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 Happiness never lasts || Allan

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Message(#) Sujet: Happiness never lasts || Allan Happiness never lasts || Allan EmptyMer 11 Sep 2019 - 22:11


Tout avait si bien commencé et tout aurait pu si bien continuer. Tout portait à croire que ce jour était le mien et que rien ne pourrait m’arriver. Je suis arrivé à 15h au théâtre pour un gros débriefe puis un filage du texte, un bon échauffement en bonne et due forme, quelques enchaînements de danse puis retour aux loges pour nous préparer. Maquillage, habillement, tout cela se passe dans la joie et la bonne humeur, nous rigolons ensemble, nous nous encourageons et laissons le stress et le trac de côté. A 19h30 les portes s’ouvrent, la pression augmente légèrement, mais la panique reste au plus bas. Au final, c’est surtout de l’excitation qui me prend aux tripes lorsque je lance un coup d’œil sur la montre et que je me rends compte que mon entrée en scène est dans 9 minutes. Soufflant doucement, je fais quelques rapides étirements puis rejoins la scène et me met en place. Quelques instants plus tard, j’aperçois le rideau qui bouge et Charles qui s’avance vers moi. Sourire sur les lèvres, il s’avance, pose une main encourageante sur mon épaule, la sert légèrement me glisse à l’oreille de me tenir près puis s’en va. Je prends une profonde inspiration, remet ma casquette en place puis m’avance vers le bureau qui est posé là et m’installe dessus, comme prévu. Mon cœur accélère subitement ses battements tandis que mes lèvres s’étirent en un sourire alors que la musique commence et que le rideau se lèves. Et c’est, lorsque je suis éblouie par les projecteurs, que je sais que ça commence.

Avec énergie, je saute du bureau et déclame mon texte. Cette même énergie reste tout au long des enchaînements. Danses, chants, monologues ou dialogues, nous sommes tous égaux, nous nous motivons ensemble. Nos danses sont parfaitement chorégraphiées, coordonnées et synchronisées et plus les minutes défiles plus je me dis que c’est notre meilleure performance. C’est la première de cette nouvelle pièce, il faut que nous marquions le coup ! Et pour marquer le coup, je le marque réellement. Mais pas de la façon que j’imaginais.

Peu avant la fin de la première cession, je fais une erreur de débutant en m’élançant dans la diagonale sans calculer précisément mes pas ou la distance de la scène. Mais, ayant confiance en mes capacités et surtout dans le fait d’avoir fait cet enchaînement de roue/saut de main/salto arrière une bonne centaine de fois, je ne me pose pas autant de questions que j’aurais du. La réception du salto se fait au bord de la scène au centimètre près. Si j’avais posé le pied légèrement plus en arrière, j’aurais atterrie dans la fosse. Et ça aurait pu se finir là. J’aurais eu la frayeur de ma vie mais je n’aurais rien fait paraître et je serais reparti dans l’autre sens comme prévu.

Sauf qu’en posant mon pied droit en sol –pied qui récupère tout mon poids à la réception- je fais l’erreur de tendre un peu trop brusquement la jambe et de me contracter –sans doute pour éviter de chuter- et j’entends un claquement sinistre avant qu’une violente douleur n’irradie mon mollet. Déséquilibré, je tente de faire comme si de rien n’était mais il m’est impossible de poser le pied au sol et la chute est inévitable. Je parviens à me rattraper de manière à ce que ma rencontre avec le sol devant la scène ne soit pas trop douloureuse puis reste là, allongé, sans bouger, le temps de reprendre mes esprits. Je remarque sans problème que la musique continue de jouer et au son des pas sur la scène, mes collègues ne se sont pas laisser déstabiliser. C’est bien.

Dans un soupire, je me redresse, grimaçant de douleur lorsque je déplace ma jambe droite. Fermant les yeux, je m’efforce de garder une respiration normale alors que je sens une main se poser sur mon épaule et avant d’entendre la voix de mon père. Je ne comprends pas trop ce qu’il dit, me sentant nauséeux à cause de la douleur et le bourdonnement dans mes oreilles n’aidant pas, mais fini par secouer la tête, imaginant qu’il m’ait demandé si je vais bien « non» soufflais-je « ça va pas, je …» je rouvre les yeux en sentant une seconde présence à mes côtés. Charles s’est accroupie à mes côtés, une main posée sur ma jambe « t’as mal où ?» demande-t-il simplement « cheville» parvenais-je à souffler en désignant mon pied. Ni une ni deux Charles se redresse et entreprend de retirer ma chaussure. Instantanément, la douleur augmente d’un cran et je me mords vivement sur la langue pour ne pas hurler, laissant simplement échapper un râle, tandis que mes ongles se plantent dans le bras de mon père. «Ok…viens on va sortir d’ici » reprend le metteur en scène. Après s’être rapidement concertés, les deux hommes m’aident à me relever et, me soutenant de part et d’autre, nous nous dirigeons vers la sorti. En passant dans le public, je garde bien le regard baissé n’ayant aucune envie de croiser un quelconque regard de peur de devoir répondre à des questions de curiosité mal placée.


Une fois dehors dans le hall, au calme, je m’installe sur une chaise mise à disposition et observe Charles qui, sortant son portable, s’éloigne de quelques pas sans doute pour appeler les secours. « Désolé …» finissais-je par souffler à l’attention de mon père qui rate la moitié du spectacle. Tremblant à cause du choc, de la douleur et du traumatisme, je frissonne et pose mon regard sur mon pied qui a déjà doublé de volume «je suis trop con putain … » et je sens comment les larmes me montent au visage, alors que mon esprit irrationnel commence à me persuader que c’est la fin de ma carrière.

@Allan Winchester
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Message(#) Sujet: Re: Happiness never lasts || Allan Happiness never lasts || Allan EmptyDim 15 Sep 2019 - 15:24


Cette soirée aurait dû être parfaite, le point d'orgue dans le lancement de la carrière professionnelle de Clément. Oh, il commençait déjà à être bien connu à l'échelle de Brisbane, et même de l'Australie. Mais leur nouveau spectacle était plus que prometteur, et les journalistes seraient sûrement disséminés dans les premiers rangs de la salle afin de pouvoir apprécier et reporter ce qu'ils auraient vu. Avant même de dévoiler pour la toute première fois cette pièce, des commentaires enthousiastes envahissaient les réseaux sociaux: tout le monde était certain que ce serait un carton, et c'est bien tout ce que j'espérais pour mon fils. Malheureusement, la vie n'est pas faite pour être simple tous les jours, et nous l'a prouvé ce soir encore. Mais revenons-en quelques heures plus tôt.

Après avoir passé une superbe journée en compagnie d'une magnifique jeune femme, profitant de sa compagnie, de sa présence intellectuelle comme de ses courbes, je lui avait fait comprendre que le tout ne se poursuivrait pas ce soir car j'étais déjà occupé. Et hors de question de ramener une parfaite inconnue à la représentation que s'apprêtait à donner la Northlight Company. Elle avait un peu pesté, s'imaginant déjà dîner aux chandelles, bouteille de champagne et tout le tralala. Eh oh, je lui avais déjà payé un super bon scotch ce midi, ça ne lui avait pas suffi ? Ahlala... Bref, c'est pas comme si j'en avait grand-chose à faire. Une fois la croqueuse de diamants partie, j'ai pu me préparer convenablement pour la soirée à venir. J'avais réservé une place VIP, extrêmement bien située, premier rang. Et j'avais promis à Sara de tout filmer discrètement avec un gadget discret hyper technologique, avec l'accord de la troupe bien sûr. Charles avait été conciliant, connaissant bien mon ex-femme et même moi désormais; quand on est dans le coin, on vient très souvent aux représentations de la troupe, même quitte à revoir le même spectacle quatre, cinq fois en l'espace de deux mois. En restant à bonne distance cependant, notamment à cause de son mec. Elle était extrêmement déçue de ne pas pouvoir venir ce soir-là, mais Billy l'avait invitée à un week-end à Sydney, donc... Pff, je ne comprends pas qu'elle reste avec ce beauf. A dix-huit heures, j'envoie un SMS à mon ptit loup. Bonne représentation fils. A ce soir. Car bien sûr, on irait fêter ça avec une de nos éternelles pizzas, si ce n'est que ce soir j'inviterai toute la troupe à dîner. Ils étaient tous déjà prévenus qu'on irait manger là-bas, et étaient ok avec le principe. Ils ne savaient juste pas que j'offrirai la tournée. Eh, ça se marque, un coup comme ça ! Quoi les sous ? Comment ça les sous ? Mais bordel... C'est fait pour être dépensée, la thune! J'lemporterai pas dans ma tombe. Une bonne douche et quelques questions vestimentaires existentielles plus tard, j'entre dans le théâtre et vais prendre ma place. J'allume la caméra, toute petite machine accrochée sur la poche de mon veston. Je vérifie l'encadrement, le corrige. Le spectacle commence.

Le premier acte est sublime. Les comédiens sont parfaitement synchronisés, les mouvements sont techniques mais gardent leur part de beauté artistique sans tomber dans le manichéen, les textes sont drôles... Tout est arrivé à un stade de réussite exceptionnel, et j'en suis le premier bluffé. Et là, patatra. Je suivais Clément des yeux lorsque je le vois tomber, son pied partir du mauvais côté. Merde ! J'en ai mal pour lui. Il ne pourra pas se relever seul, c'est certain; je me lève instantanément et prends le chemin des coulisses, que je connais bien maintenant. Il me faut moins de trente secondes pour arriver aux côtés de l'acteur blessé et de Charles. Hey louveteau, ça va ? Ma voix ne tremble pas, mais est teintée d'inquiétude. Le visage de Clément est crispé, il souffre. Il répond faiblement pour ne pas laisser trop sortir sa voix, ne pas déranger le reste de la scène. Quel courageux garçon. Charles fait un autre essai, lui demande où il a mal. Sa cheville. Celle-ci est rapidement découverte, dévoilant un gonflement inquiétant; mais en même temps, ça ne veut pas toujours dire grand-chose. Je le soulève sur son côté droit, Charles sur la gauche. Oh-hisse ! Et nous voici partis vers le hall d'entrée pour mettre mon comédien préféré au calme. Il n'y a plus personne: même les réceptionnistes sont sortis, pour la pause clope en attendant l'entracte, probablement.

Le metteur en scène s'éloigne pour appeler les urgences; je le regarde partir lorsque la voix de Clément me rappelle à son attention. Je me retourne vers lui, et m'accroupis à ses côtés. Je connais trop bien mon fils: il est en train de s'excuser de me faire louper le spectacle. Enfant naïf. Comme si j'en avais quelque chose à faire pour cette pièce, sans sa présence. Sans vouloir offenser les autres, hein. Excuses acceptées, je lui réponds d'un ton léger et amusé, pour essayer de détendre un peu l'atmosphère, relâcher la pression qu'il ressent en cet instant. Il ajoute qu'il est trop con, et baisse les yeux. Doucement, je relève son menton de deux doigts, et le force à me regarder en face. Eh louveteau, ça va aller. T'en fais pas. Je me relève et le prends dans mes bras, en prenant garde à ne pas effleurer son pied. Je ne suis pas du genre à initier le contact physique avec Clément, je n'y ai pas été moi-même habitué enfant; mais je ne dis jamais non à un câlin lorsqu'il m'en réclame, et cette fois, c'est particulier. Je perçois sa peur, sa colère, son angoisse. Alors je fais le premier pas. Charles revient peu après, déclarant: L'ambulance est là dans dix minutes. Je soupire, ça va paraître long pour Clément, et l'inflammation est toujours aussi vive. Je profite de la présence du metteur en scène pour laisser mon fils une minute, et me diriger vers la sortie. Oh non, je ne pars pas; mais en entrant plus tôt, j'ai remarqué qu'ils avaient un espace bar et snacking. Je passe derrière le comptoir sans aucun complexe et commence à fouiner. Ah, des glaçons. Parfait. Je trouve un torchon, y dépose les bouts d'eau congelée et ferme le tout en pochon, puis je reviens vers eux.

Alors que je dépose doucement la poche de glace improvisée sur la cheville gonflée de mon fils, je jette un regard à Charles. Retournez au spectacle; les autres ont besoin de vous. Il nous regarde un instant, hésitant; mais il sait que j'ai raison. Il pose une main sur l'épaule de Clément, lui souhaite bon courage et lui promet de l'appeler dès la fin du spectacle, puis il nous laisse.

@Clément Winchester
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Message(#) Sujet: Re: Happiness never lasts || Allan Happiness never lasts || Allan EmptyMer 18 Sep 2019 - 22:02


Assit sur la chaise, regard posé sur mon pied qui semble gonfler à vu d’œil, j’ai l’impression que c’est le monde entier qui est entrain de s’écrouler. La douleur physique est horrible mais ne vaut pas la douleur morale qui se  propage actuellement dans tout mon être. Me traitant de con, je suis persuadé que lorsque les secours arriveront, ils me diront que je peux faire un trait sur ma carrière. Mon burn out n’était-il pas déjà assez ? N’aurais-je pas dû mieux écouter mon corps ? Peut-être est-ce le signe qui fait que je doive sincèrement penser à une reconversion. Mais je n’ai aucune idée en quoi je suis bon à part le théâtre et la danse. Peut-être pourrais-je me concentrer essentiellement sur le théâtre ? Mais pour moi c’est la comédie musicale ou rien, la danse est totalement indissociable du Théâtre.

Je n’ai, pourtant, pas le temps de me perdre dans mes pensées négatives que je sens les bras de mon père qui m’entourent, m’attirant contre lui en une étreinte des plus agréables. Fermant les yeux, je me blottis au creux de ses bras et sens comment je me calme tout à coup. Et lorsque Charles revient pour nous annoncer que l’ambulance arrive dans une dizaine de minutes, je me sens déjà bien plus serein mais parviens seulement à hocher la tête. C’est mon père qui décide de prendre les choses en mains. Me relâchant, il s’en va vers la sortie puis disparaît derrière le comptoir du bar et revient avec un torchon emplie de glaçon qu’il dépose délicatement sur mon pied. Me penchant en avant, je pose la pointe du pied au sol et maintient le paquet glacé en place alors qu’Allan indique au metteur en scène de retourner en salle car ils ont besoin de lui. J’appuie ses propos par un hochement de tête puis sourit doucement lorsque Charles nous quitte en me promettant de m’appeler après la représentation.

J’aimerais dire quelque chose, parler avec mon père afin d’essayer de penser à autre chose, mais je n’y arrive pas et reste donc murer dans un silence qui est facilement accepté par Allan, jusqu’à ce qu’une ambulance ne se gare devant le théâtre. Deux secouristes en sortent, entrent dans le hall et s’avancent vers moi. Ils ne perdent pas de temps avec des futilités, alors qu’une jeune femme s’accroupie devant moi après s’être présenté. Relâchant le torchon de glace, je la laisse observer mon pied alors que son collègue se place à mes côtés « Est-ce que tu peux nous expliquer ce qui s’est passé, Clément ?» demande-t-il en déposant son sac à dos au sol « je …» je secoue la tête, lance un coup d’œil vers mon père, puis soupire doucement et reporte mon attention sur la jeune femme qui approche ses mains de mon pied «j’étais en pleine représentation, je faisais un enchaînement sur une diagonale et à la réception, lorsque mon pied» je me tend brusquement et grimace de douleur lorsque la femme palpe mon articulation « …a touché le sol» reprenais-je après quelques instants, résistant tant bien que mal aux vagues de douleur qui remontent dans ma jambe « …j’ai entendu un claquement. Comme … comme un coup de fouet à l’arrière de ma cheville. Juste là, oui» confirmais-je, les yeux fermés, lorsque les doigts de la secouriste passent sur mon talon «C’est grave ? » demandais-je, incertain, lorsque je les vois échanger un coup d’œil.

« On va t’emmener à l’hôpital pour faire des examens plus poussés mais j’ai bien peur que ce soit cassé» avoue la jeune femme en se redressant «Cassé … ? » reprenais-je dans un souffle alors que je suis prit de brusques tremblements «non …non, non, non c’est impossible » secouais-je la tête, commençant à paniquer «non, non ça peut pas être cassé. Non, je … » c’est, encore une fois, la présence de mon père qui me rassure. S’avançant vers moi, il passe son bras autour de mes épaules et m’attire légèrement vers lui, sans parler. L’autre homme se détourne, ressort et revient avec un brancard. «On va immobiliser ton pied pour éviter que ça ne s’aggrave et tu vas venir avec nous, ok ?» les lèvres pincées, j’hoche simplement la tête, incapable de dire quoique ce soit, alors que ma main vient se poser sur celle de mon père, le suppliant part ce geste désespéré de ne pas me quitter et de rester avec moi.

@Allan Winchester
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Message(#) Sujet: Re: Happiness never lasts || Allan Happiness never lasts || Allan EmptyDim 22 Sep 2019 - 14:28


J'ai tout juste le temps de dire à Charles de retourner auprès de la scène que je vois mon fils faire un geste stupide. Oh, pas dramatique en soi, et je ne lui ferai même pas remarquer. Il est bien assez bas comme ça, pas la peine de l'enfoncer. Mais pour sûr, ce qu'il est en train de faire ne risque pas de l'aider. Alors, pendant que le metteur en scène nous quitte pour rejoindre le reste de la troupe, je me rapproche de mon fils. Mon pauvre garçon. Mon coeur de papa s'affole devant sa mine défaite et douloureuse, même si je me persuade que la blessure est sûrement plus impressionnante que grave. Sans dire un mot, je m'agenouille devant lui; la rotule gauche à terre, ma jambe droite est d'équerre et doucement, je soulève sa jambe au pied blessé pour poser celui-ci sur mon genou droit. Je replace le pack de glace improvisé que je lui ai donné quelques minutes plus tôt, puis je tiens la pose. Mon naturel aurait voulu que je blague pour détendre l'atmosphère, mais je sais au fond de moi que ce n'est pas le moment. Mon fils accueillera mal cette réaction, aussi pavée de bonnes volontés soit-elle. Alors je laisse le silence s'immiscer entre nous. Je suis souvent lourd, rentre-dans-le-tas et tout ce qu'on voudra, mais on ne peut nier que mon instinct paternel me permet de me limiter, pour mieux m'occuper de mes petits. Parfois.

Moins de dix minutes plus tard, comme nous l'avait dit Charles, j'entends les portes de l'entrée du théâtre s'ouvrir, et des ambulanciers se presser vers nous. Leur laissant la place, je retire le pied de l'artiste de mon genou, me décale sur le côté et me masse discrètement l'articulation. Bordel, heureusement qu'ils n'ont pas mis plus longtemps à venir ! Ça fait un mal de chien, ce genre de positions; je me fais trop... mature pour ces conneries. A mon âge, on est censé être le chef des travaux finis, pas l'arpète. Mais bon, quand on a personne d'autre que sa propre personne sous la main, faut bien se dévouer. Je m'étire un peu, histoire de retrouver un peu de nerf, tout en écoutant la discussion entre Clément et les professionnels de santé. Apparemment, ce qui s'annonce n'est pas du meilleur augure, et demande vérification. Je reste neutre dans mon expression; mon but est d'avant tout ne pas déstabiliser le louveteau plus qu'il ne l'est déjà. C'est alors qu'il a un geste d'enfant; il pose sa main sur la mienne, en une supplique muette. Un seul regard échangé, pas besoin de plus; je lui confirme silencieusement que je resterai avec lui, bien entendu. Comme si j'allais le laisser partir avec de parfaits inconnus alors qu'il est blessé et apeuré. Je viens avec vous, j'annonce aux deux ambulanciers, d'un ton calme et poli mais qui ne saurait souffrir la supplique. Ils ne bronchent pas, devant être assez habitués aux parents inquiets face aux souffrances de leur progéniture. Finalement, quelques très courts instants plus tard, Clément est prêt à être amené jusqu'à l'ambulance. Cependant, une bien mauvaise surprise nous attend à la sortie: les paparazzis, ces hyènes, bave aux lèvres devant le scoop à faire, nous attendent de pied ferme. J'ai habituellement du respect pour mes collègues photographes, même ceux qui n'ont pas fait, comme moi, le choix de l'indépendance. Mais alors ceux qui bossent pour les journaux people, j'ai envie de les massacrer, c'est plus fort que moi. Je fronce les sourcils. On a pas le temps de me laisser taper un scandale devant eux, et ça ne servirait pas à la réputation de mon fils. Même si d'aucun ayant fait des recherches sur lui savent qui est son père, et connaissent donc ma réputation sulfureuse. Je regarde les ambulanciers. La blessure de Clément ne nécessite pas de soins immédiats ? Rien qui ne pourra être fait avant d'arriver à l'hôpital ? Non, en effet, me répond l'une d'eux avec un regard circonspect, se demandant bien à quoi je peux penser. Ok, dans ce cas, je vais l'amener moi-même à l'hôpital, qu'il y arrive tranquillement. Vous, eh bien... Appelez seulement les urgences pour prévenir que nous arrivons, et partez d'ici dans une heure ou deux, quand l'info aura déjà fait le tour de la ville comme quoi mon fils est déjà aux urgences. Mais, ce n'est pas... commence à répliquer le second de l'équipe médicale, carrément outré de voir ses fonctions outrepassées. M'en tape ! que je réplique, commençant à perdre patience. Mes ordres ne sont pas faits pour être discutés. Si vous n'êtes pas contents, allez vous plaindre à Edelweiss Headland de ma décision; elle va adorer, j'en suis sûr. Les employés pâlissent; ils sont quasiment tous à lécher les talons aiguilles de cette femme - une vraie déesse il faut dire - alors savoir que je la connais assez personnellement pour les menacer ainsi... Ils obtempèrent donc. On va passer par derrière, ma voiture est garée au niveau de la sortie des artistes. Vous m'ouvrirez les portes nécessaires. Obéissants comme des chiots, ils hochent la tête. Bien.

Je me tourne vers mon fils. Allez louveteau, on est parti. Je me penche devant lui et doucement, je le soulève, une main sous les genoux, l'autre dans son dos, like a princess. Rien à foutre du ridicule de cette scène, le principal étant d'amener mon fils sain et sauf à St Vincent. Je me presse vers la sortie que j'ai désigné plus tôt, et moins de cinq minutes plus tard, nous filons vers les urgences de St Vincent, ayant habilement déjoué ces hyènes de photographes gluants. Une fois garés devant l'entrée, une équipe médicale, prévenue par les deux ambulanciers restés sur place, est déjà prête à prendre en charge Clément. Monsieur, il faudrait que vous alliez vous gar... demande un infirmier, mais il n'a pas le temps de finir sa phrase que je lui lance les clefs de ma Lamborghini entre les mains. Allez la garer vous-même, je ne quitte pas mon fils. Bien trop heureux de pouvoir toucher et conduire une voiture qu'il n'aurait jamais eu autrement l'occasion d'espérer approcher, l'homme ne se le fait pas redire deux fois, et alors que j'entre dans les urgences avec Clément et les autres membres de l'équipe médicale, j'entends le moteur de ma voiture vrombir. Bah, tant qu'il me la casse pas.

@Clément Winchester
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Message(#) Sujet: Re: Happiness never lasts || Allan Happiness never lasts || Allan EmptyDim 22 Sep 2019 - 17:59


« C’est cassé » cette phrase écho en boucle dans ma tête et je pense sincèrement que si mon père n’avait pas été là je serais très rapidement parti en crise d’angoisse. Mais Allan est là, il pose une main sur mon épaule et m’assure ainsi, autant par le geste que pas la parole, qu’il ne me quittera pas, qu’il restera auprès de moi autant de temps qu’il le faut. Je ne peux pas le remercier maintenant, mon esprit est bien trop occupé par toute cette situation, mais je me promets que dès qu’on sera à l’hôpital et que tout se sera un peu calmer, je le remercierais en bonne et due forme. Je parviens ainsi, grâce à lui, à garder le contrôle sur mes pensées et mon corps entier et accepte facilement qu’on ne m’embarque à l’hôpital. Le secouriste revient rapidement avec le brancard tandis que sa collègue sort une sorte de coussin gonflable qui prend la forme de mon pied, le maintenant dans une position très peu naturelle, presque inconfortable et un peu douloureuse mais de manière à ce que je ne risque pas d’aggraver quoique ce soit à cause d’un faux mouvement.

Mais, alors qu’ils m’apprêtaient à m’aider pour m’installer sur le brancard, mon regard se pose sur l’extérieur où plusieurs photographes ont commencé à s’installer. C’est, sans problème, que je remarque qu’il ne s’agit là pas de journalistes ou quoique ce soit, mais bel et bien de paparazzi. Encore une fois, c’est mon père qui prend les choses en mains et, après avoir discuter un peu avec les ambulanciers, il s’approche de moi et me porte, littéralement, dans ses bras. Je suis un instant tenté de lui dire de me lâcher, mais au final je passe mes bras autour de son cou et essaie de me faire le plus léger possible tandis qu’Allan se dirige vers la sortie des artistes. Une fois dehors, il me porte vers sa voiture et m’aide à m’installer sur le siège passager. Une fois assit, mon pied dans la position la moins douloureuse qui soit, je m’attache et recule ma tête contre le dossier en soupirant doucement alors que mon père démarre, déjouant facilement les pièges des photographes vautours.

Quelques minutes plus tard, il immobilise la voiture en trombe devant l’entrée des urgences où nous attendent les secouristes qui prennent le relais des deux autres. Rapidement, un brancard vient à notre rencontre et je laisse le personnel médical m’aider à m’installer dessus, j’entends mon père lancer ses clefs de voiture à l’un des infirmiers et c’est alors que je sens qu’on me pousse vers la grande porte coulissante. En panique, je me tourne et capte rapidement le regard de mon père ce qui rassure et conforte sincèrement dans l’idée qu’il ne partira pas.

Après quelques minutes, l’un des infirmiers m’informe qu’on viendra rapidement me chercher puis s’en va, me laissant à nouveau seul avec mon père, dans le couloir froid et peu accueillant. Je prend une profonde inspiration et ferme un instant les yeux « J’espère qu’on va pas attendre trop longtemps» soufflais-je avant de me redresser pour m’asseoir sur le brancard. « Y a pas moyen de relever le dossier ? C’est chiant d’être allongé à plat  » chose demandée, chose faite. Mon père trouve rapidement la solution et c’est avec un soupire de soulagement que je me recouche à nouveau «C’est que je commence à être connu hein» commentais-je finalement, sourire amusé sur les lèvres « Pour que des paparazzi se pressent à l’entrée du théâtre pour essayer d’avoir une photo correct de moi c’est que je dois être un minimum apprécié» je rigole doucement puis me passe une main sur le visage «En tout cas t’as vraiment gérer. Merci » retirant ma casquette, je tourne ma tête vers mon père et lui sourit avant que mon regard ne se pose sur mon couvre chef puis sur ma chemise, mon veston et mes chaussettes montantes «J’ai un de ces style tellement classe quand même … » je secoue la tête alors qu’un petit rire s’échappe de mes lèvres «C’est chiant quand même … si j’avais fait plus attention et que j’avais mieux calculer ma trajectoire j’en serais peut-être pas là » mon regard se pose sur mon pied qui a déjà commencé à changer de couleur « Par contre ça m’étonne qu’ils me disent qu’ils pensent que c’est cassé» reprenais-je en fronçant les sourcils « Je veux dire … j’ai clairement entendu un claquement » j’imite le genre de bruit que j’ai pu entendre en faisant claquer ma langue contre mon palais puis hausse les épaules « Tu crois que t’arriverais à trouver de la glace quelque part ? ça m’a fait du bien au théâtre » je passe d’un sujet à l’autre sans doute pour essayer de garder mon esprit occupé et ne pas penser au pire.


@Allan Winchester
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Message(#) Sujet: Re: Happiness never lasts || Allan Happiness never lasts || Allan EmptyMer 25 Sep 2019 - 19:16


Ah, l'attente des urgences. Le point Goodwin, celui qui crééra des polémiques dans le monde entier, quelque soit le pays, la culture, le mode de financement des hôpitaux. Cette fameuse inconnue dans les statistiques, si variable qu'on ne peut jamais dire si l'on devra patienter cinq minutes ou quinze heures. Enfin, hors de question qu'on attende si longtemps, hein. Je le supporterai pas. Ouiii je fais peut-être mon dramaking, et oui je sais il y a des cas bien plus graves que celui de Clément, mais RAF. Vous connaissez pas RAF? Ahaha, il va falloir s'habituer avec moi. Rien. A. Foutre. Voilà, le message est clair, il est passé. Je vais voir ce que je peux faire, que je réponds au louveteau lorsqu'il me demande si je peux relever son dossier de lit d'hôpital. Après une ou deux minutes à observer et trifouiller, je trouve la manette adéquate, et il arrive à se repositionner correctement. C'est toujours ça de pris; faudrait pas qu'il se tape un lumbago en plus de sa blessure. Je ricane lorsqu'il me dit qu'il commence à être connu; ce n'est que ma compassion et mon inquiétude pour mon petit qui m'empêchent de faire la blague: "c'est ta cheville, ou ta tête qui a gonflé ? Ou les deux ?" au vu de son état, ça risque d'être mal reçu. Pas la peine de l'enfoncer ou de le mettre en colère, oh non. Ta bouche Allan. Encore plus quand j'entends un remerciement de sa part, j'aurais vraiment été con de lui faire cette vanne. De rien. Et ouais, il semblerait que la notoriété soit ta nouvelle amie. Profite des débuts, après y a des moments où ça risque de te saouler, tu verras. Oooh oui. Je lui dis ça car je le sais, et encore, je ne suis "que" photographe. C'est bien pire pour les acteurs, danseurs, chanteurs et autres starlettes. Quand il aura percé à Hollywood - pas si, mais quand, notons bien la différence - il ne pourra plus aller acheter un paquet de Mikados sans être harcelé par ses fans ou des pseudo-photographes à la noix sans aucun honneur ni aucune valeur ni... Oui, je les tiens responsables pour la mort de Lady Di. Totalement. Quelle femme elle avait été. Quelle perte lorsqu'elle a quitté ce monde.

En tout cas, je lui sous-entends clairement que sa carrière n'est pas finie, et j'espère que cette manière implicite de le lui dire lui réchauffera le coeur, même un peu. Je souris face à son allusion sur son style vestimentaire et je réplique, un peu narquois je l'avoue: Ca te va très bien. Une baguette de pain sous le bras, et tu ferais presque Français du début XXe siècle. J'écoute ensuite ce qu'il me dit sur sa blessure, mais je ne réponds rien, me contentant d'hausser les épaules. Je ne suis pas médecin, et je ne veux pas faire de faux pronostics. En revanche, je suis bien plus habilité à aller lui chercher de la glace. Pas de soucis. Je reviens, ne bouge pas.

...

OUPS. Ça m'a échappé. J'le jure devant le Bon Dieu, Bouddha, Raptor-Jésus ou n'importe quel zozo de la Création, j'lai pas fait exprès monsieur le juge ! Ne voulant pas savoir si Clément va bien ou mal prendre mon dérapage humoristique - c'est décidément plus fort que moi, et le pire c'est que si ça avait pas été mon fils j'aurais été super fier de ma vanne - je fuis en rappel. Je vais essayer de ne pas mettre des plombes, histoire qu'aucun médecin ne soit passé par là entre-temps et n'ait kidnappé mon fils. Mais j'aurais bien besoin d'une clope quand même, après toutes ces émotions. Allez, je m'accorde une pause, et après j'irai lui chercher son pack de glace. Ils doivent bien avoir ce genre de kits, on est dans un hôpital quand même. Quitte à ce que je l'achète, s'il faut. Je sors hors des urgences, et remarque que juste sur la gauche du bâtiment, il y a une pharmacie de garde, donc ouverte. Parfait ! Je n'aurais qu'à aller y prendre ce qu'il me faut, plutôt que de courir à droite et à gauche tout en emmerdant le personnel médical plus que de raison. Car oui, je peux être très "relou" quand je n'ai pas ce que je veux.


@Clément Winchester
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Message(#) Sujet: Re: Happiness never lasts || Allan Happiness never lasts || Allan EmptyMer 25 Sep 2019 - 22:05


Grâce à mon père, son aptitude à improviser et a déjouer les pièges de ses collègues photographes, nous arrivons très rapidement à St Vincent et, tandis que je suis parquer dans un des nombreux couloirs, l'idée que je passe un peu trop de temps dans cet hôpital m'effleure l'esprit. Il y a seulement deux mois j'ai été admis ici à cause d'une grosse crise d'angoisse, là parce que je suis blesser et n'oublions pas les semaines qui ont suivi le déclenchement de mon burn out.

Ainsi donc, attendant qu'on ne vienne me chercher, j'essaie de faire passer le temps comme je peux et me transforme en véritable moulin à parole. Passant d'un sujet à l'autre, j'espère, à haute voix, ne pas devoir attendre trop longtemps avant de faire références aux paparazzi qui se trouvaient devant le théâtre. Bien évidemment, ils n'étaient sans doute pas là pour moi -ou du moins pas seulement pour moi- mais je décide toutefois de jouer la carte de celui qui prend la grosse tête.

Tournant mon regard vers mon père, je vois bien qu'il retient une remarque qu'il pourrait regrettée et fini simplement par dire que je devrais profiter des débuts de cette notoriété car il finira par y avoir des moments où j'en aurais marre.  « J'en doute pas» soufflais-je, notant en même temps le petit espoir qu'insuffle mon père dans ses paroles : ma carrière n'est pas finie et je vivrais sans aucun doute ces moments de gloires desquels je rêve depuis pas mal de temps.

Je fini par parler de mon style vestimentaire, roulant des yeux lorsque mon père me parle de baguette de pain et du fait d'être un Français du début du Xxe siècle  « Non mais en fait t'as pas du tout compris le sens de la pièce, non ?» dis-je en reportant mon attention sur mon père  «Tu tu rends comptes, quand même, qu'il s'agit là de la révolution New-yorkaise ? Que ça met en scène des jeunes livreurs de journaux qui se mettent en grève pour revendiquer leurs droits ? Vient pas me parler de la France » mon ton est sans doute un peu plus dur que ce j'aurais voulu. Mais on ne plaisante pas avec mes spectacles !

Ne voulant tout de même pas risquer un débat frauduleux qui risquent de dégénéré, je demande rapidement à mon père d'aller me chercher de la glace car ça m'a fait du bien au théâtre. Avec un commentaire comme quoi je ne devais pas bouger, ce à quoi je répond du tac au tac par un  « Compris, chef», il s'en va, me laissant tout seul.

Je pensais qu'il ne serait pas parti bien longtemps, mais fait est que les minutes ne cessent de défiler et qu'il ne revient pas. Les yeux fermés, j'ordonne à mon esprit irrationnel de cesser d'imaginer qu'Allan m'ait abandonné et essaie de ne pas paniquer. Mais la douleur dans mon pied ne cesse d'augmenter graduellement et j'ai beaucoup de mal à rester calme. Je ne parviens pas à trouver une position adéquate et commence tout doucement à perdre patience. Aussi je n'ose pas demander aux infirmières qui passent en courant combien de temps ça va encore durer car j'ai peur de les déranger. Alors je prend mon mal en patience, littéralement.

Mais il faut avouer ce qu'il en est : je suis au bord des larmes lorsque mon père revient et je me tend brusquement de douleur lorsqu'il pose le paquet de glace sur mon pied, bien qu'il ait fait ça de manière douce, j'ai l'impression que la sensibilité s'est accrue subitement.  «J'en peux plus papa » soufflais-je en posant mes mains sur mes yeux  « ça fait combien de temps qu'on attend ? J'ai l'impression que mon pied va exploser et ...» je me tais, déglutissant et ravalant mes larmes n'ayant absolument aucune envie de craquer ici et devant mon père.

@Allan Winchester
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Message(#) Sujet: Re: Happiness never lasts || Allan Happiness never lasts || Allan EmptyLun 7 Oct 2019 - 21:35


Je lève les yeux au ciel lorsque mon fils commence à s'emporter sur sa pièce de théâtre. Bien sûr que j'avais compris que l'action se situait à New-York et que ça avait un lien avec les livreurs de journaux, merci bien ! Bon, après, parler d'une potentielle révolution de la ville la plus connue des US, j'avais peut-être pas tout capté. Eh, je suis pas un intellectuel moi, merci bien ! Je connais pas mal de chose sur l'actualité et l'histoire géopolitique de ces quarante dernières années grâce à mes passions combinées pour la photo et pour le risque, qui m'ont amené à être reporter notamment en zone de guerre, mais je suis loin de connaître le moindre détail historique de chaque zone du globe ! Et surtout, bien plus que ça encore, je parlais de la France juste par rapport à la tenue, dont le style était assez répandu dans l'Occident de manière générale à l'époque. Je lève les mains, paumes en l'air, comme si j'étais victime d'une attaque et réplique sur un ton à la fois d'excuse et défensif: Temps mort ! Oui, j'ai bien compris de quoi parlait ta pièce. Je ne faisais qu'une allusion au style de l'époque. Et excuse-moi de préférer la France aux US. Je renifle, l'air hautain. Vieille compétition américano-canadienne, j'y peux rien. Et les burgers de mon pays d'origine sont bien meilleurs que ceux de ces amerlocs, O.K. ?

Bref, peu après ce début d'énervement de mon fils - mais je l'en excuse, la douleur rendrait fou n'importe quel homme - je décide de sortir pour trouver de la glace et me fumer une clope. En tout et pour tout, je mets moins de dix minutes top chrono, connaissant la crainte de mon louveteau de l'abandon; merci nos vacances de 2004. Heureusement qu'il est tout de même moins grave dans cette paranoïa que sa mère, sans quoi je n'aurais sûrement pas pu m'absenter plus d'une minute trente. Je prends donc quelques instants pour passer mon stress sur ma clope, avant de me diriger vers la pharmacie jouxtant les urgences (organisation très bien pensée, il faudra que je félicite Edelweiss encore une fois, l'installation me semble récente) pour y trouver des poches type bouillotte mais réfrigérantes. Vraiment, j'ai fait vite. J'ai quitté le bout de couloir où mon fils a été installé à 22h34, je reviens de mon escapade à 22h42... Et je retrouve Wolfy totalement en panique. Merde, t'es vraiment trop con Allan. T'aurais dû te douter qu'il le vivrait mal, même si pour toi ce n'est rien, ces quelques minutes d'espace-temps. Ma gorge se serre devant sa détresse, palpable rien qu'à son air perdu, aux larmes retenues dans ses yeux et à sa tête de bébé laissé seul dans un coin. Je pose doucement la poche sur sa cheville, il tressaille de douleur. Bordel, mais qu'est-ce-qu'ils font ?!

Je n'ai pas le coeur à lui dire qu'il s'est déroulé à peine trente minutes depuis notre arrivée aux urgences; je sais qu'il se sentirait d'autant plus mal, il culpabiliserait de ne pas savoir gérer sa douleur ou son stress. Je lui pose une main sur l'épaule, doucement et fermement, dans un geste de réconfort. Ca va aller, louveteau. Mon ton, d'abord doux, se fait plus déterminé quand je lui annonce: Je vais faire bouger les choses. Je tire le paravent en partie seulement, juste histoire de me dégager assez pour être visible du premier infirmier qui passera, ou quel que soit le personnel de santé en question, mais je ne m'éloigne pas de Clément. Je ne le laisserai plus seul un seul instant, hors raison médicale nécessitant que je ne m'écarte. Après une minute d'attente, une jeune femme passe auprès de nous; je la hèle d'un signe de main. Mademoiselle ! Je ne la pense pas mariée après tout, elle ne doit pas être plus vieille que Clément. Elle s'arrête, me sourit avec douceur et s'approche. Oui, Monsieur ? Mon fils a mal, et il stresse de ne pas savoir ce qu'il a. Je baisse le ton, pour qu'elle seule m'entende. Il a tendance à vraiment angoisser très vite, je ne peux pas supporter de le voir comme ça. S'il-vous-plaît, vous pouvez faire accélérer les choses ? Son air reste neutre, elle n'affiche pas ses émotions profondes et est avant tout dans la diplomatie. Elle tente de m'expliquer: Désolée, mais si personne n'est encore venu, c'est que... C'est qu'ils sont occupés, qu'il y a plus urgent et plus grave, oui oui, je sais tout ça, que je balaye avec dédain. Elle fronce les sourcils, mais ne semble pas apprécier. Je m'en carre: la priorité, c'est qu'on s'occupe de mon fils au plus vite, et je ne lâcherai pas de sitôt cette employée du St Vincent, pas tant que je n'aurais pas obtenu ce que je veux. Je décide de passer à la vitesse supérieure. Faites accélérer les choses, que je répète, ou bien j'en toucherai un mot à votre directrice, Edelweiss Headland, que je connais bien, Miss... Brook.

@Clément Winchester
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Message(#) Sujet: Re: Happiness never lasts || Allan Happiness never lasts || Allan EmptyLun 7 Oct 2019 - 21:38


Heïana n'en revenait pas: qui était cet individu pour avoir le toupet de la menacer d'en parler à sa directrice ?! En voici un qui comptait bien sur sa propre influence pour mener son monde à la baguette, et si la jeune fille pouvait comprendre son inquiétude légitime de père, elle détestait qu'on essaye de lui mettre la pression, ou qu'on le fasse envers ses collègues. Cependant, elle était habituée de ce genre de situation, passant son temps - désormais complet, et non plus partiel comme au début d'année - entre la maternité et les urgences. En tant que responsable de la structure mère-enfant depuis quelques semaines, elle passait moins de temps dans le pôle qui voyait transiter le plus de patients, mais elle avait bien insisté auprès des équipes pour être appelée en cas de besoin; ce soir était une de ces fois nécessaires. Bref, elle savait comment gérer ce type de proche de patient, mais là, son interlocuteur avait un sacré toupet !

Elle plissa les yeux de manière dangereuse: Si vous croyez m'intimider, c'est loupé, Monsieur ... Winchester, compléta le cinquantenaire, avec une aura et un sourire charmeur, qui en auraient fait faillir plus d'une. Allan Winchester, peintre et meilleur amant de Brisbane. Ah, le voilà qui jouait la carte de la séduction, mais Heïana resta totalement impassible à cela; premio, parce qu'il avait au moins l'âge de son propre père; deuxio, car elle avait mieux à faire que de se faire conter fleurette aux urgences; tertio, parce qu'elle avait bien compris sa manoeuvre; quatro, parce qu'elle avait tiqué au nom employé. Winchester ?! L'homme faillit ajouter quelque chose avec un sourire triomphal, content d'avoir été reconnu, quand la maïeuticienne n'hésita pas à se décaler pour passer derrière le paravent et trouver... Clément ! La demoiselle se précipita vers le blessé, se contenant dans son inquiétude mais voulant tout de même se rapprocher de lui. Que t'es-tu fait ? Demanda-t-elle, plus de manière rhétorique qu'autre chose, en l'observant. Elle vit son pied gonflé, et soupira; ce n'était pas dans ses habitudes d'agir ainsi, mais là... Je vais voir ce que je peux faire. Courage. Elle déposa un baiser sur la joue du comédien, et murmura à son oreille d'un air taquin, autant pour détendre l'atmosphère que par sincérité ou encore pour remettre à sa place le paternel de Clément: Tu diras à ton père que tu es bien plus à mon goût que lui. Et elle fila comme l'air, ne prêtant aucune attention à Winchester père.
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Message(#) Sujet: Re: Happiness never lasts || Allan Happiness never lasts || Allan EmptyVen 18 Oct 2019 - 7:58


Il peut se passer beaucoup de chose en 9 minutes. En 9 minutes je me suis mit en couple et il nous a fallut autant de temps pour dire qu’on sera mieux en ami, en 9 minutes j’ai expliqué à mon père à quel point j’étais déçu que Léo ait préféré passer la journée du 9 septembre avec Charlie plutôt qu’avec moi et ce soir là j’ai mit 9 minutes pour m’endormir. Aussi, 9 minutes, c’est le temps que j’ai passé avec Moana avant de décider que ce serait elle l’élue de mon cœur et lors de mes retrouvailles avec mon père et mon frère en 2004 nous ne nous sommes plus lâché pendant 9 minutes. Autant dire donc, que, même si mon père n’est parti |i]que[/i] 9 minutes, j’ai l’impression que toute ma vie a changé en ce lapse de temps. La sensibilité dans mon pied s’est brusquement accrue, les douleurs sont plus vives et aucun personnel de l’hôpital n’est passé depuis son départ.

Je n’ai aucune envie de me plaindre, je sais parfaitement à quel point ils sont débordé ici et mon pied n’est, au final, pas une urgence, mais la douleur commence à devenir insupportable. Je ne demande pas forcément une prise en charge directe, mais peut-être qu’ils peuvent me refiler un truc contre les vagues de douleur qui traversent régulièrement ma jambe ? Lorsque mon père revient, je le supplierais presque de trouver une solution et c’est une mission à laquelle il s’attelle avec plaisir.

Attrapant une jeune fille au passage, je l’entends, derrière le rideau, qui la menace et je me redresse, étant sur le point de lui ordonner de se taire. Mais au final, les pans jaunâtres se dégagent et mon regard se pose sur Heïana, la fille du parc. En me voyant, c’est un air presque affolé mais sincèrement inquiète qui se lit sur son visage alors qu’elle s’approche de moi, me demande ce qui s’est passé avant de dire qu’elle va voir pour accélérer les choses, déposer un baiser sur ma joue et repartir en disant que je suis plus de son goût que mon père. Je repose mon regard sur ce dernier alors que la jeune femme repart, un sourire narquois se dessinant sur mes lèvres. « T’as entendu ? Va falloir que t’améliore un peu tes techniques de dragues hein » dis-je avec malice, la venue de Heïana –et surtout la promesse qu’elle tentera de me faire passer rapidement- me redonnant une certaine vivacité. Certes, les douleurs sont toujours là, mais savoir que les choses s’accélèreront peut-être fait que tout cela est plus supportable.

Et effectivement. Elle n’y parrait pas comme ça, mais la jeune tahitienne semble être quelqu’un de très convaincant. A peine 9 minutes –encore et toujours- après son départ, deux infirmières arrivent avec un fauteuil roulant «Mr Winchester, on va vous emmené faire quelques radio » dit-elle en poussant la chaise vers mon lit. Je me redresse, observe l’engin et secoue la tête « y a pas moyen que je monte là-dedans. Je …» «C’est au deuxième sous sol et le chemin est long jusque là-bas. Croyez-mois, vous serez mieux comme ça qu’avec des béquilles » qu’elle me coupe, intransigeante. J’arque un sourcil puis soupire et me redresse d’avantage, me lève du lit et, sans poser le pied au sol, parviens à faire un transfert propre et rapide vers sur le fauteuil. Je m’installe le plus confortablement possible puis hoche une fois la tête lorsque la jeune femme me demande si tout va bien « oui, c’est bon» marmonnais-je. « Vous venez avec nous ?» demande-t-elle à mon père qui répond, évidemment, par l’affirmative et nous nous mettons en route.

Nous tarversons de nombreux couloir et je me dis qu’effectivement heureusement que je n’ai pas choisi les béquilles car le chemin est vraiment très long et je n’aurais sans doute pas survécu à cet effort physique. Une fois arrivé sur place, je suis parqué dans une salle avec la promesse que le médecin arrive rapidement avant que l’infirmière ne s’en aille. Je pousse un soupire et me passe une main sur le visage avant de retirer à nouveau ma casquette que je pose sur la table d’osculation.

Peu de temps après, c’est le médecin qui fait son entrée. Pendant de longues minutes je lui explique en détails ce qui s’est passé –enchaînement gymnastique, claquement, douleur, impossibilité de poser le pied au sol, chute et je parle même de cette douleur au poignet qui commence à se réveiller (sans doute du au fait que je me sois rattraper en tombant de la scène)- et j’observe les grimaces qu’il fait. Lorsqu’il nous laisse à nouveau seul, indiquant que nous seront rapidement appelé pour passer un scanner, je me tourne vers mon père et soupire doucement « on est d’accord, ça n’annonce rien de bon, pas vrai ?» soufflais-je, inquiet «va ses grimaces et ses commentaires du style ‘aï’ ou ‘ah ouais merde’ …putain, quel médecin de merde quand même… » pas rassurant pour un sous ce type.

@Allan Winchester
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Message(#) Sujet: Re: Happiness never lasts || Allan Happiness never lasts || Allan EmptySam 16 Nov 2019 - 6:56


Eh bien, quelle force de caractère elle a, cette petite ! Elle me laisserait presque bouchée bée, moi, le grand Allan Winchester, alors qu'elle me laisse tomber à l'instant où elle entend mon nom de famille pour se précipiter vers mon fils. Bon, ni la "menace" ni la tentative de lui faire les yeux doux n'auront fonctionné face à cette petite brune, mais le tout est que j'aie réussi à l'envoyer vers Clément, non ? Je me retourne vers eux, m'avançant de quelques pas pour véritablement retourner dans le coin où mon fils patiente, curieux de connaître la raison pour laquelle cette employée du St Vincent Hospital semble connaître mon louveteau. D'ailleurs, celui-ci a même le droit à une bise de la part de la métisse avant que celle-ci, rapide comme une bourrasque de vent et pourtant fluide comme un courant ondin ne disparaisse, débarrassant les lieux. Je suis choqué par son toupet, c'est qu'elle a du répondant ! Je n'ai effectivement pas loupé ses dernières paroles pour mon gamin, comme quoi il est plus à son goût que moi. Pfeuh, ma fierté en serait-ce presque atteinte. Presque. Et d'ailleurs, Clément n'hésite pas à insérer un couteau chauffé à blanc dans la plaie béante de mon coeur à vif, narquois, se targuant d'être plus doué que moi en drague. Petit con va. Je grimace, à la fois exaspéré et amusé par cette scène qui vient de se dérouler sous mes yeux, sans que je n'en ai vraiment aucune forme de contrôle. Curieux, je demande: Tu la connais d'où ? J'écoute ce que le louveteau me raconte vis-à-vis de son lien avec la sage-femme qui est venue le voir. Je finis par répondre en toute honnêteté: En tout cas, tu t'es fait une amie qui est à la fois très mignonne et probablement intelligente, sensible et avec du caractère. Même pour une simple amitié, fais en sorte de la revoir.

En parlant d'avoir un tempérament décidé, cela doit être une caractéristique assez commune à toute la communauté soignante de l'hôpital, car lorsque deux infirmières viennent prendre en charge Clément, elles ne lui laissent pas vraiment le choix sur le mode de transport. Elles lui expliquent le pourquoi du comment, mais leur ton ni leur expression corporelle ne laissent pas de place à la discussion. Finalement, bénie soit la fermeté du personnel de ces lieux, car franchement, il en faut parfois beaucoup avant de convaincre mon fils de quoi que ce soit. Je crois qu'il tient un peu de moi là-dessus: j'ai beau être le caribou de nous deux, je crois bien qu'on a la tête aussi dure l'un que l'autre. C'est avec un soupir de soulagement caché à la dernière seconde que je le vois obtempérer devant le commandement impérieux des deux femmes - à moins que le fait de savoir nous canaliser soit une caractéristique assez féminine, y aurait de quoi faire une thèse là-dessus tiens - et obéir à leurs demandes. Bien évidemment, je le suis jusqu'aux radios, et là, je prie Jésus Marie Joseph et toute la Crèche de bien vouloir me donner la force de ne pas donner un pain au médecin, qui ne fait absolument rien pour réduire le stress de mon enfant. Ma patience a des limites, assez basses, et je crois que l'angoisse de Clément a commencé à se transmettre à mon auguste personne, réduisant considérablement mon seuil de tolérance à toute contrariété. L'homme quitte finalement la pièce en annonçant un nouvel examen à venir, et je crois que je vais péter un câble. Dieu que je déteste les hôpitaux. Ça me rappelle trop de mauvais souvenirs. Les derniers instants de ma mère, sans doute morte du généreux cocktail d'avortements médicamenteux, d'alcool et de coups de clients barbares qu'elle a pris toute sa vie. L'autopsie de mon copain Frank. Les semaines de galère en Thaïlande, à chercher femme et enfant. Le corps de mon aîné, après son accident de voiture, qu'il a fallu reconnaître. Non vraiment, je HAIS les hôpitaux. Le seul souvenir joyeux que j'y ai reste la naissance de Stephan. Bref, vite qu'ils fassent leur job, et qu'on foute le camp d'ici.

Pourtant, malgré toute la tension qui m'envahit graduellement, mon instinct paternel reprend le dessus devant l'angoisse de Clément. Je me retourne vers lui, et lui répond: Je ne sais pas ce que ça veut dire, et je ne veux pas te donner de faux espoirs, alors je ne vais pas lancer de diagnostics à la co...nfiserie. Je suis un génie du rattrapage de gros-mots, et donc de l'improvisation, je vous l'avais pas dit ? Mais en effet, ce médecin est un abruti. Voilà la seule chose que je peux me permettre de dire sans risquer de donner une lueur d'espérance à mon fils pour qu'il se la voie potentiellement retirer quelques minutes plus tard. D'ailleurs, on vient le chercher pour le scanner, et on patiente à nouveau. Finalement, c'est un autre médecin, une femme d'une quarantaine d'années, qui vient nous exposer les dégâts. Bien plus avenante, c'est mieux. "Bonsoir messieurs. J'ai deux nouvelles. On commence direct par la bonne. Ce n'est pas une blessure définitive, vous allez vous remettre et avec de la rééducation, vous pourrez retrouver vos capacités au maximum. La mauvaise, c'est que vous allez devoir rester immobilisé au moins un mois. Il s'agit..." ses mots se perdent dans le flot de mes pensées. Je sais que mon fils va péter un câble de ne pas pouvoir remonter rapidement sur scène, mais bon sang, il pourra y retourner ! J'avais eu peur, quelques instants, qu'il s'agisse d'une blessure dont il ne se remettrait jamais.

@Clément Winchester
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Message(#) Sujet: Re: Happiness never lasts || Allan Happiness never lasts || Allan EmptyJeu 5 Déc 2019 - 21:42


L'attente interminable fini par prendre fin ! Après que Heïana ait débarqué par hasard, deux infirmières arrivent finalement et nous accompagnent au deuxième sous-sol dans la salle des radios. Là, je vois le médecin qui fait son discours savant avant de grimacer face à mon récit et nous laisser seul à nouveau sans aucune explication si ce n'est que je devrais passer un scanner. Sans plus de cérémonie, je me tourne vers mon père et c'est, inquiet et d'une petite voix que je lui demande de confirmer mon avis : tout cela n'annonce rien de bon. Allan, soupirant, me dit qu'il ne veut pas non plus se la jouer professionnel de santé mais qu'effectivement, ce médecin est un abrutie.

Malgré tout, c'est un sourire presqu'amusé qui étire mes lèvres lorsque mon père se rattrape avant de sortir un gros mot. Ça fait des années qu'il fait ça, qu'il essaie de ne pas jurer devant moi, si bien que j'ai l'impression qu'il ne se rende pas compte qu'à 25 ans j'ai sans doute entendu 90% des jurons du monde entier. Toutefois, je trouve cette habitude presque mignonne. C'est adorable de sa part de toujours pensé que j'ai l'âge d'être innocent. «On verra » hochais-je la tête, enfonçant mon coude sur l'accoudoir et posant ma tête dans ma main.

Quelques minutes après, on revient me chercher pour le scanner. Celui-ci dur un bon vingt minutes. S'en suit ensuite une bonne dizaine de minutes de patience avec mon père avant qu'une femme ne débarque pour nous exposer les faits. La bonne nouvelle c'est que je vais m'en remettre. La mauvaise nouvelle c'est que je vais quand même être immobilisé. Soupirant, je me passe une main sur le visage, grimace, puis hoche la tête.

 « Quelles sont mes options ?» demandais-je en relevant mon regard sur la jeune femme  « eh bien … je vois dans votre dossier que vous êtres comédien et danseur, professionnel ?» elle m'interroge du regard et pour toute réponse je ne lui offre qu'un hochement de tête entendu  « Ok, alors je pense que l'opération sera nécessaire» elle affiche un doux sourire à ma grimace  «Ne vous inquiétez pas, vu la manière dont le ligament s'est déchiré, l'opération sera minimal invasive. Je laisserais le chirurgiens vous expliquer tout cela plus en détail.  » elle s'adosse contre le plan de travail  «Il faudra ensuite compter 2 à 3 semaines de plâtre, puis 1 mois avec attelle et une reprise douce du sport au bout du 3e mois » elle hausse les épaules  « la deuxième option serait de faire le tout en passif et donc immobiliser le pied pendant 2 mois avec un platre puis une botte de marche pendant 1 mois et ... »  «l'opération » la coupais-je en me redressant  « On fait l'opération. Même s'il y a des risques d'infection ou de non cicatrisation, je préfère prendre ce risque plutôt que d'être immobilisé pendant des mois et des mois.» je lance un coup d'oeil vers mon père comme si j'attendais qu'il appuie mes propos.

@Allan Winchester
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Message(#) Sujet: Re: Happiness never lasts || Allan Happiness never lasts || Allan EmptyDim 8 Déc 2019 - 21:44


L'attente nous semble interminable. C'est fou, la perception que l'on a du temps, hein ? J'ai la chance d'avoir choisi mon travail, et de ne jamais m'y ennuyer; mais je sais que bien des employés, ouvriers, cadres et même patrons comptent les minutes, voire les secondes avant la précieuse heure sonnant la fin de la journée. Tout au contraire, les moments que l'on passe en famille, entre amis, ou juste chez soi à profiter de ses temps de loisirs, semblent toujours passer à la vitesse de la lumière. Quand on est enfant, le temps semble long; une fois adulte, on a l'impression que plus les années avancent, et plus elles courent vite, comme un sprinteur qui se serait amélioré au fur et à mesure de ses entraînements. Certaines fois, on a l'impression de languir des éternités plutôt que des heures; pourtant, une fois que c'est fini, on se dit "tiens, déjà ?". Nous devons clairement être dans l'un de ces instants, où les minutes comptent pour des heures, les heures pour des jours. Clément se ronge les sangs, tandis que je fais de mon mieux pour ne pas piétiner d'impatience à ses côtés. Est-ce-que mes doigts serrés sur le rebord d'une chaise, derrière laquelle je suis resté debout, trahissent mon stress ? Ab-so-lu-ment pas.

Enfin, la délivrance. Le médecin vient nous donner son diagnostic, et expliquer les suites attendues. Soulagement; la blessure n'est pas inopérable, et si Clément se tient bien à ses mois de repos puis de rééducation, il pourra remonter sur les planches d'ici début 2020. C'est embêtant en partie, mais ça aurait pu être tellement pire ! Immédiatement, mes muscles se décontractent, et j'écoute attentivement le professionnel de santé. Je sens le regard de mon fils glisser sur moi, dans l'attente silencieuse de mon approbation. Un hochement de tête comme assentiment; il a choisi la meilleure option, sans aucun doute. Quand pourriez-vous l'opérer ? Le plus tôt sera le mieux, moins de douleurs, moins d'angoisses. Eh bien... Il sort de sa poche un téléphone de travail, type smartphone; il doit sûrement avoir son planning, mis régulièrement à jour, dessus, ou bien celui des horaires de blocs disponibles. Demain, dans l'après-midi. Il reporte son attention entière sur Clément: Nous allons vous garder à l'hôpital jusqu'au passage au bloc, ainsi nous pourrons mieux gérer la dose d'anti-douleurs que si vous rentrez chez vous. Il vous faudra être à jeun à partir de sept heures du matin.

L'affaire est conclue. Connaissant l'angoisse de mon fils à attendre seul dans ce genre d'endroits, je marchande l'obtention d'un deuxième lit - tout est possible quand on paye - et je décide de rester à ses côtés jusqu'au dernier instant. Quand on arrive dans la chambre, je laisse les infirmiers l'installer; sa douleur a largement décrut, grâce à la perfusion. Je le regarde avec un sourire. Cheeseburger ? Bah quoi ? Toutes ces émotions, ça m'a donné faim.

- Fin -

@Clément Winchester
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