Les chaines de télévisions ne promettaient pas un programme très euphorisant pour la matinée, si la vue de Donatello, Leonardo, Michel-Angelo et Raphael avait donné envie à Lene de rester scotchée sur son poste au lieu de se mettre à faire quelque chose de productif, dès que les tortues mutantes avaient terminé leur épisode, il ne restait plus de source de divertissement correctes à ses yeux. De quoi lui faire regretter la belle époque où le matin, c’était les power rangers ou Sailor Moon qui occupait l’antenne, laissant d’ailleurs à Lene le loisir de connaitre ses premiers émois féminin en observant Sailor Mercury. Lassée d’un programme qui ne la satisfait pas, elle se décide à mettre en film de fond le dessin animé Hercule et à entamer sa liste de chose productive à faire et démarre par l’allumage de son autocuiseur afin que la corvée de devoir se faire à manger puisse être rayée à tout jamais de sa cervelle. C’était son jour de repos et pour une fois, ça tombait un samedi. Bonheur quadrimestriel lui laissant l’opportunité de vivre sa journée comme n’importe qui et parce qu’elle s’était vachement isolée dernièrement, elle comptait en profiter et c’est là l’unique raison qui la pousse à se transformer ce matin en une véritable Madame Indestructible qui nettoie sa maison de fond en comble avant de partir sauver le monde. Patacroute s’était lui-même mis en mode Krypto le chien pour aider au ménage en dévorant la moindre nourriture qui est tombée au sol. Bon, pas de quoi se péter la vésicule non plus bien que ça doit le changer de la bactériothérapie qu’il s’impose en mangeant la moindre merde trainant dehors. Son ménage terminé et sa journée prête à commencer, il ne restait à Lene qu’à ranger au placard sa tenue d’Enigma pour quelque chose de plus confortable pour la vie civile et de filer tel Son Goku sur son nuage magique vers le centre commercial, ou faut d’amis à voir, elle trouvera toujours de la bouffe à consommer.
Elle avait laissé son chien à la maison, non sans finasser parce que sans surprise, ce dernier ne voulait pas laisser sa maitresse partir sans lui un jour elle ne travaille pas. Malheureusement, elle ne fait pas les lois et ce qui devrait être putatif en termes d’accompagnement animalier dans les lieux publics ne l’est pas vraiment et l’amène donc à devoir mentir à son meilleur ami, tout ça pour profiter des brumisateurs gratuits offerts à l’accueil et manquer de terminer unijambiste en essayant la mauvaise paire de chaussure tout en observant un faux Duffman se dandiner pour vendre une bière fictive devenue réalité. Le sens des priorités qu’on dira. Le centre commercial, sitôt entrée à l’intérieur, n’avait au final pas changé de ce qu’il était avant. On peut y voir des enfants partout et semblerait-il qu’aujourd’hui, un concours de déguisement soit organisé dans la galerie marchande. C’est donc ainsi qu’elle se fit presque bousculer par une gamine déguisée en hit-girl qui cherchait à terrasser son frère en kick-ass tandis que d’autres avaient totalement tenté de remettre Bioman à la mode, ce qui n’avait pas manqué de la faire rire parce qu’il y avait que des vieux geeks pour ramener des costumes de Staros et Le Fantôme, que personne n’allait reconnaitre hormis la génération 80, derniers humains à avoir connu le communisme et son économie kolkozienne. Tous ces gens qui se bousculait, ça donnait néanmoins envie à Lene de taper dans le tas façon One Punch Man parce que les gens, ça va cinq minutes mais au lieu de ça, elle met en pratique ses talents d’elastigirl et parvient à se contorsionner assez pour filer dans la première boutique qu’elle voit. Bon, c’est une boutique de maternité mais peut-être qu’elle chopera des trucs intéressants. Au moins le temps de finalement rentrer chez elle pour mesurer l’échec de sa tentative de sortie. Seulement, chose imprévu, c’est en cherchant à sortir de la boutique qu’elle croise un regard familier. Deux rencontres en quelques semaines, ça parait énorme et parce qu’après tout, cette journée reste dédiée à sortir de sa grotte, elle s’approche de sa connaissance en appelant son prénom « Leah ? » avant de lui faire signe. Malheureusement, on dirait bien que ce n’est pas la grande forme en face. « Tu t’sens bien ? » Rhétorique. La couleur de son visage dit déjà tout.
Comme souvent ces derniers jours, Leah était sortie se promener en dehors de cet appartement qu'elle ne supportait plus. La vue des cartons de Stephen s'empilant à divers endroits l’insupportait et elle préférait de loin se changer les idées à l'extérieur, loin du drame qui se jouait dans leur petit appartement de Redcliffe. Il n'y en avait plus pour longtemps avant que le kiné ne déménage vers cette maison qu'ils avaient choisie à deux, mais dont il serait finalement le seul à y vivre. La brune s'était réveillée avec deux cernes énormes sous les yeux, une conséquence immédiate de son manque de sommeil de ces dernières semaines. Elle n'avait plus d'appétit, plus envie de rien. Seul un dernier sursaut de culpabilité la forçait encore à avaler quelque chose, pour ce petit être qui grandissait dans son ventre mais dont le destin était pourtant scellé. C'était stupide de s'inquiéter des conséquences de son manque de sommeil ou d'appétit sur sa grossesse, puisque le rendez-vous pour l'IVG était pour bientôt. Mais Leah ne pouvait pas s'en empêcher, même si elle évitait au maximum de penser à cet enfant tant les remords la tenaillait. Cette décision avait été prise lors d'une dispute, juste avant qu'il ne lui dise qu'il voulait rompre avec elle. Leah ne pouvait s'empêcher de se demander si tout ceci avait un sens, si vraiment elle devait passer à l'acte. Cela dit, elle n'était clairement pas prête à assumer quoique ce soit dans cet état, et seule. A ce stade, c'est à peine si elle était capable de prendre soin d'elle-même. Alors un bébé. Histoire de changer un peu d'environnement, la brunette avait décidé de se rendre au centre commercial plutôt que de déambuler dans les rues bondées de Brisbane. Cela faisait un moment qu'elle n'y avait plus mis les pieds, et l'idée de se trouver une tenue pour son futur entretien de motivation pour les pompiers s'était imposée à son esprit. En fin de matinée, elle avait donc pris la route vers le centre commercial, une mine austère sur le visage. Elle n'aurait su dire la dernière fois qu'elle avait laissé un sourire étirer ses lèvres tant la douleur comprimait sa poitrine et la tristesse prenait le pas sur le reste. Elle était malheureuse, perdue et seule. Et ça ne lui réussissait pas. La seule bonne nouvelle était que ses impressions d'être suivie s'étaient évanouies d'elles-mêmes, à croire que tout ça n'avait été qu'un effet de son imagination, comme l'avait suggéré Stephen lorsqu'elle lui avait fait part de ses angoisses. Une fois arrivée au centre commercial, elle fut surprise de constater que Halloween était en avance cette année. Des dizaines d'enfants courraient dans tous les sens, déguisés apparemment sur le thème des super-héros. Pour la première fois depuis un moment, elle laissa un mince sourire se poser sur ses lèvres tandis qu'elle observait la cohue agitée par les rires et les cris. Ses pas l'amenèrent en direction du premier magasin où elle voulait aller, mais son regard se posa sur une boutique de maternité. Sans trop savoir pourquoi, elle décida d'y entrer, un peu mal à l'aise. Ses mains effleuraient les vêtements de grossesse dans lesquels elle ne rentrerait jamais, les peluches et autres accessoires destinés aux bébés. L'espace d'un instant, Leah eut l'impression que le temps s'arrêtait autour d'elle. Seule la musique du magasin parvenait à ses oreilles, une chanson ironiquement applicable à sa propre situation. "... But when I dial the telephone, nobody's home. All by myself... don't wanna be all by myself anymore." Chantonna-t-elle doucement en rythme avec la musique qui résonnait tout autour d'elle. Les larmes lui montèrent aux yeux alors qu'elle lâchait le bout de tissu qu'elle avait en main, et la brunette se sentit vaciller. La tête lui tournait et elle s'appuya sur le mur avec une main afin de reprendre contenance, les yeux fermés. « Leah ? » Lene? La brune aurait aimé ouvrir les yeux et se tourner vers elle, mais elle craignait que si elle faisait ça elle... « Tu t’sens bien ? » La voix de la pompier lui parvint de loin, alors qu'elle sentait ses jambes se dérober sous elle et le noir envahir son champ de vision. Elle se sentit tomber mais quelque chose l'empêcha de heurter le sol trop violemment. Quelques voix lui parvinrent avant qu'elle ne sombre complètement. Ce n'est que quelques minutes plus tard que la jeune femme ouvrit les yeux, battant des cils alors qu'une lumière et plusieurs visages s'imposèrent à elle. Elle commença à sentir son coeur battre un peu plus vite, mais le visage amical et rassurant de Lene apparu à son tour et la jeune femme se sentit légèrement plus détendue. "Qu'est-ce qu'il s'est passé?" Murmura-t-elle alors qu'elle entendait vaguement quelqu'un crier qu'il fallait lui amener quelque chose de sucré.
Elle avait l’impression de faire face à un zombie. Ce serait probablement la première réflexion que Lene aurait balancé à Leah si elle n’avait pas eu en mémoire de tourner sa langue sept fois dans sa bouche et par conséquent, de ne pas lui souligner qu’elle a une sale gueule aujourd’hui. De toute manière, encore aurait-il fallu qu’elle l’entende parce que sans recevoir de réponse à sa question, Lene se retrouve à attraper une Leah, qui n’a visiblement pas pris toute ses vitamines ce matin, au vol. Une chance pour elle encore que Lene est pompiers, qu’elle sait rattraper et qu’elle a l’habitude des malaises, parce qu’évanouie aurait pu se faire bien mal en cognant le sol aussi soudainement. Une fois dans les bras de Lene, celle-ci tente de déposer son amie le plus délicatement possible vu la vitesse de la chose. La suite ne trompe pas, les gens commencent déjà à s’attrouper et Lene prévient tout d’suite. « Je suis pompier, n’approchez-pas, elle a besoin d’air et je m’en occupe ! » Elle prend un ton autoritaire, déjà parce qu’elle est soulée de l’attroupement et parce que bordel, elle n’avait pas prévu ça. C’est que dans les moments où elle se sent trop bête de foire, elle pourrait vraiment mordre. Posée au sol, Leah est très rapidement installée en position latérale de sécurité, c’est en faisant la manœuvre que Lene observe l’arrondi de son ventre qui était peu décelable à ses yeux il y’a encore cinq minute. Deux doigts sur son poignet pour mesurer sa tension – ou tenter de, sans le matériel, ce n’est pas bien compliqué – et le diagnostic semble tomber. C’est d’avoir aussi bien réceptionner sa chute qui l’empêche d’appeler du secours pour qu’elle soit conduite à l’hôpital. Il faut qu’elle soit prête à manger. « Trouvez moi quelque chose de sucré à lui faire boire ! » balance Lene au groupe qui semble se réunir, tandis qu’elle appelle Leah pour l’amener à se réveiller. "Qu'est-ce qu'il s'est passé?" murmure t-elle en se réveillant peu à peu, Lene s’empresse de répondre très pressée parce qu’elle aimerait que quelqu’un se magne à lui tendre une bouteille d’à peu près n’importe quoi. « T’es en hypogycémie Leah ! » répond Lene, un peu sèche mais parce qu’elle est concentrée et inquiète. Une bouteille de jus de fruit lui arrive dans les mains, c’est là qu’elle demande. « Tu peux t’asseoir ? Tu peux le faire toute seule ? » Non parce qu’elle lui donnerait bien à boire directement mais parce qu’elles se connaissent, ça peut être vite gênant.
La dernière vision de Leah fut le visage inquiet et surpris de Lene, avant qu’elle ne se sente partir et que le noir remplace les néons disposés sur le plafond du magasin dans lequel elles se trouvaient. Il n’y avait finalement rien d’étonnant à cette chute de tension ; elle ne dormait et ne mangeait pratiquement plus. Sachant qu’elle était enceinte, c’était l’équation idéale pour la faire tomber les vapes. Elle aurait juste préféré que cela n’arrive pas en public, mais au moins une personne de confiance se trouvait dans les parages. Un coup de chance. « Je suis pompier, n’approchez-pas, elle a besoin d’air et je m’en occupe ! » La voix de la brune lui parvenait de très loin, mais Leah ne parvenait ni à bouger ni à parler. Pourtant, elle percevait du mouvement tout autour d’elle, sans pourtant réussir à réagir. « Trouvez moi quelque chose de sucré à lui faire boire ! » Cette fois ci, elle entendait déjà un peu plus clairement à mesure qu’elle recouvrait ses esprits, sentant également la main de la pompier palper son pouls sur son poignet. Ouvrant doucement les yeux, elle sentit le rouge lui monter aux joues alors qu’elle voyait plusieurs regards curieux posés sur elle. Non mais vraiment. « T’es en hypogycémie Leah ! » Ah. Oui. Logique. Portant une main à son visage, la jeune femme commença à vouloir se relever, mais la tête lui tournait encore. « J’ai rien mangé de la journée… » Souffla la brunette en se redressant quelque peu, évitant les regards des gens autour d’elle pour se concentrer sur Lene. Heureusement qu’elle était là. Il n’aurait plus manqué qu’on l’appelle en ambulance et qu’ils appellent Stephen à la rescousse. Il était encore sur sa liste d’appels d’urgences, et la jeune femme se promit de penser à l’enlever de là. « Tu peux t’asseoir ? Tu peux le faire toute seule ? » Leah hocha la tête en se redressant complètement, prenant appui sur l’avant-bras de son amie pour ne pas vaciller. « C’est bon Lene, merci. » Elle attrapa la bouteille qu’elle lui tendait et descendit quelques gorgées, sentant immédiatement la boisson sucrée la galvaniser quelque peu et lui redonner contenance. « Qu’est-ce que tu fous dans une boutique de maternité ? » Lui demanda-t-elle histoire de faire la conversation et d’éviter de parler de ce qui venait d’arriver même si cette question n’allait pas tarder à lui revenir en pleine tête comme un boomerang.
. « J’ai rien mangé de la journée… » souffle la jeune femme, pas encore vraiment sortie des vapes et c’est ce fait qui amène Lene à ne pas la gronder comme une maman pour lui souligner que tout de même, dans son état, ne pas manger n’était pas une marque d’intelligence. Elle avait bien en tête les mots de son supérieur qui l’invitait à arrêter d’insulter les gens dès qu’ils faisaient quelque chose de stupide pour leur santé mais de plus chercher à les aider parce que dans certains cas, on ne peut plus prévenir alors autant guérir. Lene n’ajoute rien pour le moment à cette annonce, consciente que ça n’aiderait pas d’avoir une conversation de ce genre devant une dizaine d’inconnue. Après quelques secondes d’attentes et parce que la conscience semble lui revenir, asseoir Leah pour que les gens arrêtent de la croire à l’article de la morte lui semble opportun. Le reste, elle en discutera avec la concernée, à savoir si elle doit l’amener aux urgences pour un check-up, ou si ça n’est pas nécessaire. Elle sait pour elle-même qu’elle détesterait qu’on la prenne pour une demoiselle en sucre. « C’est bon Lene, merci. » lui dit-elle en saisissant la bouteille de jus de fruit pour la boire. Pas très rassurée, la pompière se décide malgré tout à rester sur le qui-vive et à observer les réactions. Cela faisait quelques minutes depuis leur rencontre, les gens avaient commencés à redonner leur attention au concours de costume et désormais, c’était comme si elles n’intéressaient plus personne. « Qu’est-ce que tu fous dans une boutique de maternité ? » demande alors Leah, d’une perspicacité qui a pour seul effet de faire rougir Lene sans qu’elle-même ne s’y attende. Elle se sent prise dans le sac et en bégayant un p’tit peu, elle arrive à articuler, se mettant sur la défensive. « Pourquoi ? J’ai pas le droit. » Après tout, elle pouvait avoir des cadeaux à offrir à de potentiels neveux et nièces. Bon, ce n’est pas le cas parce que l’utérus de sa sœur a décidé d’être à la retraite toute sa vie mais ça, Leah ne le sait pas et Lene n’est pas obligée de le dire. « Je te poserais bien la question mais j’ai vu du coup. » dit-elle en pointant du nez le ventre de la concernée, osant même sans savori si c’est une bonne idée, adopter le discours de moral que toute personne bossant dans la santé ferait. « Tu sais que tu dois faire très attention dans ton état. » Parce que ce genre d’aventure, ça peut arriver souvent.
Reprenant tout juste ses esprits, Leah tenta de rassurer Lene en lui expliquant la cause probable de son malaise. Elle n'avait pratiquement rien mangé de la journée, ni de la veille d'ailleurs. Elle picorait ici et là, mais rien d'assez suffisant pour faire fonctionner son corps sollicité par la grossesse. L'air de la brune en disait long sur ce qu'elle pensait, mais elle apprécia le fait que la jeune femme ne dise rien tant que l'attroupement autour d'elles ne s'était pas dissipé. Ce que les gens finirent d'ailleurs par faire, trouvant très vite une autre source de spectacle que son corps allongé sur le sol. Se relevant péniblement, elle attrapa avec gratitude la bouteille que la pompier lui tendait, appréciant le liquide sucré qui s'écoulait dans sa gorge. Elle ne tombait jamais dans les vapes, et le fait que ça arrive pile au moment où elle connaissait quelqu'un lui paraissait comme une vraie chance, car sa dernière envie était de finir à l'hôpital pour si peu. Son regard recommença à s'éclairer et des couleurs se ravivèrent sur son visage. Pencha la tête sur le côté, elle interrogea Lene sur sa présence plutôt surprenante dans une boutique comme celle-ci. Elle même y était entrée sans trop savoir pourquoi. Sa question fit rougir la brune, ce qui intrigua d'autant plus Leah qui l'avait interrogée dans la spontanéité la plus complète. « Pourquoi ? J’ai pas le droit. » Sur la défensive, hein? La brunette sourit légèrement avant de hocher la tête. "Si, évidemment. Et puis heureusement que t'étais là d'ailleurs." Ajouta-t-elle pour alléger la conversation, pas vraiment encline à énerver Lene alors qu'elle venait de lui sauver la mise. « Je te poserais bien la question mais j’ai vu du coup. » Instinctivement, Leah posa une main sur l'arrondi de son ventre. Celui-ci commençait tout juste à se voir, mais la brune était tellement mince qu'un arrondi comme celui-ci attirait directement l'attention. « Tu sais que tu dois faire très attention dans ton état. » La brune se mordit la lèvre, sentant les larmes lui monter aux yeux. Elle secoua la tête pour camoufler son état de détresse émotionnelle et décida de se relever. Elle n'allait pas continuer à converser à moitié échouée au sol quand même. Une fois sur ses jambes, elle vacilla légèrement et se retint à un portant de vêtements avant de retrouver un semblant d'équilibre. "Je sais. Mais je le garde pas, alors mon état hein..." Souffla-t-elle en haussant les épaules, le ton plus amer qu'elle ne l'aurait voulu.
Est-ce que Lene devait lui répondre qu’elle s’était laissée tenter à l’aventure de la boutique de maternité parce que maintenant elle avait une brioche au four ? Non, parce que c’était le genre de sujet dont elle n’était pas à l’aise de parler et qui allait susciter des questionnements. Tout le monde sait que Lene est la personne la moins maternelle au monde et le fait qu’elle se soit fait avoir par un homme un peu trop fertile passe encore mais qu’elle aille jusqu’à s’aventurer en territoire bébé, c’est louche. Enfin, il ne viendrait pas à l’esprit à Lene d’annoncer son état et c’est pourquoi elle répond, sur la défensive. "Si, évidemment. Et puis heureusement que t'étais là d'ailleurs." Poursuit Leah, potentiellement satisfaite de cette réponse qui sans en être une permet à Lene de continuer à garder son secret. Au moins jusqu’à ce qu’elle ait décidé de son prochain move parce que si elle n’a pas envie d’aller jusqu’à l’avortement, l’envie d’enfanter ne l’enchante pas plus. Elle est comme coincée sur un chemin où deux voies s’ouvrent à elle, deux voies qu’elle ne cherche pas à prendre. Et puis, ce serait difficile d’en parler vu que Leah est elle-même enceinte. Chose que Lene finit par pointer du doigt parce qu’elle reste une professionnelle de la santé et que bien manger, c’est important, surtout quand on va avoir un bébé. "Je sais. Mais je le garde pas, alors mon état hein..." lui dit-elle en se relevant et s’il était autorisé d’en coller une à une femme enceinte même alors que celle-ci ne compte pas le rester longtemps, Lene le ferait parce que la réponse de Leah est assez stupide à ses yeux et mérite qu’on lui remette quelques idées en place. « Justement. » lâche Lene, un peu plus sèche, la bienveillance étant en retrait parce que là, elle a une idée à faire savoir. « Sa santé, c’est ta santé. Et vice versa. Même si tu ne comptes pas le garder, la façon dont tu souhaites qu’il parte jouera sur ta santé et si tu es trop violente avec ton corps, tu auras des séquelles. Tu mets aussi ta vie en danger en ne prenant pas soin de toi ! » Parce que l’avortement est une chose que Lene respecte profondément et pour laquelle elle se bat et jamais il ne lui viendrait à l’idée de culpabiliser Leah là-dessus. En revanche, l’engueuler parce qu’elle peut mettre ses propres jours en danger, ça, ça ne la gêne pas. Ce n’est qu’après qu’elle réalise son ton et s’excuse immédiatement. « Excuse-moi, je ne voulais pas être brute. C’est la secouriste en moi qui parle. C’est juste que je ne voudrais pas qu’il t’arrive quelque chose. »
La présence de Lene dans cette boutique resterait un mystère à élucider pour plus tard, en attendant la jeune femme peinait à se remettre de ses émotions en dépit du liquide sucré qui lui avait donné un petit coup de fouet. Sans doute que ça n'irait mieux qu'après avoir mangé quelque chose, ce qui restait plausible étant donné le vide intersidéral qui consistait en son estomac. De toute façon, au vu de la réaction de la pompier, mieux valait ne pas insister sur le sujet. Elle ne put toutefois s'empêcher de jeter en regard en biais en direction du ventre de la brune, avant de lui adresser un sourire qui en disait long même si elle ne disait rien. L'espace d'une seconde, elle s'imagina entrain de discuter bébés et couches avec Lene après une intervention, et cette idée la fit rire. Beaucoup. Elle se mordit d'ailleurs la joue pour ne pas éclater ainsi devant Lene qui ne tarderait pas à se vexer si elle prononçait ses pensées à voix haute. A la place, elle lui exposa le fait qu'elle ne garderait pas cet enfant et que son état - en ce moment - lui importait peu. Une réponse qui ne sembla pas au goût de la brune qui fronça immédiatement les sourcils. « Justement. » Justement? Justement quoi? « Sa santé, c’est ta santé. Et vice versa. Même si tu ne comptes pas le garder, la façon dont tu souhaites qu’il parte jouera sur ta santé et si tu es trop violente avec ton corps, tu auras des séquelles. Tu mets aussi ta vie en danger en ne prenant pas soin de toi ! » La jeune femme se raidit instantanément face au ton sec employé par la pompier, mais elle laissa presque aussitôt ses épaules retomber quand elle réalisa qu'elle n'avait pas tout à fait tord. « Excuse-moi, je ne voulais pas être brute. C’est la secouriste en moi qui parle. C’est juste que je ne voudrais pas qu’il t’arrive quelque chose. » Lene s'était un tantinet radoucie - comprenez qu'elle avait laissé tomber son ton sec - et l'observait juste avec inquiétude, ce qui fit apparaître un petit sourire au coin des lèvres de Leah. "Tu peux déjà plus te passer de moi hein oui? Cette matinée au cabinet nous a vraiment rapprochées." La bonne blague. Si elles avaient retrouvé une relation qui s'était éteinte le jour où la pompier avait cessé de venir au bar, elles n'en étaient pas encore vraiment au stade des "amies" même si la brunette appréciait beaucoup la jeune Adams et son ton tranchant. Elle reprit toutefois un air plus sérieux, au moins le temps de lui exposer vite fait pourquoi elle était si peu concernée par son état ces temps-ci. "Je sais que t'as raison, et toi aussi tu sais que d'habitude je suis un exemple d'hygiène de vie." Si l'on mettait de côté sa passion pour les plats préparés. "Mais là je suis au bout du rouleau Lene. Le papa m'a quitté et c'est lui qui a proposé l'avortement, je... Je voulais pas tout ça." Elle soupira légèrement avant de hausser les épaules, pas non plus encline à se faire plaindre par la jeune femme. "T'as déjà mangé?" Beau changement de sujet Leah, vraiment.
Loin d’elle l’idée de se mêler de ce qui ne la regarde pas. Surtout dans la mesure où sa condition est semblable à celle de Leah, elle ne se permettrait pas de faire ce qu’elle sait qu’elle n’apprécierait que l’on se permette avec elle. Mais, elle est secouriste et rappeler à Leah que son comportement n’a pas qu’une incidence sur le bébé mais également sur elle-même lui parait important et même nécessaire. Elle n’irait pas jusqu’à présumer que Leah cherche intentionnellement à nuire à son enfant avec son comportement mais cela parait tout de même bien suicidaire. Sans compter le choc émotionnel. L’expérience parle un peu parce que des femmes qui ont cherché à provoquer des fausses couches, elle en croise plus qu’on ne peut le penser. "Tu peux déjà plus te passer de moi hein oui? Cette matinée au cabinet nous a vraiment rapprochées." Raille Leah, aussitôt que Lene se soit excusée du ton un peu brutal qu’elle a emprunté avec elle. Elle met ça sur le dos de l’inquiétude, ce qui est la vérité. Elle réalise la scène à laquelle elle aurait pu assisté et ne l’aurait pas voulu. « Disons que je me pose toujours la question à savoir si le psy s’en est rendu compte de notre farce. » répond Lene, sans mentionner le fun qu’elle a eu ce jours-là ou confirmer le fait qu’elle ait effectivement passé un bon moment en sa compagnie. Quoi qu’elle n’en aurait jamais douté. Même si son comportement n’était pas sain et qu’elle a déjà eu des échanges salés avec Leah, elle n’a jamais manqué d’estime pour la jeune femme. "Je sais que t'as raison, et toi aussi tu sais que d'habitude je suis un exemple d'hygiène de vie." En fait, elle ne le sait pas tant que ça mais elle imagine bien que Leah soit du genre à se nourrir malgré tout. Elle ne dit rien, préférant croire que ses propos ont réussi à secouer Leah et lui faire comprendre qu’il faut qu’elle prenne soin d’elle. "Mais là je suis au bout du rouleau Lene. Le papa m'a quitté et c'est lui qui a proposé l'avortement, je... Je voulais pas tout ça." Finit t-elle par confier à sa grande surprise parce que Lene n’est pas habituée à ce que quelqu’un partage autant et aussi vite. Ses sourcils se froncent et elle reste muette. Doit-elle donner son avis malgré le peu d’élément à sa portée. "T'as déjà mangé?" La secouriste finit par sourire, contente de se dire qu’elle aura au moins fait une bonne action ( deux en comptant le rattrapage) « Non, donc on peut manger ensemble si tu le veux. » Faut dire que elle, ce serait sûrement l’effet inverse de Leah parce qu’elle a tout le temps faim. « Tu pourras me raconter tout ça. » assure t-elle avant de reprendre pour ne pas trop présumer. « Enfin, si tu le veux. »
Leah elle-même ne se reconnaissait pas vraiment ces derniers temps, mais ça devait être le lot de la plupart des femmes qui se faisaient jeter avec un bébé en route, pas vrai? La brune se savait cynique, et sans doute était-il plus facile de blâmer Stephen pour sa réaction plutôt que de faire une petite analyse de la situation; qui mènerait plus que certainement au fait que tout était de sa faute. Mais rajouter de la culpabilité à sa colère et tristesse n'arrangerait en rien son cas. Elle se sentait vide, et cela faisait en sorte qu'elle n'ait tout simplement envie de rien. Cependant, le coup de gueule poussé par Lene la secoua quelque peu, et ça faisait du bien. Elle n'avait pas tord, ce bébé avait beau ne pas être prévu, il fallait quand même qu'elle se ressaisisse jusqu'au fameux rendez-vous de la semaine suivante. Décidée à alléger un peu l'atmosphère, elle plaisanta sur la rencontre fortuite qui les avait amenée à renouer dans le cabinet du psy, tirant ainsi un sourire à Lene qui se rappela sans peine la petite blague qu'elles avaient faite à l'homme froid et dénué de compassion qui les avait accueillie avec des heures de retard. « Disons que je me pose toujours la question à savoir si le psy s’en est rendu compte de notre farce. » Un petit rire s'échappa de la bouche de Leah qui s'imaginait les odeurs nauséabondes qui avait dû se dégager du conduit d'aération où elles avaient planqué les restes de leurs pâtes; quatre fromages et crustacés, un sacré mélange. "Je suppose que lui, t'as pas un collègue qui a dû passer par là récemment?" Demanda-t-elle en souriant. "J'aurais aimé voir sa tête quand il a découvert ce qu'on a fait quand même, ça a dû changer de sa tête de con habituelle." Souffla-t-elle en souriant à nouveau. Son entretien s'était bien passé, il n'empêche qu'elle avait détesté cet homme à la seconde où elle l'avait vu. Reprenant un ton plus sérieux, Leah s'employa à rassurer Lene sur ses habitudes alimentaires qui étaient normalement plus saines et plus constantes que ce qu'elle faisait ces derniers jours. Un air dubitatif sur le visage, la pompier l'écoutait sans un mot. Finalement, sans trop savoir pourquoi, la brunette lui expliqua en quelques mots sa rupture avec Stephen ainsi que le fait qu'elle n'avait jamais été sure d'elle quant à l'avenir du petit pois. Sa souffrance se ressentait dans ses paroles même si elle s'efforçait de garder la tête haute. Elle ignorait pourquoi elle expliquait ça à Lene, mais c'était sorti tout seul. Sans attendre une quelconque réaction de sa part à ce sujet, elle lui demanda si elle avait déjà mangé ou non, dans l'idée de réitérer l'expérience du cabinet mais de façon plus agréable. « Non, donc on peut manger ensemble si tu le veux. » Parfait. Leah lui rendit son sourire et acquiesça, ravie que la pompier lui propose d'elle-même ce qu'elle avait en tête. « Tu pourras me raconter tout ça... Enfin, si tu le veux. » La brune l'entraîna vers l'extérieur du magasin et se dirigea vers la partie du centre commercial où se trouvaient tous les restaurants. "C'est pas très folichon comme histoire... J'espère que t'auras quelque chose de plus joyeux à me dire en retour. Sinon on pourra se retrouver au cabinet de Docteur Crétin, encore." Lâcha-elle à nouveau dans un petit rire qui camouflait son mal-être.
"Je suppose que lui, t'as pas un collègue qui a dû passer par là récemment?" Elle fait une grimace qui indique que la réponse est négative. Dans les faits, elle a sûrement un collègue qui est passé par là, mais seulement faudrait-il qu’ils s’entendent tous assez pour mentionner leurs rendez-vous chez le psychologue et Lene sait que dans son cas, elle ne traite de rien et qu’il est hors de question que ce sujet tombe sur la table même si c’est pour parler de la déco de la salle d’attendre. « Je n’en ai pas entendu parler. » se contente t-elle de répondre sans forcément lui faire tout un résumé de sa situation auprès de ses collègues. Si jamais Leah intègre la caserne, elle verra bien la quotidien de Lene et si elle ne l’intègre pas, alors elle n’a pas à savoir. "J'aurais aimé voir sa tête quand il a découvert ce qu'on a fait quand même, ça a dû changer de sa tête de con habituelle." Sûr et certain que sa devait être drôle mais Lene a du mal à croire qu’il y’ait plusà se réjouir. Ce n’est pas lui qui a du nettoyer la p’tite farce. « ça devait être drôle. Malheureusement, vu le profil, je ne pense pas que ce soit lui qui ait du passé derrière nous. Enfin, ça restera drôle. J’hésite à étendre le concept à toutes les personnes que je déteste. » Parce que c’était un de ses petites plaisirs quand elle était invitée chez des gens qu’elle n’aimait pas que de laisser trainer quelque chose quelque part tout en sachant que ça allait être chiant à déloger/nettoyer. Enfin, aborder le sujet avait fait retomber l’atmosphère et Lene se trouvait à sentir une petite complicité qui s’installait entre elle et Leah. Sentiment partagé vu le déchainement d’information qui survient. Enfin, il n’y a pas autant de masse mais Lene n’était pas prête à avoir un résumé de la vie actuelle de Leah aussi et c’est ce qui lui donne l’impression qu’elle ferait mieux de proposer une oreille attentive à la jeune femme. "C'est pas très folichon comme histoire... J'espère que t'auras quelque chose de plus joyeux à me dire en retour. Sinon on pourra se retrouver au cabinet de Docteur Crétin, encore." Elle marque une hésitation avant de répondre. « Alors moi tu sais, aller chez le psy, ça me convient une fois par an vois-tu ? » Et encore, si elle pouvait ne pas y aller du tout, ce serait mieux. Seulement, avec les choses qu’elle voit, c’est important. « Mais, on peut parler de ce que tu veux. Si tu n’es pas à l’aise, je comprendrais. » ajoute Lene, tout en avançant à côté de Leah dans la galerie marchande avant de demander « Toujours pas de chinois j’imagine ? » D’ailleurs, maintenant, elle comprend mieux pourquoi Leah avait demandé à éviter tel restaurant. Gros dommage pour Lene, parce qu’elle l’aurait bien mangé ce pad thai.
Amusée, Leah lui demanda si elle avait peut-être entendu des échos venant d'un collègue, puisque ce type semblait être le psychologue officiel des pompiers. Un choix malheureux, si on lui demandait son avis. « Je n’en ai pas entendu parler. » La brune trouva la réponse un brin rapide et dénuée de sympathie, comme si le sujet des collègues était proscrit d'une façon ou d'une autre. Lorsqu'elles en avaient parlé au cabinet, Lene lui avait effectivement expliqué que les choses n'étaient pas faciles lorsqu'on était une femme dans un milieu comme celui la. Pourtant, Leah se serait imaginé qu'un caractère comme celui de la brune avait du s'imposer sans trop de mal, même si ça n'était pas facile tous les jours. Elle décida de laisser couler et de ne pas rebondir là dessus, préférant imaginer la tête qu'il avait du faire en découvrant le pot-aux-roses... Elle n'était pas vraiment fière de cet exploit digne des farces d'une enfant de dix ans, mais quand même, il l'avait mérité cent fois. « ça devait être drôle. Malheureusement, vu le profil, je ne pense pas que ce soit lui qui ait du passé derrière nous. Enfin, ça restera drôle. J’hésite à étendre le concept à toutes les personnes que je déteste. » Leah hocha la tête, assez d'accord sur le fait qu'il ne s'était certainement pas sali les mains pour récupérer leur oeuvre. "J'avoue, c'était bien trouvé." Répondit-elle en souriant, buvant à nouveau une gorgée de la boisson fruitée qu'on lui avait amené. "Et il y en a beaucoup des gens que tu détestes?" Demanda-t-elle ensuite, l'air malicieux. Elle appréciait assez la complicité qui naissait doucement entre elle et Lene, d'autant que si elles finissaient réellement par être collègues, ça pourrait être un plus non négligeable. C'est ainsi qu'elle lui avoua dans les grandes lignes le drame qui se jouait actuellement dans sa vie, sans verser dans le mélo parce que bon... Elle n'était pas comme ça. Elles se mirent d'accord pour aller manger un bout toutes les deux, ce qui ravi la jeune femme qui n'était pas vraiment fan des diners dans la solitude la plus totale; c'était toujours la porte ouverte pour se faire accoster par des inconnus, et elle n'était pas d'humeur. Marchant vers les restaurants, Leah lui demanda de raconter des choses un peu plus drôles, histoire qu'elles ne terminent pas chez Docteur Crétin pour dépression; une perspective qui était loin d'enchanter Lene. « Alors moi tu sais, aller chez le psy, ça me convient une fois par an vois-tu ? »Le sentiment était partagé. La brunette détestait ça, surtout avec ce type là. "T'es pas la seule t'en fais pas." Elle laissa un sourire en coin étirer ses lèvres. « Mais, on peut parler de ce que tu veux. Si tu n’es pas à l’aise, je comprendrais. » Leah haussa les épaules en relevant le menton vers Lene. "Ca va. Je dis pas que j'aurais pensé avoir ce genre de conversation un jour avec toi, mais les choses ont changées depuis le MacTavish." Argua-t-elle en passant une main dans ses cheveux avant f'adresser un sourire complice à la brune. « Toujours pas de chinois j’imagine ? » Une grimace dégoutée apparu sur le visage de la brunette qui avait la nausée à la simple mention "chinois". Pourtant, ça lui manquait. "Si on pouvait éviter..." Répondit-elle en penchant la tête sur le côté, plissant des yeux pour apercevoir ce que les autres enseignes proposaient. "Désolée, mais promis dès que ça passera je t'invite au restaurant chinois, pour me faire pardonner. Ca fait deux fois que je te prive de tes nouilles." Lança-t-elle en riant.
La blaguounette du bureau du psy n’était pas belle. Du moins, pour la personne qui a dû passer derrière elle parce que Lene adore l’idée que son psychologue ait passé plusieurs jours à subir l’odeur des fruits de mers coincés dans sa climatisation. C’est en y repensant qu’elle partage à haute voix à Leah qu’elle devrait songer à étendre le concept aux personnes qu’elle n’aime pas, même si quand elle se fait invitée chez eux, elle trouve toujours moyen de laisser un souvenir chiant de sa présence. Cela va au chocolat oublié sous un coussin du beau canapé blanc à la collection de bibelot qu’elle craquelle en douce avant de les remettre en place. Une idée qui ne tarde pas de faire réagir Leah. "Et il y en a beaucoup des gens que tu détestes?" Elle a du mal à croire qu’elle lui pose cette question. Lene pourrait lui répondre qu’elle déteste le monde entier. Elle ne le fait pas, parce que ça inclurait les quelques rares personnes qu’elle apprécie encore – dont Leah – mais ce serait une vérité proche. « Oui, je te ferais une liste si tu veux la prochaine mais si tu veux une avance, pars du principe que je déteste presque toutes les personnes que je connais et sans hésiter toutes celle que je ne connais pas. » Bon, elle ferait mieux de faire la liste des gens qu’elle apprécie, là, ça irait plus vite. Tout ça allait les amener à prendre le déjeuner ensemble et pour Lene, c’était une bonne idée, au moins parce qu’elle voulait s’assurer que Leah aille mieux et parce qu’elle voulait être là si jamais elle avait besoin. Elle devine sans difficulté qu’elle n’est pas la première de la liste pour ce qui est des conversations à cœurs ouvert mais voilà, elle se propose. Une décision étrange la connaissant mais intérieurement motivée par le fait qu’à l’instant, sans qu’elle ne le sache, Leah est la personne la plus proche de son état d’esprit vu leurs états respectifs. "Ca va. Je dis pas que j'aurais pensé avoir ce genre de conversation un jour avec toi, mais les choses ont changées depuis le MacTavish." « Oui, je suis capable de t’écouter sans avoir besoin de prendre un verre maintenant. » rétorque Lene, une vanne qu’elle n’a pas pu s’empêcher de faire et à laquelle elle ajoute rapidement un « Je plaisante, c’était juste trop facile à sortir » avant que Leah ne se vexe de son humour qui est toujours aussi incisif. Toujours en avançant, il restait le choix du restaurant. Lene n’en est pas encore à cette période où la nourriture lui faire horreur (Ou peut-être que si et elle ne le sait pas ?) donc, elle se plie aux souhaits de Leah même si le chinois la tentait bien. "Si on pouvait éviter..." Dommage, mais elle aura essayé. "Désolée, mais promis dès que ça passera je t'invite au restaurant chinois, pour me faire pardonner. Ca fait deux fois que je te prive de tes nouilles." « Baaah tu sais, c’est pas tant les nouilles donc je me prive mais les raviolis ! » avoue Lene en pensant que c’est vraiment LA chose qu’elle mangerait là et que ce soir, en rentrant, il faudra qu’elle passe au traiteur. Elle ne peut s’empêcher cependant de rebondir sur cet avenir proche que Leah aborde, celui où le chinois sera une possibilité. « Tu es sûre de ton choix ? » demande alors Lene, rapport au bébé, au fait qu’elle lui ai dit que ça, c’était l’idée du père.
Lene lui apprend que cette blague serait à réitérer pour toutes les personnes qu'elle déteste, et à l'entendre, la liste devait être longue. Ce qui attisa la curiosité de la brunette qui ne put s'empêcher de lui demander si il y en avait effectivement beaucoup. « Oui, je te ferais une liste si tu veux la prochaine mais si tu veux une avance, pars du principe que je déteste presque toutes les personnes que je connais et sans hésiter toutes celle que je ne connais pas. » La jeune femme tourna la tête vers elle, étonnée d'apprendre ça. La pompier faisait clairement partie des gens qui n'avaient pas vraiment l'air les plus affables du monde, ceci étant dit, elle n'avait jamais vraiment senti d'animosité à son égard. Juste un sale caractère et un réel envie de ne pas se faire chier avec des gens inutiles, mais quand même, de là à détester à vue... "A ce point là? Et y a une raison pour que tu détestes l'humanité toute entière?" Demanda-t-elle dans un petit rire avant de porter la main sur son coeur, un sourire en coin. "J'me sens tellement privilégiée en cet instant." Annonça-t-elle, surprise et contente de savoir que Lene la considérait assez que pour l'avoir mise sur la liste des gens qu'elle appréciait - ou supportait, allez savoir. D'ailleurs, Lene aussi semblait assez interloquée par les soudaines confidences de Leah, mais la brunette se sentait tellement vidée que les armes étaient tombées et avec elles, toute résistance à s'emmurer dans sa solitude. Elle considérait la pompier comme une copine, quelqu'un qu'elle appréciait et qu'elle apprenait à connaître en dehors de ce qu'elles avaient pu vivre à l'époque où la jeune femme travaillait derrière le bar où Lene venait s'échouer ponctuellement. « Oui, je suis capable de t’écouter sans avoir besoin de prendre un verre maintenant. » La brunette haussa un sourcil avant de laisser son épaule bousculer légèrement celle de la pompier, pour la forme. Naméoh. « Je plaisante, c’était juste trop facile à sortir » La jeune femme sourit, avant de faire un petit geste signifiant que ça n'était rien. "Quand j'aurais repris des forces, je te raterai pas non plus Adams." Lança-t-elle en lui tirant la langue, ravie de retrouver un peu de bonne humeur après les récents évènements. La brune lui demanda ensuite si le chinois était toujours hors compétition, ce que Leah lui confirma par une grimace désolée, lui promettant cependant de l'inviter au restaurant quand elle serait de nouveau en symbiose avec la nourriture asiatique. « Baaah tu sais, c’est pas tant les nouilles donc je me prive mais les raviolis !» On pouvait sentir toute la frustration dans la voix de la pompier et Leah lui jeta un regard désolé, encore une fois. Elle se mettait à sa place; le chinois c'était littéralement la base de son alimentation en général. Mais là... Ce bébé - qui avait pourtant été conçu au Cambodge - semblait faire un rejet total de cette nourriture. « Tu es sûre de ton choix ? » La brunette jeta un oeil rapide en direction de son ventre, réfléchissant quelques secondes à ce à quoi elle évitait justement de penser ces derniers temps. "Je sais que c'est la solution la plus rationnelle... On n'est plus ensemble, je veux intégrer les pompiers... Je veux pas de cette vie pour un bébé..." Mais? "Mais j'sais pas... Parfois je doute. Je me sens pas complètement en phase avec cette décision." Avoua-t-elle en relevant le menton vers Lene.
Evidemment que Lene détestait l’humanité toute entière. Elle avait beau avoir grandi dans un milieu où elle était invitée à aimer son prochain, elle en était incapable. Les gens étaient trop égoïstes, trop lourd, trop chiant, trop bête, pas assez rapide. Ils étaient là et le fait que Lene soient obligée de partager son air avec eux était une contrainte dont elle se passerait bien. C’est bête à dire mais rien qu’à les avoir vu s’agglutiner autour de Leah pour disparaitre juste après, ça lui avait rappeler à quel point elle les détestait et qu’elle était toujours tannée de les voir rappliquer au premier évènement sortant de la normalité. Et pourtant, à côté de tout ce mépris, on y retrouve son amour pour son travail qui consiste à sauver la vie de ces personnes. C’est à n’y rien comprendre. "A ce point là? Et y a une raison pour que tu détestes l'humanité toute entière?" Sa vie de merde en serait une pour commencer ? « Je crois que la réponse à cette question ferait mieux de rester entre moi et le psychologue. » répond Lene d’un ton neutre parce que l’histoire de sa vie allait prendre trop de temps à raconter et puis ses problèmes de famille qui ne l’a jamais accepté/aimé, c’est bien mieux de le garder pour elle. "J'me sens tellement privilégiée en cet instant." Ajoute Leah, amenant Lene à hausser les épaules. La brune aimerait faire une blague en suggérant que Leah puisse être sur la fameuse liste mais, ce n’est pas le cas et parfois l’humour, il vaut mieux ne pas abuser. "Quand j'aurais repris des forces, je te raterai pas non plus Adams." « J’attends de voir ça Baumann » rajoute Lene en souriant avant de finalement s’attarder sur l’origine du repas qu’elles mangeront à midi, c’est que mine de rien, Lene a la dalle et que si Leah a repris un peu de force, il parait primordial de lui mettre quelque chose de vraiment solide dans l’estomac. Papotant bouffe, Lene ne peut s’empêcher de poser une question importante. A vrai dire, sa confession d’il y’a quelques minutes arrive à la hanter encore. "Je sais que c'est la solution la plus rationnelle... On n'est plus ensemble, je veux intégrer les pompiers... Je veux pas de cette vie pour un bébé..."C’est une raison valable, seulement tout raison valable suivie d’une conjonction de coordination est invalide et c’est ce que Leah avait son mais "Mais j'sais pas... Parfois je doute. Je me sens pas complètement en phase avec cette décision." Ce n’est pas si simple pour Lene parce qu’elle aimerait vraiment ne pas avoir à mettre son grain de sel dans une histoire qui n’est pas la sienne et surtout, elle se sent mal parce qu’elle sent que son propre état l’influence. « Tu veux me dire pourquoi ? » ajoute Lene, avant de préciser. « Est-ce qu’elle vient de toi de prime abord cette décision ? Parce que c’est très traumatisant déjà quand on le veut, mais si tu hésites, tu vas te rendre folle. »
Accueil
Les chaines de télévisions ne promettaient pas un programme très euphorisant pour la matinée, si la vue de Donatello, Leonardo, Michel-Angelo et Raphael avait donné envie à Lene de rester scotchée sur son poste au lieu de se mettre à faire quelque chose de productif, dès que les tortues mutantes avaient terminé leur épisode, il ne restait plus de source de divertissement correctes à ses yeux. De quoi lui faire regretter la belle époque où le matin, c’était les power rangers ou Sailor Moon qui occupait l’antenne, laissant d’ailleurs à Lene le loisir de connaitre ses premiers émois féminin en observant Sailor Mercury. Lassée d’un programme qui ne la satisfait pas, elle se décide à mettre en film de fond le dessin animé Hercule et à entamer sa liste de chose productive à faire et démarre par l’allumage de son autocuiseur afin que la corvée de devoir se faire à manger puisse être rayée à tout jamais de sa cervelle. C’était son jour de repos et pour une fois, ça tombait un samedi. Bonheur quadrimestriel lui laissant l’opportunité de vivre sa journée comme n’importe qui et parce qu’elle s’était vachement isolée dernièrement, elle comptait en profiter et c’est là l’unique raison qui la pousse à se transformer ce matin en une véritable Madame Indestructible qui nettoie sa maison de fond en comble avant de partir sauver le monde. Patacroute s’était lui-même mis en mode Krypto le chien pour aider au ménage en dévorant la moindre nourriture qui est tombée au sol. Bon, pas de quoi se péter la vésicule non plus bien que ça doit le changer de la bactériothérapie qu’il s’impose en mangeant la moindre merde trainant dehors. Son ménage terminé et sa journée prête à commencer, il ne restait à Lene qu’à ranger au placard sa tenue d’Enigma pour quelque chose de plus confortable pour la vie civile et de filer tel Son Goku sur son nuage magique vers le centre commercial, ou faut d’amis à voir, elle trouvera toujours de la bouffe à consommer. 