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 Time to turn off the silence ♦ Soheila

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Message(#) Sujet: Re: Time to turn off the silence ♦ Soheila Time to turn off the silence ♦ Soheila - Page 2 EmptySam 3 Aoû 2019 - 18:14


time to turn off the silence





Son regard abaissé dans le mien que je soutenais malgré les réponses qu’il semblait y chercher et que je ne possédais pas, pas cette fois-ci. Mes lèvres demeuraient entrouvertes pour n’en laisser sortir que du silence, appréciant étrangement la sensation de s’être senties caressées par autre chose que des épreuves lorsque les souffles profonds de Stephen s’employaient à vider mon esprit de toute idée de dépossession, d’angoisse ou de solitude. Juste quelques secondes. Mais ces secondes formaient un tout. Son bras s’enroula autour de mes épaules fragiles et je suspendis mes gestes, mes inspirations, avant de comprendre, que là était sa manière de me rendre la pareille. Inapte. Je l’étais devenue. Inapte de saisir l’ébauche d’une étreinte avant que celle-ci ne se renferme réellement et que je ne me retrouve ainsi, retenue dans ses bras que je connaissais déjà, stables et rassurants malgré ce qu'il pensait de lui-même, mais qui portaient aujourd’hui une signification nouvelle que je n’arrivais pas à nommer, que je ne voulais pas nommer. Mes mains se posèrent sur sa chemise, poings presque fermés puisque je venais de redresser les épaules mais qu’elles étaient capables de s’effondrer de nouveau, au moindre laisser aller. Puisque l’asthénie que mon cœur venait de ressentir, en fixant des étoiles que je m’étais toujours refusées, était toujours capable de me saisir à l’insu de ma volonté. Ce n’est plus ta cellule ici. Alors pourquoi est-ce que ça y ressemblait autant ? J’appuyai mon front sur sa poitrine avec lenteur avant de m’immobiliser. Peut-être même m’autorisais-je à clore mes paupières malmenées, consciente que ce moment ne durerait pas ni ne se reproduirait. Je n’avais le droit à aucune sollicitude. Je craignais, toujours, que celle-ci ne me réussisse pas, que celle-ci m’affaiblirait, me sommerait de faire face à tout ce que je gardais, en moi, profondément enfoui. C’était en éduquant mes émotions, en réprimant mes complaisances, que je parvenais à contrôler la douleur, cette douleur que l’on m’avait infligée par les coups, sur mon corps et mon esprit. C’était en refusant tout excès de tendresse que je me durcissais l’âme. « J’aimerais tellement pouvoir faire plus… » Ma tempe se reposa finalement contre sa clavicule, inconsciente de ma lutte intérieure pour ne pas céder, décidant à ma place de baisser la garde, de repousser les armes. Il me le permettait après tout, honorant une promesse muette, me permettant de reprendre mon souffle. J’abaissai le menton, fermée sur moi-même, scellée, comme s’il acceptait de dissimuler dans son étreinte, coffre d’acier, tout ce qui devait être effacé. J’aimerais te demander moins.

Il ne s’agissait pas de son fardeau mais je reconnaissais sous la pulpe de mes doigts les manquements de son cœur semblables aux miens. Comment étais-je supposée vivre avec cela ? Comment avais-je pu laisser tout ça l’atteindre ? Ces questions s’entrechoquaient les unes aux autres dans mon esprit, s’heurtant toujours à cette même, plus importante, plus vaste, plus complexe. Comment étais-je censée faire marche arrière et en avais-je réellement envie ? Le voilà qui prend la décision à ta place puisque tu en es incapable. L’étreinte prit fin et me manqua sur le champ alors même que je ne l’avais pas demandée, que je n’aurais pas pu. Combien de temps avait-elle duré ? Quelques secondes, quelques minutes, je l’ignorais mais il me semblait devoir me raccrocher au regard qu’il m’accordait pour pouvoir revenir. Il me semblait, qu’à rester ainsi, nous avions provoqué le calme, le calme déchirant, nous l’avions sommé et en avions profité et je disais nous mais je pensais je car je savais, à présent, que le calme n’était qu’un sommet enviable duquel je finissais toujours par être rejetée, éludée, bien trop vite. « Soheila... » Ce prénom qui me ramenait, prononcé par sa voix, grave et mesurée, cette douleur qui me, qui nous comprimait la cage thoracique. Stephen, pardon. Je n’ai pas voulu t’emprisonner à ton tour. Je m’enferme pour ne pas voir. L’amorce de son sourire sans joie, la crevasse de sa joue où se loge une fossette, une seule, et au sein de laquelle passa une larme, une seule aussi, finit de me réduire au silence. N’y avait-il que dans les actes que les vérités importaient ? Car, tout au long de cette soirée, les vérités s’étaient enchaînées, emportées par un courant que nous n’arrivions plus à combattre. J’avais perdu foi en mes mots et en ceux des autres, ceux que je ne m’étais jamais lassée d’étudier, mais les siens parvenaient tout de même à se frayer un chemin dans mes songes et à dire plus qu’il ne savait l’exprimer. « C'est... » Il eut du mal à conclure, chaque son était une peine que je ne savais plus éroder, pas ce soir.

Un autre, peut-être ? Quelque chose au-dedans s’était brisé mais cela ne nous empêchait pas de poursuivre, comme une marée qui n’en finissait plus de monter, de déborder de mots, de pensées, trop pour que nous ne sachions nous en emparer. Il m’observait longuement, de ses iris d’argent et pourtant très sombres. Jamais encore ne les avais-je vus ainsi, métalliques à certains endroits. Je laissai mon regard descendre sur ses joues avec prudence. Je savais qu’il observait mon inertie, mes mains inébranlables et mon corps surmené. Ma chair écorchée faisait face à ses traits éreintés, je le trouvais grave et mesuré, imaginant qu’il se sentait ébranlé par tout l’inverse. Mais je me sentais rassurée, de le sentir présent, d’entendre sa voix et de sentir son souffle. Même si cela signifiait qu’il me voyait tout autant, comme il ne m’avait sans doute jamais vue. Comme je ne permettais plus à grand monde de me voir. Je l’avais embrassé, ne me souvenais plus s’il me l’avait rendu, ce baiser, ou s'il s’était contenté de l’accepter. À ce moment précis, je possédais la faculté théorique de nous protéger, de nous laisser tout effacer. Nous avions déjà vécu avec le souvenir de nos écarts qui ne m’étaient pourtant jamais parus manquements, précisément car ils ne nous étaient jamais parus manquements. Je pouvais le faire de nouveau, pour lui, pour effacer ces afflictions dont je ne connaissais pas les lueurs dans son regard. « Désolé… » Il détacha lentement les syllabes dans un dernier désaveu et laissa ses paupières fondre sur les miennes comme si cette vérité effaçait les précédentes. Ses lèvres avaient le goût du sel. Mes doigts fatigués se desserrèrent finalement contre le tissu froissé de sa chemise et remontèrent jusqu’à sa nuque, comme pour le maintenir, ne pas le laisser sombrer. Il y eut ce moment où les baisers parurent urgents, insatiables, dévorants, empreints d’une curieuse souffrance. Ses lèvres sur les miennes remplaçant les larmes car sans doute fallait-il ce désordre affectif pour faire face aux incohérences intimes et que cette étreinte anarchique était la réponse finalement aux questions que nous n’étions pas parvenus à nous poser. Je laissai ma main se libérer, trouver son chemin jusqu’aux premiers boutons de sa chemise qu’elle défit, fébrilement, pour sentir, simplement, deviner le dessin de son cou, de ses clavicules et l’empreinte invisible que des maux fiévreux y laissaient. Était-ce acceptable de vouloir que cela ne prenne pas fin ou que tout s’achève maintenant ? Là, avec ces mains qui m’enserraient et ses lèvres qui annihilaient une souffrance indicible, certainement plus invisible. Mais même derrière mes yeux fermés, l’image ne disparaissait pas. L’image pure, sans tâche, éclatante de cette larme venue dans le silence et sur laquelle je n’avais fait que détourner le visage pour le laisser prendre le mien.

Ce n’était pas son enfer, ici, mais je l’avais contraint à y transposer le sien sans y penser, sans le réaliser. Et ils s’enflammaient à présent, bien plus terribles à l’unisson car leurs flammes s’étaient enorgueillies, trop heureuses de pouvoir raviver des brûlures qui n’avaient jamais eu le temps de cicatriser. Arrête, Soheila. Tout de suite, car je n’étais pas certaine de ne pas céder à une pauvre tentative d’échapper au reste. Je fis un pas en arrière pour m’écouter mais ne rencontrais dans mon dos que la vitre de la douche, espace clos, comme si j’avais pu l’oublier, ce recul ne suffisant pas à me donner la force de me détacher de lui. Je donnais tout pour tout reprendre aussitôt. Mais lorsqu’il s’agissait de Stephen, que pouvais-je reprendre ensuite ? Rien, rien du tout, et aucune excuse ne franchirait la barrière de mes lèvres. C’était maintenant que je devais le faire, maintenant que je laissai échapper sans rompre le contact. « Dis-moi que ce n’est pas pour moi. » La larme ou l’étreinte ? Laquelle des deux serais-tu prête à accepter, Soheila ? Laquelle des deux pour ne pas rajouter cela à ta conscience ? Simplement pour ne pas avoir à arrêter, simplement pour pouvoir continuer de respirer, juste un moment, sans avoir à le priver, lui, de son oxygène ? Laquelle des deux pour me permettre d’être égoïste, oui, mais pas assez pour arrêter parce que ça pourrait être pire. Je me demandais un instant si la distance entre deux êtres était mesurable à la distance instaurée entre leurs corps. Qu’il me dise que ce n’était pas ma faute, pas même un peu. J’avais déjà heurté bien trop de monde, fait du mal à de trop nombreux. Il y en avait même que j’avais laissés là-bas, promis à un destin funeste et lent qui ne porterait plus que mon nom dans leur esprit car c’était mon nom qui avait fait naitre en eux les derniers espoirs, les derniers espoirs brûlés que je n’avais pas su combler. Je me détachais, le détachai d’une main sur sa joue, effleurant du pouce la trace invisible, déjà éteinte. J’éloignai mon visage en arrière, ne trouvant que le verre comme appui, me forçais à lui faire face pour reprendre mon souffle, ignorant le fait que je venais de me forcer à me priver de son origine. « Dis-le moi parce que sinon, ça n’a aucun sens. » parvins-je à glisser d'une voix consciente que l’effort que j’y mettais pour la faire entendre atténuait son assurance. Était-il nécessaire de donner les raisons d’un effondrement partiel ou les autres s’en abstenaient-il en temps normal ? Qu’on me donne les us et coutumes et que je m’y adapte puisque je n’étais pas capable de prendre la bonne décision. Je me contenterais de suivre la règle, cette fois-ci, sans chercher à les contourner pour le simple plaisir d’y trouver une faille, me contenterais de le croire, de le suivre s’il me disait qu’il ne s’agissait pas d’un délaissement, d’un abandon à mon profit.
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Message(#) Sujet: Re: Time to turn off the silence ♦ Soheila Time to turn off the silence ♦ Soheila - Page 2 EmptySam 3 Aoû 2019 - 21:01



Il faut que tu te voies mourir
Pour savoir que tu vis encore
— Eluard.

Sa vie, sa vie, sa vie… ! Tout entière, là, éclose enfin, peut-être, maintenant, tout de suite, dans l’immédiat de ce contact qu’il avait amorcé comme un fou qui se tire une balle en pleine tête — récidiviste, dangereux, complètement malade ! Il était malade. Malade de maladie. Malade et fini, c’était acté pour le présent. Il était en train de mourir, n’est-ce pas ? Rien d’autre ne pouvait atteindre cet ébranlement vertigineux qui s’emparait de lui — pas de ses sens, pas de son corps, cette machine défectueuse en pièces détachées, de lui, lui tout entier, lui au-delà de lui-même, lui dedans, lui dehors, lui dans tout l’espace qu’il lui était permis d’agripper de ces mains inutiles, lui dans tout l’espace qui n’existait même pas et qui n’existerait jamais… ! Lui dans chaque inspiration, chaque expiration, sauf que tout était dédoublé et les choses quadruplaient de dimension… ! Lui, elle, elle, lui, un chiasme qui ne s’arrêtait pas de lui imposer son éblouissante réalité — éblouissante au sens de la plus profonde obscurité, bien sûr, parce qu’ils ne faisaient que chuter, mais qu’est-ce que la chute avait d’obscènement délicieux ! Lui quand il tombe d’habitude, c’est des trébuchements, c’est ses genoux qui se cabossent sur la caillasse, c’est le coude qui cogne, la tête dans une pointe, il tombe dans un tableau cubiste en trois dimensions ; et ils ont pas pensé eux les cubistes qu’il y aurait des cons pour se fracasser dans leurs œuvres ; mais la chute libre, la chute libre il ne se l’était jamais autorisée… ! Un, deux, trois. Les chiffres sont finis. La chute libre. Le fond des choses. Arrêter de respirer en surface. Inspirer jusqu’à ne plus savoir le faire. Expirer jusqu’à que ce tous les atomes en lui se détraquent et faillissent. Sa main prend la mâchoire de la jeune femme, l’autre va se raccrocher à un morceau de pull, pour ne pas aller plus loin, pour s’assurer qu’il ne tomberait pas ; et pourtant ils tombent plus bas, tellement plus bas que la mort.
Le mal originel ne part jamais. Le feu fait rage. La pluie et le vent cesseront. Le feu restera. Tu aimes tellement le feu. Et si la solution, c’était de construire assez pour que tout le reste de sa vie ne suffise pas à tout détruire, même en y mettant toute la force de sa lâcheté… ? Mais il repousse cette idée absolument dangereuse — heureusement qu’il n’arrive même pas à la penser, parce qu’alors peut-être bien qu’il craquerait.
Il arrête de respirer quand elle se détache — ou qu’elle essaye de partir, parce les murs se sont refermés sur eux, qu’ils sont devenus leurs propres murs, que leurs corps sont des barrières mouvantes qu’il ne tient qu’à eux d’ouvrir ou de clore. Un être est une porte, et une porte ça ne va nulle part. Deux portes non plus ça ne va nulle part, mais c’est toujours plus rassurant d’être deux portes, non ? Même au beau milieu du vide…

« Dis-moi que ce n’est pas pour moi. » Tu veux que je te dise : ‘ce n’est pas pour toi’ ? La voix dans son oreille se fond parfaitement dans la torpeur insensée qui est en train de le faire agoniser. Et il retire une main de la joue de Soheila pour la porter à la sienne — ce qui ne faisait pas un long trajet — et en épancher l’humidité qui écrivait de toutes lettres tout ce qui les détruisait, tout ce qui les entravait, tout ce qu’ils voulaient dépasser. « Dis-le moi parce que sinon, ça n’a aucun sens. » Il ne sait pas quelle étrange émotion à l’intersection d’une joie géniale et d’une tristesse insolemment addictive le prend aux tripes. Les mots tombent des lèvres de Soheila aux siennes. En fait, ce ne sont plus ses oreilles qui prennent. Et les mots comme ça paraissent tellement plus beaux. Ils ont raison. Ça n’a aucun sens, Soheila. Aucun. Ça n’en a jamais eu. Ni le bon sens, ni le mauvais sens. Juste la sensation. Tu joues sur les mots. Je leur dois bien ça. Il n’existe pas une page sur laquelle tout cela soit écrit de cette manière. Pas un seul lien logique entre les secondes qui se bousculent avec une urgence infiniment lente et tortueuse, l’urgence qui serre le corps et l’esprit et leur rappelait qu’ils faisaient un jour un. Tu te souviens, l’incomplétude ? Ça n’a tellement aucun sens que je suis en train de mourir et de vivre à la fois, tout à fait simultanément, et tu ne peux pas le nier sans nier mon existence même — je n’ai pas disparu, si ? Hein ? Tu me l’aurais dit, si tu ne me le dis pas alors tout est cassé déjà et je vois bien que ça n’est pas encore cassé, pas plus que ça n’est tout à fait construit. Elle sait qu’il ne peut pas mentir. C’est écrit dans ses gènes, sur son visage, sur ses mains, en calligraphies soignées et parfaitement visibles, dans la couleur et dans le noir. Il ne peut pas mentir, et il lui faut pourtant répondre. Et si tu n’aimes pas la réponse ? Soheila ? Tu l’aimeras. Je te donne la réponse que tu veux. Je te donne la réponse que je peux. Je peux prendre tout le poids. Laisse-moi le faire tant que je n’ai plus peur. Tout cela n’est qu’une immense seconde que nous étendons à l’infini. Il lui faut le dire, il lui faut le dire. La vérité. « Bien sûr que c’est pour moi. » Sa voix n’a plus rien d’une voix, elle est la plus faible unité de son qui soit perceptible, moins que l’air statique, moins que le murmure de la nuit totale. Bien sûr que c’est pour moi, Soheila. Ta question ne te permettra pas de reculer.

Parce qu’elle avait cru une seconde qu’à cet instant précis, il existait autrement que par elle ?

Bien sûr que c’est pour moi. C’est tellement pour moi que je le sens à travers tes yeux, à travers ta peau. C’est tellement moi que je n’ai plus peur de dire ‘je’, parce que ‘je’ n’existe plus, ‘je’ est mort. Au moins maintenant. Il n’est plus là pour me barrer la route et me faire pleurer. C’est pour ça que je pleure. C’est faux, je ne pleure pas : mes larmes pleurent. Je ne leur demande pas de compte. Elles sont si compliquées, et la vérité c’est si simple enfin… ! Moi, toi. Comment te laisser à la deuxième personne ? A la deuxième place ?
Qu’est-ce que tu feras, tu partiras ? On est montés sur cette tour à deux, Soheila. Je ne sais même pas où on est, j’ai fermé les yeux tout du long à cause du vertige. Tu m’as donné tous les mots que j’avais refusé de prendre. J’imagine que je te fais confiance, même si tu pars. Même si je pars. Tu n’avais pas le droit de dire ces mots. Tu avais déjà brisé la loi. Si on recule maintenant, peut-être plus jamais. Il n’avait pas compris avant ce moment ce que ça voulait dire, jamais. Peut-être que c’était pour ça qu’il n’avait pas peur de la mort. Elle lui avait offert un toujours, quelques minutes plutôt, alors que les paroles n’avaient pas encore atteint cette concision et cette pureté stupéfiantes ; elle lui avait donné le pouvoir, au sens propre, du mot. Et l’envers de toujours, c’était jamais. Ils frisaient la tranche de la pièce. Elle ne tremblait pas encore, suspendue sur un fil que le moindre faux pas pouvait faire osciller. Mais lorsqu’elle roulerait, sur quelle face s’abattrait-elle en détruisant tout le reste, les continents et les victoires et les défaites et les civilisations et les temples et eux sous les décombres fumants du monde et de la tempête ? Peut-être qu’il ne serait plus jamais , qu’il n’arriverait plus jamais à gagner tout ce terrain, à s’empêcher de défaillir, à s’empêcher de penser — empêche-moi, libère-moi. C’est la même chose. La main qui s’était détachée de Soheila retourne effleurer son menton, les doigts du pianiste n’osant pas approcher trop ses lèvres de peur de ne plus les trouver — qu’elles n’aient été qu’une illusion. Même si au fond, il veut savoir. « Je ne vais nulle part sans toi. » Je ne vais nulle part seul. Parce qu’elle avait le choix, elle l’avait toujours eu, elle pouvait se désister, c’était évident. Elle avait tous les droits. Surtout le droit de partir — la liberté, voilà ce qu’il lui donnait, la liberté pleine et entière de disposer de cet instant. Lui avait peut-être cédé avant elle parce qu’ils étaient sur le terrain de son ennemi ; mais il fallait une défaite complète. Vaincre en ayant perdu. Céder l'un et l'autre. L'un pour l'autre.
Il était en train de mourir, n'est-ce pas ? Dis-moi. Montre-moi. J’ai confiance en toi. J’ai peur de toi. Est-ce qu’elle pourrait comprendre que c’est le seul compliment sincère qu’il pourrait jamais lui faire ?
Et il se rend compte qu’aucun de ses principes ne tenait plus, qu’il pourrait même lui mentir de but-en-blanc, dans la démence de cette obscurité les liant au fond de la chute, et qu’il y survivrait si elle le suivait dans ce mensonge. Sauf qu’il ne ment pas.
C’est tellement pour moi que si je te poignardais dans le cœur, je mourrais en premier.


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Message(#) Sujet: Re: Time to turn off the silence ♦ Soheila Time to turn off the silence ♦ Soheila - Page 2 EmptyDim 4 Aoû 2019 - 19:39


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Message(#) Sujet: Re: Time to turn off the silence ♦ Soheila Time to turn off the silence ♦ Soheila - Page 2 EmptyMar 6 Aoû 2019 - 17:38


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Message(#) Sujet: Re: Time to turn off the silence ♦ Soheila Time to turn off the silence ♦ Soheila - Page 2 EmptyMer 7 Aoû 2019 - 22:03


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Message(#) Sujet: Re: Time to turn off the silence ♦ Soheila Time to turn off the silence ♦ Soheila - Page 2 EmptyJeu 8 Aoû 2019 - 17:23




* * *

Lorsqu’il ouvre les yeux sur le plafond de la chambre, il met quelques secondes à se rendre compte de ce qu’il fait là, de ce qu’il s’est passé — avant que la présence de Soheila contre lui n’agite sa léthargie en un trouble peu commun. Calme, il le redevient rapidement, presque malgré lui, apaisé par la sensation du corps qui ne l’avait pas quitté. Il parvient même à savourer l’instant quelques minutes encore, les iris en l’air, respiration contrôlée, serein. Tout était d’une immobilité parfaite. L’équilibre retrouvé. Ou était-ce, au contraire, la goutte d’eau qui faisait déborder le vase — l’océan ?
Il se détache avec d’extrêmes précautions, millimètre par millimètre, jusqu’à se redresser et se décoller tout à fait de son emprise. Il peut enfin la voir. Et il reste là à l’observer, dans le sommeil qui figeait ses membres à l’exception de la poitrine se soulevant à intervalles réguliers. Sa main s’égare à retrouver la sienne l’espace d’un simple contact qui a la douceur de la soie, mais il la retire de peur de l’éveiller, rompant le repos si tranquille que son expression paraissait avoir trouvé dans les bras de Morphée. Peut-être que la regarder dormir, c’est dormir. Ça lui suffit en tout cas.

Mais son esprit ne sait pas se contenter de cette sécurité, de cette concorde. Maintenant que les émotions refluent, la lucidité — quel triste mot — éclaire à la bougie les ruines des dernières heures. Quelque chose l’empêchait de l’éteindre et de goûter de nouveau à la somnolence qui lui tendait les bras. C’était juste une hallucination, ces mots qu’ils avait entendus dans l’explosion des sens. Qu’est-ce qui lui faisait le plus peur ? Que ce soit réel ou qu’il se le soit imaginé au point de l’entendre ? Il est persuadé que quelque part dans la cohue des souvenirs et des pensées inavouées qui écument le rêve et l’inconscient, c’est ça qui l’a réveillé. Elle dort. Et tu seras pas capable de lui demander en face. Alors il prend la parole, devant personne, pour personne, murmure perdu pour tout. Les murs comme seuls juges. « Je me sens tellement bien, Soheila. » Elle continue de respirer paisiblement, les yeux clos. Ses souffles répétés remplacent dans son esprit tout autre unité de mesure du temps. Référence subjective d’une ligne d’existence parallèle. Je me sens tellement bien, et à la fois tellement mal maintenant que le jour revient, avec sa lumière crue et ses lacunes, preuve que le temps continue de passer, avec ou sans eux. Autant il ne s’était jamais senti aussi vivant que quelques heures plus tôt, autant il se sentait désormais capable de ployer sous ce rayon de jour qui embrassait son visage si mal. Ployer et s’endormir lui aussi, peut-être à jamais, se fondre dans le lit et disparaître. La vieille obsession. De toute façon elle ne l’entend pas, n’est-ce pas ? « Je me suis sûrement imaginé des choses. » Même parler tout seul est plus agréable avec elle. Il se l’est inventé. Il soupire. « J’ai pas envie de partir, tu sais. » Non, elle ne sait pas. Elle n’entend pas. Tu te parles à toi-même. Si tu n’as pas envie de partir, reste. Qu’est-ce qui t’empêche de vouloir la regarder ouvrir les yeux, s’étirer, et gouter à son tour à la lumière si étrange de l’aube qui venait insolemment leur notifier sa présence ? Parce que ça ressemble trop… à ce que feraient… d’autres gens. Des gens qui… Drôles de scrupules. Sa mémoire est confuse. Peut-être qu’il devenait fou. Parler tout seul devait être un des symptômes. Par contre, il se souvenait très bien du goût de ses lèvres. « Tu le dis aux autres aussi, n’est-ce pas ? » Il sourit, comme si elle lui avait répondu. « C’est mieux. » A quel point pouvait-il s’enfoncer dans le déni ? Jusqu’au bout du monde, tu n’as même pas idée. S’il n’y a rien à briser, pourquoi ça lui coûte de s’en aller, même s’il refuse de l’admettre ?
Château de cartes fragile qu’il lui laisse en se levant. Traversant le silence, il cherche et trouve sur son chemin de quoi écrire, et couche sur le morceau de papier délicat une écriture irrégulière et ample. Avant de le déposer dans le creux qu’il laissait derrière lui. Comme si ça pouvait le remplacer. Dans son esprit, ça le pouvait réellement. Il était toujours une feuille dans le vent — qui avait peut-être fini par atterrir. J’ai besoin de temps. De solitude. Même s’ils s’étaient dit qu’ils respectaient celle de chacun — il ne pouvait pas se sentir seul à ses côtés. Mais pourquoi tu veux te sentir seul ? Il ne se répond pas. Je… Il reprend la feuille, la retourne et ne peut pas s’empêcher d’y griffonner une vague esquisse du corps qu’il voit, pour laisser une trace bancale de ces instants rares dans le monde physique. Il replace le papier. Je te jure que j’ai avancé, au moins un peu. Mais c’est tellement compliqué… Il doit se faire violence pour ne pas rester encore un peu, tiraillé par deux pulsions contradictoires. Il suffirait qu’elle se réveille, qu’elle dise un seul mot pour que sa résolution soit balayée — c’est ça qui lui fait peur. Même avec tout ce que tu me donnes, le chemin m’a l’air si long… tu y croirais ? Il n’était pas parti durant les fois d’avant, parce qu’il n’en restait aucune question en suspens. Aujourd’hui… il est complètement perdu. Bien sûr qu’elle a révolutionné tous ses doutes et ses inquiétudes, fait chavirer l’angoisse et l’incertitude, congédié au moins pour un temps l’insatiable désir de fuite et de disparition ; mais tout ça ne s’arrache pas sans emporter une partie de lui. Qu’était-il d’autre que ses doutes et ses angoisses ? Complètement perdu.

« Je reviens. » Dans une heure, dans un mois, dans un an, dans une éternité. Un engagement qui lui brûle les doigts, et qu’il ne prend que pour atténuer la culpabilité qui l’enlace. Il marche pour retrouver ses vêtements, vestiges décolorés d’un autre monde. Il lui semble qu’ils n’ont plus la bonne taille. Ni trop petits, ni trop grands, juste adaptés à un autre corps. Il les passe. Ces gestes lui paraissent étrangers. Il inspire profondément. Et il part.

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Message(#) Sujet: Re: Time to turn off the silence ♦ Soheila Time to turn off the silence ♦ Soheila - Page 2 EmptyVen 9 Aoû 2019 - 2:38


time to turn off the silence





Je changeai de position, pensivement, sur la méridienne face à la baie vitrée de la chambre. J’y avais passé une partie inconnue de la nuit qui s’écoulait, la majeure sans doute, le visage tourné vers l’extérieur et la mer au loin, oscillant entre somnolence et contemplation. J’avais entrouvert les fenêtres, m’étais laissée happée par l’air frais de la nuit, les senteurs de l’océan, la houle de ses vagues. Le silence sonore, le silence réinventé. J’étais une citadine, depuis mon plus jeune âge. Autrefois, je m’assoupissais dans le vacarme étouffé de New-York, la ville qui ne dormait jamais. Aujourd’hui, j’étais celle qui ne dormait plus dans le paysage endormi. J’entendais les souffles ensommeillés de Stephen non loin de moi, étendu entre les draps que j’avais fini par désertés, consciente que je n’arriverais pas à m’endormir aussi vite, aussi bien. J’aurais pourtant souhaité rester ainsi toute la nuit, acceptant le refuge de ses bras, luttant contre la mélancolie de ce que nous possédions pourtant encore, la triste impression que nous ne le revivrons peut-être pas de sitôt. Nous avions été propulsés dans une brèche de sérénité, de félicité, une faille de lumière et de certitude comme il n’en existait plus. Je ne pouvais pas m’endormir, j’y arrivais de moins en moins en temps normal, mais cette nuit était différente. Cette nuit portait, dans ses ombres et son air marin, l’étrange empreinte d’un lendemain incertain. Je m’en voulais déjà, de ne pas réussir à éloigner mes errements plus longtemps que cela, avais voulu les faire taire en retrouvant ma place près de lui, contre lui. J’avais entendu battre son cœur dans un fil contre ma paume, je le retrouvais instantanément. J’avais senti le lien de son regard dans le mien sans le rompre par peur de ce que cela pouvait engendrer, par peur de l’aimer d’une nouvelle manière, de l’aimer différemment, mais ses paupières étaient restées fermées cette fois-ci et j’en avais fait de même. Il m’avait fait respirer de nouveau, me ferait-il dormir à présent ? D’un sommeil opaque, libérateur. Dénué de fantômes, de mirages funèbres. Non plus des songes ou des cauchemars. Le vide simplement. Étranger et reposant.

Je manquai une respiration. Cela suffit pour me réveiller, les yeux fermés. Cela ou peut-être le bruit d’un vêtement froissé. Je restai immobile et n’entendis que le bruit d’un pas sur le parquet, ou le bruit qu’aurait sans doute l’empreinte d’un pas si cette dernière pouvait en faire, légère, silencieuse, invisible. Il partait. Cela grattait non loin de mes oreilles, une plume sur un bout de papier. J’aurais pu ouvrir les yeux, je ne dormais plus non plus, ou peut-être que si, peut-être que tout cela n’était qu’un songe mais les songes qui parsemaient mes nuits n’étaient plus aussi tranquilles alors je ne savais pas. J’aurais pu, mais j’aurais sans doute dû lui dire quelque chose, lui demander de rester, lui demander pourquoi. Pourquoi quoi ? Pourquoi il partait, par exemple ? Mais je le savais, pourquoi il partait. Pourquoi je lui demandais de rester alors ? Mais je n’avais jamais réussi à demander cela à personne, cela ne signifiait pas que je n’en avais pas envie. Je le laissais s’éloigner plutôt. Je le laissais passer la porte à la place. Et je ne pouvais pas dire que cela ne me heurta pas le cœur, mais je préférais cela plutôt que de croiser son regard. Et de lire dans ce dernier ce que je craignais d’y trouver, cette lueur de la vie fragile, qu’on ne sait comment retenir. Cette conscience de cette vie qui filait entre les doigts, perdant son battement, ses pulsations. J’aurais été forcée d’en sourire, de retrouver ce détachement déroutant qui n’aurait pas été sincère, pas à la hauteur face à cette lueur présente et désarmante. J’avais envie de lui, de sa présence. Vraiment ? N’as-tu pas peur que cette lueur dans ses pupilles ne soit que le reflet de la tienne ? Je n’en savais rien. Et c’était précisément pour cela que je l’écoutais s’éloigner dans le couloir, devinais ses pas sur le chemin inverse, n’ouvris les yeux qu’en entendant le claquement lointain de la porte d’entrée. Le lit était déjà vide, les draps étaient déjà froids.

Je les rabattais lentement, laissant ma paume se refermer sur une feuille, une saillie de son esprit qui me resterait peut-être inconnue, que je ne cherchais pas à déchiffrer. Depuis combien de temps était-il parti ? Dix minutes ? Une heure ? Le vent n’agitait plus le grand arbre sur le côté, dehors. La rosée matinale avait fait éclore dans les herbes de la jetée des milliers de gouttelettes qui scintillaient timidement sous l’aube et semblaient se déplacer. L’horizon brûlait en attendant le soleil. Je descendis les marches me menant au salon, parcourant du bout des doigts, en chemin, la collection impressionnante de vinyles disposée dans la bibliothèque blanche du couloir. Ils n’étaient pas tous à moi mais étaient restés là, faisant de moi leur seule et unique auditoire. Je fis tourner distraitement l’objet de mon choix entre mes mains, apercevant par intermittence mon visage se refléter dans le noir métallique et délaissais la pochette où le visage de Cesaria Evora se devinait en un dessin tacheté. Les premières notes de son son le plus connu, le plus réussi, s’élevèrent dans la pièce et je passais de l’eau sur mon visage, en attendant que le café finisse de couler. Je croisai mon reflet dans le verre de la baie vitrée, remontai légèrement les manches courtes beaucoup trop large du t-shirt que j’avais enfilé avant de descendre. Mes cheveux retombaient sur ma poitrine avec une certaine lassitude et je fus incapable de penser s'ils brillaient toujours. Le bleu gris du ciel leur donnait une teinte mystérieuse, tout au plus. Le soleil, enfin, étirant ses rayons dans le ciel, me narguant d’avoir autant dormi lui, avec une connivence que j’accueillais chaque matin, dont je ne me formalisais plus. J’ouvris la fenêtre pour rejoindre l’extérieur, regardant la fumée de mon café se confondre avec la brume environnante avant de de m’avancer jusqu’à une chaise longue pour m’y installer. Je restai silencieuse, laissant le soin à la mélodie familière derrière moi d’exprimer le cours de mes pensées fragmentées. 06h45. Il était trop tôt pour espérer entendre Emma avant son départ à l’école. Je soupirai d’entre mes lèvres en plissant des yeux face à l’océan dont j’aurais pu jurer qu’il accordait sa quiétude aux divagations de mes pensées, pour les contrer. J’imaginais Stephen et ses traits aiguisés que je n’avais pourtant connus que doux et attirants cette nuit. Je l’imaginais sur le chemin du retour parmi les ombres rassurantes de l’aube, prenant son temps également comme je le faisais, comme pour prolonger encore un peu l’infini que nous étions parvenus à créer, que nous avions réussi à mettre en suspens. Je me demandais si nous étions conscients tous deux, au même moment, qu’il risquait de s’étirer trop vite, ce temps, à présent et qu’il fallait nous trouver un moyen de le comprendre, nous permettre de trouver une manière de l’inverser, de le faire notre peut-être. Le soleil n’était plus blanc maintenant, retrouvait lentement de sa chaleur orangée. Cette vue était la mienne chaque matin. Mais je continuais d’ignorer si j’y avais ma place, si je ne serais jamais capable de m’y fondre, si je n’avais pas l’air d’une imposture. J’étais en dehors, toujours, simple spectatrice. Alors, je fis ce que je faisais toujours. M’emparais de mon téléphone, le professionnel, le déverrouillais et ouvris mes mails. Je ne l’ignorais pas, en fait. Je n’étais pas de ces personnes, celles capables de s’installer sur le pas d’une porte isolée, dans une ruelle, à l’écart de l’agitation de la ville. J’aurais aimé être assise ici et toucher, du doigt seulement, cet apaisement si particulier et cette pointe au coeur venant le briser. Il y avait sûrement un tableau magnifique derrière cette brume matinale. Mais il aurait fallu que je trouve le courage de traverser le brouillard pour l’apercevoir. Et il était trop tôt. Je l’imaginais simplement, je savais que je manquais quelque chose. Mais il y avait autre chose de plus important, ailleurs, plus loin, toujours. Quelque chose qui m’appelait.

Un froissement sous ma main. Je fis glisser le papier de sous ma paume, l’observant un instant. Je ne l’avais pas ouvert. N’apercevais que l’esquisse de ce qui semblait me représenter, l’ébauche de traits délicats mais qui avaient tout de même empoigné ma gorge. J’hésitais, une seconde encore, puis l’ouvris finalement, du bout des doigts. « Je reviens. » Un léger sourire vint se loger sur mes lèvres, comme par habitude, sans que je ne cherche à l’en empêcher. Nous ne nous accrochions pas à notre présence, ou à ce qu’il perdurait de nous. L’absence de précision, l’incertitude de ces deux mots accolés à une promesse abstraite, une promesse tout de même, redessinaient avec une justesse fulgurante nos échanges de la veille. Quand Stephen ? J’aurais pu lui poser la question si je l’avais voulu, je ne dormais pas. Il aurait pu l’épancher sur ce mot également, après tout. Mais c’était peut-être cela qui nous brûlait, cet affranchissement de toute limite auquel nous avions cédé et l’espoir persistant de revivre un instant d’absolu comme ces derniers. Un sourire, oui, presque contenté, presque douloureux, presque entier.
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