Je ne sais pas pourquoi, mais ces temps-ci le destin a décidé de foutre un bordel monstre dans ma vie. Entre mon cher voisin qui est venu me voir il y a deux semaines pour me faire une crise de jalousie et avec qui j’ai rechuté, mon ancien meilleur ami venu me rendre visite pour m’annoncer qu’il resterait à Brisbane pendant neuf mois et la trahison de celui qui hante mon esprit, je crois que j’ai eu mon lot de surprises. Et honnêtement, je n’en peux plus. J’ai l’impression que mon cerveau va exploser. Je n’avais plus l’habitude de vivre autant d’émotions à la fois, donc je me résous à me droguer aux médicaments. Je viens de m’enfiler trois coupe-migraines là, parce que j’arrête pas d’y penser. De penser à Bryan, puis Loghan, puis cette femme que j’ai agressé par jalousie et enfin Gabriel avec qui j’ai passé un super moment il y a quelques jours. Je ne me reconnais plus, j’ai une vie à cent à l’heure et ce n’est pas dans mes habitudes. Heureusement, j’ai donné ma démission à Loghan. Je peux enfin respirer et essayer de l’oublier, même si c’est dur. Tout se chamboule dans ma tête. Il me manque terriblement et en même temps, je ne pourrais jamais plus me résoudre à le fréquenter. Il n’est pas fait pour moi et je suis encore moins faite pour lui. Tout comme je ne suis faite pour aucun autre homme. Je n’ai pas de nouvelles de Bryan depuis la dernière fois, mais il m’arrive de l’entendre remonter les escaliers de l’immeuble. Je reconnais son pas lourd et flegmatique aux petites heures le matin et je suppose alors qu’il doit bien s’occuper dans sa vie que pour avoir besoin de prendre de mes nouvelles. Tant mieux, parce que je n’ai pas besoin de lui, tout comme je n’ai besoin de personne hormis moi-même ces derniers temps. Je suis affalée sur mon canapé, un paquet de chips entre les jambes et une cigarette au bec. Je suis encore une fois dans mes grands jours, sauf que je suis habillée plus ou moins normalement, étant allée faire des courses quelques heures auparavant. J’ai quand même pris le confort de retirer mon pull pour me retrouver en débardeur, il fait une chaleur étouffante dans mon petit appartement. Je change de chaîne et tombe sur les infos du soir. La date est affichée en grand. Tiens, c’est mon anniversaire. Je ne m’en étais même pas rendue compte, c’est quand même incroyable. J’ai tellement de choses qui se bousculent dans le ciboulot que ça m’était complètement sorti de la tête, c’est dire. Je reste bouche bée avant de me ressaisir. Après tout, qui pourrait me souhaiter mon anniversaire? Je n’ai plus de famille, pas d’amis, personne qui m’aime et qui tient à moi. Je finis par hausser les épaules avant de zapper sur un divertissement et de m’enfiler une poignée de chips. Soudain, quelqu’un sonne à la porte. Je hausse les sourcils, l’air dubitative. Je balance ensuite le paquet de chips plus loin sur le fauteuil et éteins ma cigarette pour aller ouvrir. Qui peut bien me rendre visite? Sans prévenir surtout. « B...Bryan? » Je marque un temps de pause pour récupérer mes esprits. Je cligne même plusieurs fois des yeux tant je ne m’attendais pas à le voir. Il pénètre dans l’appartement et fait comme chez lui, pour ne pas changer. La porte sonne à nouveau quelques minutes après et là, je manque de faire un malaise. C’est pas possible, quelqu’un doit m’en vouloir. Je laisse Bryan vaquer à ses occupations et vais de nouveau ouvrir la porte. Je tombe nez à nez avec Gabriel. J’éclate de rire, parce que ce genre de situation est vraiment cocasse. « Oh mon Gab, je suis contente de te voir! » Il balbutie quelque chose et voit ensuite Bryan se poster derrière moi. Son visage change du tout au tout. Il s’empourpre, passe sa main dans ses cheveux et file dans les escaliers sans que je n’aie eu le temps de l’inviter à entrer, ni même de faire les présentations. « Gabriel? Gaaaaaaaab? Mais où tu vas? » Je m’apprête à dévaler les escaliers pour le poursuivre quand Bryan me retient par le bras. « C’est bon, laisse le. » Je hausse les épaules et finis par revenir dans mon appartement, dépitée. J’ai envie d’appeler sur le portable de mon ami mais Bryan m’en empêche, prétextant que nous avons bien mieux à faire…
Deux semaines. Cela fait deux semaines que je n'ai pas vu Constance. Depuis ce jour où j'ai débarqué chez elle, jaloux comme un adolescent stupide et naïf. Moi, jaloux. J'ai vraiment eu du mal à l'admettre, tant cela me paraissait improbable. Et pourtant, je n'avais pas eu d'autre choix que de le reconnaître. Alors je devais couper les ponts, cesser de la voir. Je ne pouvais pas me permettre de m'attacher, pas me permettre de laisser quelqu'un pénétrer ma carapace. Et encore mois une femme telle que Constance, tellement instable, tellement sauvage. Ce serait absolument chaotique que je m'éprenne d'elle. Alors je n'ai plus été lui rendre visite. J'ai même fait en sorte d'éviter de la croiser dans notre immeuble, que ce soit à l'entrée ou devant chez nous. J'ai vraiment fait tout mon possible, pour me détacher un maximum. Je n'ai pas compté mes heures passées au garage, puis je passais mes soirées dans des bars ou alors à transporter de la drogue. J'essayais de rentrer le plus tard possible, à une heure où elle dormirait déjà. Paumé, je me suis même laissé aller avec quelques femmes rencontrées au hasard. Pour effacer le souvenir de la brune, pour l'éloigner de mes pensées. Mais rien n'y a fait. Chez moi, enfermé dans mon appartement, je guettais les bruits qui provenaient de chez elle. A priori, elle n'a pas revu le fameux Loghan. Ou du moins pas chez elle. Y suis-je pour quelque chose ? Je ne sais pas, mais cette idée est satisfaisante en quelque sorte. Même si je n'irai jamais lui demander, et même si elle ne me le dira jamais. Finalement, ces deux semaines sont passées plus ou moins rapidement. Jusqu'à aujourd'hui : le 21 octobre. Je ne sais pas par quel miracle, mais je me souviens que cette date correspond à l'anniversaire de la serveuse. Son anniversaire. Pourquoi j'y pense ? Pourquoi je m'en rappelle ? Des questions, toujours des questions, mais aucune réponse. Je viens à peine de partir de chez moi, mais j'ai déjà envie de faire demi-tour. Venir frapper à sa porte, lui montrer que je pense à elle, passer du temps en sa compagnie. Perdu dans mes pensées, je ne fais pas attention à ce que je fais jusqu'à ce que je me gare en bas de chez nous. Je suis bel et bien revenu, guidé par une force supérieure qui ne semble pas vouloir me laisser tranquille. Je soupire, avant de rire et de descendre de ma moto. C'est peut-être le destin, peut-être que je dois aller chez elle aujourd'hui. Qui sait, il pourrait se passer quelque chose d'intéressant ? Je monte les escaliers, de mon pas lourd caractéristique. Bien sûr, je n'ai aucun cadeau pour elle. Je viens les mains vides, mais s'attend-elle déjà à me voir ? Je ne pense pas, alors j'imagine que l'absence de cadeau ne la dérangera pas vraiment. J'arrive devant sa porte, et pour une fois je sonne au lieu de frapper comme un bourrin.
« B...Bryan? » Constance vient de m'ouvrir, et elle ne parvient pas à masquer sa surprise. Je l'observe me dévisager, cligner des yeux comme une imbécile. Visiblement, elle ne s'attendait pas à me voir. En chair et en os. C'est les cheveux qui te perturbent tant ? J'affiche un sourire amusé en pénétrant chez elle sans attendre d'y être invité. Je n'ai pas manqué de lui faire remarquer que je me suis coupé les cheveux. Elle ne pourra plus les tirer, désormais... Je me dirige vers son salon quand la sonnerie retentit à nouveau. Elle attendait quelqu'un ? Je n'avais pas envisagé cette hypothèse. Mais après tout, c'est son anniversaire. Peut-être a-t-elle invitée du monde ? Son rire m'interpelle, je fais quelques pas dans sa direction. Elle a l'air surprise, mais heureuse. Trop curieux pour rester à ma place, je viens me poster derrière Constance, dévisageant le mystérieux "Gab" qui se trouve dans le pas de la porte. Ma présence le perturbe. Il bégaye, se passe la main dans les cheveux. On dirait un enfant pris en flagrant délit. Puis il fuit, lâchement. Constance veut le rattraper mais je l'en empêche en la saisissant par le bras. C'est bon, laisse-le. Résignée, la brune retourne dans son appartement. Je claque la porte derrière elle, en me demandant quand même qui était ce jeune homme. Un ex ? Un collègue ? Un ami ? Elle semblait dépitée qu'il soit parti aussi vite, et lui ne semblait pas s'attendre à ce que Constance ne soit pas seule. M'enfin, je finirai bien par le savoir un jour ou un autre. Pour l'instant, il y a des choses plus pressantes à faire. Je m'approche de l'anglaise qui tient son téléphone. Je le lui arrache des mains et le jette sur le meuble le plus proche de nous. Sans perdre plus de temps, mes mains viennent la saisir par la taille pour la plaquer contre un mur. Mon corps vient se presser contre le sien, je la dévore du regard. Joyeux anniversaire, Constance. je murmure avant de m'emparer de ses lèvres. Quand elle répond à mon baiser, je la soulève pour lui permettre d'enrouler ses jambes autour de ma taille. Le baiser que je lui donne est l'un des plus passionnés que nous ayons partagés. Quand il se termine, je viens nicher mon visage dans son cou. Par contre je suis venu les mains vides... J'espère que je te suffis comme cadeau. Le petit soupire qu'elle lâche alors que je lui mordille le lobe de son oreille me confirme que oui.
Depuis l’annonce de Constance il n’y a pas moins de 10 jours, n’ai les nerfs en pelote. Ma consommation de drogues et d’alcool a augmenté de manière considérable, et je suis du genre à tourner en rond, que ce soit chez moi ou dans mon bureau à l’Electric Playground. Je suis d’une humeur de chacal, personne ne peut s’approcher de moi sans attirer mes foudres. J’ai envie de tuer quiconque passera sur mon passage. Je me suis même battu avant hier, et j’en suis ressorti avec un lèvre ouverte et une arcade pétée. Je n’arrête pas de ressasser, de penser à Constance, à ce bébé qu’elle porte et qui est le mien. Je rage seul dans mon coin à imaginer le futur. Est-ce qu’elle compte le garder ? Je crois qu’au fond, je ne pourrai pas supporter qu’elle supprime cette progéniture qui est mienne. Non, je dois l’en empêcher. Certes, je serai loin d’être le meilleur père qui soit, mais je peux bien essayer. J’apprends petit à petit avec Sara, après tout, j’ai 9 mois pour m’y préparer… D’un seul coup, je quitte mon bureau, la boîte n’est pas encore ouverte, et mon assistante me stoppe en chemin. « Loghan ? » Je la pousse preste. « Ouvre sans moi ce soir, j’ai un truc important à faire… » Je suis bien décider. Je ne veux pas que Constance avorte, je veux qu’elle garde notre bébé, je veux assumer mon rôle de père. Je regrette beaucoup trop de ne pas avoir été présent pour Sara pendant ses 20 première années. Pas question de recommencer. En chemin, je passe par une petite supérette ouverte 24h/24 et achète un bouquet de fleurs. C’est pas le plus beau du siècle, mais ça fera l’affaire. En chemin, je me souviens d’ailleurs que c’est l’anniversaire de Constance, je ferai donc d’une pierre deux coups, ça me fera toujours une excuse pour débarquer chez elle a une heure pareille. Je n’arrive pas à penser à autre chose, c’est plus fort que moi. Je retrace notre histoire, ma rencontre avec elle, la première fois qu’on a fait l’amour, et toutes les suivantes. Je ne sais pas depuis combien de temps elle est enceinte, est-ce que ça date du début ? Ou juste avant qu’elle me plaque parce qu’elle avait découvert que je continuais de fréquenter d’autres femmes en même temps qu’elle ? Notre relation n’a jamais été très claire, mais les sentiments que j’éprouve pour elle sont bel et bien présents, même si j’ai mis du temps à m’en rendre compte. Sûrement la peur qui a parlé avant tout. Je grimpe les escaliers quatre à quatre et arrive enfin devant la porte de la demoiselle. J’hésite un instant, et finis par frapper à la porte. Personne ne répond, mais pourtant j’ai l’impression d’entendre des bruits à l’intérieur. Alors sans vraiment réfléchir, j’actionne la poignée et pousse doucement la porte « Constance ? ». Je passe ma tête à travers l’embrasure de la porte et balaye le séjour du regard avant de poser mes yeux sur Constance, plaquée au mur par un homme qui est en train de la dévorer toute crue. J'hésite entre hurler, le buter ou partir et frapper dans tout ce qui bouge. Au lieu de ça, j'applaudis, un sourire carnassier sur les lèvres, alors que ces deux là se retournent vers moi, pris en flagrant-délit. « Joyeux anniversaire, Constance. Je crois que j'arrive un peu tard... » Ouais, j’arrive là, avec ma gueule amochée, je ne m’annonce pas, j’entre, et je me permets de faire le con. En même temps, Constance avait été claire, elle ne fréquentait personne d’autre que moi, mais face à cette scène, les doutes prennent le pas sur tout le reste. Et si elle le connaissait depuis longtemps, ce connard ? Et si c’était lui le père de son gosse après tout ?
L’arrivée de Bryan me laisse quand même perplexe. De quel droit se permet-il de venir à l’improviste alors que je ne savais même pas s’il vivait toujours depuis la dernière fois? C’est bien la chose que je déteste le plus chez lui, son irrégularité. Je me demande parfois s’il a déjà eu une relation sérieuse par le passé, vu son côté imprévisible. Non, je ne peux associer la stabilité et un homme comme Bryan, c’est tout bonnement impossible. Il a déjà du mal à s’occuper de lui-même, alors prendre soin de quelqu’un d’autre, pendant une période indéfinie et qui plus est en lui prouvant quelconques sentiments… Non. Je hausse les épaules après qu’il m’ait empêcher de courir après Gabriel. Des deux, je pense que la visite de Gabriel est la moins inopinée. À vrai dire, il a souvent été présent lors de mon anniversaire dans le passé… Enfin, il y a longtemps. J’attrape mon téléphone dans un geste automatique et la brute s’approche soudainement de moi pour me le retirer des mains et le balancer abruptement sur un meuble non loin. Je lui lance un regard noir. Il a vraiment beaucoup de culot. Il m’attrape ensuite par la taille sans crier gare et je ne peux m’empêcher de pousser un petit gémissement de surprise. C’était donc cela. Il est venu chercher la même chose qu’il y a deux semaines, la même chose depuis que l’on se connait: des ébats sauvages sans attache, sans engagement. Je me laisse faire. Il me plaque contre le mur en me murmurant d’une voix qui se veut sensuelle « Joyeux anniversaire, Constance ». Et ça repart. Il plaque ses lèvres durement contre les miennes et nous échangeons un long baiser, d’abord en douceur avant que les choses ne se corsent, comme d’habitude. Il me soulève et j’enroule mes jambes autour de sa taille. Nous échangeons un autre baiser, plus passionné cette fois, l’un des plus intenses que nous ayons jamais échangé. Il finit par se nicher au creux de mon cou, son haleine me chatouillant les tempes. « Par contre je suis venu les mains vides... J'espère que je te suffis comme cadeau. » Je soupire en guise de réponse. Je me contre-fiche de mon anniversaire, tout comme je me contre-fiche de recevoir un cadeau. Mes doigts se crispent sur ses épaules alors qu’il s’amuse à me mordiller l’oreille. J’entends ensuite un bruit étrange émaner de la porte d’entrée située à quelques mètres. Je tourne la tête et aperçois avec effroi Loghan, un bouquet de fleurs à l’intérieur du bras. Il m’applaudit et me lance un sourire dans lequel je perçois tout le poids de sa déception et de sa rage. « Joyeux anniversaire, Constance. Je crois que j'arrive un peu tard... » Il peut me narguer tant qu’il veut, je le connais par coeur. Je me défais de l’étreinte de Bryan, qui fixe désormais Loghan d’un air défiant. Je crois qu’il sait que c’est lui, à en juger leur échange de regard de chiens de faïence. « Lo…Loghan ? » Tout me revient soudain. Nos ébats. Nos disputes. La dernière fois que je l’ai vu et que je lui annoncé que je suis tombée enceinte de lui. Enfin, je crois. Comme je croyais avoir été claire, qu’il avait compris qu’il ne devait plus jamais me revoir, que notre bout de relation s’est soldé en un échec cuisant. Mais à en juger par ses intentions et ce bouquet de fleurs qui m’intrigue, je pense qu’il ne l’a pas entendu de cette oreille. Je m’éloigne des deux hommes et m’accoude contre le dos de mon canapé. L’oxygène me manque presque tant la situation est pesante. Je décide de faire profil bas et de faire les présentations, d’un air visiblement mal à l’aise. « Loghan… c’est Bryan mon voisin de palier… » Je sens mes jambes se dérober, je suis vraiment à deux doigts de l’évanouissement. Je suis vraiment en train de vivre une situation ahurissante. Mais quel anniversaire de merde, quand même. « Et Bryan, c’est Loghan… mon ancien patron... » Évidemment, il sait qui est Loghan et il sait qu’il est bien plus que mon ancien patron. Enfin, qu’il était. Je ne sais pas, je ne sais plus. J’enroule mes mains et sens qu’elles sont plus moites que jamais…
Une fois qu’ils furent seuls, Bryan se jeta sur Constance sans préambule. D’ailleurs, c’est ce qu’il faisait presque à chaque fois. L’australien n’était pas du genre à faire des manières, ni à passer par quatre chemins. Et encore moins avec Constance. Depuis le temps qu’ils se connaissaient et que ce petit manège entre eux durait, elle aurait déjà trouvé le moyen de le faire cesser si cela la dérangeait. Mais non, elle ne se plaignait pas. Elle ne le repoussait pas non plus, bien au contraire. La façon qu’elle avait de répondre à ses baisers, ou bien de soupirer quand ses mains parcouraient son corps qu’il connaissait si bien… il n’y avait pas besoin de mot. Il savait qu’elle aimait tout ça au moins autant que lui. Il la plaqua contre le mur le plus proche et la souleva sans aucune difficulté. Elle enroula ses jambes autour de sa taille, et après lui avoir souhaité son anniversaire, le blond s’empara une nouvelle fois de ses lèvres. Le baiser fut doux au début, il essayait de montrer quelque chose de nouveau. Mais bien vite le naturel reprit le dessus et l’intensité augmenta drastiquement. Il tenait à Constance, de plus en plus et il commençait enfin à se l’admettre. Depuis la fois où ils s’étaient revus et qu’il avait appris pour Loghan. Depuis il avait à nouveau disparu, et n’avait croisé Constance qu’à la soirée d’Halloween. La vérité était que le mécanicien ne savait pas trop comment agir avec elle, ni comment lui montrer qu’elle n’était pas rien à ses yeux. Pour être honnête, elle était sûrement la relation la plus longue et la plus stable qu’il n’ait jamais connu. Et pourtant elle était tout sauf sainte, c’était dire à quel point ses relations avec les femmes avaient toujours été chaotiques. Cela ne durait habituellement que quelques jours, voir quelques semaines. L’homme était bien trop sauvage et torturé pour se laisser dominer par une femme. La serveuse était la première qu’il côtoyait durant de nombreux mois. Et pourtant, il n’imaginait pas leur relation évoluer en quelque chose d’autre. Et quand bien même, il ne saurait pas s’y prendre. Il n’était pas du genre à faire preuve de bonté, ni à montrer des actes de tendresse. Non, ce n’était vraiment pas lui. Alors il se contentait de rester lui-même, de profiter du moment présent et de voir où cela le mènerait. Toutefois, le fait d’avoir pensé à son anniversaire ainsi qu’à venir la voir était quelque chose d’inhabituel chez lui, et au fond il espérait qu’elle le remarque. Même si encore, il n’y mettait pas les formes puisqu’il se contentait de débarquer et de se jeter sur elle comme si elle n’était qu’un morceau de viande. Il commença à mordiller l’oreille de la brune, alors qu’elle enfonçait ses ongles dans ses épaules musclées. Son cœur commençait déjà à changer de rythme, alors que la peau celle qui était sienne brûlait littéralement sous ses lèvres. Le blond fut stoppé dans son élan par un bruit. Ou plus précisément, par des applaudissements. Il se dégagea du cou de Constance pour tourner la tête et voir d’où cela venait. « Joyeux anniversaire, Constance. Je crois que j'arrive un peu tard... » Ses sourcils se froncèrent. Mais qui c’était celui-là ? Qui venait les déranger dans un moment pareil ? En plus à voir la tronche qu’il tirait, on aurait dit qu’il venait de se faire passer à tabac le pauvre, et qu’on venait de lui porter le coup de grâce. La brune commença à se défaire de son étreint et Bryan la laissa s’échapper sans opposer la moindre résistance. De toute façon, son attention n’était plus portée sur elle mais sur le nouvel arrivant. Quelque chose lui disait que ce qui allait se passer allait être très, mais vraiment très intéressant. Il avait un sixième sens pour ça, pour sentir les emmerdes arriver. « Lo…Loghan ? » Le blond tourna vivement la tête vers Constance, avant de reporter son intérêt sur celui qui était apparemment Loghan. A voir l’ambiance qui se détériorait de seconde en seconde, il s’agissait bien du Loghan avec qui elle couchait il y a peu encore. Instinctivement, Bryan se mit à toiser celui qu’il considérait comme un rival. Ils partageaient la même femme, cela ne voulait jamais rien dire de bon dans l’esprit d’un homme. Même si maintenant qu’il l’avait devant les yeux Bryan ne se sentait pas spécialement en danger, il n’empêche que son orgueil était piqué au vif. Constance se mit à faire les présentations, et un horrible rictus vint déformer le visage du mécanicien. Cela l’amusait de constater que la brune perdait ses moyens, mais surtout qu’elle les présentait banalement alors qu’il n’y avait visiblement rien de banal dans cette situation. Bryan savait pertinemment la relation qu’elle entretenait avec Loghan, et celui-ci venait de voir de ses propres yeux que Constance ne lui appartenait pas exclusivement. C’était dans ce genre de situation que Bryan se sentait pleinement en possession de ses moyens. « Maintenant que les présentations sont faites… » Il tourna les yeux un instant vers Constance avant de revenir toiser Loghan. « Tu peux partir. On est un peu occupés, je pense que tu l’as remarqué. » dit-il, un sourire carnassier sur le visage.
A l’intérieur de moi, c’est une explosion. Une explosion de colère. J’ai envie de frapper sur tout ce qui bouge, surtout sur lui. Et elle, je vais lui faire bouffer mon bouquet de fleurs. Mais quel con je fais. Arriver là, voir ce spectacle. Moi qui pensais que j’allais pouvoir être un mec bien ce soir. Dire à Constance que je comptais assumer notre gamin, même si ça avait été une erreur. Mais non. Il faut que je tombe sur une scène digne d’un film X. Ça me dégoûte. « Lo…Loghan ? » C’est déjà pas mal, elle n’a pas oublié mon nom. Heureusement, elle a quitté les bras de cet abrutit, parce que sinon je crois que j’aurai pu faire un carnage, même si ce n’est encore qu’à deux doigts. Les sourcils froncés, je continue de la regarder, elle, et puis lui. « Loghan… c’est Bryan mon voisin de palier… » Mon regard reste posé sur l’homme qui se tient près de Constance. Qu’est-ce qu’elle lui trouve au juste ? Il a une gueule de clochard avec sa grosse barbe là. « Et Bryan, c’est Loghan… mon ancien patron... » Son ancien patron. Evidemment. Si ça n’était que ça, je ne serai pas là, un bouquet de fleurs entre les mains. Le regard du fameux Bryan me toise, et j’en fais de même, restant pour le moment silencieux. « Maintenant que les présentations sont faites… Tu peux partir. On est un peu occupés, je pense que tu l’as remarqué. » Il me cherche, clairement il me cherche. Je dois rester calme si je ne veux pas lui refaire le portrait. Je sais bien que c’est tout ce qu’il attend, que j’en vienne aux mains. De toute manière, au vue de ma gueule amochée, il doit bien se douter que je ne suis pas un tendre. Et vu sa gueule, il n’a pas l’air d’en être un non plus. Décidément, Constance a un faible pour les mauvais garçons. Ça en dit long. Je pense que Kelya pourrait faite une psychanalyse de la jeune femme juste avec ça. Cette fois, je tourne le regard vers Constance, prenant soin de snober complètement le Bryan, histoire de le faire chier un peu plus. Si il veut me déstabiliser, je compte bien en faire de même. Je m’adresse alors à la jolie brune qui semble complètement décontenancée. « Ah ça, on est forte pour donner des leçons. Vas-y que j’en mets plein la gueule à qui voudra bien l’entendre que Loghan couche avec n’importe qui…. » Je m’approche un peu plus d’elle, le ton grave, légèrement agressif. « Ma pauvre Constance. Tu as cru que tu pouvais donner des leçons sans te prendre le retour de la médaille ? Mais tu vois, tout finit toujours par se savoir. » Je regarde cette fois le voisin et le regarde de haut en bas avant de reposer mon regard dans celui de la brunette. « Tu lui as dit à lui que ton gosse c’était p’tetre bien le sien ? » Si elle veut jouer au con, je suis aussi très doué à ce petit jeu. Elle est venue m’engueuler parce que je fréquentais une autre femme, mais elle en fait de même. C’est beau quand même. Et moi qui croyais qu’elle était différente. Quel con ! « Finalement, il va p’tetre avoir deux père ce pauvre gamin. Ou même plus tiens qu’est-ce qu’on en sait ? » Là, je sous-entend qu’elle a peut-être d’autres mecs en même temps avec qui elle couche. Je ne la prends pas pour une pute, non, peut-être pas. Ou peut-être bien que si, parce que je suis énervé, et qu’à cet instant, je ne ressens plus aucun respect pour elle.
J’ignore comment je vais me sortir d’une telle situation. Je sais parfaitement que ma vie est une merde sans nom depuis quelques temps, trop longtemps même, mais celle-là je peux jurer que je ne l’ai pas vue venir. J’ignorai même qu’ils savaient quand tombait mon anniversaire. Et cela aurait pu être une agréable surprise s’ils n’avaient pas tous décidé de se pointer en même temps. C’est vrai quoi, une journée dure vingt-quatre heures. Et sur vingt-quatre heures de temps il fallait que le destin les foute dans la même. Je suis sidérée. J’ai besoin de ma dose de nicotine, si précieuse à ma santé mentale défaillant de jour en jour. Mais je n’ose pas. Je suis pétrifiée. Alors je m’essaye à des présentations hasardeuses, mais cela ne prend pas. Peut-être aurait-il fallu que je suive un tutoriel pour savoir comment agir lors de pareille situation, pour savoir comment me sortir d’un tel pétrin. J’arrive à lever mon bras dans un effort surhumain et à le passer derrière ma nuque. Je suis mal à l’aise. Ma tête est dure comme un melon, je sens qu’elle est sur le point d’exploser. Je sens même la sueur perler dans ma nuque. Un silence pesant s’installe et j’envisage un premier échappatoire: me transformer en antilope et m’en aller comme une flèche de cette pièce oppressante, sauf que manque de bol, nous sommes chez moi. Je me ravise, parce que de toute façon je suis incapable de bouger le moindre orteil. J’aurais bien trop peur qu’ils me bondissent dessus. Mon salon est jonché de mines, en plus des deux prédateurs présents à mes côtés. Mais Bryan a décidé de briser le silence, à jouer le démineur éphémère. Juste le temps d’une phrase. « Maintenant que les présentations sont faites… Tu peux partir. On est un peu occupés, je pense que tu l’as remarqué. » Ma bouche s’ouvre. Il a tout empiré. Pourquoi a-t-il dit ça? Je suis prise de panique, mes yeux jonglant de l’un à l’autre. Ils semblent tout deux sur leur défensive, à se lancer des regards noirs. Mais Loghan est bien trop fin, bien trop malin que pour rentrer dans le jeu de Bryan. À mon plus grand désarroi. Il tourne la tête dans ma direction et j’avale ma salive difficilement. « Ah ça, on est forte pour donner des leçons. Vas-y que j’en mets plein la gueule à qui voudra bien l’entendre que Loghan couche avec n’importe qui…. » Il s’approche de moi et je tressaillis. Je ne sais pas pourquoi j’agis de la sorte mais une chose est sûre, j’ai peur. Peur que tout se transforme en un bain de sang. Par ma faute. Et je suis loin d’avoir envie de m’exiler une nouvelle fois, surtout si c’est pour réitérer encore plus de conneries du genre. « Ma pauvre Constance. Tu as cru que tu pouvais donner des leçons sans te prendre le retour de la médaille ? Mais tu vois, tout finit toujours par se savoir. » Mes membres commencent à trembler de plus en plus alors qu’il ne cille pas. Il possède cette maîtrise inouïe et je dois avouer que je l’envie d’être aussi… serein dans ce genre de situation. Il ne me laisse même pas le temps de répondre, voulant m’achever à coup sûr. Me donner ce coup de scalpel, m’écorcher en douceur pour provoquer en moi une douleur progressive. Lente. Et intolérable. « Tu lui as dit à lui que ton gosse c’était p’tetre bien le sien ? Finalement, il va p’tetre avoir deux pères ce pauvre gamin. Ou même plus tiens qu’est-ce qu’on en sait ? » Le coup fatal. Mais étrangement, cela déclenche un moi un phénomène bien inattendu. « Je rêve ou tu viens de me traiter de pute? » Enfin, je devrais m’y habituer puisque ce n’est pas la première fois que je m’énerve ainsi sur Loghan. Je m’approche un peu plus de lui, sous les yeux interloqués de Bryan. Je m’avance de plus en plus, poussant Loghan à se retrancher pour finir par se cogner contre la petite bibliothèque derrière lui. Mes yeux sont noirs. Jamais je ne tolérerai que l’on me traite ainsi, que l’on me souille comme vient de le faire Loghan. Car jamais dans ma vie je n’ai mérité un tel reproche, moi qui ai aimé presque toute ma vie un homme qui ne le méritait pas, certes. « Je t’interdis de dire une chose pareille! Et je t’ai dit la dernière fois que j’élèverai cet enfant toute seule. Je n’ai pas besoin de toi Loghan, tu n’es qu’un gros bordel humain. Un sac de noeuds. Et toi Bryan… » Je me retourne vers le principal intéressé. Je me sens pousser des ailes, comme si j’étais capable de crier à tout un auditorium ma haine envers les hommes. Je ne suis plus maître de moi-même désormais. Ma main se pose instinctivement sur mon ventre et ce dernier attire tous les regards. « Ce n’est pas ton enfant non plus. Ce ne sera jamais le tien, ni celui de Loghan. Vous ne méritez pas d’être aimé, encore moins d’être pères… » Je crache presque ces derniers mots. Je viens de signer mon arrêt de mort, je le sais au fond de moi. Je sens qu’ils vont former une coalition de front contre ma personne, c’est indéniable. Mais c’est comme si une autre Constance venait de faire son apparition. Celle que je m’évertue à cacher depuis mon arrivée à Brisbane. Je me sens défaillir, ma tête tourne soudainement. Ma main vient se porter contre mon front perlant de sueur et je me laisse aller en arrière pour finalement m’écrouler sur le sol. C’en est trop...
Bryan fixait son rival, ravi de la pique qu’il venait de lui lancer. Mais la réaction de Loghan ne fut pas à la hauteur de ses espérances, et celui-ci se contenta de l’ignorer pour se diriger vers Constance. L’australien soupira, visiblement agacé par ce comportant. Ne voulait-il donc pas se battre ? Défendre son honneur, montrer que la femme lui appartenait ? N’avait-il pas de dignité ? Bryan ne savait pas trop quoi penser, il était juste déçu que le patron de l’Electric Playground évite ainsi la confrontation. Au fond, il se dit que peut-être il l’intimidait un peu trop, ce devait être ça. Le blond croisa ses bras contre le torse, observant la scène qui se déroulait devant lui. Loghan s’adressait uniquement à Constance, et semblait lui faire une petite scène. Il avait beau jouer le détacher, on pouvait clairement voir qu’il était jaloux. Et blessé, surtout blessé. Dans son honneur, sa dignité, ses sentiments. Son ton était de plus en plus agressif, alors qu’il se montrait intimidant envers la jeune femme. Bryan fit un pas dans leur direction, prêt à s’interposer. Si Loghan voulait s’en prendre à quelqu’un, qu’il ait les couilles de s’en prendre au seul homme dans cette pièce. S’il avait le malheur de lever la main sur la brune, Bryan se jetterait sur lui sans sommation. Il était hors de question que Constance soit celle qui soit blessée aujourd’hui. « Tu lui as dit à lui que ton gosse c’était p’tetre bien le sien ? » Le garagiste eut l’impression de se prendre un coup en pleine face. Un gosse ? De quoi parlait-il ? Il le fixa longuement, avant d’alterner entre lui et Constance. « Quoi ? Tu es enceinte ? » demanda-t-il confirmation. La brune n’avait pas besoin de répondre, la tronche qu’elle tirait voulait tout dire. Bien sûr qu’elle l’était. « Finalement, il va p’tetre avoir deux père ce pauvre gamin. Ou même plus tiens qu’est-ce qu’on en sait ? » Bryan revint à la réalité rapidement. Il s’était toujours protégé en compagnie de Constance, toujours. C’était tout bonnement impossible que son enfant soit le sien, absolument impossible. Toutefois, il n’aimait pas la façon dont Loghan parlait, et semblait se réjouir de cette situation. Il se permettait même d’insulter Constance de pute, sans avoir les couilles de le dire franchement. Le blond s’approcha de lui, prêt à recourir à la force pour le faire sortir d’ici en moins de deux. Mais il n’eut pas le temps de le faire que Constance sortit de sa torpeur. « Je rêve ou tu viens de me traiter de pute? » Elle attire leur attention, à tous les deux. Bryan ne regarde plus Loghan, il se concentre uniquement sur Constance. La serveuse n’en mène pas large depuis plusieurs minutes, elle semble à bout de nerfs. Elle serait tout aussi capable d’exploser que de tomber dans les pommes à tout instant. « Tu veux que je m’en occupe ? » Bryan était prêt à frapper Loghan, si Constance le lui demandait. Si elle avait besoin de lui pour préserver son honneur. Mais elle n’était absolument pas dans cet optique, elle ne semblait même pas l’avoir écouté. Elle s’approchait de Loghan pour finalement le pousser jusqu’à ce qu’il se cogne contre la bibliothèque qui décorait son appartement. « Je t’interdis de dire une chose pareille! Et je t’ai dit la dernière fois que j’élèverai cet enfant toute seule. Je n’ai pas besoin de toi Loghan, tu n’es qu’un gros bordel humain. Un sac de nœuds. Et toi Bryan… » Elle confirmait donc être enceinte, ainsi que de vouloir le garder. Est-ce qu’elle avait l’intention de lui en parler un jour ? Ou il s’en serait rendu compte quand son ventre aurait commencé à s’arrondir ? Il n’eut pas le loisir de se poser plus de questions, puisque la brune s’en prenait à lui à présent. « Ce n’est pas ton enfant non plus. Ce ne sera jamais le tien, ni celui de Loghan. Vous ne méritez pas d’être aimé, encore moins d’être pères… » Bryan fronça des sourcils tout en serrant le poing. Il avait l’impression de s’être pris un coup en plein torse, et c’était douloureux. « Retire ce que tu viens de dire ! » ordonna-t-il, le visage déformé par la colère. Il ne comprenait pas pourquoi elle se permettait de lui dire tout ça, ou pourquoi elle s’en prenait à lui. Il n’avait rien fait, si ce n’est rester près d’elle. Il ne remarqua pas qu’elle n’allait pas bien, jusqu’à ce qu’elle tombe d’un coup et s’étale sur le sol. Il resta quelques secondes interdit, avant de jeter un coup d’œil vers Loghan qui se précipitait déjà vers Constance pour s’assurer qu’elle allait bien. Bryan était bien trop en colère pour esquisser le moindre mouvement, et bien trop déçu pour s’inquiéter pour elle. Voilà donc ce qu’elle pensait réellement de lui, voilà donc ce qu’elle était vraiment. Il savait bien, que rien n’était possible entre eux. Qu’il n’y aurait que de la souffrance. Et elle venait de lui en donner la confirmation. Il resta sur place encore quelques secondes, à fixer Loghan et Constance. « J’me tire. Amuse-toi bien avec elle. » Et sur ces mots, il sortit de l'appartement de la brune sans même se retourner une seule fois. Il ne voulait plus se battre contre Loghan, ni même pour Constance. Elle avait touché là où ça faisait le plus mal, et il valait mieux pour elle qu’elle ne recroise pas son chemin. Car elle n’avait jamais vu Bryan en colère, et elle ne voulait pas le voir c’est une certitude.