Tu as demandé à l'hôpital si c’était possible d'être visitée à domicile. N’ayant pas trop le droit de te balader, tu t’es dis que ce serait bien d’apprendre les basiques avec une personne expérimentée, de chez toi, comme ça tu es tranquille après. Tu calmeras certaines de tes angoisses qui prennent un peu trop de place ces derniers temps. Ils ont accepté et ce matin une dame doit venir te voir, tu l’as déjà vue vite fait là bas et elle dégageait quelque chose d’assez doux et frais, pile ce que tu as besoin.

Pas besoin de quelqu’un qui va te faire la leçon ou autre, t’as eu ta dose. a peine tu as parlé d'appartement, et vu la débandade à l'hôpital, tu ne te voyais pas vraiment revenir comme une fleur chez Ian et dormir dans le même lit. Mais tu n’as pas eu à t’en préoccuper longtemps, entre dimitri et Cian, tu avais ton appartement plus vite que tu imaginais et même si il n’y a pas grand chose pour le moment, c’est prévu de faire le nécessaire. Il y a de quoi dormir et c’est déjà ça. Tu entends la sonnette et aussi sec - je plaisante, tu te traines vers la porte - tu vas ouvrir. Tu rêves d’un appareil qui ouvre sans que tu bouges, tu aimes pas être sur le canapé, mais encore moins devoir s’en dépêtrer.

Bonjour ! Je suis prête à apprendre ce qu’il faut pour que cette gamine sort enfin et dans de bonnes conditions. Vous désirez à boire ? J’ai de l’eau et du jus. En vrai j’ai aussi de l'alcool mais je n’en bois pas pour le moment, c’est juste pour me rappeler que bientôt je pourrais.


Tu ris à cette idée, et là tu te souviens que tu as parlé à Cian d’allaiter et tu paniques. Merde, pas d’alcool, ou du moins peu pendant que tu l’allaites. Ailis, merci mais là tu commences à pousser loin la borne des limites !

Heïana allait accomplir une toute nouvelle mission aujourd'hui: aller donner des cours de préparation à l'accouchement et aux premières semaines post-naissance à domicile ! Sa cadre de santé le lui avait demandé pour une patiente en particulier, la sage-femme en titre de l'hôpital qui gérait ce genre de cas étant actuellement en congés, et le terme de la patiente s'approchant à grand pas. Ce fut avec un immense plaisir que la brune accepta la sollicitation de sa supérieure hiérarchique; toujours curieuse, aimant bouger et surtout ne pas s'agglutiner dans une monotonie lassante au travail, la métisse ne pouvait qu'apprécier de se voir confier une tâche qui sortait de l'ordinaire. Alors oui, fondamentalement, le contenu serait le même: mais le fait de faire une consultation hors de l'hôpital, et avec une seule patiente à la fois, changerait totalement la manière d'aborder les choses!

C'est donc gorgée d'enthousiasme qu'Heïana sonna à l'entrée d'un appartement, à Spring Hill. Quelques secondes de latence la firent patienter avant que la future maman ne lui ouvre sa porte; en même temps, en fin de grossesse, il était toujours plus compliqué de se déplacer, et surtout de se relever; la maïeuticienne avait donc pris son mal en patience en toute connaissance de cause. C'est avec un flot de paroles qu'elle fut accueillie, et un large sourire se dessina sur ses lèvres. Elle entra une fois la porte bien assez ouverte, tout en saluant la future maman. Bonjour ! Je veux bien de l'eau, s'il-vous-plaît. Je m'appelle Heïana Brook, et vous êtes... Eavan, c'est ça ?

La jeune femme ne fit pas de boulette au niveau sentimental: si le futur père n'était pas ici, c'est soit qu'il bossait, soit que la femme enceinte était seule; le sujet viendrait de lui-même par la concernée au besoin. Les deux femmes avancèrent dans l'appartement et lorsque la dame au ventre rond eut servi les boissons, la maïeuticienne se permit de s'asseoir dans le canapé à ses côtés, à distance respectable tout de même. Alors, dites-moi. Commença la sage-femme après avoir bu une gorgée de son verre d'eau. Comment envisagez-vous la fin de grossesse, l'accouchement, les premiers temps avec votre bébé ? Ça me permettra de voir où vous en êtes de votre réflexion, de vos craintes, de vos a-priori, et on verra le tout après point par point. La Tahitienne trouvait important de faire participer au maximum possible les futurs parents, et notamment en les impliquant directement dans la réflexion sur tout ce processus et en leur faisant formuler leurs désirs, leurs peurs, leurs préconçus, pour qu'ils les réalisent eux-mêmes d'ailleurs, ce qui n'était pas toujours le cas quand ce n'était pas verbalisé.

La dame qui venait te voir pour tout ça avait l’air vraiment sympathique et tu te réjouissais d’enfin avoir des données pour cet accouchement qui était tout de même très proche à présent et qui te terrifiait. Pire après les idées qu’avait énoncées Lullaby. Elle te demanda de l’eau et c’est gentiment et plus ou moins rapidement que tu lui amenais la boisson demandée pour ensuite reprendre possession du divin canapé qui est a priori, l’endroit que tu vois un peu trop en ce moment. Tu n’es pas loin de te mettre au crochet ou à tricoter. Enfin, tu n’y es pas encore parce que tu n’as pas envie de tricoter quoi que ce soit mais qui sait, s’il attend encore plus de temps pour sortir, ce bébé va surement te pousser à t’occuper d’une façon ou d’une autre.

Elle demanda si eavan était bien ton prénom et tu hoches la tête. Le sien est plutôt joli et peu commun d’ailleurs. Une fois assise, elle te demande comment tu envisage l’accouchement, et la suite. tu te mets à réfléchir à toute vitesse et doit le dire, tu n’en a pas la moindre idée. Enfin, si, le fait que tu aies peur du jour J, des douleurs, des piqûres, de l’idée que tu préfères une césarienne, mais que la taille de l’engin qu’on te met dans le dos te fait flipper, ou encore, ‘idée d’être responsable ensuite d’un petit être dépendant entièrement de toi ? Bref, pleins d’inquiétudes, mais elle parlait de choses plus pratiques, concrètes, pas de tes angoisses. - Je dois avouer que je sais pas trop, y penser m’angoisse, mais j’imaginais une césarienne, je me sens pas de pousser pendant je sais pas combien de temps, ni pendant plusieurs heures. Ensuite j’imaginais l’allaiter et faire du cododo, je me vois pas dormir séparée d’elle les premiers temps. C’est à peu près la seule chose qui me vint à l'esprit. c’est vrai qu’on peut boire occasionnellement quand on allaite, tant qu’on abuse pas ? - Cette dernière chose, tu aurais pu te taire, mais si elle te disait non, tu ne le ferais pas, tu ne voulais rien faire qui serait dangereux pour ta fille. Tu te triturais les doigts pendant la conversation et pris une gorgée d’eau, tout en t’imaginant boire du whisky, parce que clairement, tu en mourais d’envie.3

La sage-femme écouta avec attention ce que lui racontait sa patiente; c'était toujours très instructif de savoir comment une future maman envisageait sa fin de grossesse, l'accouchement et les suites, afin de mieux la renseigner et de la conseiller de manière la plus adéquate possible. Elle ne fut pas surprise de la volonté d'Eavan de vouloir une césarienne en remplacement d'un accouchement par voie basse. Cependant, elle ne semblait pas au fait de tous les tenants et aboutissants, aussi la professionnelle de santé se permit de l'interrompre pour lui donner les éléments clefs sur cela. Je comprends tout à fait votre appréhension, et vous avez le droit de demander une césarienne par avance. Il y a par contre quelques points que vous devez connaître. Premièrement, si vous souhaitez une césarienne sur votre demande, il faut donc "prévoir" la date d'accouchement, comme on planifierait une chirurgie. Ça nous amène au deuxième point: n'oubliez pas que la césarienne est un acte chirurgical, donc vous aurez des sutures et une cicatrice dont il faudra prendre soin; vous aurez surement un peu de mal à vous lever, les deux premiers jours. D'un sourire, la maïeuticienne invita la future maman à poursuivre, et Eavan exprima alors son désir d'allaiter et de faire du cododo. Là aussi, la Tahitienne se permit de conseiller la blonde, notamment sur l'envie de dormir avec son bébé: il s'agissait là d'une bonne pratique, souvent bien mieux vécue par le nourrisson que de dormir dans une chambre séparée, mais il fallait prendre des précautions. Ne pas mettre le bébé sur le bord du lit, ne pas dormir avec un oreiller ou une couette qui pourrait le recouvrir, toujours l'allonger sur le dos...

Enfin, une interrogation un peu surprenante se posa, celle de l'alcool pendant l'allaitement, mais pourquoi pas après tout. Il valait mieux poser beaucoup de questions que pas assez. Heïana réfléchit quelques instants sur le sujet qui était assez flou encore aujourd'hui, de nombreuses études et articles scientifiques se contre-disant ou se complétant. Je dirai que tant qu'il s'agit d'une consommation occasionnelle, d'une à deux fois par semaine maximum, c'est ok. Mieux vaut boire après avoir donné le sein à votre bébé, et ne pas lui redonner pendant les trois heures qui suivent votre verre d'alcool. La maïeuticienne but d'ailleurs un peu de l'eau qu'on lui avait servi quelques minutes auparavant, c'est que ça donnait soif de parler autant ! Elle ajouta finalement, voulant être sûre d'avoir fait le tour du sujet: Avez-vous d'autres interrogations ? Peut-être même des craintes par rapport à l'accouchement ou aux premiers mois avec votre bébé ? Ce qui était tout à fait normal; bien que la Nature fasse en sorte depuis des millénaires que la femme soit capable de porter la vie en elle puis de donner naissance, cela restait toujours une période d'appréhensions, d'autant plus lorsqu'il s'agissait du premier enfant.

Elle te t‘expliquait doucement de ce qu’il se passerait si tu décidais de faire une césarienne. Tu écoutais et ouvrais la bouche comme un poisson hors de l’eau avec toutes les spécificités à cette procédure. tu savais pas vraiment tout ce qu'elle ajoutait à tes peurs irrationnelles et tu songeais à fermer les jambes et les laisser décider que le seul moyen était de t’endormir et de te le prendre. ce qui était ridicule, parce que tu n’avais pas douze ans et que ce n’était pas un jeu. Seul ‘ humm’ sortait de ta bouche, pas fichue d’ajouter quoi que ce soit. Une cicatrice, pas bouger au début, punaise, tu allais encore la sentir passer cette étape. En plus, il fallait prévoir la date, tu étais déjà pas fichue de prévoir des trucs ultra simple, alors la date où tu expulses, on en était loin. Le mieux était d’attendre sagement le moment fatidique et de demander une péridurale alors, tu allais juste devoir oublier la taille de l’aiguille et la sensation quand ils te piqueront quoi. Le pire étant, serais tu seule avec tout ça ou pas ? Ca y est, le stress montait en flèche, celui qui pensait que rester seule chez toi allait baisser ton stress était un idiot. Il avait la taille de l’everest celui là à présent oui. Elle continua sur sa lancée, qu’allait elle ajouter sur le cododo ? Que tu allais écrabouiller le bébé, comme Ian ? La suite, tu connaissais, tu t’étais renseignée, après tout, tu n’avais que ça à faire ces derniers temps ! Au moins, rien, de nouveau, non, tu n’allais pas dormir sur le bébé et oui il aurait son propre lit. C’était la suite qui t'intéressait le plus, tu avais assez eu de frayeurs, si elle disait pas d'alcool, c’était foutu, tu voulais accoucher de suite et elle aurait que des biberons. mais ouf, ses conseils n'interdisaient pas le dit liquide, juste le limitait, ça, tu pouvais faire, limiter, tu le faisais en ce moment même, même une goutte, tu prenais. - Ah bah ça va alors ! Promis mon enfant ne sera pas un alcoolique. - Tu ne savais pas si elle était autorisée à faire de l’humour sur ça, tu sais que certaines personnes du corps médical avaient tendance à être à cheval sur ce genre de truc et pensaient que si on disait ça, on était pas sérieux. Elle te demandait à présent si tu avais d’autres peurs, pouvais tu répondre, cette conversation ? Non, surement pas, tu réfléchissais mais tu n’avais pas envie de parler de ce qui allait sortir de toi et comment, tu avais eu ta dose. - Jusqu'à quel âge est il bien d’allaiter ? - Autrement dit, combien de temps tu allais devoir limiter ta consommation de whiskey. non tu étais pas du tout alcoolique.

Heïana ne prit pas mal du tout la réplique humoristique de la femme enceinte, et se permit même un sourire franchement amusé. Il semblerait qu'elle prenait le sujet plutôt à la rigolade, peut-être pour se détendre face au stress de la fin de grossesse qui sait. Aussi la maïeuticienne répliqua-t-elle avec une pointe d'humour à son tour, haussant les épaules tout en ayant cet air franchement amusé: On a pas encore inventé les éthylotests pour bébé de toute façon, vous êtes tranquille. La Tahitienne proposa ensuite à Eavan de lui confier ses craintes, ou autres questions qu'elle pouvait avoir. La suivante porta donc sur la durée de l'allaitement. Heïana réfléchit là aussi quelques secondes, afin de donner une réponse aussi complète, cohérente et intelligible que possible. C'est qu'il existait tellement de manières de faire, plus ou moins validées par la communauté médicale selon les cas ! Elle introduisit finalement sa réponse par un postulat simple: Déjà, ça dépendra de comment vous vivez l'allaitement. Ça se passe très bien pour certaines femmes; d'autres trouvent ça plus compliqué. Eh oui, au final, plusieurs mamans ne supportaient pas la sensation du bébé qui tête, ayant les seins trop douloureux; d'autres ne produisaient pas assez de lait, ça pouvait arriver; enfin, parfois, c'était le bébé qui pouvait avoir du mal à trouver le sein et à boire correctement, notamment en cas de malformation du frein de la langue. A ceci s'ajoutaient de nombreuses contraintes, telle que la reprise du travail et donc le manque de temps pour allaiter, et caetera. L'OMS conseille un allaitement exclusif jusqu'à six mois; en tout cas, le bébé ne doit boire que du lait jusqu'à au moins ses quatre-cinq mois, pour le sûr. Ca dépend de chacun. Puis vous pouvez commencer la diversification alimentaire, avec des purées, tout en allaitant sur certains repas. Certaines mamans font durer l'allaitement jusqu'à un an et demi ! Mais avec un nombre de tétées bien moins conséquent au fur et à mesure.

Heïana, après ce petit speech, termina son verre d'eau sans aucun mal: c'est que ça assèche la gorge, de donner un cours, et de parler autant ! Cependant, la maïeuticienne pouvait dire sans mal qu'elle aimait autant enseigner aux futurs parents que de faire des échographies, ou s'occuper des nouveaux-nés. Vraiment, tout lui plaisait dans son travail, et en cela, elle était reconnaissante. S'épanouir dans sa voie professionnelle était un luxe dont elle avait bien conscience. Elle sourit à Eavan, avant d'ajouter: Vous aurez des personnes pour vous aider, dans les premiers temps suivant votre grossesse ? Ignorant si la jeune femme était une future mère célibataire ou non, la diplômée en maïeutique préférait demander. Elle ajouta, expliquant par la même occasion sa question: Si vous le pouvez, essayez d'être entourée les premiers temps. Avoir un coup de main sera toujours un soulagement, n'hésitez pas à demander à vos proches, si vous le pouvez. Combien de mamans avait-elle vu tout gérer de front, sans avoir beaucoup de soutien de leur compagnon comme de leur famille ou amis proches, et passer d'un simple baby-blues à une quasi dépression post-partum... Entre les nuits raccourcies, le corps qui se reforme, les hormones qui partent dans tous les sens; il y avait de quoi être exténuée. D'où son conseil d'être bien entourée à la naissance de l'enfant.

Elle plaisantait, pas d’ethylotest, pas de souci, la petite ne dirait rien alors sur sa maman alcoolique. De toute façon entre elle et Cian, la gamine allait malheureusement se rendre compte qu’un bon irlandais est rarement très sobre. Pas toujours bourré mais joyeux dira t’on. - Alors je suis sauvée ! - Que tu dis en essayant un sourire rassurant. Toute façon tout autour de cette grossesse était pour toi assez bizarre. Un Cian, un Ian, une freya, et toi, qui était franchement pas nette. C’était rassurant de pas être seule, et complètement perturbant aussi. Elle prenait vraiment son temps et elle faisait attention aux termes pour te rassurer sur ce qui allait t’arriver. Ce que Lullu t’avait dit t’avait plus effrayée qu’autre chose. En fait après Lullu tu avais envisagé de fermer les jambes et de leur dire de se démerder. Elle te parlait de l’allaitement, t’annonçait que peut être, tu ne vivrais pas ceci comme d’autres, que c’était normal. - Je dois avouer que je verrais bien, mais je serais obligée de tirer mon lait pour les 2 hommes, voire trois qui auront pas ce qu’il faut pour lui donner à manger. - Tu riais à cette idée, tu voulais Dimitri autant impliqué que les deux autres, pas de la même façon, certes, mais tout de même quand même. Tu avais hâte de les voir  avec Ailis dans les bras, tu savais que m^me pour Ian, ton coeur ferait des bonds, même si tu devais l’avouer, il imploserait quand Cian ferait connaissance avec Ailis. Elle te renseignera sur ce qu’il se fait, mais aussi les possibilités qui étaient devant toi. Tu fis mine de réfléchir, tu avais déjà pensé à tout ça, du moins, la partie tétées etc. - Je pense, en fait non, je suis certaine que si tout se passe bien, je préfère allaiter jusqu'à ce que je sente qu’on est prête toutes les deux à changer de rythme. Ma mère m’a allaité longtemps et dès que j’ai voulu autre chose, on s’est lancées. Et mon père me donnait des biberons avec le lait de ma mère. Après comme vous dites, je m’adapterais selon comment ça se passera pour elle et moi. - Tu étais confiante, et tu devais l’être au moins pour ça. Sinon tu allais hurler en fait, parce que pour ça, tu étais reconnaissante que ta mère ait décidé de le faire de façon naturelle et pas “parce qu’un médecin le dit”. La question qu’elle posa te fit rire doucement. - On va dire que oui, je suis pas toute seule. - Après, qui fera quoi, tu n’en sais absolument rien mais là encore, tu sais que ça se fera naturellement, que tu auras à ce moment là les outils. Tu as toute confiance, ou du moins, tu essaies de te consacrer sur le positif. - Je.. Je ferais ça oui. De toute façon, un de mes proches habite au dessus de chez moi, ça ne devrait pas être trop dur et je pense que beaucoup vont vouloir venir la voir. Merci pour ces conseils, j’ai l’impression de respirer mieux, de pouvoir parler de tout ça. Même si tout est un peu compliqué. - Ian était pas ravi, et triste, Cian était perdu, tu étais perdue, et pas mal de gens pensaient que tu te fourvoyais, mais pour le moment, c’était juste toi et elle, ta petite fleur qui allait tous les réunir, tu en étais sûre. Elle serait pas seule ta princesse. Merde les calmants étaient forts.

La sage-femme, qui avait beaucoup parlé jusqu'alors, écouta sagement par la suite tout ce que pouvait bien lui dire la nullipare qui lui faisait face. Ainsi, elle aurait deux, voire même trois personnes régulièrement présentes à ses côtés pour l'aider. Heïana ne porterait aucun jugement sur sa situation, la blonde faisait bien ce qu'elle voulait: le principal soit qu'elle puisse être bien entourée. Le reste, ce n'étaient que sentiments personnels, avec lesquels la maïeuticienne n'avait rien à voir; il aurait été anti-professionnel de sa part que de demander les relations qu'entretenait Eavan avec chacun de ces hommes, si elle ne lui en faisait pas part d'elle-même. Alors elle répondit d'un simple sourire: Je vous souhaite que tout se passe bien ! Si vous avez du monde auprès de vous, alors c'est parfait. Enfin, le mot était peut-être un chouilla fort, mais dans un contexte de naissance et de premiers mois suite à l'accouchement, les jeunes mères se portaient généralement bien mieux entourées que seules. Les dernières paroles de la patiente firent grandement plaisir à Heïana, qui trouva justement un moyen de rebondir pour la suite de leur entretien: Justement! En ce qui concerne la respiration... Et elles partirent sur une explication, d'abord théorique puis pratique, sur la manière la plus simple de gérer sa respiration pendant l'accouchement. Suite à cela, elles discutèrent d'autres points pratiques à connaître, comme le rapprochement des contractions, la perte des eaux, le numéro à appeler en cas d'urgence, et caetera. La consultation dura encore une bonne demie-heure, et lorsqu'elle jeta un coup d'oeil à sa montre, Heïana sursauta. Oups ! Je suis désolée mais je vais devoir vous laisser, j'ai un autre rendez-vous à honorer à St Vincent, et je vais être en retard à ce rythme. Elle se leva, fit signe à Eavan de ne pas faire de même; elle retrouverait la sortie seule. Sortant un calepin de son sac, elle y griffonna quelque chose, arracha le papier et le tendit à la future maman: Mon numéro de téléphone, si jamais vous avez besoin, n'hésitez pas. Je vous souhaite une bonne journée, et vous dit à dans une semaine, pour notre deuxième consultation ! Et sur ces dernières paroles, Heïana quitta l'appartement, une journée encore bien remplie se profilant devant elle.

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