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 (norasmine) homemade dynamite

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Message(#) Sujet: (norasmine) homemade dynamite (norasmine) homemade dynamite  EmptyLun 2 Déc 2019 - 16:30


HOMEMADE DYNAMITE
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La main de Yasmine s'abattit sur le bouton de commande pour ouvrir la porte vitrée du sas de l'administration des urgences. Elle ressentit toute la tension de son geste jusqu’à l'arrière de sa nuque, tandis qu'elle mâchonnait rageusement l'intérieur de sa joue droite, réduite en charpie en l'espace de quelques secondes à peine. La commande ne répondit pas, ç'eut le don de faire accroître le sentiment de colère qui bouillonnait à l'intérieur de son corps entièrement chargé en électricité. De nouveau, elle appuya dessus – une, deux, trois, quatre fois… bien que ces dernières fois furent inutiles, elles lui permirent cependant de passer ses nerfs, même si ce n'était absolument pas suffisant dans le fond.
"Alors, il t'a dit quoi ?" La voix de Molly résonna comme un son particulièrement désagréable à ses oreilles à cet instant-là. Alors que la porte s'ouvrit enfin, Yasmine lui lança sans presque desserrer les mâchoires "C'est pas le moment, Molly." Pas de sourire, pas d'excuses, pas même un regard en direction de la jeune femme à qui elle faussa immédiatement compagnie pour s'élancer de l'autre côté de l'administration. Rejoignant dans la foulée le couloir annexe au service, elle alla se réfugier dans la première réserve pharmaceutique qu'elle trouva sur son chemin.

Le fait que tu sois un si bon élément ne te donne pas le droit de te comporter comme tu le fais en ce moment. Je ne sais pas ce qu'il te prend, mais ta volonté constante de passer au-dessus de tes supérieurs hiérarchiques commence à me taper sur les nerfs, et je ne suis pas le seul. Je vais devoir en référer à l'administration. Elle se serait bien passée de cet air qui lui trottait inlassablement dans la tête depuis qu'elle avait quitté le bureau du chef de service des urgences. Mais le fait était qu'elle savait depuis plusieurs semaines que cet entretien lui pendait au nez ; elle avait compris que son temps serait compté dès qu'elle s'était dressée contre Saït lors de l'admission d'Edgerton dans le service. A part faire preuve de bonne foi en contrôlant ses accès d'impulsivité, elle ne pouvait pas faire grand-chose pour y échapper, et ça devenait de plus en plus difficile tant elle était confrontée à plusieurs choses à la fois, aussi bien professionnellement que personnellement parlant. Elle n'avait pas su quoi répondre à l'homme qui se tenait devant elle, mine de circonstance affichée sur son visage mal rasé, bras croisés sur sa blouse blanche. Yasmine s'était recroquevillée sur elle-même en ayant l'impression étrange d'être une enfant en train de se faire passer un savon par un de ses parents à qui elle aurait raconté le pire bobard de l'histoire. Elle avait senti ses larmes gonfler au raz de ses cils, et sa voix lui avait échappé quand elle avait essayé de se justifier et de promettre qu'elle allait se ressaisir, même si elle savait que ce serait beaucoup plus compliqué que ça en réalité.
Refermant la porte de la réserve pharmaceutique derrière elle, elle s'y adossa sans prendre le temps de la verrouiller. Elle inspira trop profondément, trop douloureusement. Ses mains trouvèrent son visage qu'elle dissimula avec ses paumes sur lesquelles elle appuya les angles anguleux de son visage, sans doute dans l'intention inconsciente de se faire un peu de mal ; elle ne supportait plus celle qu'elle était devenue. Elle n'aurait jamais dû abandonner ses séances de thérapie, mais elle l'avait fait. La peur du diagnostique était une raison suffisante pour expliquer son brusque retrait du programme qu'elle avait rejoint en rentrant du Niger, mais c'était aussi la chose la plus stupide qu'elle avait jamais fait de sa vie. Aujourd'hui, elle en payait le prix.
Yasmine avait toujours évité de confirmer ses craintes à propos de tout ça, se tenant à l'écart des manuels traitant du sujet, et refusant de devenir le genre de patient hypocondriaque qui va soulager sa névrose en allant taper ses symptômes sur un moteur de recherches internet. Pourtant, elle savait au plus profond d'elle-même que la seule étiquette qu'elle pouvait poser sur l'état dans lequel elle se trouvait depuis trop longtemps maintenant était celle du trouble de stress post-traumatique qui avait littéralement altéré sa façon d'évoluer. Et ça datait de bien avant le Niger – ce qu'elle avait vu là-bas n'avait fait que semer les dernières graines nécessaires pour détruire les restes de celle qu'elle était alors. Le plus effroyable dans tout ça, c'était qu'elle ne pouvait en parler à personne. Pas dans ces termes en tout cas, pas quand elle savait très bien qu'on lui reprocherait d'avoir préféré étouffer son anxiété, son hypervigilance, son hypersensibilité et son insomnie sous une bonne couche de déni qui avait si bien poli l'image de quiétude, de bienveillance et de générosité qu'elle avait toujours présenté à ceux qu'elle tenait tant à préserver, qu'elle-même avait fini par croire que tout finirait par s'arranger.

Elle ne pleurait pas quand elle sentit la poignée de la porte contre laquelle elle était adossée s'activer. En fait, mise à part la colère qui bouillonnait dans son sang, elle se sentait devenue étanche au moindre sentiment à ce moment-là. Elle avait toujours le visage dans ses mains cependant, et toujours montée sur ressort, la colère ayant pris le pas sur son sentiment d'impuissance lorsqu'elle s'était trouvée dans le bureau de son supérieur, Yasmine se somma de ne pas faire barrage à la personne qui tentait d'entrer. Elle se décolla du panneau de la porte, consciente qu'elle ne pourrait pas envoyer paître son collègue qui cherchait à entrer, et n'attendant pas de savoir qui ça pouvait bien être, elle s'élança énergiquement pour rejoindre une rangée éloignée de flacons en verre posés sur une étagère qu'elle frôla trop brusquement.
Le résultat fût immédiat. Son envie de passer inaperçu fût anéanti par la chute synchrone de plusieurs de ces flacons. Elle ne put en retenir aucun, et le chapelet de jurons en arabe qu'elle déversa à chaque impact sur le sol devait avoir fait saigner à distance les oreilles de sa pauvre maman "On repassera sur la discrétion." laissa-t-elle échapper plutôt âprement lorsque la personne qui avait rejoint la réserve se montra. Yasmine reconnut Norah avec qui elle échangea un regard rapide – volontairement rapide, d'ailleurs. Elle finit par lui dire, tachant de paraître moins courroucée, même si les traits de son visage étaient particulièrement durs et froids quand elle avait tourné la tête dans sa direction. Elle désigna le désastre à ses pieds d'un geste dédaigneux de la main "Je m'en charge, t'en fais pas. C'est moi la responsable de toute façon."
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Message(#) Sujet: Re: (norasmine) homemade dynamite (norasmine) homemade dynamite  EmptyMer 4 Déc 2019 - 17:18


HOMEMADE DYNAMITE
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La chambre vide n'attendait plus qu'un nouveau patient à être admis s'il était dans un état critique. C'était comme ça qu'on les accueillait, en service de réanimation. Entre la vie et la mort, sans trop savoir vers où on allait, comment on y allait. Cela faisait deux mois qu'Alfie avait quitté les murs du service dans lequel son amie travaillait. Sur ses deux jambes, mais bien amoché, suffisant pour que Norah ne soit absolument pas sereine de le voir partir de l'hôpital si tôt. Prise d'une angoisse, décuplée par un épuisement devenant de plus en plus évident pour ses proches, elle avait peur pour lui. Comme elle avait peur pour Anwar quand il travaillait, comme elle pouvait avoir un mauvais pressentiment pour ses frères, pour Jasper, pour Yasmine. Des appréhensions injustifiées, qui ne venaient de nulle part, mais qui venaient hanter la jeune femme, tant elle avait peur de perdre loin d'eux. Pour Alfie, ça aurait pu se jouer au centimètre près, au coup de trop de la part de son agresseur. Elle se souvenait encore de Juliana qui lui demandait de veiller sur lui quand elle ne pouvait pas être là, tandis que le chef de service faisait au mieux pour l'empêcher de rentrer dans cette chambre, sachant pertinemment que ça allait bien trop l'impacter. Non pas qu'il doutait de la manière dont elle pourrait le prendre en charge, mais plutôt de l'amplitude avec laquelle ça pourrait l'affecter sur le long terme. Oui, ce jour-là quand elle avait vu débarquer Alfie sur un brancard, à peine conscient, la face ensanglantée et beaucoup trop amochée, elle avait peur de le perdre. Elle tenait beaucoup trop à lui pour se montrer insensible à ce tableau qu'elle n'avait vu que furtivement, alors qu'Andrew, médecin et chef de service de réanimation, lui avait rapidement barrer la route pour qu'elle n'assiste pas à ce désastre. Pour son bien, uniquement. "Il est parti, Norah, il va bien." avait-il dit de sa voix posée alors qu'il l'avait vu plantée à l'entrée de la chambre dans laquelle Alfie était hospitalisée. Norah sentait son coeur se pincer de plus belle. "Je reste convaincue que tu l'as laissé partir trop tôt." lui répondit-elle, le regard vague et les bras croisés. "Il n'est pas revenu entre temps, c'est qu'il ne doit pas aller trop mal." dit-il avec un sourire que Norah pouvait deviner se dessiner sur ses lèvres. Il se trouvait toujours derrière elle et avait mis par se poster à ses côtés. "Il pourrait avoir un hématome sous-dural chronique et finir dans le coma." supposait-elle. "Un passage eu neuro ne lui aurait pas fait de mal non plus, qui sait, peut-être qu'il a des séquelles qu'on n'a pas su dépister. Je le connais, j'aurais pu les voir." "Et tu sais aussi bien que moi qu'il y en a qui se rectifie dans les premières semaines, tu sais très bien qu'il y a aucun intérêt à faire une évaluation si tôt. Plus tard, dans quelques mois." lui répondait le médecin dans le plus grand calme. "Ou si la fracture son crâne se déplace ? Tu sais qu'il tient pas en place et que-" "Norah, arrête." Le ton du Dr. Thompson était cette fois-ci bien plus ferme. "Maslow va bien, Dunn a pu rentrer chez lui, tu devrais avoir la conscience tranquille. Et je suis persuadé que ton ami sait très bien se gérer." Andy ne se faisait pas d'illusion, il avait été l'un des premiers à remarquer que non, ça n'allait pas, et qu'il la voyait se dégrader au fil des jours et des semaines sans que ses paroles ne puissent atteindre sa collègue. Ce n'était pas ses dires qui allaient la rassurer ou la convaincre que la durée d'hospitalisation d'Alfie était suffisante. "Je sais que tu tiens beaucoup à lui et..." "Ca va, Andy, j't'assure." dit-elle en tournant son regard vers lui, lui coupant à son tour la parole. A la longue, il avait bien compris le petit manège de Norah et la façon dont elle se voilait totalement la face. Il n'était pas psychiatre mais savait que le jour où elle serait face à cette réalité, les conséquences pouvaient être désastreuses. Il était tenté de lui signer un arrêt de travail, mais même avec ça, elle continuerait à venir jour après jour. Démuni, il était frustré au possible de ne rien pouvoir faire d'autre qu'attendre. Attendre de voir son amie décompenser. Il ne savait ni où, ni quand, ni quoi, et c'était ce qui l'effrayait le plus. "Saït est plus contrarié, en ce moment. Lui qui est d'habitude d'un calme olympien." Norah l'interrogeait du regard. "Il a rien voulu dire, mais de ce que j'ai entendu dire d'un des internes des urgences, ça a plutôt chauffé avec une des infirmières. Yasmine." "Toi qui aime pas les potins, t'es quand même sacrément bien renseigné." dit-elle d'un ton taquin, afin de dissimuler l'inquiétude qu'elle ressentait désormais en plus pour son amie. Ils s'échangeaient longuement un regard avant que la brune ne se décide de quitter le service. "Nono." dit Andy d'une voix plus forte afin de l'interpeller avant qu'elle ne se trouve pas. "Par pitié, prends un peu soin de toi." Sans donner de réponse, Norah quittait le service. Au loin, elle voyait Yasmine se rendre dans la réserve pharmaceutique. Sans hésiter, son pas devint plus déterminé, décidée à aller discuter avec elle, mettant une nouvelle fois de côté ses propres tourments. Norah ne comprenait pas trop tout ce qu'il se passait ensuite. Une chute de flacons, des mots arabes dont elle pouvait étrangement deviner le sens et une Yasmine vraisemblablement sur le point d'exploser. "Hey." souffla-t-elle alors qu'elle constatait encore l'ampleur des dégâts. Peut-être était-ce parce qu'elle en était sur le point d'en devenir une elle-même, mais Norah avait la facilité de reconnaître une âme en peine quand elle en voyait une. Son amie pouvait être assez butée quand elle était contrariée, Norah le savait. Les mots n'avaient pas par leur place à cet instant précis, ce pourquoi elle la prit dans ses bras sans crier gare. Ne serait-ce que pour l'apaiser, qu'elle arrête d'avoir la tête dans le guidon à ne songer qu'à ses contrariétés. Elle n'était pas seule, c'était ce qui comptait. Norah la gardait ainsi longtemps dans ses bras, comme munie de cet instinct protecteur, presque maternel. L'une de ses mains s'était glissée entre ses mèches brunes, espérant ainsi apaiser une tête qui semblait bien trop remplie. Les semelles de ses baskets baignaient dans un fameux mélange de solutés et c'était bien le cadet de ses soucis. "Ca va aller." lui chuchota-t-elle, avant de relâcher peu à peu son étreinte, afin de pouvoir enfin voir son visage. Norah l'observait longuement et tendrement. "Si ça peut te détendre un peu, je peux aussi te masser les épaules, si tu veux." Ca aurait pu être une plaisanterie, mais elle était quand même sérieuse. C'était quelque chose qu'elle aimait plutôt bien faire alors qu'elle n'était pas la plus tactile qui soit de base. "Je vais t'aider. Ca se fera plus vite." dit-elle finalement en constatant les bris de verre par terre. Norah se saisit rapidement d'une poubelle qui se trouvait dans le couloir pour la mettre dans un coin de la réserve. Elle se baissait pour ramasser les premiers débris, en faisant attention de ne pas se couper. "J'ai eu de très vagues échos de ce qui a pu se passer." finit-elle par dire après un moment uniquement comblé par un silence particulièrement lourd. "Andy  n'est pas des plus doués pour s'intéresser aux rumeurs et reste toujours très évasif." C'était peut-être un élément qui faisait qu'ils s'entendaient si bien; ils n'en avaient un peu trop rien à faire de ce qui pouvait se passer entre les collègues. Ils en parlaient, parfois, c'est sûr, mais n'ébruitaient jamais les choses et ne les amplifiaient pas. Trop de drama tue le drama, ils avaient d'autres sujets à aborder que de s'intéresser à qui a couché avec qui au fond de la lingerie. "Je serai pas contre avoir ta version des faits." Avec des détails, si possible, histoire d'être sûre de bien tout comprendre. "Qu'est-ce qu'il se passe, Yasmine ?"
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Message(#) Sujet: Re: (norasmine) homemade dynamite (norasmine) homemade dynamite  EmptyMer 11 Déc 2019 - 21:41


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Si quelques jours auparavant, ça lui aurait fait un bien fou que ce soit Norah qui pousse la porte de la réserve pharmaceutique de ce service, et pas quelqu'un d'autre qu'elle aurait envoyé sur les roses sans aucun regret, Yasmine fût presque en colère que ce soit le cas à ce moment-là. Pourquoi, de tous les employés de ce foutu hôpital, il fallait que ce soit celle qui précisément lui renvoyait la même image que celle qu'elle rencontrait parfois dans le miroir lorsqu'elle avait la malchance d'en croiser un au hasard de ses errances quotidiennes ? La jeune femme retint un rire jaune en accordant un regard peu amène à l'entité qui se jouait bien d'elle en cet instant, et qu'elle aurait été prête à désavouer un peu plus avec ses insultes si seulement elle en avait eu la force. Au lieu de quoi, ses dents trouvèrent sa lèvre inférieure qu'elle mordit jusqu'à l'entailler très légèrement, lui laissant ainsi le sentiment sommaire d'encore réussir à contrôler quelque chose, même si ce n'était pas ce à quoi elle s'attendait. Elle s'apprêtait à se détourner pour ne pas montrer à sa collègue qu'elle n'était pas si ravie que ça de la trouver là, mais elle se ravisa, ne voulant pas faire plus de dégâts qu'elle n'en avait déjà causé en piétinant les débris de flacons en verres qui s'étalaient à ses pieds. Comme prise au piège, Yasmine se retrouva les bras ballants, à ne plus trop bien savoir quoi faire de son corps sur le moment.
Elle se souvenait de la conversation qu'elles avaient eu toutes les deux quelques semaines plus tôt ; une conversation durant laquelle Yasmine lui avait conseillé de s'en remettre à un professionnel à qui elle pourrait parler de la charge de travail qu'elle portait sur ses épaules, en plus de la charge mentale qu'elle soupçonnait être beaucoup trop lourde pour sa collègue. Cette dernière, induite par le traumatisme étouffé de l'admission au service de réanimation de l'officier Dunn, elle l'avait contrariée si longtemps que vraiment, Yasmine avait cru que Norah finirait par craquer pour de bon face à ce cas tellement similaire à celui de son époux décédé qu'elle-même s'était sentie investie d'une sorte de devoir à l'encontre du pauvre homme qui en avait franchement bavé. Aujourd'hui, elle se trouvait bien hypocrite de s'être répandue en bonne parole auprès de Norah quand elle était incapable d'admettre qu'elle non plus, elle n'allait pas bien. Elle carra les mâchoires, changeant son fusil d'épaule en opérant une descente pour mieux se pencher et ramasser les bêtises qu'elle venait de faire… mais la jeune femme s'approcha d'elle. Avant qu'elle ne puisse la repousser, elle se retrouva avec son menton calé sur son épaule et des larmes bordant ses grands yeux verts.
Et pendant que Norah la serrait dans ses bras, Yasmine se rendit compte que c'était ce qui lui avait manqué ces derniers mois ; un contact physique aussi réconfortant qu'un câlin que seule une maman inquiète était capable de lui donner, lui murmurant que tout irait bien au creux de l'oreille. Depuis qu'elle était rentrée du Niger, la jeune femme ne se souvenait pas d'avoir reçu ce genre de marque d'affection, et sans doute était-ce de sa faute, elle qui avait tendance à se braquer lorsqu'une main trop entreprenante venait frôler sa peau caramel ; mais qui savait aussi s'en repaitre lorsqu'elle appartenait à quelqu'un en qui elle avait toute confiance – et elle avait confiance en Norah. Les quelques membres de son entourage à qui elle accordait ce crédit n'avaient pas démontrer un intérêt vivace à vouloir la réconforter ces derniers temps et ça encore, c'était sans doute sa faute. Elle s'était chamaillée avec tellement de gens ces derniers temps qu'elle comprenait l'idée de ne pas être digne de ce genre de privilèges… mais tout de même, elle en aurait eu bien besoin. Et que ce soit Norah qui soit la première à s'en apercevoir, alors qu'elle-même était dans une impasse, ça rasséréna presque immédiatement la colère qu'elle avait ressenti à son égard quelques instant plus tôt. Yasmine la serra dans ses bras elle aussi, et quand elle ferma les yeux pour se gorger de la chaleur de la jeune femme qui la fit sourire en lui proposant de lui masser les épaules, elle sentit une larme rouler sur sa joue.

Une larme qu'elle écrasa d'un revers de main au moment où Norah rompit leur étreinte "Ça va aller, je t'assure." fit-elle d'une voix incertaine, aussi bien au sujet du massage, qu'au sujet de la proposition de sa collègue qui tenait à l'aider à ramasser les flacons brisés. Yasmine n'eut pas la volonté nécessaire d'insister pour qu'elle la laisse faire, et elle finit par rendre les armes en se penchant à l'unisson avec elle pour rassembler les premiers éclats en prenant les précautions nécessaires pour ne pas se couper – il ne manquerait plus que ça. Pendant que le silence s'étira, elle se mit à espérer que la jeune femme ne lui pose plus de questions. Sauf que Yasmine connaissait Norah. Elle ne s'arrêterait pas là.
Son cœur se mit à battre plus fort, sa vue se flouta à la seconde où sa voix résonna dans la petite pièce. Bien qu'elle s'y était attendue, les paroles de Norah lui firent manquer de vigilance et se couper la paume avec un débris de verre qu'elle lâcha aussitôt. Elle grimaça en voyant la rainure de sa paume prendre une teinte rouge trop vif. Elle fit pression dessus après un instant à contempler les options qu'elle avait dans sa manche et qui lui serviraient à répondre à la question de sa collègue. Se préparant à se lever, Yasmine renifla "Le rythme est dense en ce moment, je dors peu. C'est rien, tu sais ce que c'est." Un demi-mensonge, vite suivit par une vérité qui la dérangeait profondément, et qu'elle prononça en examinant la plaie qu'elle avait dans la paume tout en se dirigeant en même temps vers le fond de la réserve en tachant de conserver un ton neutre, même si elle sentait sa gorge se resserrer douloureusement au plus elle ressassait intérieurement tout ce qui la contrariait et dont elle devait se départir, même si ce n'était qu'à moitié, car il y avait tant de choses qui la taraudait dans le fond "Saït m'a mise en garde, il avait l'air sérieux." Elle s'arrêta, sentant les commissures de ses lèvres s'affaisser alors qu'elle essayait de retenir les larmes qui brouillaient l'examen de sa paume qui lui élançait un peu.
Elle prit une grande inspiration, choisissant de tronquer une partie de l'histoire, laissant ses angoisses et le reste de côté, pour mieux s'arrêter sur ce qui apparaissait comme l'issue fatale aux nombreux mois qu'elle avait passé à prétendre que tout allait pour le mieux "Il y a un mois, il m'a demandé d'aller voir ailleurs pendant une intervention sur un patient que je connaissais personnellement. Je crois que je l'ai menacé de retourner l'histoire de Dunn contre lui s'il m'interdisait de prendre part aux soins…" Elle ne comprenait toujours pas ce qui avait poussé le jeune homme, puis Andy par la suite, à autoriser Norah à rester autant à proximité d'un cas comme celui de l'officier Dunn. Ça l'avait angoissée plus qu'elle ne l'admettrait jamais, comme toutes ces choses qu'elle gardait au fond d'elle comme de vilains petits secrets. Elle secoua la tête dans l'espoir de retrouver une bonne composition, dissimulée derrière les rayonnages qu'elle avait rejoints après s'être levée, et dont la hauteur lui permettait de ravaler ses larmes en toute intimité – ce qu'elle fit, en admettant tout à la fois "C'est flou. J'ai paniqué." Là encore, c'était une vérité qu'elle se sentait honteuse de partager en face d'une infirmière aussi compétente que Norah. Mais les faits étaient là. Après avoir lourdement insisté pour entrer dans la salle de trauma, quand elle avait pris sens que le sang qu'elle avait sur ses gants était celui d'Edge, elle avait avoué à l'équipe autour d'elle qu'elle ne se sentait pas capable de faire son travail. Yasmine déglutit à plusieurs reprises, laissant sa main légèrement blessée et douloureuse de côté pour regarder le plafond tandis qu'un sourire sans joie se dessina sur ses lèvres qu'elle mordit de nouveau, après avoir chuchoté – plus pour elle-même que pour Norah "C'est en train de m'éclater à la figure, je vais me faire virer." Parce que ce n'était pas la première fois qu'elle démontrait ce genre de comportements depuis son retour d'Afrique, que ce n'était pas la première fois qu'elle poussait Saït dans ses retranchements ; mais qu'en revanche, c'était la première fois que quelqu'un paraissait vraiment inquiet par rapport à tout ça. Yasmine ne le supportait pas.
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Message(#) Sujet: Re: (norasmine) homemade dynamite (norasmine) homemade dynamite  EmptyVen 13 Déc 2019 - 0:47


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Pas besoin de bien voir pour deviner que la présence de Norah dans la réserve n'était absolument pas désirée. Yasmine n'avait pas besoin de l'insulter de tous les noms arabes possibles pour le deviner, ni de la fusiller clairement du regard. Elle savait, ça se ressentait. Ce n'était pourtant pas dissuasif pour l'infirmière de quitter les lieux et de laisser la belle brune au milieu d'une bonne dizaine de flacons brisés. Non, ça n'allait pas en sa faveur de rester seule coincée ici avec ses propres problèmes. Peut-être était-ce son côté maternel, ou le simple fait qu'elle connaissait bien Yasmine, qui avait poussé sa collègue à la prendre dans ses bras afin de la laisser se calmer. Sa supposition fut un franc succès; Yasmine ne tardait pas à lâcher prise et à l'enlacer à son tour, comme si elle se rendait soudainement compte que c'était ce dont elle avait le plus besoin à ce moment là. Contente d'avoir déjà pu lui apporter un semblant de soulagement faisait sourire tendrement Norah. Son poucce caressait doucement son dos encore quelques instants, avant qu'elles ne finissent par se détacher de l'une l'autre. Ca va aller, disait-elle. On aurait pu dire que c'était l'hôpital qui se foutait de la charité, parce que Norah était exactement pareille. "Moi je t'assure que non, ça n'a pas l'air d'aller." lui répondit-elle dans le plus grand des calmes. Elle n'était pas dupe. Toutes les deux accroupies pour ramasser les débris brisés, la belle brune comprenait enfin qu'il était inutile d'essayer de convaincre son amie qu'elle arriverait très bien à se débrouiller toute seule. Yasmine fut troublée par la question posée, qui n'avait pourtant rien de sorcier. C'était suffisant pour la perturber au point de ne plus vraiment faire attention à ce qu'elle faisait et elle finit par se couper avec l'un des éclats de verre. Norah faisait partie de ces infirmières qui avaient toujours quelques objets base de secours dans sa poche. Une paire de ciseaux, une paire de trocart, quelques bouchons pour les perfusoins, un paquet de compresses quand elle le voulait bien. Par pure réflexe, elle comprima la plaie par-dessus les doigts déjà posées sur la plaie, le temps de chercher le nécessaire dans sa poche. Juste un paquet de compresses ? Ca fera l'affaire. De ses doigts infirmiers habiles, elle ouvrit le paquet et en sortait les carrés stériles afin de les déposer sur la coupure. "Tiens." Elle se fichait bien d'avoir les doigts couverts du sang de son amie, c'était bien même le cadet de ses soucis. "Je te ferai un meilleur pansement après." lui dit-elle, avec un ton laissant comprendre qu'elle ne lui laissait pas trop le choix. Oui, elles savaient toutes les deux que le rythme d'infirmières était loin d'être évident. Norah l'utilisait même comme excuse principale auprès de ses proches dès qu'on lui disait qu'elle avait l'air vraiment fatiguée. Ce qui était tout aussi vrai, en soi, même si elle s'éloignait volontairement du problème initial. "Il en faut vraiment beaucoup pour le contrarier." dit Norah au sujet de leur collègue médecin. Saït était d'un calme olympien, une voix posée, pas un ton plus haut que l'autre. A la limite, on pouvait ressentir sa frustration quand une situation ne se passe pas comme il le voudrait; le plus souvent, quand un patient se dégradait et que les solutions qu'il mettait en place étaient inefficaces. C'était un médecin que Norah appréciait énormément. Que Yasmine ait intégré dans ses menaces Dunn affectait tout particulièrement son amie. D'abord perplexe, elle fronçait les sourcils pour comprendre où elle voulait en venir. "C'était qui, ce patient que tu connaissais ?" lui demanda-t-elle, se demandait bien quelle personne pouvait mettre Yasmine dans un tel état, capable de menacer le personnel soignant qui s'occuper le patient en question. Elle se passait bien de faire un commentaire le fait qu'elle ait impliqué le patient flic dans l'histoire, et, par conséquent, elle aussi. Yasmine se dissimulait avec soin dans les rayonnages pour dissimuler sa peine, mais, encore une fois, Norah n'était pas dupe. Elle fit elle-même quelques pas lents sans forcément lui adresser un regard dans un premier temps. Le comportement de Yasmine semblait lui porter préjudice. Norah l'avait entendu murmurer, parlant de se faire virer, ou quelque chose comme ça. Elle finit par la rejoindre dans le même rayonnage qu'elle. Qu'il était perturbant de voir son amie dans un tel état, presque plus que l'ombre d'elle-même. Norah se sentait impuissante, et ce genre de ressenti la frustrait au possible, typiquement. Elle avait horreur de reconnaître qu'elle ne pouvait rien faire de plus, si ce n'est de l'écouter et de l'épauler autant que faire se peut. Ses doigts effleuraient les flacons posées à sa hauteur sur l'une des étagères, songeuse. "Est-ce qu'il n'y a vraiment que ça ?" lui demanda-t-elle finalement. "Je veux dire, je suis bien placée pour savoir combien ça peut être perturbant de voir un proche débarquer aux urgences, à se demander si on se sent capable de le prendre en charge ou non." Il y avait deux possibilités : soit le soignant parvenait à utiliser l'affect à bon escient, sans se laisser trop atteindre par les circonstances, soit on le laissait envahir chaque partie de son corps et on perdait tous les moyens. On ne se sentait plus capable de rien, pétrifiée par la crainte de ne pas assez bien faire, cette pression insoutenable qui serrait la trachée, ces responsabilités qui montraient tout leur poids sur des épaules parfois plus frêles qu'elles n'en ont l'air. Une nouvelle fois, Norah s'approchait d'elle. "Tu sais que c'est pas pour rien que Saït t'ait refusé de prendre soin de cette fameuse personne. C'est pas trop son genre de demander à une soignante de sortir, surtout s'il  la sait compétente, ce qui est ton cas. Il aurait bien voulu faire pareil avec moi quand Dunn a été admis, mais dans l'urgence, avec les autres, il avait pas le choix et j'ai bien vu combien ça l'emmerdait." Et de surcroît, Andy n'était pas là dans les parages pour prendre le relais et s'assurer que Norah ne soit pas témoin d'un triste spectacle où son feu mari aurait pu être dans le rôle principal quelques années plus tôt. "T'as essayé d'en rediscuter avec lui ?" Yasmine n'était pas du genre à s'excuser facilement, ni à revenir la queue entre les jambes, mais pour le coup, ça allégera peut-être sa conscience, ou peut-être que ça lui permettrait de prendre un peu de recul sur les événements récents. Norah se faisait véritablement du soucis pour elle, elle n'aimait pas la voir ainsi. La Khadji ne semblait plus rien arriver à contrôler de sa vie et c'était ce qu'il y avait de plus perturbant à voir pour son amie. Ses yeux se reportèrent sur sa main toujours blessée. "Viens, je vais d'abord m'occuper de ta blessure, on reviendra finir de nettoyer tout ça après." Il ne manquerait plus qu'elle se chope une infection.
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Message(#) Sujet: Re: (norasmine) homemade dynamite (norasmine) homemade dynamite  EmptyVen 27 Déc 2019 - 18:04


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Planquée derrière les rayonnages de la réserve pharmaceutique, Yasmine observa la compresse que Norah lui avait donnée pour faire pression sur sa coupure. Elle s'imbiba de rouge, s'infiltrant doucement dans les rainures de coton pour former des motifs écarlates, un peu comme de l'encre sur un parchemin vierge. Et c'était presque joli, cette formation soudaine de dessins aléatoires, si bien que ça la distrait un instant, attirant toute son attention. Elle n'avait jamais eu peur du sang, ça ne l'avait même jamais dégoûté. Plutôt volontaire lors des interventions les plus sanglantes, Yasmine n'était pas la dernière à y plonger les mains si ça signifiait sauver la vie de quelqu'un. L'odeur particulière du sang, elle s'y était faite comme tous les relents de fluides corporels qui accompagnaient le parcours du personnel hospitalier. Chacun ne s'en souciait qu'une fois rentré à la maison, quand l'objectif primordial était de se débarrasser de ces effluves malodorantes... le reste du temps, ça faisait partie du travail, on s'y accommodait forcément. Seulement, depuis qu'elle avait eu celui d'Edgerton sur les mains, elle ne réussissait plus à aborder sereinement les flots de sang déversés par les patients qui se présentaient dans le service. Ici, c'était le sien qui, après de longues secondes à en suivre le trajet hasardeux, lui fit ravaler un haut-le-cœur, puis reconcentrer son tout son intérêt sur Norah qui lui demanda qui était le patient qu'elle avait tant tenu à soigner. Yasmine hésita un instant, quand enfin, la voix enrouée par ses larmes refoulées et par tant d'autres choses aussi, elle lui répondit :
"Un homme que j'ai fréquenté, il y a quelques années. C'est compliqué." Pas autant que ça en vérité, mais Norah savait combien sa collègue pouvait être pudique à propos de ce genre de choses. Aussi espérait-elle qu'elle éviterait de lui poser davantage de questions, sinon elle serait obligée de lui avouer d'autres choses. Comme le fait qu'elle s'était sentie atrocement coupable de le revoir pour la première fois depuis des semaines, dans cet état-là qui plus est, alors qu'ils s'étaient quittés fâchés, et pas qu'un peu ; ou encore qu'elle avait perdu tous ses moyens en le voyant perdre connaissance, considérant que ce qu'elle lui avait dit, les insultes qu'elle avait proféré à son encontre sous le coup de la colère et qu'elle n'avait même jamais pensé au demeurant, pourraient prendre des allures d'ultimes paroles s'il ne rouvrait pas les yeux… tellement de choses qui lui appartenaient intimement et dont elle n'avait pas envie de discuter, même avec quelqu'un qu'elle estimait autant que la jeune femme qui l'avait rejointe pour de bon à ce moment-là.

Sa question précédente, prononcée sur le ton usuel de la conversation, fit baisser la tête à Yasmine. N'y avait-il que ça ? Elle ne lui répondit pas, préférant éluder sur le moment. En revanche, elle rebondit sur ce que Norah ajouta tout de suite après et d'une certaine manière, ce qu'elle lui répondit prit des allures d'aveux qu'elle débita d'une voix chevrotante "Je le sais. J'ai juste pas réussi à me dire qu'il avait raison sur le moment parce que c'était Edgerton sur le brancard. Je pensais pouvoir réussir à l'aider, je voulais réussir à l'aider." Elle renifla avec détermination. Ses mains se tendirent devant elle alors qu'un léger élancement lui barra sa paume blessée. Sa compresse imbibée de sang tomba à ses pieds, mais elle ne se pencha pas pour la ramasser, concentrée sur tout ce qui sortit de sa bouche dans un débit dense et prolongé, non sans émotion car elle donnait l'impression d'en être gorgée – une éponge oubliée qu'on finissait par tordre pour l'assécher. Yasmine semblait incapable de s'arrêter désormais "Je voulais que les choses soient bien faites. Je voulais pas qu'il soit considéré comme un patient lambda." Comme souvent quand les proches des soignants étaient impliqués, ils tenaient à ce que les meilleurs soient sur le coup. Yasmine ne se considérait pas comme la meilleure infirmière du service, mais elle avait de la bouteille et elle était douée. Ça au moins, elle pouvait l'admettre sans rougir, sans craindre le manque de modestie : c'était un fait avéré que même les médecins titulaires savaient reconnaître, certains d'entre eux l'ayant même encouragée à poursuivre ses études pour devenir médecin "J'étais pas préparée à le voir dans cet état, j'ai eu peur." Son regard se fit lointain pendant qu'elle se rejouait la scène dans son esprit "J'ai pas su le gérer, je me suis laissée submerger. Ça m'arrive parfois, quand tout s'accumule d'un coup, quand c'est trop fort…. j'y arrive plus, Norah." conclut-elle presque naturellement, un peu comme si elle avait attendu vraiment trop longtemps avant de pouvoir dire toutes ces choses qu'elle avait farouchement contenue, plus effrayée par l'idée qu'on s'inquiète à ce sujet, que celle qu'on la juge pour ne plus être capable de supporter l'insupportable.
Ses yeux se mirent à lui picoter à la racine de ses longs cils. Yasmine cilla plusieurs fois, avant de reprendre une dernière toute fois – elle leva le bras pour s'essuyer les yeux dans le creux de son coude avant toute chose, et un sanglot orphelin s'échappa de ses lèvres en plein milieu de son discours qu'elle prononça dans l'urgence "J'arrive plus à considérer les choses graves de façon rationnelle. J'arrive plus à rester maîtresse de mes émotions quand ça concerne certain sujet, quand ça concerne certaine personne. Je panique sans arrêt, pour n'importe quoi, et je mets des longues minutes à me calmer… et c'est douloureux, là." Elle posa une main au creux de sa poitrine avec sa main blessée, laissant un poinçon rouge vif, là où elle ressentait tout trop fort. D'ailleurs, ce fût cet endroit qui tremblota quand elle reprit profondément sa respiration tandis qu'un léger rire nerveux vint fendre l'expression chagrine de son visage qu'elle remonta pour poser ses yeux humides sur Norah "Il m'a bien fait comprendre que j'avais plus droit à l'erreur. A partir de là, je considère que le dialogue est inutile, ça me donnera juste l'impression de le supplier de passer l'éponge sur tout ça." Et quand bien même elle n'était pas la dernière à s'excuser, même quand elle n'était pas dans ses torts, Yasmine en avait assez de devoir sans arrêt courber l'échine pour permettre aux autres de se sentir mieux – et elle alors dans tout ça ? Elle opina du chef de façon négative, appuyant l'idée qu'elle ne voulait plus avoir à affronter l'autorité de Saït – ni de qui que ce soit d'autre, pas maintenant en tout cas. Se sentant soudain honteuse d'avoir fait preuve d'autant de sincérité et d'impudeur en exposant ses problèmes face à Norah, Yasmine s'essuya de nouveau les yeux dans le creux de son coude avant de lui dire, examinant sa propre paume pour éviter d'avoir à regarder directement la jeune femme "Pardon. Je peux m'en occuper moi-même. Tu dois avoir beaucoup de boulot, tu devrais y retourner."
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Message(#) Sujet: Re: (norasmine) homemade dynamite (norasmine) homemade dynamite  EmptySam 4 Jan 2020 - 17:33


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La première chose à laquelle Norah pensait quand elle voyait son amie se dissimuler autant que possible d'elle était le comportement d'une enfant après avoir fait une énorme bêtise. Non pas qu'elle l'infantilisait, loin de là, mais cela montrait clairement que la brune ignorait où ses erreurs allaient la mener, quel prix elle allait devoir payer. Et elle avait peur, autant qu'un enfant pouvait avoir peur de la punition que leur réservait leur parents. Seulement, elle n'avait rien à redouter de sa collègue. Norah n'allait pas la juger, ni lui faire une montagne de reproches quant à ce qui compromettait sa situation professionnelle. Certes, elle avait des avis souvent bien tranchés mais ne se permettrait pas de lui faire la morale. Ca n'allait pas l'aider en quoi que ce soit, de toute manière. Le mal était déjà fait, et quel qu'il soit, elle allait faire de son possible pour l'aider. Très peu incommodée par l'odeur et la vue de l'hémoglobine, l'infirmière semblait presque imperturbable face à la situation, qui n'avait pourtant rien de normale. La semelle de ses baskets trempait toujours dans la flaque de solutés qui avait envahi la majeure partie de la réserve, la main ensanglantée de l'infirmière, avec une pauvre compresse qui n'allait bientôt plus servir à grand chose. "J'ai l'impression que c'était un peu plus qu'une fréquentation." Suffisamment pour la mettre dans cet état là, de toute évidence. Norah était loin d'être une experte concernant la vie sentimentale de son amie, mais elle savait qu'elle ne s'attachait pas facilement aux personnes. "Compliqué comment ?" lui demanda-t-elle, quitte à mettre les pieds dans le plat. Elle sentait qu'il y avait là des données qui lui serait nécessaire pour comprendre l'ensemble de ce qui la tourmentait. La belle brune avait apparemment beaucoup en tête, beaucoup trop. L'infirmière aurait voulu être capable de s'occuper de cet homme comme s'il s'agissait de n'importe quel patient, sauf qu'elle n'y était pas parvenue. "T'es pas un robot, Yas." Norah était bien placée pour savoir le pouvoir de l'affect sur la capacité de se concentrer et sur l'efficacité que l'on pouvait avoir durant ce genre de moments. Elle n'osait pas imaginer comme elle réagirait si elle avait un jour vu Frank arriver sur un brancard. "Ce n'était justement pas un patient lambda et que ça t'ait touché autant de le voir comme ça prouve tout simplement que t'as pas laisser ton job prendre le dessus sur qui tu es. En soi, c'est une bonne chose, même si t'es pas satisfaite de pas avoir su comment t'en occuper comme s'il s'agissait de n'importe quelle personne qui traverse les portes des urgences." Il y avait des patients, des situations qui nous touchaient plus que d'autres. Encore heureux, d'ailleurs. Norah avait ainsi gardé de nombreux souvenirs, des bons comme des mauvais et c'est ce qui avait permis d'être l'infirmière qu'elle était actuellement. Tout ne pouvait pas se passer comment on pouvait l'imaginer. "Qu'est-ce qui lui est arrivé ?" lui demanda-t-elle finalement, afin d'avoir une idée du triste spectacle dont son amie n'avait été que le témoin. C'était déjà beaucoup qu'elle parvienne à admettre qu'elle était à bout. Avant même Norah, alors que cette dernière tirait sur la corde depuis bien plus longtemps qu'elle. "Alors arrête." répondit-elle d'un ton des plus calmes, des plus sereins, des plus évidents qui soient. "On va soigner ça, tu vas te changer, rentrer chez toi, et te reposer. C'est aussi simple que ça." dit-elle avec un sourire. Yasmine n'avait pas à se surmener, à endurer une situation qui la dépassait bien trop. L'objectif n'était pas d'atteindre le burn out, de décompenser totalement. Pas pour ce métier, pas au prix de sa propre vie. "Je peux demander à Andy de te faire un arrêt, il me doit bien ça." A force de la contrarier ces derniers temps, le chef de service pouvait bien faire cette fleur là à sa collègue de longue date. Norah était presque décontenancée de voir la facilité qu'avait son amie à parvenir à décrire ses émotions, la façon dont elle ressentait son quotidien dernièrement. Une chose dont elle était elle-même incapable. Elle la regardait d'un air soucieux. "C'est quels sujets qui te mettent si mal ? Quelles personnes ?" lui demanda-t-elle. Peut-être que le verbaliser, le dire à haute voix, lui permettrait de relâcher un peu la pression. Que ce soit un peu moins douloureux dans sa poitrine. Son altercation avec Saït n'arrangeait en rien la situation. "Alors laisse le temps faire les choses, c'est peut-être pas si mal non plus qu'il y ait un temps d'accalmie, pour que tout se remettre un peu à plat." Si Yasmine pensait cette solution meilleure, elle la respecterait sans sourciller. "Tu crois franchement que je vais te laisser seule comme ça ?" lui rétorqua-t-elle en arquant un sourcil. "Certainement pas." C'était inconcevable de laisser Yasmine seule dans cet état là. "Et j'ai des nouveaux collègues qui la veulent se la jouer Rambo et qui m'ont assuré que tout irait bien, je leur laisse le bénéfice du doute et je reviendrai plus tard pour voir ce qu'il en est. De toute façon, j'ai le téléphone sur moi, ils savent qu'ils peuvent m'appeler s'il y a un soucis." Norah le leur avait rappelé plus d'une fois d'ailleurs. Que s'il y avait besoin de renfort, qu'ils mettent leur fierté de côté et optimiser les chances de réussite d'une gestion des urgences en faisant appel à des confrères. "Je fais ton pansement d'abord, on terminera de nettoyer ensuite." Elle l'invita à sortir de la réserve et de se diriger dans la salle de soins de son service afin qu'elle puisse faire un pansement en bonne et due forme. C'était un soin que Norah adorait faire  (comme beaucoup d'autres soins d'ailleurs), mais c'était vraiment quelque chose où elle aimait prendre le temps. Elle laissait Yasmine s'asseoir, préparait ensuite le matériel nécessaire et commençait à nettoyer et désinfecter la plaie. "Est-ce qu'il y a eu un élément déclencheur, au fait que tu te sentes si dépassée ?" lui demanda-t-elle finalement. "Est-ce depuis que tu as vu ce jeune homme blessé ? Quand tu t'es décidée de te lancer dans les cours de médecine ?" Beaucoup d'événements avaient du ponctuer la vie de la belle brune ces derniers mois et Norah en ignorait surtout une bonne partie. "Crois pas que je veuille te fliquer ou te harceler pour que tu me donnes des réponses, hein." précisa-t-elle en gardant ses yeux rivés sur sa blessure. "Je m'inquiète pour toi et je n'aime pas te voir dans cet état. Je cherche simplement à comprendre ce qui te bouleverse autant, pour pouvoir mieux t'aider ensuite. Même si ça ne se résume qu'à discuter, et à t'écouter. Si je peux faire quoi que ce soit... Tu sais où me trouver." Norah était plus experte pour dissimuler ses émotions, mais elle était très affectée de voir sa collègue se fâner, dépassée par tout ce qui lui arrivait.
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Message(#) Sujet: Re: (norasmine) homemade dynamite (norasmine) homemade dynamite  EmptyMar 7 Jan 2020 - 14:16


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"Compliqué, comme j'ai pas envie d'en parler maintenant." Ça lui appartenait totalement et de toute façon, elle redoutait que s'épancher maintenant sur sa relation avec Edge ne vienne l'enfoncer davantage. Elle n'était pas étrangère au fait de s'attribuer elle-même le coup de grâce lorsque c'était nécessaire, mais à ce moment-là, elle tenait étonnamment à minimiser les dégâts. De ce fait, c'est sciemment qu'elle mit de côté ce sujet-là pour expliquer à Norah ce qui était arrivé au jeune homme "Il boxe en amateur, il est doué. Mais ça s'est mal passé ce soir-là, il… il traînait une blessure au poignet qui l'a empêché de se défendre comme il a l'habitude de le faire. L'autre en a profité… il a été bien amoché. On croyait que les poumons étaient touchés, mais ça s'est avéré moins critique que ça en avait l'air. Il récupère bien physiquement, mais il a besoin de soutien sur le plan moral. C'est pas évident pour lui de rester là sans rien pouvoir faire." C'était le moins que l'on puisse dire. Elle passa sous silence les suspicions de Sloan à propos de l'ébriété d'Edge, celles qui laissaient sous-entendre que s'il avait vraiment voulu sortir vivant de ce combat, il n'aurait pas levé le coude autant de fois avant d'envisager de monter sur le ring.

Yasmine baissa la tête, ouvrant doucement la bouche pour reprendre plus calmement sa respiration. Elle n'était pas un robot, pourtant elle se donnait l'impression à elle-même de réciter tout ça selon une commande par-défaut intégrée à son système nerveux. Qu'est-ce qui n'allait pas chez elle ? A un moment, elle était une boule de nerfs prête à exploser et à un autre, elle semblait tellement en contrôle qu'elle s'effrayait elle-même quand elle laissé échapper des accents désincarnés qui ne ressemblaient absolument pas à la personne qu'elle était.
Avec discrétion, elle appuya soudain sur la plaie qui lui barrait la paume, ressentant automatiquement la vive douleur qui confirma une chose : elle était bien faite de chair et de sang. Tout allait bien, elle était humaine. Trop ? Elle releva la tête d'un coup, et les larmes qui mouillaient ses yeux roulèrent à nouveau sur ses joues "Et je fais quoi d'autre si j'arrête, Norah ?" Elle n'avait que ça, que son métier. Yasmine n'était pas mariée, elle n'avait pas d'enfants… elle avait sa famille, mais même ça, ça ne lui paraissait pas suffisant ces derniers temps. Il lui manquait l'unité qu'elle avait toujours connue, celle dont ses parents l'avaient privée quand ils avaient décidé que Sohan n'était pas assez digne de faire partie de leur tribu sous le prétexte qu'il ne rentrait pas dans les codes de leur communauté "Non. Non, je veux continuer à travailler." s'opposa-t-elle farouchement, sachant toutefois qu'elle aurait bien mérité quelques jours de repos. Mais ses insomnies ne s'étant pas arrangées depuis tout ce temps, à quoi bon ? Elle avait conscience, mieux que quiconque, qu'elle ne trouverait jamais vraiment la paix de toute façon.
Une paix que Norah lui proposait si gentiment, si bien qu'elle laissa tomber les dernières barrières de sa volonté, et  se laissa asseoir sur le tabouret qu'elle lui présenta dans l'optique de soigner sa coupure ensanglantée. Tandis qu'elle, elle lui répondait en même temps "J'en sais trop rien. C'est un tout." Tout la touchait, tout pouvait faire permuter son humeur en une fraction de secondes et c'était ça le plus handicapant, finalement. Elle qui avait déjà une empathie notoire, compatissante sans être trop sensible non plus, son manque de sommeil faisait d'elle une bombe à retardement aujourd'hui et dans le fond, elle savait exactement ce qui avait déclenché tout ça.
Était-elle prête à en parler à Norah, à surmonter des années d'embarras au sujet de ce secret qu'elle n'avait partagé qu'avec Hassan ? Yasmine retint sa respiration un moment avant de commencer, les yeux rivés sur les doigts de la jeune femme qui s'affairait à la soigner "J'ai été agressé, il y a quelques années." Elle ne l'avait jamais verbalisé, se demandant parfois si elle ne l'avait pas fabulé, cette fameuse agression. Mais sitôt que ça traversa ses lèvres, elle se revit quelques années en arrière et elle sut, sans doute possible, que ça avait toujours été ancré en elle : cette honte, vicieuse, sournoise, qui la suivait partout où elle allait. Et puis tout de suite, elle se sentit stupide ; parce que de son point de vue, réagir comme elle le faisait depuis, ça relevait de l'exagération pure et dure. Et pourtant, ça l'avait marqué si fort que tout son comportement avait évolué après ça. Elle n'agissait plus de la même façon avec les hommes et les contacts physiques, elle préférait les éviter, ne les accordant qu'à ceux en qui elle avait une confiance affirmée, si peu sûre d'elle-même qu'elle préférait se cacher derrière sa pudeur plutôt que d'admettre que ça lui faisait peur ; elle s'obstinait à se cacher derrière des vêtements qui en montraient si peu que sa propre mère lui avait souvent demandé pourquoi elle se sentait obligée de se cacher de cette façon alors qu'elle était si jolie… un comble, elle qui s'était échinée à préserver l'honneur de sa cadette en la mettant en garde contre les minijupes.
Encore un peu plus, Yasmine se sentit stupide. Sentant le poids du silence peser sur la conversation, elle se sentit obligée d'ajouter, sans trop de convictions cependant "Il s'est rien passé de si grave, mais j'ai…" Un homme l'avait juste touchée sans son consentement, insistant lourdement en la plaquant contre un mur dont elle sentait encore la fraîcheur sur sa peau qui, brusquement et visiblement, se parsema de chair de poule. Dans l'urgence, croyant naïvement qu'ensevelir Norah sous un flot de paroles lui ferait oublier la révélation qu'elle venait de lui faire, Yasmine reprit "Je suis partie en Afrique dans l'espoir d'oublier tout ça. Pas que ça, j'avais besoin de faire le point sur des trucs qu'ils s'étaient passés avant que je m'en aille. J'ai cru que j'allais pouvoir mieux le gérer, isolée à des milliers de kilomètres d'ici, mais j'ai… j'ai vu des choses horribles là-bas. Je crois que ça a fait qu'empirer les choses dans le fond, je dors mal depuis des mois." Sa voix tremblotante, la bouche pâteuse de larmes, elle admit à nouveau, laissant un rire sans joie dépasser le seuil de ses lèvres qui vacillèrent durant son discours "Je me sens si mal et inutile depuis que je suis rentrée, Norah. Inutile parce que je suis là, dans un bon établissement, à profiter de moyens qu'on n'avait pas là-bas, et mal parce que j'ai pas le droit de considérer ce que je ressens comme quelque chose de valide, alors que j'ai côtoyé des gamins défigurés par des balles et qui eux, continuaient leur vie sans émettre la moindre complainte." Le sourire triste toujours accroché à son visage, elle affronta le regard de la jeune femme lorsqu'elle leva la tête et ne dit rien de plus que ça. Mais compte tenu de la façon dont son expression se métamorphosa, passant du sourire sans joie aux grosses larmes, Yasmine n'avait pas besoin de dire quoi que ce soit de plus.
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Message(#) Sujet: Re: (norasmine) homemade dynamite (norasmine) homemade dynamite  EmptySam 11 Jan 2020 - 21:29


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Le visage de Norah se ponctua d'un léger haussement de sourcils quand son amie faisait clairement comprendre qu'elle ne voulait pas s'épancher davantage sur sa relation passée avec ce mystérieux jeune homme. Cela avait du l'affecter tout particulièrement pour qu'elle ne soit guère sur la confidence avec une personne qui l'avait déjà entendu se confesser plus d'une fois depuis qu'elles se connaissaient. L'infirmière se passait de tout commentaire à ce sujet, elle n'allait pas non plus lui tirer les vers du nez pour obtenir des réponses. Yasmine était au moins aussi entêtée que son interlocutrice et si elle ne voulait pas divulguer d'informations, elle ne le ferait, qu'importe les dispositifs mis en place pour lui soutirer le moindre mot. Mais, Norah avait eu tout de même droit à quelques données capitales sur la personne dont Yasmine se faisait tant de soucis. Un boxeur blessé qui avait tout de même décidé de monter sur le ring et dont il avait apparemment sévèrement payé les frais. Suffisamment pour que la brune en soit totalement retournée et qu'elle n'ait pas su gérer ses émotions quand elle l'avait vu arriver à l'hôpital. "C'est toujours compliqué pour des personnes qui n'ont jamais été privé de leur autonomie de s'en voir priver du jour au lendemain." C'était là qu'on se rendait compte de toute la valeur qu'avait le simple fait d'être en bonne santé. Un trésor inestimable aux yeux de Norah. "Je pense que toi et moi et on serait pareilles si on était venues à rester clouées au lit pour une raison ou pour une autre – ce que je ne nous espère pas bien évidemment." Norah échangeait un regard amusé avec elle. "Et là, il va mieux ?" lui demanda-t-elle en retrouvant tout son sérieux, histoire de savoir où il en était dans son processus de guérison. Quoi qu'il en soit, Yasmine était encore profondément touchée par les événements, au point d'en perdre totalement ses moyens. La première solution qui venait à la tête de Norah était de s'arrêter. Prendre quelques jours pour soi. On aurait pu dire que c'était l'hôpital qui se foutait de la charité et au fond c'était le cas. Mais la belle brune semblait particulièrement saturée, au bout du rouleau. Yasmine n'avait aucune de ce qu'elle pourrait faire de tout ce temps libre. "Prendre l'air, faire du sport, aller te faire un brunch de dingue, une virée shopping, passer du temps avec ta famille..." Les idées, Norah en avait. Etrange qu'elle ne soit pas fichue de les appliquer pour elle. "Si ça te dit d'aller te baigner, de faire une journée à la plage si ça tombe sur un de mes jours de congés, on peut se faire ça. Les petits seront sûrement de la partie par contre." dit-elle avec un léger sourire. "Tant que tu restes éloignée d'ici un certain temps, ça te permettrait de faire une coupure. Ou fais-toi carrément une virée loin de Brisbane pendant quelques jours." Malgré les propositions de son amie, Yasmine voulait continuer à travailler malgré un épuisement évident. Les deux jeunes femmes se trouvaient désormais dans la salle de soins, où Norah pouvait enfin soigner correctement la coupure de sa collègue. Cette dernière avait beaucoup en tête, plus que le boxeur qui avait du se faire hospitaliser suite à ses blessures. Norah restait silencieuse, préférant laisser Yasmine cogiter pendant que sa blessure était désinfectée avec attention. Elle n'était pas gênée par ces longues pauses sans le moindre échange de paroles. Elle n'allait pas forcer la conversation à ceux qui n'en voulaient pas. En revanche, l'autre infirmière semblait bien moins à l'aise, se décida à rompre le silence par une lourde révélation. Norah relevait ses iris bleus vers elle, lui faisait là comprendre qu'elle avait absolument toute son attention. Elle expliquait l'une des raisons qui l'avait motivée à partir en Afrique. "Je sais pas de quoi tu parles, mais le simple fait que tu tentes de minimiser le truc en disant que c'est rien de grave,... Rien que ça, ça montre combien ça a compté pour toi. Quoi qu'il s'est passé, tu es quand même partie en Afrique pour ça." répondit Norah, usant d'un ton qui se trouvait au juste milieu, entre la douceur et la fermeté. Inquiète, elle sentait son coeur se serrer. Que lui était-il donc arrivé, pour que ça l'est tant affecté. "Qu'est-ce qu'il s'est passé, Yas ?" demanda-t-elle dans un souffle. Elle comprendrait qu'elle ne veuille pas lui en parler. La belle Marocaine confiait même en avoir des insomnies. C'est dire combien ça la pesait. "Je sais ce que c'est, pour les insomnies." Faisait-elle quelque chose pour y remédier ? Non. Une fois la main soignée et bandée, Norah la prit avec délicatesse et souleva la tête de son amie du bout des doigts pour pouvoir croiser son regard. "Hey." dit-elle. "Le plus dur, dans ce métier, c'est d'accepter le fait qu'on puisse pas gérer toute la misère du monde et encore moins de pouvoir panser toutes les plaies existantes." Sinon c'était la dépression assurée. "Dis-toi plutôt, que grâce à la volonté que tu avais de te rendre là-bas, tu as donné espoir à ceux qui ne pensaient pas en avoir. Tu as pu soigner, vacciner, veiller, à toutes ces personnes qui n'auraient jamais pensé avoir la chance d'avoir accès à tout ça. Et du simple fait qu'ils arrivent à se contenter de si peu, qu'un rien puisse faire leur plus grand bonheur, je mettrai ma main à couper qu'ils te voient comme un ange gardien. Grâce à un pansement tout bête que tu as pu faire, tu as peut-être permis à quelqu'un de ne pas mourir d'une gangrène, tu as peut-être assurer l'avenir d'un gamin en le vaccinant de la tuberculose. Pense à tous ces petits trucs que tu as fait, qui font partie du quotidien ici, mais qui pour eux, ça a changé le cours de leur vie, ça leur a permis de placer un espoir là où ils ne pensaient plus jamais en avoir." Norah prit ensuite son visage entre ses mains, et séchait à l'aide de ses pouces, ces grosses larmes qui venaient barrer ses joues d'un sillon bien humides. Norah était troublée de la voir aussi perdue, ça la peinait beaucoup. "Je suis si fière de toi, Yas. De tout ce que tu as accompli, de tout ce que tu as réussi à faire. Tu dis que t'en avais besoin, mais il en faut quand même, du courage, de partir loin d'ici pendant de longs mois et à découvrir une toute autre facette du monde. Et tu as réussi. Tu as des projets plein la tête et je reste persuadée que tu y parviendras. On s'en fout du temps que ça prendra. T'as le droit de faire un break." Le sourire de Norah était encourageant et extrêmement affectueux. Elle n'était que de quelques années son aînée, et malgré toute la considération et le respect qu'elle lui portait, il y avait cette petite partie d'elle qui veillait sur elle. "Tu n'es pas moins légitime que quelqu'un d'autre de ne pas te sentir bien. C'est dans d'autres mesures, sur un autre plan, mais la souffrance et l'épuisement sont là et chaque mal est à prendre en considération. Tout comme ça servirait à rien que je te dise que t'as pas à te sentir coupable, c'est pas ça qui va te permettre de te sentir mieux." Il fallait relativiser, faire comme des gouttes d'eau sur les plumes d'un canard. Elle déposa un baiser sur son front avant de plonger à nouveau son regard dans le sien. "Mais tu es toujours utile, à chaaque fois que tu mets les pieds aux urgences avec ta blouse. Mais je pense comprendre ce qui te bloque." Norah aurait beaucoup aimer faire de l'humanitaire pendant quelques mois comme sa consoeur. Mais Frank n'aurait pas apprécié que sa dulcinée soit absente pendant tout ce temps, et ensuite, ils avaient eu ensemble deux enfants, qui compromettaient ce genre de projets. Ca ne les avait pas empêché de prendre l'avion et de voyager un peu, mais absolument pas dans le même type de destination que Yasmine choisirait pour faire de l'humanitaire. "Ca me crève le coeur de te le dire, franchement, mais si tu penses que partir à nouveau un petit peu, pour aider ces gens-là, je t'encouragerai à y aller. Je serai contente pour toi parce que c'est quelque chose qui te tient énormément à coeur." Mais Norah serait à nouveau marquée par un énième départ, presque vécu désormais comme un abandon, une perte laissant une marque indélébile sur son esprit déjà trop meurtri pour son âge. "Tes projets de devenir médecin sont toujours d'actualités ?"
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Message(#) Sujet: Re: (norasmine) homemade dynamite (norasmine) homemade dynamite  EmptyLun 13 Jan 2020 - 19:42


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Au travers du sanglot qu'elle laissa gonfler doucement dans le fond de sa gorge, puis qu'elle libéra très progressivement, Yasmine réussit à dire à sa consœur "M'oblige pas à en dire plus, s'il te plaît." Pas uniquement parce qu'elle était transie d'embarras à l'idée d'exprimer le déroulé d'un événement qu'elle minimiserait encore longtemps. Finalement, c'était sa pudeur qui la faisait battre en retraite, lui donnant du mal à envisager les détails comme une façon habile de raconter ce qui lui était arrivé. Elle était infirmière pourtant, le caractère clinique de certains faits ne l'indisposait pas outre mesure, elle en avait l'habitude… mais c'était plus difficile à supporter dans certaines circonstances, surtout lorsqu'on était le protagoniste d'une scène improvisée sous l'autorité d'un inconnu. Prenant une autre, et plus légère, inspiration, les lèvres arrondies tandis qu'elle remplissait ses poumons d'un peu d'air, Yasmine ajouta "J'en n'avais jamais parlé à personne avant. Tu garderas tout ça pour toi, tu jures ?" Elle avait fait la même requête à Hassan ce fameux soir, et sans surprise, il avait tenu parole. Elle connaissait assez Norah pour anticiper sa promesse, sans même avoir besoin de lui faire sceller un quelconque serment du petit doigt. Bien que le poids qu'elle ressentait dans son cœur ne s'allégea pas entièrement, elle avait l'impression d'avoir progressé rien qu'un peu en acceptant, même timidement, d'admettre ouvertement, à quelqu'un en qui elle avait confiance, qu'elle appréciait et respectait énormément, que quelque chose clochait chez elle, et qu'elle ne sentait plus capable de le gérer toute seule.
Norah lui releva la tête par le menton. Yasmine ferma très fort les yeux pour se laisser le temps de se calmer un peu. La paume de sa main l'élançait un peu moins sous le pansement efficace que venait de lui faire sa collègue, mais elle sentait son cœur battre à l'intérieur – vite et fort, une cadence effrénée qui la fit inspirer de nouveau. Elle avait souvent dit à Sohan qu'elle sentait qu'elle avait changé depuis son retour du Niger, mais ce n'était pas tout à fait vrai. L'accumulation des choses qu'elle gardait pour elle s'était en fait ajoutée à son envie permanente de bien faire. Elle avait évolué d'une façon moins positive qu'elle l'avait toujours souhaitée, se retrouvant à couver des angoisses, dérogeant parfois à sa bonhommie instinctive qui avait toujours fait d'elle quelqu'un d'agréable à côtoyer. Vraiment, elle voulait contrer ce mauvais cheminement, et retrouver ses habitudes, son énergie et sa positivité ; celle qui lui avait permis d'assurer à Hassan, Amjad et Edge qu'ils s'en sortiraient sans aucune hésitation, tout juste aiguillonnée par ses convictions.
Elle s'en était déjà aperçue lorsqu'elle avait discuté avec Edgerton de son véritable état d'esprit, qu'elle avait de plus en plus envie de redevenir celle qu'elle avait lâchement abandonné derrière elle sous le prétexte qu'elle n'avait pas su gérer son traumatisme… alors peut-être que c'était le début de quelque chose, cette façon qu'elle avait eu d'avouer à Norah tout ce qui lui pesait sur la conscience, et peut-être que si elle consentait à suivre ses conseils, cette mauvaise période ne deviendrait plus qu'un mauvais souvenir dans quelques temps. Mais comment savoir si elle réussirait à trouver la force de prendre vraiment soin d'elle ? Elle qui ne réussissait pas à envisager de vivre sans tendre la main, oubliant trop souvent qu'elle aussi méritait qu'on s'inquiète un peu pour elle.

Elle ne pouvait que donner raison à Norah lorsqu'elle lui dit qu'en tant que soignantes, elles ne pouvaient pas gérer toute la misère du monde. Quelque part, ça avait toujours été son plus grand regret, de devoir plus ou moins hiérarchiser le malheur des autres pour aider au mieux, et se faire à l'idée qu'elle ne pouvait pas être sur tous les fronts. Au début de sa carrière, ça l'avait bouffé d'en prendre conscience, et elle avait été forcé de se raccrocher aux petites choses qu'elle faisait dans ce service qu'elle avait rejoint rapidement. D'une certaine façon, elle avait besoin qu'on lui rappelle que ses efforts n'étaient pas vains, et que même si elle se contentait de panser des plaies bégnines ou de rassurer des malades imaginaires, elle restait un élément indispensable dans la chaîne de solidarité qui liait les soignants aux patients.
Et sans qu'elle ne soit obligée de la supplier, c'est ce que Norah fit ; lui rappeler qu'elle était utile, lui remettant immédiatement un peu de baume au cœur après tous ces mois qu'elle avait passé à songer au temps qu'elle perdait ici. La fierté qu'elle lui disait ressentir à son égard la fit pleurer de nouveau, et la prendre dans ses bras alors qu'elle continuait. Yasmine la coupa doucement pour mieux lui glisser à l'oreille un "Merci. Merci beaucoup, Norah." chargé de larmes, mais surtout de reconnaissance sincère qu'elle traduisit en la serrant encore un peu contre elle "J'ai besoin qu'on m'aide à mettre de l'ordre dans tout ça. J'ai… j'ai tellement de choses à gérer que j'ai l'impression de tout mélanger, mais je crois que t'as raison." A propos de sa légitimité à ne pas se sentir bien, même si d'autres avait davantage de raisons qu'elle de le faire. Elle se décolla de la jeune femme, rompant leur étreinte, sans pour autant briser le contact, et laissant ses deux mains reposer sur ses épaules "J'ai pensé à repartir presque aussitôt après être rentrée." avoua-t-elle en reniflant. Elle ne l'avait pas fait, parce qu'elle avait fait une promesse à Anita, la responsable du camp de Diffa : si elle revenait là-bas, c'était en tant que médecin, pas en tant qu'infirmière… qu'elle lui paraissait idiote cette promesse à présent.
Elle récupéra l'une de ses mains pour se frotter le bout du nez, détournant légèrement ses yeux toujours très humides en poursuivant en même temps "Et puis il s'est passé tellement de choses là-bas aussi que la responsable du camp dans lequel j'étais basée à l'époque m'a conseillée d'attendre et de poursuivre mes projets." Projets qu'elle avait menés à bien, puisqu'elle avait passé son concours au mois de septembre. Qu'en était-il aujourd'hui ? L'enveloppe reçue à la mi-novembre, et qui contenait ses résultats était toujours cacheté, tout comme le mail qu'elle avait reçu ensuite et qui était toujours non-lu… ce qu'elle finit par admettre encore une fois, répondant à la question de Norah qu'elle regarda en face pour la première fois depuis qu'elle était entrée dans la réserve pharmaceutique "Toujours. J'ai passé l'examen d'admission en septembre. J'ai reçu mes résultats il y près de deux semaines déjà, mais j'ai pas encore osé y jeter un coup d'œil… j'ai peur d'avoir raté." Et de ne pas savoir le supporter. Un autre reniflement qu'elle accompagna d'un rire automatique et elle ajouta, pour la forme "C'est stupide, je sais."
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Message(#) Sujet: Re: (norasmine) homemade dynamite (norasmine) homemade dynamite  EmptyJeu 16 Jan 2020 - 12:11


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Si Yasmine avait déjà l'esprit assez tourmenté suite à des événements récents, il y en avait d'autres qui semblaient la ternir depuis un bon bout de temps. Une douleur lancinante et chronique avec une crainte certaine d'en faire la confession. Comme si elle en avait honte, comme si elle craignait d'être jugée. Et par ce constat, Norah commençait à se faire beaucoup de soucis pour elle, quitte à même s'imaginer le pire. "Je t'oblige à rien." répondit doucement Norah, ne cherchant pas à force ou brusquer son amie sous prétexte qu'elle s'estimait en droit de savoir. Elle était une grande adepte des révélations quand l'émetteur se sentait prêt à les partager. "Je te le jure." lui répondait-elle afin que ce soit verbalisé. Mais elle ne voulait pas la forcer à quoi que ce soit. Norah n'apprécierait pas non plus qu'on cherche à lui tirer les vers du nez et de parler de son deuil qu'elle n 'arrivait définitivement pas à résoudre. Anwar était le premier à mettre les pieds dans le plat, n'ayant pas peur de se prendre une remarque ou être fusillé du regard par la belle brune. Il préférait s'attirer les foudres l'espace de quelques instants en échange de quelques confessions plutôt que de la voir se dépérir un peu plus tous les jours. Caelan était plus dans l'optique de ne pas chercher à la contrarier. Et il ne devrait pas, encore moins depuis qu'il avait fait ses confessions à sa soeur, des secrets qu'il avait décidé de garder bien trop longtemps avant de les confier à sa jumelle. Elle n'était apparemment pas au bout de ses peines en terme de révélations et de secrets confiés. Yasmine continuait de sangloter au fur et à mesure que Norah parler. Elle lui expliquait son point de vue et surtout elle voulait lui assurer que ce qu'elle faisait était suffisant. Elle n'avait ni super-pouvoir, ni de baguette magique pour sauver tout le monde. Yasmine avait besoin de se protéger de cela et accepter que même si être soignant demandait un certain don de soi, il ne fallait pas pour autant s'abandonner totalement dans ces abysses là. La belle brune pouvait soit pleinement acceptée les paroles de Norah, soit complètement les rejeter et elle avait choisi la première option sans détour. Toujours très émue et en larmes, elle remerciait sincèrement Norah. "C'est normal. Toujours là pour toi." Rassurée qu'elle ait été aussi réceptive à ses paroles, Norah lui sourit, l'air attendri. "Eh bien mettons tout ça dans l'ordre, alors. Au boulot." dit-elle avec un sourire à la fois amusé et encourageant. "Je peux t'aider autant que tu veux, mais je pense qu'une grosse partie du travail doit être fait par toi." Norah ferait de son mieux pour l'aiguiller, la guider autant que faire se peut. Mais le plus gros devait venir de Yasmine. Faire comme un introspection personnelle et faire ce fameux tri avec les outils qu'on lui fournissait. "Ca prendra du temps, mais je reste convaincue que tu y verras le bout." Yasmine était une femme forte, solide et qui n'aimait pas non plus se trouver en position de faiblesse. Elle s'était déjà revue retourner directement à l'étranger pour exercer son métierr comme elle l'entendait mais on lui avait mis des freins pour qu'elle n'y retourne pas tout de suite. "Et ça ne t'a pas mis la puce à l'oreille, de pourquoi on t'a plutôt recommandé d'attendre avant de repartir ?" lui demanda-t-elle. "Je suis d'accord sur le fait de poursuivre tes projets ici, et tu en as un sacré, quand même." Reprendre les études pour devenir médecin n'était pas une mince affaire. "C'était peut-être aussi un prétexte pour que justement, tu restes loin de tout ça pendant un moment pour que tu te recentres sur toi-même." On n'en sortait pas indemne, d'une mission humanitaire, Yasmine en était la preuve vivante. "Si elle t'a dit ça, c'est qu'elle a du remarquer que tu étais vraiment secouée. Les personnes là sont aussi formées pour ce genre de choses." Ils diagnostiquaient et dépister des maladies à longueur de journée, mais les cadres et responsables avaient eu pour devoir de veiller sur leurs agents car ils étaient confronté à une réalité difficile à encaisser. "C'est pas pour rien que je te suggère de prendre quelques jours de congés. Juste que tu sois un peu éloignée de l'hôpital pendant quelques jours. Faire une vraie coupure, même si tu ne sais pas quoi faire de ton temps libre." Elle y prendra goût, Norah en était persuadée. Yasmine confirmait qu'elle avait toujours l'intention de devenir médecin, qu'elle avait passé les examens mais qu'elle n'avait toujours pas osé l'enveloppe contenant les résultats. "C'est pas stupide." répondit Norah avec une simplicité presque déconcertante. "Cette enveloppe contient quand même une bonne partie de ton avenir, je peux comprendre que ça puisse faire peur." Une perspective professionnelle d'envergure et qui allait lui demander beaucoup d'efforts par la suite. Autant qu'elle profite de son temps libre avant d'être noyée par les bouquins, les révisions et les nuits de garde. "Tu as la lettre avec toi, là ?" Un sourire malicieux vint légèrement étirer les lèvres de Norah. "On peut l'ouvrir ensemble, si tu veux. Là, maintenant, tout de suite." Elle se sentait prête à ouvrir l'enveloppe pour elle, à lui lire ce qui y était écrit si elle avait beaucoup trop peur de le lire elle-même. "Tu peux pas laisser en suspend aussi longtemps une lettre qui pourrait littéralement changer ta vie." l'encouragea-t-elle avec un sourire confiant. Au fond, Yasmine n'avait rien à perdre, et tout à gagner. Bien sûr que si elle avait échoué aux examens, elle allait être triste, déçue, peut-être qu'elle allait perdre espoir ou au contraire redoubler d'effort pour être au taquet pour la prochaine session d'examens. Mais Norah ne voulait pas la laisser décemment comme ça dans l'inconnu, même si c'était Yasmine elle-même qui avait créé cette atmosphère dans laquelle elle ne pouvait pas évoluer. Elle peinait déjà suffisamment avec tout ce qui lui pesait à l'esprit. C'était comme arracher un pansement, un mal pour un bien. Il fallait qu'elle avance. "Et comme ça, si t'es prise, tu pourras profiter de ces fameux jours de congés pour chercher tous les livres dont tu auras besoin. Pas vraiment le genre de shopping que je sous-entendais initialement mais ça reste une idée de sortie." dit-elle en se levant afin d'aller chercher un peu plus loin quelques serviettes en papier que Yasmine pouvait utiliser ensuite pour essuyer ses larmes de crocodile.
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Message(#) Sujet: Re: (norasmine) homemade dynamite (norasmine) homemade dynamite  EmptyMer 5 Fév 2020 - 11:20


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Julie et Aidan avaient beaucoup de chance, c'est ce que pensa la jeune femme en plongeant son regard dans celui de Norah. Yasmine était extrêmement reconnaissante à son égard. Elle ne savait pas si c'était son instinct de maman qui lui permettait d'être aussi douée pour consoler les gros chagrins, mais la douceur dont elle la gratifiait pour la soulager du poids qui pesait sur tout son corps était efficace, tout comme ses conseils qui lui permirent de se calmer peu à peu et d'envisager la suite des évènements avec, si ce n'était plus de sérénité, au moins avec un peu plus de bon sens… ce qu'elle avait perdu, avait-elle de plus en plus l'impression, intimement transie par tout cet amas d'émotions qui se bousculaient dans chaque parcelle de son corps, la faisant passer pour beaucoup plus fragile qu'elle ne l'était en réalité.
Elle l'avait elle-même admis, le fait était qu'elle avait emmagasiné tellement de choses au cours des deux dernières années, qu'elle ne savait plus exactement où elle en était. Alors évidemment que Norah avait raison. Même si elle acceptait de se faire à nouveau aider d'une quelconque façon, la thérapie lui apparaissant tout de même plus indiquée à ce moment-là, la plus grosse partie du travail lui incombait dans le fond. Et Yasmine se sentait prête. Prête à aller mieux, prête à avancer et à ne plus laisser ses soucis l'ensevelir, encore moins ses angoisses qu'elle devait apprendre à mieux gérer, car une aventure plus tortueuse encore que sa mission humanitaire l'attendait. Elle, de son côté, elle n'attendrait plus passivement que ses crises soient fortes au point de n'avoir plus aucun autre choix que de les laisser la terrasser, et elle tacherait de retrouver un rythme de sommeil qui lui permettrait de garder la tête froide en toutes circonstances, comme ça avait toujours été le cas avant tout ça. Surtout, elle n'hésiterait plus à exprimer ses contrariétés par crainte d'ennuyer ou d'inquiéter ; elle était bien entourée, elle n'avait pas besoin de se cacher. Elle essayerait du moins, plus fort que ces derniers mois.
Dans un très profond soupir, elle se redressa sur le tabouret qu'elle n'avait pas quittée depuis que Norah l'avait installée dessus. Sentant ses muscles réagir à la tension qui y régnait toujours, elle grimaça un peu. Elle se frotta le visage avec sa paume intacte, les joues marbrées par ses larmes "Je le sais. Je vais le faire." répondit-elle à sa consœur lorsque cette dernière lui rappela pourquoi elle lui conseillait de prendre quelques jours pour elle après s'être largement répandue en supposition à propos des mises en garde d'Anita ; des mises en garde que Yasmine avait toujours considéré comme étant inutiles. Seulement, forte de l'opinion de son aînée, elle devait avouer qu'elle comprenait mieux pourquoi elle avait tant insisté pour qu'elle ne reprenne pas du service tout de suite. Sans doute que Soheila avait partagé ses observations avec l'équipe de sa fondation. Elles avaient vécu tellement de choses toutes les deux et quelque part, cette délicatesse de la part de sa mentore lui mit encore plus de baume au cœur, faisait réapparaître au coin de ses lèvres le sourire plein de fossettes qui faisait tout son charme.
Elle ne savait pas quand exactement elle prendrait du temps pour elle, probablement quand Edge quitterait l'hôpital afin de garder un œil sur lui jusqu'à la fin. Il ne s'agissait plus que d'une question de jours, et puisque Saït semblait déterminé à ce qu'elle paye les conséquences de son attitude récente, il valait sans doute mieux qu'elle prenne du recul, qu'elle s'occupe d'elle et d'elle uniquement… ça permettrait à son coéquipier de dépressuriser de son côté, et de lui pardonner ses errances de ces dernières semaines ; parce que se mettre tout le service à dos, perdre le cachet d'excellence qui avait suivi son parcours depuis la fin de ses études, ça faisait partie des choses qu'elle voulait éviter. Pour ça, il fallait qu'elle se reprenne pour de bon… son avenir était en jeu.

C'était d'autant plus vrai que ses impulsions ne devraient pas la précéder et entacher son futur d'étudiante en médecine. Elle ne savait toujours pas si elle en était une ou non désormais, ce qu'elle partagea avec sa collègue qui la rassura encore un peu, partageant son appréciation sur les raisons qui la poussaient à ne pas ouvrir ses résultats d'examen. Au moins, elle ne la trouvait pas stupide, c'était déjà ça "J'ai longtemps gardé l'enveloppe avec moi, mais je me suis rendue compte que ça me déconcentrait pendant mes gardes. Je pensais qu'à ça." Un sourire coupable, et elle lui avoua "Elle est chez moi, placardée sur le frigo." Et tous les matins, elle passait devant en se disant que cette fois serait la bonne… sauf que ça ne l'était jamais, et qu'à l'heure actuelle, poser les yeux sur cette lettre revenait à s'auto-torturer – ce à quoi elle excellait par ailleurs, mais il fallait que ça s'arrête "Je l'ouvrirai ce weekend, je te le promets." Et parce qu'elle savait que si elle dégainait son petit doigt pour le sceller à celui de Norah, elle ne reviendrait pas sur sa parole, elle le dressa dans l'espace qui les séparait pour que la jeune femme le crochète avec le sien, histoire de ne plus lui laisser le choix que de jeter un œil à ses résultats "Tu voudrais venir avec moi pour aller les chercher, mes livres ?" lui demanda-t-elle finalement, plus lourde d'une promesse qu'elle tiendrait sans plus d'hésitation, trop honnête pour ne pas respecter leur pinky promise ; mais aussi plus légère d'avoir trouvé une alliée dans cette bataille qu'elle mènerait contre son hypersensibilité.
Dégageant son visage d'une mèche de cheveux, elle pencha la tête sur le côté, trouvant du bout des doigts les pourtours du bandage que Norah lui avait savamment fait, et qui permettrait à sa blessure de guérir dans les plus brefs délais "Si ta proposition de passer une journée avec toi et les petits tient toujours, on pourrait se prévoir ça dans la foulée ? Je vais avoir quelques jours de congés très bientôt alors…" Elle haussa les épaules en guise de conclusion, souriant de connivence avec Norah qui comprendrait sans doute que sa décision était prise, et qu'à défaut de les prendre maintenant, ses quelques jours de vacances ne tarderaient pas à lui laisser l'opportunité d'enfin mettre de l'ordre dans ses pensées, dans sa vie et de mieux organiser ce futur qu'elle redoutait tant. De nouveau, elle soupira fort "En attendant, il vaudrait mieux nettoyer tout ça avant que quelqu'un n'entre." fit-elle en se levant enfin de son tabouret, redevenue suffisamment maîtresse d'elle-même pour reprendre le fil de ses activités ; elle ne dirait pas non à un petit thé ceci dit, ce qu'elle se promit de prendre à Molly lorsqu'elle irait lui présenter ses excuses pour l'avoir envoyée sur les roses tout à l'heure. Debout devant Norah, Yasmine lui prit le visage dans les mains "Je peux m'en occuper toute seule, je crois que t'en as déjà fait assez pour aujourd'hui." Et dans l'optique de lui rendre une partie de tout ce qu'elle lui avait donné depuis qu'elle était entrée ici, Yasmine déposa un baiser sur le front de sa collègue à qui elle dit une dernière fois "Merci."
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Message(#) Sujet: Re: (norasmine) homemade dynamite (norasmine) homemade dynamite  EmptyLun 10 Fév 2020 - 22:05


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Norah ne s'en vanterait pas ouvertement, mais il fallait reconnaîter qu'elle avait un don certain pour savoir apaiser les âmes en peine. Elle savait les détecter et elle mettait alors un plan d'action qui s'avérait être régulièrement efficace. Elle ne savait pas soigner tous les maux mais elle faisait de son mieux pour ne pas laisser ses proches partir le coeur plus lourd qu'il ne l'était avant que leur chemin se croise. Yasmine faisait partie de ces personnes de son entourage qui était en pleine situation de détresse, s'étant laissée débordé par une suite d'événements dont elle avait perdu le contrôle. On pensait, à tort, pouvoir tout gérer tout seul jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Et souvent, les dégâts étaient alors irréversibles. Norah refusait de voir son amie couler de la sorte sans qu'elle n'ait pas fait tout son possible pour qu'elle s'en sorte. La première solution qu'elle lui trouvait était tout simplement de s'accorder quelques jours de repos. La Lindley avait du se montrer insistante sur le sujet pour que la brune finisse par céder et accepter que ça ne pourrait que lui faire du bien. Norah devrait bien prendre exemple sur elle, mais la question n'était pas d'actualité. Elle esquissa un sourire rassuré quand Yasmine lui assura qu'elle allait le faire. "Ca te fera sûrement bizarre le premier jour, mais tu verras, je pense que tu arriveras rapidement à t'y faire et y prendre goût." lui dit-elle avec un sourire encourageant. Norah avait cette sensation qu'elle se devait de veiller sur ses proches, tout autant que certains d'entre eux ne la lâchaient pas d'une semelle afin de s'assurer qu'elle ne se perde pas. D'une main délicate, elle plaçait l'une des mèches sauvages de son amie derrière son oreille. Norah apprenait ensuite qu'elle n'avait pas encore ouvert l'enveloppe qui annonçait si elle allait pouvoir ou non entreprendre les études de médecine. Elle reconnaissait ne pas l'avoir ouvert, ce que Norah ne pouvait que comprendre. Ce bout de papier pouvait annoncer un grand tournant dans sa vie, ce n'était pas rien. Il y avait ceux qui se devait d'ouvrir l'enveloppe au plus vite afin d'être fixé au plus vite, d'autres qui appréhendaient tellement qu'ls retardaient l'instant autant que possible. Yasmine était de la deuxième catégorie tandis que Norah sersait plutôt de la première. Mais chacun avait sa façon de gérer les imprévus, les annonces importantes et les événements. "Tu me tiendras au courant, ça marche ?" Elle tenait à le savoir après tout. Si c'était le cas, Norah avait la ferme intention de lui offrir le plus beau des stéthoscopes. Ce fameux blason du médecin. Yasmine comptait sur elle pour l'accompagner chercher les livres nécessaires pour les études. "Bien sûr." approuva-t-elle avec un sourire. Norah se disait que ça ferait une sortie supplémentaire entre les deux jeunes femmes, qui leur permettraient de se déconnecter un peu de leur quotidien respectif. Et les propositions de la Lindley n'étaient définitivement pas tombées dans l'oreille d'une sourde, car une fois que Yasmine s'était faite à l'idée de se prendre quelques jours de vacances, elle revenait rapidement sur des suggestions d'activités que Norah lui avait énoncé un petit peu plus tôt. L'idée semblait la séduire, en tout cas. "Fais juste en sorte que tes jours de vacances tombe sur une période où j'ai un ou deux jours de repos, comme ça on n'aura pas de problèmes pour s'organiser ça." C'était comme si c'était fait. Un accord tacite entre les deux jeunes femmes et il était certain qu'elles n'allaient pas manquer ça, pour rien au monde. Au moins, Yasmine se sentait un peu plus apaisée. Ce n'était pas optimal non plus et il fallait qu'elle fasse ses propres réflexions de son côté, mais elle avait su verbaliser ce qui la pesait le plus auprès d'une oreille bienveillante et attentive. Même si l'accalmie était des plus paisibles, elles étaient toujours en poste et se devaient de reprendre là où elles s'étaient arrêtées. Et il fallait commencer par nettoyer en bonne et due forme la réserve. En se relevant, la belle Marocaine déposait à son tour un baiser sur le front de Norah, en guise de remerciement. "Hésite pas, s'il y a besoin, hein ?" lui souffla-t-elle avec un vague sourire. Qu'il s'agisse de nettoyer de la réserve, comme pour tout le reste, d'ailleurs. Même s'il y avait du boulot dans le service dans lequel elle était, Norah faisait de son mieux pour arriver às e détacher s'il y avait besoin d'aide ailleurs. C'était un métier où il y avait besoin de se serrer les coudes afin de ne pas perdre trop de plumes au fil de sa carrière. "Prends soin de toi." Elle regardait Yasmine quitter la salle de soin non sans ressentir un léger pincement au coeurr, une inquiétude bien placée dont elle n'arrivait pas à se défaire. Elle espérait tout simplement pour elle que les tensions allaient s'apaiser et qu'elle parvienne à avancer tout en laissant de côté le projet de retourner faire de l’humanitaire. Sa conscience avait elle aussi besoin de repos. Difficile de se débarrasser de la colère, de la culpabilité, de ce mal-être persistant. Mais s'il y avait bien une personne que Norah connaissait et qui allait y arriver aisément, c'était Yasmine. Elle avait totalement confiance en elle pour cela.
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