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 What could have been ≈ Isaac

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Message(#) Sujet: What could have been ≈ Isaac What could have been ≈ Isaac EmptyMar 13 Aoû 2019 - 11:28



What could have been
Quinn Callahan & Isaac Jensen

20:00. Cela fait maintenant deux bonnes heures que je patiente dans la salle commune des urgences, debout contre le mur. Les places assises sont toutes prises par des gens plus blessés que moi. La jeune infirmière de l’accueil est débordée par les arrivées et les nombreux appels. Je l’observe jongler d’une main de maître entre toutes ses tâches, impressionnée. Malgré ses traits qui laissent à penser qu’elle vient juste d’obtenir son diplôme, elle gère la situation avec brio. Lorsque je suis arrivée, elle m’a donné de quoi appuyer sur ma blessure et depuis, j’attends mon tour en silence, en essayant de ne pas prêter attention à la douleur qui me vrille l’arcade. Mon portable vibre dans la poche de mon jean, me sortant de mes pensées : c’est Alex qui répond à mon message. Je savais que cela risquait de prendre du temps pour recevoir des soins, alors je lui ai demandé de passer à la maison pour sortir Alpha et Orca. Soulagée par son retour positif, je l’en remercie par un nouveau SMS et me dis que j’ai de la chance de pouvoir compter sur un voisin et ami comme Alex.

Finalement, la douleur s’estompe un peu. Devant moi, les sièges se libèrent au gré des minutes qui passent et même si la pièce se remplit régulièrement de patients, j’ai la sensation que je vais bientôt être appelée : contrairement à ce que j’ai pu constater en arrivant, mes compagnons d’infortune actuels ne semblent pas être proches de l’urgence vitale. Derrière sa réception, la jolie brune s’affaire toujours. Parfois, elle est coupée dans son travail par un râleur pressé qui lui demande quand il pourra voir un médecin. Elle explique alors patiemment et sans perdre une once de son sourire chaleureux qu’ici, la prise en charge n’est pas une question d’ordre d’arrivée mais de gravité de la blessure. Et je ne peux m’empêcher de l’admirer encore plus car à sa place, je ne me serais certainement pas montrée aussi mesurée face à une telle bêtise.

« Madame Callahan ? Veuillez me suivre s’il vous plaît. » Je lui emboîte le pas et me retrouve dans l’une des petites salles de consultation. Elle me demande de m’asseoir, vérifie rapidement l’état de ma blessure et m’informe qu’on viendra très bientôt me recoudre. Je la remercie puis l’observe disparaître derrière la porte. Cette dernière se rouvre presque dans la foulée et un visage familier apparaît. Muni de sa blouse blanche réglementaire, tenant un papier que vient certainement de lui remettre sa charmante collègue, Isaac plonge son regard dans le mien avant de le décaler un peu plus haut. J’esquisse une grimace presque contrite alors qu’il observe mon arcade éclatée. Et maintenant que je me retrouve enfin en compagnie d’un ami, je sens mes émotions remonter. Ma gorge se noue. J’essaie de lutter contre cette menace en plaisantant et, un rictus amusé aux lèvres, sors à Isaac en guise de salutations : « J’avoue, tu me manquais trop, alors il a fallu que j’improvise. Comment tu la trouves, mon excuse pour venir te voir ? Pas mal, hein ? » J’ai à peine prononcé ces mots que tout espoir me quitte déjà. Isaac me connaît tellement bien. Il n’aura aucun mal à lire entre les lignes.

@Isaac Jensen
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Isaac Jensen
Isaac Jensen
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ÂGE : 38 ans (13.05.85)
SURNOM : Isy
STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur
MÉTIER : Infirmier au service des urgences, vice-président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023)
LOGEMENT : Sa maison, située au #17 toowong, est devenue leur foyer en octobre 2021, duquel irradient épanouissement, plénitude et bienveillance
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TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant
PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnostic
CODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue
RPs EN COURS : (13) deborah (ua)juliana #2


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grisy
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AVATAR : Julian Morris
CRÉDITS : eternal-lust (ava), solosands (sign), loonywaltz (ub), la confiserie (illustration personnalisée), am (tinder), harley (gifs), Drink Positive (gif maddy/isy), may0osh (gif olivia), wcrldofresources (gif matilda), truelove (gif grisy)
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Message(#) Sujet: Re: What could have been ≈ Isaac What could have been ≈ Isaac EmptyJeu 5 Sep 2019 - 5:17



J'étais positionné au service des urgences plutôt qu'au sein de l'équipe mobile pour la garde de ce soir. En effet, des arrêts infortunés avaient placé le service en sous-effectif et le cadre de santé avait dû jongler avec les plannings de manière à assurer la prise en charge des patients et des accidentés extérieurs le plus judicieusement possible, nous prévenant que nous devrions nous serrer les coudes et nous tenir prêts à changer de station selon où surviendraient multiples urgences vitales. Laura, la nouvelle recrue, avait été désignée à la borne d'accueil pour soutenir l'agent de régulation médical initialement surchargé par le flux exponentiel de souffrants. A ce rythme, les sièges disponibles viendraient à manquer et les boxes peinaient à se libérer. Je déplaçais le brancard d'un malade stable près de l’ascenseur qui attendait qu'une place se libère en service de médecine et récupérais le dossier d'un patient qu'une collègue me tendait. Mes yeux parcouraient en premier lieu le nom y figurant et mes sourcils se froncèrent. Qu'était-il arrivé à Quinn ? Fortement inquiet, je prenais rapidement connaissance des motifs de son passage aux urgences et entrais dans le box où elle avait été installée après avoir toqué.

« J’avoue, tu me manquais trop, alors il a fallu que j’improvise. Comment tu la trouves, mon excuse pour venir te voir ? Pas mal, hein ? » Malgré son rictus amusé, je sentais au ton et percevais au regard de la jeune femme qu'elle luttait contre une vague d'émotions. Je m'approchais doucement de la trentenaire et, compatissant, lui répliquais, muni de facétie : « J'admire l'investissement. Je me sens super important, maintenant. Merci de regonfler mon égo de la sorte. » Je posais affectueusement ma main sur son épaule avant de jeter un coup d’œil à son arcade. La blessure ne me semblait pas si désastreuse que ce que Laura m'avait décrit. « Qui a été ton complice pour ta mission "je viens voir Isy" ? Il a pris l'ouvrage bien à cœur. » A moins qu'elle soit tombée, mais vu la forme de la plaie, j'aurais tendance à évincer cette éventualité. Je me lavais soigneusement les mains et préparais le nécessaire pour désinfecter, nettoyer et refermer convenablement la plaie. J'attirais un tabouret à roulettes près de Quinn et ma compresse en main, j'expliquais : « J'vais nettoyer ta plaie doucement pour commencer, question de te refaire une beauté. T'es prête ? » Je conservais le même ton léger et plaisantin, espérant ainsi rassurer et réconforter Quinn que je sentais émotive. Je ne souhaitais pas l'inciter à entrer dans les détails d'une confidence si elle n'y était pas encline, mais j’œuvrais autant que possible pour qu'elle aille mieux physiquement et psychologiquement.



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Message(#) Sujet: Re: What could have been ≈ Isaac What could have been ≈ Isaac EmptyLun 16 Sep 2019 - 13:04


Je ne sais pas vraiment comment j’en suis arrivée à cacher mes émotions derrière un certain humour, pour que personne ne m’en parle. Mais en réfléchissant bien, il y a de fortes chances pour que ce mécanisme de défense soit dû à mon enlèvement. Je n’étais qu’une enfant à cette époque, mais je me souviens de ces instants où je me trouvais littéralement vidée de mon énergie, à force de trop subir les questions, les regards et les mots empreints d’inquiétude ou pire : de pitié. J’ai mal vécu cette situation et en grandissant, j’ai certainement décidé à un moment ou un autre de trouver une parade, pour ne plus jamais la revivre, quelles que soient les circonstances.

Voilà pourquoi je me retrouve dans cette pièce aux couleurs froides, à sourire à Isaac malgré mon arcade douloureuse et le sang qui macule mon visage, mon cou et en partie mon pull beige acheté une semaine plus tôt. Mes yeux pétillent de malice, en contraste total avec la terreur que je ressens à l’intérieur de moi. Celle qui me serre le ventre et noue ma gorge avec une force indescriptible. Mais Isaac m’aide avec ses mots, qu’il prononce sur le même ton espiègle, et mes lèvres s’étirent davantage. Je comprends rapidement que cela ne durera pas et en effet : le héros du quotidien en blouse blanche qui m’observe de son œil entraîné me demande bientôt qui a été le complice de mon opération. Si tu savais…

Je déglutis et tente de ravaler les larmes que je sens remonter un peu trop vite à mon goût. « Un arbre. Le long de Hawthorne Street. » Je réalise que ma réponse a été plus laconique que je l’imaginais. Si je ne me rattrape pas tout de suite, Isaac va repérer la petite anguille bien planquée sous sa roche et ne laissera pas l’occasion filer. « Je lui transmettrai. » J’ajoute alors en arborant un nouveau sourire amusé. Il semble plutôt satisfait de cette réponse puisqu’il passe aux soins. Tout en préparant son matériel, il m’explique qu’il va nettoyer la plaie et me demande si je suis prête. Je n’ai pas pour habitude d’être douillette, alors même si j’ai conscience que ce sera sans doute un peu douloureux, je hoche la tête d’un air assuré. « Oui, vas-y. J’ai confiance en tes mains expertes. » Il lève les yeux pour me regarder : l’expression de son visage me donne sincèrement envie de rire et je ne m’en cache pas. Heureusement, lui et moi sommes bien assez clairs sur notre amitié aujourd’hui, et il sait forcément qu’il s’agit d’une autre tentative de détendre l’atmosphère plutôt que de lui faire du rentre-dedans. Car cela fait bien longtemps que nous n’en sommes plus là lui et moi.

J’essaie de retrouver mon sérieux mais garde un ton taquin. « Tiens, ça me fait penser, justement… Comment va Ginny ? Toujours l’amour fou ? » Isaac et moi ne nous voyons pas très souvent mais il y a quelques temps, il m’a parlé de la femme dont il est tombé amoureux. Et si j’ai bien suivi : « Vous allez bientôt fêter vos un an, non ? » Mais penser à Ginny m’amène automatiquement à la raison pour laquelle Isaac et elle se sont rencontrés. « Comment va son fils ? Noah je crois ? » Je ne les connais ni l’un ni l’autre, et pour être franche, je ne sais même pas quelle maladie touche le petit garçon. Isaac n’est pas rentré dans les détails. Je sais simplement que c’est assez grave pour qu’il se rende régulièrement à l’hôpital. Mes questions ne sont pas de la curiosité mal placée : Isaac est devenu un ami auquel je tiens beaucoup et désormais, son propre bonheur est lié à celui de Noah et de sa mère. Je veux juste m’assurer que sa vie est au beau fixe, parce qu’il le mérite et que je ne lui souhaite rien d’autre.

Et puis, dans un coin de ma tête, je ne peux m’empêcher de me dire que tant que l’on parle d’Isaac, il y a moins de chances que je craque au beau milieu de cette fichue salle d’auscultation.

@Isaac Jensen
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Message(#) Sujet: Re: What could have been ≈ Isaac What could have been ≈ Isaac EmptyDim 13 Oct 2019 - 19:38



Je connais assez bien Quinn pour me douter qu'elle ne me confie pas tous les détails des malencontreux motifs l'ayant menée jusqu'à mon lieu de travail. Un soupçon d'inquiétude apparaît dans mon regard, bien que je m'exécute tendrement à soigner mon amie. Les scénarii ne cessent de se dessiner dans mon regard, j'ai peu de foi en la présence d'un arbre si victimisé sur Hawthorne Street, néanmoins, je persévère à communiquer avec l'océanographe sur un ton léger, taquin, question d'amoindrir la tension palpable qui crispe ses traits dans une expression féroce en charge émotionnelle. Je me promets de poursuivre mon investigation plus tard, lorsque la poussière des derniers malheurs sera davantage retombée. Une fois que la Callahan m'ait donné son accord pour approcher son minois, je m'applique à nettoyer puis désinfecter la plaie et en analyser la profondeur.

Je reposais un coton souillé pour en prendre un second lorsque la blonde évoqua Ginny. « Tiens, ça me fait penser, justement… Comment va Ginny ? Toujours l’amour fou ? » Je sentis mon cœur battre un peu plus fort contre ma poitrine, de quoi me faire sentir comme un adolescent complètement pâmé lorsqu'on lui parle de la fille de laquelle il est amoureux. Je me pince doucement les lèvres après avoir laissé filer un prompt rire nerveux. La McGrath n'appartenait aucunement à ma liste des sujets tabou, je n'en avais aucunement honte et j'étais extrêmement fier que nous partagions de longues portions de notre quotidien. J'étais totalement comblé que nous entretenions cette relation et souvent -  plus que de raison -, je me demandais ce que j'avais pu faire pour mériter une telle femme dans ma vie. Spontanément, le sentiment de ne pas être à la hauteur de l'artiste m'étreignait sans merci ; mais une multitude de pensées négatives issues de la dépression que je souffrais occupait sans cesse mon esprit, de sorte que j'avais appris à ne pas totalement les prendre en compte - ou en tout cas, ne pas agir selon celles-ci. Ainsi, même si mon esprit demeurait torturé, je m'autorisais - quand je ne m'efforçais pas - à être heureux auprès de la vingtenaire. « Vous allez bientôt fêter vos un an, non ? » Tant que ça m'étonne encore, que notre dernier baiser remonte à plus de trois cents jours. « Oui, le mois prochain. C'est dingue, hein. » D'un geste précis et rapide, j'effaçais le sang qui avait coulé sur la joue et dans le cou de Quinn. « J'ai l'air follement amoureux ? » J'interroge, sourire moqueur mais regard tout de même intrigué.
Ma relation avec Quinn s'était développée intensément lorsque j'étais ironiquement au plus bas. Ma rupture avec mon ex-fiancée avait été officielle à ce moment-là et je ne percevais absolument aucune issue vers un nouveau bien-être sans la présence de Chloe dans ma vie. Je m'étais mis à boire à outrance et le courant passait si bien avec la Callahan que nous avions couché ensemble à quelques reprises. Je ne regrettais aucunement ces nuits déroulées avec la trentenaire, mais l'état dans lequel Quinn m'avait rencontré prouvait à quel point un chagrin d'amour était dévastateur pour moi. Si j'étais follement amoureux de Ginny et elle venait à me quitter, je redoutais en sortir indemne, et ce n'est qu'aujourd'hui que je réalisais la teneur de cette éventualité. « Tu me supporterais à nouveau, si je devenais comme j'étais quand on s'est rencontré ? » Je questionnais ainsi, sur un ton qui se voulait neutre voire plaisantin. Mes craintes étaient réelles, toutefois, je me concentrais beaucoup trop sur l'état de Quinn pour donner un quelconque feu vert à mes propres angoisses.

J'appliquais de l'anesthésiant au niveau de la plaie de la trentenaire qui abordais ensuite Noah, le fils de Ginny. « Comment va son fils ? Noah je crois ? » « C'est ça, Noah. T'as bonne mémoire. » Je complimentais. « Il va bien. On peut considérer qu'il est sorti d'affaire et mener une vie quasiment normale. » Si on oublie le fait qu'il doive impérativement prendre ses médicaments antirejet suite à sa greffe de rein. « C'est un sacré bonhomme. » Je laissais glisser, admiratif envers la force de ces enfants et leur pugnacité à avoir leur part de bonheur. « Tu me dis si ça te fait trop mal. » J'invitais, l'anesthésiant ayant dû faire son effet pour que je suture la plaie de mon interlocutrice. « Vous avez prévu de faire une action prochainement, avec Ocean Life ? » J'interrogeais en débutant l'acte de soins, question de distraire Quinn et aussi de me mettre à la plage quant à son activité caritative et professionnelle. Lorsque c'était possible, j'aimais bien prêter main forte à la jeune femme et ses collègues au nom de cette honorable cause. Le volontariat et le bénévolat occupaient toujours une place importante dans mon existence.



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Message(#) Sujet: Re: What could have been ≈ Isaac What could have been ≈ Isaac EmptyJeu 31 Oct 2019 - 15:56


Je laisse Isaac prendre soin de moi. Je me sens en totale confiance avec lui, au point de fermer les yeux pour m’offrir un court instant de répit alors qu’il entreprend de nettoyer les nombreuces traces rouges qui maculent mon visage et mon cou. Je n’avais jamais imaginé qu’une arcade sourcillière pouvait saigner autant. Silencieuse, j’apprécie à leur juste valeur les gestes aussi doux que mesurés d’Isaac, soulagée qu’il ait été de garde ce soir et qu’il ait pu me prendre en charge lui-même. Bien que ses collègues soient certainement tout aussi compétents que lui, ils restent malgré cela de simples inconnus à mes yeux. Et compte tenu du choc que je viens de vivre, je préfère cent fois me retrouver entre les mains d’un ami. Surtout quand l’ami en question me connaît assez pour respecter mes limites. Car lorsque je mentionne la femme qui fait battre son cœur, Isaac laisse l’accident et ses circonstances de côté. Là où un autre infirmier aurait sans doute insisté, faute d’autres sujets de conversation, il sent que je ne suis pas prête à m’ouvrir. Pas encore. On se connaît depuis assez longtemps pour qu’il se doute que ce n’est pas par manque de confiance. Et puis, grâce à son métier, il a bien assez d’expérience pour prendre le recul nécessaire. Ainsi, il m’accorde ce virage à quatre-vingt dix degrés dans notre discussion sans hésiter. Plus tard, quand il me sera possible de le faire sans éclater en sanglots, je l’en remercierai.

Il me confirme que leur premier anniversaire approche et me demande avec un humour doublé d’une pointe de curiosité s’il a l’air aussi amoureux que ça. « Oui, et ça te va à merveille. » J’ai toujours revendiqué mon statut de célibataire. Du moins, je n’ai jamais considéré cela comme un poids, bien au contraire. J’aime l’idée d’être indépendante et libre. Me poser, avoir un mari et des enfants n’a jamais fait partie de mes objectifs. Pourtant, lorsque je vois les yeux d’Isaac pétiller comme ils le font maintenant, et simplement pour avoir entendu le prénom de sa moitié, il m’arrive de douter de mes convictions. Isaac me sort de mes pensées avec une interrogation que je devine réelle, sous ses airs de plaisanterie. Je suis passée experte en art de planquer mon mal-être derrière une épaisse couche de légèreté : inutile de dire que je suis également devenue très forte pour reconnaître ceux qui usent de la même supercherie. « Evidemment ! Mais ne t’attends pas à ce que je reste spectatrice. Je suis ton amie maintenant, Isy. Pour le meilleur et pour le pire ! » J’esquisse un sourire complice. Loin de moi l’idée de plomber l’ambiance avec trop de sérieux, mais il était indispensable qu’il comprenne le message. S’il devait redevenir l’ancien Isaac, je ferais mieux que le supporter. Je l’aiderais à remonter la pente, coûte que coûte.

Isaac passe à l’anesthésiant, et je sens que la suite risque d’être un peu plus compliquée pour moi. J’ai confiance en lui, certes, mais je n’ai pas pour habitude de me retrouver blessée à ce point. C’est un peu une première, et je sens l’angoisse monter. Pour l’anesthésier elle aussi, j’évoque le fils de Ginny. Je suis heureuse d’apprendre qu’il est considéré comme soigné et qu’il pourra reprendre une vie normale de petit garçon. C’est une excellente nouvelle, pour lui mais aussi pour sa maman et tout son entourage. « Je suis d’accord. Les enfants sont tellement plus forts que les adultes. De vrais petits héros du quotidien. » Une idée me traverse l’esprit, au moment où Isaac s’apprête à passer à l’action. Je l’écoute et hoche la tête. « D’accord. » Je me sens quelque peu fébrile, puis je pense à Noah, à son courage. « Ca va aller. » J’acquiesce avec plus d’assurance.

Je reprends finalement le fil de la conversation. « Je ne sais pas si Noah est intéressé par l’océan, certains animaux marins peut-être ? Si c’est le cas, n’hésite pas à donner mon numéro à Ginny. Je me ferai un plaisir de montrer les coulisses du centre à son bout de chou, et de l’emmener en balade en bateau si ça le tente. Avec sa maman  bien sûr. » A son tour, Isaac évoque mon travail – en tout cas l’un des deux – pour savoir si la fondation est proche d’une nouvelle action. « Dans l’immédiat, on met l’accent sur les campagnes d’information puisqu’on est en pleine période de migration des baleines. Mais on devrait participer au salon annuel qui arrive dans deux mois à Toowoomba, on aura sans doute besoin de bénévoles pour le stand. Charlie doit encore vérifier quelques détails. Je peux t’appeler dès que j’ai tous les éléments, si ça te tente de participer et si ça colle avec ton planning. » J’émets toutefois un bémol. Je ne veux pas qu’Isy se sente obligé, même s’il aide toujours Ocean Life avec bonheur. J’ai conscience que son métier, en plus d’être difficile, demande un énorme investissement. « Je sais que tu bosses beaucoup. Alors si ça te fait trop loin, dis-moi. Et au prochain événement sur Brisbane-même, tu seras le premier prév… ouch… prévenu. » Je sens que ça pique. Je sursaute. Isaac se stoppe aussitôt et me regarde, inquiet. « C’est bon, t’en fais pas. Tout va bien. » Je le rassure, pour qu’il puisse terminer ses soins. « Je te dirai jamais assez à quel point je t’admire. Honnêtement, je sais pas comment tu peux faire ça tous les jours. J’aurai jamais eu le cran. » Et recoudre une arcade n’est rien comparé aux autres blessures, parfois pires encore, qu’il doit soigner. Sans compter les patients pour qui le pronostic vital est carrément engagé. A mes yeux, Isaac aussi fait partie des héros du quotidien…

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PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnostic
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Message(#) Sujet: Re: What could have been ≈ Isaac What could have been ≈ Isaac EmptyMer 4 Déc 2019 - 2:35



Mes pupilles étudient attentivement, méticuleusement, les traits de la jeune femme. L'impact de ses plaies physiques en superposition à celles gravées contre son cœur, ses failles provoquées que je redoute rejouer sur des bandes psychiques douées d'un potentiel d'indélébile. Mes doigts délicats effacent précautionneusement les traces de coup, anéantissent l'hémoglobine témoin de violence avec des gestes mesurés et précis. Les quelques cotons se suivent, la désinfection se réalise, et heurté au mur de silence érigé par le besoin de digérer avant de discuter, j'autorise les projecteurs de notre conversation à mettre en exergue ma vie privée.

Évoquer Ginny a l'effet de greffer à mon regard des étoiles dignes d'un rêve. Jamais je n'aurais pu imaginer partager mon quotidien avec une telle femme. Je la connaissais depuis de nombreuses années et l'amour que je voue à son égard se construit à mesure du temps que l'on passe ensemble ; si bien que parfois je redoute qu'il implose ou qu'il stagne. Une partie rêveuse de mon esprit se confie au destin, comme si la fatalité pouvait bien décider de notre sort et que mes éventuels torts à son égard se dédouaneraient sous prétexte de dés pipés par l'univers. Je l'aimais autant que j'étais terrifié de la perdre ; et même si cette amertume complexifiait les moments de solitude, elle ne faisait que sublimer toutes les secondes qui se déroulaient en sa compagnie. « Oui, et ça te va à merveille. » Quinn avoue, l'air follement amoureux pas si risible que ça, apparemment. Un timoré sourire se loge contre mon minois.

L'arrière-plan immuable de ma dépression remonte à la surface, j'ose questionner mon amie si je pouvais compter sur elle dans l'alternative d'une dégringolade, si jamais une rupture me mettait de nouveau au tapis où je reconnaissais une descente aux enfers. Le problème était que si j'avais espéré plusieurs mois guérir de ma condition mentale, aujourd'hui, je m'étais résigné à conserver cette pathologie et devoir apprendre à la contrer plutôt que la rejeter. Toutefois, il en demeurait que cette pénombre conservait des traits d'indomptable et même si j'allais mieux, je n'étais pas à l'abri de sombrer, de manière circonstancielle ou pas. « Evidemment ! Mais ne t’attends pas à ce que je reste spectatrice. Je suis ton amie maintenant, Isy. Pour le meilleur et pour le pire ! » Je quitte mon regard fixant le soins que je prodiguais pour capter les prunelles de mon interlocutrice. Les mots paraissent insignifiants face à toute la reconnaissance que l'océanographe invoque en moi avec une réplique si naturelle et sincère. Ma main se pose amicalement sur son épaule. « Merci, » je souffle, mon regard dévoilant l'incommensurable gratitude de savoir pouvoir compter sur elle ainsi.

Les violons cessant de jouer, je renseigne la patiente sur l'état de Noah. Bien heureusement, le garçonnet peut être considéré aujourd'hui tiré d'affaire, même s'il aura bravé une quantité beaucoup trop conséquente de maux et doit encore pallier les séquelles générées de son infortune. Néanmoins, je suis persuadé que l'écolier s'en sortira et ne laissera en aucun cas son passé assombrir son avenir. Il était un McGrath, un véritable battant par définition.
J'applique délicatement l'anesthésiant sur la plaie de Quinn et après avoir patienté le temps nécessaire à ce qu'il fasse effet, j'invite mon amie à me prévenir si la douleur est trop incommodante. Je la laisse se préparer mentalement et une fois qu'elle me donne le feu vert, j'use de mon matériel sur son épiderme.

La Callahan offre généreusement d'embarquer le fils de Ginny dans une aventure maritime, ce qui fait étire mes lippes en un sourire. « C'est super gentil, Quinn, je leur en parlerai. Noah aime beaucoup l'océan, il part parfois en virée en bateau avec son cousin. » Je livre avant de questionner la trentenaire sur les plans imminents relatifs à Ocean Life. Elle m'informe du salon qui se tiendra à Toowomba et me connaissant très bien, elle propose de me contacter quand les contours de la manifestation - et les besoins pour la mettre en oeuvre - seront plus nets. « Je sais que tu bosses beaucoup. Alors si ça te fait trop loin, dis-moi. Et au prochain événement sur Brisbane-même, tu seras le premier prév… ouch… prévenu. » Je m'arrête derechef devant son hésitation, regard préoccupé. « C’est bon, t’en fais pas. Tout va bien. » « J'ai quasiment terminé, » je promets calmement, attirant ma concentration sur la suture. « Je te dirai jamais assez à quel point je t’admire. Honnêtement, je sais pas comment tu peux faire ça tous les jours. J’aurai jamais eu le cran. » Un timide sourire en coin apprécie le compliment et je repose le matériel dans la boîte. « Je crois que c'est une histoire de vocation. Pour ma part, je pourrais jamais autant aider l'environnement que tu le fais. Le monde irait tellement mieux s'il y avait plus de gens comme toi. » Je lui confie, appréciatif et honnête. « Mais oui, quand tu en sais plus, si tu peux m'envoyer un petit mot. J'essaierais de me libérer pour vous donner un coup de main. Ça me ferait super plaisir. » Je sollicite, volontaire. J'aimais particulièrement m'investir dans des bonnes œuvres, même si parfois ce n'était que pour quelques heures. Je pensais que chaque minute consacrée pouvait être utile et donner de moi ainsi procurait un certain sens à mon temps, ce que je valorisais un peu égoïstement. Je pansais avec finesse l'arcade de mon amie avant d'annoncer : « Voilà, j'ai terminé de te malmener. » Je me levais de manière à disposer du matériel puis reprenais place auprès de Quinn. Je ne comptais pas la renvoyer chez elle tout de suite. J'avais conscience qu'elle venait de vivre quelque chose de brutal et esquintant et je tenais à m'assurer qu'elle ait repris des forces et ses esprits avant de quitter le centre hospitalier. « En cas de défiguration, je te permets de te plaindre à mon cadre, » je prononce, plaisantin. « Mais ça devrait pas laisser de trace sur le long-terme, » j'augure, plus sérieux. « On a la chance d'avoir du bon matos, » j'argumente, passionné par l'évolution constante de la médecine et des dispositifs de soins mis à disposition. Je me redresse sur mon siège avant de questionner avec attention : « Tu avais prévu faire quoi pour le reste de ta soirée ? Tu avais d'autres plans fantaisistes en plus de celui de venir me voir ici plutôt qu'en civil ? » Ma voix posée la charrie avec affection.



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Dernière édition par Isaac Jensen le Mar 31 Déc 2019 - 17:47, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: What could have been ≈ Isaac What could have been ≈ Isaac EmptyMer 11 Déc 2019 - 20:56


Quand on a une passion pour laquelle on est prêt à donner tout son temps et toute son énergie, pouvoir en vivre est un cadeau. En ce qui me concerne, je fais partie de ces chanceux qui sont payés sans avoir jamais le sentiment de travailler, pour la simple et bonne raison qu’ils aiment leur métier plus que tout. Qu’ils le considèrent comme une vocation, même. Chaque matin, je quitte mon lit avec le sourire, impatiente de me retrouver sur mon bateau de recherche à collecter des informations, ou au labo en compagnie de mon équipe pour les analyser. Mais au fil du temps et de mon expérience, j’ai appris qu’il existe une chose plus grisante, plus satisfaisante encore : partager cette passion, ou même mieux, la transmettre. Je ne saurais décrire cette émotion qui me submerge à voir des regards s’émerveiller lorsque je parle des océans et de leurs secrets. Evidemment, devenir professeur m’a traversé l’esprit, mais j’aime beaucoup trop les découvertes et le côté scientifique pour l’être à plein temps. C’est la raison pour laquelle malgré mon statut de responsable, j’ai demandé à être la guide référente lorsque des groupes d’enfants, d’adolescents ou même d’étudiants visitent le CMS, quitte à devoir rattraper mon retard à coup d’heures supplémentaires par la suite.

Alors quand j’entends mon ami me confirmer que Noah aime beaucoup l’eau, forcément mes yeux se mettent à briller de mille feux. J’étais déjà heureuse de pouvoir proposer une activité un peu spéciale au petit garçon, mais si en plus je sais que cette sortie lui fera vraiment plaisir, qu’il participera avec un réel enthousiasme, j’ai encore plus hâte de l’emmener avec moi. « Génial. Je te promets qu’il passera l’un des plus beaux moments de sa vie. Et ça tombe bien, puisque c’est la période de migration des baleines. On naviguera jusqu’à Moreton Bay et j’allumerai l’hydrophone pour qu’il puisse écouter leur chant en direct. » Et avec l’impatience d’un gamin qui ouvre ses cadeaux le matin de Noël, je suis déjà en train de planifier les détails dans ma tête, afin d’offrir à Noah une journée inoubliable.

La discussion évolue ensuite vers Ocean Life et ses futurs événements, avant que je ne partage mon admiration pour l’infirmier occupé à me soigner (et par extension, ses nombreux collègues tout aussi courageux). « Je crois que c'est une histoire de vocation. Pour ma part, je pourrais jamais autant aider l'environnement que tu le fais. Le monde irait tellement mieux s'il y avait plus de gens comme toi. » Mes yeux, plongés dans les siens, expriment toute ma gratitude. Pourtant, nos métiers respectifs ne sont en rien comparables. Isaac passe son temps à gérer des urgences, parfois vitales. Combien de personnes ne seraient plus en vie aujourd’hui sans son intervention ? Il a choisi de se consacrer entièrement aux autres quitte à se mettre entre parenthèses. Et à mon sens, rien n’est plus altruiste que ça. « Et comme toi. » Je lui souffle alors, avant que l’on ne glisse à nouveau du côté de la fondation. « Mais oui, quand tu en sais plus, si tu peux m'envoyer un petit mot. J'essaierais de me libérer pour vous donner un coup de main. Ça me ferait super plaisir. » « Pas de problème, compte sur moi. Et merci, vraiment. » J’apprécie d’autant plus participer aux divers salons locaux lorsque les bénévoles qui m’accompagnent sont des amis.

« Voilà, j'ai terminé de te malmener. En cas de défiguration, je te permets de te plaindre à mon cadre. » Je lui rends son sourire amusé et rétorque sur le même ton. « C’est noté. Je n’hésiterai pas. » « Mais ça devrait pas laisser de trace sur le long-terme. On a la chance d'avoir du bon matos. » Je me contente d’acquiescer en silence. Je ne suis pas inquiète, et pour être franche, c’est même le dernier de mes soucis, sachant que les conséquences de l’accident auraient pu être bien pires. « Tu avais prévu faire quoi pour le reste de ta soirée ? Tu avais d'autres plans fantaisistes en plus de celui de venir me voir ici plutôt qu'en civil ? » J’échappe un rire, et je réalise que je n’ai pas du tout envie de rentrer chez moi pour faire face à ma solitude. « Je pense avoir eu ma dose d’émotions pour ce soir ! On va garder les autres plans fantaisistes pour plus tard si tu veux bien. » J’avoue en me remettant sur mes deux jambes. « Par contre, vu l’heure… Si tu as une pause ou si tu termines bientôt, on peut peut-être manger un morceau ensemble ? » Je laisse mon regard taquin plonger dans le sien. A mon tour de l’embêter un peu ! « Ça te donnera l’occasion de m’en dire plus sur la belle qui fait battre ton cœur… » Je laisse la suite entièrement entre ses mains, en fonction de ses horaires et de ce qu’il a envie de faire ou non. S’il doit ou préfère rester sur place, on se contentera du réfectoire de l’hôpital. S’il souhaite au contraire s’aérer l’esprit (et tant que je n’ai pas à me remettre derrière un volant), c’est tout aussi simple, car le quartier regorge de petits restaurants où nous pourrons nous installer.

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Message(#) Sujet: Re: What could have been ≈ Isaac What could have been ≈ Isaac EmptyMar 31 Déc 2019 - 19:06


« Génial. Je te promets qu’il passera l’un des plus beaux moments de sa vie. Et ça tombe bien, puisque c’est la période de migration des baleines. On naviguera jusqu’à Moreton Bay et j’allumerai l’hydrophone pour qu’il puisse écouter leur chant en direct. » Le généreux enthousiasme de Quinn à communiquer de son savoir comme de sa passion à l'enfant de Ginny invite irrémédiablement sur mon visage un sourire reconnaissant et admiratif. Il y avait tant de personnes dans le monde qui se cherchaient encore, qui étaient soumises à des conditions qu'ils considéraient telles des calvaires. Tant de gens à la recherche d'une petite once de bonheur, de leur route, aux teintes de salutaire, vers l'épanouissement. Ces individus, je les rencontrais souvent aux urgences, parfois aux bars que je fréquentais, j'en avais aussi fréquentés quelques uns dans mon entourage. J'étais conscient à quel point il était un cadeau inestimable que l'on trouve sa voie et que l'on puisse ainsi embraser une source de bonheur comme de ressources dans la vie ; et le fait que la Callahan partage cet essentiel avec Autrui me réjouissait sur plusieurs niveaux : j'étais comblé de l'avoir rencontrée et de compter une telle personne dans mes amies, j'étais sincèrement content qu'elle exerce ce qui la fasse vibrer, j'étais reconnaissant qu'elle songe à Noah avec tant de candeur et de dévouement. « C'est vraiment génial, Quinn. Merci d'avance pour tout, il sera sûrement le plus heureux. Mais ne te prends pas trop la tête non plus, je suis sûr que quoi que tu fasses, il passera une merveilleuse journée avec toi. » Je prévenais, précautionneux, attentif au fait que la blonde puisse s'épuiser ou se charger un peu trop en conséquence de son épatante abnégation, bien que je constatais également toute la bienveillance et l'entrain qui l'étreignaient en songeant à cette escapade et ne souhaitais aucunement la priver de cette joie.  

Nous parlions aisément de vocation, dans quelle mesure tous les deux nous nous appliquions à des tâches divergentes mais qui œuvraient pour le bien de notre environnement. J'étais persuadé que si le monde était peuplé de davantage de personnes comme Quinn, celui-ci se porterait bien mieux, ce dont je lui faisais part et ce qu'elle me retournait. Un sourire timide étira mes lèvres, remerciant avec réserve le compliment. J'enchaînais sur ma volonté de prêter main forte dans les actions d'Ocean Life et hochais la tête à l'affirmative face à la gratitude de la patiente. « Merci à toi. » J'offrais un clin d’œil complice à mon interlocutrice avant de me redresser, les soins terminés. J'ignorais si Quinn en avait conscience, mais si j'étais tant avide de toutes ces actions, c'était également parce que je fuyais le fait de me retrouver esseulé et que je ne me faisais pas réellement confiance dans ces circonstances. Mon cœur allait toujours vers tous les autres êtres vivants, je m'épanouissais et me sentais bien en donnant de mon temps, de mon énergie et de mon affection. Ainsi, en rendant service, je me procurais aussi du bien-être tout en repoussant mes peurs face à la solitude.

Avec une touche d'humour, je signifiais à mon amie la finalité de son passage aux urgences. Tout en préparant le matériel nécessaire qu'elle pourrait embarquer chez elle pour changer son pansement si besoin était, je l'interrogeais sur ses plans pour la soirée. « Je pense avoir eu ma dose d’émotions pour ce soir ! On va garder les autres plans fantaisistes pour plus tard si tu veux bien. » Un rire fila entre mes lèvres tandis que j'attrapais un sachet brun dans une des armoires. « Par contre, vu l’heure… Si tu as une pause ou si tu termines bientôt, on peut peut-être manger un morceau ensemble ? » Je lançais un coup d’œil à la pendule au-dessus de la porte du box. « Ça te donnera l’occasion de m’en dire plus sur la belle qui fait battre ton cœur… » Un sourire en coin creusa ma joue et je revenais à la hauteur de la trentenaire qui s'était remise debout. « Je t'ai mis des compresses et de quoi te faire un pansement supplémentaire, au cas où, mais tu ne devrais pas en avoir besoin, ça ne devrait pas saigner sauf si tu te cognes assez fort sans faire exprès. Essaie de garder le pansement au sec quand même pendant un ou deux jours. Puis quand tu prendras ta douche, le pansement va sûrement un peu se décoller, le mieux c'est que tu l'enlèves doucement et que tu laisses la plaie à l'air libre après. Elle est propre et bien fermée, elle aura commencé à bien cicatriser d'ici là et il n'y aura pas de risque que ça s'infecte. Si t'as une question ou y'a quoi que ce soit, n'hésite pas à m'appeler. Que ce soit par rapport à mon oeuvre d'art ou autre chose. » J'indiquais et offrais, tendant le sachet à Quinn. « Je termine d'ici une quinzaine de minutes, ça irait pour toi ? Ce serait avec plaisir que je mangerais avec toi. Un peu moins de me faire cuisiner par toi, mais bon, on peut pas tout avoir... » Je taquinais avec amitié. J'observais la Callahan qui était debout depuis un peu plus d'une minute avant de m'assurer : « Tu te sens bien ? » La blessure n'avait pas été assez profonde pour être alarmante d'un point de vue cérébral, mais il ne coûtait rien de demander et j'étais sincèrement attentif à l'état de mon amie. De plus, je n'avais pas oublié le malaise et l'émotion forte qui l'avaient transie à son arrivée sur mon lieu de travail. Une partie de mon être demeurait imperturbablement préoccupée par ceci, bien que je ne forcerai jamais la blonde à parler de quoi que ce soit. Toutefois, si je pouvais l'accompagner dans la fin de cette journée pour rendre sa globalité moins esquintante, je le ferai avec bonheur et sans hésitation aucune.

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Message(#) Sujet: Re: What could have been ≈ Isaac What could have been ≈ Isaac EmptyJeu 2 Jan 2020 - 19:38


Entre son cœur amoureux qui le remplit de bonheur, la planification d’une sortie en mer pour mettre des étoiles dans les yeux de Noah et les prochaines campagnes de la fondation, ma conversation légère avec Isaac me redonne un coup de fouet. Je peux presque sentir le poids sur mes épaules devenir moins oppressant. La terrible image précédant le coup de volant qui m’a envoyée dans l’arbre me harcèle de moins en moins. Lentement, elle laisse place à des pensées plus positives, davantage en lien avec ce dont l’infirmier et moi sommes en train d’évoquer. Je me dis que j’ai vraiment envie de rencontrer Ginny ainsi que son fils. Je me demande si ce dernier serait intéressé par la visite des abysses en réalité augmentée, ou s’il est encore un peu jeune pour le mettre face à des créatures si impressionnantes. Puis, je tente de réfléchir aux futurs projets d’Ocean Life à Brisbane-même, ce qui permettrait à Isaac de me rejoindre en tant que bénévole sans avoir à faire trop de route. Et enfin, je formule ma dernière idée à voix haute, lui proposant de manger un morceau ensemble s’il en a le temps et l’envie.

En professionnel parfait, il veut d’abord terminer son intervention. Je le suis du regard alors qu’il rassemble un peu de matériel et récupère un sachet brun qu’il finit par me tendre. Attentionnée, j’écoute l’urgentiste me donner ses directives pour changer le pansement depuis la maison, espérant ne rien oublier. Anticipant mes doutes, Isaac s’empresse de me rassurer : il reste joignable en cas de besoin ou de question sur son œuvre d’art – ce qui a le don de me faire rire. Il est vrai que je ne suis pas une habituée des urgences ni même du centre hospitalier, loin de là. Je fais partie de ces quelques chanceux qui ne se sont jamais brisé un os, jamais déchiré un muscle. C’est certes une aubaine, mais cela fait aussi de moi une néophyte lorsqu’il s’agit de se soigner et de constater l’évolution d’une blessure seule. Savoir que je peux compter sur Isaac me tranquillise fortement. Je sais que si je l’appelle dans les prochains jours, il fera son maximum pour me répondre aussitôt ou me retourner mon coup de fil au plus vite.

« Je termine d'ici une quinzaine de minutes, ça irait pour toi ? Ce serait avec plaisir que je mangerais avec toi. Un peu moins de me faire cuisiner par toi, mais bon, on peut pas tout avoir... » « Promis, je te ménagerais... ou pas ! » Je lui réponds sur le même ton taquin. Je suis sincèrement heureuse de pouvoir profiter d’Isaac un peu plus longtemps, et ailleurs que dans sa salle d’auscultation. Lui et moi avons sans doute de nombreuses choses à nous raconter, nos quotidiens respectifs ne nous ayant pas permis de nous revoir depuis un certain nombre de semaines. « Tu te sens bien ? » Isaac me demande, les traits plus sérieux et les sourcils froncés. J’ai l’impression que sa question est à double-sens. Et comme je tiens debout sans problème depuis un peu plus de deux minutes, je commence par acquiescer. Pour la suite, je plonge des yeux emplis de sincérité dans les siens. « Oui, grâce toi. Merci, Isaac. » Je fais une très courte pause avant de reprendre, plus reconnaissante que jamais. « Merci d’avoir… accepté de parler d’autre chose que de la raison pour laquelle je suis là. » La boule dans ma gorge commence à se reformer : ce n’est pas encore le moment, même si l’envie est présente, poussée par la confiance que j’accorde à cet ami qui me fait face, inquiet pour moi. « J’ai… besoin d’un peu de temps pour me remettre du choc de ce qui aurait pu se passer. » Je lui avoue alors. Comme ôter la vie à un enfant.

Avenant et compréhensif, Isaac n’attend rien de plus de ma part. Lui et moi nous accordons de nous retrouver devant l’entrée des urgences, puis nos chemins se séparent pour les quinze prochaines minutes. J’en profite pour faire un tour dans le parc avoisinant la bâtisse principale de cet immense complexe, rassérénée par l’air frais qui m’énergise. Peu à peu, la tension redescend. En rebroussant chemin jusqu’à notre point de rendez-vous, je me dis aussi que, peut-être, je finirais par avoir la force de lui raconter les circonstances de l’accident sans m’effondrer. Quoi qu’il arrive, il sera là pour moi, ça ne fait aucun doute.
Enfin, mon regard attrape le concerné qui m’attend déjà après avoir troqué sa blouse réglementaire contre une veste coupe-vent. T’as de la chance de l’avoir dans ta vie, tu le sais, ça ? Un petit sourire étire mes lèvres à la seconde où j’arrive à sa hauteur. Oui, je le sais. Je laisse mes pensées entre elles et m’exclame, en référence au chef-d’œuvre qui orne désormais le haut de mon visage. « Prêt à remplir ton estomac, l’artiste ? »

----- RP TERMINE -----

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