheveux puis me redresse et retourne vers le groupe que j'ai quitté avant et qui n'ont pas perdu une seule miette de ce que j'ai dit et fait à Cian.

Peu après avoir fini notre café et être retourner à nos places, le CDRE Williams entre dans la salle. Sans plus attendre chacun de nous se met au garde à vous et ce n'est que lorsqu'il nous y autorise que nous nous asseyons sur nos chaises respectives. Williams est très rapidement rejoint par le commissaire en chef de la police ainsi que trois inspecteurs. Après une rapide explication sur le déroulement de la journée, nous sommes divisé en trois groupes : le groupe A dans la salle pour découvrir les différente armes manuelle utilisées par la police, le groupe B dans le gymnase et le groupe C dans le gymnase. Il y aura un roulement aujourd'hui et un deuxième demain afin que chacun découvre chacune des activités.

Mon nom figurant dans le début de l'alphabet, c'est tout naturellement que je me retrouve dans le groupe avec Cian et 4 autres recrues. J'aurais bien aimé être le plus loin possible de l'irlandais, mais au final nous voilà à être obligé de se supporter pendant tout le week-end. Fort heureusement, Thalia Eastwood fait aussi parti de notre groupe et c'est tant mieux. Elle fait, sincèrement, partie de ces femmes badass au grand cœur. Belle et féminine, sans pour autant être le genre de pleurnicharde et qui peut très facilement rivalisé avec la force de la plupart des hommes ici présent. Lorsqu'on nous demande de nous mettre deux par deux, c'est donc tout naturellement que nous décidons d'un commun accord d'être un binôme, écoutant avec attention le maniement du taser.

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Thomas & Cian

Je voulais venir ici, faire ce que l’on avait à faire, apprendre ce qu’on avait à apprendre et repartir. Aussi simple que cela. Efficace, propre et net. Comme l’armée me l’as appris depuis plusieurs mois. Je ne suis pas là pour me mêler aux autres. Je ne fais pas dans les sentiments. Certains ont déjà former un groupe d’amis sans se rendre compte que c’est très probablement devenu leur faiblesse numéro une. Je me soucie des autres lorsque l’on est en exercice de mission, on ne laisse jamais ses camarades derrière et on ne fait pas bande à part dans ce genre de situation. En dehors de cela, je préfère ne pas devenir réellement proche des autres. Je me contente d’échanger poli ou tout du moins, j’essaye. Clairement, c’est un exercice particulièrement difficile quand il s’agit de Thomas Beauregard. Le chieur de service qui vient m’emmerder dès le matin. Je viens tout juste d’arriver et il est déjà sur mon dos. Il a au moins la décence de m’amener un café, mais son ton mielleux ne prend pas avec moi. « A d’autres Beauregard. » Il est forcément là pour m’emmerder. C’est ce qu’il sait faire de mieux après tout. Monsieur le premier de la classe. Depuis le départ, il se croit intouchable. Il a réponse à tout et c’est ce qui m’a le plus énervé chez lui. Il y a de cela quelques semaines, je me suis mis en tête de lui prouver qu’il n’est pas le seul à savoir s’y prendre. Je ne suis pas du genre à avaler un dictionnaire, à toujours avoir la bonne réponse et obéir sagement. Pourtant, je sais me débrouiller moi aussi et ça le Commodore Williams l'a bien compris. Ce qui semble titiller bouclette depuis quelques jours désormais. Alors le voilà face à moi, son sourire stupide au coin des lèvres et cette remarque qui me fait serrer les poings fermement. On ne parle pas de mes sœurs, jamais. Encore moins lorsque c’est ma petite sœur qui me faisait mes nœuds de cravate il y a quelques années. Penser à Leah est toujours aussi douloureux, toujours aussi difficile. Alors, pendant quelques instants, je me retrouve déstabilisé et cela laisse du terrain à Beauregard qui se fait un malin plaisir à enchaîner les piques. Je le laisse faire, me concentrant sur ma respiration pour ne pas lui coller mon poing dans la figure de bon matin et devant les gradés. « Avoue que ça t’excite de me voir débrailler comme ça ! » lançais-je avant que Thomas ne se lève et vienne ébouriffer mes cheveux déjà dans un sale état. « Me touche pas ! » ajoutais-je légèrement sur la défensive. Il était obligé de faire cela. Pour ensuite aller rouler des mécaniques auprès de sa troupe de moutons. Je lève les yeux au ciel et me redresse sur ma chaise prenant tout de même le temps de refaire le nœud de ma cravate, ne voulant pas me faire reprendre. J’entends Beauregard glousser derrière moi et je prends le temps de souffler longuement pour ne pas me ruer sur lui directement.

Le Commodore arrive dans la pièce et nous voilà au garde-à-vous. La journée commence enfin et je pensais pouvoir être tranquille. C’était sans compter sur le fait qu’ils avaient décidé de nous séparer en petit groupe et de former ces derniers par ordre alphabétique. Forcément, Atwood et Beauregard finissent dans le même groupe. Je tente de ne pas relever la présence de Thomas et reste auprès de Sam. L’un des seuls avec qui je m’entends plutôt bien ici. On se regroupe en binôme et écoute ce que l’officier de police nous apprends sur l’utilisation des armes manuelles. Pendant une heure, on nous parle de théorie, de législation quant à l’utilisation de ses armes et toute la partie plutôt ennuyante du stage. Bien entendu, Thomas ne manque pas de se faire remarquer en répondant à toutes les questions de l’officier. J’arrive à le coiffer au poteau sur une seule d’entre elle : le voltage contenu dans un taser. Ces trucs m’ont toujours fasciné et je m’étais tout de même un peu renseigné avant de venir ici. J’aime savoir ou je mets les pieds malgré tout.

Finalement, l’officier nous laisse seul un instant, en nous disant de prendre les armes en mains. Il s’éloigne pour prendre un appel, le Commodore est parti voir un autre groupe. Nous sommes seuls, des armes en main. Et Beauregard continue à nous étaler sa science. Je vais vraiment finir par lui en coller une. Je ne supporte plus sa voix nasillarde au possible et de ses remarques de monsieur je-sais-tout. Les autres l’écoutent avec une attention presque dégoûtante. Bande de moutons. Je m’éloigne quelque peu, un taser entre les mains. Appuyer contre un mur, juste derrière Beauregard, je fais tourner l’arme entre mes doigts. Il s’agit d’un petit pistolet jaune, en plastique assez lourd. Une gâchette et deux petites électrodes prêtes à partir. Pendant quelques secondes, je fixe l’arme entre mes mains, la remarque sur ma sœur se joue en boucle dans ma tête. L’abruti continue à faire le malin face aux autres. Il me tourne le dos. Une nouvelle fois, je regarde le taser entre mes doigts. L’Officier nous a bien dit de prendre les armes en mains après tout, non ? L’occasion est véritablement trop belle pour la manquer. Personne ne me regarde, personne ne se souci de moi. J’hésite encore un peu. Après tout, ça lui fera pas de mal. Je me redresse tout en restant quelque peu appuyé nonchalamment sur le mur derrière moi. L’air de rien, je vise l’arrière des cuisses de mon ennemi… Et je tire. Il ne faudra qu’une demi-seconde pour que les électrodes aillent se coller sur le pantalon de Beauregard, qu’un bruit de décharge se fasse entendre et que l’abruti s’étale par terre tête la première. « Merde ! » m’exclamais-je pour faire bonne figure. « Putain, c’est parti tout seul. » Je me mords la lèvre pour ne pas exploser de rire alors que Beauregard est en train de gémir à même le sol. Puissant l’engin. Je me précipite vers lui, mon meilleur jeu d’acteur en place. Je me penche vers Thomas pour croiser son regard. « Ní fiú brón orm, is beag cac » (not even sorry, little shit). Lui parler en gaélique, juste pour l’emmerder un peu plus. Juste pour le plaisir. Ça t’apprendra à me faire chier dès le matin, petit con.       

Emmerder Cian est clairement un de mes passe temps favoris. Il manque tellement de force mentale que le faire chier et le déstabiliser est d'une facilité déconcertante. Je ne sais pas ce qui s'est passé avec sa famille, mais je sais qu'à chaque fois j'évoque son père ou sa sœur, Cian semble avoir du mal à se contrôler. Et ça me fait marrer de le voir serrer ses poings comme s'il hésitait à les utiliser contre moi. Bien évidemment, je me prépare à chaque fois mentalement qu'un jour un de ces poings atteindra mon nez ou ma mâchoire, mais je sais que ce ne sera pas le cas aujourd'hui.

Alors, le laissant grommeler dans son coin, je retourne finir mon café avec mes amis avant d'aller m'asseoir. Après un rapide garde à vous, on nous explique le déroulement de la journée et on commence, tous ensemble, par quelques base théoriques. Ayant réponse à presque toutes les questions, je n'hésite pas à répondre et faire ainsi bonne impression face au commissaire et ses adjudants. Rapidement, nous sommes diviser en 3 groupes et c'est avec dégoût et large déception que je me retrouve avec Cian. Alors que les autres groupes sortent de la pièce, nous prenons place autour de la table sur laquelle sont posés les tasers. Le commissaire nous demande d'expliquer rapidement la différence entre les uns et les autres et c'est à nouveau moi qui donne les réponses correct. Sauf celle sur le niveau de Volt. Je serre les dents lorsque c'est Cian qui me corrige, touché dans mon amour propre. J'aurais accepté être corrigé par n'importe qui d'autre, mais pas lui.

Au final, le commissaire, après nous avoir dit de nous mettre par deux et de prendre un taser en main, s'en va avec deux autres personnes afin de chercher les matelas sur lesquels une chute ne serait pas trop douloureuse.  «On va être obligé de tester les effets du taser » dis-je à Thalia alors que celle-ci observe son petit pistolet, hochant la tête  « Exactement... et ça ne m'enchante pas des masses» je l'observe avec un sourcil arqué, étonné face à l'incertitude de la jeune femme.  «ça va aller, ce n'est pas dangereux, juste ... »

Mes paroles se terminent en un cri de douleur tandis que mon corps se raidit instantanément et cesse de me répondre. Sans que je ne puisse faire quoique ce soit, je tombe en avant, m'éclate littéralement le front sur le coin de la table et tombe lourdement sur le sol alors que les décharges électriques continuent de faire leur effet pendant encore quelques secondes qui me semblent durer éternellement. Lorsqu'enfin les décharges ne cessent, je soupire, me prend encore quelques secondes avant que je ne sente une main sur mon épaule qui m'oblige à me tourner sur le dos. J'entends l'inspiration de stupeur de Thalia mais je vois surtout le regard et le sourire narquois de Cian face à moi. Il me parle en gaëlique et j'ai assez de connaissances pour savoir qu'il enclenché le taser délibérément.  « Sale connard...» grognais-je en me redressant, mais la main de Thalia m'oblige à rester allongé.  « bouge pas» qu'elle m'ordonne avant de se tourner vers Cian et lui lancer un regard assassin  « Toi tu retournes contre le mur. Tout de suite » son ton est dur et sec, montrant bien qu'une quelconque résistance ou réplique n'est en aucun cas valable -et encore moins souhaitable.

 « Qu'est-ce qui s'est passé ?! » c'est la voix forte de Williams qui se fend l'air tel un fouet, alors que je repousse la main de Thalia pour m'asseoir sur le sol  «Beauregard ? » je soupire et secoue doucement la tête  « Je...je sais pas » soufflais-je, le regard baisser et me passant une main sur le visage pour essuyer le sang qui commence à couler dans mes yeux, m'obstruant la vue du mon œil gauche.  «tout c'est passé tellement vite, j'ai pas compris et je ... »  «C'est Atwood » me coupe Thalia en se levant pour faire face à commodore  « Il a tasé Beauregard, disant que le coup est parti tout seul » Le regarde du doyen du groupe passe de Thalia à moi puis à Cian à nouveau sur Thalia  « Eastwood, emmener Beauregard à l'infirmerie» son attention de porte sur Cian  « Atwood, venez avec moi » son ton est dur et en tant normal j'aurais sans doute jubiler de savoir que Cian allait passer un sale quart d'heure, mais je n'arrive pas à me réjouir totalement.

Avec l'aide de ma collègue, je me relève et suis obligé de m'appuyer un peu sur elle pour garder un équilibre digne de ce nom alors que nous sortons de la pièce.

@Cían Atwood

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Thomas & Cian

Je crois que ce n’était pas la meilleure des idées de nous laisser seul dans une pièce des armes à la main. Je ne suis pas quelqu’un de dangereux, loin de là. Je prends mon rôle au sein de l’armée très au sérieux, mais j’ai aussi mon caractère et clairement Beauregard me cherche depuis bien trop longtemps. Au départ, je tentais de faire abstraction du personnage, mais il a commencé à s’intéresser à moi. Bien mal lui en as pris. Sans le savoir, c’est lui qui m’a motivé à rester au sein de l’armée, alors que j’envisageais sérieusement de partir. C’était sans compter sur cet abruti et sa volonté de toujours vouloir être le premier en méprisant les autres au passage. Sans le vouloir, il m’a motivé à rester et à prouver que je ne suis pas le petit délinquant, un brin désinvolte que tout le monde imagine. C’est devenu ma motivation première, prouver à mes parents et à mes camarades de promotion que je ne suis pas un moins que rien. Et pour cela, j’ai besoin de prouver à Beauregard que quelqu’un peut être aussi bon voir meilleur que lui. Juste pour voir ce petit rictus sur son visage quand quelqu’un à la bonne réponse avant lui comme cela vient tout juste de se produire. C’est dingue de ne pas supporter de se tromper comme cela. Je ne connais rien de lui, mais je l’imagine tellement venir d’une famille bien bourgeoise, qui se croit meilleur que la terre entière et qui le transmet à ses enfants. Tout ce qui m’insupporte depuis toujours. Bien entendu, il est obligé de se rattraper auprès de sa chère amie Thalia. De loin, je les regarde discuter tout en faisant tourner le taser entre mes mains. Notre supérieur est parti chercher des matelas ce qui signifie que l’on va tester tout cela les uns sur les autres. Pourquoi ne pas faire une petite avant-première ?

Pendant un instant, je fais tourner l’arme entre mes doigts. Ça lui remettrait les idées en place, un petit coup de jus. Juste comme ça, sans prévenir. Pourquoi attendre le Commodore et un matelas, franchement ? J’ai juste envie de le remettre en place, de lui faire payer sa remarque sur ma sœur. Alors après un brin d’hésitation, je me redresse et observe Thomas en face de moi. C’est maintenant ou jamais. Alors, je me redresse un peu et appuie sur la détente. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre, mais clairement pas à cela. D’un seul coup, le corps entier de Thomas ce raidi et il tombe en avant sans avoir aucun contrôle. Je n’avais pas calculé qu’il était aussi proche de la table et grimace quelque peu au bruit lorsque son visage rencontre le meuble. Oops. Je me mords les lèvres pour ne pas exploser de rire.Il semble avoir mal et honnêtement je m’en fiche complètement. Malgré tout, je sors mon meilleur jeu d’acteur pour faire passer tout cela pour un accident. Je m’approche de Thomas qui m’insulte automatiquement et cette fois, je ne peux m’empêcher de rire. Vraiment, c’est trop drôle. C’était sans compter sur le chien de garde de Beauregard. « Ça va, il est pas mort ! » Il a dû avoir bien mal, c’est vrai, mais il va s’en remettre. « J’ai pas fait exprès. » Personne ne me croit. Du coin de l’œil, je vois bien les autres qui se retiennent de rire face à ma mauvaise foi. Je hausse les épaules et touche Thomas du bout de la chaussure. « Aller relève toi ! »

Je sursaute lorsque notre supérieur entre dans la pièce, sa voix forte résonnant contre les murs. Et merde… Je me redresse et m’éloigne quelque peu de Beauregard qui tente de se relever tout en bégayant quelque peu. Bon, il a pris un sacré coup quand même et il a le visage en sang. Je me sens un peu con de ne pas avoir calculé mon coup, mais je regrette pas de lui avoir mis un petit coup d’électrochoc. Ça lui apprendra à me chercher alors que je ne lui avais strictement rien demander. C’était sans compter sur Eastwood qui joue à la gamine de douze ans et balance mon nom au Commodore. « Atwood, venez avec moi ! » Je baisse la tête et suis Williams dans le couloir. Je me retrouve droit comme un i dans un coin du couloir en face de mon supérieur. Je ne compte pas me laisser faire, parce que je suis comme ça, incapable de me taire. « J’ai pas fait exprès, je pensais pas que la gâchette était aussi souple monsieur. » D’un signe de main, il me fait comprendre que je ferai mieux de me taire pour ne pas envenimer les choses. « Je commence à en avoir ras-le-bol de vous Atwood. » Super. Je me retiens de toutes mes forces pour ne pas lui répondre et pour ne pas être insolent. « Votre guerre avec Beauregard, je la comprends. Par contre, ce genre d’attaque… Je ne cautionne pas. C’est compris Atwood ? » - « Oui. » Il hausse les sourcils et je retiens un soupire. « Oui chef ! » Il hoche la tête et s’arrête un instant, voyant Beauregard passer en compagnie d'Eastwood. Je regarde Thomas et lui fais mon sourire le plus hypocrite qui soit. Je m’en fiche des remontrances, il le méritait ce coup-là. Peut-être qu’il fera moins le malin désormais. Je cache vite mon sourire lorsque le Commodore Williams se tourne à nouveau vers moi. « Donc ce sera un blâme pour vous Atwood. Et corvée de ménage et de cuisine à la base pendant un mois. » J’allais parler, comme toujours, mais je n’ai même pas le temps d’ouvrir la bouche. « On ne discute pas Atwood ! » - « Oui chef ! » Il soupire et me renvoie dans la salle. On va finir par le rendre dingue, je sens.

Je me retrouve mis dans un coin avec interdiction de toucher les armes et je dois me contenter d’observer les autres s’entraîner et tester la chose. Bien entendu, je dois par contre servir de cobaye pour mon binôme. Je me prends à mon tour une bonne décharge qui m’envoie directement au tapis. Okay, c’est vraiment pas agréable. Mais j’ai pas vraiment le temps de me plaindre de la douleur, que Beauregard reviens dans la salle. Assis par terre, à me remettre de la décharge, je le regarde s’approcher de moi. « Ça te va à ravir le pansement sur la gueule ! » Bah oui, je ne vais tout de même pas arrêter notre petite guerre aussi facilement. Nos supérieurs sont occupés avec un autre binôme, autant se faire plaisir. « Par contre, tu diras à ton chien de garde qu’il faut qu’elle se calme ! »        

Je me doutais bien qu'un coup de taser était douloureux, je connaissais les effets que cette décharge électrique a sur notre corps. En théorie. La réalité dépasse de loin ce que j'imaginais. Pire que la douleur des muscles qui se contractent brusquement ou du coin de la table qui nous éclate l'arcade sourcilière, c'est bel et bien ce sentiment de non contrôle sur notre corps. On sait exactement ce qui se passe, on sait qu'on devrait se rattraper, essayer de résister, mais nos muscles ne nous répondent plus. Même encore de longues secondes après s'être éclater au sol mon corps est comme engourdit, paralyser. Et si je ne savais pas que les effets ne sont pas éternels mais qu'ils s'estomperont dans les minutes qui suivent, j'aurais sans doute commencé à paniquer. Cian a beau dire qu'il ne l'a pas fait exprès, chacun sait parfaitement qu'il n'attendait que ce moment pour se venger. Et au lieu d'utiliser les mots, il utilise la manière forte, n'en ayant que faire de blesser quelqu'un dans ses agissements.

Et pourtant, malgré tout, je n'arrive pas à dire la vérité au commodore. Pourquoi ? Pourquoi ne rapportais-je pas les agissements d'Atwood ? Pourquoi essayais-je de le protéger alors que ça aurait pu être pire qu'une simple arcade ensanglantée ? C'est Thalia qui s'y met, expliquant les agissements de son collègue avant que Williams ne lui dise de m'emmener à l'infirmerie. J'ai envie de résister et de dire que ça va, mais faut bien que je me rende à l'évidence que ça ne va pas et que je ne peux pas rester ainsi toute la journée. Ainsi donc, avec l'aide de mon amie, je me relève et nous sortons de la salle pour traverser le couloir jusqu'à l'infirmerie.

Là, le responsable m'oblige à m'asseoir et à retirer ma chemise avant qu'il ne s'applique à nettoyer la blessure. Pendant ce temps, je lui explique calmement ce qui s'est passé et après avoir été rassuré -autant sur le fait que les effets de la faiblesse musculaire va disparaître rapidement que sur le fait de ne pas avoir besoin de points de sutures- il me colle un pansement sur le front, ne serait-ce que le temps de stopper l’hémorragie et m'autorise à reprendre les activités. Toutefois, j'ai pour interdiction de tester le spray poivré cet après midi -ce qui, en soit, m'arrange quand même un petit peu, avouons-le- mais que je vais pouvoir suivre les activités sans problème, bien que je doive faire un peu attention.

Avec la promesse d'y aller doucement, je saute de la table puis attrape ma chemise qui est plus rouge que blanche pour aller la mettre à laver. En retournant vers la salle d'entraînement, je fais un rapide détour pour récupérer une cravate et une chemise propre dans mon casier et l'enfile en chemin. De retour dans la salle, c'est avec une certaine joie que je vois Cian entrain de se faire taser et se ramasser, lui aussi, par terre dans un cri de douleur. Mais au moins il a été prévenu, le sol était mou et il n'y a pas de coin de table proche de lui.

Remettant ma cravate en place, je l'observe se redresser et croise son regard et son sourire narquois. Après m'avoir dit que le pansement dans la gueule me va à ravir, il traite Thalia de chien de garde. Soupirant doucement, je m'approche de lui et m’accroupis face à lui  «Estime toi heureux que ce n'est pas moi qui tenais le taser en main, sinon j'aurais pas stoppé avant de t'entendre hurler et supplier » soufflais-je, menaçant et totalement sincère avant de lui tendre la main pour faire genre j'ai envie de l'aider à se lever.

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Thomas & Cian

Je ne pensais vraiment pas que cette journée allait se dérouler de cette manière. Je m’attendais à m’ennuyer pendant tout le week-end. Autant dire que je ne m’étais pas attendu à autant d’action dès le matin. Je ne vais pas m’en plaindre. Démarrer la journée en foutant Beauregard au sol et en lui éclatant l’arcade sourcilière au passage, c’est plutôt jouissif. Une bonne matinée en soit même si pour ma petite action, je me prends un blâme et que je vais être de corvée pendant un moment. C’est le prix à payer pour donner une petite leçon à Beauregard après tout. Je me fais remonter les bretelles par le Commodore et il me renvoie assez rapidement dans la salle. Tout le monde est en train de parler de ma petite action et je vois même quelque souris. À croire que je n’étais peut-être pas le seul à avoir eu envie de donner un petit coup de jus à Thomas. C’est plus fort que moi, je ne peux m’empêcher de lâcher un petit rire. Je crois que tout le monde s’en souviendra de cette matinée. Ne voulant tout de même pas trop attirer l’attention sur moi, je reprends mon rôle de solitaire assez rapidement. Je retrouve le fond de la salle avec mon coéquipier et on laisse les autres faire.

Beauregard revient dans la salle pile au moment où je me prends un coup de taser de la part de Sam, pour qu’il puisse tester l’arme. Le timing ne pouvait pas être plus parfait. J’ai beau serrer des dents, je m’attendais à la douleur, mais c’est quelque chose que l’on ne pouvait réellement imaginer. Tous les muscles qui se contractent en même temps, nous privant de tout réflexe est une sensation bien trop étrange. Alors, un cri s’échappe d’entre mes lèvres sans que je puisse le retenir tandis que je m’étale sur le matelas. Il me faudra quelques secondes pour reprendre le contrôle de mes membres et me retourner sur le dos, croisant le regard de mon ennemi. Faisant de la place pour le groupe précédent, je me retrouve assis par terre, un peu à l’écart du matelas. Je ne fais pas réellement confiance à mon équilibre et préfère rester assis. Ce qui me laisse le temps d’emmerder encore un peu Beauregard. Il me menace et je lève les yeux au ciel. « Ça t’aurais excité que je te supplie hein ?! » dis-je tout en lui souriant sournoisement. Il me tend sa main et je bloque l’espace d’un instant. Comme si j’allais lui faire confiance. « Tu me fais absolument pas peur Beauregard. » Je repousse sa main d’un revers de la mienne et me relève par mes propres moyens. Je remets ma chemise en place et m’étire un peu pour reprendre le contrôle de mes muscles. « Te crois pas plus malin que les autres. » ajoutais-je tandis que le Commodore nous annonce que nous devons écouter une nouvelle session d’information avant de nous rendre à la pause déjeuner.

C’est une heure plus tard que l’on nous annonce le début de notre pause. J’en profite pour m’éclipser dans les couloirs et me rendre aux toilettes. Lorsque j’arrive dans la cafétéria, les tables sont déjà pleines. Je passe récupérer un plateau et remercie la femme qui me sert avant de me tourner pour tenter de trouver une place. Malheureusement pour moi, il n’en reste qu’une seule… Juste en face de Beauregard. Ce n’est vraiment pas ma journée. Je soupire longuement et vais poser mon plateau quelque peu brutalement sur la table. Je prends place et garde mon nez plongé dans mon assiette. Le plus vite, je mange, le plus vite, je pourrais me tirer de là. J’entends Thomas expliquer la raison de son pansement à ses amis et lève les yeux au ciel lorsqu’il commence à se plaindre. « T’auras un souvenir de moi à vie ! » dis-je d’un air sournois, toujours le sourire aux lèvres bien entendu. « Tu devrais te réjouir, c’est pas tout le monde qui peut se vanter d’avoir une marque Atwood sur le visage. » Un rire s’échappe d’entre mes lèvres. [color=#669999]« Ça te fera peut-être gagner quelques points d’amabilité. » je m’arrête dans ma phrase, plongeant mon regard dans le sien. « Remarque t’as l’air encore plus con comme ça. » concluais-je avant de continuer mon repas, l’air de rien.

Après notre pause, l’après-midi se continue auprès des intervenants de la police nationale, toujours au sein des mêmes groupes. Cette fois, on nous présente les pepper spray. Ces petites bouteilles que les femmes transportent très souvent dans leur sac main pour se défendre. Loin d’être une arme dangereuse, cela a au moins le mérite de paralyser l’adversaire pendant un petit moment. À l’armée, on nous apprend à nous débrouiller dans toutes les situations possibles et imaginables. Aujourd’hui, ils souhaitent que l’on soit capable de poursuivre une intervention même à moitié aveugle. Ça promets.          

e me délecte sincèrement de ce moment de surprise et le cri de douleur poussé par Cian lorsque j'entre à nouveau dans la salle. J'ai juste envie de lui hurler « voilà ce que ça fait ! » mais je me retiens assez facilement, n'ayant pas envie de m'abaisser à son niveau de puérilité. Ainsi donc, je décide simplement de le menacer par des mots tranchant et sincère -car oui, j'aurais fait en sorte que l'électricité court plus longtemps dans les fils jusqu'à ce qu'il me supplie d'arrêter – et de lui tendre la main pour faire bonne impression. Mais Cian, faisant bien se méfier, repousse ma main et se relève de ses propres moyens en m'intiment de ne pas me montrer plus malin que les autres. Ces paroles m'arrachent un rire cristallin, amusé et je me redresse en secouant la tête avant de passer à côté de lui en lui tapotant l'épaule pour aller me placer à côté des gens qui attendent leur tour pour tester la puissance de l'arme. L'ayant déjà tester contre mon grès, je suis exempté d'une nouvelle tentative mais je ne peux pas éviter à Thalia de se prendre une belle décharge.

Après plusieurs minutes et une bonne heure d'explication théorique en plus, nous sommes enfin autorisé à rejoindre la cafétéria où nous nous retrouvons tous ensemble autour d'un bon repas. J'avais totalement oublié Atwood jusqu'à ce qu'il s'assoie en face de moi. La seule place libre. Je l'observe comme s'il faisait la plus grande faute de sa vie mais retourne rapidement aux discussions avec mes amis, leur expliquant ce qui s'était passé. C'est alors que Cian ne décide de s'immiscer dans la conversation et ses paroles me font à nouveau soupiré. Il est tellement fière de sa putain de connerie en plus. J'essaie de l'ignorer, mais il continue de parler, encore et encore et je fini par le faire taire en lui donnant un bon gros coup de pied dans le tibia. Les rangers militaire, ça ne pardonne pas.  « Merde. Putain, c'est parti tout seul» que je l'imite sur un ton mielleux et détestable, tandis que nos voisins de table se mettent à rigoler, se moquant de la tête que Cian tire.


Le reste du repas se déroule en silence de sa part -il a comprit la leçon ce connard-  et nous nous retrouvons assez rapidement à l'extérieur où on nous présente les pepper spray. Mes supérieurs ne voulant pas risquer une infection ou quoique ce soit de ma blessure, ils m'autorisent à passer outre cet exercice mais du coup je suis désigné comme étant celui qui envoie une bonne dose de poivre dans la gueule des mes camarades avant de les guider vers le parcours et les différents ateliers qu'ils doivent faire. Et si je suis gentil avec les autres, j'ai décidé de ne pas l'être avec Cian. Exit le fait que je ne veuille pas m'abaisser à son niveau, je veux le faire souffrir un peu.

Alors, lorsqu'il se place devant moi, je n'attend pas ni ne le préviens et l'asperge soudainement de ce liquide irritant. Il n'a pas le temps de fermer les yeux et j'avoue que je ne m'arrête pas à tirer un seul trait entre ses yeux, non. Je vais plus loin, fait au moins un ou deux allez-retour en plus et m'approche ensuite de son nez et sa bouche avant de stopper  « Allez vas-y ! quatre jumping jack » lui ordonnais-je, comme je l'ai fait pour les autres  «et ouvre les yeux ! Sinon tu peux pas savoir combien je montre de doigts  » mais Cian rechigne, se plaint, me traite de tous les noms et ne se montre absolument pas coopératif. Il panique et ne se concentre absolument pas.  « CIAN !» hurlais-je  «concentre toi, combat la douleur, te laisse pas malmener comme ça » reprenais-je, sans cacher l'amusement dans ma voix.

Tu es aussi brillant qu'un trou noir et au moins deux fois plus lourd

Thomas & Cian

Ce n’est pas avec grand plaisir que je prends place en face de Beauregard. Ce n’est pas comme si j’avais le choix. Je ne vais pas non plus manger debout et plutôt crever que de m’isoler complètement. Je ne suis pas le gamin que l’on bully et je ne vais pas reculer devant Thomas. On ne s’aime pas certains, mais on est un minimum civilisé pour pouvoir manger l’un en face de l’autre. Ou tout du moins, on essaye. On fait du mieux qu’on peut, quoi. Et bien entendu, je ne peux pas m’empêcher de venir me mêler à la conversation. Ceux qui faisaient parti des autres groupes voulaient absolument savoir ce qui a bien pu arriver à Thomas. Autant se vanter un peu, ça ne fait jamais de mal et puis cela énerve bien l’homme assis en face de moi. Tellement que ce connard finis par me mettre un coup de boots dans le tibia. Tellement fort que je sursaute et ne peux m’empêcher de grimacer sous le coup de la douleur. Petit con. Je serre les dents et ne cherche pas à répliquer. On verra cela plus tard.

Après avoir fini de déjeuner et le temps d’aller me fumer une clope, je finis par rejoindre le reste de mon groupe à l’extérieur. Cette fois, notre atelier s’articule autour des pepper spray. Une arme de défense qui ne fait pas réellement de dégât, mais dont les effets sont clairement handicapants. L’officier nous fait un petit récapitulatif et nous fait savoir dans quelle occasion ils peuvent éventuellement se servir de ce genre d’arme. J’écoute avec attention ne voulant plus vraiment attirer l’attention sur moi cet après-midi. Je vais faire les exercices, terminé la journée et rentrer chez moi. Rien de plus. C’était sans compter sur Beauregard… Toujours là pour me faire chier celui-là. Du fait de sa blessure, il est exempté d’exercice pour le reste de la journée et il obtient littéralement le droit de nous torturer. En entendant cela, je comprends que je vais en prendre pour mon grade.

Je me place devant Beauregard, prêt à me faire asperger le visage. Afin que l’attaque ne soit pas trop violente pour nos yeux, il est censé attendre que nous fermions les paupières pour nous asperger très légèrement. Techniquement, c’est ce qu’il devait faire. J’ai à peine le temps de me tenir droit devant lui que ce petit con vient m’asperger le visage pendant un très long moment. La douleur est vive et instantanée. Soudainement, mes pupilles me brûlent violemment, tellement que j’ai pour instinct de venir poser mes mains contre mes yeux en hurlant. « Putain, connard ! » Je ne vois pratiquement plus rien et mes yeux me brûlent beaucoup trop. Je sens les larmes monter et je ne cesse de me frotter les paupières, ce qui n’aide pas forcément. « Je vais te buter Beauregard ! » Je l’entends rire ce petit con. Et voilà qu’il se met à m’aboyer des ordres. Je sais que je dois le faire. Le Commodore ne doit pas être loin derrière nous et je dois me plier aux règles. Alors je me mets à faire les exercices, mais je ne vois rien et perds légèrement l’équilibre. Je m’arrête dans mes mouvements et cligne des yeux plusieurs fois. Je commence à voir des formes troubles et Thomas qui continue à me hurler dessus en me faisant passer pour un faible. J’enchaîne les quatre sauts et voilà qu’il me demande d’avancer pour aller faire un autre exercice un peu plus loin. Mais il continue à me rabaisser et cette fois, c’est plus fort que moi. Je prends quelques secondes et essaye de me concentrer sur mes autres sens. Je le sens, il est juste à côté de moi. Je l’entends aussi, sa voix nasillarde et son souffle un peu rapide après avoir crié mon nom. Je vois sa silhouette de manière très flou, mais c’est suffisant. En quelques secondes, je me précipite sur Thomas par derrière. Un de mes bras passe autour de son cou tandis que de ma deuxième main, j’attrape son bras et le plaque dans son dos. « C’est qui, qui se fait malmener maintenant hein ? » Je tire un peu sur son bras sans trop forcer, je ne suis pas là pour lui casser un bras. « Fait pas trop le malin, je vois rien, mais n'oublie pas qu’on s’entraîne à tout ici ! » Juste pour lui faire fermer sa grande bouche. Derrière nous, j’entends quelqu’un frapper dans ses mains à deux reprises. « Excellent réflexe Atwood ! » Un sourire se dessine sur mes lèvres tandis que je lâche Thomas et le pousse loin de moi. Mes yeux continuent à me brûler bien trop violemment et je ne peux plus retenir les larmes. Je passe une main sur mes joues et soupire. « Par contre, je vois vraiment flou là… » J’aime pas trop ce genre de sensation… Je sais plus ou moins où je me situe. Je sais ce qui m’entoure, mais ce flou ambiant est assez angoissant au fil que les minutes défilent.           

Je pense que malgré nos différents lors des activités, Cian et moi arrivons tout de même à nous comporter de manière civilisé lorsque nous sommes en contact avec d'autre gens. Par exemple, lorsque nous nous retrouvons pour manger et que la seule place pour l'un et être assit en face de l'autre, nous acceptons cela. Du moins, jusqu'à ce que l'un ne décide de ramener sa gueule et que l'autre ne trouve pas d'autre solution pour le faire taire qu'un bon coup de pied dans le tibia, lui laissant sans doute une marque de laquelle il se rappellera encore longtemps.

Au final, nous nous retrouvons de nouveau à six sur le terrain de sport derrière la caserne où j'ai le privilège de faire souffrir mes camarades. Et bien évidemment, Cian est celui que je décide de torturer le plus. Je vide la moitié d'une cannette de spray dans sa gueule avant de lui hurler des ordres. Il panique, refuse de se plier à mes ordres, mais se rend rapidement compte que Williams n'est pas loin et fait finalement ce que je lui demande de faire. Je dois avouer que, malgré tout, il gère plutôt bien ce con ! Mais je ne lui laisse aucun répit et continue le rabaisser pour le plaisir de le rabaisser.

Mais c'est sans compter sur ces reflex de sur-homme qui me surprennent sincèrement. Rapidement et sans que je ne sache comment réagir, il passe un bras autour de ma gorge et bloque mon bras dans mon dos. Fort heureusement, je m'immobilise très rapidement et le laisse avoir son moment de gloire : mon bras et mon épaule me sont plus précieuse que le fait de gagner cette petite guerre. Alors je le laisse faire, grimace simplement un peu lorsqu'il accentue un peu plus la tension sur mon épaule et ferme les yeux lorsque le Commodore le félicite de son reflex. Quelques secondes plus tard, Cian me libère et me repousse. Je fais quelques pas en avant pour retrouver mon équilibre puis me redresse et reprend rapidement contenance.

 « BEAUREGARD» aboie le commodore poussant Cian vers moi. Je le rattrape, plus par reflex qu'autre chose alors que Williams reprend  « Aidez le à se rincer les yeux et venez me voir ensuite» son ton est dur et ne laisse rien présager de bon. J'hoche la tête avec un  «Oui, chef ! » puis attrape Cian fermement par le bras et, sans lui laisser le temps ou l'occasion de réagir, je l'entraîne derrière moi vers le robinet. Le poussant sans ménagement contre le mur j'attrape le tuyaux d'arrosoir puis me tourne vers Cian  « Baisse la tête» lui ordonnais-je. Mais, trouvant que l'homme met un peu de trop de temps à réagir, je pose une main sur sa nuque et l'oblige à se baisser, dirigeant le tuyaux vers ses yeux. J'attends quelques instants avant de soupirer et lui fourrer le tuyaux dans les mains  « t'es un grand garçon » dis-je simplement avant de le laisser sur place, me dirigeant vers le commodore qui semble réellement énervé.

Après m'être prit un sacré savon et m'en sortir avec un blâme, je retourne au près de mes camarades qui semblent réellement souffrir. Cian d'avantage que les autres. Et j'avoue que je m'en veux quand même un peu. Il le mérite, c'est sûr, après ce qu'il m'a fait ce matin, mais n'est-ce pas humain que de se sentir un peu mal ? Je fini par attraper une poche de glace et me dirige vers le jeune militaire, assit contre le mur où je l'ai laissé.  « Tien » dis-je en lui fourrant la poche dans les mains  «ça devrais calmer la douleur » mon ton est, bizarrement, bien plus doux que ce dont il a sûrement l'habitude  «et tu ne devrais pas rester assis là, essaie de marcher un peu pour que ton organisme reprenne du service » lui conseillais-je. C'est ce que tout le monde fait et c'est exactement ce que j'aurais fait moi-même.  «Vient » encore une fois, je ne lui laisse pas le choix et, l'attrapant par le poignet, je l'oblige à se lever avant de le pousser pour qu'il se mette en marche, restant tout de même près de lui au cas où sa vue lui ferait réellement défaut.

Tu es aussi brillant qu'un trou noir et au moins deux fois plus lourd

Thomas & Cian

Je pensais que ma plaisanterie de ce matin avait été venger lorsque Beauregard m’as mis un sacré coup de pied dans le tibia. Visiblement, ce n’était pas le cas pour lui. Il semblait déterminé à me faire payer le coup de taser impromptu de ce matin et je suis en train d’en payer le prix fort. Alors que je me plie à l’exercice sans trop sourciller. On doit tous passer par là. Un peu de spray au poivre dans les yeux et on tente de se débrouiller pour avancer et faire quelques exercices. Cela a pour but de nous faire connaître les conséquences de l’utilisation d’un tel genre d’armes tout en faisant plaisir au Commodore qui adore nous voir repousser nos limites. On est à l’armée malgré tout et comme il aime si souvent nous le répéter, on n’est pas là en vacances ou pour s’amuser. Je m’attendais à tout sauf à ce que Beauregard me vide presque l’intégralité de la bombe sur le visage et plus particulièrement dans les yeux. Ce petit con. Je ne vois plus rien, mais tente de faire de mon mieux sans réellement paniquer. Ce n’es pas gagné, mais je finis par voir une ouverture pour prouver à Thomas qu’il en faut plus que cela pour me rendre non opérationnel. Je lui fais une prise digne de ce que l’on a pu apprendre au cours de ces derniers mois et lui tords quelque peu le bras. Juste pour le plaisir, après tout. Je ne le sens absolument pas bouger contre moi et je comprends que j’ai réussi à prouver mon point. Cela lui aura au moins permis de fermer sa grande gueule. J’entends le Commodore Williams me féliciter avant d’ordonner à Thomas de me donner un coup de main. Je sens les mains de mon camarade attraper mon bras et me retiens d’avoir un geste de recul. Je ne vois vraiment rien et il faut qu’il m’aide maintenant. Sans ménagement, il me pousse contre le mur et je retiens une nouvelle insulte. En quelques secondes, je sens de l’eau me couler sur le visage et Thomas me dire de me démerder. Malgré ma haine contre lui, je ne peux m’empêcher de lâcher un simple : « Merci. »

L’eau atténue quelque peu la douleur, mais malgré tout, mes yeux me brûlent toujours autant. J’ai envie de laisser mes mains sur mes paupières et de gratter comme un forcené même si ce n’est clairement pas la solution. Alors je reste assis contre le mur, ne voulant pas trop m’aventurer sur le terrain alors que ma vision est toujours aussi trouble. Tellement que je ne vois même pas Thomas s’approcher et je sursaute lorsque je finis par entendre le bruit de ses boots contre le bitume. Il me tend une poche de glace que je m’empresse de coller contre mes yeux. « Ah bordel ça fait du bien ! » je lâche dans un long soupire. Ça va être drôle de conduire jusqu’à la maison avec une telle vision… J’ai envie de hurler sur Beauregard, mais je me retiens quand je l’entends me parler aussi calmement. Il n’a pas tort, je le sais, mais j’ai du mal à voir et je n’ai pas envie de m’étaler devant tout le monde. J’ai ma fierté. Pourtant, Thomas ne me laisse pas le choix et me force à me lever. Je reste près de lui pour ne pas m’écrouler, au pire, il me servira de matelas d’atterrissage. « Je te jure si j’échoue au prochain test de vision avec ta connerie, ce n'est pas un taser que je vais utiliser sur toi, mais quatre. » Mon ton est loin d’être méchant ou sec. Une simple remarque que je souligne par un léger rire. « Ça va t’as eu ta vengeance ? Tu vas pas me jeter sous les roues d’un char ? » Autant déconner un peu malgré tout non ? Je n’entends plus vraiment nos camarades, et même si ma vision est de moins en moins trouble, je ne vois pas grand-chose de loin. « Tu vas ramener chez moi avec ta connerie par contre ! »  

Je n’ai même pas eu à protester, pour une fois, Thomas m’a ramener chez moi, me promettant de venir me chercher le lendemain matin pour notre deuxième journée étant donné que ma voiture est restée sur le parking. La journée a véritablement été longue et c’est après une bonne douche que je me suis écroulé de fatigue sur mon lit.           

The end