How to resist temptation when you're a heartbeat sober ♡ Andy

how to resist temptation when you're
a heartbeat sober

When it's good it's so good 'til it goes bad, 'Til you try to find the you that you once had. I have heard myself cry, never again; broken down in agony just tryna find a friend. I'm safe up high, nothing can touch me, but why do I feel this party's over? •• P!NK

Le visage appuyé contre la vitre du bus, Aisling fixe le ciel bleu pour tenter de calmer son agitation. Inspire. Expire. Inspire. Expire. Impossible d’arrêter les tressautements dans ses jambes malgré ses exercices de respiration et les affirmations positives qu’elle se répète depuis le matin. Tu peux le faire. Tu as appris de tes erreurs. Tu ne flancheras pas. Et pourtant, l’anxiété compresse ses poumons, froisse son cœur, grignotes ses nerfs. C’est la première soirée qu’elle s’autorise depuis sa rechute, son premier évènement social sans Sid à ses côtés. La dernière fois qu’elle a tenté, elle n’a même pas tenu une heure avant de retomber dans ses travers, croquant à pleine dents les pastilles colorées qu’elle venait de vendre à Ambroise pour s’en débarrasser. Plus jamais, plus jamais, plus jamais ! Mais cette promesse sonne faux à ses propres oreilles. Trop de fois s’est-elle déjà juré de s’en sortir… autant de fois où elle a fini par panser ses plaies à l’alcool ou gérer son anxiété avec des pilules qu’elle n’avait jamais trop de mal à dénicher. Pas ce soir. Ashley sera avec toi. Tu ne flancheras pas.Elle se répète inlassablement en essuyant ses mains moites sur sa robe bleue au style légèrement pinup tandis que le bus arrive à destination.

Une brise marine l’accueille à l’extérieur, comme pour lui dire de ne pas s’en faire, que tout ira bien. Aisling profite de cet instant de calme pour emplir ses poumons et présenter sa peau diaphane au soleil. Un frêle sourire étire ses lèvres tandis qu’elle se gorge de cette lumière et de l’instant présent, se félicitant d’avoir quitté les ruelles pluvieuses de Belfast qu’elle haïssait tant. Se sentant un peu plus courageuse, elle se dirige vers la plage et n’a pas trop de mal à repérer le groupe qu’elle est censée rejoindre. Là-bas près de l’eau, ils ont déjà installé un joli feu de camp qui danse dans cette fin d’après-midi encore lumineuse. Des cageots en guise de siège, quelques coussins, des couvertures, de la musique, des nanas en maillot de bain, des mecs torse nu, des rires, une bonne ambiance, et surtout de l’alcool, de l’alcool à foison. Ok, tout va bien, trouve Ashley et tout se passera bien. Au cours des dernières semaines, les deux jeunes femmes se sont assez rapprochées pour avoir partagé quelques-uns de leurs plus sombres secrets. Ashley est bien évidemment au courant de sa sobriété nouvelle et de ses anxiétés sociales, c’est donc tout naturellement qu’Aisling lui avait demandé si elle pouvait être sa « garde du corps » pendant la soirée : agir comme une force inébranlable qui se dresserait entre elle et l’alcool, elle et les drogues, si jamais la tentation se faisait trop forte. Évidemment, elle avait accepté. Maintenant, il suffisait juste de la retrouver… et c’est là que ça se compliquait, car Aisling avait beau parcourir le petit groupe du regard, elle ne voyait nulle part la longue silhouette de sa jolie blonde.

La gorge serrée, elle reste sur la touche, incapable de savoir si elle devrait s’approcher timidement ou bien attendre l’arrivée de son amie. Elle rode comme un animal sauvage, attirée par toute cette agitation, toute cette amitié, toute cette jeunesse qui se libère en profitant des derniers rayons de soleil. Un sourire gêné sur ses lèvres roses, elle s’approche doucement et s’installe discrètement sur un des cageots. Espérant qu’on ne la remarque pas, priant tout autant pour qu’on vienne vers elle, qu’on l’intègre, qu’on l’apprécie. Foutue peur de l’inconnu, foutue besoin viscéral de faire partie d’un groupe ! Elle s’en sort avec quelques sourires qu’elle offre timidement aux personnes dont elle croise le regard, refuse poliment une bière et fini par se servir un jus de fruit pour se donner une contenance, quelque chose à faire de ses mains, une occupation. La musique dans son dos l’apaise légèrement, lui donne envie de danser, de partager. Mais avec qui ? Elle repère du coin de l’œil plusieurs personnes qui lui semblent agréables, des types au regard chaud, des nanas au sourire radieux. Comme elle aimerait pouvoir marcher vers ces petits groupes et se présenter. Mais elle n’ose pas. Foutue peur du rejet, d’être ridicule, insignifiante. Alors elle attend que quelqu’un vienne la cueillir à la croisée des mondes et l’inviter dans le cœur de l’action.

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Thunder in the blue skies, lightning in the daylight, storm clouds in our eyes. Tidal waves in my heart, earthquakes in the still dark, eclipses in the night.

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T’avais des plans pour ce soir mais ce que Ashley t’a annoncé est encore mieux. Une soirée sur la plage. Jusque là, rien de fou. Mais il y aura la miss Aisling de la partie. Cette meuf, tu l’as vu en photos pour voir parcouru tout son profil instagram. C’est une pote d’Ashley et cette dernière t’as tag sur son compte un jour pour te faire part de ses talents de mannequins. Qu’est ce qu’elle avait pas fait ce jour là. T’as été subjugué par la beauté de cette fille. Elle a un truc qui t’appelle et c’est pas forcément du sexe pour une fois, même si, soyons sérieux deux secondes, t’as clairement envie de la mettre dans ton lit. Elle dégage un truc qui t’inspires clairement et t’as apprécié tous les clichés que tu as pu voir d’elle, mais tu sais que les tiens seront tellement mieux. Tu l’as visualisé de différentes manières et t’espères bien pouvoir mettre en application ces idées. C’est pourquoi tu décides d’aller sur la plage avec Ashley plutôt que d’aller boire un verre entre potes dans un bar.

Tu vas chercher la blonde en voiture pour y aller ensemble. Ca fait quelques temps que t’as pas vu Ashley et vous prenez le temps de discuter, de vous mettre à jour sur la vie de l’autre. T’as appris à utiliser les bons pronoms en ce qui la concerne et t’as bien remarqué qu’elle rayonnait à chaque fois. C’est assez plaisant de la voir si heureuse alors tu t’appliques. T’es pas un gros con.

Vous vous arrêtez au supermarché pour prendre de quoi boire et manger. Un pack de bières et quelques paquets de chips plus tard, vous arrivez à destination. Ashley dit bonjour à tout le monde, car c’est tout ses potes. Y’en a certains que tu connais de vue et oh. Y’en a même un que t’as déjà baisé. Tu ne te souviens plus du tout de son prénom mais votre moment passé à deux est toujours claire dans ta tête. Tu dis vaguement bonjour à tout le monde, n’accordant pas plus qu’un faible signe de tête au mec que t’as baisé. Il avait tout de parfait sur le papier vu la taille de sa queue, mais t’as été déçu. Tu comptes bien l’esquiver ce soir. D’ailleurs tu files vers Ashley qui est à présent avec la brune, l’objet de tes désirs de la soirée.

« Leen, je te présente Andy. Mon pote photographe. »

Tu tiques un peu au surnom donné par Ashley pensant automatiquement à Lene. Tu regardes d’un peu plus près Aisling et ce que tu vois te plaît énormément.

« Hey. Enchanté. J’adore ton style. »

Tu savais que t’allais pas être déçu par elle mais ça te fait kiffer d’en avoir la confirmation de visu.

« Il rêve de te prendre en photo ! Il arrête pas de me parler de toi depuis qu’il a vu ton instagram. »

Tu roules les yeux aux propos de Ashley. Elle était pas obligé de révéler autant d’informations te concernant. Tu sais qu’elle aime te faire chier dès que l’occasion se présente parce que tu fais de même envers elle. Tu sais aussi que c’est payback de toutes les fois où tu t’es référé à elle en tant que « il ». T’en as encore pour un long moment avant que ces fautes là soit pardonnés.

« Ouais ouais ouais. Elle exagère. »

T’essaies de calmer le truc, mais tu vois Ashley qui fait « non » de la tête en regardant son amie et tu vas la pousser peut être un peu trop fort. C’était un dude, she can take it. Le sujet bifurque rapidement parce que Ashley en vient à quelques nouvelles la concernant qu’elle n’avait pas encore eu le temps de dire à Aisling. Tu en profites pour aller te prendre à boire.

Quelques instants plus tard tu te retrouves seul avec la pin up. Ashley est en train de profiter de la présence d’autres de ses amis. T’as pas du tout cherché à te mélanger à qui que ce soit. T’es là avec un but très précis dans ta tête. Prévoir une séance photo avec Aisling. Après une gorgée de ta bière, tu prends la parole, installé sur le sable légèrement en retrait par rapport aux autres.

« Elle a peut être exagéré mais elle avait raison. Si je suis venu c’est parce que je savais que t’étais là et je voulais te rencontrer. »

T’es généralement avare de compliments, ce qui veut dire que quand tu dis des choses si positives envers quelqu’un, c’est que tu les penses fort. T’essaies peut être bien aussi de la brosser dans le sens du poil afin qu’elle accepte un shooting avec toi.

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Enfin, la voilà qui arrive ! Aisling repère tout de suite ses longs cheveux blonds, sa grande taille, et ce sourire qui illumine tout son visage. C’est qu’elle va mieux, Ashley, depuis quelques temps. Il y a un truc qui irradie de l’intérieur et Aisling se dit que c’est peut-être bien le bonheur de s’être enfin trouvée. Aucun doute qu’elle aimerait bien savoir ce que ça fait, elle aussi. Elle se lève pour serrer son amie dans ses bras et prendre de ses nouvelles. Presque aussitôt, un grand brun les rejoint et Ashley le présente comme étant un pote photographe. Il la salue aussitôt et la complimente sur son style. Les joues roses, l’Irlandaise s’efforce de baragouiner une réponse. « Merci ! Ravie de te rencontrer aussi. » Il a ce truc dans le regard, cette assurance du type qui sait qu’il ne laisse pas les femmes indifférentes. Elle note aussi sa peau hâlée, sa bonne condition physique. Elle aurait préféré qu’il soit moins attirant, parce qu’alors elle aurait peut-être été moins gênée en entendant qu’il a fait un tour sur ton instagram et rêve de la prendre en photo – dixit Ashley. Aisling essaie de se souvenir les dernières photos qu’elle a posté, si elles étaient très osées ou pas beaucoup et ses joues la brûlent tellement qu’elle voudrait disparaître derrière sa frange. Heureusement, Andy minimise les propos de leur amie commune et Aisling saute sur l’occasion d’en faire de même pour abaisser son malaise. « Ouai, c’est Ashley quoi ! Elle… euh, s’excite un peu trop rapidement sur certains trucs. » Mais Ash ne lâche pas le morceau. Elle secoue la tête à la négative, ce qui lui vaut une sacrée bousculade de la part de son pote. Il s’éloigne et Aisling respire un peu plus librement. « Toi, tu sais définitivement comment faire pour mettre tout le monde mal à l’aise ! » Elle plaisante et ça les fait marrer toutes les deux.

Ashley profite de son absence pour lui raconter les dernières nouvelles, et puis comme elle repère d’autres amis qu’elle doit absolument saluer, la voilà qui s’éloigne aussi vite qu’elle est arrivée. Ashley quoi. Aisling la regarde avec un sourire et en profite pour aller se chercher un jus de fruit avant de s’en retourner sur le sable. Andy la rejoint quelques instants plus tard et s’installe à côté d’elle comme s’ils se connaissaient depuis toujours. Elle lui envie son audace, sa capacité à entrer en relation sans la moindre difficulté. D’ailleurs, il ne tarde pas à relancer le sujet et confirme son envie de la prendre en photo, précisant au passage qu’il est venu dans le seul but de la rencontrer. Aisling secoue la tête, incapable de le croire sincèrement, et un petit rire cristallin s’échappe de ses lèvres. « Parce que le coucher de soleil sur la plage, le sable tiède, la musique, l’alcool et les jolies Australiennes c’était pas assez pour te motiver ? » Elle ironise avec un sourire un peu naïf et pose délicatement ses lèvres colorées de rouge autour de sa paille pour prendre quelques gorgées de jus de fruit. Puis elle relève les yeux vers son nouveau compagnon. « J'suis flattée que t’aimes mes photos, mais t'sais, c’est des vieux clichés. Ces derniers temps j'ai pas mal changé pis j’essaie de m’éloigner de… euh… bah tout ça. » Elle bredouille, cryptique, incapable de trouver comment lui parler de sa sobriété nouvelle sans devoir avouer qu’elle est une junkie en rédemption, ou encore de lui expliquer clairement en quoi ses anciens photoshoots ne reflètent plus sa réalité. Nom d’un chien, il était bien plus facile d’agir normalement avec la drogue dans les veines pour calmer ses anxiétés et réveiller un peu l’Ivana Rose qui dort profondément en elle. « Je veux dire… les photos que je postais sur insta, c’était juste pour que les gens aient envie d'aller voir mes sets sur Suicide Girl. » Elle détourne les yeux, gênée d’admettre exposer son corps sur un tel site. « Mais j'fais plus tout ces trucs là. Les photos sexy, c'est pas pour moi. Désolée. » Elle s’excuse enfin, persuadée que c’est dans ce but qu’il la contacte, comme le fond habituellement tous les autres. Sauf que contrairement aux autres justement, il n’a pas l’air d’un vieux pervers, et c’est un ami d’Ashley. Dans ce contexte, Aisling se dit qu’elle aurait bien aimé le connaître plus tôt, ça lui aurait évité de sacrément mauvaises rencontres ! « Tu fais de la photo depuis longtemps ? » Elle demande pour relancer le sujet, l’éloigner d’elle et l’amener sur son nouveau compagnon de soirée.

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Tu vois que tu la fais rougir en un temps record. Ok. Tu pensais pas qu’elle serait de ce genre là. Timide. T’espères qu’elle est fun quand même. Pas qu’elle soit le genre de personne qui reste dans son coin sans parler. Ca briserait tout le fun de ce que tu t’es imaginé. Elle le dit elle même y’a un malaise mais elle se marre, donc ça va tu te dis. Elle est chill. On dirait. Elle en reste pas moins vraiment magnifique sous tes yeux. Damn. Cette fille. Ses yeux. Sa peau. Ses cheveux. Tu veux capturer tout ça dans ton appareil et afficher ça lors d’une expo ou tout simplement juste sur ton instagram. T’es sûr qu’elle va faire fureur. T’as même des envies de vidéos en sa compagnie parce qu’elle est beaucoup trop plaisante esthétiquement et tu commences presque à vouloir faire de tes vidéos porno quelque chose d’artistique au passage.

Aisling essaie de noyer le poisson sur la raison de ta venu. Elle aime vraiment pas être sur le devant de la scène. Vous êtes carrément à deux opposés à ce niveau là visiblement. Alors qu’elle fait des photos, elle doit quand même aimer ça un minimum. Mais très clairement, tu ne sais absolument rien d’elle et ça t’intrigue complètement. Elle a piqué ta curiosité. Ca te fait quand même bien plaisir qu’elle ne reste pas silencieuse face à toi, elle a du répondant. Bien. Tu la regardes boire son soda à la paille et tes yeux restent un peu trop longtemps sur ses lèvres. Damn.

Il aura suffit d’une phrase de plus de sa part pour te dégoûter. Elle veut s’éloigner des photos.

« Quoi ? Non tu déconnes… »

Tes rêves sont brisés d’un coup. C’était clairement devenu un pur fantasme de l’avoir poser pour toi et visiblement, les chances que ça se produisent sont faibles. Fuck. Et elle s’explique, parle des Suicide Girl que tu connais bien. Elle souligne le côté sexy qui n’est plus pour elle et elle enchaîne pour savoir ton parcours dans la photo.

« Si c’est que ça qui te dérange, on est pas du tout obligé de faire des photos sexy. »

Tu n’étais pas contre, c’est clair, mais tu veux tellement la shooter que tu prendrais n’importe quoi. Sa présence te fait un sacré truc et tu veux ça dans ton protfolio.

« Je sais que je vais pouvoir faire des magnifiques clichés avec toi. Tu m’inspires. Vraiment. Beaucoup. »

Tu la regardes droit dans les yeux, t’es vraiment sincère. Quand ça se joue de ta passion, de tes envies, de ce qui t’inspires pour faire avancer ton art, tu n’y vas pas avec le dos de la cuillère. Si tu le veux, tu te donnes tous les moyens. Tu y vas à fond.

« Ca fait très longtemps que ça m’étais pas arrivé. »

Tu n’as pas fini ton discours argumentatif.

« On va pouvoir faire un truc vraiment bien tous les deux. Je t’assure. »

Tu doutes pas de toi. Tu as déjà milles idées en tête, faut juste qu’elle accepte. Tu pensais pas que tu devrais sortir toutes les raisons qu’il fait qu’elle doit accepter, mais pas besoin de préparation pour lui dire ce que t’as sur le coeur à son propos.

« Je peux te payer s’il faut. »

T’es prêt à tout. Et t’en as oublié sa question. Faut juste qu’elle t’écoute, qu’elle te laisse une chance. Si elle peut te le faire gratuit c’est mieux mais tant pis, si faut aller jusque là, t’es prêt à le faire. Tu peux mettre le prix aussi. Tu verras si elle va sur ce terrain là.

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C’est difficile de ne pas lire la surprise et la déception sur son visage. Andy, il fait partie de ces personnes qui semblent ne pas avoir de masque ou de faux semblants. Y’a comme une sincérité brute qui émane de lui et quelque part ça la rassure, Aisling. Elle sent que ce n’est pas le genre de mec à se lancer dans des jeux tordus et ça tombe bien parce qu’elle perd toujours à ces trucs-là. Les pervers, les manipulateurs n’ont aucun mal à la repérer et prennent un malin plaisir à jouer avec elle comme un chat avec une souris ; pour l’épuiser à petit feu, jusqu’à ce qu’elle se roule en boule dans un coin et s’assomme de substances illicites pour attiser sa honte, sa tristesse et sa colère. Depuis que Sid est entré dans sa vie, elle prend conscience de ces histoires qui se répètent, ce rôle qu’elle prend continuellement sans sembler pouvoir s’en sortir, et elle essaie de briser les chaînes, de s’éloigner de tout ce qui la fait souffrir au lieu de plonger dedans tête la première. C’est pas si facile à faire, quand on a fait exactement l’inverse toute sa vie. Les signes se mélangent et les instincts se brouillent. Mais l’alarme ne se déclenche pas face à Andy. Au contraire, elle se sent paisible à l’intérieur, étrangement à l’aise, et elle ignore pourquoi. Surement parce que c’est un ami d’Ashley, elle se répète inlassablement, rassérénée par cette simple explication. Lorsqu’il reprend la parole, Aisling l’observe curieusement, surprise de le voir écarter si facilement la possibilité de faire des photos érotiques. Déjà presque apprivoisée, elle sent ses joues pâles la brûler alors qu’il lui déclame avec passion à quel point elle l’inspire et comme il se voit réaliser de superbes clichés avec elle. Elle voudrait bien lui répondre quelque chose mais elle ne sait pas quoi, et l’intensité de ses prunelles ardentes la déstabilise bien trop alors elle garde le silence tandis qu’il en rajoute une couche en avouant qu’un tel élan ne l’avait pas envahi depuis longtemps. « Je crois que personne a jamais pris la peine de me dire un truc pareil pour me proposer de faire des photos. » Elle avoue, touchée par ses paroles mais encore réticente tout au fond sans trop savoir pourquoi. Andy, il sent certainement que sa volonté vacille, parce qu’il lui assure maintenant le résultat grandiose de leur collaboration qu’il imagine déjà avec des étoiles dans les yeux et un sourire aux lèvres. Et puis d’un coup, de but en blanc, il lui annonce être prêt à la payer s’il le faut. Les yeux d’Aisling s’arrondissent et elle en lâche sa paille. « Tu me payerais… même pour des photos non érotiques ? » Ses yeux s’éclairent à cette possibilité. Dans le fond de son cœur, Aisling a toujours rêvé de faire de la photo créative, d’utiliser son corps et son visage pour faire vivre un univers, transporter, intriguer. Comme elle aime l’art subversif et ces artistes capables de vous faire ressentir tout un tas d’émotion à partir d’une scène bien composée, d’un cliché parfait, d’un éclairage soigneusement capturé. Plus jeune, c’est ainsi qu’elle se voyait, muse solitaire, immortalisée à travers quelques pixels colorés. Les photos nues, c’était juste un tremplin, une étape à parcourir pour enfin aller vers ce qui l’intéressait. Mais personne ne lui avait dit alors que c’étaient deux disciplines différentes, que les photographes ne pourraient jamais la voir autrement qu’un objet de fantasme, une coquille sur laquelle projeter tous leurs désirs, un corps et un visage lucratif et sans âme. « J’ai toujours voulu faire de la vraie photo créative, mais on m’a toujours dit que j'ai pas l"étoffe d'une mannequin et alors le seul créneau dans lequel je pourrai gagner ma vie c'est en montrant mes seins. » Elle avoue, l’émotion dans la gorge qu’elle ravale avec une grande goulée de sa boisson. Brusquement, elle a l’impression d’avoir une vraie valeur. Une valeur qui touche à son énergie et à son visage plutôt qu’à son cul et sa capacité à se tordre comme une chatte en chaleur face à l'objectif. Et d’un coup, elle ne se sent plus sale à l’idée de faire des photos à nouveau. Au contraire, c’est comme si l’inspiration d’Andy voyage un peu jusqu’à elle. Aisling relève alors ses prunelles océan vers lui et cherche dans son regard comme pour y trouver la réponse à ses dernières interrogations. Comme tout à l’heure, il brille de sincérité, de promesses qu’elle a envie de croire, d’un projet auquel elle brûle presque de participer. « Alors admettons qu’on se lance, ça ressemblerait à quoi toutes ces idées ? » Elle questionne avec intérêt. « J’ai envie d’en savoir plus sur ton univers. »

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T’es grave surpris quand elle t’avoue que personne ne lui a jamais fait part de combien elle était inspirante. Tu te rends pas compte que c’est peut être juste toi en fait. Y’a un truc chez elle qui te parle. Qui te parle beaucoup. Tout dans ce que tu vois d’elle te plaît. Tu la connais pas mais ça colle. Tu le sais. Tu le sens. Ashley t’a un peu parler d’elle, mais pas tant. T’as aucune idée si Aisling va se laisser aller dans les confidences avec toi mais tu t’en fou. Même si ouais, la connaître un peu plus te ferait plaisir. T’aiderais à aller dans une direction plutôt qu’une autre dans les photos que tu veux faire. Parce que ouais, vous allez le faire. Elle a l’air trop touché par tes mots pour qu’il en soit autrement. Tu veux tellement que tu vois des bons signes partout. Tu devrais pas. Elle va te dire non et tu vas être l’homme le plus frustré du monde. Elle va accepter. Parce que tu n’as pas encore dit ton dernier mot.

La surprise la prend de nouveau quand tu veux la payer avec ses fringues sur elle. Mais wow t’es grave étonné qu’elle soit prise de court par cette nouvelle. Elle ne connait donc que ça ?

« Ouais. C’est 100% du travail que je fais. Les trucs érotiques que j’ai déjà fait c’était avec des mecs ou des meufs avec qui je m’amusais. Jamais d’argent au milieu. Que du fun. »

Et c’est la vérité. Elle s’explique du pourquoi elle a jamais fait ça avant. Les gens lui ont mis des batons dans les roues. Elle a l’air de pas avoir croisé le chemin des bonnes personnes. Au fond, tant mieux pour toi. Tu vas avoir l’exclusivité de sa beauté, de son aura qui t’inspire tant. Qui t’appel. Qui te parle. Ouf. Tu ressens bien tout ça. T’essaies de pas trop te projeter mais wow. Tu vois des beaux trucs avec elle. Des très beaux trucs. Elle t’inspire beaucoup trop ça ne peut qu’être magnifique ce qu’il va en ressortir. Elle a l’air à fleur de peau. Elle a l’air d’avoir besoin d’être rassuré. T’es là pour ça. Parce que t’es tellement sûr de son potentiel.

« Dans leur objectif t’as peut être pas ce qu’il faut. Mais dans le mien, t’as tout. Vraiment tout. »

Voilà qu’elle change d’avis. YES. Elle émet des hypothèses mais c’est déjà mieux que rien. Elle veut en savoir plus sur toi. Sur ce que t’as en tête. Tu hoches la tête. Tu essaies de rassembler tes idées pour pas dire de la merde dans l’empressement mais c’est ce que tu fais quand même parce que t’es un peu partout en vrai là. Ton cerveau est sans dessus dessous.

« Y’a des endroits en ville qui me font penser à ce que tu dégages. Et d’autres endroits aussi que j’ai vu sur internet et… Ouais, c’est plus loin. C’est genre en Australie toujours mais. Ouais. Je m’emballe mais si jamais un trip de quelques jours pour voir du pays et faire des photos au passage ça te branche. Ok. Je vais trop loin. Je sais. On devrait commencer par un truc ici et j’ai des spots pour toi. Pour nous. Et… »

Tu parles beaucoup mais t’es grave passionné et elle t’inspire tant, ça se sent.

« … faut qu’on discute voir ce que t’aime ou non. Parce que c’est bien beau de faire tout ce que le photographe ressent mais, si t’es pas à l’aise ou quoi, ça marchera pas aussi bien. »

Tu te mords la lèvre en la regardant. T’es tellement dedans. T’as tellement envie.

« Sérieux je sens qu’on peut faire un truc énorme tous les deux. Je dis ça et on a encore rien fait mais ouais, je sais pas je le sens. Tu m’inspires trop et c’est la première fois que ça m’arrive. »

Tu crush fort Andy. Elle est beaucoup trop esthétiquement plaisante.

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« Dans leur objectif t’as peut être pas ce qu’il faut. Mais dans le mien, t’as tout. Vraiment tout. » Ces mots sonnent et résonnent à ses oreilles, placent des étoiles dans le fond de ses yeux et un feu d’artifice dans son cœur. Le rouge aux joues, Aisling ne sait que répondre, alors elle change le sujet, tourne l’attention sur Andy plutôt, sa vision et son travail. Il prend comme un temps de réflexion et elle observe les traits parfaits de son visage, se demande comment un type aussi beau et plein de vie que lui peut s’intéresser à une nana aussi banale qu’elle. Le doute revient au galop, la peur qu’il se moque d’elle, de découvrir à la dernière minute qu’il est comme tous les autres mecs avec qui elle a travaillé par le passé, intéressé par la peau nacrée sous ses vêtements et rien d’autre que cela. Mais pas question de chambres d’hôtel sordides, de grands appartements loués à la journée. Non, Andy lui parle d’endroits en ville qui se marieraient à ce qu’elle dégage, et même d’autres endroits plus éloignés qu’il faudrait rejoindre en voiture, sur quelques jours. Le cœur d’Aisling s’emballe et elle ignore si c’est de la peur ou de l’excitation, un mélange des deux certainement. Sa gorge se serre, la réponse reste bloquée quelque part et comme s’il ressentait son trouble, il se rétracte, propose de commencer par quelque chose de plus proche, de moins effrayant. Elle hoche la tête avec un sourire plein de gratitude, pendue à ses lèvres, fascinée par la passion dans son discours et surtout par ce qu’il lui dit et comme il s’intéresse à ce qu’elle peut bien penser de tout ça. « Ça aussi, c’est la première fois qu’on me le dit. » Elle répond avec un petit rire amer qui la surprend. Elle ne veut pas avoir l’air brisée ou terne, pas face à ce type qui semble si inspiré par quelque chose qu’elle ne comprend pas vraiment. Alors elle boit une gorgée de son jus de fruit et se reprend rapidement. « Je veux dire, normalement on me dit juste ‘viens telle date à telle heure, porte telle tenue’ et puis ‘vas-y, couche toi là, cambre toi, tourne toi, regarde la caméra’. » Elle imite avec un sourire qui ne touche jamais ses yeux. « Moi j’aime la plage et les palmiers, le sable à perte de vue, les grottes qu’on s’attend pas à trouver, les rochers à nu. Mais on m’a toujours dit que j’étais trop blanche, que j’avais pas assez de seins pour ce type de photos. » Elle rigole, remonte inconsciemment ses bretelles comme pour attester ses dires. « Et puis j’adore les rues taguées, ça me rappelle l’Irlande du Nord avec les grandes fresques politiques qu’on peignait partout. Mais apparemment je fais trop pinup pour ce genre de décor alors je serais juste bonne à faire les trucs de boudoirs… tu vois ? » Elle repose son verre vide sur le sable, s’écarte d’un petit groupe trop bruyant et se rapproche d’Andy pour mieux continuer leur conversation. « J’ai vraiment envie de voir autre chose, de faire des trucs qu’on m’a toujours refusé. Quand tu me parlais de prendre la route tout à l’heure, de voir ce qu’on pouvait faire en dehors de Brisbane… ça m’inspire, j’en ai vraiment très envie. » Elle avoue, une lueur dans le fond de ses yeux gris. Puis elle pince les lèvres, détourne le regard, se demande si elle devrait lui balancer toutes ses craintes comme ça, dès leur première rencontre. Elle hésite, pense un instant à garder ses peurs à l’intérieur, et puis son besoin d’être sincère reprend le dessus. Et puis c’est un ami d’Ash… Alors elle prend une inspiration pour se donner du courage et, les yeux fixés sur le sable qu’elle remue du bout des doigts, Aisling se lance enfin : « J’ai pas eu que des bonnes expériences, en suivant mon cœur. J’en ai même eu des très mauvaises et… je veux pas que tu le prennes pour toi parce que t’as l’air vraiment sympa, mais j’ai plus du tout confiance en mon instinct. Genre, carrément pas. »

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« Ça aussi, c’est la première fois qu’on me le dit. » Et ça te brise le coeur un petit peu. Parce que la vérité c’est que tu te vois beaucoup en elle. C’est pour ça que tu la ressens tant. Tu sais rien d’elle, mais ces détails qu’elle ajoute au fur et à mesure se compilent à cette liste invisible dans ta tête que tu coches. Cette liste de similarité avec toi. Vous avez certainement pas le même parcours, mais la finalité est la même. Etre pris pour des objets sexuels. Etre des sous hommes. Des personnes à qui ont demande pas son avis. A qui ont fait subir. Elle parle un peu plus en détail de ce qu’elle veut dire par ces mots mais t’avais déjà tout compris. Parce que t’as déjà tout vécu ça aussi.

Et totu ce qu’elle ajoute sur ce que les gens disent d’elle, t’es outré. Genre. Vraiment. Comment ils peuvent lui mettre une étiquette de la sorte ? Ne pas la prendre en considération, ça tu peux comprendre. Y’en a pour qui les gens ne sont que du business et c’est indéniable que Aisling dégage un truc qui laisse pas grand monde indifférent. Tu comprends qu’ils aient voulu bosser avec elle. Tu comprends juste pas pourquoi ils se sont senti dans le besoin de la mettre dans une boîte qui n’était pas du tout faite pour elle. Tous égoïstes. Ils voyaient leur propre plaisir. Mais ils savent pas que quand ça fait des étincelles, c’est quand ça marche dans les deux sens. C’est ce qu’on va faire. Tu le sens vraiment bien. Tu le sens même beaucoup trop. Les rochers, la plage, le street art, tu approuves absolument tout ça. Tu l’imagines déjà dans ces décors et ça ne fait qu’ajouter à ce que t’avais déjà en tête. Tu modifies tes visions en même temps qu’elle parle et tu aimes encore plus ce que ça devient. Et puis elle te dit carrément qu’elle est partante pour quitter la ville quelques jours et voir ces fameux spots qui t’inspirent tant.

« On peut se prévoir ça. »

L’adrénaline coule dans tes veines. T’es très excité pour tout ce plan que vous êtes en train de faire. Et puis elle t’avoue combien elle se fait pas confiance.

« Si je te file un joli chèque, ce sera plutôt ta tête que ton coeur que tu vas suivre nan ? »

Tu joues sur les mots, mais c’est vrai. Ton petit sourire en coin prouve que tu te sens intelligent avec ta remarque de merde. J'ai raison. Parfois il suffit d'un rien pour que le cerveau aille dans un sens plutôt que dans l'autre. Pour apaiser ses angoisses.

« On pourra aller dans une ville pas trop paumée. Comme ça si tu le sens plus au milieu ou au début ou quand tu veux, tu peux aller à la gare et te tirer. »

Tu veux pas qu’elle se force à faire des photos avec toi.

« Mais je pense qu’on devrait commencer avec un truc en ville… »

Pour qu’elle voit comment elle se sent avec toi derrière l’objectif sans que ça implique un trip et des frais qui risquent d’être jeté par la fenêtre.

« On est pas trop mal à Brisbane niveau street art. »

Joel Birch a fait un tas de murale toutes plus belles les unes que les autres. Et tu mentionnes même pas la plage parce que c'est tellement évident que y'a la plage pas loin. Vous êtes sur la côte de l'Australie. Elle peut avoir ses photos sur la plage sans soucis.

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a heartbeat sober

When it's good it's so good 'til it goes bad, 'Til you try to find the you that you once had. I have heard myself cry, never again; broken down in agony just tryna find a friend. I'm safe up high, nothing can touch me, but why do I feel this party's over? •• P!NK

Il parle de lui filer un joli chèque pour la convaincre et un rire nerveux s’échappe des lèvres d’Aisling. Il peut pas savoir combien de fois elle a enfreint ses propres limites pour de l’argent, ni à quel point ça la fait se sentir sale et honteuse à chaque fois. C’est même comme ça qu’elle a commencé les photos érotiques, parce que ça rapportait carrément plus que ses petits contrats catalogues pour les marques de vêtements alternatifs dans la région. Fallait bien payer les factures, et puis la drogue qui l’aidait à oublier sa culpabilité et ses réticences. Un putain de cercle vicieux dont elle ne se sent pas encore tout à fait sortie, vulnérable au moindre pas de travers qui la renverrait dans cet enfer. Elle essaie de sourire, de cacher son anxiété parce qu’elle le sent sincère et qu’elle n’a pas envie de passer pour une flippette rabat-joie. Mais peut-être bien que c’est ce qu’elle est dans le fond. Et d’ailleurs il sent surement son hésitation parce que voilà qu’il la rassure, lui propose de choisir une ville pas trop paumée qui lui donnera la possibilité de partir quand elle le souhaite si jamais elle ne se sent pas à l’aise. La peur s’efface un peu alors qu’elle réalise qu’il fait vraiment tout pour la mettre à l’aise. Et puis c’est un pote d’Ash ! Son sourire revient totalement quand il propose de faire un truc en ville et l’excitation la submerge de nouveau alors qu’il évoque le street art dont regorge Brisbane. « Oh mais oui, ça me plairait tellement ! » Elle explose dans retenue, puis met une main devant ses lèvres en jetant un petit coup d’œil à la ronde comme pour s’excuser auprès des gens qu’elle a fait sursauter juste à côté d’eux. « Pardon, pardon. » Elle rigole, puis reporte son attention sur Andy et sa belle tête d’artiste charmant qu’elle commence déjà à idéaliser. Andy le beau gosse au grand cœur. Andy le photographe éthique et droit dans ses bottes, qui respecte les femmes et les laisse créer. Andy peut-être le gars qu’elle attendait, qui sait ? Dans sa poitrine son cœur s’emballe, et une teinte rose colore ses joues pâles – foutue peau irlandaise ! « On pourrait faire ça dès la semaine prochaine si tu veux. Je travaille le soir, alors je suis souvent libre dans l’après-midi. Y’a un petit café sur la plage qui fait des jus multicolores à côté du skate-park. On pourrait s’en prendre un et puis faire des photos avec. Y’a tout la bas : le street art et la plage. » Elle rigole et puis se désigne avec une pointe d’autodérision. « Y’a plus qu’à rajouter la pinup, et le photographe. » Son cœur se serre à l’évocation de ce mot : photographe. Dans sa tête elle sent qu’il y a encore quelque chose qui la retient, le poids de ses expériences négatives qui tirent toute son inspiration vers le bas et cherche à l’ensevelir sous une montagne de craintes et de dégoût. Alors, plus sérieuse, elle dessine des petits cercles dans le sable et demande, l’air de rien. « Dis Andy, c’est quoi le plus important pour toi quand tu travailles avec une modèle ? »

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« Oh mais oui, ça me plairait tellement ! » Tu pensais pas qu’elle serait aussi enthousiaste mais ok. C’est bien. C’est même très bien. Le sourire sur tes lèvres se fait plus large. Elle kiffe. Elle kiffe vraiment. Vous allez faire du bon boulot ensemble tu le sais. Tu le sens. « Pardon, pardon. » Tu te demandes pourquoi elle s’excuse parce que t’as pas capté les gens à côté qui ont sursauté. T’es dans une bulle là Andy et tu t’en es même pas rendu compte. T’es dans ta zone à parler photos avec une fille qui t’inspire beaucoup trop. « On pourrait faire ça dès la semaine prochaine si tu veux. Je travaille le soir, alors je suis souvent libre dans l’après-midi. Y’a un petit café sur la plage qui fait des jus multicolores à côté du skate-park. On pourrait s’en prendre un et puis faire des photos avec. Y’a tout la bas : le street art et la plage. » Wow elle en dit des trucs d’un coup. Mais c’est bien. Elle est enthousiaste et c’est impossible à louper. Tu hoches la tête parce que même si tu sais pas où se trouve l’endroit dont elle parle, t’aimes ce que t’entends.

« Ouais parfait on peut commencer par là bas. »

« Y’a plus qu’à rajouter la pinup, et le photographe. »

« Je peux être la pinup aussi ? »

T’es con Andy. T’es content aussi. Mais elle perd son sourire la fille. « Dis Andy, c’est quoi le plus important pour toi quand tu travailles avec une modèle ? » Elle va dans le profond d’un coup. Tu t’attendais pas à ce genre de question mais tu vas y répondre avec plaisir.

« Que tout le monde prenne son pied. »

Et elle a aucune idée de combien c’est vrai dans tous les sens du terme. Parce que si t’as moyen de baiser ton model tu le fais toujours. Tu le vois assez vite dans les yeux de l’autre si c’est possible d’aller sur cette route là. Et avec elle, tu le sens pas. Pas comme ça. Mais ça te dérange pas parce que contrairement à ce qu’on peut croire, tu sais le garder dans ton pantalon. Surtout quand tu prends des photos d’un sujet qui t’inspires. Tu vois plus rien d’autre. T’es dans la zone. Tu prends ton pied.

« Et qu’on se fasse un max de fric avec le résultat. »

Un sourire en coin se forme sur tes lèvres. T’es honnête. Tu sais pas si c’est vraiment les réponses qu’elle voulait mais c’est celles que tu lui donnes.

« Je m’inquiète pas pour tout ça. »

Tu le sens beaucoup trop bien, faudrait que t’arrêtes d’ailleurs parce que si ça foire, tu vas tomber de haut. Mais là t’es hyped de fou. Ca fait très très longtemps que t’as pas été inspiré comme ça par quelqu’un. C’est la première fois même. A ce point là ouais.

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Dans les yeux d’Andy y’a de la surprise, mais un peu de curiosité aussi. Sa réponse, il a même pas à réfléchir avant de la lancer avec la désinvolture qui semble le caractériser. Pour lui, le plus important c’est que tout le monde prenne son pied. Aisling se pince les lèvres, resserre ses bras contre elle comme pour cacher son corps, se cacher elle. L’allusion ne lui échappe pas, l’effraie. Il faut dire que tout est sensuel chez Andy : ses gestes fluides, son regard, ses lèvres et même sa façon de s’exprimer. Mais étrangement, chez lui, elle ne trouve pas ça dégoûtant. Un peu flippant peut-être, et pourtant elle ne se sent pas en danger. Parce qu’il dégage autre chose aussi, quelque chose qu’elle n’a peut-être jamais rencontré chez les types qui la tournaient dans tous les sens pour photographier son corps sous ses angles les moins confortables. La passion de la photo, la vraie. Andy aime son art et ça se voit à la manière dont ses yeux s’illuminent quand il en parle, à son énergie qui circule dès qu’il s’imagine le projet, le résultat, et le fric qu’ils en tireront. Aisling s’autorise un petit rire caustique quand il lui parle de tout ça, à la fois rassurée et choquée par son honnêteté. « Comme tu y vas ! » Elle commente, mais ses yeux à elle aussi pétillent désormais, parce que l’argent, elle en a besoin. Elle est en galère depuis qu’elle a arrêté les photos érotiques, qui étaient pourtant son gagne-pain principal, et c’est pas les quelques danses qu’elle fait encore au Candy Club qui lui permettent de garder la tête hors de l’eau, surtout maintenant que Mitchell et ses cerbères exigent un quart du pognon pour rembourser la dette de sa trahison. Alors l’idée de faire de l’argent avec des jolies photos, d’être une vraie modèle qui puisse être respectée, c’est clair que ça la rapproche carrément de prendre son pied, justement. « T’es honnête, c’est rare, et ça fait du bien. » Elle répond avec un sourire appréciateur, ses doigts qui reprennent leurs petits dessins dans le sable entre eux. Les réponses d’Andy ne sont pas celles qu’elle attendait, pas celles qui auraient pu totalement la rassurer. Mais c’est pas trop grave parce que son attitude est tellement directe qu’elle sait qu’il ne cherche pas à l’emberlificoter. Et dans le fond, c’est le plus important, non ? What you see is what you get. Elle a besoin de ça, Aisling. Elle sait pas lire dans l’esprit des autres, elle sait jamais quand on cherche à la manipuler ou quand on est vraiment sincère. Mais lui, il est tellement à côté de la plaque niveau je-rassure-une-modèle-coincée que forcément il dit la vérité. Et bon sang, ça fait du bien. Un profond soupir, le poids s’allège sur sa poitrine et libère ses poumons. Elle inspire la nuit, la joie de cette petite fête sur la plage, l’inspiration pour le lendemain. Sa décision prise, elle relève enfin les yeux vers Andy. « Ok. » Elle dit simplement, un sourire taquin sur les lèvres. Elle sort un stylo de son sac et prend la main du beau gosse dans les siennes pour la placer sur ses genoux. « Je sais que t’as déjà mon Instagram mais je te file mon numéro. » Elle explique en inscrivant les chiffres sur sa peau lisse, en prenant garde de ne pas trop appuyer pour ne pas le blesser – manquerait plus que ça ! Elle rebouche le stylo une fois qu’elle a fini, vérifie du bout de ses doigts que c’est bien sec, puis le libère. « Je réponds pas aux appels, j’aime pas. Mais écris-moi et puis on pourra voir tout ça. » Elle propose toujours avec son sourire sur ses lèvres de cerises. Puis elle se relève et époussette ses vêtements pour se débarrasser du sable. « J’dois y aller, mais je suis super contente de t’avoir rencontré Andy. » Elle lui dit avec sincérité. Et sur un petit signe de la main elle disparaît sur la baie. Fuir. Fuir avant de changer d’avis, fuir avant de paniquer. Fuir avant de tomber « par hasard » sur une bouteille d’alcool et décider de se la vider dans le gosier. Bon sang, comme elle aimerait être plus normale, plus fluide elle aussi, plus à l’aise sans les pilules qui ont pris l’habitude de réguler ses émotions à sa place. Mais quelque part dans son cœur, elle se dit qu’Andy est peut-être une clef. Il a l’air tellement chill, c’est sûr qu’elle aurait plein de trucs à apprendre de lui.

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