Fin décembre 2022.« Bien sûr. » Il est trop sûr de lui quand elle doute qu’il le fasse, autrement, elle ne se serait jamais permise une telle demande. Gabrielle sait qu’il ne va pas alors qu’elle a passé six mois à ses côtés depuis cet accident. Six mois où elle a pris le temps de l’observer, le découvrant avec des traits décomposés, un air fatigué, absent et une lassitude certaine d’une situation physique qui lui pèse bien plus qu’il n’est capable de l’avouer à voix haute. Et parce qu’elle a assisté à tout ça et parce qu’elle le connait depuis bien plus longtemps encore, Gabrielle est la mieux placée pour dire qu’il n’est plus que l’ombre de lui-même. « Gabrielle, je t’en prie. Tout ira bien pour moi. » Si son air moqueur ne l’a jamais dérangée et que c’est quelque chose qu’elle lui a toujours aimé, aujourd’hui, plus que jamais, elle ne le supporte plus. Surtout quand il prend si peu en considération sa situation et que ses mots n’ont aucune répercussion sur lui. Un électrochoc, une prise de conscience même minime… il n’en est rien. Si elle hait le fait qu’ils en arrivent à cette conclusion, c’est aussi ce qui la conforte dans ce choix qu’ils prennent aujourd’hui. Elle n’arrive plus à le voir de la sorte, elle n’arrive plus à tenir pour deux et espère que, d’une façon ou d’une autre, les paroles qu’elle a pour lui aujourd’hui et son absence future à ses côtés l’aideront d’une quelconque façon qu’il soit.
Ils n’ont sûrement plus rien à se dire après ce dernier baiser échangé, celui qui sonne bien plus comme un adieu qu’un simple aurevoir. Et parce que l’instant devient insupportable et que tout ça devient bien trop réel, Gabrielle estime qu’il est temps pour elle de s’éclipser. Machinalement, sa main se porte dans son sac à main et ce ne sont pas les clés de sa vieille jeep qu’elle extirpe. Celle-ci a rendu l’âme depuis longtemps et, en remplacement, Channing lui a tout bonnement prêté une de ses voitures. N’ayant pensé à ce détail, elle se retrouve un peu prise au dépourvu, tendant le trousseau alors à l’héritier pour la lui rendre, tout simplement. Il s’en empare sans mot dire et si cela lui paraît tout à fait logique, Gaby ne s’attend certainement pas à ce qu’il s’apprête à faire. Toujours en silence, il l’invite à le suivre, les yeux de la jeune femme se plissant, encore davantage quand il s’empare d’un stylo et qu’il prend la direction de l’extérieur. Ils rejoignent la voiture, garée dans l’allée, et l’américaine l’observe prendre place du côté conducteur. Elle prend conscience peu à peu de ce qu’il est en train de faire et lorsqu’il ressort du véhicule, son regard sur lui est stupéfait « Elle est plus utile avec toi qu’ici. » « Channing, tu n’as pas à faire ça Elle ne veut pas qu’il se sente obligé de quoi que ce soit mais, à son regard, elle comprend qu’il ne compte pas revenir sur sa décision et qu’il n’acceptera pas un refus de sa part Merci » C’est dans un souffle qu’elle le remercie, touchée par la symbolique du geste. « Prends soin de toi Gabrielle - et de elle aussi, accessoirement. » « Je le ferai » Elle parle plus de la voiture que d’elle-même à n’en pas douter. Son cœur est trop lourd cependant pour qu’elle puisse s’en amuser, quand elle sait que Channing a toujours été réticent à la savoir au volant d’un de ses bolides. « Aurevoir, Channing » Elle ne s’attarde pas, s’autorise un dernier contact en frôlant à son tour sa main et en laissant son regard se noyer une dernière fois dans le sien avant de s’engouffrer dans l’habitacle.
Les rôles s’inversent. Plus de quatre ans en arrière, il était celui qui s’en allait. Aujourd’hui, c’est elle qui le fait. La gorge serrée, Gabrielle enclenche la marche arrière, recule puis se remet dans le sens de la marche. Un dernier regard vers la villa et elle démarre pour quitter définitivement les lieux. Les larmes sont difficilement contenues durant le trajet jusqu’à chez elle. Elle peine à réaliser mais la douleur qui renaît au fond de sa poitrine et qui est similaire à celle du passé se charge de le faire. Cette même douleur qu’elle espérait ne plus jamais ressentir est pourtant bien là et est difficilement supportable. En arrivant chez elle, entendant Meryl et Matthew dans la cuisine s’affairant sûrement à préparer le repas du soir, Gaby se contente de les saluer de loin d’un signe de la main avant de s’excuser, prétextant qu’elle a besoin de passer un coup de fil urgent. Ils ne sont pas dupes, ont sûrement remarqué ses yeux bouffis et son manque de conviction dans ses paroles et ce sourire qu’elle tente pourtant de conserver tout le long mais ne cherche pas à la retenir.
A l’abri des regards, s’étant réfugiée sur le rooftop où d’anciens souvenirs l’envahissent déjà, la californienne s’installe sur un des fauteuils, se recroqueville sur elle-même entourant ses genoux de ses bras et porte son regard sur l’horizon. Elle laisse ses larmes couler plus abondamment, en silence et au bout de quelques minutes, sa tête s’engouffre entre ses bras, ses épaules se réhaussant à de nombreuses reprises sous le coup des sanglots. Ses pensées vagabondent à ce qu’ils ne sont plus, à ce qu’ils ne parviendront sûrement plus à être et surtout aux regrets de ne pas l’avoir retenu quand il s’apprêtait à la quitter, à Los Angeles, temps où tout était pourtant beaucoup plus simple entre eux.
Fin décembre 2022. « Tu sais que je t’aime aussi. » Les mots sont murmurés et résonnent pourtant dans toute la pièce, tel un écho dans un espace dépourvu de toute présence. Ils parviennent à lui transpercer le cœur, à la rendre davantage émotive qu’elle ne peut l’être déjà. La crainte que ce soit la dernière fois qu’elle l'entend lui dire de tels mots l’envahit et la fait frémir. Bien qu’ils ignorent encore ce vers quoi ils se dirigent, Gabrielle a la sensation que ce je t’aime sonne comme un dernier adieu, malgré la promesse qu’ils se sont faite de ne pas en arriver à ce point. Il résonne surtout comme un dernier adieu à leur amour partagé, craignant qu’il ne puisse finir par s’estomper, les amenant à s’oublier mutuellement. Ce n’est pas l’issue qu’elle souhaite mais, malgré cette discussion apaisée et cet accord qu’ils semblent trouver, l’incertitude plane sur leur relation, quelle qu’elle soit désormais, et sur l’avenir de celle-ci. Gabrielle acquiesce mollement, murmurant un « Je sais » avant que son regard se porte sur ses propres mains. « et je serais toujours là pour toi quand tu auras besoin de moi. N’importe quand, à n’importe quelle heure, n’importe où. » « Je le serai aussi pour toi, Ses yeux retrouvent avec émotion les siens, ceux noisettes dont elle peine à se défaire habituellement mais les confronter aujourd’hui semble être une épreuve insoutenable pour elle mais promets-moi de prendre soin de toi, Chan son air est soucieux et elle n’a pas besoin d’en dire davantage pour qu’il sache ce qu’elle sous-entend de chercher à aller mieux et de ne pas baisser les bras. Tu es capable de t’en sortir, je le sais… Elle croit en lui quand lui ne le fait plus depuis trop longtemps, Gabrielle n’ayant aucun mal à continuer à le faire pour deux, si cela est nécessaire. Elle lui connait son côté battant - il lui a d’ailleurs narré plusieurs histoires à ce sujet – et l’a déjà vu à l’œuvre, ce qui explique pourquoi elle se permet de tels mots à son égard. Cette épreuve ne doit pas être le coup de massue final pour lui et la personne fantastique qu’il est. Elle ne doit être qu’une mauvaise passe qu’il parviendra à surmonter, comme toutes les autres, passées ou futures.
Doucement alors, l’avocate se mouve sur son siège pour en descendre, exécutant quelques pas afin que ce plan de travail cesse de les séparer. Elle ose alors venir effleurer sa joue de sa main, laissant ses doigts caresser lentement sa peau, son regard se noyant à nouveau dans le sien. L’émotion est toujours présente, vive alors que le silence perdure. Gabrielle s’autorise ce dernier contact, celui qu’ils n’auront plus, celui qui s’apparente encore à ce qu’il reste de leur semblant de relation de couple. Un dernier instant, un seul où elle se montre vulnérable et vient doucement, sur la pointe des pieds, à trouver ses lèvres. Un baiser auquel vient se mêler ses larmes, celles qui lui échappent malgré elle, un baiser qui confirme ses propos, ceux formulés un peu plus tôt, de ses sentiments indélébiles pour lui. L’échange est doux et prolongé, la californienne peinant à se défaire de l’héritier. Ce même baiser lui rappelle celui qu’elle lui a offert avant de le quitter, après leur première retrouvaille charnelle presque un an plus tôt sur ce yacht, quand celle-ci devait être unique et une façon pour eux de se dire correctement adieu – n’ayant su le faire convenablement quelques années auparavant. Se détachant lentement, Gaby garde son front contre le sien, les yeux clos, leur souffle se mêlant encore pour quelques secondes « i love you » une façon de lui dire plus clairement qu’elle n’a su le faire un peu plus tôt, même si les mots utilisés avaient la même signification.
La jeune femme sent qu’elle a besoin de partir, non pas parce qu’elle n’est plus capable de le supporter mais parce qu’elle ne parvient plus à contenir son mal être face à cette situation et a un besoin criant de se retrouver seule. S’éloignant donc de Channing, dans un dernier contact, sa main quittant la sienne lentement, elle vient se saisir de son sac et en sort les clés de sa voiture… qui sont les siennes en réalité « Je… » elle les garde dans sa main, ne sachant que faire. Elle ne se sent pas légitime de conserver une de ses voitures maintenant qu’ils ne sont plus et s’apprête à lui tendre le trousseau de clé dans un dernier geste à son encontre.
Fin décembre 2022. Leurs cœurs sont lourds et pourtant l’ambiance qui les entoure est apaisée. Un contraste déroutant quand ils se retrouvent après des jours et qu’ils ont conscience qu’ils sont en train de traverser un tournant dans leur vie, celle de leur vie de couple – aussi longtemps qu’ils peuvent se permettre de la qualifier de la sorte. Au lieu d’installer un manque et l’impatience de se retrouver, comme ça a pu être le cas dans le passé, alors que quelques heures suffisaient pour que leurs retrouvailles soient passionnelles et sonnent comme une délivrance, les derniers jours qui se sont écoulés dans le présent ont été un temps nécessaire à prendre du recul « Ne le sois pas. » C’est ce que Gabrielle confie à Channing, s’en excuse d’ailleurs mais veut être honnête avec lui. Il ne lui en tient pas rigueur, elle apprécie mais sait aussi qu’il en a sûrement eu besoin tout autant qu’elle. Le temps de réfléchir à ce qu’ils étaient réellement, au chemin qu’ils étaient en train d’emprunter ensemble… et surtout du mur qu’ils n’allaient pas tarder à se prendre en pleine figure « Tu n’as pas à te justifier. ». Elle le regarde longuement, attristée car même si tout ça est nécessaire, il n’en reste pas moins que les sentiments sont bels et bien réels et présents et que ce recul et cette décision qu’ils s’apprêtent à prendre ne change en rien l’amour qu’elle peut ressentir à son égard. « Elles ne le sont plus. » Ils sont sur la même longueur d’onde malgré ce constat, celui qu’ils ne peuvent qu’affronter, n’ayant d’autre choix que de se rendre à l’évidence que les choses ne sont plus ce qu’elles étaient… à regret « Moi aussi… moi aussi. ». Gabrielle acquiesce à nouveau mollement, son regard quittant celui de l’héritier pour retrouver le plan de travail sur lequel ses doigts tracent des cercles invisibles. Sa gorge se noue, et elle prend une profonde inspiration durant ce temps de latence, celui où un silence lourd s’installe.
« Ce n’est pas un adieu, n’est-ce pas ? ». Lentement, son regard retrouve le sien. Gabrielle remarque l’hésitation de Channing, ses doutes aussi, ceux qu’elle peut lire dans ses yeux. Quant à elle, ses sourcils se froncent, et inconsciemment, sa tête commence à se pivoter de droite à gauche, comme une première réponse à ses craintes… qui sont les siennes aussi. « Je veux dire- ça, cette conversation, peu importe ce qu’on est. ». Ce n’est pas ce qu’elle veut. Elle est perdue dans cette relation qu’ils ont tenté de construire ces derniers mois, ne sait pas où cette décision va les mener mais il est inconcevable qu’ils se perdent définitivement. Elle ne le supporterait pas, les précédents adieux ayant été bien trop lourds, bien trop douloureux pour qu’elle accepte d’en revivre un à nouveau. « Je le respecte si tu le souhaites, mais ce n’était pas mon idée première. » Son regard triste n’a pas quitté le sien et à nouveau, le même mouvement de tête vient à confirmer ses pensées et, elle l’espère aussi, rassurer l’héritier « Non, ce n’est pas ce que je souhaite ». L’idée lui tord le ventre d’avance, ramène avec elle de vieux souvenirs, ceux de leur première rupture où elle a été incapable de lui dire de rester. Elle n’oubliera pas l’état meurtri dans lequel elle s’est retrouvée après ça, tout comme le vide que son départ a créé dans son quotidien. Renoncer à lui définitivement aujourd’hui serait se retrouver dans une situation similaire. Elle est incapable de l’affronter à nouveau. « Je tiens vraiment à trouver un équilibre qui nous convient, Gabrielle. » Elle aussi. Elle ne sait encore comment, mais le temps les aidera sûrement à le trouver. Gabrielle l’espère. Pour le moment, ils n’ont d’autres choix que de se rendre à l’évidence qu’ils n’y parviennent pas et, s’ils continuent sur cette voie, cela les mènera définitivement à leur perte. « J’y tiens tout autant ses mains sont encore présentes sur le comptoir mais ont cessé de s’agiter je veux qu’on trouve des solutions même si cela implique de mener notre vie chacun de notre côté pendant quelque temps. Trouver un équilibre personnel, aller mieux… que tu ailles mieux parce que cet accident lui a laissé des séquelles, qu’elle se sent parfois de trop à ses côtés et n’y trouve pas sa place. Elle ne lui reproche pas pour autant pour nous aider à savoir si on est prêt… » prêt à être un couple, prêt à accepter nos sentiments et les assumer, prêt à se prouver toute l’importance que l’autre peut avoir dans sa vie. Prêt à vivre leur histoire, tout simplement. Si elle paraît sûre d’elle dans ses propos, cela n’empêche pas sa gorge de se serrer. Une certaine émotion commence à la submerger à cause de la peur de cette décision et la peur des conséquences de celle-ci, qui peut leur être bénéfique tout comme un signe définitif qu’ils ne sont pas fait l’un pour l’autre. Et alors qu’elle est incapable de le quitter du regard, une de ses mains glisse sur le comptoir, en sa direction, pour l’inviter à s’en saisir « Despide this… my love for you is still the same… » une manière de lui dire qu’elle l’aime toujours et que, quel que soit l’issue, cela ne changera jamais. C’est d’une larme que son autre main vient se saisir, l’essuyant du bout des doigts alors que son cœur est lourd mais prêt à prendre les décisions nécessaires et à les appliquer. Pour eux…
Fin décembre 2022. Son cœur est lourd, et ça depuis plusieurs jours déjà. Sûrement plus en réalité tant elle a l’impression que la situation lui échappe depuis des semaines voire des mois. Elle ne sait plus sur quel pied danser, elle ne sait plus où est sa place non plus et a la sensation de s’oublier peu à peu. Pourtant, Gabrielle aurait tout pour être heureuse, surtout alors qu’ils ont réussi à se retrouver et surtout à s’avouer leurs sentiments réciproques, ceux qu’ils n’ont jamais su s’avouer jusqu’alors, ceux-là même qui ont mis en péril leur relation passée. Et s’ils pensaient tous deux, peut-être naïvement, qu’échanger un je t’aime serait suffisant, ils se rendent compte, à regret, que cela ne l’est pas. Les sentiments de la californienne pour Channing sont indéniables, sincères et profonds mais la situation lui échappe. Elle a cru le perdre des mois auparavant suite à son accident, cet événement lui ayant servi d’électrochoc quant au fait que ses sentiments pour lui étaient bel et bien réels et encore présents, malgré les années écoulées. L’idée de le perdre une fois de plus lui étant insoutenable, la jeune femme n’a pour ainsi dire plus quitter l’héritier depuis ce jour.
Ils ont passé des heures durant ensemble, ont même instauré une certaine routine quand l’avocate a sûrement plus pris la direction de la villa de Channing que de la sienne après ses journées de travail mais, ces dernières semaines, tout cela s’est quelque peu égrené. Elle ne saurait expliquer le pourquoi ni le comment mais leur lien, déjà fragile, semble se désunir peu à peu. Le point de non-retour a sûrement été atteint lors de ce dîner de Noël où elle a été conviée chez les Walker. Une certaine appréhension, quand il s’agissait de la première fois, depuis l’acceptation de leurs sentiments réciproques, qu’ils s'affichent tel un couple. La situation tendue du fait de la présence de l’assistante de l’héritier, dont les rapports restent, aux yeux de Gabrielle, flous entre eux et ce fossé déjà bien creusé depuis ces dernières semaines ont sûrement eu raison de toutes ses remises en question. Ils se sont quittés ce soir-là sans même chercher à passer plus de temps ensemble quand, auparavant, ils auraient passé la nuit à converser dessus et sûrement à rire du ridicule de la situation, notamment suite au comportement de la matriarche des Walker. Mais il n’en a rien été et après cela, ce fut un silence radio. Le besoin pour la jeune femme de prendre du recul, nécessaire quand elle a été patiente à ses côtés, s’est montrée compréhensive et présente mais que cela n’a pas été suffisant. Le besoin d’en parler aussi à sa meilleure amie notamment, bien que la tâche n’ait pas été des plus faciles… La prise de conscience surtout, celle qu’elle ne pouvait plus éviter désormais, celle qui lui a fait se rendre compte qu’ils n’étaient plus ce qu’ils étaient et qu’ils semblaient incapable de retrouver cette alchimie presque innée qu’ils ont eu dans le passé…
Gabrielle s’est contentée de répondre qu’elle passerait, sans en donner plus de précisions que lui ne l’avait fait en l’invitant à passer le voir. Ce n’est que trois jours après, alors que la nouvelle année approche à grands pas qu’elle se présente sur le pas de sa porte. Une profonde inspiration est nécessaire car le cœur est particulièrement lourd ces derniers jours, encore plus quand elle a l’impression que les trois coups qu’elle cogne sur sa porte marque le début de la fin de quelque chose… « Gabrielle. » Son cœur se serre davantage quand elle voit sa silhouette apparaître dans l’encadrement de la porte et le sourire qu’elle lui offre, bien que sincère, est triste « Bonsoir, Channing ». Il n’y a pas de surnom, le handsome qu’elle lui a attribué récemment ne semblant plus avoir sa place, même son diminutif ne semble pas justifié pour l’heure.
Elle pénètre dans cette villa qu’elle connaît par cœur, laisse son regard glisser sur quelques recoins, comme si elle voulait s’en imprégner pour la dernière fois… puis Gabrielle prend place là où il semblait être assis quelques secondes plus tôt, sur le tabouret face au comptoir. Ils échangent sur des sujets divers et neutres, le ton cependant détaché, tant les idées de la jeune femme sont ailleurs. Quelque chose s’est définitivement brisé entre eux, elle le ressent à ce même instant et lorsqu’un silence s’installe, il est lourd de sens. Lourd au point que son regard s’attarde à peine sur ce verre de vin qu’il est en train de leur servir, l’envie d’en prendre une gorgée, inexistante. « Je ne me souviens pas avec exactitude de tous les moments qu’on a partagés. » Il brise ce silence et elle ose à peine lever le regard pour trouver le sien. « Mais je n’oublierais jamais New York. Ni New York, ni le pont de Sunnynook, pas non plus ton anniversaire sur le yacht ou notre passage à 2022. » Par mimétisme et par nostalgie elle aussi, un sourire se dessine finement sur le bord de ses lèvres face aux souvenirs évoqués. Mais ce sourire n’est que passager, éphémère, disparaît la seconde suivante quand il poursuit … et surtout quand elle est consciente de la tournure que va prendre cette conversation « Je ne les oublierais jamais. Je ne t’oublierais jamais. » Sa gorge se serre, son regard est porté sur lui désormais, alors qu’elle acquiesce mollement, l’air triste « Je suis désolé que cela n’ait pas fonctionné, Gabrielle. » Elle le sait sincère parce qu’elle sait aussi qu’il ne s’est pas joué d’elle, ne doutant pas une seule seconde de ses sentiments à son égard « J’en suis désolé aussi, Channing ». Elle déglutit difficilement, prend une inspiration marquée alors qu’elle aussi laisse ses doigts triturer le pied de son verre de vin « Tout comme je suis désolé d’avoir mis du temps à venir après… ce dîner elle n’a pas envie d’y revenir dessus, préfère leur épargner des désaccords ou de rendre la situation encore plus difficile qu’elle ne peut l’être j’avais besoin de réfléchir à … tout ça. A notre situation… elle marque une pause nécessaire alors qu’elle retrouve son regard à nous... » à cette relation qui ne fonctionne pas comme on l’aimerait. « J’aurai aimé que ça fonctionne, qu’on retrouve ce qu’on avait. Mais il faut qu’on se rende à l’évidence, les choses ne sont plus ce qu’elles étaient… » C’est à regret qu’elle en fait le constat et même si elle tente de garder contenance, son air l’a trahi, ses sourcils s’étant affaissés en prononçant ces mots. et je le regrette… sincèrement Chan’ ». Finalement, le surnom revient malgré elle, sûrement parce qu’ils parlent à cœur ouvert et aussi parce qu’elle ne veut pas qu’il pense qu’elle puisse lui en tenir rigueur.
ÂGE ≈née un 27 Mai 1994, sous le signe du gémeaux, elle a 28 ans. LIEU DE NAISSANCE ≈Daejeon, en Corée du sud mais sa famille a déménagé à Séoul peu de temps après sa naissance.. STATUT SOCIAL ≈Célibatarde. Elle a tout foutu en l'air son couple avec Marceline en roulant un patin à Marvin. Est ce qu'elle regrette ça connerie ? oui. Est ce qu'elle l'assume ? pas vraiment. En tout cas : l'amour c'est de la merde. MÉTIER ≈Influenceuse elle a signé chez Shining Star agency et Halston s'occupe de sa carrière d'une poigne de fer. QUARTIER ≈Chez son frère au #33 sur James Street à Fortitude Valley. ORIENTATION SEXUELLE ≈Bisexuelle, voir même pansexuelle, le genre de la personne lui importe peu enfin de compte. GROUPE ≈Au secours, j’ai 30 ans.
En RP
STYLE ≈3ème personne/temps du passés, dialogues en anglais si ça te tente. NBR DE MOTS ≈c'est variable donc je sais pas trop. C'est pas un truc auquel je prête attention. FREQUENCE ≈plusieurs réponses par semaine en général
Les informations en vrac
Elle est à Brisbane depuis peu. ≈ Elle a grandit à Séoul, a fait 3 ans d'étude à Paris avant de retourner en Corée. Aujourd'hui elle débarque en Australie pour y rejoindre son frère. ≈ Elle parle coréen, français (même si elle fait beaucoup de fautes) et anglais. ≈ Elle est totalement accros à son téléphone, surtout à instagram, elle y passe beaucoup trop de temps et poste 90% de ce qu’elle fait en story. ≈ Elle est très allergique aux chats, alors qu’elle aurait adoré avoir un chaton pour alimenter ses réseaux sociaux. ≈ Elle cuisine très très mal, trop distraite pour ne pas faire bruler quelques choses, donc elle compte sur son frère pour lui faire à manger et sinon est une grande amatrice de take out. ≈ Elle a une petite addiction à Starbucks, à croire qu’elle ne peut pas passer une journée sans sa dose de café trop sucrée de la marque américaine. ≈ Grande bordélique, rien ne semble avoir d’ordre dans sa vie et cette désorganisation la met presque systématiquement en retard. ≈ Jiyeon est très sociable et adore sortir en soirée. En amitié elle est très fidèle et n’oublie jamais les personnes qu’elle rencontre. ≈ En amour par contre c’est une autre histoire ! Elle enchaine les relations courtes, voir très courtes, oublie parfois qu’elle est supposée être en couple… Bref elle n’est jamais véritablement tombée amoureuse, peut-être par peur de découvrir ce qu’un coeur brisé pourrait lui faire. ≈ A force de poster sur les réseaux elle s’est retrouvé avec une petite armée de followers. Alors non elle n’a rien d’une vraie influenceuse qui gagne sa vie grâce aux réseaux, même si ça lui plairait bien! Pour le moment à part recevoir des DM louches de garçons en mal d’amour, elle n’a pas encore réussie à obtenir de partenariat avec des marques. Un jour peut-être.
Liens recherchés
ex ≈ Jiyeon elle en brise pas mal des coeurs, tu pourrais être l'une de ses victimes follower ≈ même si elle ne gagne pas encore sa vie sur les réseaux Jiyeon est très suivie sur instagram (bon surtout par des coréens mais pas que!) tu pourrais donc être l'un/l'une de ces personnes. Une sorte de fan. des idées ≈ je manque cruellement d'idées en ce moment donc si tu en as une, même partielle, n'hésite pas !
1. Y'a beaucoup trop de Calex ( @Caleb Anderson ) ça me fait penser que ça doit faire plus d'un an que j'ai commencé mon top 10 des Calex mais impossible de me décider. Mais pour en citer que quelques uns. Celui de la naissance des filles #28), le dernier FB (#33), la perte d'un bébé (#17), l'annonce de la vérité sur Nathan (#5), leur voyage en NZ (#12) et j'en oublie surement d'autres vu l'heure 2. Celui avec @Alfie Maslow * 3. Le premier avec @Kyte Savard que j'ai trouvé très touchant et j'ai adoré découvrir le style d'écriture de Kyte. 4. Le #3 Timlex (@ @Timothy Decastel ) 5. Le #1 Avec @Swann Buchanan
J'aime beaucoup la question alors je reprends. Tes 5 rps les plus émouvants ou les 5 plus mémorables ?
Aurais-je l’intention de l’endormir de palabres doucereuses destinées à cacher une inclination non assumée pour Olivia que son regard m’aurait mis mal à l’aise. Il ne me détaille pas, il me sonde en quête d’une grimace sur mes traits ou d’une lueur étrange qui témoignerait que je mens. Or, je suis tranquille. Je tricote mes explications avec habileté. Je suis serein et mes mains, elles ne tremblent pas. Elles gigotent dans son dos alors que je les convoque et je m’autorise même un sourire alors qu’elle exige de moi que je caresse son ego dans le sens du poil. Elle m’amuse, Rae. Elle me divertit parce qu’elle joue et que je retrouve pour l’occasion la jeune femme dont je suis tombé amoureux. Peu m’importe qu’elle me taquine pour couvrir son besoin d’être rassurée, je n’écoute que les réflexes de mon vice : je retiens l’aveu que nulle autre avant elle, aussi peu nombreuses soient-elles, ne m’a autant convaincu d’être à la bonne place. Ce serait facile, pourtant. Ce serait aisé de lui chuchoter que mes paumes ont servi de moule au Pygmalion qui aurait façonné ses courbes et ses menues rondeurs. Toutefois, je hausse un sourcil et habille mon faquin faciès de la déconfiture. « Je l’ai tout de suite pensé, mais j’ai bien peur d’avoir oublié à quel point c’était évident. » Quelle fadaise. Je n’en ai jamais douté et n’est-ce pas l’une des raisons qui a endigué le travail de sape sur mon coeur par la raison ? D’aucun Homme persuadé d’avoir déniché un diamant brut ne l'oublierait au fond d’un tiroir. D’aucuns ne lui feraient prendre la poussière sur un étagère sans plus jamais le regarder avec admiration. Rupture ou non, loin ou près d’elle, mes pensées et mes oeillades envieuses ont convergé dans sa direction. Or, trop point n’en faut en matière de révélation. Trop d’honnêteté pue le mensonge et pas assez éveille la méfiance. C’est assimilable à l’intérêt que le temps rend souffreteux pour quiconque ne cultive plus de mystère et quoique j’aime qu’elle me devine, je porte en étendard la certitude que nos facéties nous maintiennent en haleine, qu’elles contribuent, à elles-seules, à recharger en huile la lampe de nos sentiments. Dès lors, je reconstitue le masque de l’outrage et je gruge au lieu d’admettre que l’heure où elle me paraîtra fade et insipide ne viendra jamais. « Je dois comprendre que moi, je pourrais en manquer ? » ai-je jeté entre deux caresses de nos visages toujours plus proches l‘un de l’autre pour mieux s’offrir comme des bonbons des baisers sucrés. Seule l’avidité les acidule d’ailleurs et, parfois, j’en tremble. Je grimace également parce que ma question n’est pas aussi anodine qu’il n’y paraît.
Serais-je trop sûr de moi si je n’avais peur qu’elle se lasse de mon entêtement, de mes obsessions ou de mon goût du secret pour toutes décisions qui déboucheraient sur un conflit. Le dernier en date nous a menacé d’être bon pour la casse. Il n’était pas le premier et, malheureusement, j’en cache d’autres dans ma besace : mes projets avec Lou, la proposition d’Olivia et ma récente discussion avec Alec Strange. Ce matin, je tente donc vaille que vaille de les conserver jalousement. Mes intentions sont nobles la concernant et je me contente de les effleurer quand, à la nuit tombée, dans un silence solennel, j’adresse à cette fermme endormie auprès de moi des prières vouées à lui inspirer de l’indulgence, des voeux pour l’avenir parce qu’elle comprendrait enfin, qu’elle saisirait la substance de mon combat. Il ne dépend ni d’elle ni de nous, mais est-ce flagrant ? Est-ce que ça contraste comme une tâche de sang sur un linge blanc ? Je ne confierais pas ma main au boucher sans redouter qu’il ne me la coupe. Alors, en attendant l’illumination, je me promets de m’appliquer en douceur à reconquérir mon territoire souillé par les bottes crasseuses de ses amants. Je me jure de ne pas succomber à ces pulsions triviales incitées par la chaleur de son corps contre le mien. Sauf que c’est vain. Une inspiration et quelques enjambées plus tard dans la cabine, je me suis trahi de la plus savoureuse des façons et non la plus délicate d’entre elles. Notre intimité, je ne l’ai pas suggérée d’une tiède caresse le long de ses flancs ou de son échine. Je ne l’ai pas non plus initiée par un baiser du bout des lèvres pour m’enquérir de sa permission de l’effeuiller. Je me suis servi d’avoir interprété ces signes qui me sont bien trop familiers. Je l’ai repérée cette flamme de gourmandise qui éclaire l’abîme de ses grands yeux. Je ne les ai pas rêvées ses menottes qui, d’emblée ont échoué dans ma nuque. Raelyn, elle a participé à mon propre désaveu en se hissant sur le plan de travail et j’ai su. J’ai su que je ne ressortirais pas indemne de ce fatras d’émotions contraires qui se succèdent et nous coupent le souffle. Il nous porte aux nues et ce soulagement quand elle fut mienne à nouveau, ce sentiment d’être enfin entier lorsqu’elle m’embrasse ou que son désir rencontre le mien par des gestes brusques, par des feulements de plaisir ou par de longs soupirs, ils sont incomparables de sensualité et de passion. Et c’est ici et maintenant que tout se joue. C’est dans cette cabine que nous comblons le manque de l’autre, que nous chassons toutes traces de frustration et que je suis pour ma part le plus éloquent. L’acte, bien qu’il soit nappé de cette volonté de prendre l’ascendant, lui crie des “je t’aime comme un fou”...
Cette prise de pouvoir, elle m’est nécessaire puisque, jusqu’ici, je n’ai pas encore envoyé au feu les portraits de ses amants, mais sur l’heure, je m’y emploie et je suis conquis qu’elle ne s’y oppose pas Raelyn. Elle ne lutte pas contre mes mains curieuses qui se baladent sur son corps et qui parfois l'empoignent. Elle en soupire sans renâcler et elle ne se vexe pas non plus que je la mange toute crue et sans assaisonnement. Au contraire, dès lors que je retiens son visage entre mes doigts, elle s’en dégage pour agrémenter le plat de notre ébat d’épices savamment choisies. C’est une pincée de sel que ses chuchotis à mes oreilles. C’est une cuillère de poivre ce “j’ai envie de toi et de nous” dont elle saupoudre mes tympans. Quant à ce “je suis à toi, Amos”, ce prénom qui, au sortir de sa bouche, devient le plus beau, celui qui est unique dès lors qu’elle le murmure en soutenant mon regard, c’est du piment et j’en salive. Je me pâme devant cette explosion de saveur. Chaque baiser entre deux coups de rein est une déflagration et ses ongles, qui s’enfoncent dans mon dos dès lors que nous approchons de la cîme de cette montagne de plaisir, c’est le crochet qui fait sauter mes derniers verrous. Je suis lavé de toutes mes obsessions, j’en souris de satisfaction et c’est désormais vers une autre que je nous emmène, front contre front, coeur contre coeur, mes lèvres s’emparant une dernière fois des siennes pour un baiser qui ponctue cette étreinte violente en intensité et en sensation. Ma tête me tourne tant que j’ai tout juste la force de l’enlacer, de respirer bruyamment dans son cou, de les respirer, ma nymphe et son parfum de femme, de presser mon torse nu contre le sien pour renouer avec la simplicité de ce contact qui m’apaise depuis le premier jour. « Pas de douche. Un bain. Un très très long bain.»Parler, pour lui répondre, me demande un effort considérable, si bien que ma voix est éraillée, rendue rauque par le plaisir et l’effort. Il est double, celui-ci. J’ai au coeur l’envie de confirmer mes confessions post-Aberline. Je suis persuadé que lui répéter que je suis dingue d’elle et, par conséquent, en danger lorsqu’elle n’est plus à moi, serait une conclusion aussi appréciable qu’indispensable. C’est une torture que ce silence sur mes sentiments par ce qu’il me fait mal. Il étoufferait cette crainte que signer ces retrouvailles charnelles avec autant de hâte ne soit pas un risque finalement. Au delà de vouloir être ensemble à nouveau malgré les épreuves que nous avons traversées et balayées au travers de notre dernière mise au point, ma vengeance suit son cours et représente à elle-seule une adversité. Y a-t-elle songé tandis que nous marchions de côté ? L’a-t-elle mise derrière nous, sa propre rancoeur ? Est-ce par peur qu’elle nous gâche définitivement que nous avons ignoré la question ? Est-ce plutôt par lâcheté parce que nous sommes conscients qu’elle aurait été un frein à notre désir ? Frappés par la frustration, aurions-nous fini par nous disputer ? Inquiet, je rassemble ma vigueur pour la serrer un rien plus fort. Je n’ai pas envie de la lâcher maintenant. Nos corps ainsi mariés sont le plus efficace des calmants. « D’ici deux minutes encore.» ai-je ajouté, presque plaintif, quelques baisers parsemés dans son cou plus tard. « Après, on partira. Fraser Island nous attendra.» En attendant, les paupières closes, je me délecte de la douceur de son front contre le mien et je réalise que c’est ce dont j’ai besoin à présent. Comme un gosse, j’ai besoin de tendresse, d’attentions délicates, de reconstruire cette bulle derrière laquelle nous sommes à l’abri. Dès lors, même si c’est une souffrance de me séparer d’elle, je m’accroche à l’idée que d’ici quelques minutes, le temps que l’eau coule et remplisse la baignoire, son corps reposera à nouveau contre le mien pour me rhabiller, enfin, et nous mettre en route sur le chemin du salut pour notre couple.
J’ai d’abord cru à une question qui m’a d’emblée semblé dérangeante, voire un problème insoluble. Je sais que je peux me disputer avec liv au profit de Rae si elle dépasse les bornes ou lui manque de respect. Cette réalité, nous l’avons étrennée, mais ne commettrait-elle aucun impair à l’égard de celle qui par chance affirme plus qu’elle n’interroge que, face à un éventuel ultimatum, je serais malheureux de choisir Raelyn. J’en souffrirais de n’avoir rien à me reprocher et d’être forcé de condamner Olivia injustement à battre en retraite. Elle ne comprendrait pas ou, si elle en était capable, je la blesserais et me sentirais coupable de ne pas regretter ma décision. Bien sûr, la brunette me manquerait au quotidien. Sauf que je peux supporter son absence quand celle de Rae m’est insoutenable. Je m’éteins au jour le jour quand elle ne gravite pas autour de moi. Je vivote et perds toutes raisons de sourire à nouveau. La vie perd de son goût et j’aime celui dont elle pimente mon existence. Toutefois, n’a-t-elle pas encore besoin de moi, l’ancienne militaire ? Son mariage périclite et son enquête au sujet de June stagne, mon soutien jusqu’ici indéfectible n’est-il pas capital, presque vital ? Dois-je d’ores et déjà amorcer un départ qui surviendra tôt ou tard ? A priori, à moins que je ne me leurre, je m’accorde sur un “non”. Ce qui angoisse la femme que j’approche de moi de ma main à sa taille, ce n’est pas la présence d’une autre qui me serait proche, mais qu’elle le soit. Elle cherche à définir les contours de notre relation. Elle s’emploie à se désencombrer de ce qui la turlupine : avons-nous renoncé, Liv et moi, à partager une aventure à cause de nos états civils ? Est-ce leur faute si nous nous sommes résignés à ne pas nourrir d'ambiguïté entre nous ? A le penser, elle se trompe et je comprends que sa jalousie parle pour elle. Elle supplante la raison et moi, je m’en sens flatté. Je suis comme un coq en pâte qu’elle appréhende encore que les courbes d’une femme puisse m’affamer. C’est la preuve évidente qu’elle n’estime pas ma dévotion comme un acquis et qu’elle se battra bec et ongles contre quiconque nous empêcherait de nous construire. Ce sont les premiers indices que la tempête qui nous a renversé se calme et que je peux en conséquence lutter pour nous, sans oublier cette guerre contre la raison pour ne pas posséder de suite ce qui, dès lors que je m’appuie sur les faits, me revient toujours de droit.
Pour m’aider à demeurer sobre, je m’attarde sur l’échantillon de scepticisme trahit par le timbre presque péremptoire de ma complice. Il suppose que j’aurais beau la décrire comme une soeur, c’est le fruit d’une profonde affection et non du sang. Mon argument n’est pas d’autorité et elle le souligne sans ménagement. Il n’est pesant à ses yeux que par le biais de mon honnêteté et n’atteste en rien qu’il soit partagé par l’”intruse” et j’entends. « Ce n’est même pas la question la concernant.» ai-je déclaré en haussant les épaules. Evidemment, elle était prévisible : je ne l’éluderais donc pas. A la place de Rae, je n’ai pas tenu de discours plus lucide à propos d’Alec. Ceci étant, les situations s’équivalent : je sais, tout comme elle, toutes les raisons qui me garderont de désirer Olivia et, de bonne foi, j’en fais l’étalage. « Je n’y ai jamais pensé. Mais, en plus du fait qu’elle est pas vraiment drôle... » La gravité de Liv est aussi attirante qu’une araignée dans un lavabo. « Et qu’elle est parfois insupportable de bêtises, elle serait trop grande, trop brune, trop longiligne, trop pas faite pour mes mains. » ai-je même ponctué en troublant leur sommeil. Je les secoue alors qu’elles étaient heureuses de caresser le tissu noble de son débardeur de pyjama. « Et on se connaît trop bien. ça n’aurait pas grand intérêt. » Pas plus que l’idée d’envoyer valser mes promesses d’exclusivité. Je leur suis resté fidèle durant la rupture, pourquoi les trahirais-je maintenant que j’approche de mon but ? Pourquoi gâcherais-je mes chances de la retrouver pour une aventure éphémère vouée à l’échec et, qui plus est, ne m’a traversé l’esprit que parce qu’elle l’a évoquée ? Mon seul souhait, sur l’instant, serait qu’elles s’apprécient et, vu qu’il relève de l’utopie, il demeurera de l’ordre du fantasme. D’aucunes ne sont taillées pour verser de l’eau dans leur verre de vin et, qu’à cela ne tienne, je préfère m’enivrer d’être à l’abri d’un dilemme que de m’en désoler. Je savoure également que Raelyn ait foi en moi malgré les non-dits par rapport au Club. Seraient-ils derrière nous ? Si tôt ? Si vite ? L’embrassant, je refuse de m'inquiéter par anticipation. Le temps m’offrira les réponses, il fera son oeuvre avec ou sans notre consentement. Je ne peux, à ce stade, que l’influencer en ressuscitant nos souvenirs, ceux qui ont trait à Fraser Island, ceux qu’elle ranime d’une allusion à notre dernière soirée. Est-ce normal qu’elle m’échauffe ? Est-ce l’avant ce restaurant ? L’après ? Est-ce tout le contexte indissociable de l’érotisme latent de ce séjour qui m’est pénible au point que je divorce de son corps ? Est-ce au contraire la respiration lourde de Raelyn et son regard enfiévré qui me poussent à rassembler des efforts pour nous éviter la précipitation ? Je recule, mais Dieu que c’est douloureux : j’en ai froid.
J’ai froid alors que le feu de mon désir me consume. Résister au chant de cette sirène est d’une violence innommable quand, dans la cuisine - débarrasser les restes de notre déjeuner était ma seule porte de sortie - elle se meut sous mon nez naturellement féline et diablement tentante. Ma douche perd désormais tout attrait si elle ne la partage pas avec moi et, tandis que je songe à l’y inviter au risque d’être éconduit, je tire le constat que j’ai la tête pleines d’images qui me coupent le sifflet. Elle m’hypnotise, Rae, et je ne réfléchis plus. Elle a mis mon cerveau sur pause et, sans surprise, je cède. Je me prends les pieds dans le tapis de la passion et dès lors que ma bouche renoue avec la sienne, alors que je la serre contre moi avec trop de vigueur, maintenant qu’elle partage mon émoi, je suis prisonnier de la nasse qu’est la hâte. Je fais fi de la douceur et du confort. Je me moque de soigner les préliminaires dont la tâche est de faire grimper la température : ils sont inutiles. Elle est à son paroxysme de toute façon. La tension sexuelle entre nous portera bientôt le mercure du thermomètre à ébullition et il nous claquera entre les doigts puisqu’elle est offerte, Rae. Juchée sur le plan de travail, dénantie de son short, elle ne se prive pas de manifester ses intentions. Mon t-shirt vole au travers de la pièce et sa bouche cueille au creux de la mienne ces délices dont elle louange mon cou, mes épaules, mon torse dans son ensemble. Elle se crée des accès pendant que moi, osé, enhardi peut-être, je fais glisser mon survêtement le long de mes cuisses et pour cause, je suis grisé par sa convoitise. Elle est l’écho de la mienne. Elles hurlent de concert et qu’il soit trop tôt ou trop tard, que cette étreinte sera bue aussi vite qu’un café court et que nous méritons mieux, c’est le cadet de mes soucis. Mes obsessions, c’est de récupérer ce que d’autres se sont accaparés et d’entendre plus qu’un “j’ai envie de toi” presque impersonnel.
Des suites de la première, j’achève de panser la blessure sans attendre que la raison ajoute un grain de sable à la dynamique et grippe l’engrenage de cette mécanique bien rodée trop longtemps au repos. J’y viens d’ailleurs sans délicatesse et, la sensation qui découle de ce cavalier coup de rein, est une véritable délivrance. Mes pupilles ancrées dans l’océan que sont les siennes se sont écarquillées tant la réaction de mon coeur m’a surpris. Il bat plus vite que jamais et quoique j’aimerais ralentir cet émoi difficile à contenir, celui qui suggère que je suis condamné à subir les conséquences de mon addiction à ses formes, mes doigts entourent ses joues sans brusquerie, mais bien pour ne pas moi-même baissé les yeux d’être bouffé par la concupiscence. « Envie de qui ? » ai-je chuchoté dans un souffle faiblard. « De qui ? » De qui ou de quoi ? De répondre à son instinct ? De moi ? réellement ? C’est certain, mais c’est primordial de n’être jamais, ô grand jamais, qu’un visage sans nom. Dès lors, je m’emploie à assouvir mes besoins. Je ne lâcherai prise sur ce dernier que lorsqu’elle aura prononcé mon prénom, quand il chatouillera mes tympans et qu’il soufflera sur ses amants un vent de tornade qui les balaiera définitivement, ces voleurs. « Dis-le...» ai-je donc renchéri comme s’il s’agissait d’une évidence. Je réitère quelques fois entre deux mouvements de bassin qui nous réunit. Nous ne sommes plus qu’un, enfin, et se hasarderait-elle à utiliser ce même pronom que je hocherais de la tête par la négative et que je presserai mon front contre le sien de ma main dans ses cheveux, juste là, derrière son crâne, sans lui laisser l’espoir de m’échapper, de me dissimuler que, comme moi, elle est ébaudie, qu’elle n’est plus que plaisir, qu’elle est à moi, autant que le contraire, et non pas à l’acte. A moi. Amos. Rien qu'à moi, moi qui suis plus qu'minois portant mille traits différents.