Cela faisait déjà une semaine que Lisandre n'avait pas montré le bout de son nez au travail. Il eut vent de son passage plus que rapide au bureau. Le styliste étant en réunion à l'extérieur, il n'avait pas eu l'honneur de la croiser. Ce qui le mit dans une colère noire. Jonathan était d'humeur exécrable. Du moins, encore plus que d'habitude. Il était à deux doigts de lui mettre un détective à ses trousses. Juste pour savoir comment la jolie blonde allait et surtout pour connaître les raisons de cette absence qui ne faisait que de s’allonger. C'était une fâcheuse habitude qu'il avait là. C'était une drôle de manière de montrer son attachement. Et aussi de garder une certaine emprise sur son entourage. Jon lui avait pourtant bien dit de prendre quelques jours. Mais son absence commençait à se faire ressentir. Jonathan devait se rendre à l'évidence, il était perdu sans son assistante. Les commérages ne faisaient que s’accroître. Le styliste sentait les yeux qui s’arrêtaient sur lui et sa fâcheuse habitude de regarder son portable toutes les dix minutes. « Quoi ? À ce que je sache les ourlets de ces robes ne vont pas se faire tout seuls ! À moins que vous ayez besoin de mon aide ? » Bien évidemment, c'était du sarcasme. Son regard était froid et emplit d'animosité. Jon savait qu'il ne devrait pas leur parler de cette manière, mais c'était plus fort que lui. Il était déjà onze heures et toujours aucune Lisandre à l'horizon. Le brun froissa la feuille qu'il avait entre les mains. Il commençait à perdre le peu de patience qui lui restait.

Il marcha jusqu'à l'accueil où une voix familière avait attiré son attention. « Théo, je peux vous parler ? » C'était plus qu'un ordre qu'une invitation. Alors le chauffeur s'avança doucement vers son patron. « Je suppose que vous connaissez l'adresse de Mademoiselle Blackston ? » Le contraire était complètement inconcevable. « Je pourrais vous demander de me l'écrire s'il vous plaît ? » Théo n'avait pas comme autre choix de répondre à la demande du dragon. Le regard perçant de ce dernier lui faisait bien comprendre qu'il n'y avait aucune issue. « Je ne dirai pas que vous me l'avez donné, je trouverai une autre excuse ! Je sais qu'elle vous fait confiance et je ne veux pas que cela change… C'est bien clair ? » Jonathan avait l'art et la manière de toujours s'imposer sans pour autant se montrer tout le temps satyrique. Alors le chauffeur écrivit l'adresse de l'assistante. « Merci ! » Son sourire était crispé. Il se retourna d'un seul coup et attrapa son téléphone. « Joshua, j'ai besoin que tu… Comment ça c'est ton jour de repos ? Depuis quand tu as des jours de repos ? » Son chauffeur particulier et optionnellement son ami enfance avait l'habitude de faire avec les sauts d'humeur et caprices de Jonathan. Sur le chemin, Jonathan ne parla pas. Bien trop pensif pour discuter. Comment allait réagir son assistante en le voyant débarquer chez elle ? Était-ce une réelle bonne idée ? Jon n'avait jamais fait cela. Faire le premier pas vers une personne. Préférant laisser les conflits prendre racine, quitte à devoir les arroser que de devoir s'excuser. Le styliste savait qu'il avait mal agi. Que Lisandre aurait aimé que le dragon s'ouvre un peu plus. Mais c'était plus que difficile pour l'homme qui se cachait derrière ses écailles. « Vous êtes arrivé à destination Monsieur Deauclaire ! » Il regarda Joshua tout en fronçant les sourcils avant de refermer la porte. Jon se baissa pour lui parler de dehors à travers la fenêtre ouverte de la voiture. « Tu peux rentrer, je ne sais pas combien de temps ça va durer… Et arrête de prendre une voix de GPS quand tu es au volant, c'est fatiguant ! » Joshua rigola en silence en voyant son ami partir vers la porte de l'immeuble.

Jon resta quelque instant face à ce dernier. Son habitation était loin des villas dont il avait l'habitude. Une femme était sur le point de rentrer dans l'immeuble. Jonathan en profita pour s'immiscer le plus naturellement possible. Il regarda la brune avec son sourire le plus charmeur. La femme avait l'air de chercher où elle aurait pu croiser l'homme qui lui faisait face. Jon s'empressa de monter à l'étage que Théo lui avait indiqué. Une fois en face de la porte, le styliste prit une grande inspiration. Son doigt glissa sur la sonnette. Il fut surpris de voir une autre personne que Lisandre à la porte. L'air de famille lui fit comprendre que c'était certainement sa sœur et le ton qu'elle prit ne fit que valider cette hypothèse. Jonathan n'eut même pas le temps de parler que Lisandre apparut pour lui refermer la porte au nez. Il resta planté là, dos à la porte sans savoir quoi faire. « Ok… Cette femme m'aura tout fait ! » Mais la porte s'ouvrit à nouveau et cette fois, c'était bien sa jolie assistante qui se tenait en face de lui. Son regard s'arrêta quelques instants sur le peu de tissus qui cachait le corps de Lisandre. Une simple chemise. « Ravi de te voir aussi Lisandre… » Elle avait l'air fatigué et pas au mieux de sa forme. Jon se mordit les lèvres en pensant qu'il était certainement le premier responsable. Sa sœur annonça son départ tout en demandant à Lizzy de manger. Le styliste regarda son assistante, l'air interrogateur. Jon rentra après invitation dans l'appartement. Il observa l'intérieur avant de revenir vers Lisandre qui lui demanda ce qu'il faisait ici. Sa façon de le vouvoyer ne le laissa pas de marbre.

Il baissa les yeux, les bras croisés contre lui. Histoire de se laisser quelques temps de digérer cela. Elle voulait mettre de la distance, mais Jon en avait décidé autrement. Le brun la regarda quelques instants sans rien dire. Jonathan pensa dans un premier temps lui mentir. Lui sortir un bon vieux mensonge pour expliquer sa venue. « Il m'a suffit de faire pression sur la RH et le tour était joué ! Tu sais à quel point je peux me montrer persuasif. » L'excuse était plus que probable. « Je sais que je t'ai dit de prendre quelques jours mais… » Jonathan soupira. « Je m'inquiétais pour toi. » Il se gratta la nuque avant de continuer. « Je sais que tout comme moi, tu es accro à ton travail et te voir aussi longtemps absente me paraissait étrange… » L'homme soupira un grand coup avant de continuer. « Et je voulais te voir, voilà ! »

 Jonathan s'était fait violence en allant chez Lisandre. Connaissant son caractère, il savait qu'elle n'allait pas l'accueillir à bras ouverts. Ce qu'il comprenait, mais Jon était bien trop fier pour admettre ses erreurs. Mais c'est ce que le styliste aimait chez son assistante. Cette façon de lui tenir tête, de ne pas jouer les soumises avec lui. Il aimait ça autant qu'il serrait les dents lorsque la jolie blonde allait trop loin. Entre eux, c'était plus électrique. Il arrivait très souvent de les entendre se hurler dessus au bureau. Certaines personnes se demandaient comment son assistante pouvait le supporter. Jonathan était connu pour ses sauts d'humeur, sa façon de toujours tout dramatiser à quelques jours du défilé ou encore de passer ses nerfs sur son personnel. Jon ne portait pas pour rien son surnom de dragon. Le seul moyen pour Jonathan d'être calme et serein, c'était la sculpture. Son atelier, son antre qu'il aimait par-dessus tout. Il s'était enfermé pendant quelques jours afin de réfléchir. De repenser à tout ce qui s'était dit lors de sa dispute avec Lisandre. Les confidences de la jeune femme, sa réaction face à cela ou encore la gifle qu'il avait reçu. Avec du recul, Jon essaya de comprendre comment les choses ont fait pour se dégrader aussi vite. Il ne voyait qu'une seule réponse. Le dragon s'était montré plus que maladroit. Jon n'avait jamais su quoi faire face à une femme qui lui déclarait sa flamme. Faisant toujours en sorte de ne jamais s'attacher ou de partir au petit matin avant que sa conquête de la veille ouvre les yeux. Mais Lisandre était loin d'être simple femme à ses yeux. Il avait beau essayer de se persuader du contraire, cette dispute lui fit comprendre à quel point il tenait à elle. Jon ne faisait que de lui envoyer des mails, lui laisser des messages pour n'importe quelle raison. Mais aucune réponse, le dragon avait envie de briser en mille morceaux le portable qu'il avait entre ses griffes. Jon ne savait plus quoi faire, quoi penser… Il s'était bien rendu compte que Lizzy n'était pas insensible à son charme et que c'était réciproque. Ils s'étaient rapprochés, même si ça ne les empêchaient pas de se hurler dessus.

Une fois dans son appartement, Jonathan ne savait plus quoi faire. Le grand dragon était déstabilisé face à ce petit bout de femme. Chose complètement inédite. Lui qui savait tellement bien s'y prendre habituellement avec la gente féminine. Elle était énervée. Il fut même surpris d'être invité à rentrer. Jonathan avait compris la distance que la jolie blonde essaya d'installer avec ses mots. Mais son patron continua de la tutoyer. Ne voulant pas rentrer dans son jeu. Il essaya de lui répondre le plus sincèrement possible. Du moins, c'était tout ce qu'il pouvait lui offrir pour le moment. Le dragon n'aimait pas se dévoiler. Alors il prit pour excuse le travail. Mais Lisandre lui manquait sincèrement, sauf que Jonathan n'avait pas le courage de lui avouer. Elle resta silencieuse un instant. Il vit son regard se détourner de ses yeux pour tomber sur le bout de tissu qui était noué autour de son cou. Alors elle s'approcha délicatement pour lui remettre sa cravate. Jon la regarda, espérant qu'elle en fasse de même, mais c'était peine perdue. La demoiselle s'écarta à nouveau, reprenant cet air froid qui commençait à agacer Jonathan. Il essaya de rester de marbre. Espérant pouvoir garder son calme. Il rigola dans un premier temps lorsque Lisandre affirma que sa secrétaire pouvait la remplacer durant son absence. Chose complètement impensable. Aux yeux de Jon, Molly n'était rien d'autre qu'une femme dotée d'aucune intelligence et d'aucun sens de l'analyse et encore moins capable d’anticiper les besoins du créateur. Sans parler des centaines de taches que Lisandre faisait en plus tous les jours avec le plus grand professionnalisme. Mais son cœur s'arrêta au mot démission. Il redressa sa tête et regarda la jeune femme l'air complètement choqué sous le poids de la nouvelle. Mais les mots suivants lui firent encore plus mal. Il voulait lui répondre que c'était lui qui n'était pas ce qui lui fallait. Au début, il essaya de faire comme si de rien était. Jon resta debout, les bras croisés tout en la transperçant du regard. Il était plus qu'énervé de la voir agir ainsi. Lisandre avait l'air confiant, ce qui l’irrita encore plus. Il hocha de la tête tout en se mordant la lèvre pour faire mine de comprendre. Chose qui était complètement fausse. Mais Jon tenta de réfléchir avant d'agir bêtement. La jolie blonde était à prendre avec des pincettes et il savait que le moindre faux pas pouvait la mettre hors d'elle. Pour la première fois, c'était à son tour de se mettre à sa place. Il préféra la laisser s'en aller et l'attendre. Mais son regard s’assombrit un peu plus en voyant ce que la jeune femme lui ramenait. C'était ses croquis. Elle était sur le point de briser tous les liens qui les unissaient. Jon bouillonnait de l'intérieur. Il aurait lui répondre à quel point il en avait rien à cirer de ses croquis, qu'il n'était pas venu pour ça, mais Jon resta sous silence. La regardant une fois de plus s'éloigner. Il avait l'impression d'avoir vu cette image une centaine de fois. Là encore une fois les rôles étaient inversés. C'était toujours elle qui s'éloignait et Jon qui lui courait après. Ce dernier ne savait pas comment réagir. Il ne pouvait pas la laisser partir ainsi. L'idée de ne plus la voir tous les matins, de ne plus voir ce sourire qui arrivait à le réconforter, de le rassurer… Cette oreille qu'elle lui tendait toujours. Leur complicité ou encore la façon qu'ils avaient de se regarder…

Jon sentait qu'il commençait à paniquer. Il était sur le point de perdre bien plus qu'une assistante. Le brun la regarda quelques instants. Ne pouvant s'empêcher de poser les yeux sur la silhouette de la jeune femme. Jonathan secoua la tête. Sentant la panique se transformer maladroitement en colère. « C'est vraiment ce que tu souhaites ? Tout abandonner ? » Ses paroles étaient à double sens. Parlait-il de leur relation ou du travail ? Voire des deux ? Son ton était froid, mais on pouvait y déceler un brin de déception. Il poussa avec son pied le cartable de croquis afin de s'approcher d'elle. Il lui parla alors que Lisandre était encore dos à lui. Ce qui était mieux vue ce qu'il était sur le point de lui dire. « Tu crois franchement que c'était facile pour moi devenir jusqu'ici ? » Il essaya de se calmer, mais c'était plus fort que lui. « Tu te rends compte de ce que tu me demandes ? » Jon se mordit le point pour calmer sa colère. Il ne haussait pas vraiment le ton, mais on sentait son énervement à travers ses paroles. « Tu voudrais que je change du tout au tout du jour au lendemain ! » La jeune femme ne se rendait pas compte des efforts que Jonathan faisait. « Tu penses sincèrement que c'était facile pour moi de te répondre de la sorte ? De te repousser ? » Il l'obligea à se retourner et l'attrapa par les bras. « Arrête de te comporter de cette façon Lisandre ! C'est complètement absurde tu entends ! » Il la secoua un peu. Jon pris une grande inspiration avant de continuer. « J'aimerais avoir le courage de te dire certaines choses, mais laisse moi un peu de temps Lisandre…» Il essaya de capter son regard. « Je dois mettre de l'ordre dans mes idées… » Jonathan ne se sentait pas encore prêt à promettre l'impossible à la jeune femme. Elle était sur le point de tout remettre en question. De changer sa façon de vivre et bien plus encore. « Et si tu pouvais éviter de partir ou de me gifler à chaque fois que je fais un pas vers toi, ce ne serait pas de refus...»

 Jonathan ne savait plus quoi faire. Lisandre le poussait à bout. Et les limites de cet homme étaient très facilement dépassées. Cette femme savait le mettre dans tous ses états. Faire jaillir le pire comme le meilleur de sa personne. La voir tout abandonner de la sorte le rendit malade. Il ne savait pas ce qui l'énervait le plus. La voir abandonner ce travail qui pourrait lui ouvrir des portes vers un avenir prestigieux ou la voir renoncer à un avenir avec lui… Jon pensait qu'il serait le premier à tout laisser tomber. De faire en sorte qu'elle se détache, qu'elle le déteste. Mais le créateur n'y arrivait pas, c'était plus fort que lui. Ce duo était devenu inséparable. On pouvait voir une étrange complexité entre eux s'installer au fur et à mesure du temps. Jon avait appris à laisser une place à la jolie blonde. Plus il passait du temps avec Lisandre, plus la jeune femme devenait importante à ses yeux. Pendant son absence, Jonathan s'était rendu compte à quel point il était perdu sans elle. Il lui avait envoyé un nombre incalculable de mails et de SMS. C'était à deux doigts de passer pour du harcèlement. Après tout, Jon, à son grand malheur, n'avait aucun droit sur cette jeune femme. Aux yeux du monde entier, il ne s'agissait que d'une simple employée. Mais Lisandre lui manquait… Jon ne voulait pas la laisser partir sans rien faire. Plus les jours passèrent, plus Jonathan se rendait compte qu'elle était sur le point de lui échapper. Alors il décida de débarquer chez elle sans prévenir. Une semaine sans elle, c'était bien trop long à supporter. Mais une fois devant la porte, Jonathan se demanda quelles seraient les conséquences de ce qu'il était sur le point de faire. Lisandre était imprévisible. La jolie blonde savait se montrer aussi douce que rebelle. Elle avait ces yeux dans lesquels n'importe quel homme voudrait se noyer. Jon en était la première victime. Ils avaient la capacité d'émaner à la fois une tendresse sans égale comme une haine aussi profonde qu'un précipice où on ne demandait qu'à y sauter. Mais à cet instant, Lisandre avait des yeux encore différents. Une colère mélangée à une tristesse qui ne demander qu'à se déverser sur lui. Elle essaya de jouer les femmes sûres de ses actes. Son menton relevé tout en regardant de haut Jonathan qui avait encore du mal à se remettre de l'annonce de cette démission. Lorsqu'elle déposa à ses pieds son cartable de croquis, Jonathan resta planté sans rien faire. Voulant jouer les indifférents, ce qui dura quelques secondes. L'Australien était connu pour son manque de patience et son incapacité à être autre chose que lui-même, tout en se cachant derrière cette carapace. Des écailles solides lui permettant de dissimuler ses faiblesses. Préférant se montrer détestable qu'accablé. Il était d'une complexité sans égale. Mais la jeune femme avait su voir à travers tout cela. Déjouer tous ses artifices. Voilà ce qui le déstabilisait et qui le terrifiait complètement. Mais Jon s'emporta, une fois de plus. Il lui parla d'un ton sec. Essayant tant bien que mal de se contrôler. Lisandre n'avait pas l'air de bien comprendre l'impact que leur relation avait sur Jonathan. Sur cet homme qui avait pour habitude de batifoler à droite et à gauche, de briser des couples… Lisandre lui demandait de s'engager, d'avouer ses sentiments… Chose qu'il n'avait pas fait depuis plus de dix ans.

S'ouvrir aux autres était un concept qu'il avait perdu de vue. Seuls certains avaient ce privilège. Jamie, Velvet… Lisandre. Mais l'amour était encore un autre sujet sensible pour le styliste. Jonathan s'était sûrement mal exprimé. Il était complètement perdu. Jon ne savait pas quoi faire. Voir la jolie blonde le regarder ainsi, lui fit comprendre que son geste lui avait fait peur. Une fois de plus, Jon n'avait pas fait le bon choix. Il laissa Lizzy faire quelques pas en arrière, sans rien dire. Tout en la dévisageant dans le plus grand silence, jusqu'à ce que ce dernier soit brisé par la jeune femme. Elle lui hurlait dessus tout en lui posant une avalanche de questions. Le mettant face à des questions auxquelles il n'osait pas répondre. La jolie blonde avait raison. Tout le monde savait qu'il y avait plus qu'une simple relation de travail entre eux. Ses paroles lui firent baisser la tête. Ses bras étaient croisés. Jonathan ne savait plus où se mettre. Il sentait le tremblement de sa voix. Le styliste avait envie de lui répondre, mais il sentait que Lisandre n'en avait pas encore fini. Jon regarda à nouveau la jeune femme lorsqu'elle commença à parler de sacrifices. Elle avait tout fait pour lui… Jon en avait bien conscience. Mais qu'avait-il donné en retour ? Rien… Rien qu'un silence lorsque la jeune femme lui avoua ses sentiments ou encore une déferlante de phrases aussi maladroites les unes que les autres. Il avait envie de lui dire qu'elle devait rester pour lui… Pour eux. Mais autre chose inquiéta Jonathan. Il fronça les sourcils en la voyant s'appuyer difficilement sur son bureau. « Lisandre ! » Elle tomba à terre. Jon se précipita vers elle. Il posa ses mains sur son visage. « Bon dieu Lisandre tu es fiévreuse ! » À genoux face à la blonde, Jonathan décida de briser cette distance que la jeune femme avait imposée depuis sa venue.

Il posa les paumes de ses mains sur ses joues. Jon la regarda avant de la prendre dans ses bras. Il la serra contre lui sans dire un mot. Profitant juste de cet instant… « Bon allez... » Jonathan porta Lisandre jusqu'au canapé qu'il se trouvait plus loin. Il lui souriait, l'air rassurant et protecteur. Une fois installée, le brun prit le temps de mettre un coussin qui traînait derrière sa tête. « Tu as mangé quand pour la dernière fois ? » Son ton était celui d'un homme inquiet. « Tu vas me faire le plaisir de manger… Car s'il le faut je trouverai le moyen de te faire hospitaliser sur le champ ! » Il lui souriait. « Si tu veux on peut même manger ensemble… » Jon regarda sa montre en s'installant sur un bout du canapé. Il était midi passé. Mais Lisandre était dans l'incapacité de sortir. « Je peux même cuisiner si tu veux ! Tu as besoin de quelque chose ? » Jon ne savait plus quoi faire. L'inquiétude se lisait sur son visage. « Même si j'avoue qu'il vaudrait mieux pour nous deux qu'on se fasse livrer quelque chose… » Il ria doucement tout en attrapant sa main. « Écoute Lisandre… Je ne veux pas me défiler une fois de plus… Mais tu dois reprendre des forces… S'il te plaît. »

 Il avait beau tout faire pour ne pas s'attacher à cette femme, c'était tout l'inverse qui était entrain de se produire. Jon était mort d'inquiétude de voir Lisandre si mal en point. Elle était blafarde et pratiquement inconsciente dans ses bras. Jonathan lui caressa le visage afin de l'aider à retrouver ses esprits. Ce n'était pas son genre d'avoir des gestes de tendresse spontanées. Il pouvait voir l'air surpris de la jolie blonde lorsqu'elle ouvrit les yeux. Le styliste lui souri afin de la rassurer. Mais c'était à son tour de prendre les choses en mains. Alors il souleva la jeune femme dans ses bras pour l'installer sur le canapé. Il savait que ces gestes d'affections ne lui feraient pas oublier ses maladresses. Jon savait que Lizzy détestait se montrer face aux autres, mais surtout face au dragon. Son assistante aimait garder la tête haute afin de lui montrer qu'elle était plus forte que lui. C'était un vrai petit jeu entre eux. Qui allait tenir tête à l'autre le plus longtemps ? Qui allait avoir le dernier mot ? Jonathan lui demanda quand était son dernier repas. L'idée que Lisandre ne se nourrisse plus le mettait hors de lui. Il était prêt à appeler son médecin privé pour l'obliger à hospitaliser la jolie blonde. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il entendit la réponse de Lisandre. « 4 JOURS ? » Il voulait lui hurler dessus. Lui demander pourquoi elle avait fait ça ? Pourquoi voulait-elle se rendre malade. Que si c'était pour l'atteindre, c'était plus que réussi. Mais Jon se retint et se mordit le poing à nouveau. « Je t'annonce que ta diète est définitivement et officiellement terminée ! » Son sourire était quelque peu crispé. L'homme proposa de manger avec elle, de cuisiner même… Chose qu'il fallait oublier sur le champs, car Jon était loin d'être un cordon bleu. Très très loin de cela. Jonathan lui attrapa la main et tenta de la rassurer. Non il n'allais prendre la poudre d'escampette ou s'enfuir en trouvant la pire des excuses. Il continua de lui parler tout en l'observant s'asseoir sur le canapé. Jon était inquiet. Après tout, Lisandre n'était pas obligée d'accepter ses excuses. De lui laisser une seconde chance… Jonathan était un homme plus que compliqué. Il avait beau jouer en privé à l'homme coule qui ne se souciait de rien, le brun était un vrai gouffre d'inquiétudes. Lisandre étant sa première source d'angoisse en ce moment… Jon décryptait le moindre de ses geste. Mais la jolie commença à dangereusement s'approcher du dragon. Jonathan resta de marbre. Pour la première fois, Jon ne savait pas comment réagir face à une femme. Il acquiesça par un signe de tête lorsque la jeune femme lui proposa un traiteur dont le numéro se trouvait dans une armoire non loin de là. Jon ne pouvait s'empêcher de la dévorer des yeux. Il faut dire que Lisandre était à croquer dans sa petite chemises. En regardant ses cuisses, Jonathan se disait que le mot ''petite'' était parfait pour qualifier le bout de tissu qu'elle avait sur le dos. Le styliste se laissa surprendre une fois de plus par un élan de spontanéité. Lisandre attira Jon vers elle et déposa ses lèvres sur les siennes. Surpris, le brun se laissa faire. Lui rendant son baiser avec plus d'intensité. Son cœur rata un battement à cet instant. Il avait rêvé de cet instant depuis longtemps. Jon n'avait pas envie que ça s'arrête. Il posa l'une de ses mains sur l'une de ses joues. Mais Lisandre rompit se baiser tout en annonçant qu'elle allait prendre un bain. Il resta encore sous le choc alors que la jolie blonde l'invitait à faire comme chez lui. En la voyant s'éloigner Jon retrouva ses esprits et se précipita vers elle alors que Lisandre était près de la porte de la salle de bain. « Attend. » Jonathan lui attrapa la main afin qu'elle se retourner et l'embrassa à nouveau. Ce baiser était plus intense. Jon se laissa aller. Ses mains entouraient son visage avant de descendre jusqu'à sa taille. Ils s’embrassaient encore. Jonathan la plaqua contre la porte. Sentant le désire devenir de plus en plus palpable. Déposant de temps à autres ses lèvres dans son cou. Ses mains désiraient s'égarer un peu plus sur son corps, mais Jon essaya de se retenir. Alors le brun se sépara douloureusement de son emprise. « Allez vous en à la salle de bain… Toi et ta si ridicule petite chemise ! » Dit-il en souriant. Pour dire vrai, Jon rêvait que d'une chose, c'était de la lui retirer. Jon l'observa un instant avant de partir en direction de l'armoire qu'elle lui avait indiqué. Mais Jonathan ne vit qu'un bout de papier où les numéros étaient presque indéchiffrables. Mais le nom était encore lisible. Il prit le bout de papier et alla près de l'ordinateur afin de trouver le numéro de l'établissement. Jon aurait bien appelé son propre traiteur hors de prix, mais le brun ne voulais pas rendre mal à l'aise Lisandre. L'ordinateur avait l'air d'être déjà allumé. En bougeant la sourir, Jonathan tomba sur une chose à laquelle il ne s'imaginait pas. Une page web destiné « A la quoi ? » La gueule du dragon resta béante. Un site pour l’insémination artificielle. Il s'attendait à tomber sur un site de shopping, facebook, Netflix, mais ça… Jon ne savait pas quoi faire. Lui dire qu'il était tombé dessus ou faire comme si de rien était. Mais comment allait-il réussir à faire semblant ? Lisandre sortie de la salle de bain sans crier garde. Surpris, Jon baissa instinctivement et rapidement l'écran de l'ordinateur. Mais la jolie blonde connaissait plus que bien Jonathan. Allait-elle comprendre que Jon était tombé sur quelque chose de gênant ?

Jonathan n'en revenait toujours pas. De se trouver chez Lisandre, d'avoir eu assez de courage pour venir jusqu'ici. Il était là, dans le salon de la jeune femme à attendre que cette dernière réapparaisse. Se demandant s'il ne rêvait pas. Non, la blonde l'avait belle et bien embrassé. L'homme sentit le désir le consumer lorsque la jeune femme déposa ses lèvres sur les siennes. Il avait été si difficile de lui résister durant tout ce temps. Tout cela voulait-il dire qu'ils étaient en couple à partir de maintenant ? Qu'attendait Lisandre de lui exactement ? Le styliste se demandait s'il n'était pas insensé de croire à une vraie histoire avec la jolie blonde. Ils avaient pratiquement dix ans de différence, Jonathan n'avait jamais rien vécut de sérieux depuis son histoire avec Irène… Lisandre allait-elle résister à la pression médiatique ou encore aux médisances des journalistes. Il voyait déjà la une des journaux à l'annoncer enfin caser. Essayant de décrypter pourquoi et comment cette femme avait réussit à séduire le dragon. Il imaginait déjà les paparazzis de multiplier devant chez Lisandre. Jonathan essaya de se calmer de reprendre sa respiration qui commençait à s’accélérer. Il voulait protéger la jeune femme de tout cela. Pourtant, la blonde lui avait prouvé à plusieurs reprises qu'elle était une femme forte, ayant la tête sur les épaules. Bien plus que lui d'ailleurs… Jon se remit à chercher le fameux flyers dont la jeune femme lui avait parlé. Mais ce dernier était plus ou moins en mauvais état et Jon n'arrivait pas à lire le numéro de téléphone. Alors il prit ses aises et chercha le site du traiteur sur l'ordinateur qui trônait sur la table du salon. Mais quelque chose l'interpella directement. Jonathan resta scotché sur place. Il regarda encore et encore le titre du site. Ça parlait bien d’insémination artificielle. Une chose était sûre, ce n'était pas le site du restaurant dont Lisandre lui avait parlé… Jon se disait que c'était sûrement une publicité apparue sans prévenir. L'un de ces centaines de spams qui ont le don de nous mettre hors de nous. À cet instant, Lisandre fit son apparition. Jon baissa aussitôt l'écran de l'appareil. Essayant de faire comme si de rien était. Mais Jonathan savait pertinemment que la jeune femme allait comprendre que quelque chose clochait. « Tu es ravissante dans cette petite tenue ! » Le brun le pensait sincèrement, même s'il essayait de faire diversion. « C'est une habitude de porter d'aussi petites choses lorsque des hommes viennent chez toi ? » Son sourire était un brin crispé par la jalousie. Mais la jolie blonde arriva vers lui et releva l'écran que Jon avait encore en main. Son baiser sur la joue le rassura un instant. Pensant que c'était une façon de lui dire que ce n'était rien du tout. Qu'il n'y avait aucun souci à se faire. Mais tout ceci disparut directement après les paroles de sa belle. Ses yeux s'écarquillèrent plus que jamais. Lisandre avait belle et bien décidé d'avoir un enfant… Toute seule. Sans lui, sujet auquel Jon n'avait jamais encore pensé. Il resta complètement stoïque lorsque la jolie blonde l'embrassa à nouveau. Ses paroles résonnaient encore et encore dans sa tête. N'entendant pratiquement pas la jeune femme qui passait commande. Jonathan tenta de mettre de l'ordre dans sa tête. Il devait rêver, ce n'était pas possible. Il posa ses mains, paume contre paume sur ses lèvres. Coudes sur les cuisses. Jon ne savait pas s'il était encore sous le choc ou en colère, voire les deux. La question de Lisandre lui fit perdre le fil de ses pensées. Son regard se tourna vers elle un instant. Avant de le baisser à nouveau et de se lever pour se rapprocher d'elle. « Lisandre… » Ses mains reprirent la même position. Cherchant quoi lui dire. Comment lui faire comprendre ce qu'il ressentait. « Je te comprends plus là... » Il savait d'avances que cette phrase allait l'énerver. « Comment veux-tu que je réagisse à cela ? » Même lui ne savait pas quoi penser. « Je ne pensais pas que tu en étais… À ce stade… Je ne sais pas comment… » Jonathan faisait les cent pas. « Tu veux un bébé, là maintenant ? » On voyait à quel point il était encore sous le choc. « Je pensais que ta carrière passait avant tout ! » Il repensait à son idée de faire une collection à la portée de toutes les bourses, à toutes ces heures passées au boulot. « Tu es sûre de vouloir un enfant d'un homme que tu ne connais pas ? » Le styliste sentit une pointe de jalousie l'envahir. On pouvait comprendre au son de sa voix que tout cela le mettait hors de lui. « Bon sang Lisandre, tu es bien trop jeune pour faire cela ! » Il le pensait réellement. Lisandre était encore jeune et elle avait le temps pour rencontrer la bonne personne. Il prit appui contre un mec et se passa les mains sur le visage. « Donc si nous envisageons quelques choses… Ensemble… » Ses yeux transperçaient les siens. Cherchant à lui faire comprendre la sincérité de ses paroles. « Tu vas quand même vouloir faire cette insémination ? Je vais donc devoir faire avec… Te voir avoir un enfant d'un homme que tu ne connais pas… »

 Ah Lisandre… Jonathan s'était mis dans un sacré pétrin en s'entichant de son assistante. Indomptable, caractérielle, impulsive… Lui dans un corps de femme. La blonde n'était que son alter ego, mais même Jon se trouvait lui-même insupportable ! L'idée de se trouver avec une femme avec un tel caractère l'impressionnait quelque peu. Elle était un électron libre capable de tout. Du meilleur comme du pire. Sous cette chevelure blonde et ce visage d'ange, Lisandre dissimulait sa vraie nature. Une femme forte qui savait ce qu'elle voulait. Jonathan se souvient de la première fois où il aperçut la flemme dans ses yeux. Celle de ceux qui voulaient réussir, prêt à tout pour arriver à ses fins. La jeune femme lui fit comprendre que ce n'était pas une habitude de recevoir chez elle des hommes. Il prit cela pour lui. Comme un message pour lui faire comprendre qu'elle n'avait pas le même train de vie. Jonathan invitait de nombreuses femmes chez lui. Passant une ou plusieurs nuits dans sa villa. Il préféra ne pas rétorquer, faire comme s'il n'avait pas comprendre le message. Mais Lisandre avait le don de le mettre dans tous ses états. Cela faisait déjà dix ans que le dragon n'avait fait aucun pas vers une femme. La sincérité était un concept qu'il avait complètement oublié avec la gente féminine. C'était la première fois que Jon pris son courage à deux mains afin de venir jusqu'ici. Il s'était dit que ça en valait la peine. Que Lisandre n'était pas le genre de femme qu'il fallait laisser passer. Oui, la jeune femme était parfaite pour lui, malgré tout. Mais ce qu'il venait d'apprendre lui fit presque rater un battement. Lisandre voulait un enfant… Jon entendait ses paroles résonner encore et encore dans sa tête. C'était un vrai cauchemar. Il avait l'impression que le sort du destin s'acharnait sur lui. Le styliste ne s'imaginait pas père. Le peu de contact avec les enfants de son entourage l'avait laissé de marbre. Il se souvenait encore de la fois où un mioche avait osé vomir sur sa veste presque inestimable. Depuis ce jour-là, une vraie guerre froide s'est installée entre lui et les enfants. Le brun avant envie d'attraper Lisandre et de la secouer dans tous les sens. Se disant qu'elle était complètement folle pour agir de la sorte. La jolie blonde essayait tant bien que mal de trouver les arguments afin de le rassurer. Mais ses arguments avaient l'air de faire mouche. Le seul mot qu'entendait Jon, c'était bébé. Elle avait beau lui dire que ça ne changerait rien pour le travail, qu'elle avait la possibilité de choisir de choisir le père, qu'elle l'aimait… Il retenait qu'une seule chose, Lisandre désirait avoir un bébé. Pas dans deux ans ou plus, maintenant. Jon regarda affection la demoiselle lui embrasser le bout des doigts, ne sachant pas vraiment quoi lui répondre. Le styliste ne pouvait pas lui dire qu'il était prêt à vivre cette aventure avec elle. Mais ce n'était pas le pire, Lisandre avait déjà commencé le traitement. Il posa une main sur son front. Le dragon était à bout. Se mordant nerveusement la lèvre inférieure pour ne pas lui hurler dessus. Il recommença à faire les cent pas. Jonathan lui tournait le dos, réfléchissant à ce qu'il pouvait bien lui dire. Jonathan se retourna d'un coup, l'air complètement déboussolé. « Non mais… » La jeune femme lui coupa la parole. Lui expliquant qu'elle était prête à tout arrêter pour lui, pour eux. Lui parlant de fidélité, qu'elle ne laisserait passer aucune faute. Elle était là, face à Jonathan. Il avait l'impression qu'on venait de lui poser un ultimatum. Le styliste entendit la sonnette retentir. Sûrement le livreur… Ou le futur papa en carton de ce fichu bébé. L'envie de lui sortir une réflexion un peu cassante lui titillait l'esprit. Mais il savait ô combien la jeune pouvait se montrer amère. « Je n'ai pas très faim… » On sentait de l'anxiété à travers ses mots. Le brun continua à marcher dans le salon. Histoire de décompresser. Il ouvrit quelques boutons de sa chemise. L'air commençait à se faire irrespirable. Jon se retourna vers son assistante tout en la regardant droit dans les yeux. « Tu te rends compte du choix que tu me demandes de faire Lisandre ? » Elle était sur le point de bouleverser sa vie. « Je ne sais même pas si je veux avoir des enfants un jour et j'ai déjà presque quarante ans ! » Ses proches ainsi que des journalistes lui avaient déjà posé la question. Son seul bébé, c'était la maison Deauclaire. « Ça fait plus de dix ans que je n'ai pas pensé à l'éventualité de vivre quelque chose de sérieux avec une femme… » Jon voulait qu'elle comprenne à quel point tout cela ne lui ressemblait pas. Oui, il fut un temps où cet homme croyait en l'amour, mais ce n'était plus vraiment le cas… Du moins jusqu'à ce qu'il rencontre Mademoiselle Blackston. « Même si je ressens certaines…. Choses pour toi, je ne sais pas si tu serais heureuse avec moi Lisandre… » Il était encore incapable de prononcer les mots sentiment, amour... « Je pense que je dois prendre le temps de réfléchir à tout cela… »