Don't kill me please

 
 « Joy, c’est Maxyn » Un des collègues, subalternes, de Joy arrivait vers elle un portable dans la main. Joy se retournait automatiquement au prénom de sa sœur. Elle était du genre à ne pas parler au téléphone pendant son service, mais, pour Maxyn, elle pouvait braver les limites. Une bribe de conversation entre les jumelles se faisait entendre au coin de la salle où se trouvait Joy. « Non, c’est bon, je peux le faire. » Soupirait Joy finalement en serrant les poings. « Oui, je ne vais pas l’abattre sur place. » Elle observait de côté, un sourire narquois sur ses lèvres. « Pas devant Zoey, du moins. » Le sourire se rabaissait immédiatement, que pouvait avoir dit Maxyn pour qu’elle reprenne aussitôt le sérieux ? « Oui, d’accord […] Je te la garde jusqu’à ce que tu rentres. […] Non, je ne travaille pas. […] C’était… un amant d’une nuit ? […] Je te rappelle que je suis chef, je fais ce que je veux. Je vais chercher Zoey chez Enzo. Salut, t’as rien à dire de plus. Je t’aime. » Elle raccrochait au nez de sa sœur. Amicalement parlant. Elle fourrait son portable dans la poche de son gros pantalon de service et s’élançait vers les vestiaires. « Joy, qu’est-ce que tu… » Mais elle passait comme une flèche, un coup de vent, devant son subalterne. Il ne pouvait dire plus, Joy était très professionnelle et ne prenait que rarement une pause, alors, parti comme ça lui était autorisé.
Finalement habillée d’une chemise verte kaki, d’un slim noir et d’une paire de bottines en cuir, Joy roulait dans son pickup tous terrains direction ; l’enfer. Elle s’approchait de la porte de sa destination, sonnait une fois et attendait patiemment, les mains dans les poches, regardant le voisinage. Décidément, elle n’aime rien de cet homme.
Le bruit de la porte qui s’ouvrait fit tourner le regard de Joy vers cette dernière. « Ah ben non, c'est tata … » Un mince sourire faux apparaissait sur le visage de Joy. « Je vois que tu m’attendais. » Grognait-elle presque contre lui. Le regard déviant sur la petite dans les bras d’Enzo, Joy agitait les mains vers Zoey. « Hé, ma poupée. » Souriait-elle aussi gaiement qu’elle pouvait. La petite fille agitait les mains vers sa tante, sa marraine. « Viens voir tantine, ma belle. » Sans demander à Enzo, ou comme si ce dernier était un meuble, Joy prenait dans ses bras la gamine et lui déposait un gros baiser sur sa joue. Bruyant en plus de ça. « Tu ne t’es pas trop ennuyée avec ton paternel ? » Un coup d’œil moqueur, satanique, vers Enzo et le sourire sadique de Joy s’élargissait alors que son corps se penchait pour mieux tenir la petite.




 

© Grey WIND.

hrp:

Don't kill me please

La gamine dans ses bras, Joy se retenait de frapper le visage d'Enzo. Agent des STUPS, il devrait bien se défendre, même mieux que l’athlétique Joy. Pourtant, la poupée russe n'avait pas froid aux yeux. Toute sa haine pour lui datait d'il y a bien plus longtemps que l'accident de Maxyn. Joy, déjà au premier rendez-vous, n'aimait pas du tout Enzo quand sa soeur lui a présenté. Jalousie et possessivité ? Sûrement, en tout cas, Joy ne l'aimait guère. « J’ai oublié son sac dans la chambre. Ah, et je te ferais bien rentrer mais je n’ai encore jamais fait rentrer de démons dans mon humble chez moi, je voudrais bien que ça reste ainsi. » Joy roulait ses yeux avec un profond soupir. La gamine, quant à elle, ne comprenait strictement rien à l’histoire. Joy tapait du pied en redressant la gamine sur elle. Finalement, après quelques instants d’attentes, trop soulantes pour Joy, Enzo pointait enfin son nez avec un sac pour bambin. Il tendait le sac à linge à Joy qui le prenait dans une main libre, le faisant durement monter sur son épaule osseuse. « Bon, tu viens me foutre le siège pour Zoey ou non ? » Demandait-elle alors qu’il n’attendait qu’elle pour parler. Joy parlait à son ex-beau-frère comme à un chien mal-élevé, et pourtant, bien qu’elle trouvait ça malpolie de sa part, elle adorait ça. Elle tournait ses talons, bras chargés de la gamine et du sac, pour ouvrir comme elle pouvait la voiture sur le trottoir. Elle jetait le sac sur le siège près d’elle et ouvrit la porte passagère arrière pour qu’Enzo foute le siège. Une fois cela fait, Joy déposait délicatement la petite et l’attachait ne tenant plus compte qu’Enzo était juste derrière elle. Cherchant peut-être à dire au revoir à sa fille. La petite installée, Joy se redressait et fit face à Enzo. « Dis-lui au revoir, si tu veux. » Grimaçait-elle d’être aussi bonne avec son ennemi. Elle leur laissait un peu d’espace en se mettant juste derrière la portière pour pouvoir la fermer quand cela serait terminé.
Lorsqu’Enzo se penchait pour embrasser sa fille, Joy le regardait avec un peu de culpabilité dans le cœur. Enzo était un bon père, elle le savait mais elle avait vraiment trop de mal à ce le faire croire. « Bon, on y va, sa mère l’attend dans pas longtemps. » Elle claquait la portière lorsque la tête d’Enzo y était sortie. Dieu, qu’elle aurait voulu faire l’inverse.
« Pour Noël, si Maxyn t’invite, refuse. Je n’ai pas envie de te voir à un repas de famille. » Qu’elle disait sèchement, bras fermés contre sa poitrine, pour Enzo. Il n’était plus de la famille. Il ne le méritait plus. Surtout depuis cet accident.

© Grey WIND.

Don't kill me please

Joy n'appréciait vraiment pas Enzo. Il était tout à fait en faute. Elle le détestait pour avoir sa soeur, elle le détestait pour trop de choses et l'une d’entre elles d'être le père de Zoey. Elle forçait un sourire face à la phrase d'Enzo. « Toujours aussi aimable. » Alors qu’il lui tournait le dos, Joy ne pouvait s’empêcher de faire son enfant et elle répétait dans sa barbe, grimaçante comme jamais, la parole d’Enzo. Tout cela suivit d’un sec et muet : « Abruti. » Comme un crachat bien placé. Alors qu’Enzo installait le siège pour Zoey, Joy l’observait. Quelque peu regrettant de le haïr ainsi et également très en colère, le voyant retoucher une voiture sans aucuns remords passé. En d’autres circonstances, Joy ne le haïrait pas de la sorte ; plutôt assez sociable avec les gens, elle aurait été très gentille avec lui, aux premiers abords, avant d’apprendre à le connaître. La dernière chose n’étant jamais faite entre eux. Ils savaient ce qu’il fallait de l’autre, c’est tout. Dès sa venue dans la vie de Maxyn, Joy le haïssait par protection et jalousie, têtue qu’elle était, elle ne cherchait pas plus loin. Pourtant, Joy avait un peu d’humanité et laissait son salopard d’ex-beau-frère embrasser sa nièce. Puis, claquant la porte assez violemment, sans trop l’être, Joy se mettait face à son ennemi, bras croisés. Elle ne voulait clairement pas de lui en cette fête de Noël. « Tu sais quoi ? J'en ai rien à faire de ce que tu penses Joy. Si Maxyn m'invite, je viendrais avec le plus graaaand plaisir pour venir fêter ça avec ma fille, et pour venir te pourrir l'ambiance. » Joy ne grimaçait pas d’un poil. Elle restait neutre, la haine dans son regard azur. « C’est pas mon ambiance que tu vas pourrir, Enzo. » Elle crachait sur lui, comme une vipère, s’approchant à grandes enjambes. « C’est celle de tout le monde que tu vas pourrir. T’as pas à te montrer durant une fête de famille. T’es pas de notre famille. Tu l’es plus et tu n’en as plus ce droit. » Très proche de lui, plus petite, elle levait son regard sombre sur lui. « T’as perdu ce droit depuis que t’as fait du mal à Maxyn. » Elle parlait notamment de l'accident d'il y a cinq ans. Sans laisser Enzo s’expliquer, Joy se retournait à coup de talons, claquant ses bottines au sol pour atterrir devant sa portière et monter en voiture. Enzo était la cause de plein de choses. Elle tournait les clés sur le compteur, allumait la radio sur un CD d’enfant et attachait sa ceinture. Mains sur le volant et sur le boitier de vitesse, elle était prête à prendre route loin de ce type.

© Grey WIND.