Passage obligatoire par la banque aujourd'hui. Andrew devait voir son conseiller. Parce qu'il devait placer un peu d'argent sur différents comptes et le banquier voulait lui conseiller deux ou trois placements, des trucs dans le genre. Et faire en sorte que le médecin ne place pas son argent n'importe où également. Ouais, Andrew était pas quelqu'un qui pensait vraiment au fric. C'était secondaire. Mais faire de mauvais placements, ça pourrait être merdique. Et il préférait assurer ses vieux jours. Ou aider sa soeur si jamais elle avait un souci avec l'argent, justement. Elle était jeune. Elle était en plein dans ses études. Donc, ouais, comme on le dit si souvent, mieux vaut prévenir que guérir, n'est-ce pas ? Enfin, c'était pas vraiment une partie de plaisir pour Andrew. Parce qu'il savait que ... Et bien, qu'il allait s'ennuyer. Mais bon. Bah ... C'était quoi ? Une grosse demie-heure à passer. Peut-être un peu moins. Moins de temps ça durerait, mieux il se porterait, en quelque sorte. En tout cas, il attendait tranquillement son tour, à présent. Il était venu à pied jusqu'à la banque. Et il repartirait à pied. Et il irait, sans doute, faire un tour après à l'hôpital. Enfin, il bossait pas ce jour là. Mais cela ne voulait pas dire qu'il ne passait pas, de temps à autre, comme ça. Ouais, il aimait beaucoup son boulot. C'était un fait. Mais il s'y sentait utile. Très utile. Et il aimait bien être là-bas. Alors, pourquoi pas après tout. Cela faisait quoi ? Peut-être trois minutes qu'il venait d'arriver qu'il croisait déjà quelqu'un qui connaissait. Et pas n'importe qui. "Hé vieux frère !" Ah, Duncan, ce cher Duncan. Et dire que s'il n'avait pas pris l'avion pour le Mali, ce jour là, ils n'auraient peut-être pas sympathisé. Il se souvenait de leur rencontre dans l'avion comme si c'était la veille. Ouais, Andrew n'avait pas de frère. Mais il pouvait considérer Duncan comme son frère. Ou presque. "Comment ça va ?" C'était toujours un plaisir de le voir. Même s'ils étaient bien plus proches que cela lorsqu'ils étaient au Mali parce qu'ils vivaient au même endroit et qu'ils bossaient au même endroit, c'était différent maintenant. Mais Andrew avait toujours un peu de temps pour son pote. Et c'était une bonne chose selon lui. L'ancien militaire allait lui dire autre chose mais Duncan se fit bousculer par un homme. Un peu bizarre. Et il ne semblait pas être seul. Andrew remarqua quelque chose qui clochait. Son instinct d'ancien militaire, peut-être bien. Il fronça des sourcils. Un premier coup de feu. Par le mec qui venait de bousculer Duncan. Un second également. Le mec de la sécurité récupéra son arme, histoire d'arrêter ce qui semblait être un braquage. Des cris. Une troisième personne qui rentrait et qui empêchait les gens de sortir. Ca canardait. Et puis, soudain, le calme plat. Les braqueurs étaient partis ? Non. Ils attendaient leur fric. Et c'était là, en redressant la tête, qu'Andrew remarqua que le mec de la sécurité s'était fait plombé. "Et merde ... On peut pas le laisser se vider de son sang." Seulement, avec les braqueurs dans les parages, ça allait être compliqué. Très compliqué de l'atteindre et de lui donner des soins.

Un braquage ... Manquait plus que cela à dire vrai. Andrew avait fait l'armée. Il s'était retrouvé au coeur de fusillades où il avait eu, parfois, du mal à sauver sa peau, ou bien celle de ses amis. Il s'était retrouvé, ensuite, au Mali. Avec Duncan. Où ça avait pas été drôle quelques fois mine de rien. Mais alors pas du tout. Et pourtant ... Et maintenant, il se retrouvait dans une banque où y'avait un braquage. Alors oui, Andrew l'avait mauvaise. Et pas qu'un peu à dire vrai. Il ne s'était pas vraiment attendu à se retrouver, une nouvelle fois, au plein milieu d'un champ de bataille. Enfin, façon de parler à dire vrai. Andrew n'avait rien. Duncan semblait aller bien, lui également, mais cela ne volait pas dire que tous étaient dans le même état. Andrew secoua la tête en rapport à ce que son ami venait de dire. "Oh, tu peux rêver. Ils ne nous laisseront sortir que s'ils ont l'assurance de ressortir eux-même avec leur fric." Enfin, c'était ce que pensait l'ancien militaire. Peut-être qu'il se trompait. Peut-être qu'ils repartiraient assez rapidement et sans foutre plus le bordel. Mais il en doutait. Ca faisait chier mine de rien. Et pas qu'un peu. Lui qui pensait qu'ils seraient en sécurité à Brisbane. Parce qu'ils étaient loin de la guerre. Loin des attaques. Loin de toutes ces conneries. Et bah non. Ca allait foutre le bordel. Duncan en vint à lui parler de la poudre magique. Qui était pas mal utile quand fallait faire cicatriser des plaies rapidement. Il était vrai qu'Andrew en avaient parfois dans son véhicule. Histoire de parer aux urgences de ce genre. Mais là, il n'avait rien sur lui. Peut-être qu'il en restait dans sa voiture, il n'en savait trop rien. Et il n'aurait pas l'occasion de vérifier. Pas tout de suite en tout cas. Parce qu'il était coincé là. Il était coincé là avec Duncan. Avec les autres pauvres personnes qui n'avaient rien demandé. "Ouais, ça serait grave efficace et grave pratique." Mais il n'avait pas ça sous le coude. Et c'était pas marrant. Mais alors, pas du tout. Et ça devint pire quand Duncan se décida à jouer les héros. Ah bordel ... Oui, Andrew grogna quelque peu dans sa barbe, même s'il n'avait pas de barbe. Est-ce qu'il cherchait vraiment à se faire trouer la peau ? Andrew n'aurait pas su dire. Mais c'était dangereux ce qu'il était en train de faire. "Duncan bordel ..." Mais non. Le voilà en train de parler aux braqueurs et en leur disant qu'ils allaient en prendre pour perpet si jamais le mec cannait. Enfin, il n'avait pas dit ça de cette manière. Mais oui. Il cherchait à leur faire comprendre que si le mec claquait, c'était fini pour eux. Ils toucheraient pas deux cents dollars en passant par la case départ et ils iraient directement en prison, sans aucune chance de visite, voire même terminer sur la chaise électrique ou avec une injection létale. Ca aurait été une jolie demoiselle docteur, sans doute qu'ils ne se seraient pas posés autant de questions. Un mec médecin ... Sans doute qu'ils devaient avoir peur que ... Et bien, que le médecin n'en vienne à se rebeller ou un truc dans le genre. "S'il se vide de son sang, on pourra plus rien faire pour l'aider. Et quand les flics ou le Swat débarqueront ici après la bagarre, ils vont vous chercher. Pour vous foutre en taule. Alors, laissez-nous l'aider. Et vous aurez moins de risque de vous retrouver derrière les barreaux." Ouais, bon, ils iraient peut-être quand même au taule mais bon. A eux de voir.

C'était la merde ... C'était la sacrée merde ... Mine de rien, Andrew avait l'impression de se retrouver sur un champ de bataille. Sauf que c'était différent. Différent en quoi ? Il n'en savait trop rien. Si, il le savait. La principale différence, c'était que sur le champ de bataille, il avait un flingue. Une arme. Pour se défendre. Ou bien pour défendre les soldats à qui il pouvait porter assistance. Et là ... il était impuissant. Il aurait eu son flingue, en deux ou trois mouvements, il aurait tiré. Même s'il était pas forcément habilité à le faire. Il était plus sur un putain champ de bataille. Il était en ville. Il était à Brisbane. Dans une ville qui se voulait tranquille normalement. Mais non. Fallait que ça arrive. Andrew n'irait pas jusqu'à dire qu'il était d'humeur. Mais oui. C'était emmerdant. Il avait pas envie d'être là. Il avait pas envie de perdre un nouveau patient à cause d'armes qui devraient pas ... être là. C'était les hommes qui tuaient. Pas les flingues. Duncan tentait de se faire l'avocat du diable. En plaidant la cause du blessé. En allant même jusqu'à dire qu'il serait prêt à témoigner devant le juge s'ils se faisaient choper. Non, non, c'était pas une bonne idée de dire ça. Mais pourquoi il avait dit cela ? Les criminels ne pensaient pas à se faire choper. Ils ne pensaient qu'à une chose : ramasser le max de blé et se tirer au soleil. En quelque sorte. Ils ne devaient clairement pas penser au fait que ça pouvait mal tourner et qu'ils pouvaient se retrouver blessés. Ou bien morts. Et si jamais l'un des criminels se prenait une balle ? Andy était médecin. Il aurait pas vraiment d'autre choix que de faire ce pour quoi il était doué. C'est à dire tenter de sauver une vie. C'était jamais évident ... De sauver la vie de quelqu'un qui était de l'autre côté de la barrière. En tout cas, aux paroles de Duncan, Andrew n'avait rien dit. Il n'allait pas commenter ce qu'il venait de dire. Parce qu'il trouvait ça stupide. Courageux peut-être mais stupide par la même occasion. Il ne prendrait pas part à cette folie. Enfin, il ne pensait pas qu'il le ferait. Pour le moment, il préférait s'occuper de ce patient qui était au plus mal. Blessé. Avec un trou dans la peau. Et ça pissait le sang. "J'en sais rien. J'pense pas qu'elle soit sortie. Ca pisserait pas autant." Il secoua la tête. "Il va déguster en tout cas." Parce qu'Andrew n'avait pas attendu bien longtemps pour vérifier par lui même. Les balles, il les connaissait. Les armes, il les connaissait aussi. Il aurait pas pris le risque si ça avait été une balle dangereuse, une balle tranchante qui aurait pu lui couper le doigt ou un truc dans le genre. "J'crois que j'la sens ..." Par contre, ouais, le mec, il passait un mauvais quart d'heure. Il dégustait. A mort. "Ca serait bien plus facile avec une pince mais bon, on n'a pas vraiment ça en stock." Et y'avait l'autre agité du bulbe qui s'excitait derrière eux, à leur demander de bosser un peu plus vite. Si, là, tout de suite, il avait pas eu son doigt dans la plaie, l'ancien militaire n'aurait pas hésité une seule seconde. Il se serait levé et il lui en aurait collé une. Et hop, l'arme, c'est lui qui l'aurait. Ouais ... Il bouillonnait d'impatience de pouvoir lui coller son poing dans la gueule. Mais se faisant, il se mettait en danger. Enfin, pas que lui. Mais Duncan. Le blessé. Et également tous ceux qui étaient là.

Travailler sur le mec à tenter de lui sauver la vie, ça leur évitait de penser à tout ce qu'il pouvait y avoir autant. Et ça évitait surtout à Andrew de faire des conneries. Quel genre de connerie ? Et bien, disons que y'avait son côté soldat qui se réveillait. Et c'était pas bon. Pas bon dans le sens où il avait envie d'en coller une au mec qui était en train de les surveiller pour prendre son arme. Il était un ancien militaire. Il avait une formation avec les armes. Et il savait qu'il pouvait le désarmer sans aucun souci. Surtout qu'il ne semblait pas ... le criminel semblait avoir peur et ça serait assez facile de le désarmer. Mais les autres ... Il craignait les autres. Et ce qu'ils pourraient faire. Au pire, si jamais la police passait à l'action, lui, il passerait à l'action en même temps. Il était militaire. Ou du moins, un ancien. Il était aguerri. Il savait se défendre au besoin. Il espérait juste ... que ça ne mettrait pas d'autres otages en danger. Parce que pour le moment, il devait se considérer comme étant un médecin qui sauvait la vie d'un otage. Et pas comme un ancien militaire qui pourrait leur botter le cul au besoin. C'était dur ... Très dur. Il aurait été tout seul, jouer les héros, ça ne le dérangerait pas. Mais là ... Duncan lui posa une question. Qu'est-ce qui allait se passer si ... Une fois que les flics arriveraient ? "Des coups de feu sans doute. Des gens qui vont tomber par terre afin d'échapper aux balles. Des balles perdues également je pense. Et plein de boulot pour éviter que des gens ne se vident de leur sang. Dans le pire des cas." Ouais. Autant dresser le tableau le plus noir possible. "Si ça se passe bien, ils vont arrêter les criminels sans aucune effusion de sang. Mais j'en doute." Ouais, il n'était pas certain que ça se passerait bien. Mais dans la mesure du possible, il espérait que ça irait bien. Duncan était inquiet. Très inquiet. Andrew restait calme. C'était pas la première fois qu'il se retrouvait dans cette situation. Et avec la faute à pas de chance, ça ne serait pas la dernière fois. Que pouvaient-ils faire de plus ? Pas grand chose. Andrew se redressa, les mains ensanglantées. Il s'était tourné vers le petit braqueur qui était proche d'eux. Qui tremblait un peu comme une feuille. Son premier job en tant que criminel. S'il s'en sortait et qu'il échappait à la prison, sans doute qu'il allait mettre de côté son futur criminel pour se concentrer sur autre chose. "Il va finir par se vider de son sang et il va mourir. Et vous serez responsable de sa mort. C'est ce que vous voulez ?" Si Andrew arrivait à le convaincre, ça serait une bonne chose. Laisser partir le blessé. Et éventuellement Duncan. Ou une toute autre personne. "C'est la meilleure solution pour vous. Parce que s'il crève, j'suis certain qu'ils vont vous lâcher ..." Par vous, il entendait, en fait, ses coéquipiers. "Et vous charger à mort. Et c'est vous qui allez prendre." Alors qu'il n'avait rien fait jusqu'à présent. Si ce n'était tenir une arme et effrayer les pauvres otages qui étaient dans le coin. "Alors, tant qu'ils ont le dos tourné, j'vous conseillerais de sortir avec les otages et le blessé. Ca vous évitera bien des ennuis." Après, il était le seul à décider. A prendre ou à laisser. Il aurait sans doute plus d'arguments si Andrew avait été flic mais il était pas flic. Alors que le jeune était sur le point de réagir, c'est là que les portes s'ouvrirent avec pertes et fracas. Le pauvre gars, peureux comme il était, ne put s'empêcher de trembler. Et Andrew se saisit, alors, de l'occasion pour récupérer son flingue. Ca tirait. Dans tous les sens. Le jeune s'était couché par terre. Les autres tiraient sur les flics. Un gros bordel pendant quelques minutes. Et puis, plus rien. Plus un bruit. C'est là que l'ancien militaire ressentit une certaine gêne. Pas n'importe quelle gêne. "Merde ..." Une balle perdue ... Il s'était pris une balle dans le bras. Bah ... c'était pas la première. Ca serait pas la dernière.

Si les flics débarquaient comme ça, à l'improviste, oui, ça pouvait être moche. Ca pouvait être très moche. "Dis-toi que t'auras la peau un peu trouée et que tu risques de fuir quand tu boiras de la bière mais c'est pas grave." Oui, Andrew déconnait. Oui, il essayait de détendre l'atmosphère. Mais c'était loin d'être évident. Parce qu'il savait. Il avait déjà vécu ce genre de choses. Et c'était pas toujours génial. Parfois, tout se passait bien. Et parfois, ça partait en sucette. Parfois ça déconnait. Oui, c'était moche quand ça ne se passait pas comme prévu. Mais est-ce que la route est toujours une ligne droite ? Du tout. Parfois, on fait des plans. Et parfois, ça ne se passe pas vraiment comme prévu. Et là, oui, ça risquait de merder. Bien évidemment que le médecin aimerait que ça se passe bien et que ça ne foire pas. Mais il ne pouvait pas être certain de tout cela. Il voulait croire que tout allait bien se passer. Il voulait croire que rien de méchant n'allait arriver. Il voulait croire que tous s'en sortiraient, tranquillement. Mais il savait très bien que quelque chose allait foirer. Quoi ? Il n'en savait trop rien à dire vrai et Andrew préférait ne pas y penser. Et se concentrer sur le gardien. Enfin, ça, c'était jusqu'à ce que ... Et bien, jusqu'à ce que la police débarque, finalement, avec pertes et fracas. Ils n'avaient pas fait dans la dentelle. Est-ce qu'ils envoyaient pas le SWAT normalement ? Ou bien ne prenaient pas contact avec les criminels pour tenter de négocier les choses de manière pacifique ? Fallait croire que ce qu'on voyait dans les films, c'était pas toujours la vérité. Non. Du tout. Surtout quand les otages se retrouvaient sous les coups de feu et que ça partait en sucette. Et ça venait de partir en sucette. Andrew n'avait même pas remarqué qu'il avait été touché par une balle. Enfin, il avait senti une légère douleur sur le coup. Mais avec l'adrénaline, le fait qu'il avait tenté d'aider le jeune criminel qui n'avait pas vraiment l'air d'être un criminel ... Bah, il avait pas vraiment réussi à l'aider. Il était au sol. Mais il y avait du sang qui dépassait. "Et merde ..." Il avait tout fait pour l'aider. Ca n'avait pas été suffisant. Et c'était bien dommage. Il passa une main dans ses cheveux. C'est là qu'il remarqua que ça le picotait un peu. Et surtout, c'est là qu'il remarqua que Duncan était tout stressé à cause de cette blessure. "Ouais, t'as raison. Ca chatouille un peu. Mais pas de quoi fouetter un chat." Honnêtement, ça ne lui faisait ni chaud, ni froid. Non pas qu'il s'en fichait. Mais ça faisait pas mal. Du moins, pas autant que ça. C'était pas la première fois. Ca serait pas la dernière fois sans doute. Enfin, si, il aimerait bien que ça soit la dernière fois qu'il se prend une balle mais bon. La vie est vache parfois. "Reste zen Duncan. Tu peux m'enlever la balle si tu veux. Mais pas ici. On va mettre ce pauvre bougre sur un brancard. On va l'emmener à l'hosto. On va faire en sorte qu'il s'en remette. Et après ça, ouais, tu pourras faire mumuse avec la balle si tu veux." En fait, comme il allait bien, il avait pas forcément envie que Duncan foute son doigt dans la blessure comme lui-même avait pu le faire avec le gardien. Parce que le gardien, c'était une question de vie ou de mort. Là, c'était rien.

Se prendre une balle, ce n'était pas rien. Ca faisait mal. Mais ça ne voulait pas dire pour autant qu'Andrew souffrait le martyre actuellement. Non, ça allait. Pourquoi ça allait ? Parce que ... Et bien, parce qu'il avait fini par prendre l'habitude à dire vrai. C'était pas la première fois qu'il se faisait trouer la peau. Il avait été blessé. A de nombreuses reprises. L'ancien militaire n'irait pas dire que ... Et bien, qu'il était immunisé contre la douleur. Mais oui. Ca allait. Ca irait. Comme toujours. Duncan était quelque peu blasé. Ca se voyait sur son regard. "Tu voudrais quoi ? Que j'me mette à chialer ?" Andrew secoua la tête. "Très peu pour moi. C'est pas une balle qui va m'faire verser des larmes." Non. Un coeur brisé, oui, pourquoi pas à ce moment là. Mais une balle ou une blessure, non. Ca irait. C'était pas son genre. Du tout. En tout cas, Duncan comptait pas vraiment le laisser comme ça. Il avait récupéré une cravate et voilà qu'il venait de lui faire un garot. Histoire que l'ancien militaire se vide pas de tout son sang. Il doutait que ça arrive mais bon, hein, comme on le dit souvent, mieux vaut prévenir que guérir, n'est-ce pas ? Il était temps de se tirer. Temps d'aller se faire soigner pour Andrew. D'ailleurs, tandis qu'il était dehors à donner deux ou trois conseils aux ambulanciers, il en profita pour discuter avec l'ambulancière. Il montrait du doigt le patient qui devait aller tout de suite à l'hôpital. Sans quoi, il ne s'en sortirait pas. Ouais, le plus important, c'était le garde. Lui et personne d'autre. Duncan se rapprocha de son pote en lui disant qu'ils devaient y aller. Pour enlever cette balle. A moins que le médecin la garde en souvenir. "Ah ah, très drôle. T'as mangé un clown ou quoi ?" Il était pas aussi marrant y'avait de ça une bonne demie-heure, alors qu'ils avaient un flingue pointé sur la tête. "Ca serait fait en deux deux. Et on ira boire, par la suite, la bière qui te fait si envie." Parce que oui. Il était pratiquement certain que Duncan avait envie de s'boire un petit quelque chose. Après une journée aussi éprouvante, c'était normal qu'il veuille oublier ça aussi rapidement que possible. "Allez, amène-toi." Andrew n'avait pas pris son véhicule pour venir jusqu'à la banque. Alors, autant utiliser l'ambulance. Ils iraient au même endroit rapidement comme ça. "A moins que tu aies ta bagnole à récupérer." Parce que oui. Andrew ne savait pas, par contre, si Duncan était à pinces ou bien s'il avait pris son véhicule.

Un petit rigolo le Dundun. Mais c'était sans doute l'adrénaline qui retombait. Sans doute que ... Et bien, que maintenant, ça irait mieux. Et qu'il aurait moins envie de rire. Du moins, dans la prochaine demi-heure, il dirait, sans doute, encore pas mal de conneries. Pour preuve. Duncan avait tenté de faire une blague en lui disant qu'il était un trou de balle. Ouais, bon, ça avait pas trop fait rire Andrew. Il secoua la tête. "Mais dis donc ... T'as mangé un clown toi pendant qu'on s'faisait attaquer." Ouais. "Ou alors, t'as respiré un truc pas net. C'est peut-être la poudre des balles. Ca a dû te monter au cerveau." dit-il dans un hochement de la tête. Sans doute que ça devait être ça. "J'vais faire comme avec les enfants. C'est pas bien de sniffer des substances pas nettes." Oui, bon, Andrew se moquait un peu. Beaucoup même. Mais ça faisait du bien de rire un peu et de se détendre après cette situation stressante. "J'aurais un peu de mal à te tuer de mes propres mains. J'ai un bras blessé. Quoi que ... Si on devait se battre ... j'suis pas sûr que même avec un bras blessé t'arrives à me battre." Il secoua la tête. Est-ce qu'il supposait de ses forces ? Va savoir. En tout cas, ils avaient déjà eu l'occasion de monter sur un ring tous les deux. Andrew avait appris deux ou trucs à Duncan. Mais bon, c'était pas suffisant pour le cardiologue prenne le dessus. Pour l'heure, il était temps d'aller se faire soigner. Duncan devait lui enlever cette balle du bras. Est-ce que Duncan récupérait sa caisse ? Non, pas pour le moment. "Ouais ... le quartier doit être cerné et ça va être juste l'horreur de circuler en bagnole." Autant profiter de l'ambulance. Ca serait bien mieux comme ça. C'était même sûr et certain. En moins de temps qu'il ne le faut pour dire ouf, ils étaient dans l'ambulance. L'ambulancier aurait bien aimé sangler Andrew sur le brancard. Mais il l'avait un peu envoyé sur les roses. Oui, ok, il voulait bien s'asseoir sur le brancard pendant le voyage. Mais de là à sortir de l'ambulance sur un brancard ou bien même dans un fauteuil roulant, hors de question. Pour sûr. "Non, ce genre de trucs, ça s'oublie pas. T'as soigné des blessures par balle assez souvent quand on était au Mali." Et là, c'était une petite balle de rien du tout mine de rien. Enfin, selon Andrew. Il leur fallut quoi ? A peine une dizaine de minutes pour se retrouver à l'hôpital. L'ancien militaire descendit de l'ambulance, l'air de rien. "Bon allez, on va s'trouver une salle pour que tu m'enlèves cette fichue balle."