Lochlan s'était fait avoir, en beauté. Ils avaient été alerté pour un feu dans une station service sur le bord d'une autoroute. L'excitation avait vite fait son apparition, éloignant un peu la peur. Ce sentiment était celui que tous les pompiers adoraient ressentir lors d'une alerté : l'angoisse mêlée à l'envie, le stress qui monte, et l'excitation qui grandit en même temps. Le jeune Parsons adorait ça, et c'était ce qui faisait à ses yeux que le métier de pompier était celui qui lui correspondait le mieux. Il ne le changerait pour rien au monde, et ce, malgré tous les risques que son job comportait.  

Mais aujourd'hui, il avait été trop loin. Il n'avait pas été assez sur ses gardes, et il en payait les frais. Un retour de flammes l'avait surpris, et par chance, il avait une bonne étoile sur lui : l'explosion l'avait propulsé en arrière, mais les flammes avaient seulement léché son avant-bras. Lochlan Parsons était chanceux. Combien de pompiers avaient perdu la vie à cause de ce phénomène pourtant bien connu, mais qui les prenait par moment au dépourvu ? Trop. Mais heureusement, il n'avait pas grossi les statistiques déjà tristement hauts. En quelques minutes, il était passé du statut de pompier à celle de victime. Ces collègues l'avaient extirpé, et avaient tout de suite éteint le feu. Pris en charge rapidement, il fut conduit par ses collègues directement à l'hôpital, un peu perdu.

En arrivant aux urgences, Lochlan ne put s'empêcher de sourire légèrement bien que la douleur se ressentait de plus en plus : peut-être serait-il pris en charge par Yasmine, infirmière ici, spécialisée dans les brûlures. Il arpenta les couloirs, regardant autour de lui si par hasard il la voyait, et un médecin arriva très rapidement vers lui.   « Duncan Wilde, je vais m’occuper de vous, suivez-moi. ». Les urgences étaient bien occupées ; l'alerte avait été donné. Le pompier murmura un bonjour, et hocha la tête avant de le suivre docilement, sans rien ajouter.

Ils arrivèrent rapidement dans une pièce où le Dr Wilde (si il avait bien retenu son nom) lui proposa de s'asseoir.- « Allez-y asseyez-vous. Qu'est ce qui s'est passé là-bas ? » Tout en posant ses fesses sur le fauteuil, l'australien prit la parole, se laissant faire par le docteur pendant qu'il l'auscultait, regardait son cœur, ses blessures. « On a été appelé pour un feu dans une station service. L'incendie était bien maitrisé, les zones à risque étaient contrôlées, mais on s'est fait avoir par un retour de flamme.. » Plus il y repensait, plus il se disait qu'il était plus que chanceux. Il aurait pu y laisser plus qu'un petit bout de l'avant bras.   « Je crois que je m'en sors pas mal. » fit-il avec un petit sourire.


Le médecin retira son stéthoscope de ses oreilles, et son regard se plongea dans le sien. « Vous n'avez pas respirer de fumée sur les lieux ? ». En entendant cette question, Lochlan mit quelques secondes avant de répondre. A dire vrai, il n'en avait aucune idée. Avant le retour de flammes, il était bien habillé, bien protégé dans sa tenue, mais dès que l'explosion eut lieu, Lochlan n'avait pas eu conscience de tout ce qui s'était passé ; il avait été un peu sonné, et ne savait pas quand il avait enlevé son masque. Haussant les épaules, il répondit alors. « Je ne crois pas.. J'étais protégé. » Il regarda le docteur, et fronça un peu les sourcils. « pourquoi ? Vous entendez quelque chose d'anormal ? » Il espérait sincèrement que ce ne soit pas le cas. A cet instant précis, Parsons n'avait qu'un rêve : retrouver son lit, et dormir tranquillement, et non pas se retrouver hospitalisé, sous oxygène ou sous perfusion.. < /blockquote>

C'est fou comme l'adrénaline pouvait masquer les symptômes. Jusqu'à présent Lochlan n'avait pas vraiment senti sa brûlure. Il avait bien vu cette flamme se rapprocher dangereusement de lui. Il avait bien senti la température monter. Mais pris par le stress, piqué par l'adrénaline, il n'avait pas senti à quel point une brûlure pouvait faire mal. Il s'en rendait compte seulement maintenant, petit à petit. Maintenant que le stress diminuait, que son taux d'adrénaline descendait, il sentait de plus en plus sa peau brûlée. Et c'était loin d'être agréable.

Le docteur ne tarda pas à lui parler justement de cette brûlure ; brûlé au troisième degré. C'était moche. Mais dans un sens, il n'allait pas de plaindre ; c'était l'occasion de revoir Yasmine. Peut-être accepterait-elle de lui faire ses pansements.. Si elle ne lui en voulait plus trop pour sa longue fuite... Il fut un peu soulagé lorsqu'il entendit le médecin parler du bienfait de son internat. Si il pouvait, en plus, ne pas avoir trop de cicatrices, ce serait parfait. « Allez y, j'ai confiance.. Par contre, je suis un peu douillet ! » fit-il avec un tout petit sourire. Enfin là, ce n'était pas vraiment être douillet ; la douleur se faisait de plus en plus sentir. « en fait, je commence vraiment à sentir la brûlure.. Ca chauffe, ça me gratte, et c'est assez bizarre comme sensation. Ca fait surtout de plus en plus mal...»

Il observa le médecin sortir tout son matériel. A force de faire des stages par-ci, par-là, de prévenir les plans d'urgence, le pompier pouvait presque donner le nom de chaque chose que le Dr Wilde sortait. Ils se mirent à parler fumée, et Lochlan s'inquiéta un petit peu. Etre brûlé était une chose, être en plus de ça empoisonné en était une autre. Heureusement, il fut là aussi bien rassurée : visiblement, il n'avait aucune séquelle de ce côté-là.

En entendant sa réponse, il soupira un petit coup. « Allez y, je suis prêt. » Il posa sa tête correctement, et ferma les yeux : Lochlan détestait les piqûres. Il se forçait à donner son sang dès qu'il le pouvait, histoire de pouvoir sauver des vies, mais ce n'était pas sans compter sur son stress permanent. Les aiguilles l'effrayaient. Quand il avait justement un rendez-vous pour un don du sang, il n'en dormait jamais la nuit qui le précédait. Il avait bien trop peur de rêver de grosse aiguille.. Pendant qu'il avait les yeux clos, il tenta de se changer les idées. Il ouvrit la bouche pour dire tout ce que le médecin voulait savoir. « Je m'appelle Parsons, Lochlan Parsons. Je pense que je suis déjà connu ici, j'ai grandit dans cette ville. J'ai du venir plusieurs fois dans cet hôpital..» Il souffla un petit coup, tentant de compter le nombre de fois où il avait atterrit ici quand il était gamin. Il resta comme ça quelques secondes, et fut surpris de ne rien sentir bouger autour de lui. Le pompier rouvrit les yeux et observa, un peu perdu, le médecin. L'avait-il piqué ? Ou n'avait-il rien fait durant tout ce temps ? Surpris, le jeune homme demanda alors. « Vous avez déjà piqué là ?!? »