Essayer de trouver du positif là où y'en a pas. Combien de fois n'ais-je pas entendu cette phrase? En mode 'soit content, tu es en vie!' ouais, mais quelle vie? Quelle est cette vie quand on est dépendant de tout le monde? Qu'on ne peut plus bouger comme avant? Qu'on est obligé d'utiliser deux roues pour pouvoir avancer? Est-ce une vie à vivre? Je crois qu'on ne s'y fait jamais à 100% d'être en fauteuil roulant. Je devrais avoir l'habitude du fait que ma cousine soit aussi maladroite. Mais en fait, non. J'avais oublié combien ça pouvait être chiant et carrément horrible. Je tente de ne rien faire ou dire, mais je ne résiste plus. Lorsque nous sortons de l'aéroport, j'ose prendre plus d'assurance et lui dire clairement ce qu'il en est.

Et ça ne semble pas lui plaire. Elle m'en veut, je le sais, mais moi aussi je lui en veux.  «écoute, Madison … ce n'est pas quelque chose qu'on dit à quelqu'un en fauteuil roulant, c'est tout. Pas besoin de te montrer aussi excécrable d'un coup  » je ne pense pas être en tord. Pas du tout même. Mais peu importe. Arrivé à la voiture, elle me demande directement comment elle va faire pour mettre mon fauteuil roulant dans la voiture. Mon ton se fait dur et tranchant. Je manque de patience, je crois. Ou alors c'est elle. Car je lui aurais sans doute expliqué bien assez tôt comment ce faire. Mais elle ne m'a pas laissé le temps, tout simplement.

J'ignore la pique qu'elle me lance et m'installe tant bien que mal sur le siège passager avant de mettre mon fauteuil plié sur la banquette arrière. Je m'attache puis souris doucement lorsqu'elle s'exclame qu'on est parti. Je laisse le silence s'intaller entre nous le temps de la laisser gérer la sortie du parking puis de l'aéroport avant de me tourner vers elle  « T'habites loin du centre ville? Tu me montreras un peu les alentours et les bons coins?» demandais-je avant de reporter mon attention sur l'extérieur  « Tu t'y plait ici? Ça à l'aire d'etre une chouette ville je dois dire ...» peut-être qu'enfin je pourrais renouer avec vie sociale? Qui sait ...

Faut que je me calme. Faut absolument que je me détende. Je sais que ma cousine est du genre gaffeuse. Il ne faut pas que je lui en tienne rigueur pour ça. Bien au contraire. Elle ne mérite pas que je l'engueule pour des choses aussi futiles, le genre de fautes que tous le monde à déjà fait au moins une fois avec moi. Je devrais me montrer reconnaissant, au contraire. Ainsi donc, je préfère changer de sujet, demandant à ma cousine où elle habite exactement et si elle est loin du centre ville. Elle commence à m'expliquer qu'elle habite à l'est, donc pas très loin de l'aéroport et qu'on peut atteindre le centre ville avant quatre mode de transport en commun: train, citycat, autobus et cityferry. Elle continue ensuite, disant qu'il n'y en a qu'un seul sur les quatre qui me serait éventuellement accessible. Je me retiens de soupirer et préfère lui sourire doucement

 « Ne t'inquiète pas pour ça, Mad'» j'hausse les épaules  « J'ai appris à me débrouiller à Cambridge. Et même si je sais bien qu'il y a la masse de différence entre l'Angleterre et l'Australie, je pense que sur internet tu trouves de tout. » j'hausse les épaules  « Et puis en général les villes deviennent de plus en plus accessible en fautauil roulant …. normalement. Enfin je verrais en temps et en heure, t'inquiète pas pour ça» la rassurais-je.

Nous arrivonc finalement devant le bâtiment dans lequel se trouve l'appartement de ma cousine. Elle me demande si la façade me plait et je répond par un simple haussement d'épaule. Banal, la façade, je dirais. Mais je me rétiens tout de même de faire un quelconque commentaire et la suis à l'intérieure. Tandis que nous attendons la venue de l'ascenseur elle m'explique un peu en quoi consiste le voisinage et me fait carrément l'éloge de sa voisine qui, d'après ses explication, est une personne tout à fait géniale. J'hoche la tête et souris doucement.

 « Je vois. Tu me la présenteras?» demandais-je avec un large sourire innocent en entrant dans l'ascenseur. Je laisse Madison choisir l'étage puis relève mon regard sur elle  « Désolé pour avant  » finissais-je par dire  «Le stresse du voyage, la fatigue, la peur, la remise en questions …. bref, désolé.... » je lui offre un mince sourire totalement sincère.

Je l'aime beaucoup ma cousine et jamais je ne dirais le contraire. Mais là, en l'occurance, j'ai franchement envie de lui encastrer la tête dans le mur, tant sa maladresse est horribe. Mais au lieu de ça, je me tue à lui expliquer qu'elle n'a pas besoin de s'en faire pour moi, que je saurais déjà me débrouiller sans trop de problème. J'aurais juste besoin d'un temps d'adaptation plus long que les gens normaux, mais j'ai tout de même acquis pas mal de techniques en deux ans. Je devrais pouvoir m'en sortir pas trop mal. M'enfin, j'ai tout de même l'impression que Madison préfère me laisser crever plutôt que de m'écouter. Elle reprend, disant que Brisbane n'est pas une ville très adapté pour les handicapés. Je me crispe légèrement à ce mot.  « Dit pas ça, s'il te plait » soufflais-je tandis que mes doigts se serrent sur les roues  «Je sais bien que, voilà ….c'est ce que je suis. Mais, je sais pas, ce mot là. Il me prend au tripe, un truc de malade » je pince légèrement les lèvres  « il a un côté super péjoratif et ...non, sérieux, évite de ledire s'il te plait... »

Madison finit par me parler de sa voisine qui semble être une très chouette personne. Je ferais bien sa connaissance. Et au regard que me lance ma cousine, elle doit penser que c'est pour que je tente ma chance avec elle. Mais dans le fond, je sais bien que c'est une chose impossible,ça. Je pense bien que la femme ne voudra pas de moi. Du moins, pas dans ce sens. C'est mon ressenti. Enfin. Nous entrons dans son appartement qui est tout même plus spacieux que je ne le pensais. Je m'y avance en poussant moi-même sur mes roues car je ne supporte tellement pas qu'une tierce personne puisse m'aider à faire ça. Tout en m'avançant, j'observe la déco qui semble bien féminine, alors que ma cousine reprend la parole, me demandant si je veux boir ou manger un truc tout en parlant des chambres.

Je secoue doucement la tête  « Franchement, Mad', ne te casse pas la tête pour moi  » souriais-je en me tournant vers elle  «C'est super gentil de me proposer tout ça, mais je crois que je ne vais que boir un verre d'eau avant d'aller me coucher. Je suis totalement naze. Alors si tu pouvais simplement me montrer la chambre, ce serait plus que génial. Et on verra pour la suite demain, ok? » j'appui le tout par un baillement que je ne peux pas réprimer plus longtemps. Non vraiment, je crois que je vais bien dormir cette nuit.