Ce jour là, Leah avait quitté l’appartement avec les nerfs complètement en vrac. Cette nuit passée avec Stephen l’avait totalement chamboulée, et comme elle s’en était doutée, la douleur n’en avait été que plus forte au réveil. Et même si elle était enfin parvenue à obtenir une nuit de sommeil dans les bras du brun, chose qui n’était pas arrivée depuis quelques semaines, la jeune femme s’était réveillée avec un trou béant à la place du cœur. Les tensions entre eux s’étaient apaisées, mais ce n’est pas pour autant que cette parenthèse qu’ils s’étaient accordé allait changer quoique ce soit aux évènements à venir. Le rendez-vous était maintenu, tout comme le déménagement du kiné qui aurait lieu en fin de semaine et qui acterait leur séparation de manière définitive. En ouvrant les yeux, Leah avait trouvé une place vide à la place du corps de Stephen, ce qui n’avait fait que souligner l’absence à laquelle elle allait devoir désormais s’habituer. Un simple message sur son téléphone de sa part lui signifiait qu’il serait bien là cet après midi pour la soutenir, et voilà. Rien de plus, rien de moins. Cette nouvelle distance qui serait désormais entre eux lui faisait énormément de peine, mais il allait falloir apprendre à vivre avec. Et si elle avait entamé sa matinée en rangeant et en flânant dans la pièce de vie, la vue des cartons à moitié remplis de Stephen avait suffi à la faire quitter cet endroit qui reflétait le fantôme de leur vie commune. Elle avait décidé de partir à pied directement, sans la moindre idée d’où ses jambes allaient la mener. Tout ce qu’elle désirait, c’était de sortir de cet appartement qu’elle avait tant affectionné par le passé mais qui la faisait tant souffrir aujourd’hui. Peut-être devrait-elle elle aussi déménager ? Cet endroit recelait bien trop de souvenirs avec lui pour qu’elle puisse y revivre seule à nouveau. La mort dans l’âme, la jeune femme reporta son attention sur les alentours, sans même savoir où elle se trouvait. Elle se promenait rarement dans Redcliffe à pied, et empruntait systématiquement les mêmes itinéraires. Fronçant les sourcils, elle réalisa qu’elle allait se retrouver dans une voie sans issue et décida de bifurquer à gauche, histoire de retrouver une route un brin plus fréquentée. "Salut beauté." Cette voix. Sentant son sang se glacer, Leah s’immobilisa avant de se retourner lentement, sans pouvoir se persuader qu’il était bien là derrière elle, en chair et en os. Camden. Un air horrifié prit place sur son visage, et la jeune femme s’efforça de crier après de l’aide, mais aucun son ne sorti de sa gorge nouée. Il l'avait retrouvée. Comment était-ce possible? Toutes ces impressions qu'elle avait eue au fil des mois... Elle n'était pas folle. "Tu pensais vraiment que je ne reviendrais pas pour toi ? Ne crois pas que je t'ai pas vue jouer aux petites copines modèles avec ton kiné." Il s'avançait lentement vers elle, un espèce de sourire aux lèvres qui lui donnait froid dans le dos. La jeune femme reculait, cherchant des yeux une issue qui n'existait pas; elle était coincée. Elle reporta son attention sur lui, s'efforçant de le fixer dans les yeux pour lui prouver qu'elle n'avait plus peur. Mais c'était tout l'inverse. La brune se sentait tétanisée face à cet homme qui l'avait tant fait souffrir ces dernières années, annihilant chaque parcelle de confiance en elle qu'elle avait pu avoir dans sa vie, la réduisant à une petite chose sans défense. Une lueur de défi s'alluma dans son regard. "C'est... C'est toi qui me suivait. J... Je t'ai vu. Qu'est-ce que tu veux?" Lui demanda-t-elle, se demandant si elle aurait le temps de prendre la tangente en courant très vite. Elle se sentait en danger, et il n'était pas venu ici pour parler de la météo, c'était certain. Il l'observait avec un calme olympien, mais ses yeux se rétrécissaient à mesure qu'il se rapprochait d'elle. Dans un élan de courage, elle se précipita d'un seul coup sur le côté, prête à sprinter de toutes ses forces. Elle s'abaissa par réflexe afin d'échapper à son bras, et commença à courir sans se retourner, priant le ciel pour réussir à réchapper de cette situation... Parce qu'elle n'en sortirait pas vivante. Elle déboucha dans une ruelle et put apercevoir au loin la circulation, son seul espoir. Mais d'un coup elle sentit un main la pousser violemment dans son élan, la faisant lourdement tomber et rouler au sol. Leah s'écrasa avec violence contre un amas de poubelles qui se trouvait là, amortissant légèrement sa chute. A peine eut-elle le temps de se relever pour tenter à nouveau de s'échapper qu'il la domina de toute sa taille, l'attrapant à la gorge. "Lâ...Läches-moi." Déglutit-elle avant de lui cracher au visage. D'un rire, il laissa son index essuyer la salive qui coulait le long de sa joue, avant de la porter à ses lèvres dans un geste tout ce qu'il y avait de plus malsain. Elle détourna le regard, dégoutée, mais il l'attrapa par les joues pour la forcer à la fixer. "Tu sais que t'es qu'une pute? Je pensais te l'avoir assez répété... Mais il a encore failli que t'ailles donner ton cul ailleurs, hein?" Sa voix trahissait sa colère et il serrait de plus en plus son emprise contre sa gorge, l'empêchant partiellement de respirer. "Mais tu sais quoi Leah, t'es à moi. Et si je peux pas t'avoir, personne d'autre ne t'aura." Ajouta-t-il, l'air mauvais. Les larmes coulaient le long des joues de la brunette, mais elle continuait de le fixer dans les yeux, ce qui l'énervait au plus haut point. "Va en enfer." Parvint-elle à dire, avant qu'il ne la projette violemment contre le mur dans un hurlement, lui fracassant le crâne contre les briques du bâtiment. La vision de la jeune femme se voila un instant, elle n'aurait su dire combien de temps. Une douleur sourde lui martelait la tête, mais il fallait qu'elle reste consciente. Qu'elle essaie de se défendre. Au sol, elle essaya péniblement de se relever, mais un coup de pied dans son ventre la fit de nouveau retomber en arrière, le souffle coupé. Non. Elle se replia sur elle même, croisant ses bras autours de son ventre dans le but de protéger l'enfant qu'elle portait, en proie à un instinct de protection primaire presque animal. "Arrête." Hurla-t-elle enfin, avant de se reprendre un nouveau coup de pied, cette fois en plein visage. Leah senti son arcade éclater par la force du choc et sa tête s'écraser contre le bitume, lui brûlant la joue au passage. Les larmes et le sang brouillaient son champ de vision, et elle se senti soulevée dans les airs tandis que Camden la remettait sur ses jambes pour l'avoir à sa hauteur. Ses cours de boxes n'auraient finalement servis à rien, son petit gabarit était incapable de se défendre face à la violence dont faisait preuve le tas de muscles qu'était son ex-copain psychopathe. Elle lança cependant son poing dans les airs, visant le visage anguleux du brun, ne déclenchant qu'un rire narquois de sa part alors qu'il parait son coup avec une facilité déconcertante. "Jolie tentative, mais tu ne peux rien contre moi." Lui souffla-t-il au visage, avant de briser son poignet avec force, lui arrachant un énième cri de douleur. Il la repoussa à terre, la rouant de coups, encore et encore... Protégeant son ventre comme elle le pouvait, les seules pensées de Leah allaient maintenant vers ce bébé, faisant tout ce qu'elle pouvait pour l'empêcher de l'atteindre. Un cri venu d'ailleurs survint alors, mais la brunette n'eut pas le temps de s'inquiéter de qui était cette personne. "Mon... Mon bébé..." Furent les seuls mots qu'elle parvint à murmurer avant de sombrer dans le noir le plus complet.
A partir de là, les souvenirs de Leah se résumaient par bribes. Elle apprendrait plus tard qu'un sans-abri leur était tombé dessus, alertant des passants qui s'étaient empressés d'appeler la police ainsi qu'une ambulance avant de voler à son secours. Par chance, une voiture de patrouille se trouvait non loin de là, ce qui leur avait permis d'appréhender rapidement Camden, ce qui aurait enfin pu permettre de le mettre une fois pour toute sous les verrous. Sauf que ce dernier ne comptait pas se laisser attraper si facilement, ce qui entraîna une course poursuite dont la finalité amena au décès prématuré de Camden. Une mort que personne ne pleurerait, et certainement pas Leah. Une fois à l'hôpital, la jeune femme reprit suffisamment conscience que pour demander à tout va après son bébé, laissant la panique et l'état de choc prendre le dessus sur le reste. Les médecins lui administrèrent une dose certaine de calmant et d'anti-douleurs, le temps de faire les examens les plus urgents pour vérifier son état, éliminer les blessures les plus urgentes et surtout, évaluer l'état de ce bébé dont elle ne cessait de parler avant de sombrer dans le sommeil. Le bilan n'était pas fameux, bien que plus encourageant que sa première altercation avec Camden un an plus tôt. Son poignet était fracturé - le retour de la balle en mousse s'annonçait proche- , quelques gros hématomes et quelques côtes cassées. Le plus inquiétant restait sa tête, les médecins s'inquiétaient d'une éventuelle hémorragie interne pouvant survenir dans les heures qui suivaient, même si pour l'instant elle n'avait qu'une grosse commotion et une plaie béante qui avait nécessité des points de suture. Mais surtout, l'enfant allait bien, en dépit d'un décollement trophoblastique résultant d'un de ses hématomes. Le bébé respirait bien, et les choses rentreraient progressivement dans l'ordre si elle se reposait correctement les premières semaines. L'équipe médicale ayant écarté tous les risques, ils l'avaient mise dans une chambre pour qu'elle se réveille tranquillement. Son séjour à l'hôpital risquait de durer quelques jours, mais son état ne nécessitait pas d'opération cette fois-ci. La brune finit par ouvrir les yeux, plusieurs heures après les faits. Son regard s'attarda sur ces lumières néon qui parcouraient le plafond de la chambre de l'hôpital, et son coeur se mit à battre rapidement d'un coup. Cette impression de déjà vu la plongeait dans une panique incontrôlée et ses mains se mirent à trembler à mesure que les souvenirs de ce qu'il s'était passé lui revenaient en mémoire, faisant ressurgir des larmes le long de ses joues. La douleur reprenait également ses droits, et elle ferma les yeux en respirant profondément, le temps de visualiser les parties de son corps qui la faisait souffrir. Soudain, elle ouvrit les yeux d'un seul coup, portant vivement sa main à son ventre, ce qui lui arracha un petit cri. Son bras était plâtré. Magnifique. Elle tourna la tête, et aperçu Stephen à ses côtés, ce qui fit à nouveau battre son coeur un peu plus rapidement, mais pas pour les mêmes raisons. "Le... Le bébé?" Souffla-t-elle, sentant que la douleur qui martelait son abdomen n'était pas normale. Elle ne se souciait même pas de son état à elle, tout ce qu'elle désirait savoir, c'était si Camden avait réussi à mettre fin à la seule chose de bien qu'elle ait réussi à faire dans sa vie.
Stephen n'avait pas fermé l’œil de la nuit. Comme à son habitude lorsque le cours de sa vie était compliqué ou qu'une situation délicate se présentait à lui, son esprit torturé s'activait, et en l’occurrence hier, il avait fonctionné à plein régime. S'il avait regardé Leah dormir contre lui une bonne partie du temps, le restant avait été consacré à un inventaire rigoureux de chaque particularité du plafond jusqu'à ce que son regard n'attrape le réveil dont l'éclairage LED indiquait 05:59, ce qui signifiait sans doute : "plus qu'une minute avant de quitter ce lit." Soit. Sans vouloir réveiller la brunette profondément endormie dans ses bras, Stephen avait du mieux qu'il le pouvait -c'est à dire très mal- éteint l'appareil qui n'aurait pas manqué de faire un bruit assourdissant d'ici quelques secondes s'il l'avait laissé, puis s'était détaché de la jeune femme non sans écoper d'un "Mmghhh" signifiant sans doute qu'elle aurait aimé qu'il reste. Lui aussi. "A tout à l'heure, marmotte." soufflait il en embrassant son front, attrapant quelques affaires piochées ci-et là pour se constituer une tenue décente avant de quitter la pièce, puis l'appartement une fois habillé et dopé d'une dose suffisante de caféine. Le brun avait choisi de travailler ce matin, ne serait ce que pour s'éviter de trop penser. A quelques heures de ce rendez vous si important, il se demandait encore s'ils avaient fait le bon choix ... et la nuit précédente n'avait fait que renforcer leurs doutes. Le souvenir de la peau de Leah contre la sienne l'avait brûlé une bonne partie de la matinée, chose ô combien handicapante pour un kiné. Chaque geste, chaque mouvement qu'il accomplissait lui rappelait que la brune y avait laissé glisser ses lèvres quelques heures plus tôt, qu'elle lui avait dit qu'elle l'aimait ... et pour tout réflexe Stephen aurait tant aimé dire : "faisons le, garde le". Mais non. Convaincu qu'il fallait aller jusqu'au bout, qu'il était stupide de se laisser avoir par les tourments causés par leur séparation, il s'obstinait, s'entêtait, et s'était volontairement blindé de rendez vous ce matin pour essayer de ne pas penser à ce bébé davantage. Le brun était pourtant loin -bien loin- de s'imaginer qu'aux alentours de neuf heures, sa vie prendrait un tout autre tournant. Entre deux patients, Phoebe était apparue dans son champ de vision avec une tête qu'il ne lui connaissait pas. La jeune femme était bien plus expansive d'ordinaire. "Regarde ton portable ... Stephen regarde ton portable il y a un problème." avait elle soufflé, et d'instinct il comprit que quelque chose de grave venait de se produire. Anabel ? Rebecca ? " ... Leah, Leah a été admise au St Vincent. File. Ecoute tes messages sur la route. Ils ont pas réussi à t'avoir au ..." Non, non, non. Merde.. Le reste de sa phrase fut complètement occulté par une tétanie brutale. Incapable de la moindre réaction, vissé sur ce foutu siège, Stephen eut besoin de l'intervention de la brune pour se tirer de cet état qui l'handicapait. L'hôpital était un souvenir douloureux, et ces appels... ces appels lui avaient brisé le cœur une fois déjà. "Stephen..." Avec une douceur infinie, Phoebe avait posé sa main contre son épaule, et lui, s'en était débarrassé avec force par réflexe. "... elle est vivante." Un risque qu'elle prenait. Un gros. Faire référence à Rachel était un coup bas tant la comparaison était facile à faire. Le brun l'avait fusillée du regard, aurait été tenté de lui hurler une bonne dizaine de jurons qui lui passeraient à l'esprit si toutefois ce dernier cessait de ressasser en boucle ses paroles. "Leah a été admise. Elle est vivante." Se relevant d'un bond, Stephen avait alors attrapé ses clés de voiture et ses papiers sans se justifier quant à son départ pour ses prochains rendez vous. A quoi bon ? Il avait foncé. Au sens propre comme figuté du terme. Un trajet de vingt minutes qu'il accomplit en dix, écoutant sur la route les fameux messages qu'on lui avait laissé en son absence et qui lui brisaient le cœur. Que s'était il passé bon sang ? "Stephen, c'est Penny du service de trauma. Il faut que tu viennes aux urgences ... ta copine vient d'y être admise. Personne n'arrive à te joindre, et c'est ton numéro qui figure dans ceux à contacter dans son portable. J'espère que t'auras ce message rapidement. Elle a fait ... une mauvaise rencontre. Quelques côtes cassées, le poignet également, une grosse commotion cérébrale qu'on surveille. Son bébé va bien. Un décollement du placenta à surveiller de près ... mais son coeur bat. On fera une échographie plus tard. Fais vite. J'essaie de te rappeler." Et elle avait essayé. Une fois. Deux fois. Cinq fois. Et c'était presque deux heures après le premier coup de fil que Stephen arrivait aux urgences en aboyant sur la première personne venue ; une infirmière d'une cinquantaine d'années à qui il balançait un : "Leah Baumann, je dois la voir" en hurlant presque. "Hinhin. D'abord vous allez vous calmer jeune homme, le stress du futur papa ça ..." Ouh. A pas grand chose d'imploser, Stephen commençait à relever l'index pour déverser un océan de rage contre elle, et il l'aurait fait si l'entente de son prénom ne l'avait pas fait se retourner avec vivacité. "T'es là ! Elle a été admise il y a deux heures. Si t'as entendu les messages que je t'ai laissé, alors rien n'a changé depuis. Son état est stable. On attend qu'elle reprenne ses esprits pour pouvoir faire l'échographie. La police doit aussi passer pour .." Penny était apparue comme par magie dans son champ de vision, calant une main contre son dos pour l'entraîner au travers d'un bâtiment qu'il ne connaissait que très peu avant de s'interrompre. D'un geste du bras, il avait arrêté sa consœur qu'il pouvait se targuer de connaître plutôt bien depuis qu'il avait repris la permanence de kinésithérapie pédiatrique ici, et qui lui balançait ces infos sans savoir qu'elles lui brisaient le cœur. Son statut particulier lui avait sans doute octroyé un traitement de faveur ce jour, bien qu'il ne s'en rende pas forcément compte. "... qu'est ce qu'il s'est passé ?" demandait il en les stoppant l'un et l'autre au beau milieu de ce couloir qui menait aux premières chambres du service. "... un type l'a cognée dans la rue. J'en sais pas plus. Tout ce que je peux te dire c'est qu'elle va bien. Elle est encore dans les vapes" L'infirmière poursuivait, mais lui s'était arrêtée à une information qu'il peinait à assimiler. Alors Leah n'avait pas menti. Camden était bel et bien réapparu dans sa vie. Déglutissant péniblement, Stephen se faisait silencieusement conduire jusqu'à une porte entrouverte lui laissant apercevoir ... "Leah" sa voix se brisait presque alors que d'instinct il s'était rapproché de ce lit sur lequel elle gisait étendue, le visage couvert de plaies et le restant de son corps pas forcément en meilleur état. Sans trop savoir comment il réussissait encore à tenir sur ses deux jambes, Stephen était venu ramener au plus près du lit une chaise sur laquelle il se laissait retomber en laissant son visage s'abattre sur le matelas. L'une de ses mains attrapait celle de la brune qui n'était pas emprisonnée d'un plâtre, la pressant contre la sienne comme pour s'assurer qu'elle était toujours là. "Mon amour, je suis ... je suis tellement désolé. J'aurais du te croire. J'aurais du être là." qu'il soufflait -craquait aurait été plus juste- en maintenant le contact, mais sans obtenir de réponse de sa part. La jeune femme avait été placée sous morphine, et était donc incapable de la moindre réaction, au grand dam d'un Stephen qui peinait à accepter ce silence. Finalement deux bonnes heures passaient, et lui n'avait pas bougé d'un poil. Quelques médecins venaient parfois s'assurer que tout allait bien, venaient aussi s'assurer de son identité, au cas ou. Il se pliait au jeu, revenant chaque fois au contact de Leah qu'il n'arrivait pas à quitter du regard tant son état l'inquiétait. S'il savait que ce bébé était vivant... pour lui ce n'était pas une priorité, pas sur le moment. La brune priorisait toutes ses pensées, monopolisait son inquiétude. Il se rongeait les sangs, et après encore de longues minutes de silence, un sursaut le fit revenir dans la réalité d'une façon bien trop soudaine. Elle s'était réveillée. "Doucement .." soufflait Stephen en la voyant tenter de bouger son bras plâtre vers ... son ventre ? "Le... Le bébé ?" qu'elle demandait tout de suite, et lui sentit son coeur se serrer. Ses premiers mots étaient pour ce petit pois ? "Il.. il va bien" Le brun balbutiait presque, décontenancé. Attrapant sa main valide du bout des doigts, il l'amenait contre ses lèvres pour y déposer un baiser ; à défaut de pouvoir se relever et de réveiller la commotion dont on lui avait vaguement parlé plus tôt en se risquant à embrasser son visage. "Comment tu te sens ? Tu m'as fait si peur." Et ça se voyait. Les yeux rougis, les traits tirés à l'extrême ... Stephen semblait sortir tout droit d'une expérience sur la privation de sommeil. Il n'avait encore jamais été si inquiet, et se replongeait difficilement dans un état duquel il se serait volontiers abstenu en revenant dans cet hôpital... mais visiblement la vie ne semblait pas l'épargner.
Toutes ces semaines passées à croire qu'elle devenait folle à force de se sentir épiée, ce sentiment de malaise qui la tiraillait dès qu'elle sortait de chez elle... Finalement, elle avait eu raison. Ce n'était pas son état de fatigue qui lui avait fait halluciner Camden au détour d'un carrefour, lui faisant éviter de justesse un accident de voiture. Tout ceci était bien vrai, et l'horreur et la terreur avaient empli chaque parcelle de son corps lorsqu'elle avait posé les yeux sur lui. Plus d'une année s'était écoulée depuis sa sortie de l'hôpital et pas une fois elle n'avait eu la moindre raison de croire qu'il puisse toujours être dans les parages. Sans doute avait-il attendu que la police se montre moins vigilante à son égard car, après tout, des affaires bien plus urgentes faisaient chaque jour leur apparition. Il ne l'avait pas tuée mais seulement plongée dans un coma d'une semaine, rendant la priorité de ce cas d'un degré inférieur à bien d'autres dossiers. Il lui avait fallu tellement de temps pour se remettre de cet épisode traumatisant, celui ayant changé certains aspects de sa personnalité de façon définitive. Et alors qu'elle touchait le bonheur du doigt, recommençant à vivre sans plus se retourner sans arrêt pour vérifier qu'il n'était pas là, blotti dans l'ombre, il était réapparu pour mettre un point final à cette relation toxique qui avait été la leur. Pour terminer ce qu'il avait commencé ce soir là, la laissant pour morte sur le sol de leur appartement. Et voilà qu'elle se retrouvait coincée face à lui, dans une espèce de ruelle dont elle se demandait encore comment elle avait atterri là. La peur au ventre, Leah avait toutefois tenté de s'échapper afin de sauver sa vie, sachant pertinemment qu'il ne comptait pas laisser se sortir de là vivante. Elle avait voulu protéger son bébé, ce petit pois dont ils avaient décidé de se débarrasser plus tard dans la journée mais qui pourtant était restée sa seule priorité alors que Camden avait commencé à la rouer de coups. L'adrénaline et cet instinct de survie l'avaient poussée à rester consciente aussi longtemps que possible, au moins pour tenter de défendre ce ventre qui était la seule barrière entre ce fou et le petit pois. Mais sa blessure à la tête avaient eu raison d'elle, et ce cri provenant d'une voix lointaine avait suffit à lui faire croire que ça allait s'arranger. Qu'elle était sauvée. Si ses pensées avaient immédiatement été envers ce bébé, l'image de Stephen s'était également imposée dans son esprit alors que Camden avait dit les avoir vu tous les deux. Peut-être était-il en danger lui aussi? Après tout ce psychopathe était capable de tout. Malheureusement, Leah sombra assez vite dans les ténèbres sans plus pouvoir réagir ou dire quoique ce soit. Ce n'est qu'une fois à l'hôpital qu'elle reprit un peu ses esprits, mais uniquement pour faire part de l'existence de cette vie en elle, pour qu'ils vérifient que tout allait bien. Les médecins n'avaient pas tardé à la mettre sous morphine, histoire de la soulager et de pouvoir effectuer tous les tests sans souffrance pour elle. Quelques heures plus tard, la brunette ouvrit les yeux, la panique prenant tout de suite possession d'elle alors que les flashs de cette rencontre avec Camden lui revenaient en tête. Son rythme cardiaque s'accéléra, les bips des machines se faisant plus rapides. "Doucement .." La voix de Stephen lui parvint et une onde de soulagement l'inonda, amena avec elle sont lot de larmes. D'un geste, elle amena son bras en direction de son ventre, comme pour vérifier que tout allait bien. Tournant légèrement la tête vers le brun, elle lui demanda comment allait le petit pois, déclenchant un air étonné sur le visage ravagé d'inquiétude du kiné. "Il.. il va bien" Ces paroles la rassurèrent instantanément, et Leah hocha la tête avec gratitude, s'arrachant une grimace au passage. Son crâne la faisait horriblement souffrir, il ne l'avait pas ratée cet enfoiré. Elle senti la main de Stephen attraper la sienne avec douceur, l'amenant à ses lèvres pour y déposer un baiser empreint de tendresse. La brunette battit un instant des paupières, s'efforçant de ne pas se laisser submergée par l'émotion, avant de laisser son regard se poser sur lui. "Comment tu te sens ? Tu m'as fait si peur." Les traits tirés au maximum, le brun avait vraiment une tête à faire peur. Elle ne s'était pas encore regardée dans un miroir, mais au vu des coups que Camden lui avait porté, elle ne devait pas présenter un tableau bien séduisant. "Je me sens cassée..." Murmura-t-elle, tentant de sourire pour le rassurer mais ne parvenant qu'à laisser une moue apparaître au coin de ses lèvres. "... Mais en vie." Ajouta-t-elle en serrant légèrement sa main. "Je suis désolée... T'étais pas obligé de venir... Je sais que les hôpitaux... " Elle ne termina pas sa phrase, laissant celle-ci en suspens. Stephen saurait exactement ce qu'elle voulait dire par là. Si un an plus tôt il avait été présent pour elle en lui rendant visite lors de son coma, il était avant tout là à déambuler dans les couloirs de l'hôpital pour sa femme Rachel qui n'allait pas tarder à donner son dernier souffle. Une épreuve qui l'avait anéanti, et Leah s'en voulait de le forcer à revivre une situation similaire à celle-ci. Elle se sentait coupable, même si rien n'était sa faute. Le fait qu'il soit présent pour elle lui réchauffait le coeur, le souvenir de leur dernière nuit encore bien présent dans son esprit. Il lui avait promis d'être là, et il avait tenu parole. Elle voulait lui dire qu'elle l'aimait, encore et encore. Mais cet évènement n'était qu'une parenthèse nouvelle, bien moins plaisante que celle de la veille, qui n'allait sans doute rien changer à leur situation. Elle n'avait pas oublié ce qu'il lui avait dit, et elle s'abstint donc de lui redire ces mots qui lui brûlaient les lèvres. Elle n'arriverait jamais à faire le deuil de cette relation sinon. Pour autant qu'elle sache, Stephen était venu pour être présent comme il le lui avait promit, surtout parce qu'il figurait toujours comme la personne à appeler en ça d'urgence, et il disparaitrait comme prévu quand elle se sentirait mieux. La mort dans l'âme, la jeune femme ravala ses paroles et ferma les yeux, en proie à une douleur qui n'avait rien à voir aux séquelles physiques que Camden lui avait laissée. Un médecin fit son entrée dans la chambre, détournant l'attention de la brunette vers celui-ci qui tourna la tête dans sa direction d'un geste brusque, ce qui lui valu une nouvelle vague de lancements dans le crâne. Aoutch."Mademoiselle Baumann, vous êtes réveillée. C'est une très bonne nouvelle. Je me présente, Docteur Morton. Je suis interne en chirurgie pédiatrique, on m'a mis en charge de votre dossier le temps qu'un titulaire puisse venir vous voir. On m'a demandé de procéder à une échographie avant d'évaluer l'état de votre bébé, mais je vois ici..." Le jeune interne ajustait ses lunettes, cherchant parmi les nombreuses pages de son dossier et de ses notes, adoptant un ton pompeux de circonstance. "... Que vous aviez rendez-vous afin de procéder à un avortement. Ah." Il releva les yeux sur eux, complètement perdu. "... En dépit des circonstances, la procédure exige quand même que j'effectue cette échographie. Concernant la terminaison de grossesse, je ne pense pas qu'il soit judicieux de procéder à cette intervention aujourd'hui au vu de votre état actuel, mais je peux la reprogrammer pour disons... Demain, ou après demain." Son ton était extrêmement détaché mais sa façon de s'exprimer était profondément maladroite. En entendant ses dernières paroles, Leah blêmit d'un seul coup et elle se redressa à moitié, faisant fi de la douleur, pour se tourner vers Stephen, en proie à la panique. "Stephen, non. Je... Je suis désolée. Je ne saurais pas, je ne saurais plus." Les larmes coulaient le long de ses joues, tandis qu'elle attrapait le bras du brun. "C'est au-dessus de mes forces de faire ça. Je sais que c'est ce qu'on avait dit, mais je ne peux pas." Son ton dépeignait parfaitement la détresse qui était la sienne à l'idée de perdre ce bébé. Elle se laissa retomber en toussant un peu, fermant les yeux pour contrer la souffrance qu'elle ressentait en cet instant. Peu importe. Elle était prête à n'importe quoi maintenant, quitte à abandonner ses rêves de carrière chez les pompiers et à l'élever seule. C'était bien plus important, elle s'en rendait compte maintenant qu'elle avait failli y passer pour la deuxième fois de sa vie. "Hé, calmez-vous..." Lança le jeune médecin prodigue en s'avançant vers elle, impuissant face à la réaction soudaine qu'elle avait eue.
Cette matinée figurait officiellement parmi les pires de son existence ; et Dieu sait que lorsqu'il était question de drames, Stephen parlait en connaisseur. Depuis quatre ans maintenant le destin ne l'avait pas épargné, ponctuant sa vie de moments comme celui ci lorsque le bonheur se manifestait ; il en avait assez, il était épuisé. Perde Rachel avait été une épreuve dont le brun n'aurait jamais pensé pouvoir se remettre un jour, si bien qu'aujourd'hui il pourrait affirmer avec force que perdre Leah serait la toute fin de sa résistance face au chaos l'environnant. Ils avaient beau être séparés, Stephen n'en ressentait pas moins un profond amour pour ce petit bout de femme qu'il connaissait depuis toujours et qui l'avait aidé à remonter la pente, devenant aujourd'hui une composante intégrale de son quotidien ; qu'il accepte ses choix de vie ou non. La voir allongée sur ce lit d'hôpital avait beau lui rappeler une masse de mauvais souvenirs, le brun n'aurait pourtant cédé sa place à personne d'autre. Il ressentait le besoin de rester à ses côtés, de serrer sa main contre la sienne, d'observer ses constantes et son visage tuméfié sans réussir à s'en détacher. Les heures avaient filé à une vitesse folle, et lui n'était dérangé que par les quelques passages express des médecins qui venaient le rassurer quant à son état de santé. "Elle se réveillera quand elle le décidera. Mais tout va bien." lui avait on assuré. Sans doute était ce le principal.
Leah fit son retour dans le monde des vivants aux alentours de quinze heures. Dans un torrent de larmes, la petite brune avait réuni toutes les forces qui lui restaient, non pas pour lui, mais pour ce bébé à qui étaient destinés ses premiers mots. Décontenancé, Stephen avait balbutié quelque chose pour la rassurer. Ce n'était pas qu'il n'avait pas songé à leur enfant durant tout ce temps. Quelque part le brun ne saurait dire s'il s'était senti rassuré ou inquiété d'avoir su que ce petit pois avait pu survivre. Son cœur battait ... mais était il encore intact ? Ils verraient plus tard. Faisant preuve d'une infinie tendresse, Stephen amenait contre ses lèvres le revers de sa main, lui demandant au passage comment elle se sentait. "Je me sens cassée... Mais en vie." avait elle murmuré en tentant un sourire qui n'était absolument pas convaincant. Quand bien même aurait elle réussi, en face d'elle, Stephen avait le visage aussi fermé que possible. Ce n'était pas lui qui pourrait lui reprocher quoique ce soit. "Je suis désolée... T'étais pas obligé de venir... Je sais que les hôpitaux... " "Dis pas ça." l'avait il coupé en serrant à son tour sa main contre la sienne dans une pression douce. "Je suis venu dès que j'ai su." Ce qui était vrai. Un fait plus qu'un sous entendu, mais quelque part Stephen aurait aimé lui faire comprendre qu'il regrettait son comportement. Qu'il regrettait tout ce qu'il avait pu lui dire pour la blesser ces derniers jours, et qu'il s'en voulait terriblement de ne pas l'avoir crue pour Camden, que dans une certaine mesure, il se sentait responsable de tout ce massacre, mais ni l'un ni l'autre n'eut le temps de s'épancher davantage sur de longs discours. Quelques minutes à peine après le réveil de la jeune femme, un type en blouse blanche fit irruption dans la chambre, interrompant leur échange dans un petit toussotement pour manifester sa présence. "Mademoiselle Baumann, vous êtes réveillée. C'est une très bonne nouvelle. Je me présente, Docteur Morton. Je suis interne en chirurgie pédiatrique, on m'a mis en charge de votre dossier le temps qu'un titulaire puisse venir vous voir. On m'a demandé de procéder à une échographie avant d'évaluer l'état de votre bébé, mais je vois ici... que vous aviez rendez-vous afin de procéder à une IVG. Ah." Le type semblait assez jeune. Trop jeune pour agir seul... et terriblement maladroit. Méfiant, Stephen avait croisé les bras contre son torse en l'écoutant faire son petit laïus, visiblement peu sûr de lui. Si d'ordinaire il n'était pas violent, l'idée de le renvoyer hors de cette pièce sans ménagement lui effleurait son esprit déjà à vif. "... En dépit des circonstances, la procédure exige quand même que j'effectue cette échographie. Concernant la terminaison de grossesse, je ne pense pas qu'il soit judicieux de procéder à cette intervention aujourd'hui au vu de votre état actuel, mais je peux la reprogrammer pour disons... Demain, ou après demain." Est ce que c'était une blague ? L'interne devait sûrement être une nouvelle recrue à peine formée, ce qui exaspéra le kiné au plus haut point. D'un geste de la main, il balayait ses paroles en le fixant d'un œil qui ne laissait présager rien de bon, attrapant au passage la main de la brune pour la serrer contre la sienne ; au moins là s'assurait de ne pas céder à un coup de sang. Se faisant, il l'avait à peine vue blêmir, ni même se tourner vers lui au bord des larmes. Le premier réflexe de Stephen fut d'occulter complètement le reste et de bondir au quart de tour ; un classique. "Vous vous prenez pour qui hein ? Elle vient à peine de se réveiller, vous n'avez.. " "Stephen, non. Je... Je suis désolée. Je ne saurais pas, je ne saurais plus." Quoi ? Leah lui avait attrapé le bras, en proie à un élan de panique qui l'étonnait encore tant les dernières heures avaient été calmes et silencieuses. Elle pleurait, elle pleurait à chaudes larmes, ce que le brun eut besoin de quelques secondes à accepter. Passant d'une colère sombre à une incompréhension totale. "C'est au-dessus de mes forces de faire ça. Je sais que c'est ce qu'on avait dit, mais je ne peux pas." Nouvel ascenseur émotionnel. Stephen essayait de tendre vers un rationalisme dans lequel il se complaisait d'ordinaire, à savoir : en rester à leur vision des choses du départ. Ce qui venait d'arriver était dramatique -un énième passage à tabac, la survie miracle de ce bébé- mais ... ni l'un ni l'autre n'en voulait de cet enfant. Stephen la fixait avec incompréhension, et finalement la panique le gagnait à son tour. Leah voulait le garder maintenant ? Elle voulait qu'ils se laissent une chance ? D'un geste de la main le kiné essuyait toute réaction à ce cataclysme sur son visage, avant de se faire interrompre. Encore. "Hé, calmez-vous..." "Vous mêlez vous de ce qui vous regarde. Petite leçon de savoir vivre gratuite. C'est pas écrit dans vos putains de manuels de médecine, mais quand une situation est merdique, on évite d'enfoncer le clou." Stephen l'avait congédié avec rage, son index accusateur le pointant à tout bout de champ, et pourtant ce type ne bougeait pas. Tant pis. Reportant son attention vers la brune, il posait sa main contre celle qui maintenait son bras avec un peu plus de douceur. "Leah je ... t'es bouleversée. Mais.. enfin merde." soufflait il, rompant tout contact pour se laisser retomber contre le dossier, puis se passant une main contre les paupières, il tentait d'apporter un meilleur raisonnement à tout ce foutoir qui s'imposait à eux, de faire le vide ; en vain. " ... tant que vous n'avez pas passé votre deuxième entretien psychologique avant l'IVG, je suis obligé de pratiquer cet examen. Si vous voulez je peux vous cacher l'écran.. ou repasser un peu plus tard." à l'autre bout de la pièce, l'interne était intervenu ; plus doucement cette fois, et avec un poil plus de tact. Bien. Comme quoi, lui avoir hurlé dessus avait peut être payé, même s'il n'en démordait pas. Leah ne couperait pas à cette échographie aujourd'hui, et sans doute était ce normal. Tant qu'elle pouvait encore se rétracter le service médical devait s'assurer du bon développement de ce bébé. Soit, ils y arriveraient. Stephen s'était relevé, avait fait glisser sa chaise un peu plus loin puis de nouveau posté auprès de Leah, il lui attrapait sa main libre qu'il serrait avec douceur. "Je t'ai promis d'être là. S'il te plaît ne m'en demande pas trop.." implorait il presque dans un murmure, laissant ce type s'approcher avec son chariot et sa maladresse.
Maintenant que Leah avait ouvert les yeux, les souvenirs de son dernier passage à l'hôpital lui revenaient en plein visage. Son réveil s'était fait dans des circonstances similaires, sauf que c'était Logan qui s'était retrouvé à son chevet et non Stephen. Le kiné traînait pourtant déjà dans les parages à l'époque, mais ils ne s'étaient pas reparlé depuis le lycée. Ses blessures étaient bien plus importantes il y a un an d'ici, et heureusement d'ailleurs. La brune prenait la survie de son bébé comme un signe de la providence, une drôle de façon que le destin avait eu de lui montrer qu'elle n'aurait pas réussi à surmonter la perte volontaire de cet enfant s'ils avaient été jusqu'au bout cet après midi. Maintenant qu'elle avait failli y rester, le petit pois y compris, il était tout simplement hors de question qu'elle se plie à cet avortement. Quand bien même leur décision avait été mutuelle, et que le brun lui en voudrait probablement de revenir sur sa parole, Leah ne pouvait se résoudre à effectuer cette procédure. Toute heureuse qu'elle était d'entendre que le bébé avait survécu, la brunette s'abstint de formuler à voix haute le tumulte de ses pensées, réalisant que Stephen l'observait avec une peur panique dans le regard. Il s'inquiétait.La jeune femme s'employa à le rassurer, essayant même de sourire mais cette tentative fut un échec cuisant. Tout son corps la faisait souffrir, et étirer ses lèvres tuméfiées n'était pas encore quelque chose dont elle se sentait capable. Son regard s'attarda sur les traits tendus du brun, reconnaissante qu'il soit à ses côtés, mais sachant pertinemment ce qui devait lui en coûter. Elle s'excusa donc, lui disant qu'il n'était pas obligé de rester car elle se doutait de ce qu'il devait ressentir en cet instant. "Dis pas ça." Il serra à nouveau sa main dans un geste rassurant avant d'ajouter: "Je suis venu dès que j'ai su." Leah hocha lentement la tête, imaginant sans peine ce qu'il avait du penser en recevant cet appel. Des souvenirs douloureux devaient probablement lui revenir à l'esprit, et elle s'en voulait d'en être la cause alors qu'elle avait passé tant de temps à essayer de lui faire remonter la pente des mois durant. "Je ne t'avais pas encore retiré de la liste des personnes à appeler en cas..." Elle reprit difficilement sa respiration, la voix encore enrouée par l'émotion. "En cas d'accident. A ma décharge, je pensais pas que ça arriverait si rapidement." Lança-t-elle avec cet humour qu'elle parvenait à conserver en dépit des circonstances les plus tragiques, comme à son habitude. Elle pouffa légèrement de rire avant de regretter cet excès d'humour, se tenant les côtes que Camden lui avait encore sûrement fêlé, ou même cassé. Relevant son bras plâtré à hauteur de ses yeux, elle jeta un regard en biais à Stephen, toujours dans cette tentative d'alléger l'atmosphère. Elle n'était pas morte, et tout irait bien. "Dis moi juste si je vais devoir me trouver un autre kiné, que je me prépare psychologiquement." C'était exactement le même poignet qu'il lui avait réparé au prix de longues séances qui les avaient sensiblement rapprochés, ouvrant un dialogue qu'elle n'avait réussi à avoir avec personne jusque là. Les autres kinésithérapeutes qu'elle avait consulté avant lui devait sans doute se rappeler d'elle comme de leur pire patiente, étant donné l'état d'esprit dans lequel elle était à l'époque. Même si rien n'avait changé entre eux, elle se sentait vraiment mieux à l'idée de l'avoir à côté d'elle aujourd'hui. Elle aurait d'ailleurs aimé lui répéter tout ce qu'elle ressentait à son égard, mais elle savait très bien que ça ne serait que remuer le couteau dans la plaie. Leah porta son regard fatigué vers la porte de sa chambre, en direction de ce jeune homme à l'air bien trop jeune pour être médecin qui s'avançait vers eux, une pile de documents en main. Et là, ce fût le drame. Ce type se présenta, expliquant qu'il devait procéder à une échographie mais se rendit compte que la brune était supposée passer une IVG en fin d'après midi. Une information qui sembla le perturber, puisqu'il décida que ce moment était le plus opportun pour perdre toute once de délicatesse à son égard, rendant Stephen complètement fou de rage. "Vous vous prenez pour qui hein ? Elle vient à peine de se réveiller, vous n'avez.. " Le kiné attrapa sa main avant de s'emporter sur le garçon qui fut pétrifié, mais qui décida toutefois de rester sur place. Leah n'était même pas outrée quant au comportement de ce jeune médecin un peu trop zélé, non. La seule chose qu'elle avait retenue, c'est qu'ils prévoyaient toujours cet avortement. Mais il ne serait pas question du lendemain ou du surlendemain, il n'y avait pas moyen que ça arrive, pas après ce qu'elle avait vécu, ce qu'elle avait ressenti. Le visage ruisselant de larmes, la jeune femme se tourna en direction de Stephen, lui avouant à voix haute les pensées qui fusaient dans son esprit depuis qu'elle était réveillée et depuis qu'elle avait appris que cet enfant était encore en vie; il était hors de question qu'elle avorte. La colère que le brun avait dirigé vers le médecin se transforma en incompréhension alors qu'il reportait son regard sur elle. Dans ses yeux, Leah pouvait y lire toutes les pensées qui s'y bousculaient. Les récents évènements, toutes ces choses qu'ils s'étaient dites... La brunette savait parfaitement qu'il risquait de lui dire qu'elle serait là dedans tout de seule, mais elle était prête à prendre le risque. En proie à la panique alors qu'on lui parlait de l'IVG qui menaçait la vie de cet enfant qui venait de survivre au pire, Leah montait doucement en tension alors que son coeur commençait à battre bien trop vite. Le médecin s'interposa afin de lui demander de se calmer, ce qui déclencha un nouvel accès de colère chez Stephen. "Vous mêlez vous de ce qui vous regarde. Petite leçon de savoir vivre gratuite. C'est pas écrit dans vos putains de manuels de médecine, mais quand une situation est merdique, on évite d'enfoncer le clou." La brune ferma les yeux un instant face au ton brutal emprunté par le kiné avant de les rouvrir en sentant sa main sur poser sur la sienne avec douceur. "Leah je ... t'es bouleversée. Mais.. enfin merde." Et d'un geste, il se laissa retomber contre le dossier de sa chaise, rompant le contact entre eux deux. La jeune femme l'observa avec tristesse, le coeur rongé par le chagrin. C'est lui qui avait demandé cette rupture, et qui avait suggéré l'avortement. Elle lui imposait à nouveau sa décision, mais cette fois-ci elle était prête à assumer seule s'il le fallait. A ce stade, Leah était persuadée qu'elle ne se remettrait jamais d'une décision pareille. Elle se laissa également retomber, se calant dans son coussin en grimaçant. Elle se sentait morte de fatigue, et pourtant l'idée de voir son bébé la tenait réveillée, en proie à une excitation qu'elle n'avait jamais éprouvé jusque là. " ... tant que vous n'avez pas passé votre deuxième entretien psychologique avant l'IVG, je suis obligé de pratiquer cet examen. Si vous voulez je peux vous cacher l'écran.. ou repasser un peu plus tard." Les yeux de la brune ne quittait pas le visage aux traits épuisés de Stephen, analysant chaque expression faciale qu'il pouvait bien avoir, cherchant à savoir ce qu'il ressentait en cet instant. Après quelques secondes, le kiné se releva en dégageant sa chaise du passage afin de laisser passer l'interne et son chariot, prêt à le laisser effectuer cette fameuse échographie. Il se rapprocha ensuite d'elle, lui attrapant à nouveau la main pour la serrer avec douceur, laissant son pouce en caresser le dos. "Je t'ai promis d'être là. S'il te plaît ne m'en demande pas trop.." A son tour elle exerça une pression sur sa main, la portant à sa joue en fermant les yeux, puis la laissant retomber contre elle tout en l'observant. "Je ne te demande rien..." Lui lança-t-elle avec douceur avant de se tourner vers l'interne qui les observait d'un air interloqué. "... Mais moi je veux voir." Ajouta-t-elle avec conviction, les yeux déjà rivés vers l'écran noir. Le médecin hocha simplement la tête avant de l'aider à se débarrasser de la couverture et de remonter sa chemise d'hôpital qui entravait l'accès à son ventre. Il appliqua un gel sur celui-ci, ce qui la fit frissonner tant celui était froid, puis alluma l'échographe avant de laisser la sonde se poser sur sa peau. En une seconde on entendit les battements d'un coeur et Leah observa l'image qui apparaissait avec une émotion non-dissimulée. Sans s'en rendre compte elle serrait la main de Stephen avec force, mais son regard restait rivé sur l'image de ce qu'il se passait à l'intérieur d'elle. Muette, elle observait les tâches qui formaient ce petit-être qu'elle portait en elle, tandis que l'interne commençait à prendre des notes en marmonnant. "... Aucun signe de fluide pouvant indiqué une hémorragie... constantes stables... léger décollement... sexe fémin..." Le jeune homme s'interrompit, réalisant qu'il avait parlé à voix haute. Rougissant, il retira la sonde du ventre de Leah avant de se plonger dans ses papiers, remballant son chariot en quatrième vitesse. "Je... Voilà tout m'a l'air bien. Une infirmière passera vous nettoyer le gel et vous administrer vos anti-douleurs." Et sans plus de cérémonie, il quitta la pièce, laissant Leah totalement sous le choc. Une fille, ils allaient avoir une fille. Se mordant légèrement la lèvre, la brunette leva finalement les yeux en direction de Stephen sans oser dire quoique ce soit.
Et si la situation cauchemardesque dans laquelle les deux étaient plongés semblait irréelle, douloureuse au possible et péniblement éprouvante, Stephen sentait qu'il n'avait pas d'autre choix que de mettre sa peine de côté pour être présent. Il fallait qu'il soit là, à exercer une douce pression contre la main de Leah, à lui glisser des mots qui se voulaient réconfortants. Le brun se devait d'être dans cette chambre d'hôpital, et pas uniquement pour ne pas passer pour le sombre connard qui n'était pas foutu de rappliquer lors d'une urgence de ce genre ... mais parce qu'il avait déjà fait l'erreur de ne pas s'être montré suffisant pour Rachel, et qu'il s'en était terriblement mordu les doigts lorsque c'était devenu trop tard. Leah et lui avaient beau avoir leurs différends, leurs divergences d'opinion, ils n'en restaient pas moins deux personnes qui avaient de profonds sentiments l'une envers l'autre. Il l'aimait, et bien qu'il n'était pas question pour lui de faire machine arrière quant à toute cette histoire qui les séparait, une trêve de quelques heures ne pouvait être que bénéfique pour la jeune femme, vu son état encore bien trop fragile. "Je ne t'avais pas encore retiré de la liste des personnes à appeler en cas..." Stephen s'en était douté. S'il avait cassé les pieds à Leah pour qu'elle indique quelques personnes dans son téléphone au cas ou un accident lui arriverait ... il ne s'était pas imaginé que sa paranoïa aurait su si vite se démontrer utile, même si quelque part, il n'en tirait là aucune satisfaction. Leah avait beau se sentir soulagée de sa présence -du moins elle en avait l'air- elle semblait aussi consciente qu'il ne serait plus là ensuite, et ce constat lui fit marquer une pause rendant l'atmosphère bien trop longue. "En cas d'accident. A ma décharge, je pensais pas que ça arriverait si rapidement." Elle avait tenté de terminer par une pointe d'humour, sans doute pour dédramatiser la situation, mais ses traits trahissaient encore une mélancolie qui lui suffisaient à briser le cœur du brun encore un peu plus. Quelle merde. Stephen se passait une main fatiguée sur le visage, l'observant encore quelques secondes sans savoir quoi répondre, "Tu le feras plus tard" ou "Je pourrais toujours passer si t'as besoin" n'étant pas des réponses acceptables. Finalement, ce fut Leah qui brisa le silence, arguant un : "Dis moi juste si je vais devoir me trouver un autre kiné, que je me prépare psychologiquement." qui le fit rire ; un rire glauque entre nostalgie et nervosité. "Je suis pas encore prêt à laisser quelqu'un d'autre te toucher ... et encore moins un autre kiné. Ce serait l'affront suprême Bau." qu'il répondait en osant s'approcher de son visage, replaçant avec une assurance approximative une mèche de cheveux derrière son oreille. Ce geste avait beau ne rien arranger à sa coiffure en bataille, il trahissait toutefois une marque d'affection qui ne laissait pas planer de doute sur ce qu'il ressentait, mais qui n'arrangeait probablement rien à ce qui suivrait.
L'interne avait fait apparition dans la pièce ; très méthodique avec un tact proche de zéro. Stephen avait eu beau avoir déversé toute sa colère sur lui, ce dernier n'en démordrait pas : Leah devrait passer cette échographie pour s'assurer que tout irait bien, et quand bien même lui voulait reporter (voire même annuler, à quoi bon si la brune avortait) elle, n'était pas prête de la refuser à en juger par sa réaction. Après lui avoir à moitié agrippé le bras et lui avoir balancé des paroles qu'il peinait à assimiler, Stephen s'était laissé glisser dans un état second pour se protéger de toute cette incompréhension qui le gagnait. Elle voulait garder ce bébé. Ok. Non pas ok. Sur pilote automatique, le regard fermé, sa seule demande fut adressée à la jeune femme : ne pas lui en demander plus que ce qu'il n'était en capacité de fournir émotionnellement. Douce espérance. "Je ne te demande rien... Mais moi je veux voir." Bien. Tout ce qu'il s'était passé ensuite ne fut qu'une gigantesque tempête émotionnelle face à laquelle le kiné peinait à faire face, déployant des trésors d'énergie pour tenir debout. Leah avait découvert -non sans mal- son buste bleui de contusions, avant de se voir appliquer ce gel propre aux échographies. A ce moment précis, les chances qu'auraient eu Stephen de s'enfuir étaient désormais réduites à néant tant la jeune femme lui avait déjà attrapé la main. Soit. Il ne la retirait pas, mais ne manifestait aucune réaction en retour, et quand bien même l'esprit de la future maman fut rapidement attiré ailleurs. L'interne plaça cette foutue sonde contre sa peau, rendant les choses trop concrètes. Le brun avait déjà commencé à détourner le regard, regardant le plafond avec obstination. L'espace d'une seconde il se disait que dans ces circonstances, il aurait certainement mieux valu qu'il ne soit pas là, ne serait ce que pour éviter de ressentir ce profond tiraillement lorsque les battements de cœur de ce bébé miracle résonnèrent dans toute la pièce. "... Aucun signe de fluide pouvant indiquer une hémorragie... constantes stables... léger décollement... sexe fémin..." Si Stephen ne regardait pas, il pouvait percevoir l'interne prendre des notes, cochant les cases de ce qui devait être checklist. Sexe féminin. "Qu'est ce que vous avez dit ?" demanda t-il alors, le ton sûrement trop froid, trop brusque, trop empreint de colère.. lui qui n'avait pas décoché le moindre mot faisait désormais tache dans ce grand moment. "Le bébé va bien.." "Une fille ?" et pas un petit pois. Adieu cette image de petite grain de riz aux allures de têtard qu'il s'était efforcé de ne surtout pas imaginer depuis deux semaines. "Bb.. Je l'ai déduit.. c'est encore trop tôt pour.." Stephen avait détourné le regard, lui accordant un coup d’œil assassin. Derrière le type se trouvait l'écran noir sur lequel il s'était arrêté pour faire des sortes d'impression qui lui faisaient définitivement perdre pieds. Tout à coup la tête lui tournait, et fuyard, l'interne en avait profité pour prendre ses jambes à son cou. "Je... Voilà tout m'a l'air bien. Une infirmière passera vous nettoyer le gel et vous administrer vos anti-douleurs." Et c'était tout. Après quelques secondes d'un vacarme assourdissant pendant lequel le chariot fut remballé et sorti de leur champ de vision, la chambre était de nouveau plongée dans une sorte de silence. Leah avait relevé vers Stephen un regard qu'il n'aurait su comprendre ; déjà car il n'était pas en état, et ensuite car il s'obstinait encore à ne pas la regarder. "Merde." ... Sans doute aurait il du trouver autre chose à dire en premier, mais très honnêtement, le brun n'était pas capable de mieux. C'était comme si son visage s'était littéralement vidé de son sang. Il tenait à peine debout, la mâchoire encore crispée par ce qu'il venait de vivre. "T'as été sous le choc. Et je peux le comprendre. Mais c'était pas une raison pour t'infliger ça ... pour nous infliger ça Leah." lançait il d'un ton qu'il aurait aimé moins brusque, et qui lui était surtout destiné. Une fille. Une petite fille. Ils allaient avoir une petite fille et la colère le gagnait. Plongeant ses mains à la naissance de ses cheveux, Stephen fit les cent pas dans cette chambre qui lui paraissait soudainement trop petite, étouffante. Il avait besoin de prendre l'air, d'aller chercher de quoi le remonter tant il était épuisé, mais avant il avait besoin de s'assurer d'une chose.. "... t'es consciente que ça change rien ? Que les choses restent ce qu'elles sont si tu le gardes ?" Se tournant vers la jeune femme, Stephen avait lancé ces paroles dures et froides sans avoir la moindre conscience de la potentielle double interprétation de ces dernières. A ses yeux, tout ce qu'il voulait dire se cantonnait aux pompiers, à leur histoire bancale. Il lui était évident qu'il assumerait son rôle si la brune décidait effectivement de mettre leur enfant au monde, mais ses mots auraient aussi très bien pu s'interpréter différemment.
Leah avait beau ne pas imaginer ce qu'il se passait dans la tête de Stephen en cet instant, elle se doutait à peu près de ce qu'il en était. Ils n'étaient pas simplement un "couple" - même si cette appellation n'avait aujourd'hui plus lieu d'être - mais également deux amis qui avaient pu compter l'un sur l'autre au pire moment de leur vie. Et si le kiné n'avait pas forcément été du genre à se confier au début, au fur et à mesure des mois la brunette avait pu en apprendre plus sur cet évènement si tragique qui l'avait rendu veuf à un si jeune âge. Elle savait parfaitement que la culpabilité l'accompagnait encore aujourd'hui, qu'il estimait ne pas avoir été assez présent au chevet de Rachel alors qu'elle se faisait lentement emporter par la maladie. Il ne lui en avait presque jamais parlé, mais son air abattu et sombre lorsqu'il évoquait ce passé suffisait à lui faire comprendre de quoi il en retournait. Si le duo s'était pratiquement toujours compris à demi-mot, les récentes épreuves qu'ils avaient endurés avait mis à mal cette compréhension qui régnait autrefois entre eux. Ceci étant dit, il était là à ses côtés en dépit de tout ce que les hôpitaux lui rappelaient. Et rien que cet effort réchauffait le coeur de Leah. Elle savait bien que ça ne changeait rien dans le fond, qu'il était venu uniquement car c'est lui figurait en haut de sa liste d'appels d'urgence. Mais il était là, et c'est tout ce qui lui importait. La brune essaya tant bien que mal de détendre l'atmosphère, ce qui était plutôt ironique quand on considérait le fait que c'était elle qui était allongée dans un lit d'hôpital après avoir failli y passer une seconde fois. Mais c'était plus fort qu'elle, elle ne supportait pas cet air grave que Stephen affichait en l'observant sans rien dire, la mettant presque mal à l'aise. Il y eu d'ailleurs quelques secondes de silence, silence qu'elle décida de rompre dans une énième tentative d'alléger l'ambiance en lui demandant si elle devait ou non se préparer à l'idée de faire sa rééducation avec un autre kinésithérapeute que lui. Cette question eut au moins le mérite de lui arracher un semblant rire, une vrai victoire. "Je suis pas encore prêt à laisser quelqu'un d'autre te toucher ... et encore moins un autre kiné. Ce serait l'affront suprême Bau." Cette réponse intrigua Leah qui releva les yeux vers lui avec un peu plus de sérieux, tandis qu'il replaçait délicatement l'une de ses mèches de cheveu. Pourquoi lui disait-il cela? Le coeur de la brune battait à la chamade, mais elle se doutait que cela ne voulait rien dire. Il avait déjà été affectueux à son égard bien avant qu'ils ne soient en couple, les habitude avaient la vie dure pas vrai? Leah laissa un vague sourire étirer ses lèvres. D'habitude, elle aurait sauté sur l'occasion pour le provoquer ouvertement. Un petit jeu qu'elle n'avait cessé d'avoir à son égard alors qu'ils flirtaient avec les limites d'une amitié aux bords pas toujours bien définis. Mais aujourd'hui, tout était différent. "De toute façon il n'y a que toi pour me torturer avec cette balle en mousse, pas vrai?" Lança-t-elle avec douceur, tentant de camoufler la tristesse de sa voix. Un échec cuisant. Heureusement - ou pas, d'ailleurs - un interne décida de faire son entrée à ce moment précis, bien décidé à faire passer une échographie de contrôle à Leah en dépit de l'IVG qu'elle avait décidé de passer. Ce fut le moment précis où la brune décida d'avouer à Stephen qu'elle ne pouvait se résoudre à passer à l'acte, pas après tout ce qu'il venait de se passer. Frôler la mort pour la deuxième fois avait sonné comme un coup de semonce lui rappelant ce qui était vraiment important. Et ce bébé était important. La jeune femme n'était pas dupe, le regard du kiné lorsqu'elle lui annonça sa décision n'était pas exactement celui du futur papa comblé de joie. Elle était consciente que ça n'était pas du tout ce qu'ils avaient prévu, mais c'était au dessus de ses forces. Elle avait protégé cet enfant sans se soucier de ce qui pourrait lui arriver à elle, prouvant à quel point elle était sérieuse. Toujours présent à ses côtés, Stephen lui demanda simplement de ne pas trop lui en demander, ce à quoi elle obtempéra. Il pouvait faire comme il voulait, mais elle désirait voir cet écran. Sans même s'en rendre compte, sa main se dirigea vers la sienne alors qu'elle observait cette image renvoyant ce bébé qui grandissait en elle. Un grand moment d'émotion pour elle, sans doute gâchée par le fait qu'elle était la seule à se soucier de ce qu'il se passait sur cet écran. Sans doute qu'une part d'elle aurait espéré que le brun change d'avis et partage cet instant avec elle, mais elle ne pouvait pas en attendre autant de lui. Il était déjà là, à côté d'elle, et c'était déjà énorme compte tendu des circonstances. Les yeux de Leah étaient brillants d'émotion, et son corps en alerte d'en apprendre plus sur l'état du petit pois. C'est à ce moment que l'interne laissa échapper une information qu'il aurait sans doute eut mieux fait de garder pour lui, surtout quand le père ne faisait même pas face à l'écran pour regarder lui-aussi. Mais il était trop tard. Le rouge aux joues, le jeune médecin tentait de noyer le poisson mais c'était sans compter l'intervention d'un Stephen débordant de colère. "Qu'est ce que vous avez dit ?" Même Leah fut saisie par sa réaction, elle-même sous le choc de ce qu'elle venait d'entendre. "Le bébé va bien.." "Une fille ?" La brune observait l'échange sans parvenir à dire quoique ce soit. Elle ne comprenait pas pourquoi il s'énervait de la sorte, même si le jeune homme avait merdé en beauté, c'était certain. Elle voulu parler, mais réalisa qu'il était peut-être plus judicieux de le laisser s'emporter contre lui plutôt que contre elle, pour changer. "Bb.. Je l'ai déduit.. c'est encore trop tôt pour.." Et l'interne choisit de déguerpir à cet instant, remballant toutes ses affaires dans la précipitation, avant de lui lancer - en ayant pratiquement un pied dans le couloir - qu'une infirmière viendrait finir le travail. Elle aurait aimé lui dire "Tu l'as fais fuir" avec l'humour dont elle savait faire preuve en temps normal, mais cette situation n'avait rien de normal. Une fille. Leah peinait à se remettre de ce qu'elle avait entendu tant elle n'avait pas été prête à entendre cette information aussi tôt. Elle était partagée entre la joie - qui aurait dû être la seule émotion présente dans cette pièce - et la tristesse en observant la réaction de Stephen qui lui débordait de colère alors que son visage était pâle comme un linge. "Merde." Le brun brisait le silence avec cette injure qui lui était propre lorsque la situation échappait à son contrôle, comme maintenant. "Steph..." "T'as été sous le choc. Et je peux le comprendre. Mais c'était pas une raison pour t'infliger ça ... pour nous infliger ça Leah." La brune ravala ses paroles, fronçant les sourcils face au ton brusque qu'il employait. Il était entrain de tout gâcher. "T'insinues quoi, que je suis incapable de prendre une décision parce que j'ai reçu un coup sur la tête?" Lança-t-elle, piquée au vif qu'il pense que ce revirement était irréfléchi et impulsif. Comme si garder un bébé était quelque chose qu'on décidait à cause d'un choc. Non. Depuis qu'ils avaient décidé de s'en séparer, Leah n'avait jamais réussi à se sentir en paix avec cette conclusion bien trop hâtive à son goût, décidée lors d'une dispute. Elle n'en avait pas dormi de la nuit, culpabilisant à chaque instant. Elle ouvrit la bouche pour lui livrer en détail le cheminement de ses pensées, ce qu'elle ressentait et pourquoi elle revenait sur sa décision. Mais le kiné la devança: "... t'es consciente que ça change rien ? Que les choses restent ce qu'elles sont si tu le gardes ?" la jeune femme resta bouche bée, sans voix face à la froideur et la dureté avec laquelle il lui avait livré ces quelques mots. Elle se redressa d'un coup, faisant abstraction de la douleur sourde qui mettait son corps à rude épreuve, tant les paroles du brun lui avaient fait l'effet d'un coup de poignard. "Mais tu me prends pour qui Stephen?! Tu me crois vraiment capable de la garder uniquement dans le but de te récupérer? Je crois que tu te surestimes." Lança-t-elle avec fureur dans la voix, ses yeux brillant de larmes. "Et ne t'en fais pas, j'ai bien compris que tu ne veux plus rien avoir à faire avec moi... Peu importe. Je m'en sortirai très bien sans toi." Ajouta-t-elle, de nouvelles larmes ruisselant le long de ses joues. La brune était en proie à une rage folle, une colère qui existait uniquement pour camoufler le désarroi qui était le sien tant les paroles de Stephen l'avaient blessée. Se laissant retomber en grimaçant sur son oreiller, elle détourna le regard, fixant un point invisible sur le mur. "Va-t-en..." Murmura-t-elle ensuite, obstinée à regarder tout sauf cet homme qui lui brisait le coeur, encore et encore. La fatigue lui tombait dessus avec force, c'était bien trop d'émotions pour elle après ce qu'elle venait de traverser. Leah peinait à récupérer une respiration normale, en proie à une détresse émotionnelle qui faisait suite à sa rencontre avec Camden.
Stephen avait beau être arrivé dans cette chambre d'hôpital depuis quelques heures déjà, il ne s'était pourtant pas encore fait à l'atmosphère pesante qui régnait ici ; sans doute n'y arriverait il jamais d'ailleurs. De son arrivée où il avait complètement craqué en se laissant retomber près du lit, au réveil de la brune entre larmes et soulagement ; les souvenirs lui revenaient par bribes sans qu'il n'en ait pas le moindre contrôle. Ceux d'une Rachel en fin de vie, ceux du coma dans lequel était plongée Leah un an plus tôt ; c'était un flot de culpabilité et de colère qui l'assaillait. Pourquoi le destin s'acharnait il ainsi ? Pourquoi n'avait il pas cru sa moitié lorsqu'elle lui avait dit qu'elle se sentait suivie ? Sans doute avait il déduit qu'elle divaguait, et que la colère et l'amertume ressentie à la suite de leur rupture avait pris le pas pour le reste... inutile de préciser que Stephen s'en voulait pour cette interprétation foireuse. En ce qui était question du destin, peut être que ce dernier désirait lui montrer la voie de la rédemption. Leah avait survécu, leur bébé aussi. Peut être était il temps de faire table rase de leurs différends et d'avancer ensemble finalement, de cesser de s'enterrer dans le passé pour tourner la page comme ils l'avaient toujours fait jusque là. "De toute façon il n'y a que toi pour me torturer avec cette balle en mousse, pas vrai?" A demi mots, Stephen avait commencé à lâcher du leste, à revenir sur la position qu'il avait en tête pour leur avenir commun ; une rupture nette et définitive qui lui semblait maintenant si absurde, du moins, jusqu'à ce qu'un interne au tact inexistant ne vienne s'engouffrer dans la faille qui s'était créée chez lui pour tout saccager. Leah lui avait répondu avec douceur, dans un quasi sanglot qui lui serrait le cœur. Stephen aurait tant aimé avoir autre chose à lui offrir que son regard perdu pour palier à ce lien qui se formait entre eux, mais il ne fallut pas plus de cinq minutes pour que sa capacité émotionnelle ne soit réduite à néant dans un mécanisme d’autoprotection. Leah voulait garder le petit pois. Il ne l'avait jamais entendue affirmer avec quelque chose avec autant de certitude et d'ardeur ; quelque part ça le terrifiait. Ils s'étaient mis d'accord, ils s'étaient même séparés, alors non. Ne pas garder cet enfant était une évidence, sans quoi la brune n'aurait jamais décidé de se lancer dans une carrière aussi incompatible avec une vie de famille alors même qu'elle se savait enceinte, et elle n'aurait jamais pris ce foutu rendez vous pour s'en débarrasser, alors pourquoi ? En l'espace de quelques secondes, Stephen fut plongé dans un état second. Tout s'était enchaîné trop vite. Le discours de l'intervenant, les objections de Leah, sa façon de lui serrer la main alors que les battements de cœur de ce bébé miracle raisonnaient dans toute la pièce, et cette bourde monumentale ... une petite fille. Une petite sœur. Un schéma familial que le brun avait toujours désiré avoir et qu'il se refusait pourtant à accepter maintenant qu'il l'avait. Leah n'était pas Rachel, c'est vrai, mais il l'aimait, ç'aurait du être suffisant. Dès lors que l'interne avait disparu, Stephen laissait sa colère refaire surface, et bien qu'elle n'était pas destinée contre Leah tant elle trahissait la panique qui se manifestait chez lui depuis qu'il avait perdu le contrôle quelques secondes plutôt, c'était pourtant la future maman qui était en ligne de mire, bien malgré lui. "Steph..." Aucune de ses interventions n'aurait suffit à le faire redescendre ; le brun agissait comme un animal blessé. Il était gagné par la peur, l'hypothèse même qu'ils gardent ce bébé le terrifiant littéralement. Le voulait il seulement ? Rien n'était moins sûr. A ses yeux cette échographie surprise ne facilitait pas leur réflexion, elle les influençait. "T'insinues quoi, que je suis incapable de prendre une décision parce que j'ai reçu un coup sur la tête?" Piquée au vif, Leah n'avait pas tardé à rétorquer d'un ton aussi assuré que le sien ; chose qui le surprenait vu son état, mais qu'importe, il renchérissait, débordait encore plus de rancoeur. "J'insinue rien Leah, à cette heure normalement on devait aussi être ici mais dans un autre service. T'y pensais à ce bébé quand t'as décidé de t'inscrire à la caserne hein ? Et tu comptes faire comment ? Ils font des tenues maternité chez les pompiers ? T'avais prévu d'engager une nounou ? Tu peux pas ne pas penser aux conséquences, et encore moins remettre en cause tout ce qui nous as poussés à prendre cette putain de décision." qu'il rétorquait -criait aurait été plus juste- en appuyant ses paroles de quelques gestes du bras comme pour leur donner de l'ampleur, bien que ce soit totalement inutile. Leur échange se poursuivait ensuite sur cette même lancée ; entre paroles assassines et froideur, une chouette parenthèse pour ces parents qui venaient de faire la rencontre de leur bébé pour la première fois ensemble. "Mais tu me prends pour qui Stephen?! Tu me crois vraiment capable de la garder uniquement dans le but de te récupérer? Je crois que tu te surestimes. Et ne t'en fais pas, j'ai bien compris que tu ne veux plus rien avoir à faire avec moi... Peu importe. Je m'en sortirai très bien sans toi." Quoi ? Dans une incompréhension des plus complètes, Stephen soutenait le regard froid et baigné de larmes d'une Leah au bord de la crise de nerfs sans comprendre grand chose de ce qu'elle venait de dire, et pourtant sa rancœur l'empêchait de protester. Il n'avait jamais cru qu'elle faisait ça pour le récupérer -si tant est qu'il reste quelque chose à sauver- ni même que cet enfant était un chantage qui ne risquait pas de fonctionner si toutefois cette hypothèse était envisageable. Sans trop savoir quoi dire, le brun observait la jeune femme plonger à nouveau dans une profonde tristesse. Elle rejetait la tête vers son oreiller, s'obstinant à ne pas le regarder. "Va-t-en..." concluait elle dans un murmure, et lui s'exécutait silencieusement ; cette fois plus perdu qu'en colère.
***
"Ma petite fille aussi vient d'accoucher. Un petit garçon." Stephen n'avait pas quitté l'hôpital. Non. Il avait besoin d'y voir clair, de reprendre des forces, de faire le vide avant d'affronter à nouveau Leah pour mettre les choses à plat sans que rien ni personne ne vienne entraver leur discussion. Pas d'interne pour une échographie surprise, pas de petit pois pour venir faire entendre les battements de son cœur, et surtout pas de taux d’hypoglycémie proche du zéro qui avait fait manquer au brun de tomber dans les choux une demi dizaine de fois depuis ce matin. Il s'était posé dans le café du hall principal avec la ferme intention de recouvrer ses esprits à coup d'expressos, mais force était de constater que l'échec pointait avec une rapidité hors pair, le renversait comme si de rien n'était. Une petite fille. Leur bébé. Cette petite boule blanche qu'il avait entraperçu dans l'échographe. Une petite sœur. Une famille ; enfin. Avant même d'avoir atteint le bout du couloir menant aux communs, la paternité l'avait heurté de plein fouet. Stephen avait beau la rejeter en bloc, elle revenait à la charge. Une crevette de douze centimètres le plongeait dans un état de panique complète. Le brun avait senti que les barrières tombaient, et s'il ne savait pas bien si c'était la fatigue ou le bon sens qui le poussait à se laisser aller par ce que lui dictait son cœur, il se sentait tout de même vulnérable -et peu confiant- face à ce raz de marée émotionnel. Et s'ils y arrivaient ? "Elle s'appelle comment votre petite ?" Sans que le kiné ne sache exactement pourquoi -ce n'était pas comme s'il avait l'air avenant et ouvert à la discussion d'ordinaire- une petite dame aux cheveux grisonnants s'était plantée à ses côtés sur la table qu'il occupait, déduisant qu'il devait être devenu l'heureux papa d'une fillette puisqu'en réglant son gobelet de café, Stephen avait glissé à ses achats un doudou, un putain de doudou rose qu'il n'arrêtait pas de faire tourner entre ses doigts ; il était foutu. "Elle n'a pas encore accouché." soufflait il, peu désireux de s'épancher sur les tenants et aboutissants de l'histoire bancale de cette grossesse avec une inconnue. "Ah ... et c'est pour bientôt ?" Alors c'était ça ? Les futures discussions pour les six mois à venir ? "Je sais pas trop." Ce qui aurait du être un signal d'alerte -car chaque parent normalement constitué connaissait plus ou moins la date d'accouchement de sa compagne- n'avait pas le moins du monde atteint la grand mère qui avait sans doute trouvé une bonne oreille chez un Stephen qui ne relevait rien ou presque. "Vous verrez, c'est magique. Vous faites bien de prendre du café, le plus dur est à venir, mais c'est aussi une expérience hors du commun." Si elle voulait l'achever, mamie s'y prenait drôlement bien. Stephen ne répondait pas, se contentant de balbutier quelques mots pour s'éclipser d'une façon polie, avant de se relever, attrapant doudou rose et portable pour filer. ".. comment il s'appelle votre petit fils ?" demandait il finalement, se retournant une dernière fois vers cette dame qui répondait : "Aaron" avec le sourire d'une femme qui irradiait de joie littéralement. Il était vraiment foutu.
***
"Leah faut qu'..." oops. Sans prendre la peine de frapper, d'annoncer sa présence avec un brin de délicatesse, Stephen était rentré dans la chambre d'hôpital occupée par Leah dans un vacarme totalement incontrôlé. "J'ai quelque chose à te dire. Tu ne m'interromps pas. Et je te promets que si cette putain de porte s'ouvre je termine en prison pour meurtre." et il était tout à fait sérieux, le ton calme et assuré qu'il venait d'employer le prouvant. Si quelqu'un venait à le déranger, il ne faisait pas l'ombre d'un doute que tout le courage dont il avait tenté de se doter retomberait comme un soufflé, alors Stephen tachait d'être efficace. S'avançant de quelques pas en sa direction, il ne cachait pas le carré de tissu rose supplanté d'un lapin qui lui avait valu une discussion ô combien passionnante avec la mamie du café. Il contournait le lit, vint s'asseoir à son rebord lorsqu'il se jugeait suffisamment proche de la brune, assez pour soutenir son regard et commencer d'une voix calme, bien que peu assurée : "Je voulais pas de ce bébé. Et je suis pas en train de te dire que ça a changé, mais ... je te veux toi. Je t'aime toi. Et je ... je sais pas. Je l'aimerais peut être aussi. Si tu pense qu'on peut se lancer là dedans alors ... je te suis." Stephen n'était toujours pas certain de ce qu'il venait de dire, mais en revanche, il savait que sa vie ne serait plus jamais la même sans les moments de bonheur procurés par cette seconde chance qu'il s'était offerte avec Leah. Si un bébé venait se mêler à l'équation ... alors soit. "J'ai jamais eu la prétention de croire que c'était moi qui avait toutes les cartes en main dans notre couple, je t'ai quittée parce que j'avais peur. Et j'ai toujours peur. Je sais pas comment notre vie va être à quatre. Mais je ... je veux pas être sans toi. On l'aura ensemble, notre fille." soufflait il en attrapant sa main pour lui passer ce doudou qu'il avait acheté sans trop savoir pourquoi -ou peut être que si- sitôt leur dispute terminée. Désormais, ce n'était plus lui qui avait les cartes en main, plus lui qui décidait de quoique ce soit. Il avait été le plus transparent possible avec Leah : sa paternité ne le faisait toujours pas bondir au plafond, mais il voulait bien l'assumer et envisager de créer un foyer ensemble, alors relevant le menton vers la brune, il guettait sa réaction.
Le flot d'émotions qui envahissait Leah était bien trop intense pour ce petit bout de femme qui venait de traverser plus d'épreuves en un mois que certaines personnes en une vie. Il y avait ce bébé, qu'elle avait accepté d'abandonner mais dont cette décision la mettait au plus mal depuis qu'elle avait été prise. Ensuite son couple, complètement à la dérive en dépit des sentiments qui les liaient, tout ça à cause d'une suite de décisions plus stupides les unes que les autres venant de sa part. Et pour couronner le tout, Camden avait refait son apparition pour achever ce qu'il n'avait pas réussi à faire un an plus tôt, l'envoyant à nouveau à l'hôpital, enceinte et dans un état de stress évident. Avec ce qu'il venait de se passer, la brune aurait dû se laisser happer par le sommeil, profiter des anti-douleurs qu'on lui administrait pour pallier à la souffrance qu'elle ressentait dans tout son corps. Mais à la place, elle profitait de chaque seconde avec Stephen, encore étonnée qu'il soit à son chevet après tout ce qu'il s'était passé entre eux. Et il n'y avait pas que ça, le kiné était réellement traumatisé des hôpitaux, elle en avait pleinement conscience. Ses blessures résultant de la perte de Rachel ne se refermeraient jamais complètement, et ce genre de situation n'arrangeait pas les choses. Leah ignorait sur quel pied danser tant les gestes et les paroles de Stephen trahissaient la tendresse qu'il avait à son égard, mais une barrière s'évertuait à rester en place entre eux, comme pour l'empêcher de passer une limite qu'il avait lui même dessinée en décidant de mettre fin à leur relation quelques semaines plus tôt. A demi-mots, Leah tentait de conserver une atmosphère légère, afin d'éluder le fait qu'elle était à nouveau allongée dans un lit d'hôpital, le poignet cassé pour la seconde fois. Le brun ne semblait pas vouloir que quelqu'un d'autre que lui s'occupe d'elle, pose les mains sur elle, et la jeune femme ne put que se sentir galvanisée d'entre ces mots. Ce qui était probablement une erreur, car cela signifiait qu'elle gardait espoir alors qu'il lui avait bien signifié qu'il désirait rompre avec elle, pour de bon. La porte ouverte à la souffrance donc, mais elle en avait l'habitude. Son coeur était déjà brisé, et pourtant elle ne pouvait s'empêcher d'espérer que les choses s'arrangeraient peut-être, tant son amour pour lui était immense. L'arrivée de l'interne vint interrompre ce moment, et gâcha sans doute quelque chose sans même le savoir. Son intervention força Leah à avouer à Stephen qu'elle voulait garder cet enfant, une annonce qu'il accueillit dans le choc, restant à ses côtés pour l'échographie sans toutefois assister aux images qui apparaissaient à l'écran. La brunette était envahie par l'émotion, serrant la main du kiné sans forcément y prêter attention et écoutant les battements du coeur de ce bébé qu'elle portait en elle. Un évènement qui aurait dû se passer avec complicité, mais ces deux-là faisaient un drôle de tableau, entre Leah qui peinait à retenir ses larmes en observant ce petit pois, et Stephen qui s'obstinait à regarder ailleurs sans pour autant lâcher la main de la brune. Ils auraient pu en rester là, si seulement le jeune interne n'avait pas fait la bourde de sa vie en annonçant le sexe à voix haute; une fille. Cette erreur plongea le kiné dans une colère noire, faisant fuir le médecin qui se répandait en excuses tout en s'échappant de la pièce, accompagné de son chariot, faisant un vacarme épouvantable. Leah avait du mal à comprendre sa réaction, à concevoir pourquoi cette information le rendait ainsi fou de rage. Elle chercha à renouer le dialogue pour l'apaiser, mais ce qu'il lui lança ensuite la fit sortir de ses gonds à son tour. Il sous entendait que sa décision était basée sur une réaction à chaud suite au choc qu'elle venait de vivre, mais la vérité était toute autre; avorter était impossible, et depuis le jour où ils s'étaient mis d'accord, Leah avait été incapable d'être en paix avec elle même. En dépit de la fatigue et de la lassitude, la brunette fut gagnée par un regain d'énergie sans doute guidé par la colère et la frustration, réagissant avec force aux dires de Stephen, qui lui-même ne comptait pas en rester là. "J'insinue rien Leah, à cette heure normalement on devait aussi être ici mais dans un autre service. T'y pensais à ce bébé quand t'as décidé de t'inscrire à la caserne hein ? Et tu comptes faire comment ? Ils font des tenues maternité chez les pompiers ? T'avais prévu d'engager une nounou ? Tu peux pas ne pas penser aux conséquences, et encore moins remettre en cause tout ce qui nous as poussés à prendre cette putain de décision." Comme un énième coup de massue, les paroles du brun la laissèrent coite, et Leah se laissa retomber contre son oreiller, lassée d'entendre les mêmes reproches, encore et encore. Il lui en voulait de revenir sur leur décision, mais qu'importe. Elle ne pouvait pas se résoudre à passer le pas, pas après tout ce qu'il venait de se passer. Elles avaient toutes les deux survécus, ça devait bien vouloir dire quelque chose, non? Leur fille voulait vivre, et la brune ne s'imaginait plus une seule seconde se séparer d'elle. "Si, je remets tout en cause. J'étais complètement paumée quand j'ai accepté qu'on le fasse, j'ai jamais su quoi faire dès l'instant où j'ai appris que j'étais enceinte. J'ai peut-être fais des erreurs au cours des dernières semaines Stephen, mais celle-ci serait la plus grosse de toute. Je ne me le pardonnerais jamais. Alors je pense peut-être pas aux conséquences, mais ça c'est bien plus important que tout le reste." Lança-t-elle avec froideur, incapable d'hausser la voix. Ses paupières étaient lourdes, mais tous ses sens étaient en éveil, surtout lorsqu'il lança ces dernières paroles: t'es consciente que ça change rien? A cet instant, Leah vrilla complètement, oubliant momentanément la douleur et elle se redressa en grimaçant, la voix tremblante tant la colère et la tristesse prenaient le pas sur le reste. Comment pouvait-il être si blessant, après tout ce qu'il s'était passé entre eux? Rompre était une chose, mais la brune avait l'impression qu'il appuyait encore et encore là où ça faisait mal, lui signifiant une nouvelle fois que bébé ou pas, il ne voulait plus d'elle. Bien. Dévastée, la jeune femme se laissa retomber sur son oreiller après lui avoir dit ce qu'elle pensait, y abandonnant ses dernières forces. Ses derniers mots furent pour lui demander de partir, ce qu'il fit sans trop se faire prier. Au fond d'elle, Leah espérait qu'il reste, mais encore une fois ses espoirs furent réduits à néant. En larmes, elle se laissa sombrer dans le sommeil, une somnolence facilitée par tout ce qu'on lui avait donné pour la calmer. Elle n'aurait pas su dire combien de temps exactement elle s'était assoupie, car elle se réveillait par moment en sursaut, ressassant son altercation avec Camden, ainsi que la dispute avec Stephen. Autant d'instants qui l'empêchaient de se calmer complètement, son cerveau était en ébullition. Ce que le kiné lui avait dit n'était pas vide de sens, la décision de garder ce bébé n'était pas anodine. Surtout si elle se retrouvait à gérer toute seule, un cas de figure qu'elle n'aurait jamais imaginé. Intégrer les pompiers prendrait plus de temps que prévu, mais elle se débrouillerait... Ses parents prévoyaient enfin de rentrer, ils allaient être présent pour elle, elle trouverait des solutions... Soupirant, Leah tenta de refermer les yeux pour la centième fois au moins, mais la porte s'ouvrit avec fracas et la fit sursauter. "Leah faut qu'..." Les yeux ronds, la brune observa Stephen refaire son apparition, sans trop savoir comment réagir après tout ce qu'ils venaient de se dire. "J'ai quelque chose à te dire. Tu ne m'interromps pas. Et je te promets que si cette putain de porte s'ouvre je termine en prison pour meurtre." La jeune femme s'abstint de tout commentaire, bien trop fatiguée pour réagir, et bien trop surprise par ce qu'il se passait que pour trouver la moindre chose à dire. Elle le regarda s'approcher d'elle, cherchant à lire sur le visage du brun à quoi tout ça pouvait bien rimer. Son ton était redevenu calme et il tenait dans sa main... un doudou? Leah fronça les sourcils, complètement perdue. Stephen s'assit sur le rebord du lit, rétablissant une proximité entre eux, et plongea son regard dans le sien. La brune sentait son coeur s'emballer, absolument pas prête à ce qu'il s'apprêtait à lui dire, s'attendant au pire encore une fois. Mais elle soutint son regard, plongée dans un mutisme bien plus facile à conserver alors qu'elle appréhendait ce qui allait suivre. "Je voulais pas de ce bébé. Et je suis pas en train de te dire que ça a changé, mais ... je te veux toi. Je t'aime toi. Et je ... je sais pas. Je l'aimerais peut être aussi. Si tu pense qu'on peut se lancer là dedans alors ... je te suis." Je te suis? Leah sentait les battements de son coeur s'affoler encore un peu plus, sans vraiment parvenir à réaliser ce qu'il était entrain de lui dire. Les lèvres tremblantes, elle le regardait avec incompréhension, perdue face à cet ascenseur émotionnel qu'elle vivait depuis la veille. "J'ai jamais eu la prétention de croire que c'était moi qui avait toutes les cartes en main dans notre couple, je t'ai quittée parce que j'avais peur. Et j'ai toujours peur. Je sais pas comment notre vie va être à quatre. Mais je ... je veux pas être sans toi. On l'aura ensemble, notre fille." Les larmes aux yeux, la brunette n'arrivait pas à croire ce qu'il était entrain de lui dire. Elle en avait rêvé de ces paroles, mais après tout ce qu'ils avaient traversé, elle avait du mal à croire que ça soit réellement possible. Il glissa dans sa main ce doudou rose, surplombé d'une tête de lapin qui la fixait avec un sourire, et les larmes coulèrent de nouveau le long de ses joues. Un mélange de soulagement, de bonheur, de peur aussi... Elle serra doucement la peluche, cherchant encore ses mots. Sa voix était enrouée par l'émotion, et elle pencha légèrement la tête sur le côté. "Tu... Tu peux pas me dire ça pour faire marche arrière ensuite..." Commença-t-elle en relevant ses yeux embués de larmes vers lui. "... J'ai besoin d'être sûre Stephen. C'est... C'est énorme ce qu'il nous arrive... Et si tu décides que finalement c'est trop pour toi, je crois que je m'en remettrai pas." Murmura-t-elle, frappée par la douleur occasionnée par leurs disputes ces dernières semaines. Il avait beau dire qu'il n'était pas celui qui avait les cartes en main dans leur couple, c'est bel et bien lui qui avait décidé de rompre et qui lui avait brisé le coeur, encore et encore. On pouvait lire la peur sur le visage de la brunette, la peur de lui laisser encore une opportunité de la faire souffrir, plus que jamais. Déposant avec douceur le doudou à ses côtés, elle caressa le visage du brun avec tendresse de sa main libre, détaillant ses traits avec attention. "Je t'aime. Ca me consume complètement je..." Elle soupira, laissant ses grands yeux se poser sur lui avec sincérité. "Je flippe complètement Stephen, c'était pas du tout prévu, mais... T'es bien le seul avec qui j'aurais eu envie de fonder une famille..." Et c'était vrai. La brune n'aurait sans doute pas laissé cette situation aller aussi loin avec quelqu'un d'autre, et peut-être qu'inconsciemment elle avait toujours eu envie de le garder ce bébé. "On va avoir une fille." Lança-t-elle finalement, les yeux brillant, comme si elle réalisait subitement ce qui était entrain de se passer. D'un geste, elle l'attirait doucement vers elle afin qu'il la prenne dans ses bras avec douceur; une étreinte dont elle avait bien besoin en dépit de ses blessures qui la faisaient grimacer. Laissant ses lèvres effleurer les siennes, elle souffla doucement: "T'es sûr de toi Holloway?" Une dernière demande, presque sur un ton implorant, avant d'être sure qu'elle pouvait se laisser aller à cet espoir qu'elle avait pratiquement laissé tomber tant la situation de leur couple semblait désespérée.
Le monde de Stephen s’était écroulé en l’espace de quelques jours ; et la comparaison était à peine exagérée. Le brun avait vu se briser l’équilibre vers lequel il tendait sans qu’il ne puisse rien faire en retour pour limiter les pots cassés. On l’avait été placé devant le fait accompli bien trop souvent ces deux dernières semaines, que ce soit par Leah elle-même ou par le destin qui s’amusait à jouer avec sa capacité déjà toute relative à encaisser des évènements tragiques. Le changement de carrière de la dernière des Baumann lui avait été imposé au beau milieu de la maison de leurs rêves, l’avortement sur lequel il lui semblait qu’ils se soient d’accord s’était envolé au moment même où la brune avait entendu battre le cœur de son bébé, sa présence dans cet hôpital lui déchirait le cœur mais il était tenu d’être ici, et il y avait le sort de Leah qu’il peinait à accepter. L’idée qu’on ait pu lui faire du mal de cette façon le rendait fou de rage, et ce sentiment s’exacerbait à mesure qu’on lui demandait des choses que sa patience n’était pas en mesure d’accepter. Stephen s’était emporté. Il aurait aimé appuyer sur pause, faire en sorte que tout ne s’enchaîne pas si vite. Le renouveau qu’ils espéraient, la seconde chance qu’ils devaient s’accorder en emménageant ensemble dans leur chez eux ne tenait plus, et si la nuit qu’ils avaient passée dans les mêmes draps hier leur avait permis de se rapprocher un peu plus avant de passer cette étape douloureuse qui suffirait à les séparer pour de bon, aujourd’hui tout était remis en question par la jeune femme qui tenait à garder ce bébé, à le mettre au monde malgré tous les obstacles que Stephen relevait. "Si, je remets tout en cause. J'étais complètement paumée quand j'ai accepté qu'on le fasse, j'ai jamais su quoi faire dès l'instant où j'ai appris que j'étais enceinte. J'ai peut-être fais des erreurs au cours des dernières semaines Stephen, mais celle-ci serait la plus grosse de toute. Je ne me le pardonnerais jamais. Alors je pense peut-être pas aux conséquences, mais ça c'est bien plus important que tout le reste." Une carapace froide, glaciale l’enveloppait en retour, rendant son silence lourd de conséquences. Le brun se sentait glisser, perdait pieds. Ce serait faux de dire qu’il ne ressentait rien pour ce bébé, qu’il ne la voyait que comme une complication. Il avait toujours voulu avoir des enfants, mais pas si vite, pas maintenant, et surtout pas dans ces circonstances. Il avait besoin de temps pour se calmer, pour assimiler l’idée qu’il n’avait –encore- pas son mot à dire sur ce sujet qui les concernait tous les deux, alors il ne s’était pas fait prier pour s’en aller après que Leah ne l’ait congédié. Se posant dans un café en compagnie de ce foutu doudou qu’il avait acheté dans l’optique de se faire à l’idée que cette grossesse ne soit pas interrompue, Stephen avait cogité. Expresso après expresso, il apprivoisait ce bouleversement qui n’allait pas tarder à s’opérer dans leurs vies à tous les deux. Au premier gobelet, il s’était refait mentalement la lecture du dossier de maternité sur lequel il était tombé la veille, tout en se rappelant à quel point il avait été absorbé par la vision de cette petite tache blanche sous fond noir qu’était leur fille. Au second, leur voyage au Cambodge lui rappelait à quel point ils étaient heureux ensemble, que leur histoire était importante et qu’ils s’étaient relevés tous les deux d’épreuves bien plus difficiles que l’arrivée d’un bébé, alors pourquoi ? Ce fut ensuite au tour d’Anabel d’entrer dans le cheminement de ses pensées, puis évidemment Rachel. Quelque part, si Stephen avait réussi à faire son deuil, il se sentait encore marié. Tourner la page était un travail qu’il faisait sur lui-même, mais il pouvait tout de même se réjouir du fait que la fillette s’entende si bien avec Leah. Il ne savait pas pourtant comment elle réagirait en apprenant qu’ils allaient avoir un enfant, si l’équilibre qu’ils avaient trouvés tous les trois se retrouverait brisé à son tour. Se sentirait-elle délaissée ? Abandonnée ? Et que diraient ses grands parents ? La venue de ce bébé était bien trop rapide, mais Stephen n’avait pas d’autre choix que de composer avec. Soit il l’assumait et se forçait à mettre un pied devant l’autre pour fonder cette sorte de famille bancale avec Leah, soit il la quittait définitivement, mais le brun se refusait à le faire dans ces circonstances. Ils auraient ce bébé. Lorsqu’il était retourné dans la chambre d’hôpital, Stephen n’avait pas laissé de place à la moindre petite parcelle d’hésitation. D’un pas décidé il avait ouvert la porte, puis avait contourné ce lit pour s’y asseoir et tenir son discours tant que ses esprits étaient encore clairs. Il ne sautait pas de joie à l’idée de devenir père, et d’avoir été placé à l’écart de décisions qui lui étaient importantes lui restait en travers de la gorge, mais leur fille était là, et Leah était la seule personne au monde avec qui il désirait bâtir quelque chose, alors ils y arriveraient. Il aurait aimé paraître un peu moins froid, un peu moins détaché en lui livrant le fruit de sa réflexion, mais à en juger par les larmes qui roulaient contre les joues de la jeune femme et à sa lèvre tremblotante, il ne s’était peut-être pas totalement loupé dans sa volonté d’apaiser les choses. Elle avait attrapé le doudou d’un geste qui trahissait sa nervosité, et quelque part peut être aussi du soulagement ; il l’espérait. "Tu... Tu peux pas me dire ça pour faire marche arrière ensuite..." Relevant les yeux vers lui, Leah poursuivait comme paniquée, et lui secouait la tête en retour, attrapant sa main pour la presser contre la sienne et lui assurer sa présence. "... J'ai besoin d'être sûre Stephen. C'est... C'est énorme ce qu'il nous arrive... Et si tu décides que finalement c'est trop pour toi, je crois que je m'en remettrai pas." Sa voix n’était plus qu’un murmure auquel Stephen peinait à réagir. Son cœur se serrait, les mots ne lui venaient pas directement ; il était terrifié, mais bien décidé à tenir le cap, alors soutenant son regard, il répondait d’une voix plus douce : « Je te laisserais jamais filer Leah, et … si ça implique d’être papa, alors je le ferais. Mais moi j’ai besoin que tu me dises ce que tu traverses, qu’on communique. » Parce qu’il était évident que sans toutes ces cachotteries, les choses auraient été un peu moins compliquées, ou du moins, qu’il y aurait eu un peu moins de colère qui en serait ressortie. Déposant le doudou à ses côtés, Leah finissait par amener ses doigts contre son visage pour en détailler les contours, et lui remontait sa main sur la sienne pour l’appuyer contre sa joue d’un geste tendre. "Je t'aime. Ça me consume complètement je..." Elle soupirait, relevant les yeux vers lui comme pour l’affronter ; ce qu’il n’arrivait pas bien à cerner. Certes Stephen s’était mué en une boule de colère, mais ce n’était pas complètement un monstre qui l’aurait laissée élever seule un enfant qu’ils avaient eu ensemble, bien que l’idée ne l’enchante pas encore. "Je flippe complètement Stephen, c'était pas du tout prévu, mais... T'es bien le seul avec qui j'aurais eu envie de fonder une famille..." Oh. Entremêlant ses doigts aux siens, le brun s’autorisait à se pencher pour embrasser ses lèvres ; déjà car il en mourrait d’envie, mais aussi puisqu’il ne savait pas quoi répondre à cela. Qu’il flippait aussi ? Évidemment. Que ce n’était rien de grave ? Pas vraiment. Cette petite fille chamboulait leurs vies avant même sa venue au monde, mais quelque part … l’idée d’être enfin en paix avec lui-même le chatouillait. Ils allaient avoir un bébé, ils allaient former une famille Le brun se faisait la promesse de continuer d’être aussi présent que possible pour Anabel, de tenir ce rôle que Rachel lui avait confié, mais s’il pouvait assumer la paternité d’une fillette, alors il pouvait le faire pour deux. "On va avoir une fille." Leah l’avait attiré à elle, l’embarquant dans l’étroitesse de ce lit d’hôpital dans lequel il s’installait tant bien que mal. Se frayant un chemin entre les câbles qui entravaient son étreinte, Stephen vint se positionner contre elle, enlaçant sa taille pour la tenir avec douceur dans ses bras. « … je vais me faire tuer par chacun de tes frères. J’ai drôlement hâte » plaisantait il –à moitié- en nichant son visage dans le creux de son cou. Il ne faisait pas l’ombre d’un doute que les relations déjà conflictuelles qu’il entretenait avec Logan n’iraient pas en s’arrangeant lorsque ce dernier apprendrait que sa cadette était enceinte, mais qu’importe. Leah, le petit pois et cette famille qu’ils formeraient ensemble passait au-dessus d’une amitié, aussi ancienne et forte soit-elle. "T'es sûr de toi Holloway?" Le visage tourné vers le sien, la brune effleurait ses lèvres comme pour lui demander une dernière fois si tout était réel, si cette décision serait la dernière qu’ils prendraient. « A moi. » soufflait il en retour, laissant glisser la paume de sa main contre son ventre, relevant au passage sa chemise d’hôpital inconfortable pour avoir accès à sa peau nue. « Elle et toi. » il précisait, dans une sorte de réponse tacite. Stephen se gardait bien de partager ses doutes, à la place il se laissait aller, se taisait quelques instants pour profiter de cette bulle de sérénité qui naissait entre eux. Le parfum de Leah l’apaisait, et quelque part ce premier contact avec sa fille aussi. Il l’avait rejetée, s’était fait à l’idée qu’elle ne verrait jamais le jour, mais force était de constater qu’il s’était trompé sur toute la ligne, et que cette petite était aussi tenace que sa maman. « Je sacrifierais mon bureau. J’essaierais de ne pas être un père trop névrosé. » L’avantage étant au moins qu’il s’en rendait compte. « Mais il faut qu’on discute de ton choix de carrière pas franchement compatible avec la maternité. J’ai pas changé d’avis là-dessus. » Le ton était plus assuré, moins chuchoté. Stephen avait besoin de le lui dire, de ne pas laisser ce happy end se profiler ainsi tant que toutes les tensions n’étaient pas éteintes. Il finissait toutefois par embrasser sa tempe pour ajouter : « On fera ça plus tard. Repose to Bau. » parce qu’ils avaient déjà suffisamment bataillé aujourd’hui ; leur prochaine dispute pouvait bien attendre quelques heures.
Chaque mot que Stephen prononçait s'avérait aussi acéré qu'une lame de poignard, et alors que Leah lui demanda de quitter la chambre, la brune ne put s'empêcher de se demander comment ils en étaient arrivé là. Mais par ta faute, idiote. Elle avait beau lui en vouloir, elle savait très bien qu'elle était l'instigatrice de cette situation catastrophique. Lui cacher des éléments aussi essentiels de leur relation n'aurait pas pu avoir d'autres conséquences que celles-ci, car elle l'avait volontairement écarté de décisions importantes; les pompiers, cet enfant... Elle avait agit ainsi, guidée par la peur, trop effrayée que pour pouvoir faire face à tout ça de front. Il lui avait été plus facile d'agir comme s'il ne s'était rien passé, comme si sa vie n'allait pas complètement changer. Profiter de ces moments avec Stephen avant que tout ne vole en éclat, car c'est ce dont elle s'était persuadée, qu'il ne voudrait pas de cet enfant. Qu'il lui en voudrait, d'une manière ou d'une autre. Au final, c'est exactement ce qu'il s'était passé, mais c'était bel et bien elle qui avait précipité la fin de leur couple en agissant de la sorte. Cependant, elle n'aurait jamais pu s'imaginer que ça puisse faire aussi mal. Sa relation avec le kiné avait pris une ampleur considérable, et ce sans même qu'elle ne s'en aperçoive. Des moments heureux, une complicité inégalable et une alchimie incomparable à tout ce qu'elle avait déjà pu vivre... Autant d'éléments qui l'avaient peu à peu rendue folle de lui. Et elle n'en prenait pleinement conscience que maintenant, parce qu'elle était entrain de le perdre. La douleur ressentie depuis le soir de leur rupture était encore bien trop présente, un sentiment d'autant plus exacerbé par le fait que celle-ci n'était pas nette. Ils avaient succombé à une dernière nuit ensemble, s'étaient avoué qu'ils s'aimaient... Et pourtant, la conclusion restait la même. Stephen déménageait en fin de semaine, et elle ne pouvait plus rien y faire. Le silence se serait probablement instauré entre eux si elle n'était pas malencontreusement retombée sur Camden et ainsi envoyée à l'hôpital dans un piteux état pour la seconde fois en un an et demi. La présence du brun à son chevet l'avait à nouveau perturbée plus que de raison, perdue face à la tendresse dont il faisait preuve avant de laisser la froideur prendre à nouveau le dessus. Elle avait beau savoir depuis le temps qu'il s'agissait là d'un mécanisme de défense, ça n'empêchait pas que ses réactions la blessaient. Surtout après cette échographie, un moment qui l'avait plongée dans une espèce de béatitude alors qu'elle entendait les battements du coeur de ce bébé, mais qu'il avait gâché en se mettant en colère et en lui assénant le coup de grâce, arguant que cette grossesse ne changerait strictement rien à leur situation. Leah se sentait au trente-sixième dessous, seule dans ce lit d'hôpital, ses mains posées sur son ventre encore plat.Les larmes coulaient le long de ses joues alors qu'elle réalisait que son envie de garder leur enfant ne ferait que compliquer une situation déjà ô combien foireuse. Mais elle ne pouvait pas aller à l'encontre de ce qu'elle ressentait, pas après tout ce qu'elle venait de traverser. L'idée de devoir gérer ça toute seule l'effrayait, mais elle ne pouvait certainement pas forcer Stephen à accepter une paternité aussi soudaine, elle ne le désirait pas de toute façon. Plutôt mourir que de l'avoir dans sa vie par obligation. L'esprit embué de la jeune femme divaguait, s'endormant entre deux scénarios de son futur proche puis se réveillant en sursaut en repensant aux récents évènements. Elle était épuisée, mais il lui était impossible de trouver le sommeil car elle n'était absolument pas en paix avec elle-même. Ses certitudes était bousculées, tout comme sa vie qui promettait d'être chamboulée plus rapidement que jamais. Un bruit de porte la fit sursauter alors qu'elle fermait les yeux, cherchant vainement à s'endormir en dépit de son cerveau en ébullition. Stephen fit à nouveau son entrée dans la chambre, s'avançant d'un pas décidé vers elle sans qu'elle ne sache quoi dire ou quoi faire, si ce n'est le regarder s'approcher d'elle et lui déballer tout son laïus. Des paroles qui lui allaient droit au coeur, mais qui l'effrayaient tout autant. Si elle s'autorisait à y croire, elle lui laisserait une opportunité de plus pour briser davantage son coeur en miette, ce qui l'achèverait très certainement. Mais ce doudou qu'il avait à la main, ça devait bien vouloir dire quelque chose, pas vrai? Le brun avait l'air sincère, et la jeune femme laissa l'espoir revenir en force. Leur histoire comptait tellement à ses yeux, elle ne pouvait pas s'imaginer vivre sans lui. Au fur et à mesure qu'il parlait, les épaules de la brunette retombaient doucement, enveloppée par une douce chaleur sans doute provoquée par l'adrénaline de cet instant. Il l'aimait, il voulait se lancer là dedans avec elle. N'osant pas totalement y croire, Leah ne put s'empêcher d'évoquer à voix haute les doutes qui la tiraillaient, provoquant un signe négatif de la tête du brun qui s'empara de sa main avec douceur. « Je te laisserais jamais filer Leah, et … si ça implique d’être papa, alors je le ferais. Mais moi j’ai besoin que tu me dises ce que tu traverses, qu’on communique. » La brune baissa les yeux sur leurs mains, sachant exactement ce qu'il sous-entendait par là; à raison. "Je veux pas... Que tu le fasses que pour moi. Je veux pas te forcer la main, que tu restes avec moi simplement parce que je vais mettre au monde notre fille." Murmura-t-elle avec une voix méconnaissable tant la fatigue et l'émotion lui nouaient la gorge. "Mais je te promets que si on se laisse une chance, je ne ferai plus les mêmes erreurs. J'ai déconné sur toute la ligne, j'en suis consciente. Je supporte pas de t'avoir fait souffrir, de... d'être la cause de tout ce bordel." Elle ravala ses larmes tout en continuant à soutenir son regard, laissant finalement ses doigts se promener sur son visage avant de lui avouer être en proie à la panique la plus totale, mais ne vouloir désirer cette famille qu'avec lui. Leur relation n'était comparable à aucune autre, en tout cas de son point de vue à elle. Il la comblait, même si elle lui avait récemment donner l'impression que ça n'était pas le cas. Il était plus que son petit-ami, il représentait le pilier sur lequel elle s'appuyait pour être capable de mettre un pied devant l'autre chaque jour. Sans lui, Leah était totalement perdue. Le brun laissa sa main rejoindre la sienne, l'appuyant contre sa joue avec une lueur de tendresse dans le regard. Leurs lèvres se joignirent, avec douceur et maladresse toute nouvelle, appuyée par cet environnement et son état physique qui ne favorisait pas vraiment les étreintes passionnées. Mais la jeune femme s'en fichait bien, et elle l'attira à lui, faisant abstraction de la douleur qu'elle pouvait ressentir. Se laissant aller dans ses bras, la brunette soupira tout en ressentant un sentiment de bien-être qui ne lui était pas arrivé depuis ce qui semblait être une éternité. « … je vais me faire tuer par chacun de tes frères. J’ai drôlement hâte »Le ton était celui de la plaisanterie, mais Leah n'était pas dupe et elle savait parfaitement qu'il appréhendait sans doute la suite des évènements. Et il n'était pas le seul. "Liam et Lance seront ravis... Il y a juste... Tu sais. Logan. Il faut vraiment que ça s'arrange." Souffla-t-elle avec tristesse, peinée par cette amitié détériorée à cause d'une relation qui la rendait pourtant si heureuse - si on excluait les dernières semaines. Logan était celui dont elle était la plus proche, et en temps normal il aurait été tout indiqué pour devenir le parrain de leur futur enfant. Mais au vu de ce qu'il s'était passé entre eux, elle n'oserait même pas mettre le sujet sur le tapis. Se laissant porter par cette parenthèse salvatrice, Leah commençait à se détendre quelque peu. Effleurant les lèvres du brun, elle lui demanda une dernière fois s'il était sûr de lui... Une question posée sur un ton presque anodin, mais pourtant lourd de gravité. « A moi... Elle et toi. »Pour la première fois, Stephen allait volontairement à la rencontre de ce bébé, déposant sa main sur son ventre avec douceur. La jeune femme frissonna, et de nouvelles larmes coulèrent le long de ses joues. Elle les essuya rapidement dans un petit rire, essayant de cacher à quel point elle était touchée par ce qui était entrain de se passer. "Désolée... Les hormones." Plaisanta-telle à son tour afin d'excuser son visage noyé par les larmes, laissant sa tête retomber doucement contre celle du kiné, observant ce ventre contusionné et encore plat qui ne tarderait pas à prendre un joli bombé. Elle ferma les yeux, un sourire posé sur ses lèvres, profitant de la plénitude apportée par cet instant qu'on aurait pu qualifier de magique. « Je sacrifierais mon bureau. J’essaierais de ne pas être un père trop névrosé. »Si elle n'était pas si fatiguée, Leah aurait probablement été en proie à un fou rire incontrôlé en entendant la fin de cette phrase. Ne pas être un père trop névrosé? Secouée par un début de rire qu'elle s'efforçait de ne pas laisser éclater - car ses côtes la faisaient énormément souffrir - la brunette porta son regard sur lui, un air malicieux sur le visage. "Tu me permettras d'en douter, mais c'est bien d'essayer mon coeur." Lança-t-elle sur un ton taquin, laissant les habitudes reprendre du service avec une facilité déconcertante. "Il est prêt à sacrifier son bureau pour toi, tu n'imagines pas ce que ça veut dire..." Ajouta-t-elle ensuite en direction de son ventre, continuant à se moquer ouvertement de lui avec un plaisir non-dissimulé, transportée par la joie que ce moment lui procurait. Elle releva ensuite la tête vers lui, reprenant un air un peu plus sérieux tout en réalisant ce qu'il venait de dire. "Tu veux dire que... que tu veux que je vienne?" Dans la maison du bonheur. Cet endroit où elle avait réussi à se projeter en quelques secondes à peine, avant de ruiner leur visite en lui balançant les secrets qu'elle gardait pour elle depuis trop longtemps. « Mais il faut qu’on discute de ton choix de carrière pas franchement compatible avec la maternité. J’ai pas changé d’avis là-dessus. »Leah se raidit quelque peu, pas franchement prête à laisser la réalité reprendre ses droits sur ce qui était entrain de se passer. Mais il fallait qu'elle arrête de se leurrer, et qu'elle affronte tout ça. "Tu veux que j'arrête?" Lui demanda-t-elle avec une voix presque autant assurée que la sienne, même si elle craignait sa réponse. S'il n'avait pas changé d'avis sur la question, c'était également son cas à elle. Elle avait déjà passé quelques tests et même si mener cette grossesse à terme ferait reculer le moment où elle pourrait intégrer la caserne, elle ne pourrait se résoudre à abandonner son projet parce qu'il le voulait. Cette idée la terrifiait tout autant, une vision fugace d'elle-même en tant que femme au foyer assignée à résidence lui traversant l'esprit. « On fera ça plus tard. Repose to Bau. » Ajouta-t-il ensuite en déposant un baiser sur sa tempe, mais Leah n'était pas de cet avis. La situation méritait d'être réglée, aussi tôt que possible. "Je suis pas fatiguée." Mentit-elle, jouant avec le doudou rose avec nervosité. Ca ne serait pas la première fois qu'elle irait à l'encontre de ce qu'il voulait pour elle, mais certaines choses ne changeraient sans doute jamais.
Du moment même où Stephen était revenu dans cette chambre, sa décision était prise, et elle était définitive. Il assumerait. Il assumerait ce bébé, cette famille, cette page qui se tournait trop vite. Le brun se promettait d'arrondir les angles, de faire taire ses appréhensions, ses craintes, ses réticences, sa rancœur. Leah avait fait des erreurs, elle lui avait brisé le cœur, avait joué avec ses nerfs, l'avait relégué au second plan ... mais les faits restaient les mêmes. Ils allaient avoir un enfant, et ce n'était pas à lui de prendre la décision de mettre au monde cette petite fille ou non. La jeune femme voulait le garder ... alors ils l'auraient, et lui apprendrait à aimer ce petit pois. Tout ce qu'il espérait, c'était que six mois soient suffisants. "Je veux pas... Que tu le fasses que pour moi. Je veux pas te forcer la main, que tu restes avec moi simplement parce que je vais mettre au monde notre fille." Ses doigts entremêlés aux siens, Leah murmurait presque, dans une voix qu'il ne lui reconnaissait pas. Elle semblait si fragile ainsi. "Mais je te promets que si on se laisse une chance, je ne ferai plus les mêmes erreurs. J'ai déconné sur toute la ligne, j'en suis consciente. Je supporte pas de t'avoir fait souffrir, de... d'être la cause de tout ce bordel." Stephen secouait la tête, faisant taire ses paroles assez rapidement en l'interrompant presque. "Je le fais pas pour toi... je savais même pas ce que je voulais, j'y avais jamais pensé. J'aurais jamais supporté de te perdre toi aussi aujourd'hui. Alors ... on l'aura ce bébé. Et je suis désolé Leah, je suis tellement désolé de t'avoir ... fait subir tout ça moi aussi." soufflait il avec tristesse, se penchant pour retrouver ses lèvres et effacer ces semaines de douleur qu'ils s'étaient infligés l'un l'autre. Finalement, la brune l'attirait complètement à elle, laissant tant bien que mal Stephen se frayer un chemin entre la perfusion à laquelle elle était reliée pour se nicher contre elle et oser -enfin- tenter un contact avec ce bébé pour la première fois de son existence. "Liam et Lance seront ravis... Il y a juste... Tu sais. Logan. Il faut vraiment que ça s'arrange." Le fait qu'il ait calé sa respiration à la sienne, qu'il se soit laissé envelopper dans cette bulle de complicité qui les reliait permettait à Stephen de ne pas trop s'en faire quant à cette complication supplémentaire qu'engendrait cette petite fille qu'ils s'apprêtaient à avoir. Logan le tuerait sûrement pour ce qu'il jugeait être une trahison, mais qu'importe. Comme il l'avait déjà souligné lors de leur séjour en Tasmanie et un peu plus tard lors de l'officialisation de leur couple, l'avis du cadet Baumann importait peu. "Tu m'en voudrais si ça ne s'arrangeait jamais ?" demandait il en déposant un baiser dans le creux de son cou, laissant dériver ses lèvres contre les siennes à nouveau lorsque la jeune femme lui demandait une dernière fois s'il était certain de cette décision qu'ils prenaient. Evidemment que oui. Son pouce dessinait des cercles imaginaires contre la peau de son ventre, d'une tendresse nouvelle que le brun apprivoisait encore. Il la sentait essuyer quelques larmes contre son torse, s'excusant d'un : "Désolée... Les hormones." qu'il relevait à peine d'un sourire, préférant poursuivre par des projets qui pouvaient reprendre désormais. Si le sacrifice du bureau était purement hypothétique, il n'en demeurait pas moins qu'il faudrait trouver une place à cette petite dans cette nouvelle maison. "Tu me permettras d'en douter, mais c'est bien d'essayer mon cœur." Et quoi ? Était il si envisageable qu'il puisse renoncer à l'acquisition d'une pièce pour y entreposer tout son matériel et ses dossiers. ".. t'as sans doute raison, peut être que je préfère quand des balles en mousse et des bouquins se baladent dans notre lit." qu'il rétorquait sur le même ton taquin qu'elle avait utilisé. "Il est prêt à sacrifier son bureau pour toi, tu n'imagines pas ce que ça veut dire..." Leah s'adressait cette fois au petit pois, mais si ce fait aurait dû être touchant, Stephen ne s'avouait pas vaincu si facilement. "... ça signifie que maman ne râlera plus lorsque je transformerais notre chambre en extension du cabinet." Cabinet qui se muerait certainement en nursery, la boucle était bouclée. Apaisé par ce moment de flottement qui tranchait avec ces dernières heures d'angoisse, Stephen se laissait aller encore un peu, pourtant interrompu par une Leah qui remontait les yeux vers elle avec sérieux. "Tu veux dire que... que tu veux que je vienne?" Evidemment. Stephen fronçait les sourcils, secouant la tête avant de déposer un baiser sur sa tempe. "Oui. On tourne la page ensemble." et quand bien même, il lui était inconcevable d'imaginer que la mère de ce bébé qu'il acceptait finalement d'avoir ne vive dans un logement différent du sien. Cette rupture était une erreur que Stephen reconnaissait volontiers, un gigantesque imbroglio qu'ils démêlaient aujourd'hui. Il était grand temps qu'ils se disent les choses, qu'ils communiquent, et aux yeux du brun, parler de cette vocation que la jeune femme désirait embrasser lui semblait être un bon début pour mettre les choses à plat. Autant parler de ce qui était le plus compliqué tout de suite, bien qu'il ne se rétracte tout de suite après ; Leah devait être usée après ce début de journée bien trop riche en émotions. "Tu veux que j'arrête ? Je suis pas fatiguée." Sa voix avait beau être assurée, la brune triturait ce pauvre doudou avec une nervosité qui ne laissait pas planer le moindre doute quant à son mensonge, alors Stephen tachait d'être concis ... et direct. "Oui. Je veux que tu laisses tomber cette idée. Que t'élèves notre fille à temps plein et qu'on reste comme on est là maintenant. J'étais heureux. On était bien." Ou du moins lui l'était. Il était évident que si Leah lui avait dit attendre leur fille sans lui avoir balancé sans préavis qu'elle souhaitait s'engager chez les pompiers, les choses auraient été moins compliquées, mais Stephen avait compris assez rapidement que Leah ne se laisserait jamais dicter sa conduite ... alors s'il voulait la garder auprès de lui, les garder toutes les deux, il devrait ravaler sa fierté. "... mais c'est pas ce que toi tu veux. Et j'ai pas mon mot à dire la dessus. Tout ce que je te demande, c'est de ne pas la mettre en danger. Reporte ta formation si t'es prise, et ... arrange toi pour être là pour elle au début. T'es sa mère, c'est ta voix qui l'apaisera ... et moi j'aurais besoin de toi aussi." Pour le rassurer, pour l'apaiser. Avoir leur fille le terrifiait.
Leah n’osait pas y croire à ce revirement de situation. Sur quelques semaines, ils avaient vécu plus d’épreuves que d’autres couples auraient pu vivre en plusieurs années. Mais la fin précipitée de leur relation ne lui avait jamais paru comme une évidence, pas alors qu’ils s’aimaient autant qu’ils le prétendaient ; c’était impossible. La brune savait parfaitement que les réactions de Stephen n’étaient qu’une conséquence directe des décisions impulsives qu’elle avait prises au cours de ces derniers mois, lui cachant sciemment des informations qui le regardaient tout autant qu’elle. Réalisant peu à peu que les choses étaient vraisemblablement entrain de s’arranger, la jeune femme ne put s’empêcher de vérifier qu’il n’agissait pas ainsi uniquement pour elle, parce qu’elle désirait garder ce bébé. Elle avait l’impression de lui forcer la main, et ce revirement de comportement avait beau la faire bondir de joie, elle ne voulait pas qu’il regrette dans quelques mois pour la planter là. La désillusion serait bien forte pour qu’elle espère s’en remettre. Elle l’observait, aussi peu sûre d’elle qu’elle ne l’avait jamais été, exposée ainsi à toute la souffrance qu’il pouvait lui apporter s’il décidait de la laisser un jour. "Je le fais pas pour toi... je savais même pas ce que je voulais, j'y avais jamais pensé. J'aurais jamais supporté de te perdre toi aussi aujourd'hui. Alors ... on l'aura ce bébé. Et je suis désolé Leah, je suis tellement désolé de t'avoir ... fait subir tout ça moi aussi." Secouant la tête, il lui expliquait avec conviction que c’était réellement ce qu’il désirait, qu’ils aient ce bébé. Ce qui était arrivé avec Camden avait tout chamboulé, et Leah aurait presque pu le remercier si seulement il n’avait pas tenté une énième fois de la tuer. Elle avait fait une belle frayeur au brun, et sans doute réalisait-il lui aussi qu’ils pouvaient perdre tout ce qu’ils avaient en un claquement de doigt, car c’était bel et bien ce qui avait failli se passer aujourd’hui, si cet homme n’était pas intervenu en rameutant les passants de la rue. Stephen s’excusait à son tour, de lui avoir fait de la peine en préférant s’éloigner d’elle plutôt que d’affronter la vie qu’elle avait voulu leur imposer sans lui demander son avis. Il était sincère et elle ressentait la tristesse dans sa voix, se doutant qu’il avait dû aussi mal le vivre qu’elle au final. Il se pencha sur elle pour attraper ses lèvres, scellant ainsi le début d’un renouveau après la tempête qui s’était violemment abattue sur eux. En oubliant presque les multiples blessures qui parcouraient son corps contusionné, la brunette l’attira davantage à elle afin de prolonger cette étreinte, faisant en sorte qu’il puisse se positionner contre elle. Posant sa tête contre la sienne, elle observa avec émotion la main du brun se déposer sur son ventre. Elle n’en était pas encore au stade où elle pouvait sentir des coups, mais la symbolique du geste la remplissait de joie. « Ne t’excuse pas, c’est ma faute. Tu t’es senti mis au pied du mur, j’aurais jamais dû agir comme ça. Mais tu n’imagines pas comme je suis contente que tu décides de te lancer là-dedans avec moi. » Souffla-t-elle à son tour, comme si cet instant ne permettait pas de discuter à voix haute. Tout en laissant ses doigts se promener sur elle, le brun lançait avec un humour feint qu’il n’allait pas tarder à avoir le reste de la fratrie Baumann sur le dos, déclenchant un semblant de sourire sur les lèvres de Leah. Ses deux grands frères seraient ravis pour elle, mais avec Logan, c’était une autre histoire. Il n’avait toujours pas digéré le fait qu’ils forment un couple, alors comment allait-il réagir en apprenant sa grossesse ? "Tu m'en voudrais si ça ne s'arrangeait jamais ?" Lui demanda le brun, déposant avec douceur un baiser dans son cou, déclenchant une vague de frissons chez la brunette. « Je t’en voudrai seulement si tu n’essayes pas. » Répondit-elle avec honnêteté, ne pouvant pas se résoudre à l’idée que ces deux meilleurs amis ne parviennent jamais à se reparler, à mettre les choses à plat. Peut-être qu’une tentative de dialogue permettrait de désamorcer cette situation explosive, et c’est tout ce qu’elle demandait à Stephen. Si Logan se la jouait bornée, alors elle ne pourrait pas le reprocher au kiné. Evidemment, elle prévoyait de travailler son frère pour qu’il fasse un effort, il pourrait difficilement lui refuser. L’intensité du moment qu’ils partageaient dans ce lit d’hôpital la prenait littéralement aux tripes, déclenchant une nouvelle salve de larmes qu’elle expliqua avec humour en prétendant que c’était la faute des hormones. La tendresse et la douceur avaient prit le pas sur la colère et la rancœur, et Leah ne pouvait qu’apprécier ce changement. Le sujet dériva joyeusement vers la chambre du bébé, se demandant quelle pièce en viendrait à être sacrifiée pour que leur fille ne termine pas dans un placard sous l’escalier. Lorsque le brun proposa ce qui devait lui faire office de bureau, la jeune femme ne put s’empêcher de le taquiner à ce sujet. ".. t'as sans doute raison, peut être que je préfère quand des balles en mousse et des bouquins se baladent dans notre lit." Hum. Levant les yeux au ciel, Leah préféra ne pas répondre, optant pour un léger pincement afin de lui montrer son mécontentement. Et alors qu’elle parlait ouvertement au petit pois pour se moquer de son père, Stephen décida d’utiliser la même technique afin de lui rendre la pareille. "... ça signifie que maman ne râlera plus lorsque je transformerais notre chambre en extension du cabinet." Plutôt que de réagir sur cette fameuse extension – sujet qui ne tarderait sans doute pas à redevenir d’actualité – la brune se mordit la lèvre en l’entendant prononcer le mot « maman ». Levant les yeux vers lui, elle lui adressa un sourire qui prouvait à quel point elle se sentait finalement en paix avec cette décision, même si celle-ci l’effrayait au plus haut point. « C’est la première fois que j’entends ce mot s’appliquer à moi » Lança-t-elle en reposant sa main sur son ventre à son tour. Elle allait avoir une fille. Elle avait beau se répéter cette phrase, encore et encore, l’information avait bien du mal à s’ancrer dans son esprit tant celle-ci était surprenante. Alors qu’ils discutaient de la maison du bonheur, Leah ne put s’empêcher de lui demander s’il voulait vraiment qu’elle emménage avec lui, en dépit de ce qu’il s’était passé. Peut-être aurait-il voulu reprendre les choses calmement, elle l’aurait compris."Oui. On tourne la page ensemble." A nouveau, ces quelques mots serrèrent le cœur de la brunette, qui arrivait à peine à concevoir que tout ça était derrière eux. Les disputes, les reproches… Ils prenaient un nouveau départ, ensemble. La communication se devait d’être mise en avant, et alors que Stephen amorçait le sujet des pompiers, la jeune femme décida qu’il fallait qu’ils en parlent maintenant. Autant crever l’abcès, afin que leurs cœurs soient plus légers. Il lui avouait ne pas avoir changé d’avis sur la question, ce sur quoi Leah rebondit en lui demandant s’il attendait d’elle qu’elle arrête toutes ses démarches. Elle laissait la porte ouverte à un « oui » qu’elle ne voulait pas entendre, et qu’elle attendait avec une nervosité apparente. S’il lui demandait de mettre entre parenthèse ses projets, est-ce qu’elle y arriverait ? Pour lui, le bébé ? Mettre toutes ses envies entre parenthèses, apprendre à se sacrifier… N’était-ce pas la première chose qu’elle devrait faire en devenant maman ? Son esprit fonctionnait à plein régime alors qu’elle attendait une réaction de la part de Stephen et son cœur manqua de s’arrêter lorsqu’il reprit la parole "Oui. Je veux que tu laisses tomber cette idée. Que t'élèves notre fille à temps plein et qu'on reste comme on est là maintenant. J'étais heureux. On était bien." Leah reprit difficilement sa respiration, déglutissant tout en cherchant quoi répondre à ça. Stephen ne lui avait jamais caché qu’il préférait de loin une femme qui reste tranquillement à s’occuper de leur foyer, quitte à ce qu’il soit le seul à travailler. Malheureusement, cette façon de vivre était aux antipodes du tempérament indépendant de la brunette, et elle ne pourrait jamais rien changer à ça. "... mais c'est pas ce que toi tu veux. Et j'ai pas mon mot à dire la dessus. Tout ce que je te demande, c'est de ne pas la mettre en danger. Reporte ta formation si t'es prise, et ... arrange toi pour être là pour elle au début. T'es sa mère, c'est ta voix qui l'apaisera ... et moi j'aurais besoin de toi aussi." Le soulagement pouvait se lire sur les traits tirés de la jeune femme, à mesure que le discours du brun s’alignait davantage avec ce qu’elle avait elle-même prévu de faire. Elle hocha doucement la tête en se laissant aller contre lui. « Je ferai jamais rien qui puisse la mettre en danger… Jusqu’à la fin de la grossesse, plus de sport ou d’entraînements chez les pompiers, je te le promets. » Murmura-t-elle avec sincérité dans la voix, histoire qu’il comprenne que ce bébé était devenu sa priorité absolue. « Et je ferai en sorte d’être là, quitte à reporter mon entrée dans la caserne, je me débrouillerai. Je veux être là. » Ajouta-t-elle dans un petit sourire en direction de son ventre, bien décidée à faire partir intégrante de sa vie, même si elle travaillait. Elle ferait ce qu’il faut. « T’as déjà une longueur d’avance sur moi Holloway. » Ajouta-t-elle avec douceur, allégeant un peu l’atmosphère alors qu’elle amenait sa paternité déjà existante avec Anabel. Et puis, avec son boulot, il avait l’habitude d’être entouré de bébés, ce qui était loin d’être son cas à elle.
Stephen prenait sur lui pour puiser dans ce qu'il lui restait de ressources pour avancer, pour assumer avec conviction qu'il était prêt, car dans les faits il était terrifié. Ces deux dernières semaines avaient été un enfer, et si aujourd'hui tout semblait s'être apaisé, en réalité c'était une montagne de doutes qui l'assaillait. Le brun était heureux d'avoir retrouvé Leah, de s'être laissé une chance ... et de former cette famille ensemble. Il était honnête en lui disant qu'il n'aurait pas supporté la perdre, qu'il ne savait toujours pas comment gérer cette grossesse, mais sa présence ne serait plus remise en question. Ils auraient cet enfant tous les deux, et s’accommoderaient pour le quotidien. C'était trop tôt, trop rapide, trop intense, mais ces barrières semblaient maintenant dérisoires face à la volonté de vivre de leur petite fille. « Ne t’excuse pas, c’est ma faute. Tu t’es senti mis au pied du mur, j’aurais jamais dû agir comme ça. Mais tu n’imagines pas comme je suis contente que tu décides de te lancer là-dedans avec moi. » Il se laissait aller contre elle, l’entourant de ses bras, osant un contact avec leur petite en laissant ses doigts se placer sous son nombril avec douceur. Peau contre peau, Stephen profitait de cette accalmie pour faire connaissance, bien que ce bébé ne devait pas être plus gros qu'un kiwi. Pendant quelques secondes il se repassait les paroles de la brune. Au pied du mur. Sa position n'avait pas changé, à ceci près qu'en ce qui était question de sa paternité son avis avait rigoureusement changé, mais Leah avait décidé de tout. Quelque part, Stephen se disait que s'il n'était pas resté et qu'elle avait mis leur fille au monde -outre le fait qu'il n'aurait jamais su vivre avec ce fait sur la conscience- il se serait mis l'intégralité de la famille Baumann (la sienne également) sur le dos. Son amitié avec Logan avait beau être déjà brisée, le brun n'arrivait pourtant pas à faire une croix dessus. Il était persuadé que les choses s'arrangeraient un jour ... mais plus les semaines avançaient, et moins cette affirmation était tangible. Logan le tuerait en apprenant qu'il avait mis sa cadette enceinte ; et c'était une supposition à peine exagérée. « Je t’en voudrai seulement si tu n’essayes pas. » D'accord. Encore une complication. Stephen préférait ne pas relever la demande de Leah, se disant qu'ils avaient déjà bien assez à gérer maintenant sans se soucier des à côtés. Ils profitaient d'une parenthèse, d'un moment de tendresse où l'un et l'autre se retrouvait, pensait à l'avenir, un avenir en famille dans cette nouvelle maison qui saurait les abriter tous les quatre ; le renouveau tant espéré. Stephen ne savait pas encore où ils réussiraient à placer la chambre de leur fille, et quand bien même il se disait qu'un petit espace lui conviendrait -elle n'aurait pas autant de jouets qu'Anabel avant de longues années- il n'arrivait pas à se résoudre à quitter son projet de bureau. Concédant toutefois à migrer une partie de ses affaires vers la chambre -ce qu'il ferait de toute façon, Stephen ne s'endormait jamais sans avoir lu une bonne dizaine de revues de kiné.- il usait pour la première fois d'un terme que la brunette n'avait jamais entendu. Maman. « C’est la première fois que j’entends ce mot s’appliquer à moi » Il la sentait poser sa main sur son ventre elle aussi, comme si à son tour elle prenait la mesure de toute cette expérience qu'ils s'apprêtaient à vivre ensemble. Être parents était une véritable épreuve, mais après ce qu'ils avaient vécu aujourd'hui, Stephen la voyait davantage comme une seconde chance que leur offrait le destin. Ils allaient enfin être heureux. La rassurant quant au fait qu'il désirait qu'ils vivent ensemble, Stephen rebondissait ensuite sur les mises au point qui lui semblaient être indispensables à faire avant de s'embarquer là dedans corps et âmes. Si le sujet du bébé s'était démêlé de la plus belle des façons, il n'en valait pas de même pour celui des pompiers. Stephen n'avait jamais caché à Leah qu'il aurait préféré qu'elle reste à la maison, qu'il s'en foutait bien de partager son salaire. Il comprenait que ce ne soit pas ce dont elle avait besoin, qu'elle avait davantage besoin de se rendre utile et quelque part, le brun aurait pu comprendre son choix de carrière si elle lui en avait fait part, mais ce n'était pas le cas, et malgré tout ce qu'ils avaient vécu ça ne l'était toujours pas. Leah ne rebondissait pas sur ses paroles d'avant "Je veux que tu laisses tomber", au lieu de quoi elle éludait son ressenti, et ça lui faisait mal de se voir ainsi relégué au second plan. Ils auraient pu en discuter. Ils auraient du le faire. « Je ferai jamais rien qui puisse la mettre en danger… Jusqu’à la fin de la grossesse, plus de sport ou d’entraînements chez les pompiers, je te le promets. » Au moins elle ne forcerait pas tant qu'elle portait leur fille. Il semblait évident à Stephen que la jeune femme ne remettrait pas un pied dans une salle de sport avant que leur bébé ne voit le jour, et sur ce point la future maman était de son avis elle aussi. « Et je ferai en sorte d’être là, quitte à reporter mon entrée dans la caserne, je me débrouillerai. Je veux être là. » Il hochait la tête. "Au moins elle et toi seraient satisfaite de la situation." qu'il soufflait dans un demi sourire -sans joie- tentant de lui faire comprendre qu'il était là lui aussi. Lui et ses sentiments. Si Stephen ne s'interposerait pas dans la volonté qu'avait Leah de faire carrière chez les pompiers, et qu'il avait choisi d'assumer sa paternité en reformant un couple, il ne s'en sentait pas moins blessé d'avoir été mis à l'écart, et de l'être encore quelque part. Il aurait au moins aimé qu'ils aient une vraie discussion à ce sujet tous les deux, qu'il ne soit pas placé devant le fait accompli, car lui ne l'aurait jamais fait. « T’as déjà une longueur d’avance sur moi Holloway. » Leah semblait avoir amené un peu plus de légèreté dans cette conversation, mais après ces quelques mots Stephen ne savait plus exactement quoi penser. "Quand je l'ai eue elle avait deux ans. Je sais pas ce que c'est d'avoir un nourrisson à temps plein si ça peut te rassurer." qu'il soufflait en embrassant sa tempe. "Tu devrais vraiment dormir." et lui avait vraiment besoin de se reposer aussi. Ses nerfs avaient été mis à rude épreuve, et c'était encore toute une situation qu'il fallait qu'il intègre. Stephen s'était levé ce matin le cœur lourd de regrets après une nuit à se raccrocher tant bien que mal à ses plus profondes convictions, et quelques heures plus tard c'était toute sa vie qui avait changé. Ils allaient avoir une petite fille, former une famille.