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 walking disaster | jameson

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Message(#) Sujet: walking disaster | jameson walking disaster | jameson EmptyVen 26 Juil 2019 - 15:56


walking disaster
@jameson winters


Brisbane, 2004.

C'est moins bien qu'au cinéma, un procès.

Déjà, y'a pas la musique qui amène le suspense et qui fait craindre la sentence pour le personnage principal. Y'a pas les gros plans sur le visage du juge au regard d'acier, sur l'avocat véreux à l'air chafouin, sur les témoins dont les yeux écarquillés trahissent la nervosité. On ne voit non plus pas les paupières de certaines femmes se fermer, leurs sourcils se froncer et leurs lèvres murmurer une prière silencieuse pour que la personne injustement accusée soit blanchie. Et puis, l'éclairage laisse à désirer, comme les costumes et le décor, en fait. Ça se voit que dans la réalité toutes les bonnes gens qui se pressent au tribunal n'ont ni styliste ni coiffeur personnel pour les arranger et les aider à capter la lumière. Il n'y a pas non plus de bons et de méchants, c'est plus difficile de savoir si le juge est corrompu, si les avocats cachent de lourds secrets, si le prévenu est innocent. Et lorsque le verdict est prononcé il n'y a pas d'explosion de joie, ni de générique, ni de "to be continued" pour connaître la suite de l'histoire au prochain épisode.
C'est une marée de gens qui se lèvent, plus ou moins satisfaits, plus ou moins fatigués, pour sortir de la salle et se retrouver entre eux, ou bien se disperser selon les chemins que leur routine quotidienne d'une banalité affligeante a déjà tracés pour eux.
Ariel en fait partie.
Elle a quatorze ans, et elle vient d'échapper à une peine pour mineur.

Ce n'est qu'en sortant de la salle qu'elle réalise à quel point il faisait chaud dedans, et elle accueille avec soulagement l'air frais des couloirs du tribunal. Celui-là est petit: elle en a déjà vu des plus grands à la télé mais elle est secrètement reconnaissante que son procès ne se soit pas déroulé dans un bâtiment plus impressionnant. Déjà que ses mains tremblent encore, alors, elle n'ose pas imaginer ce que ça aurait donné si ça s'était vraiment passé comme dans les fictions. Sûrement qu'elle aurait été coupable et envoyée moisir Dieu sait où. Parce-qu'après tout, même si elle est (ou est censée être) le personnage principal de sa propre vie, dans les séries, surtout les américaines qui peignent le monde en noir et blanc, on aime toujours être du côté de la justice.
Du pauvre mec qui s'est fait voler son portefeuille et sa montre, rayer sa Mercedes et qui a retrouvé sa piscine pleine de mousse.

Est-ce que ça faisait un peu beaucoup, comme on le lui a (pas si gentiment) suggéré? Est-ce qu'elle a tendance à tirer sur la corde? Peut-être. Elle ne s'en rend pas compte. Tout ce qu'elle sait, c'est que ce mec, qui travaille aux impôts, a essayé d'intimider sa tante Jenna. Ou un truc dans le genre. Elle n'a pas très bien compris exactement de quoi il en retournait: elle a simplement compris que c'était injuste que ce type menace auntie Jen et fasse des commentaires plus que désobligeants sur sa situation. Même si elle avait séché ses larmes quand Ariel a débarqué dans la cuisine après avoir écouté aux portes, Jenna n'a pas pu faire comme si tout allait bien. Elle a simplement dit que les choses seraient un peu difficiles jusqu'à nouvel ordre.
C'est fou comme c'est facile de retrouver quelqu'un. Dans l'annuaire, en demandant, en se renseignant. C'est aberrant comme c'est facile d'obtenir un nom, une adresse, et de se planquer derrière une grosse haie de fleurs pour surveiller quelques allées et venues. Facile, facile: facile de sauter la barrière, facile de s'introduire par les portes-fenêtres ouvertes du salon: facile de glisser dans sa poche montre et portefeuille, facile de vider dix bombes de mousse à raser dans la piscine au bleu turquoise hypnotisant, facile de partir en écrivant asshole sur la Mercredes à l'aide de ses clés.

Moins facile quand la police frappe à la porte deux jours après.
Mais de toute façon, il l'avait mérité. Ariel n'a pas besoin d'être de ces ados brillants et très intelligents pour se rendre compte qu'il n'y a qu'une seule sorte de justice dans ce monde: celle qu'on fait soi-même. Et elle compte bien s'y tenir, à son principe.
Certes, les choses auraient peut-être été plus faciles pour elle si elle n'était pas déjà connue des services de police dans le quartier. Les trucs classiques: petits vols, participation à des manifestations, bagarres, tags de bâtiments publics, intrusion dans des lieux privés... alors, peut-être, comme lui a dit l'un des mecs au commissariat, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Pshh, elle s'en fout bien, du vase. Si ça ne tenait qu'à elle, elle l'exploserait contre un mur, et libérerait toute l'eau de ses méfaits.

Mais Ariel a du promettre qu'elle ne recommencera pas, et qu'elle se tiendra à carreau car c'est son dernier avertissement.
Ariel a dit oui, avec toute la conviction dont elle était capable.
Ariel a pensé fuck you, avec toute sa hargne d'adolescente.

Et maintenant... Maintenant elle est libre. Mr. Impôts semble positivement furieux qu'elle n'ait pas été envoyée au bagne casser des cailloux. Alors qu'il jette un regard noir de haine dans sa direction, elle lui adresse un sourire vicieux. Karma, bitch.
Enfin, non. Techniquement, elle ne doit rien au karma. Sa faiseuse de miracles s'appelle Maître Jameson Winters et c'est grâce à elle qu'elle est encore capable de garder la tête haute. D'ailleurs, où est-elle? Ariel tourne la tête, aperçoit l'élégante silhouette de son avocate, et se rue vers elle. "Maître Winters!" Dans sa voix, la reconnaissance. Dans ses yeux, de l'admiration. "Je voulais vous dire merci. Ma tante Jenna dirait que c'est la moindre des choses, mais pour de vrai. Vous m'avez sauvé la vie. Du coup, je suis libre c'est ça?"

Elle attend le oui salvateur avec impatience, pour pouvoir sortir et aller raconter son incroyable épopée judiciaire à ses amis - après tout, ce n'est pas tous les jours qu'on gagne un procès.


Dernière édition par Ariel James le Lun 2 Sep 2019 - 22:44, édité 2 fois
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Jameson Winters
Jameson Winters
la louve raffinée
la louve raffinée
Présent
ÂGE : quarante-six ans.
SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi.
STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain.
MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale.
LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide.
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POSTS : 6431 POINTS : 70

TW IN RP : par mp si besoin ♡
ORIENTATION : J'aime tout le monde.
PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.
CODE COULEUR : #336699
RPs EN COURS : Christmasbin [7]Alex

I'm a survivor :
ATELIER I ↟ Robin
ATELIER II ↟ Asher
ATELIER III ↟ Eve

Flashbacks ↠Gaby [f.b. #2]Laoise [3]

Réalités alternatives ↠ Zombinson [d.z.]Bloody Gaby [d.f.]Witchy Robin [d.f.]

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PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.

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ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.

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LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.

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GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.

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KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.



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AVATAR : Maggie Siff
CRÉDITS : Birdiesnow (avatar), anaëlle. (signature), loonywaltz (UB), mapartche (dessin <3 )
DC : Aisling l'effeuilleuse prude
PSEUDO : Whitefalls/Whitewolf
INSCRIT LE : 08/03/2016
https://www.30yearsstillyoung.com/t7655-jaimia-winters-you-were-expecting-me-to-be-a-man-my-father-was-too
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Message(#) Sujet: Re: walking disaster | jameson walking disaster | jameson EmptyMer 31 Juil 2019 - 18:51


walking disaster
Ariel & Jameson - Brisbane, 2004
Le marteau retomba sur le bois avec un bruit sec qui claqua dans le silence du tribunal, annonçant la fin du procès. Autour de nous, les voix s’élevèrent pour emplir l’atmosphère. Soupirs soulagés, jurons irrités, envolées philosophiques sur la justice et les châtiments alloués. Celles et ceux venus pour le spectacle s’évadaient déjà vers le jardin derrière le bâtiment, où ils flâneront au soleil avec leur tout nouveau sujet de conversation. Les autres rangeaient leurs dossiers, serraient quelques mains avec une expression grave ou réjouie, se pressaient vers les voitures qui les attendaient pour les ramener à la maison. Moi, je prenais mon temps. Je souriais à tout va en emplissant mes poumons. Je savourais la fierté qui irradiait dans ma poitrine, grisait mes sens, fourmillait dans le bout de mes doigts. Premier véritable emploi après un stage interminable. Première affaire, commise d’office, dans le droit criminel en plus, pas vraiment ce à quoi je me destinais. Et aussi première victoire à la barre, face à un type réputé, un type grassement payé, affilié au gouvernement qui plus est. Autant dire que je ne touchais plus le sol, et comme la gosse rebelle qui n’avait jamais quitté mon âme, je n’ai pas pu m’empêcher d’adresser un signe de tête à mon confrère, souligné d’un sourire victorieux qu’il ne sembla que très moyennement apprécier.

Mes dossiers sous le bras, je me frayai un chemin parmi les badauds pour retrouver la sortie. Engoncée dans un tailleur que je n’avais pas l’habitude de porter, les pieds massacrés par des chaussures magnifiques que j’avais visiblement très mal choisies étant donné le mal de chien que j'en tirais, j’avais du mal à rattraper Ariel. La gosse libre, la môme rebelle, la raison de ma présence en ces lieux si austères aujourd’hui. Enfin, je finis par l’apercevoir, quelques pas plus bas sur les escaliers blancs qui bordaient l’édifice. Un sourire sur sa bouille de fripouille, elle plissa ses jolis yeux pour les protéger d’un rayon de soleil qui venait dessiner des reflets chatoyants sur ses cheveux en bataille. Belle comme un cœur, coriace comme du granit, le genre de môme livrée à elle même qu’on retrouve dans les circuits de la justice. Ceux pour lesquels j’avais envie de me battre, et qui me donnaient la force de me lever tous les matins et de m’enfermer dans le bureau poussiéreux au premier étage d’Ashburn Rose, un des cabinets les plus réputés de la ville et au sein duquel je rêvais de gravir les échelons comme les étages.

« Maître Winters ! » Me harangua la jolie môme, ses yeux tout pétillants d’une lueur qui s’y était allumée récemment, bien différente de la méfiance et de l’ennui qu’elle m’avait réservé lors de notre première rencontre. Elle voulait me remercier, avec la fraîcheur adolescente qui la caractérisait encore, ce petit souffle de vie loin des conventions que je m’appliquais déjà à suivre religieusement. Elle trouvait que je l’avais sauvée, me demanda si elle était libre et mes lèvres se tordirent légèrement alors que je répugnais à ternir ses espoirs en lui expliquant plus clairement l’issue de son procès. « Pas tout à fait. » J’avouai en plaçant une main dans son dos pour l’encourager à avancer et dégager ainsi le chemin pour la foule qui s’amassait derrière nous. « Tu n’auras certes pas à séjourner dans un centre de redressement comme le voulait la prosécution, mais le juge tenait tout de même à ce que tu écopes d’une amende pour marquer le coup. » Pour ces vieux fous qui ne juraient que par l’argent, le seul moyen pour Ariel d’apprendre sa leçon serait de payer une somme d’argent à un type qui n’en avait vraisemblablement pas besoin, afin de couvrir les frais occasionnés par sa petite visite nocturne. Ce que ces crétins manquaient toujours de voir, c’est qu’une gosse qui a du mal à joindre les deux bouts ne risque pas de se responsabiliser à travers une telle punition. Au contraire, c’est typiquement le genre de connerie qui pousse à plus de délits, car alors elle n’aurait probablement pas d’autres choix que de voler autrui pour s’acquitter de sa dette. « Je l’ai convaincu de transformer ça en travaux d’intérêt général. » Voyant sa mine inquiète et le pli entre ses sourcils châtains, je m’arrêtai pour la regarder d’un air encourageant. « Allons, ce n'est que l’affaire de 60 heures, soit une dizaine de jours, et tu pourras les effectuer le weekend en fractionné ou pendant tes vacances. Crois-moi, ça aurait pu être bien pire ! » Et pour avoir fait un tour par la case détention juvénile, j’en savais malheureusement quelque chose. Mais contrairement à ma petite protégée, je ne m’étais pas contentée de rentrer chez un vieux plouc pour voler sa tune et rayer sa bagnole. Non… comme une imbécile j’avais sorti le grand jeu en volant des animaux d’élevage dans un abattoir avant d’y foutre le feu. Bon sang, chaque fois que j’y pensais, j’avais froid dans le dos. Qu’est-ce que m’était passé par la tête ? J’avais eu une chance inouïe que mes parents daignent alors protéger leur réputation en me payant un des meilleurs avocats du pays, m’assurant ainsi d’être jugée comme une mineure et d'obtenir une peine clémente. Et même si mon casier était redevenu vierge à ma majorité comme le voulait la loi, je vivais dans la peur constante que quelqu’un découvre ce terrible secret de mon passé. Un employeur, un client, ou tout simplement des opposants qui voudraient me déstabiliser. Une avocate hors la loi ! Pire, une écoterroriste ! Bon sang, ça ferait tâche pas vrai ? A mes côtés, Ariel hésitait, s’attardait. Je reportai mon attention sur elle et me demandai si elle avait quelque part où aller, si elle n’avait pas besoin de souffler avant de retrouver sa tante et sa réalité. « C’était une longue matinée. Ça te dit d’aller prendre un smoothie près de la plage ? Ils en font de très bon à quelques pas d’ici. » Je proposai avec un sourire, une main en visière pour protéger mes yeux clairs. Je n'étais pas contre l’idée de souffler quelques minutes moi aussi. Et je n’avais surtout absolument aucune envie de retourner me noyer parmi mes dossiers.  

FRIMELDA & MODS WHITEFALLS


follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.

:l::

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Message(#) Sujet: Re: walking disaster | jameson walking disaster | jameson EmptyLun 2 Sep 2019 - 0:31


Elle se voit déjà sortir du tribunal, ses lunettes de soleil sur le nez, en slow motion, un sourire aux lèvres pendant que les accords de Bad Reputation résonnent à fond en accompagnant sa marche de la victoire. Peut-être même qu'on pourrait rajouter une explosion? Maître Winters à ses côtés, l'air fier et triomphant. Il lui manque juste une veste en cuir pour compléter le tableau, mais on y est. Libre, elle est blanchie, elle est... "Pas tout à fait".

L'image se fige, la musique cesse, le scénario se déchire. Comment ça, pas tout à fait?! "Quoi?" Moins éloquent, certes, mais ça a le mérite de traduire sa pensée. Jameson lui jette un regard bienveillant, et l'encourage doucement à avancer alors qu'elle procède aux explications. Et plus l'avocate livre les détails des délibérations, plus Ariel se sent blanchir. Une amende? C'est le pire scénario, c'est la pire punition possible. Elle, elle n'a pas un rond, sa mère de toute évidence reste incapable de gagner quoique ce soit, et tante Jenna... tante Jenna éprouve déjà des difficultés à boucler les fins de mois (d'où la vengeance sur le contrôleur des impôts, n'avaient-ils pas compris ça, ces abrutis?), mais payer une somme probablement faramineuse pour réparer ses conneries, c'est impossible. Inconcevable. Et déjà, au rythme d'une panique diffuse, les plans de secours commencent à affluer dans l'esprit de la jeune fille - car il lui en faut un, de plan de secours. Et vite. N'importe quoi pour payer une somme qu'elle ne possède pas. Hors de question de demander, de toute façon personne ne l'aiderait de son plein gré. Ariel avait beau être encore jeune, elle n'ignorait pas que sa famille ne jouissait pas d'une excellente réputation - encore moins depuis les évènements de l'année dernière. Ils avaient été des 'putains de hippie', des 'gosses de camés', des 'cas sociaux', des 'marginaux irresponsables'. Mais les insultes étaient supportables lorsqu'ils se retrouvaient tous les quatre, papa, maman, Sky et elle, pour faire front. Leurs relations n'avaient jamais été ni très saines, ni très stables, mais face à l'adversité, les James se serraient les coudes. Maintenant, il ne restait plus qu'elle, et le regard des adultes et du monde en général, déjà peu généreux, avait achevé de se transformer en un jugement froid et irrévocable, teinté de mépris et de pitié. Elle haïssait ce sentiment, cette condescendance hypocrite dont les donneurs de leçons se paraient fièrement pour affirmer, pauvre gamine, ce n'est pas de sa faute vu sa situation, mais bon, c'est déjà une mauvaise graine. Elle finira comme eux, morte, camée, ou en prison.

Non.
Jamais.

Et si elle doit piquer de l'argent à ses professeurs, à ses voisins, même au premier ministre du pays, elle le fera. Sans hésiter. Elle le fera, parce-que - "Je l’ai convaincu de transformer ça en travaux d’intérêt général".

Ariel lève ses grands yeux verts vers son avocate, une interrogation lisible sur son visage. Pas d'amende, donc? Avec douceur, sa sauveuse continue, probablement pour la rassurer sur le contenu de la sentence, et Ariel acquiesce lentement. À vrai dire, peu importe la sanction, tant qu'elle ne doit pas payer, voler, ou humilier encore sa tante. De toute évidence elle n'est pas non plus enchantée à l'idée de passer ses heures de libre à écumer les rues de la ville pour repeindre les graffitis ou ôter les ordures des trottoirs, mais c'est mieux que l'alternative.

Alors, Ariel s'arrête un instant, un sentiment mal identifié donnant à ses traits un air presque fragile. "Merci, Maître Winters. Sincèrement... je sais que c'est votre job et tout, mais je ne pourrai jamais assez vous remercier. Vous n'étiez pas obligée de faire tout ça. De changer la peine et tout. La plupart des gens se foutent bien de ce qu'il pourrait m'arriver. Je sais que ça aurait pu être pire. Elle hausse les épaules, le fatalisme familier de ces jours-ci laissant son empreinte dans sa voix. Puis, jette les ondes négatives d'un soupir, et offre à l'avocate un brillant sourire. Mais vous en faites pas, ça m'dérange pas, de faire ça. Ça m'fera une bonne anecdote à raconter à la rentrée et avec un peu de chance, je me ferai des copains!" L'avantage d'être une mauvaise graine, c'était que si elle ne parvenait pas à socialiser avec les plantes qui poussaient droit, elle trouvait toujours, où qu'elle soit, des cas qui lui ressemblaient. D'autres mauvaises graines, un peu isolées, au mauvais endroit au mauvais moment. Et puis, elle pourrait toujours réinventer l'histoire et faire courir le bruit qu'elle avait presque fait de la prison... il serait toujours temps d'affiner son image de badass plus tard.

Hors du tribunal, le soleil illumine les dalles blanches du bâtiment et donne un éclat particulièrement pur au bleu du ciel. Le genre de matinée de rêve. Hors de question d'aller retrouver Jenna: par des temps peu glorieux, mieux vaut éviter de déranger sa tante au travail. La bonne nouvelle (et la moins bonne) l'attendront plutôt ce soir, au repas. Ce qui lui laisse comme option, pour tuer le temps, de passer chercher son skate à la maison et de repartir sillonner les rues de Brisbane pour rejoindre la bande d'amis avec laquelle elle traîne en ce moment. Pas non plus des exemples: presque tous fument, boivent et passent plus de temps au skatepark ou à tester leurs nouvelles techniques de shoplifting qu'à écouter assidûment en classe. Et presque tous viennent de familles brisées. Qui se ressemble...

Et, bien sûr qu'elle a hâte de leur raconter, Ariel. De pouvoir les retrouver, surfer sur son quart d'heure de célébrité, raconter une histoire à sa sauce. Pourtant... elle aimerait bien rester avec Maître Winters. Il émanait de cette femme quelque chose de rassurant, de bienveillant; une aura qui forçait le respect, une classe absolue dans son attitude, une lueur de détermination dans le regard qui fascinaient Ariel. Elle n'avait pas d'ambitions, mais elle se dit à cet instant qu'elle aimerait bien lui ressembler. Un jour. Plus tard. Quand elle aurait grandi, et que ça irait mieux. "Bon, bah..." Incapable de cacher la réticence dans sa voix, Ariel se tourne vers son avocate. Merci et au revoir, allait-elle dire. J'garde vos coordonnées pour une prochaine fois, on sait jamais, je pourrai en avoir besoin. Ce genre de connerie, typique. Elle eut une pensée pour la petite fille qu'elle était encore seulement quelques années voire mois auparavant, qui se laissait encore appeler Juniper et qui n'avait pas été forcée de grandir à coup de drames familiaux. À une époque, elle avait souhaité plaire, être polie, être quelqu'un de bien.
À une époque.  

"C’était une longue matinée. Ça te dit d’aller prendre un smoothie près de la plage ? Ils en font de très bon à quelques pas d’ici." Interloquée, Ariel se tourne vers Maître Winters qui lui adresse en retour un sourire complice. Okay, now that was weird. "Sérieux? La méfiance familière pointe le bout de son nez, forçant Ariel à monter ses défenses habituelles. C'est une vraie proposition, ou c'est par pitié?" Elle sait bien, au fond, que la femme qui se tient devant elle n'aurait jamais émis une telle idée si elle était motivée par de la pitié, mais ses réflexes sont trop profondément ancrés.
Elle est trop profondément blessée.

Mais finalement, elle se laisse convaincre, la petite. Parce-que pour une fois, elle a l'occasion de faire quelque chose qui sort de l'ordinaire, quelque chose de moins triste que son petit quotidien. Parce-que Jameson est flamboyante, magnétique, et qu'Ariel se sent soudain prête à bouffer des litres de smoothies pour que cette journée placée sous le signe de la victoire (partielle, but still) ne s'arrête pas maintenant. "Bon, okay alors. Mais c'est moi qui offre. Et promis, c'est pas de l'argent volé. En route, Maître Winters!" Elle n'aurait peut-être pas dû promettre que son argent n'était pas volé, parce-que c'est faux, mais comme ça part d'un bon sentiment, Ariel décide facilement que ça ne compte pas.

Et de se mettre à avancer en direction de la plage, le sourire aux lèvres.
On n'est pas sérieuse quand on a quatorze ans.

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MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale.
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DC : Aisling l'effeuilleuse prude
PSEUDO : Whitefalls/Whitewolf
INSCRIT LE : 08/03/2016
https://www.30yearsstillyoung.com/t7655-jaimia-winters-you-were-expecting-me-to-be-a-man-my-father-was-too
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Message(#) Sujet: Re: walking disaster | jameson walking disaster | jameson EmptySam 14 Sep 2019 - 23:45



walking disaster
Ariel & Jameson - Brisbane, 2004
La revoilà, l’ombre de la méfiance. A peine mes paroles prononcées, elle vint assombrir le regard de l’adolescente qui me dévisageait désormais avec suspicion. Un demi-sourire aux lèvres, je fronçai légèrement les sourcils d’incompréhension, puis laissai échapper un petit rire franc en comprenant soudain la raison de son attitude. « Je t’assure que c’est une vraie proposition. Je n’ai aucune envie de retrouver le réfectoire déprimant de mon cabinet, alors je préfère largement manger quelque chose sur la plage avant de retourner travailler. » Puis, décidant de retourner habilement la situation, j’ajoutai sur le ton de la confidence. « Si tu veux vraiment me remercier - ce que tu n’as absolument pas à faire au demeurant parce que c’est mon métier et puis c’est bien la moindre des choses, merde, quand on voit à quel point le système est à chi- » Je me mis à grommeler sans trop m’en rendre compte, par pur plaisir de critiquer notre société. Et puis l’inconfort de mes vêtements trop près du corps me rappelèrent à ma condition d’avocate et je coupai subitement ma tirade, reprenant dignement mon idée première : « BREF, je disais donc que si tu tiens à me remercier, je te prie de m’accompagner un peu pour me donner une bonne raison de m’attarder en dehors du bureau. » J’exposai avec un sourire complice. En vérité, j’avais surtout envie de passer un peu de temps en sa compagnie, d’apprendre à connaître cette môme brisée par la vie en dehors de nos rendez-vous obligatoires pour préparer cette séance. Je voulais savoir d’où elle venait, où elle allait, tout ce genre de trucs absolument pas professionnels contre lesquels personne ne nous mettait en garde pendant nos études ou même nos stages. Seulement voilà, j’avais comme l’impression d’avoir recueilli Ariel dans un nid un peu crados et je n’étais pas prête à l’y reposer sans aucune autre forme de procès. J’avais envie de lui lisser les plumes, de vérifier si ses petites ailes étaient assez fortes pour qu’elle puisse prendre son envol en toute sécurité, de lui montrer les baies qu’elle pouvait grignoter et celles à éviter absolument. Mais ça bien sûr, j’allais pas lui avouer. D’ailleurs, même moi je n’étais pas entièrement consciente de tout ce qui se jouait entre nous, ni de ce qu’elle réveillait chez moi. Je me disais juste que je m’étais retrouvée dans une situation difficile moi aussi autrefois, et j’aurais vraiment aimé que quelqu’un prenne le temps de s’intéresser à ce que je traversais pour m’aider à sortir la tête du purin dans lequel je m’étais enfoncée. « Alors, on y va ? » Je proposai encore avec un sourire, désignant du menton la ruelle qui descendait vers l’océan. La lueur d’énergie revint sur le beau visage si atypique de ma petite protégée et je sus qu’elle allait accepter. « Bon, okay alors. Mais c'est moi qui offre. Et promis, c'est pas de l'argent volé. En route, Maître Winters! » J’éclatai de rire et secouai la tête. Une partie de moi était plutôt mal à l’aise à l’idée de me faire inviter, car j’avais largement plus les moyens de payer ce smoothie que l’adolescente, mais je savais qu’elle avait sa fierté, et qu’il était important pour elle de faire ce geste, symboliquement. « D’accord. » Je répondis donc en hochant la tête avec un sourire complice. « A condition que tu arrêtes de m’appeler Maître Winters, parce que ça me donne vraiment l’impression d’être une vieille bique. » Je plaisantai de bon cœur. « Tu peux m’appeler Jameson. » Je n’étais pas encore prête à être Maître Winters, pas tout à fait. Mais je sentais dans mon cœur que je n’étais déjà plus Jaimie, abandonnée quelque part sur les routes australiennes quelques mois plus tôt, le cœur tout desséché et les rêves naïfs éventrés. Un livre se terminait, un autre s’ouvrait.

Nos pas ont foulé le bitume, jusqu’à effleurer le sable. Là, je me suis arrêtée quelques secondes pour inspirer l’air marin, sentir le vent sur mon visage et dans mes cheveux, fermer les yeux. J’avais toujours été une fille de la montagne et des forêts mais depuis quelques mois je m’étais découvert une nouvelle passion pour l’océan et cette ode à la liberté qu’il m’évoquait. Ou plutôt, les souvenirs d’une étreinte passionnée que toutes ces sensations réveillaient. J’ai pensé à Phoenix, je me suis demandée ce qu’il faisait en ce moment, j’espérais qu’il poursuivait toujours ses rêves avec le courage et la ténacité qui le caractérisaient. Et puis ce petit rituel effectué je me suis remise en mouvement l’air de rien, longeant la plage pour rejoindre le bar à smoothie dont je venais de vanter les mérites. A moins d’avoir une sorte de sixième sens, Ariel n’avait probablement rien remarqué. J’avais toujours été plutôt réservée, mais ces derniers mois j’étais passée maîtresse dans l'art de verrouiller mes émois. Le métier voulait ça, ma propre survie aussi. Il y avait trop de choses qui cherchaient à me détruire à l'intérieur, et je savais que si je me risquais à fouiller, j’allais tout simplement m’y noyer et m’effondrer. Et fallait pas. « Voilà, on y est ! » Je prévins en grimpant les petites marches en bois. J’ai posé mes affaires sur une chaise et me suis laissée retomber à ma table de prédilection. « J’ai pris l’habitude de venir ici chaque fois que je suis dans le coin, ça m’aide à décompresser. » J’expliquai en me redressant pour corriger ma posture. « Tu verras, leurs smoothies sont magnifiques et très colorés. » Une serveuse pétillante choisit ce moment pour nous saluer avec énergie et nous donner la carte des boissons. Elle nous détailla le contenu des smoothies et jus du jour et je la regardai avec un sourire poli en essayant de me concentrer sur les ingrédients que j’oubliais au fur et à mesure. Qu’importait, je prenais toujours la même chose de toutes les façons. Au loin, des gamins courraient vers les vagues en poussant des cris, et je sentis un sourire étirer mes lèvres. « C’est marrant, là d’où je viens au Canada on avait la plage aussi mais c’était rare qu’on puisse s’y baigner. Je me suis toujours demandé ce que ça faisait de grandir ici à Brisbane, et si c'est vraiment très différent. J'imagine que oui, quelque part... » Je partageai, songeuse. Lorsque mon regard croisa celui d’Ariel je réalisai que j’avais enfin l’occasion de satisfaire ma curiosité sur le style de vie des autochtones ET d'en apprendre plus sur mon enfant rebelle : « Comment tu occupes tes soirées et tes vacances d'habitude ? »

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Message(#) Sujet: Re: walking disaster | jameson walking disaster | jameson EmptySam 26 Oct 2019 - 18:06


Elle s'attendait à moitié à ce que l'avocate se mette sur la défensive devant sa méfiance. Parce-que selon son expérience, c'est ce que tous les adultes font lorsqu'on les confronte à leurs mensonges, où à leurs promesses creuses: ils se braquent, s'emballent, contre-attaquent. Pas Jameson. Non seulement elle lui offre un sourire, une réponse drôle et un demi-aveu qui remplit Ariel de joie (le système est à chier, c'est Maître Winters qui le dit - damn right qu'elle le répètera), mais elle lui offre pour de vrai une occasion d'échapper à son quotidien morne, un moment volé au temps pour l'accompagner le temps de quelques pas au soleil. Sans pitié. Sans condescendance. Juste comme ça- et Ariel rayonne, car dans les yeux de sa sauveuse elle voit son reflet se dessiner presque comme une égale. Pas une gamine paumée, pas une cause perdue, pas une marginale. Juste une ado qui mérite qu'on s'attarde un peu sur elle. "Okay, Jameson. C'est un deal," déclare-t-elle avec enthousiasme, trop contente d'avoir le droit d'appeler son avocate par son prénom. Elle qui tutoie tout le monde, de ses profs aux inconnus, qui efface les titres devant les identités, pour la première fois se voit accorder ce privilège qu'elle transgresse d'habitude sans états d'âme. "C'est stylé, comme nom, Jameson. Ça ressemble à mon nom de famille, peut-être qu'on était destinées à se rencontrer? Moi ça me semble crédible, du coup je peux te donner toutes les raisons que tu veux pour t'attarder dehors." La malice brille dans ses yeux, et si elle ne se connaissait pas mieux elle pourrait imaginer flirter avec son aînée.

Le paysage urbain cède rapidement la place au bord de mer, et plus leurs pas les rapproche de la plage, plus Ariel se métamorphose. La mer a toujours eu cet effet apaisant sur elle ; l'odeur du sel, le bruit des vagues, le cri des mouettes. Tous ses sens sont en éveil et ses poumons se gonflent d'un air nouveau, d'un air plus pur, d'une liberté qui n'est qu'à portée de main. Souvent, elle a rêvé de se laisser dériver jusqu'à la prochaine côte, son petit corps roulé par les marées, ou au fond d'une petite barque. De se laisser happer par les vagues, prendre par la mer, de s'abandonner à l'eau corrosive et de devenir écume. Comme la petite sirène du conte danois, l'histoire originelle transformée en dessin animé par Disney et dont elle porte le prénom. Dont elle a choisi le prénom, plutôt. Pour le moment, sa vie s'approche plus du déroulement tragique du livre que du happy end américain. Et l'océan reste son refuge.

"Pas mal comme échappatoire," commente Ariel. Visiblement Jameson y a ses habitudes: à peine arrivées, Jameson sait déjà où prendre place - et à peine installées, une serveuse vient prendre leur commande. Il n'en faut pas plus à Ariel pour faire le choix le plus original, probablement le plus cher aussi. Elle se sent pousser des ailes, la môme, encore trop stupéfaite par l'instant présent pour ne pas en profiter. Personne ne veut juste partager un moment avec elle, d'habitude. Parce-qu'elle repousse tous ceux qui osent s'approcher, certes. Mais pas que. Elle est une mauvaise graine de la banlieue de Brisbane qui n'a pas de passé et pas de futur ; la probabilité qu'une personnalité comme Jameson prenne de son précieux temps pour simplement bavarder à la table d'un bar à smoothie est, sinon nulle, quasiment inexistante. Un instant de silence naît doucement entre elles, interrompu seulement par l'arrivée de la commande. Puis, avec un sourire en coin, Jameson désigne la plage. Elles ont grandi chacune d'un côté du globe, l'une dans les forêts, l'autre au milieu du sable.

"Ça va, répond laconiquement Ariel. La ville est cool, mais je passe mon temps sur la plage. Pas nécessairement ici - à force de traîner sur la côte j'ai des spots peu fréquentés, c'est mieux. Souvent, près de la ville, y'a trop de monde, trop de touristes... j'ai passé plus d'une nuit sur la plage. Quand t'es là, allongée sur le sable, des grains partout dans les cheveux, et que t'as les étoiles dans le ciel juste au-dessus... c'est magique. C'est magique chaque fois. Surtout dans les coins éloignés, où t'as pas la pollution lumineuse." Elle goûte son smoothie, laisse la texture fondre sur sa langue, le goût insolite émerveiller ses papilles. "J'sais bien que c'est la merde, mon environnement, mais j'suis bien à Brisbane. Je ne voudrais pas partir. Puis, après une seconde de réflexion, elle ajoute: D'ailleurs, j'en suis jamais partie. Mais j'ai du mal à imaginer une vie sans l'océan, sans pouvoir se baigner, surfer, nager... Tu faisais quoi, du coup, au Canada toi? Dans... les forêts et la neige?" Ariel n'a en tête du pays de Jameson que les paysages blancs, les grandes forêts, les caribous. Les clichés que le cinéma lui offre, ou les documentaires animaliers qu'elle regarde sur la télé de Jenna. Et surtout, elle ne s'est jamais vraiment posé la question, de ce que ça faisait que de vivre ailleurs. Elle s'est interrogée sur ce que ça fait de vivre dans une famille normale, avec des moyens normaux, mais jamais sur l'ailleurs. Du reste du monde, elle n'en connaît que ce qu'on en montre au journal télé, ou ce que ses copains lui racontent, surtout ceux dont les origines viennent d'ailleurs. Mais vu les profils des gosses de sa bande, y'a pas de quoi remplir un manuel de géographie.

« Comment tu occupes tes soirées et tes vacances d'habitude ? » Oh. Pas exactement la question qu'elle avait envisagé. Sans s'en rendre compte, Ariel se raidit un peu, le regard fuyant. "J't'ai dis, je passe pas mal de temps sur la plage. Soirées, vacances comprises. Ce n'est pas un mensonge en soi. La plage est véritablement son refuge. Plus que chez Jenna, où elle a toujours peur d'être une étrangère, où elle se sent malgré elle et malgré les bonnes intentions de sa tante comme une visiteuse de passage. Souvent, je regarde des films. Y'a un vidéoclub pas loin de chez ma tante, j'y vais souvent pour emprunter des DVDs. J'adore le cinéma, j'aimerais bien, j'sais pas, faire des films quand je serai plus grande. Si je meurs pas avant d'une overdose, bla bla bla, ajoute-elle d'un air nonchalant. Comme ce que ses profs lui ont souvent répété. Après tout, sa famille lui a déjà ouvert la voie. Sinon... bah, je traîne avec mes potes. Parfois Jenna m'emmène au restaurant. De temps en temps je passe au refuge pour animaux, j'aime bien voir les petits chats, j'en voudrais un plus tard." La phrase a un côté étonnament naïf dans la bouche d'Ariel. Ce n'est pas le genre de fille qu'on imagine câliner de petites boules de poil trop mignonnes, mais faut croire qu'on peut et être une délinquante juvénile, et avoir un soft spot pour les animaux sans défense. Un regard en coin à Jameson, une hésitation. Et puis, elle semble se souvenir que la canadienne est avocate, et pas flic. Elle vient de la sortir de prison, ce n'est pas pour l'y reconduire. "Je sors, aussi. Je fais la fête. Ce genre de trucs d'ados, quoi." Les mots sortent maladroitement, comme déformés, probablement parce-que ce n'est pas ce qu'elle devrait dire. Un week-end sur deux je rentre bourrée aux petites heures du matin, je vole leurs portefeuilles ou leurs téléphones aux touristes inconscients, j'écris des commentaires anonymes sur les blogs des filles de ma classe, je tague les ponts près de la gare... Ce genre de trucs d'ados, quoi. Peut-être aussi parce-qu'au fond, maintenant qu'elle discute avec Jameson, quelque chose se crée en elle. Quelque chose d'indistinct, de flou. Un désir de changement qu'elle ne sait interpréter, un appel à l'aide qu'elle ne sait pas formuler.

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Jameson Winters
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la louve raffinée
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ÂGE : quarante-six ans.
SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi.
STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain.
MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale.
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PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.
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GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.

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INSCRIT LE : 08/03/2016
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Message(#) Sujet: Re: walking disaster | jameson walking disaster | jameson EmptyVen 22 Nov 2019 - 18:02



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Ariel & Jameson - Brisbane, 2004
Quelques minutes à peine après notre commande, notre serveuse revint pour déposer deux smoothies colorés devant nous. Grignotant une cerise confite délicieusement sucrée, j’écoutai Ariel me raconter sa vie à Brisbane et les criques désertes où elle aimait passer la nuit, bercée par le roulement des vagues à la veillée des étoiles. Ces mêmes astres se reflétaient dans ses yeux d’un si joli vert pâle lorsqu’elle me contait la magie de ces moments qui n’appartenaient qu’à elle. Je n’avais pas besoin de l’entendre décrier son environnement pour comprendre que ses escapades près de l’océan étaient un moyen pour elle de se sentir libre et d’échapper aux frustrations de son existence. Je n’en avais pas besoin parce que j’avais l’impression de me trouver face à un étrange miroir qui donnait sur mon passé tant ses sentiments et tactiques de survie me rappelaient les miennes. La gorge étrangement nouée, je réalisai que moi aussi, j’aurais été incapable d’imaginer une vie sans mes montagnes… et pourtant je me retrouvais ici à Brisbane, privée de tout ce qui m’avait un jour fait sentir vivante. « Tu faisais quoi, du coup, au Canada toi ? Dans... les forêts et la neige ? » Un sourire amusé mêlé de nostalgie se fraya un chemin jusqu’à mes lèvres à l’évocation de mon pays qu’elle n'imaginait qu'à travers son filtre typiquement australien. « Je faisais un peu comme toi. » Je répondis avant d’avoir le temps d’y réfléchir et fronçai les sourcils, incertaine de savoir à quel point je souhaitais me dévoiler. « Enfin, surtout en été, parce que l’hiver, j’aimais plutôt prendre le train pour rendre visite à un ami. Il habitait dans un petit village près de la forêt et ses parents avaient une librairie alors on se faisait chauffer du thé et on allait chercher de vieux bouquins qu’on lisait assis sur des coussins au coin du feu en regardant la neige tomber par la fenêtre. »  Je souris en prenant une gorgée de mon smoothie. Le goût frais et fruité contrastait avec les souvenirs chaleureux de ces soirées passées en compagnie de Gabriel. « Dès que les températures remontaient au-dessus de zéro, je prenais mon sac à dos et je partais explorer les montagnes. J’adorais m’égarer sur des chemins qui ne figuraient pas sur la carte et avoir une bonne excuse pour passer la nuit sous les étoiles en attendant qu’on me retrouve… » Ariel cherchait à fuir le chaos de son existence tandis que moi je voulais échapper aux règles aseptisées qui régissaient la mienne. Souvent, on me récupérait au bout d'une dizaine d'heures, mais il m’était arrivé de devoir survivre quelques jours en attendant les secours. Chaque fois, j’en éprouvais une peur viscérale mais contrôlée, le genre qui vous recentre immédiatement sur l’essentiel pour ne pas perdre de temps. Faire du feu pour me réchauffer, trouver de l’eau, monter un abri, me nourrir de baies… ça me donnait l’impression de faire partie de la nature, d’exister pour de vrai. « Je ne me suis jamais sentie aussi libre que dans ces moments-là, parmi les roches et les pins. » Jusqu’à ce que je découvre les joies d’une ballade à moto à travers le désert australien, accrochée à la taille d’un mec qui donnait des ailes à mon cœur... Je m’éclaircis la gorge et balayai cette pensée car c’était là une toute autre histoire. Tout comme les actions de désobéissance civile avec Kyte… mais j’étais déterminée à enterrer cette part sombre de mon passé au plus profond de mon être, jusqu’à ce que je finisse par douter de sa propre existence.  

Ariel m’avait parlé de ses grandes escapades, mais j’ignorais encore tout de son quotidien, ce qui me poussa à lui demander comment elle occupait habituellement ses vacances et ses soirées. La question ne lui plaisait pas, visiblement. Je le vis dans ses petites épaules qui se tendirent immédiatement et la moue caractéristique sur ses lèvres alors qu’elle détournait les yeux, boudeuse. Pourtant, il n’y avait rien d’alarmant dans ses confessions : ses excursions sur la plage, des visites au vidéo club pour emprunter des films qui la faisaient rêver d’un avenir où elle en écrirait à son tour. Mon expression touchée se transforma en froncement de sourcils alors qu’elle planta un pieu dans son propre rêve, laissant entendre qu’elle pourrait mourir d’une overdose avant de le voir se réaliser. Ça me faisait mal de l’entendre parler comme ça de son futur, parce que je savais à quel point le manque d’estime de soi était un des facteurs qui enfermaient les adolescents dans cet engrenage d’autodestruction qui les arrachait aux bancs de l’école pour les jeter en pâture à la rue, où la riche diversité de leurs avenirs se réduisait drastiquement à deux options : la mort ou la prison. Le cœur serré, je compris qu’Ariel était déjà sur cette pente, sinon je n’aurais peut-être jamais croisé sa route. Et alors qu’elle me racontait ses sorties avec ses potes ou au restaurant avec sa tante, et les petits chats qu’elle câlinait et rêvait d’adopter un jour, je sentis un besoin féroce de la protéger enfler dans mes tripes. C’était hors de question, j’allais pas la laisser devenir une putain de statistique ! Ariel serait l’exception, et je n’avais pas peur de remonter les manches pour lui montrer le chemin. (Et on, s’en rappelle, les sentiers tortueux ça me connaissait). « Je sors, aussi. Je fais la fête. Ce genre de trucs d'ados, quoi. » Je souris avec un hochement de tête, laissant de côté mes grandes ambitions passionnées pour raccrocher la réalité et ce moment agréable qu’on partageait. « J’ai pas connu ça… du moins pas avant d’aller à l’université. » J’avouai sans mal, profondément consciente d’être totalement passée à côtés de toutes les expériences considérées comme normales lorsqu’on a 15 ans et qu’on veut tout faire sauf ressembler à ses parents. Dit comme ça, on pouvait facilement m’imaginer comme une adolescente sérieuse, absorbée par ses livres. Hélas, ce n’était pas le reflet exact de ma réalité. La honte et les regrets visqueux qui remontaient le long de mes tripes étaient tellement désagréables que pendant une seconde j’ai failli me dégonfler. Puis je me suis souvenue la mission que je m’étais fixée, et j’ai réalisé que le meilleur moyen de montrer une autre voie à Ariel était de lui laisser entrevoir la merde dans laquelle je m’étais fourrée avant de m'en relever. « On est pas si différentes pourtant, tu sais ? Et je dis pas ça parce qu'on a le même nom... » Je plaisantai maladroitement, référence à sa remarque sur la prétendue destinée de notre rencontre. C’est que ce n'est pas si facile de raconter un pan de son existence qu’on cherche à oublier depuis des années. « J’étais pas mal survoltée quand j’étais ado, j’avais beaucoup de colère, beaucoup d’énergie négative à canaliser et je ne savais pas trop comment. Si j’avais été un peu plus sociale je me serais surement laissée tenter par des soirées pour foutre le bordel dans les mœurs. » Je lui adressai un clin d’œil complice, consciente que mon vocabulaire contrastait furieusement avec celui que je m’étais efforcée d’utiliser avec elle jusqu’à présent. « J’ai toujours été un peu idéaliste sur les bords mais à l’époque je m’en servais surtout pour décharger tout ça. Un rien me faisait sortir de mes gonds et je manifestais dès que j’en avais l’occasion… et pas toujours très calmement. » Je confiais avec un petit sourire puis marquai une pause pour me recomposer et décider des informations que j’allais ensuite divulguer. Je ne pouvais pas décemment parler de Kyte, c’était clair, mais ça ne m’empêcherait pas de révéler l’essentiel : « J’ai fait pas mal de conneries, des trucs dont je ne suis vraiment pas fière… puis un jour j’en ai fait une plus grosse que les autres et on m’a chopée sur le fait. J’ai fini en détention juvénile. » J’haussai les sourcils et avalai rapidement la fin de mon smoothie comme pour faire passer un truc difficile à avaler. A part Gabriel chez qui je m’étais réfugiée le soir de ma sortie, je n’avais jamais parlé à personne de ces quelques mois perdus dans une cage censée m’éduquer, alors je me sentais étrangement vulnérable de m’ouvrir à Ariel aujourd’hui. « Ce n’est pas une expérience que je recommande… » J’ironisai avec une expression entre la grimace et le sourire. « Même si ça m’a fait comprendre qu’il me fallait trouver un autre exutoire au sentiment d’injustice qui me bouffait… je suppose que d’une certaine manière, c’est comme ça que je me suis retrouvée ici. » Ici, dans ce métier qui ne me ressemble pas tellement mais qui satisfait mon besoin insatiable de me battre pour une cause. Ici, assise à cette table en ta compagnie, avec l’espoir que tu puisses à ton tour avoir ce moment de vérité qui m’a sauvée.    

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Message(#) Sujet: Re: walking disaster | jameson walking disaster | jameson EmptyMer 18 Déc 2019 - 20:00


Le goût sucré du smoothie fruité la fait sourire et peut-être pour la première fois depuis de longs mois, Ariel se sent comme une enfant - comme une adolescente de quatorze ans qui passe un après-midi ordinaire à se détendre avec une adulte de confiance. Sans drama, sans histoires, sans peur au ventre. Elle en oublierait presque l'incident du matin, le procès, l'attente, l'angoisse des derniers jours. Ça a quelque chose de léger, d'innocent, d'inhabituel pour Ariel qui depuis trop longtemps évolue dans les ténèbres. C'est une vraie bouffée d'air et pour un peu elle aimerait rester là pour toujours, simplement. Il lui manquerait bien quelques choses pour se sentir parfaitement à l'aise, mais c'est déjà un bon début comparé aux mois affreux auxquels elle vient de survivre. Mais par dessus tout, c'est l'impression que Jameson l'écoute et la comprend qui sublime ce moment volé à sa routine.  

La suite de la conversation ne fait que lui donner raison, au fur et à mesure que l'avocate lève le voile sur sa vie et son passé. Sans savoir le formuler, Ariel lui en est reconnaissante. L'adolescente admire beaucoup cette femme, c'est une certitude, mais l'entendre partager ses souvenirs avec elle, comme un secret, comme une confiance qui n'appartient qu'à elle... c'est un cadeau précieux. D'autant plus que ses premiers mots, je faisais un peu comme toi, ont le don de réchauffer son coeur. Si elles faisaient pareil enfant, alors peut-être existe-t-il un tout petit espoir pour elle? Suspendue aux lèvres de Jameson, Ariel se laisse emporter par le récit de la canadienne, ferme un instant les yeux pour s'imaginer transporter dans les plaines enneigées. Elle aussi veut voyager dans ce train, visiter ce petit village ; ça ressemble à une fantaisie de Noël pareilles à celles qui sont imaginées dans les films. Et comme Ariel n'est bercée que par ça, que par les scénarios inventés par d'autres personnes chargées de faire rêver les enfants perdus comme elle, les arbres sont plus verts, le feu plus flamboyant, et elle sent presque l'odeur des vieux livres taquiner ses narines. Il ne lui manque qu'un plaid et des chaussons pour compléter le tableau de l'hiver canadien. Puis, Jameson lui conte les montagnes et ses explorations ; attentive, Ariel tente d'imaginer ces paysages qu'elle n'a jamais vu qu'en photo. Sur ses lèvres, une question qu'elle n'ose pas poser pour ne pas interrompre l'avocate, could you show me the mountains someday?. Elle pourrait lui apprendre à dormir le soir sous les étoiles d'un autre hémisphère, et en retour Ariel lui expliquerait comment faire pour passer une nuit sur la plage, bercée par la douce musique des vagues. "Ça a l'air trop cool," dit-elle simplement, acquiesçant à la remarque de la brune, un sourire sur les lèvres. Jameson trouve sa liberté au coeur des forêts denses, Ariel, au milieu des vagues claires de l'océan. Encore un point commun qu'elle releva avec un simple regard complice: le dernier, sûrement. Car à partir de là tout diverge, et Jameson lui confie qu'elle n'a pas connu les soirées et probablement ce qu'Ariel tait mais qui se devine entre les lignes: les débuts d'ivresse, les premières cigarettes, les premières expériences sexuelles. Elle est jeune encore, trop jeune selon certains mais c'est le monde qu'elle a construit autour d'elle et dans lequel, à défaut de s'épanouir, elle se retrouve. Elle est déjà passée par là, par les premières cuites en cachette chez ses camarades d'école lorsque les parents sont absents, par les premières bouffées de tabac prêtes à ronger ses poumons lorsqu'elle retrouve sa bande derrière le collège où ils goûtent aux cigarettes volées à leurs parents ou aînés. Quant au reste... la découverte de son corps et de celui de quelques autres filles reste un sujet qu'elle n'aborde pas, pas encore, déjà trop consciente de la violence et de la haine auxquelles elle est susceptible de faire face. Mais ça ne l'empêche pas de goûter à toutes les tentations, de laisser ses instincts prendre le dessus sur le bon sens.  

"T'as étudié le droit à l'université? La question est un peu banale, mais pour Ariel il s'agit d'un autre monde, plus loin encore que le Canada. Elle n'est pas sûre que ses parents soient allées étudier sur les bancs de la fac, et Skyler n'y avait jamais mis les pieds, abandonnant ses études juste après le lycée. C'est de famille, encore une fois; nourris à l'idée que le monde est gouverné par des élites incapables et que ce qui compte au final ce sont l'audace et le talent, non les diplômes, aucun des enfants James n'avait vraiment développé de fibre scolaire, devenant les idéaux-types des gamins avec du potentiel mais trop peu d'envie. Personne n'y est allé dans ma famille. Je pense pas y aller, non plus." Elle sait d'avance que son parcours ne ressemblera pas au teen-movie typique américain, et la perspective de passer un an à écouter de vieux imbéciles dispenser un savoir stérile ne la font pas rêver.  

Mais Jameson n'en a pas fini de la surprendre: malgré l'évocation de son passage à l'université, elle finit par lui avouer d'une intonation un peu émue que pourtant, tout n'a pas été aussi simple pour elle. Ariel écoute attentivement, ses dents attaquant sa lèvre inférieure. Colère, énergie négative, foutre le bordel, elle coche déjà toutes les cases. Elle attend presque une réprimande, mais Jameson lui offre à la place un clin d'oeil rassurant avant de continuer son récit... dont la chute est vraiment inattendue. Ariel ne peut s'empêcher de hausser les sourcils, une expression de surprise authentique sur ses traits juvéniles: Jameson Winters, son avocate, sa sauveuse qui vient de la sauver du système judiciaire, est elle-même passée par la case détention? C'est inconcevable. Pas vrai?    

"Mais nan... sérieux? Fuck, c'est chaud. Elle ne sait même pas quoi répondre à Jameson, le juron passant sans problème dans sa bouche tant l'information lui paraît invraisemblable - pourtant elle sait très bien qu'il n'y a pas la moindre once de mensonge dans cet aveu. On dirait vraiment pas, à te voir. Et alors, c'était quoi? La connerie plus grosse que les autres, je veux dire? C'était grave? T'as tué quelqu'un? T'as fait un coup d'Etat?" Elle a besoin de savoir, elle a besoin de comprendre, d'un coup, un sentiment d'urgence pour avoir un aperçu de ce qui s'est passé et comment Jameson a pu passer d'une jeune fille rebelle à une avocate respectée et couronnée de succès. D'ici à ce que ça l'inspire... "Et qu'est-ce qui t'as permis de réaliser que... que tu voulais faire, ou être autre chose?" Asking for a friend, comme on dit.

Et aussi, tout pour faire durer cet instant, pour ne pas qu'à la fin de sa boisson Jameson se lève en lui disant qu'elles doivent se séparer, retourner à leurs vies respectives.

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Jameson Winters
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la louve raffinée
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ÂGE : quarante-six ans.
SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi.
STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain.
MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale.
LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide.
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ORIENTATION : J'aime tout le monde.
PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.
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ATELIER II ↟ Asher
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Flashbacks ↠Gaby [f.b. #2]Laoise [3]

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PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.

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LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.

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KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.



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CRÉDITS : Birdiesnow (avatar), anaëlle. (signature), loonywaltz (UB), mapartche (dessin <3 )
DC : Aisling l'effeuilleuse prude
PSEUDO : Whitefalls/Whitewolf
INSCRIT LE : 08/03/2016
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Message(#) Sujet: Re: walking disaster | jameson walking disaster | jameson EmptyJeu 9 Jan 2020 - 3:35


walking disaster
Ariel & Jameson - Brisbane, 2004
Mon récit terminé, je gobai la paille de mon smoothie. Comme ça, pour me donner un truc à faire. Retrouver une constance peut-être. En face de moi, les yeux de ma petite protégée s’arrondirent de surprise. Mais c’était une stupéfaction saine, dénuée de jugement. Soulagée de ne pas lire la moindre trace de déception sur ses traits juvéniles, je sentis la pression qui s’exerçait sur mes poumons se relâcher doucement, et laissai même mes lèvres esquisser un petit sourire face à son exclamation spontanée. « Ouai, c’est chaud. » Je répétai, quelque peu amusée par cette expression typique de la jeunesse australienne. A côté, mon mélange dublinois-canadien d’ancienne ado des années 90 devait sonner un peu poussiéreux. « On dirait vraiment pas, à te voir. Et alors, c'était quoi ? La connerie plus grosse que les autres, je veux dire ? C'était grave ? T'as tué quelqu'un ? T'as fait un coup d'Etat ? » Surprise par son interrogatoire, ce fut mon tour d’écarquiller légèrement les yeux tandis que je m’écartais de mon smoothie pour m’éclaircir la gorge et faire passer une gorgée avalée de travers. « Ouai c’était grave, mais pas à ce point… même si j’avoue que la perspective de faire un bon coup d’état m’a toujours pas mal tentée ! » Je répliquai avec un léger froncement de sourcils agrémenté d’un rire que j’espérais léger et détendu, car il avait pour mission de cacher la gêne que ses questionnements évoquaient en moi. En vérité, je ne m’étais absolument pas attendue à devoir partager ce pan de mon existence dans plus de détails, et j’espérais pouvoir m’en sortir avec cette pirouette pour éviter de creuser davantage le sujet, car je me sentais déjà beaucoup trop exposée en lui ayant révélé mon court passage dans les chemins brumeux de la justice juvénile. Mais alors qu’elle poursuivait timidement, je compris que je n’allais pas y couper. « Et qu'est-ce qui t'as permis de réaliser que... que tu voulais faire, ou être autre chose ? » La gorge serrée, je réalisai que ma mission de sauvetage ne fonctionnerait qu’à condition que je laisse Ariel me voir sans le masque que je réservais au reste du monde. Je devais lui dévoiler mes blessures et comment j’étais parvenue à me rafistoler. Car si je tentais de minimiser mes erreurs pour me protéger, elle pourrait alors s’imaginer que je n’étais jamais tombée aussi bas, et que mon chemin vers la rédemption était une partie de plaisir à laquelle elle n’aurait jamais la chance de prétendre. Non, si je voulais qu’elle puisse trouver la moindre once d’espoir dans mes paroles, je n’avais d’autre choix que de mettre mes tripes sur la table et dévoiler les frasques douloureuses de ce passé que je cherchais à fuir. Avec un soupir, je passai une main sur mon front. T’es en train de faire la connerie de ta vie. Si jamais elle te balance, ta carrière est foutue. Cette pensée fut aussitôt contrecarrée par une autre : cette gosse a un cœur pur et plein de potentiel, elle a juste besoin de savoir que quelqu’un lui fait confiance, qu’on lui offre une chance. Si je tombe en ayant voulu lui tendre la main, alors je tomberai pour une bonne raison.

N’empêche que mon cœur battait sacrément la chamade alors que je relevai les yeux pour les planter dans les iris océan de ma jeune compagne. « J’ai pénétré illégalement dans un abattoir à la tombée de la nuit pour libérer les vaches et les moutons qui attendaient la mort au matin. » Je soufflai d’une voix basse, prenant garde à ce que personne ne puisse m’entendre en dehors d’Ariel. Mes lèvres esquissèrent un sourire ironique alors que je corrigeai : « Enfin j’ai volé du bétail, selon le chef d’accusation retenu par la prosécution. » Chaque tête de bétail représentait une petite fortune pour l’industrie que j’entendais combattre, une considération qui ne m’était pas vraiment passée par l’esprit à l’époque. De mon point de vue, j’étais simplement en croisade pour arracher des êtres sensibles à la mort et leur offrir une existence plus douce dans un des refuges animaliers vers lesquels l’ALF, avec qui j’agissais à l’époque, avait prévu de les réacheminer. « J’étais pas seule, je faisais partie d’un collectif prônant la désobéissance civile, et on était sacrément bien organisés. Une fois les animaux bien à l’abri dans les camions, j’ai foutu le feu au bâtiment. » Je pouvais presque sentir l’odeur âpre de l’essence me brûler les poumons. Transportée dans cette nuit noire de mon existence que j’avais passé des années à essayer d’oublier, je revoyais le regard perçant de Kyte fixé dans le mien alors qu’il me tendait une de ces bougies de prières à l’effigie de la vierge Marie, et son sourire inquiétant quand il m'a incitée à « enflammer ce merdier, pour la justice ». Malgré mes réticences, il avait touché une corde sensible et je m’étais exécutée avec ces quelques mots en irlandais qui résonnaient comme une prière : tiocfaidh ár lá, notre jour viendra. « Le truc c’est que j’avais attaché un garde à une chaise au début de l’opération, et je me suis rappelé son existence seulement une fois que tout le monde s’était dispersé. Alors je suis revenue sur mes pas comme je pouvais pas décemment le laisser crever… et c’est comme ça que je me suis fait coffrer. » Encore aujourd’hui, Kyte voyait ça comme une erreur de parcourt, et même si la honte brûlait encore mes entrailles au souvenir de mon arrestation, je savais que c’était ma seule option. J’aurais été incapable de vivre en étant complice d’un meurtre. Avec un tel poids sur la conscience, mes regrets auraient forgé une prison éternelle. « Vu la gravité de mes actes j’ai failli être jugée comme une adulte, mais mon avocat a monté un dossier justifiant que j’étais sous l’influence d’un homme plus âgé, ce qu’a confirmé le garde à qui j’avais évité l’intoxication. Je suis passée devant un tribunal pour mineurs et j’ai seulement écopé que quelques mois en centre de redressement. » La vérité c’est que j’avais énormément de chance d’être la fille de James Winters, qui n’avait pas hésité à sortir une sacré somme pour m’assurer le meilleur avocat du pays et graisser quelques pattes pour influencer la décision du jury. C’est qu’il avait tout intérêt à ce que l’affaire soit rapidement enterrée pour ne pas ternir sa réputation et impacter les ventes de son empire commercial. « Quand à ce qui m’a fait changer d’avis… » Je repris avec un léger soupir. « J’ai regardé mon avenir dans les yeux et j’ai compris qu’il n’y avait aucun futur pour moi dans l’anarchie. Que si je ne me reprenais pas, je finirai morte, en prison ou en cavale. Autant te dire qu’aucune de ces options ne me tentait vraiment. Sauf que j’avais pas non plus envie de trahir mes idéaux. » Je me revoyais tourner comme une louve en cage entre les murs de ma petite chambre au centre de détention. Je me sentais écartelée entre mon envie de changer le monde et ma peur de devenir une marginale comme Kyte ou une raclure comme mes parents. « Et puis à force de tourner la question dans ma tête j’ai compris un truc : I could do a hell of a lot more damage in the system than outside of it. » Je citai avec un sourire complice en prenant une gorgée de mon smoothie pour le terminer. Et quand je regardais Ariel en face de moi, je me disais que jusque-là j’avais plutôt bien tenu mon pari. Une adolescente sauvée des rouages de la justice et un connard de riche frustré par une peine qu’il estime trop douce. « La citation vient de Punk SLC!, au passage. C’est en le regardant l’année de sa sortie que j’ai eu le déclic. Je te le conseille d'ailleurs. Qui sait, ça te parlera peut-être à toi aussi. » Je lui confiai avec un sourire sincère. Puis je fis signe à la serveuse de nous apporter l’addition, comme la grosse horloge derrière Ariel me rappelait cruellement que le temps tournait et que je n’étais pas payée à raconter mes déboires à une ancienne cliente. « Enfin bref. Ouai, après ça j’ai bossé comme une dingue pour intégrer Harvard. C’était pas vraiment mon milieu, mais je regrette pas. J’ai appris plein de trucs, et pas uniquement dans mes bouquins. Sur le monde, sur moi aussi. » Je tapotai mes doigts sur la table et inclinai la tête, cherchant le regard de l'adolescente. Parce que là encore, elle et moi n’étions pas si différentes. « Mes parents n’avaient jamais mis les pieds à la fac non plus tu sais ? Il n’y a rien qui dit que notre histoire doit refléter la leur. » Ma mère comme mon père avaient quitté les bancs de l’école après le secondaire pour travailler. Ils avaient passé leur vie à cacher cette absence de diplôme derrière la fortune qu’ils étaient parvenus à amasser en héritant de Winters Corps suite au décès du cousin de mon paternel, et portaient mes succès au sein d'une univesité de l'Ivy League comme un badge de leur propre réussite. « Partant de là, si tu pouvais faire n’importe quoi et que toutes les portes t’étaient ouvertes, tu ferais quoi ? » Je demandai alors, sincèrement curieuse de savoir ce qui faisait vibrer ma jeune compagne. C’est que je devinais une nature un poil rêveuse et plus sensible derrière son attitude rebelle et je m’en foutiste. J’espérais qu’elle se sentirait assez en confiance pour me la partager.    

FRIMELDA & MODS WHITEFALLS


follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.

:l::

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Message(#) Sujet: Re: walking disaster | jameson walking disaster | jameson EmptyJeu 19 Mar 2020 - 0:48


La situation a quelque chose de comique, au fond.
Elle, Ariel James, petite délinquante, mauvaise graine, fille de rien, passée à un cheveu de la prison et y atterrira probablement dans un futur proche. À ses côtés, Jameson Winters, avocate brillante, indépendante, courageuse, au sens aigu de la justice. Et les deux, assises ensemble sur une paillote de plage, le regard tourné vers les vagues et l'horizon azur, les pieds dans le sable, les rayons du soleil pour chauffer leurs peaux blanches et leurs cheveux bruns. Ariel n'essaie pas de comprendre pourquoi, ni comment, car ce serait peine perdue. Les Jameson n'existent pas dans son quotidien. Au mieux, elle a des Jenna, comme sa tante - des adultes bienveillantes mais débordées qui s'imaginent pieds et poings liés par une situation et qui endossent leurs responsabilités parce-qu'elles n'ont pas le choix. Elle n'a que quatorze ans, la gamine, mais loin d'être dupe: si ce n'était pas pour Jenna, étant donné que les Forsythe sont morts et que les James ignorent vraisemblablement son existence, elle serait en foyer. À la rue. Pour de bon, cette fois, pas simplement pour le prétendre. Elle ne se berce pas d'illusions non plus, sait pertinemment que sa vie ne sera pas si facile (elle a ce besoin irrépressible de tout foutre en l'air, les graines du chaos germent dans ses cellules) et qu'elle fera tout pour foncer dans le mur - mais elle a un toit au-dessus de sa tête et au moins une personne à qui appliquer l'étiquette famille. Même si elle surprend parfois dans le regard de Jenna une lueur de détresse, une vague de solitude, et que ses traits trahissent qu'elle n'a rien demandé de tout ça.

Jameson, c'est différent. Elle n'a pas à être là, elle n'a pas à l'aider. Elle aurait pu la défendre et s'en aller, ou simplement être polie et la raccompagner. Sauf qu'elle ne se contente pas de cela, Jameson, non. Elle choisit de passer du temps avec elle, patiente délibérément pour gagner sa confiance, lui parle d'égale à égale et se confie à elle parce-qu'elle le veut. Les premières suspicions passées, les barrières baissées, Ariel ne s'interroge plus et prend. Elle prend ce qu'elle peut: le sourire de l'avocate, ses regards complices et ses secrets avoués à demi-mot ; elle prend le souvenir de leur smoothie saveur insouciance, elle inspire l'air de la liberté et en imprègne ses poumons. C'est peut-être une occasion unique, un moment de répit dans un univers bouleversé: elle ne croit pas aux coïncidences, la gosse, elle estime déjà que le présent est trop beau pour être vrai. Alors elle joue l'égoïste et ne regarde pas en arrière, ne tente pas d'y trouver une logique: elle se laisse glisser emportant avec elle tout ce qu'elle peut attraper.

Y compris les bribes d'un futur moins sordide.

Elle n'a qu'à ouvrir grand les oreilles, Ariel, subjuguée plus qu'il n'en faut par les remarques de l'avocate qui, trouve-t-elle, brillent toutes d'intelligence et de justesse, et à cet instant précis, lorsqu'elle répond sur le ton de l'humour qu'elle imaginerait bien lancer un coup d'Etat, Ariel se sent soudain l'envie dévorante de vouloir fusionner avec Jameson; de lui ressembler, de devenir elle. C'est un coup de foudre, c'est une révélation - Maître Winters est son modèle, elle est celle qu'il lui fallait dans sa vie. C'est limpide et si simple: tout va s'arranger. Elle n'a qu'à fermer les yeux et faire un voeu et elle sait que les lois de la physique se modèleront à sa pensée ; les temps miséreux sont terminés. Elle a trouvé mieux. Peut-être est-ce pour ça qu'elle ignore le trouble de la brune, ses muscles soudain tendus et ses sourcils froncés ; elle n'intercepte pas les signaux d'inconfort et le doute qui plane dans l'esprit de l'avocate. Son dilemme lui est indifférent, et la main inquiète que Jameson porte à son visage ne déclenche aucune alarme chez Ariel. Au contraire, sa curiosité ne fait que grandir, déborde de ses yeux verts, ne trouve fin que dans les premières paroles que sa sauveuse se résout à prononcer, enfin.

Et elle écoute avec une ferveur presque religieuse, Ariel. Elle écoute sans bouger, sans interrompre, tandis que les rouages de son esprit tournent à plein régime et que son imagination vivace dessine déjà la situation ; elle gribouille la fumée noire, entend les cris des animaux, ressent la panique et son coeur se met à battre aussi, puisant dans l'adrénaline du récit de quoi augmenter la sienne. Mais à la place de la silhouette athlétique de Jameson elle imagine la sienne, son propre visage un peu trop mince, ses grandes dents et ses yeux en amande ; elle s'imagine héroïne d'une vie qui n'est pas la sienne, justicière pour une cause plus grande. Certains mots trouvent à se loger sur les murs de son esprit; désobéissance civile y figure en bonne place. Le reste est plus facile à se figurer: le procès, et les promesses de mieux faire. "J’ai regardé mon avenir dans les yeux et j’ai compris qu’il n’y avait aucun futur pour moi dans l’anarchie. Que si je ne me reprenais pas, je finirai morte, en prison ou en cavale. Autant te dire qu’aucune de ces options ne me tentait vraiment. Sauf que j’avais pas non plus envie de trahir mes idéaux." La rupture se produit là, et Ariel détourne brièvement la tête, baisse le regard. Morte, en prison ou en cavale: ce sont les futurs qui s'esquissent pour elle, qu'elle le pense consciemment ou non. Ce sont les futurs que l'on lui prédit, et à bien regarder les derniers mois, c'est là qu'elle se dirige. Trop jeune pour comprendre, dit-on, mais elle ne voit pas de porte de sortie. Elle veut l'anarchie, Ariel, car rien n'a jamais été ordinaire autour d'elle. Ni sa famille ni son mode de vie, ni ses amis - rien, rien, rien. Elle aussi veut sauver les animaux, défier la loi arbitraire, défendre les plus démunis. Mais là où Jameson semble avoir eu l'intelligence de retourner le système corrompu à son avantage, Ariel n'y voit que les signes avant-coureurs de sa défaite. "J'me renseignerai," répond-t-elle simplement à la suggestion de l'avocate, avant de concentrer son attention sur la suite. Elle sait que l'heure de la fin approche, que l'addition sur la table signe la fin de leur bulle. Alors elle soupire, hausse les épaules, offre un sourire contrit. "Mes parents étaient des drogués. Des putains de hippies ratés, incapable d'être adultes, incapables d'être parents. Elle lutte contre la colère qui monte, reporte son regard sur l'horizon. Inspire et expire au rythme des vagues. Je ne saurais même pas comment intégrer le système si j'voulais le changer ou le détruire, j'ai toujours été en dehors. Je sais que mon histoire et la leur sont différentes, je sais que je ne veux pas finir comme eux. Mais je sais aussi que je ne pourrai pas être... quelqu'un d'autre." Quelqu'un de bien, qu'elle pense si fort qu'elle s'en mord la lèvre.

"Mais si je pouvais? Je ferais des films. Des films sur tout, des films sur les jeunes à problème, je pense. Des films sur ceux qui s'en sortent et ceux qui ne s'en sortent pas. Des films pour dénoncer le système, justement. J'voudrais montrer la réalité, ma réalité. Elle soupire à nouveau, penche un peu la tête comme pour évaluer cette potentialité. Ou alors, du surf. Une carrière dans le surf. J'aurais du succès, un corps d'athlète, et plein de jolies filles à mes côtés." La vie de rêve, quoi. Elle rit un peu, reporte son attention sur Jameson. Mais sinon, je crois que je voudrais être comme toi. Juste... ouais. Si toutes les portes m'étaient ouvertes, je voudrais être toi." Une désarmante franchise, et une pointe de nonchalance. Ça, au moins, ça ne changera pas. "Même si à mon avis, j'suis pas prête d'y arriver."

La serveuse pose sur la table l'addition, et Ariel lève son regard clair vers Jameson tout en sortant un billet de sa poche. "Est-ce que... est-ce qu'on se reverra?" Elle ne précise pas quand, mais l'espoir nuancé de détresse dans sa voix sont des indices suffisants pour imaginer le sous-texte: bientôt, n'est-ce pas?.
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PSEUDO : Whitefalls/Whitewolf
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Message(#) Sujet: Re: walking disaster | jameson walking disaster | jameson EmptyVen 10 Avr 2020 - 1:16



walking disaster
Ariel & Jameson - Brisbane, 2004
Elle a dit : « j’me renseignerai », et je ne pouvais qu’espérer que ce soit vrai. Parce que j’avais envie de faire confiance à Ariel mais je ne la connaissais pas vraiment. Pas assez pour savoir si le doute qui se peignait sur son visage relevait plutôt de la peur ou de l’ennui. Au final seul l’avenir me le dirait et en attendant j’allais devoir me contenter de cette incertitude, de cette envie de tracer un chemin plus serein en espérant qu’elle morde à l’hameçon et décide de s’y engager par elle-même. Car je savais mieux que quiconque comme il est impossible de pousser une personne à avancer contre son grès. Et pour cause : j’avais moi-même été la tête de mule qui s’arque-boutait à la croisée des chemins pour refuser ceux que d’autres avaient tenté de m’imposer. Pour mon bien, pour leurs intérêts personnels. Quelle différence au fond ? Aucun ne correspondait à mes besoins ou à mes envies. Ariel lâcha un soupir, un regard las en direction de l’addition, puis une confession inattendue : « Mes parents étaient des drogués. Des putains de hippies ratés, incapable d'être adultes, incapables d'être parents. Je ne saurais même pas comment intégrer le système si j'voulais le changer ou le détruire, j'ai toujours été en dehors. » Malgré moi je sentis ma gorge se serrer. Dans le fond, j’ignorais tout de l’histoire d’Ariel, et j’avais eu bien tort d’imaginer que je la connaissais. Il y avait dans ses expressions, dans son énergie à la fois calme et turbulente des choses qui me rappelaient viscéralement l’adolescente que j’avais été. Mais j’avais visiblement été trop prompte à sous-estimer l’influence de nos origines. Car même si mes parents étaient nés dans la pauvreté, ils n’avaient jamais manqué d’ambition, qui les avait portés depuis les bas-fonds de Dublin jusqu’à la tête de l’entreprise qui finirait par faire la fortune familiale. Alors ouai, j’ignorais tout de ce que ressentait une adolescente face à des parents qui n’ont pas la force d’avoir des rêves, abandonnent la vie et noient leur mal-être dans des substances opiacées pour passer le temps comme le mal de vivre. J’ignorais ce que ça faisait d’être née en dehors d’un système dont on ignore tout et qu’on doit rejoindre pour survivre, sans en connaître les règles, sans même effleurer l’espoir de pouvoir un jour s’y conformer sans devoir renier une partie soi. Mais je connaissais bien cette impression d’être livrée à soi-même, de flirter avec le vide. D’avoir dû grandir trop vite, trop seule, et de tracer son chemin à l’encre d’erreurs trop nombreuses, chaque fois un peu plus douloureuses. De se manger ses sentiments en pleine face parce que personne n’a jamais pris le temps de vous aider à les comprendre, à les accepter, à les gérer avant qu’ils vous emprisonnent. Parce que je n’avais peut-être pas grandit avec des parents accros à la drogue, mais les miens l’étaient à leur travail. Et rien d’autre n’avait d’importance dans leur monde auquel j’avais à peine accès. Ainsi je savais, sans la moindre preuve concrète ou logique, qu’Ariel et moi avions été aussi isolées en grandissant. De notre propre famille, comme du reste du monde. Deux mômes livrées à elles-mêmes dans un environnement sans amour, sans soutien, sans véritable joie. « Je sais que mon histoire et la leur sont différentes, je sais que je ne veux pas finir comme eux. Mais je sais aussi que je ne pourrai pas être... quelqu'un d'autre. » Mon cœur se serra presque douloureusement en l’entendant. Parce que si j’avais fini par m’en sortir, elle baignait encore en plein dedans et réveillait tous mes instincts protecteurs. Tu peux être exactement qui tu as envie d’être. Et je t’aiderai. J’avais l’envie brûlante de lui faire cette promesse, mais elle me devança alors je gardai mes lèvres fermées pour écouter ses confidences trop rares et trop pures. « Mais si je pouvais? Je ferais des films. Des films sur tout, des films sur les jeunes à problème, je pense. Des films sur ceux qui s'en sortent et ceux qui ne s'en sortent pas. Des films pour dénoncer le système, justement. J'voudrais montrer la réalité, ma réalité. » C’était beau de la voir rêver sans se brimer. Tellement que je sentis mon sourire s’étirer au fil de ses mots. Elle n’en avait probablement pas conscience, mais moi je voyais bien comme tout son visage s’animait alors qu’elle me contait les histoires qu’elle voulait écrire, celles qui ouvriraient les yeux sur une réalité que trop de personnes bien intégrées au système refusaient de regarder en face. L’art, je ne pouvais m’empêcher de penser que c’était une bonne idée. Un moyen de canaliser toute l’énergie chaotique qui redéfinissait trop souvent sa définition de la justice. Comme je le faisais, moi aussi, il y a des années. Elle évoqua le surf aussi, et je sentis un sourire amusé étirer mes lèvres en entendant sa remarque. « Des jolies filles, hein ? » T’as raison ma belle, les garçons ne valent pas le détour. Que j’avais bien envie de lui souffler. Sauf que je me suis retenue. Je ne voulais pas l’influencer en encombrant ses idées fraîches de mes expériences malheureuses. Elle vivrait. Elle apprendrait. Et avec un peu de chance elle se retrouvera à 24 ans un peu moins cabossée que moi. On a rigolé ensemble. C’était agréable, c’était léger. Ça me donnait l’impression que ce moment s’étirait, comme si on refusait toutes les deux de le voir s’échapper. Mais moi je n’arrivais pas vraiment à me détacher de la réalité. Autant celle qui me rappelait que j’allais bientôt devoir retourner travailler, que celle qui me soufflait insidieusement c’est beau que tu veuilles t’exprimer dans l’art et dans le sport, mais ce sont des loisirs Ariel, pas un métier… qu’est-ce que tu voudrais faire pour t’intégrer dans ce système qui t’effraie, pour te sortir des rouages incertains dans lesquels tu es née ? Cette question, je me retins de la lui poser. Je n’avais pas envie de la brusquer trop loin, trop fort. Elle était encore jeune, aussi je préférais qu’elle continue de rêver tant qu’elle le pouvait encore, qu’elle cultive cette âme d’enfant que trop de cons déjà avaient tenté de lui voler. Mais alors que j’étais prête à en rester là, elle planta ses yeux verts dans les miens, et les pupilles rivées sur mon âme, elle me lança : « Mais sinon, je crois que je voudrais être comme toi. Juste... ouais. Si toutes les portes m'étaient ouvertes, je voudrais être toi. » Touchée en plein cœur par la sincérité de son compliment, je sentis un sourire attendrit se dessiner sur mes lèvres. Sourire qui fana aussitôt qu’elle ajouta : « Même si à mon avis, j'suis pas prête d'y arriver. » Les sourcils vaguement froncés, je secouai la tête et agitai ma main devant mon visage comme pour conjurer cette pensée. « Mais qu’est-ce que tu racontes, bien sûr que tu pourrais ! Je n’ai rien de spécial, tu sais ? J’ai juste trouvé un domaine dans lequel je suis bonne et qui me permet de faire bouger un peu les choses à mon échelle. T’es jeune, tu trouveras le tien. » Je n’étais pas certaine de ce qu’elle entendait par là. Ce qu’elle voyait chez moi et qui lui donnait envie de me ressembler. Je savais juste que j’en étais excessivement flattée. Et si j’étais bien certaine d’une chose, c’est que si j’y étais arrivée, alors elle le pourrait elle aussi. Et moi, j’allais faire tout ce qui était en mon pouvoir pour l’aider.

La serveuse revint avant que je puisse lui faire part de mes réflexions à ce sujet et Ariel glissa un billet dans la petite coupole. « Est-ce que... est-ce qu'on se reverra? » Elle me demanda d’un ton inégal, la posture décontractée comme si ça ne changerait rien à sa vie, le regard franc qui disait tout le contraire. Je hochai la tête avec un sourire et posai une main sur la sienne. « Si tu en as envie. Moi, j’aimerais beaucoup. » Je fis une petite pression sur sa main et me redressai, fuyant l’intimité de ce moment aussi rapidement que je l’avais recherchée. Parce que j’avais beau avoir remis ma carrière et mon avenir en ordre, il était des blessures émotionnelles que je refusais tout bonnement de toucher. Who needs a heart anyway? Remontant mon sac à main sur mon épaule, j’attendis Ariel pour qu’on remonte ensemble le chemin de sable qui nous ramènerait à la ville et à nos vies respectives pour le restant de la journée. Mais alors qu’on avançait, ses paroles me revenaient en tête et je ne pus m’empêcher de lui partager quelques-unes de mes pensées. « Ariel, peu importe d’où tu viens, tu sais ? Qui étaient tes parents, ça les regarde. L’important c’est ce que tu as en toi. » Je marquai une petite pause, le temps de réfléchir au message que je voulais lui transmettre. Ou plutôt de traduire mon intuition en une suite cohérente de mots. Alors au final je me suis rabattue sur une version remixée d’un extrait que j’avais lu dans un bouquin depuis ma cellule de medre en redressement juvénile. Des mots qui m’avaient profondément marquée. « Quel monde choisir ? Qu’est-ce qui le délimite ? C’est une grande question à laquelle tu fais face. Le choix de ta vie. Jusqu’où te mèneront  les émotions qui t’animent ? Sont-elles dangereuses, ces émotions ? Et si tu décides de les écouter jusqu’au bout, pourras-tu en supporter les conséquences ? » Mes pas ralentirent puis s’arrêtèrent totalement et je cherchai son regard. Dans ses prunelles si vives dansait une kyrielle de questions que je ne savais pas vraiment interpréter. J’ignorais l’effet qu’aurait cette phrase sur elle. Je savais juste que quand je l’avais lue, elle m’avait tellement chamboulée que j’avais été forcée de me poser des questions. Les bonnes questions. Et ça m’avait enfin poussée à réfléchir en termes d’aspiration plutôt que d’évitement. Aller vers plutôt que s’éloigner de. L’envie et la motivation plutôt que la colère et le rejet. Le vent marin agita la tignasse de la belle rousse, projetant ses cheveux sur son visage et je levai une main pour remettre une mèche derrière son oreille, un geste tendre dont je pris à peine conscience tant il me semblait naturel. « Quand je te regarde, je ne vois pas une fille à problèmes. Je ne vois pas la môme d’un couple d’addicts. Je vois un cœur plein de passions, des idéaux purs. Une tête bien faite qui déborde d’idées. Faut juste que tu trouves un truc pour les canaliser. Le cinéma et le surf, ça me semble parfait. » J’assurai en la regardant dans les yeux pour qu’elle puisse voir la sincérité de mes paroles. Puis, une fois certaine que le message était passé, je sortis une carte de visite de ma poche. « Appelle-moi au bureau si t’as envie de faire un stage dans mon cabinet. » Tout en parlant, je la retournai et griffonnai mon numéro personnel au dos. « Et ça c’est au cas où t’as envie qu’on se prenne un brunch ou un café. D’ailleurs j’ai rien prévu ce weekend… si jamais. » Je lui ai remis ma carte avec un clin d’œil et l’ait attirée dans mes bras pour la saluer. « Merci pour le smoothie Ariel. J’espère avoir bientôt de tes nouvelles. » J’avais son numéro et je connaissais son adresse. Normal, puisque ces informations figuraient sur son dossier. Je savais donc que je pouvais la contacter si je le souhaitais. Mais je savais aussi que c’était important qu’elle fasse le premier pas. Parce que c’était une ado un peu rebelle, cette décision de reprendre contact devait être la sienne pour qu’elle en tire quelque chose. Et j’espérais sincèrement qu’elle le ferait. Au loin, je vis mon bus arriver. Alors je me suis éloignée et j’ai lancé. « Prends soin de toi, okay ? » Et puis avec un signe de la main, je me suis éloignée à grands pas en direction de mon arrêt. Profitant encore de cette fugace liberté pour emplir mes poumons de l’air marin. Assise sur les petits sièges gris, j’ai regardé la môme sur la plage et agité ma main encore alors que le bus démarrait. Le front appuyé contre la vitre, je ne pouvais pas m’empêcher de sourire. Parce que pour la première fois depuis que j’avais commencé ce boulot, j’avais vraiment l’impression d’avoir été utile. Que mon métier servait à quelque chose, ou à quelqu’un. Comme je l’avais rêvé, avant de sérieusement déchanter face aux cas sur lesquels j’avais dû assister mon maître de stage au cours de la dernière année. Mais à partir d’aujourd’hui, les choses allaient changer. Ouai, je le sentais. This life is mine, I’m gonna make it count and I'm gonna do it my way.     

FRIMELDA & MODS WHITEFALLS


follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.

:l::

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