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Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG VVZKQDhSujet: (Amelyn #73) ► Brave new world
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #73) ► Brave new world    Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyJeu 13 Oct 2022 - 20:30



BRAVE NEW WORLD
Peut-être aurais-je dû me repaître de notre langueur au lieu d’inviter dans notre lit les questions qui fâchent. Pour cause, les réponses fournies par ma dulcinée ne me conviennent pas. Mon coeur se soulève par intermittences. Il est agité de soubresauts et je pâlis devant l’image renvoyée par les iris de ma complice. Mon reflet ne dégage pas de cette aura qui font des époux des surhommes dans leur imagination. Il est fade, inodore et incolore. Je me figure portant une chemise à carreaux, des jeans poussiéreux et, coincé entre mes dents, une épi de blé. Je me reçois tel un campagnard, ennuyeux par définition. En somme, tous ceux qu’elle aura fui, de son frère, en passant par ses premiers flirts et, pour finir, par sa mère. Et je devrais m’aimer en ces termes ? Je serais forcé d’accepter l’idée que je suis “parfait pour elle” au même titre qu’elle a été créée pour mes mains ? Je me renfrogne derechef afin de ne pas gâcher le souvenir de notre passion sous la cabine de la douche. Bien sûr, je ne me rencogne pas de mon côté du lit. Je garde ma dulcinée dans mes bras et, s’il n’y a plus d’ombre satisfaisante survolant mes traits - je suis plus proche du livide que de l’indolence post-charnelle - je feins que tout va bien. J’entreprends, non pas de l’en convaincre, mais de m’en persuader, histoire de me dérober à cette conversation. Qu’est-ce qui m’a pris, bon sang ?  Pourquoi ai-je reparlé de cette maison à proximité de Kilcoy, là où l’air est bon, où les enfants peuvent courir en direction de l’horizon à perte de vue - il n’est brisé par aucun bâtiment trop haut - et apprendre à apprécier les plaisirs simples ou les cadeaux de la nature ?   «La mer, l’océan, la plage.» Les pieds dans le sable, les excursions dans les fonds marins, respirer à pleins poumons les relents iodés qu’apportent l’eau salée. «C’est venu plus tard.» Je me suis découvert ce penchant que j’étais à peine un jeune adulte. J’ai adoré pour ce que le tout représentait en évasion quand je perdais foi en l’humanité. J’envisage tout autant de les faire découvrir à Micah, mais plus tard. N’y a-t-il donc rien qu’elle ait envie de partager avec la petite ? Des petites choses qui datent de son enfance ? Perplexe, je garde pour moi mes réflexions et mon amertume. Je ne surenchéris pas. Je suis désormais hermétique aux sons de la voix de ma dulcinée : je suis trop égarée dans mes pensées, trop étourdi par mon désappointement. Ma complice m’a désarçonné et j’ai dû mal à remonter en selle et je ponctue d’un “ce n’est pas grave, c’est bon” qui a vocation à couper le robinet. Sauf qu’a priori, elle en a décidé autrement. Le sang, dans mes veines, commencent doucement à se réchauffer. Pas d’anicroche supplémentaire, cependant. Je prétexterai une envie de fumer une cigarette ou un besoin de sucre pour me retirer dans la cuisine ou sur le balcon plutôt que de débattre maintenant. «Je te parle, Raelyn. Je ne fais que ça. » N’ai-je pas fait assez de progrès ? Pourquoi lui en faut-il toujours plus ? Pourquoi n’est-elle jamais contentée de ce que je donne ? «Mais, il est tard et je suis fatigué. Longue journée. Longue route.» ai-je appuyé en lui ravissant un baiser. Je l’agrémente d’un sourire que je souhaite aussi convaincant que possible à défaut d’être pleinement sincère. Et, de suite après, j’ai éteins ma lampe de chevet, ai serré ma partenaire dans mes bras et lui ai soufflé à l’oreille un «Bonne nuit.» qui en dit long sur une vérité : il ne sortira plus de ma bouche que des salamalecs.

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Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG VVZKQDhSujet: (Amelyn #73) ► Brave new world
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #73) ► Brave new world    Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyLun 10 Oct 2022 - 17:54



BRAVE NEW WORLD
De la piste de danse, à la conversation avec ma mère et à celle à laquelle nous avons coupé court dans la voiture, j’ai dû mal à me situer. Où se situe-t-il, le problème ? Est-ce anormal d’avoir envie d’offrir à notre petite fille de l’air moins vicié que celui de la ville ? Est-ce un comportement inconvenant que de l’éloigner, de temps à autre, le temps d’un week-end ou deux sur le mois, de la pollution et de lui permettre de se dégourdir les jambes à la campagne ou en pleine mer ? Au bord de l’océan, ça m’irait tout aussi bien. L’argent n’étant pas un souci, rien ne nous empêche de multiplier les résidences secondaires. Alors, quoique je sois en colère que s’achève cette soirée qui, jusqu’ici, était étonnamment calme, je suis surtout déçu. Je suis désolée d’avoir eu l’impression d’être castré, désappointé par ce qui m’a semblé les prémices d’un désaccord dès lors que mes intentions étaient bienveillantes, embarrassé par ce que notre retour au bercail ne se soldera pas comme je l’avais envisagé. À bien compter, je pourrais dénombrer d’autres frustrations. Ceci étant, je les balaie. Je ne les exprime pas non plus dans la voiture. Je concède au silence le droit de nous séparer. Je ne réduis l’espace qu’une fois arrivé au garage et, la petite au lit - manoeuvre affectueuse réalisée en couple quand un seul de nous deux aurait suffi - j’ai estimé utile pour mes nerfs fragiles de sceller des réconciliations par le sexe avant de déterrer la hache de guerre. Les discussions belliqueuses, je les envoie paître et, dans la salle de bain, j’attends. Je m’impatiente de trouver Raelyn dans la pièce puisque je l’y ai invitée sans équivoque. Elle traîne, m’agace et je m’en vais la chercher. Nous tombons nez à nez dans le couloir. Elle est nue, mon sourire s’étire et, mon cerveau rationnel sur pause, la passion dame le pion à toutes formes de bienséance ou de délicatesse. Des avertissements sont chuchotés avec plus de douceur que les gestes eux-mêmes. Ils résonnent dans la cabine de la douche italienne, ricochent contre le mur avec brusquerie : il n’y a pas de doute envisageable sur ce que nous sommes deux fortes têtes. Et, malgré tout, terrassé par le plaisir et, plus tard, alangui sur le matelas, nos corps serrés l’un contre l’eau, nos mains caressant nos peaux nues. Nous aurions pu demeurer dans cette position, cloîtré dans un mutisme qui ne nous a jamais dérangés. Sauf que tiraillés par des questions tenaces, je l’interroge sur ce moment où le bât a blessé lors de l’ouverture de bal. Je pivote lentement ma tête dans sa direction d’ailleurs et, tout à elle, je l’écoute religieusement. Pied à terre avec un grand terrain : c’est ok. Je présage cet entretien facile. Même ses explications à propos de Kilcoy et de Sarah sont acceptables, abstraction faite de nos débuts de relations où j’ai partagé ma place quotidiennement avec le fantôme de son ex. Inutile de ressasser le passé. « Je n’aurais pas besoin d’être à Kilcoy pour penser à Sarah si j’en avais envie.» ai-je lancé, non pour la vexer, mais pour lui rappeler que le fil de mes pensées ne lui est accessible que si je l’ai décidé : elle n’a pas le contrôle sur ce dernier. «Ce qui est bien, c’est que l’Australie est grande. Il n’y a pas qu’à Kilcoy qu’on trouve ce genre d’endroit.» Je hausse les épaules moins par dépit que par abnégation. «Ceci dit, je ne vois pas où est le problème à ce que Micah soit plus proche de ses parents quelques jours sur le mois. Je ne comprends pas parce que ça ne veut pas dire que vous ne me suffisez pas, vous non plus. Elle a juste un papy, une mamy et ça compte.» D’autant qu’ils ne sont pas des monstres. Ils n’ont rien d’égoïste et, qui plus est, Micah tiendra auprès d’eux un statut particulier. Elle sera choyée, si pas pourrie gâtée. Je n’imagine pas Bill permettre à ma mère de cracher du venin sur le dos de sa maman. Sur ce point, je ne suis pas convaincu. Pis encore, au plus les mots affluent, au plus l’idée d’être un produit frelaté converge vers sa dernière remarque : ma mère a provoqué chez tous ses enfants une sentiment d’infériorité. Le chien se mord la queue à présent. J’ai entendu sa justification. J’ai concédé au malentendu que ma vexation aura été le fruit de ma susceptibilité. Cependant, c’est trop facile cette fois. Jamais je n’ai attendu d’elle qu’elle se comporte différemment lorsqu’elle est en présence des miens. Je n’aspire qu’à du respect, comme il est de coutume partout ailleurs. En outre, je n’aime rien de ce qu’elle sous-entendu et tenir mon visage entre ses mains n’y change pas grand-chose. Mes pupilles noircissent. Mon coeur s’emballe à cause du choc lié à la redondance des propos qui suivent. Je ne la repousse pas, Raelyn. Je ne suis pas convaincu que j’ai envie ou même besoin de déshabiller mon coeur et de livrer le fond de ma pensée. A quoi bon ? Être entendu n’est pas aisé. Il arrive toujours un moment, dans toutes les relations humaines, où les valeurs de l’un percutent celles de l’autre. Parfois, au moment où elles s’entrechoquent, ça fait mal. C’est comme une explosion dans la poitrine. C’est une douleur ineffable qui nous vide d’énergie et d’espoir. Avec le temps, on en ressort blasé et les notions de justice ou de son contraire n’ont plus guère d’importance. Ce n’est pas un péché d’égoïsme, c’est le résultat de notre instinct de préservation, en l'occurrence le mien. «Très bien.» ai-je conclu, me raidissant entre ses bras. Je la flatte pas d’un baiser. J’accueille le sien avec peu d’entrain. Je ne frémis plus non plus sous ses caresses. Je capitule contre mon gré. «Prends ta place, celle que tu veux.» Je n’ajoute pas que je me sens méjugé lorsqu’elle remet en question mes désirs, non pas en fonction de ma personnalité, mais du formatage de mon éducation. Je ne surenchéris pas non plus en déclarant que son attitude est déplacée pour ce qu’elle me défait de toute forme d’engagement vis-à-vis d’elle, de ma fille ou de mon couple. Elle me mésestime malgré elle puisque je la sais sincère lorsqu’elle change mes louanges. Son inconscient, je présume, n’en est convaincu qu’à moitié ou, plus triste encore, nos “contextes” sont à de tels opposés que nous flirtons doucement avec nos limites. Je l’ignore… mais, c’est affligeant.




Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG VVZKQDhSujet: (Amelyn #73) ► Brave new world
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #73) ► Brave new world    Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyLun 3 Oct 2022 - 21:23



BRAVE NEW WORLD
Je ne peux pas continuer à bouder alors qu’elle ne prive pas, par sentence, de mon rôle de père. A peine a-t-elle proposé que je couche Micah seul, que j’ai été incapable de réprimer ma reconnaissance. Elle s’est manifestée par un sourire discret, mais néanmoins franc. Je l’ai même invitée à m’accompagner au cours de cette tâche appréciable qui s’achève toujours par le même rituel : nous nous postons en sentinelle dans l’embrasure de la porte, nous observons notre enfant dormir, nous nous assurons que sa respiration taquine nos tympans, nous allumons le babyphone et nous fermons la porte le torse bombé par la fierté d’avoir mis au monde une telle merveille. Malgré nos bougonneries, ce soir n’a pas fait l’exception. S’il en est une à relever, c’est notre absence d’entêtement. Rae n’a pas arraché ses doigts aux miens tandis que je les cherchais subrepticement sans couler un regard en direction de ma bien-aimée. Elle ne s'est pas moquée lorsque j’ai fait tomber ma chemise sur le sol du hall en déclaration que j’étais prêt pour une douche. En ouvrant les robinets, j’étais d’ailleurs persuadé qu’elle me rejoindrait sans pinailler ou se faire attendre. Alors, j’ai attendu avant d’entrer dans la cabine de douche. Complètement nu, les bras croisés sur mon torse et appuyé contre l’évier, j’ai été jusqu’à jeter un coup d’oeil sur l’horloge, décomptant les secondes qui s’écoulent. Une minute. Une seconde. Une de plus et je râle. «Putain, mais qu’est-ce qu’elle fout ?» ai-je persiflé, sourcils froncés et contrariés. N’y tenant plus, j’ai ouvert la porte franc battant pour exprimer ma frustration. Elle est grande, haute, autant qu’un gratte-ciel au cœur de Manhattan. Elle rapetisse dès lors qu’elle affiche sa silhouette, vêtue de vide, sous mes pupilles envieuses. «Pas vraiment.» ai-je constaté, ravi et goguenard, la main tendue vers ma complice. Je la saisis à la hâte et, si elle me pousse dans la pièce d’eau, je ne proteste pas. La caresse de sa paume sur ma joue est une promesse évocatrice de douceur, mais en ai-je besoin, là, de suite ? Ne suis-je pas plutôt soumis à la nécessité de me réapproprier tous les droits sur son corps à présent qu’elle m’a arraché les valseuses devant ma mère ? J’exagère. Peut-être. Je n’en sais rien et je m’en fiche. Je ne pense qu’à ses formes que je redessine. Je songe à mon empressement à la posséder maintenant que j’appuie son dos contre le carrelage ruisselant d’eau refroidie. « Je ne le serai jamais non plus.» Jamais au point de me réjouir qu’elle se substitue à mon autorité au sein de la famille Taylor, qu’elle s’interpose par territorialisme entre ma mère et moi et au détriment de ma masculinité. Elle se répand dans toute la salle de bain alors que, mes mains sous ses cuisses, je soulève ma complice du sol. Je lui chuchote d’emblée à l’oreille, avant de la faire mienne, que je ne l’attends pas d’elle. « Je ne l’attends pas de toi.» Et, si c’est ce qu’elle a saisi de ma remarque dans la voiture, je le déplore. «Je veux que tu sois toi.» ai-je ajouté au terme d’un coup de rein qui scelle des réconciliations pour lesquelles je suis plus patenté. Je le suis bien davantage que pour la conversation. « Sans m’empêcher d’être moi. Tu peux faire ça ? » Je le souffle à son oreille. Elle rétorque par un feulement qui me transcende, qui me ferait presque oublier les raisons de notre anicroche. Rae en récolte un : «Tais-toi, maintenant.» qui est plus suave qu’autoritaire. Son but n’est pas de la réduire au silence, mais bien de profiter de son corps épousant le mien, de la pluie fine et chaude qui s’échappe du pommeau.  

∞∞∞∞∞

Nous avons marché à la rencontre de la douceur après notre ébat passionné et sulfureux. Je me souviens qu’elle nous a enrobés une fois allongés sur le matelas de la chambre, toujours nus, nos corps collés-serrés et nos mains nous caressant mutuellement, plus sagement. Je me rappelle également avoir soupiré sa sérénité pour ensuite envisager de régler ce qui nous aura opposé, non dans sa globalité, mais au minimum en partie. «C’est quoi le problème avec l’achat d’une maison à la campagne ? C’est Kilcoy ?» Est-ce par la faute de Sarah et du mal qu’elle a causé autour d’elle ? «Où, il y a autre chose ?» Je mettrais ma main au feu qu’elle brûlerait : elle n’a pas exprimé le fond de sa pensée. « Une maison, le catamaran, c’est la même chose. C’est juste histoire d’avoir un pied à terre dans un environnement où Micah pourra se dépenser, recevoir des copines, profiter du grand air…» Hors de question qu’elle fréquente une école d’une bourgade perdue au milieu de nulle part. C’est à Brisbane qu’elle sera scolarisée, c’est là que nous travaillons, c’est là que nous avons, sa mère et moi, appris à nous aimer.




Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG VVZKQDhSujet: (Amelyn #73) ► Brave new world
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #73) ► Brave new world    Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyDim 2 Oct 2022 - 21:10



BRAVE NEW WORLD
Je n’aurais pas misé un kopeck sur cette soirée de mariage dont Rae et moi n’étions pas à l’initiative. La maîtresse de cérémonie n’étant pas une grande fan de mon épouse, je m’attendais à quelques surprises désagréables, comme de l’indifférence de sa part ou des piques acérées lancées à bout portant. Or, ce n’est pas à cause de Margaret que l’ambiance s’est glacée. Elle a commencé à refroidir lorsqu’il a été question d’acquérir une résidence secondaire sur le terrain qui m’a vu grandir. J’ai senti ma jolie blonde sur la défensive, mal à l’aise avec l’idée, attestant à l’aide d’une allusion que je peux me foutre l’idée derrière l’oreille. Une maison au bord de l’océan, elle est prête à l’envisager. Kilcoy, c’est hors de question, par la faute de Sarah et j’en suis désolé. Je pensais que nous étions au clair sur ce qu’elle ne représente rien de positif à mes yeux. Je la méprise, si j’y pense, mais elle ne me secoue plus… à moins que… A moins que le temps ne m’apprenne que certaines de mes convictions sont liées à ce qu’elle a craché sur mon compte, à ce qu’elle m’a conditionné, avec le soutien indéfectible de ma mère, à me définir comme un gars dans l’obligation de faire ses preuves en permanence. L’aurais-je réalisé que je n’aurais pas autant été froissé par l’échange entre ma mère et mon épouse. Je n’aurais pas estimé la réaction de Raelyn beaucoup trop brusque étant donné que la proposition émanant de la Taylor, celle de garder la petite à la place d’une nounou, n’était pas teintée de malveillance. Bien sûr, elle a discuté notre décision et, je l’admets, c’est agaçant. C’est aussi irritant que le territorialisme de ma dulcinée et le comportement excessif de la grand-mère de la petite. Tout part à vau l’eau et je suis déçu, désappointé jusqu’à être me montrer à la limite de la véhémence. Je ne suis pas méchant, juste plus irascible qu’à l’habitude. Dès lors, je vis mal l’interprétation invraisemblable de ma complice une fois dans la voiture. Que s’imagine-t-elle ? Que je la gronde ? Comme si c’était mon genre. Parfois, je me demande quelle image elle a de moi pour s’offusquer quand je lui demande un peu plus de douceur à l’égard de ma famille et du respect supplémentaire vis-à-vis de moi. Je le lui explique en quelques mots : je suis en mesure de ramener ma mère à la raison. Sauf que ma dulcinée refuse de l’entendre. Elle l’a exprimé quelques jours plus tôt et elle le confirme aujourd’hui. Je suis défaillant puisque ma confiance en moi est relative et je crois - j’en suis presque sûr - qu’elle n’est pas passé outre de cette faiblesse que je ne lui cachais pourtant plus. Aurais-je eu tort ? Aurais-je dû continuer à me fier à ma vanité ? Les yeux rivés sur la route, je m’enferme dans un silence préférable à toute remarque qui risquerait d’être puérile. Je me tais également en l’honneur de son effort. Ma compagne ne m’a pas servi sur un plateau ses sarcasmes. Elle m’a épargné son ironie. En conséquence, je la préserve de ma mauvaise foi. Je ne m’engonce pas davantage dans la cape de mon indifférence tandis qu’elle hésite à récupérer Micah dans la voiture. Je sais pourquoi. Elle redoute d’être comparable à Sarah qui avait pour habitude de me garder à l’écart de Sofia si, d’aventures, nous nous disputions. Evidemment, je suis touché par cette délicatesse et, au lieu de grommeler une réponse dans mes dents, je bugge. J’ouvre la bouche, je la referme, rien ne sort de la barrière que sont mes lèvres. Mes yeux bleus, ils sont figés dans les iris de jade de mon amante et, contre toute attente, je lui adresse un sourire de gratitude. Certes, je suis toujours contrarié, mais je n’ai pas envie d’être de injuste. Maggie n’aura pas cette influence sur ma relation. Sans doute est-ce que j’aurais dû rétorqué à Raelyn : on s’en fout qu’elle ne nous approuve pas. On s’en cogne : c’est notre bébé, notre histoire, nos sentiments, notre besoin d’être ensemble, notre plaisir de vivre à deux. «Je vais la sortir.» Le couffin est de plus en plus lourd. «Mais, on peut la monter dans son lit ensemble, pourquoi on ne le ferait pas ? » Je feins d’être renfrogné. En réalité, j’aspire à la serrer dans mes bras, ici, au milieu de ce parking, juste avant de sortir la nacelle de la banquette arrière. A défaut, je m’exécute et, devant la porte du loft, je cherche les doigts de Raelyn du bout des miens. Je les caresse timidement, désireux de les entrelacer, mais j’abandonne dès que j'entre les clés dans la serrure. Ô, ce n’est pas faute d’avoir renoncé. J’ai estimé que Micah serait mieux dans son lit, qu’il n’était pas question de retarder l’heure de son confort au profit du mien. «Je suis ko.» ai-je lancé, hésitant à servir deux verres de vin rouge. J’ai tourné autour de la cave à vin pour désavouer le projet rapidement. «Je vais me doucher…» ai-jeté comme une invitation, conscient que régler nos problème complètement nus n’est pas sain. Mais, sommes-nous vraiment face à un souci qui nécessite que nous ne réchauffions pas l’atmosphère ? Pour l’inciter à me suivre, j’ai déposé ma veste sur la chemise, j’ai déboutonné ma chemise et je l’ai jetée au sol. Un dernier regard plus tard, j’ai grimpé les escaliers, le couffin de la petite pendant à mon bras et j’ai attendu, bien résolu à ne plus redescendre. La gamine, nous l’avons mise au lit. Mes intentions étaient limpides et, la salle de bain investie, j’attends quelques minutes. J’attends jusqu’à perdre patience et j’ai ouvert la porte en grand pour héler ma partenaire. «Tu ne vas pas venir ? » Mon ton est plus hébété que mécontent. Il est plus proche de l’effarement.




Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG VVZKQDhSujet: (Amelyn #73) ► Brave new world
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #73) ► Brave new world    Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySam 1 Oct 2022 - 23:33



BRAVE NEW WORLD
J’émets l’hypothèse d’acheter dans le coin afin de régler les problèmes avec ma famille, ceux dont elle n’est pas coupable, mais qui me permettrait, à moi, de ne pas priver Micah de ses grands-parents. C’est une façon de cloisonner, de ne faire peser sur personne la responsabilité de cette débâcle puisque j’ai décidé que je n’étais pas né pour éduquer les cons. J’aime ma mère, mais dès qu’il s’agit de mon épouse, elle ne brille pas par son intelligence. J’abdique parce que j’ai trop de combats à mener de front pour m’en rajouter un supplémentaire. En outre, ma proposition n’est pas coulée de force jugée. Je soumets, je n’impose pas. J’essaie de trouver des solutions pour que chacun jouississe des bienfaits que la campagne aurait à offrir. Dès lors, pourquoi ai-je l’impression qu’une massue vient de s’assommer ma complice ? Pourquoi j’ai cette sensation qu’elle se crispe entre mes bras ? Aller chercher le biberon de notre bébé dans la voiture, était-ce un prétexte destiné à éviter une conversation qui nous opposera ? Ai-je bien fait de lui répliquer avec sincérité que : «Ben, pas de façon définitive, ce serait trop compliqué avec le casino.» Je ne m’imagine pas courir des kilomètres chaque journée passant pour que tourne la boîte. Ce serait épuisant et réduirait drastiquement le temps passé en famille et, données non-négligeables, en tête-à-tête. Autant nous adorons Micah, autant nous bénissons ces moments à deux au cours desquels nous sommes protégés par la bulle de nos sentiments ou de notre passion inextingible. Soucieux, je l’interrogerais bien dans le but de définir si elle est heurtée par ce qu’elle apparenterait à une inepsie. Au lieu de ça, j’accueille son baiser et conclut par un autre avant de m’attabler auprès de mes parents et embrasser la cheville, que je dénude, de ma petite merveille.

Avais-je pressenti que ma mère s’imaginerait parfaite dans le rôle de la nounou ? Effectivement. Je l’avais confié à ma conjointe sur le ton de la plaisanterie quelques jours auparavant. Suis-je emballée par cette idée ? Pas le moins du monde. Là encore, j’avais averti ma dulcinée. Le cas échéant, je ne suis pas choqué par le fond des propos qu’elle tient. Je ne la soutiens pas en peu de mots avec l’espoir de ne pas la vexer et de nous dérober à l’une de ses chamailleries qui s’achèvent sur des mises au point balayées en quelques minutes à l’aide de deux ou trois phrases savamment construites avec de la douceur pour sujet, de la compréhension dans le rôle du verbe et, en complément d’objet direct, des réconciliations dignes de ce nom. Je mentirais si, d’aventures, je prétendais que ces anicroches me déplaisent entièrement. Elles ont l’avantage de cultiver l’équilibre de notre relation. D’aucunes n’évoluent sainement avec de l’indifférence sous le bras. Néanmoins, j’ai à redire sur la forme qu’utilise mon épouse. N’est-il pas possible de se faire entendre sans blesser ? N’est-elle pas maître dans l’art de la diplomatie ? La vérité, c’est qu’elle se transforme lorsque Micah est au coeur d’un désaccord avec Maggie Taylor. Bien sûr, son territorialisme ne me surprend pas. Il ne me dérange pas davantage. Si elle se sent menacée dans son rôle, il est normal qu’elle ouvre un parapluie tel un heaume de bois. Or, le sien est en acier trempé et, à mon sens, bien inutile. Mon père étant présent, il n’aurait pas hésité à calmer sa femme et ses désirs équivalent aux délires d’une vieille femme. Il l’aurait gentiment raméné sur la voie du possible puisque parcourir tant de kilomètres pour garder sa petite-fille trois soirs semaines serait fatigant et, pour le moins, irréalisable. A choisir, j’aurais préféré qu’elle en prenne la mesure, histoire de préserver l’ambiance qui, jusqu’alors, était plutôt agréable. Non ! Il a fallu qu’elle répande sa déception que ma famille ne reste pas pour le week-end. Sa mine s’est défaite tellement vite que l’un des convives lui a emboîté le pas tandis qu’elle s’est levée en direction de la cuisine.

Je suis furieux sans trop savoir contre qui. Sans doute ne se répartirait-elle pas à parts égales. Au contraire, en démarrant le moteur de la voiture, j’aurais persiflé mon omission, non pas avec cette froideur à glacer le soleil d’Australie, mais avec plus de véhémence que je ne l’aurais souhaité. Irrité par le silence que ma complice oppose, j’aurai ajouté un “tu entends ce que je dis ?” plus désagréable encore. A défaut, j’attends. Je patiente. Je m’efforce de ne pas provoquer un tollé provoqué par Maggie. Je déteste lui accorder ce pouvoir sur ma relation. Elle ne le mérite pas puisqu’elle n’y croit pas. Elle la dénie à qui veut bien l’entendre. Aussi, ai-je essayé de toutes mes forces de contenir ma contrariété compte tenu des oppositions de Raelyn. Ahuri, je la détaille, priant bêtement d’apercevoir un sourire sur ses lèvres. Quel idiot. Elle est froissée et je ne comprends pas. « Et je gère. Je sais gérer ma mère.» ai-je répliqué au terme de longues secondes de réflexion. Rae s’accorde-t-elle le droit de recadrer Ma belle-mère en conséquence à cette remarque concernant son éducation à ses fils ? A ce qu’elle a créé en eux un manque flagrant de confiance en eux ? Je m’en sens insulté de nouveau et je me renfrogne. Je me renferme sur moi-même : je ne suis plus disposé à discuter dans ces conditions. «C’est ça. Je te réprimande. Je ne savais pas qu’on était plus supposés se dire ce qu’on a sur le coeur.» Je brûle de surenchérir par un “soit” : je le réprime pour une affirmation qui n’a rien de constructif. «La prochaine fois, je me rappellerai que tu es en porcelaine et que tu es trop bien pour entendre ce que j’ai à dire.» C’était davantage de l’ordre du conseil et, peut-être, la conséquence de ce que ses réactions ont sur moi face aux miens.  Si elle aspire à ce que mes proches ne la comparent plus à une sorcière qui m’aura charmé, peut-être serait-il de bon ton qu’elle ne me castre plus au vu et au su de tous. Qu’est-ce qu’un regard dans ma direction pour que j’appuie son propos ? Que peut-il bien sous-entendre, pour qui est convaincue de sa mauvaise influence, que mon discours aura été répété maintes et maintes fois jusqu’à ce qu’il soit connu, par coeur, et qu’il lui convienne à elle plus qu’à moi ? A ce stade, vaut mieux nous en tenir au silence : elle ne m’a plus arraché un seul mot hormis des banalités d’usage à propos de notre bébé.




Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG VVZKQDhSujet: (Amelyn #73) ► Brave new world
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #73) ► Brave new world    Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyVen 30 Sep 2022 - 22:12



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Embarquer ma petite fille pour l’emmener chez ses grands-parents est un droit légitime. Mais, plusieurs raisons soufflent à mon oreille un éventail de bonnes raisons pour me méfier de l’entreprise. Lorsque Raelyn affirme qu’elle ne m’en voudrait pas, j’ai confiance : je la crois sans douter. Je n’affiche pas de mine perplexe qui sous-entend un “à d’autres”. Elle est donc déchargée de toutes mes inquiétudes par rapport aux conséquences d’une visite à Kilcoy avec Micah. C’est l’attitude de ma mère dont je me soucie. Si ma gamine exprimait le désir de rester pour la nuit, elle n'hésiterait pas à contrarier mon autorité. Je serai dès lors obligé de rester sur place puisque je ne suis pas près à remettre la sécurité de ma merveille dans d’autres mains que les miennes, si ce n’est celles de ma complice. Et, dans ces cas-là, que suis-je supposé faire ? Téléphoner à mon épouse pour l’informer que nous ne rentrerons pas ? Nul doute qu’elle n’y trouvera aucun plaisir et, bien que je ne perdrais pour autant en légitimité, je risque d’être accueilli tel un coupable d’une désertion pour avoir concéder à ma gosse les pleins pouvoirs. Certes, je me projette sans doute trop loin dans l’avenir. Ceci étant, j’approuve l’adage : “vaut mieux prévenir que guérir” et je réplique à Raelyn un «Peu importe. Je n’en ai pas envie.», que je complète en lui proposant un nouveau projet. «Près de Kilcoy parce qu’il y a le ranch, mes parents, qu’elle pourra les voir sans que tu n’aies à venir toi aussi. Elle y aura son cheval aussi. Elle n’échappera pas à cette tradition.» Cette dernière nous vient de mon père. Je ne la préviens pas pour ne pas l’influencer, Raelyn… ou, pour être honnête, afin qu’elle ne s’imagine pas qu’il s’agissait de mon but. «Même si ça me plairait de vivre au bord de l’océan. Mais, il y a le catamaran pour ça.» Lui, il est plus proche de mes passions. Dans l’enfance, je rêvais d’eau, d’immersion totale dans le but de découvrir l’immensité des océans. Mon enfance, elle était toutefois là, au milieu de ses terres agricoles. Je séduis par ce que je qualifie d’éclair de génie. Ma complice, elle l’est beaucoup moins et je saisis le problème assez rapidement : elle est plutôt limpide. Pour sûr, je comprends son émoi : c’est le fruit de la jalousie, mais en un sens, n’avons-nous pas construit notre relation sur les cendres de sa précédentes histoires d’amour ? «Kilcoy, ce n’est pas que ça pour moi. Ce n’est même pas ça du tout. J’y ai passé moins de temps avec elle qu’on ne pourrait l’imaginer.» J’étais toujours en mer. «C’est là que j’ai grandi. C’est là qu’elle sera la plus proche de ce que j’ai été.» Une catégorie de bambins à laquelle je ne suis plus sûr d’appartenir tant ma vie s’est compliquée. Je ne regrette rien : la difficulté m’a conduit vers ma partenaire. Elle nous a donné une magnifique petite fille. Raelyn a également réveillé mon ambition et, aujourd’hui, entre le Club et le casino, l’argent n’est pas sujet à réfréner nos rêves les plus fous. Une villa au bord de l’océan, ce n’est pas inaccessible. C’est même enjôleur comme idée. Sauf que mon côté traditionnel et les arguments de Raelyn ne suffit pas à me convaincre d’emblée. «Il n’y a pas un gosse qui n’a pas été heureux dans son enfance ici.» Mes frères, Sofia ou moi. C’est à l’adolescence que ma mère transpose sur nous sa conception de “l’enfant parfait”. « Et je ne garde pas grand chose de bon de mon ancienne vie.» Des cauchemars, de la rancoeur, une addiction qui me colle à la peau et contre laquelle je suis en lutte perpétuelle. «On en rediscutera, d’accord ? » D’après moi, ce n’est ni le lieu ni l’endroit. L’heure de nourrir la petite approche. La chanson s’achève. Certains danseurs se saluent et se remercient et, un baiser plus tard pour ma dulcinée, je retrouve mes parents à la table. Micah est sereine. Elle remue - l’appel de l’estomac - mais elle ne chouine pas encore. Au retour de mon épouse avec son biberon, elle bat des mains et m’arrache un sourire que Maggie ternit. Je la pressentais cette question et, pourtant, elle me dérange. Elle me colle une envie subite de me lever, de ramasser nos cliques, nos clacs et de me casser avec ma famille, la mienne. «Pas de chèche parce que ma fille est née en bonne santé et qu’elle doit le rester.» ai-je répliqué de suite après que Rae est marqué son désaccord. Je ne l’appuie pas parce que je le dois, mais parce que nous avons discuté ensemble de ce qu’il serait le mieux pour notre enfant. Les lieux publics ont été exclus et, ma mère, elle n’a pas réellement fait partie des options qui nous agréait. Somme toute, si je m’amuse d’avoir prédit en devin l’offre de Maggie, si j’entends l’opposition ferme de ma conjointe, je regrette sa froideur et son instinct territorial. Un “Non” jumelé à une explication aurait eu le même effet. Nul doute qu’elle a déchiré avec violence le coeur de la grand-mère et je me redresse aussitôt, alourdis par les regards insistants de mon aînée et de mon élue. «On a opté pour une nounou pour pleins de raisons. La facilité, la disponibilité, l’équilibre de la petite.» Elle termine désormais dans les bras de sa mère : elle a été arrachée à ceux de la vieille dame. «Parce qu’on peut se le permettre et, pour être honnête, parce que je n’ai pas envie qu’on ait besoin de te rappeler à l’ordre ou de tout justifier la concernant.» Je ne cautionne pas la forme, mais sur le fond, Rae a raison et je ne la contredis pas. Je la soutiens quoique je prévoie d’en rediscuter avec elle une fois dans la voiture. « Et le débat est clos. » «J’aimerais juste pouvoir passer un peu plus de temps avec elle. Je vous ai préparé ta chambre d’ailleurs. Je lui ai acheté un joli couffin pour que vous puissiez la monter quand vous voulez.» Je le vois, son menton qui balance tant elle a été secouée par la réaction de ma conjointe. J’en aurais des scrupules à lui annoncer que nous n’avons pas l’intention de rester pour le week-end. Je me lance tout de même, mon coeur de fils meurtri d’être à l’origine de sa peine puisqu’elle s’est levée, nous a prévenu gentiment que c’était l’heure du gâteau et s’est réfugiée dans la cuisine après avoir embrassé le front de la petite. Mon père m’a jeté une oeillade sombre - j’en connais la cause - et je suis resté con, les yeux comme des ronds de flanc. «On y va tout de suite après le gâteau.» ai-je averti Rae qui, bien entendu, ne m’a pas dissuadé. Est-ce par la faute de cette froideur qui se dégage de moi ? De mon air pensif ? De cette expression indéfinissable qui masque mes traits fatigués par toutes ces conneries.

Plus tard, dans la voiture, je glisserai à Rae un «Tu sais, tu peux tout dire, mais… il y a une façon pour le faire.» Parce que c’est ma mère, pas l’un de ses fournisseurs ou l’un de ses sbires sur lequel elle a tous les droits.




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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #73) ► Brave new world    Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyMer 28 Sep 2022 - 23:08



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Pour toute réponse, je lui renvoie un sourire faussement innocent. Si serrer mon épouse contre moi annihile le désagréable de cette mise en évidence, je ne prétends pas qu’être rejoint par mes cousins me déplaît. Au contraire, leur démarche invite d’autres couples, effectifs ou improvisés, se sentent poussés des ailes. Rae et moi sommes noyés parmi ces membres de ma famille. Les yeux curieux ne peuvent plus nous dévisager et je me détends aussitôt. Je profite même de l’instant pour confier à ma conjointe quelques informations sur mes cousins. « Oui. Les yeux, je suppose.» La couleur. La forme des miens et de ceux de ma gamine dépendent uniquement des Taylor, mais ce n’est pas le sujet “préoccupant” de mon aveu. La première question écope d’un hochement de tête. Pour la seconde, je suis plus explicite. « Aussi. A sa manière. Sofia était un peu plus foncée de cheveux. » ai-je prêché une convaincue. Ma complice a rencontré ma défunte fille, en photo, mais je chasse ce souvenir malheureux de notre histoire. Il est lié à l’overdose de Raelyn, à mon attitude dès son réveil et à notre séparation. Je déteste me souvenir de cette rupture. Elle n’aurait jamais dû exister : ma femme a été dessinée pour mes mains, créée pour mon âme. Nous sommes venus au monde pour nous aimer passionnément et sans retenue. «Mais, c’est surtout qu’elles étaient très proches et que… je pensais qu’elle remarquerait.» Au même titre que Chad ou Kelly. « Tout ça, c’est fini.» Mon besoin de reporter ma culpabilité sur autrui. « Même si je ne lui ai pas vraiment.» ai-je rétorqué en haussant les épaules. Je ne suis pas assez présomptueux pour imaginer que je contribue à sa contrition du jour, d’autant que Midas a été claire : elle croule sous la pression parentale et, moi, je n’ai pas matière à l’alourdir. A l’inverse, je pourrais décrire à la perfection ce qu’elle endure au quotidien. Les attitudes de ma mère supposent - et plus encore -  des impératifs desquels se dérober est compliqué. Je m’y colle, par choix et parce que son approbation n’est plus primordiale à mon équilibre. Toutefois, à l’âge d’Olive, je m’inquiétais moi aussi. J’étais anxieux à l’idée d’être reconnu par Maggie tel un bon fils, un fils responsable, un fils “propret” et, de préférence, parfait à bien des égards. Des années plus tard, je me rebiffe. Je rechigne à l’idée de passer la nuit au ranch parce qu’elle l’aura décidé. Nous aurait-elle officiellement invité que j’en aurais discuté avec ma partenaire. Le cas échéant, je refuse de céder à ses obligations qui n’existent que dans la tête de la grand-mère de Micah et je ne m’en cache pas. «Je sais. Mais, je n’ai pas envie de venir ici avec elle si tu n’es pas avec moi. Je crois que c’est pour ça que je regrette qu’elle n’y mette pas du sien pour te respecter. Notre fille n’ira pas là où tu n’es pas à l’aise.» ai-je affirmé en embrassant le front de ma dulcinée. Nous sommes toujours enlacés et, si la première chanson est terminée, je n’esquisse aucun mouvement vers la table d’honneur. J’aime cette proximité entre mon épouse et moi. Qui plus est, je suis libre de parler sans craindre d’être entendu : nos échanges sont des chuchotis posé dans l’oreille de l’autre, faute à la musique et aux éclats de rires. «Donc, oui, ce sera une autre fois, quand on l’aura décidé, sauf si on achète un petit endroit à nous dans le coin. Un peu à l’écart de Kilcoy.» Je n’achèterais pas une propriété à proximité de chez Sarah. Il est hors de question qu’elle pose des regards envieux sur mon bébé. Elle ne la verra jamais, ne la croisera pas non plus. Tout indique que je détiens une idée en or et mes yeux s’illuminent. «Et on peut aussi lui dire la vérité. Je peux la lui dire. Il faut qu’elle comprenne.» Et, lui raconter des fadaises, quoiqu’elles soient confortables pour Rae et moi - d’aucuns de nous deux ne souhaitent provoquer une esclandre dont le point de départ serait les caprices de ma mère -, nous ne nous rendrons pas service. Sur le long terme, elle persistera à essayer de nous dicter sa loi. « Que tu lui as fait un cadeau en lui confiant la petite.» J’ai jeté une oeillade furtive vers notre merveille. Elle est réveillée et Raelyn, bienveillante, a estimé qu’il était l’heure pour elle de manger. «Ok. Je vais aller la chercher.» J’ai recueilli le baiser offert avec la fierté d’un pape, j’ai dispensé mon cousin d’une tape amicale dans le dos et j’ai retrouvé Maggie qui s’est exclamée devant la beauté de Micah. «Et elle est si sage en plus. Tu me la laisses encore un petit peu ?» Enorgueilli par ses commentaires, j’ai affiché un sourire élargi. «Oui. Mais, il faut qu’elle mange. Rae va arriver. » « Tu crois qu’elle me laisserait faire ? » J’ai écarté les mains, suggérant par le geste que ce n’est pas à moi qu’il faut poser la question, mais à mon âme soeur étant donné qu’elle vient de reparaître. « Je peux ? » s’est-elle donc enquis, embarrassée, peut-être même vexée dans sa fierté avant de surenchérir : «Et sinon, comment vous vous débrouillez avec le boulot ? Vous la prenez avec vous ?» La remarque pue le jugement et je me redresse, les bras croisés sur mon torse. « Ou vous envisagez une crèche peut-être ?» Une garderie, pour ma fille, je ricane, songeant que cette conversation est loin d’être terminée. Elle commence à peine : ça pue à plein nez.



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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #73) ► Brave new world    Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyDim 25 Sep 2022 - 17:06



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De coutume, au coeur d’une piste de danse complètement vide - et sans un coup de pouce-, je fais mine d’être à l’aise afin de tromper mon monde et pour satisfaire les prescrits de mon orgueil. En réalité, je suis embarrassé de ressentir les paires d’yeux curieuses me dévisager. La condition contrariant cette habitude, elle dépend de ma partenaire. Raelyn absorbe toute mon attention et, en ce début de soirée, son geste accentue ma reconnaissance qui se mue en concentration. Mes pupilles brillent de cette lueur d’admiration et mes traits se fendent d’un large sourire tandis que Rae me confirme qu’elle n’est pas à l’origine du slow vieillot sur lequel nous tanguons. «Au moins, elle n’a pas choisi une valse.» Maggie les adore. Lorsque j’étais petit, elle me l’a apprise. Bien sûr, je traînais la patte alors qu’elle me tirait par le bras pour que je me substitue à mon père. Avec le recul, ce sont des beaux moments auxquels il convient de m’accrocher. A l’inverse, j’en voudrais toujours à ma mère. Je lui en voudrais et je ne pourrais pas apprécier à sa juste valeur l’acte sacrificiel de ma compagne. Confier Micah à sa belle-mère, c’est presque une profession de foi qui suggère qu’elle n’est pas seulement mienne, mais qu’elle fait partie des “nôtres”, a minima de ceux qui l'acceptent et qui ne la jugent pas. Je suis aussitôt pris d’une envie subite de la remercier, mais comment ? Sur l’instant, un sourire et un baiser, malgré les indiscrets, me paraissent adaptés, mais pas suffisants. «Danser ? Vraiment ? » Elle aime ça, ma complice. Pas forcément de cette manière cependant. Ses bras entourant ma taille, je prononce un salamalec des plus sincères et mes mains, remontant doucement vers ses jours, les entourent avec douceur. Je plonge mon regard dans le vert du sien durant de longues secondes, celles grâce - ou à cause - auxquelles je débarrasse mon bébé et sa grand-mère de ma haute surveillance. «Moi, tant que je peux te serrer dans mes bras, je me fiche bien de qui nous regarde.» Et, a fortiori, de ce que chacun pense de notre acoquinement. En revanche, je suis envahi par une nouvelle bouffée de reconnaissance à destination de Midas et de sa petite soeur. J’ignore si ce sont mes précédentes confidences qui l’ont conduit au centre de la salle, mais qu’importe. Je lui adresse un signe du menton, j’en tente un en direction d’Olive qui baisse la tête. «Ce sont des cousins. Les enfants de la soeur de ma mère, la dame qui t’a dit que tu étais ravissante.» J’ouvre une parenthèse : elle est utile. Nous sommes supposés revoir la vedette invitée à ce mariage factice, au moins pour Posy et Micah et ce qui concerne cette dernière intéressera forcément sa mère. « Lui, il a une petite fille. On s’est dit qu’on emmènerait bien les petites en mer un de ces quatre. Elle, elle était très amie avec Sofia.» Ma voix s’éraille en prononçant son prénom. Toutefois, j’enchaîne sans m’attarder sur mon émoi. «Elles étaient sur Brisbane ensemble et la relation est un peu compliquée.» A tort. Je n’ai pas le droit de lui en vouloir, à la gamine. Ceci étant, c’est plus fort que moi parfois. «Et, c’est vrai, j’en avais besoin. Tu sais, j’adore le loft. Je ne me verrais pas rentrer à la campagne. Mais, ici, c’est le grand air. Il y a un vrai espace où la petite pourra s’épanouir et ça ne pourra lui faire que le plus grand bien.» lui ai-je chuchoté. Je n’essaie pas d’être insistant : j’explique mes motivations. «Et je pense qu’elle en a envie, oui. Mais, je ne t’imposerai rien. Je ne l’ai pas prévu.» Loin de là. J’imagine l’ambiance au petit-déjeuner et j’ai déjà envie de reculer d’un mètre. « Mais, elle réitérera sa proposition, si pas aujourd’hui, demain.» Au sens large du terme. « Et, tu l’as dit toi-même. Tant que la petite est sous notre surveillance.» Je hausse les épaules, sous-entendu : c’est plus facile. C’est plus rassurant, même si je réitère : « Mais, je ne l’ai pas prévu.» Et, quoique je ne sois pas psycho-rigide, je ne suis pas un amoureux du changement.



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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #73) ► Brave new world    Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyDim 18 Sep 2022 - 20:21



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«Si l’autre moitié est acquise, ce que j’espère…» ai-je commencé sans réellement douter, ma main ne se dispensant pas du contact de son épaule nue. «C’est à toi de me le dire.» Ma grimace est goguenarde et ma tête pleine d’idées licencieuses à matérialiser dès notre retour de Kilcoy, à condition de quitter les festivités tôt, de ne pas être épuisés par la route et de bénéficier du privilège que Micah s’endorme sans faire d’histoire. Or, rien n’est moins sûr. La ferme de mes parents regorge d’inconnus en pâmoison sur les yeux bleus de notre enfant, sur ses sourires charmeurs et sur sa joie de vivre en général. Nul doute que toute cette agitation se manifestera en émotions. Les chances pour que sa nuit s’entame plus tard que de coutume à cause de pleurs de décharge sont supérieures à la moyenne. J’y pense et ça me désole, non qu’il me déplaise de m’occuper de mon bébé, mais parce que l’ambiance et la méfiance qui découle des mauvaises habitudes de ma mère m’éreintent déjà. Mon sang chauffe jusqu’à l’ébullition quoiqu’il ne se soit encore rien passé de préjudiciable. Je rencontre des difficultés à me décrisper à moins que ma partenaire et moi n’échangions des regards de connivence, des plaisanteries railleuses destinées aux autres ou des traits d’esprit lubriques. Ceci mis à part, je regrette d’être mal à l’aise dans la maison de mon enfance. Que mon père se dérobe à son épouse n’est pas bon signe et, si ces mots me rassurent, si les compliments de l’une de mes tantes envers ma conjointe m’enorgueillit - elle me félicite et ce n’est pas négligeable au sein de cette famille, je me presse vers la table l’esprit encombré. Pourquoi donc ne puis-je jouir du sentiment d’être le bienvenu ? Que chacun sous la tonnelle se réjouit pour mon mariage et la venue au monde d’une petite merveille ? Combien de détracteurs avons-nous, Rae et moi ? Combien ma mère a-t-elle rallier ? Combien envisage Sarah comme étant plus classe ? Plus élégante ? Combien sont-ils persuadés qu’elle était uniquement perfide et loin de l’image de sainte qu’elle véhiculait ? Est-ce supposé détenir une quelconque importance ? Normalement, non ! Sauf que je redoute d’être donné en spectacle au milieu de cette piste de danse improvisée. Autant préciser que je suis suspendu aux lèvres de ma complice tandis que j’invoque cette possibilité. Mon métronome intérieur augmente la cadence de ses battements. Je soupire de soulagement dès lors qu’elle m’accorde son approbation. Nous assumons ensemble d’utiliser ma fille et une fatigue évidente afin de m’éviter l’incoercible déplaisance d’être au centre de l’attention. Je n’ai aucune envie de danser et je tombe des nues lorsque Raelyn ne propose pas seulement que nous accédions aux espoirs de l’organisatrice que nous ouvrions le bal - après le plat de résistance, c’est le moment adéquat -, mais de lui confier Micah. Elle est résolue et, bien entendu, ça me touche. Elle m’ébranle par tant d’abnégation puisque je sais que ce sacrifice - ce n’est pas euphémisme - est motivé par mes désirs que la petite évolue dans un famille étendue soudée. Ceci étant, je n’étais pas préparé à ce que la jeune maman se lève, se distingue par sa bonne composition et me revienne avec, à la bouche, une invitation à partager un slow au vu et au su de tous. Un instant durant, je reste pantois. Dans un mauvais film, j’aurais cligné des yeux à plusieurs reprises pour ensuite me secouer la tête, histoire de me réveiller. Sur l’heure, mes lèvres s’étirent, je me lève et lui chuchote un : «Ce que femme veut, homme peut.». Est-ce que je suis réjoui ? Pas exactement. Toutefois, jamais je ne rechigne à enlacer ma femme et, une fois chose faite, j’oublie les curieux, les ébahis, les conquis et les dépréciateurs. Je ne pense plus qu’à ces minutes bénies. «C’est toi qui a choisi ?» La chanson ! A-t-elle glissé son titre au DJ engagé pour l’occasion ? « Tu me diras pourquoi ? » Pourquoi elle s’est fait violence au profit de ma mère ? «Après que je t’ai dit merci…. D’ailleurs, Merci !» Elle est aux anges, Maggie. Après quelques embrassades pour sa petite fille, elle a respecté son sommeil : elle dort à présent dans ses bras, me révèle ma vue périphérique : je leur jette des regards réguliers moi aussi.


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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #73) ► Brave new world    Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyMer 14 Sep 2022 - 21:20



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Le mot “Eglise” dans la bouche de Raelyn a le don certain de m’amuser. Dans mes souvenirs, elle m’a un jour confier qu’elle prendrait feu si tant est qu’elle pénètre par les doubles portes d’un tel bâtiment. Alors, je souris. Je souris aussi pour toutes les raisons qui justifieraient que je prenne feu par combustion spontanée depuis que j’ai cessé d’être un homme de bien aux yeux de la communauté des bien-tenants. Selon mon système de valeur, je ne suis pas mauvais non plus. J’essaie d’être un bon époux, un homme généreux et un père aimant. N’est-ce pas plus important que ce grâce à quoi je gagne ma vie ? Certes, je nourris le vice des accros aux jeux, je n’ai pas inventé le concept. N’aurions-nous pas ouvert un Casino, Rae et moi, qu’un autre l’aurait fait à notre place. A choisir, je préfère que mon portefeuille se remplisse au grand damn de ma mère qui, après une visite inopinée au sein de ce lieu de débauche - selon son propos -, elle na’ eu de cesse de me mette en garde contre mes choix. D’aucuns ne trouvent grâce à ses yeux, mais peu me chaud. Je me moque d’elle gentiment avec ma dulcinée pour complice. Ce n’est pas méchant, un soupçon âpre pour elle et agacé pour moi. Du reste, nous ne lui manquons pas de respect en arrivant. Chacun la salue. Je la recadre par nécessité : elle ne m’en laisse pas le choix. Toutefois, je prends le temps de l’embrasser. Ma fille sur mes hanches et un bras enroulé autour des épaules de Raelyn, je me prépare à une mauvaise surprise, bien qu’elle se nomme pas Sarah. En ça, je rassure ma magnifique épouse et je surenchéris, l’oeil rieur et un rictus narquois rehaussant mes lèvres que : « On a raté le faire-part, mais on peut se rattraper sur une carte à Noël, à l’Américaine, un portrait à l’éffigie de notre famille avec écrit en -dessous :”joyeux noël”.» J’aime les photos : celle-là n’existera jamais. Je la suggère parce qu’il est quelque chose de drôle à imaginer, celle qui m’a traîné dans la boue devant la cour d’une tribunal, plongé dans le remord d’avoir tout perdu : sa fille, son mari, son amant - d’après la rumeur - et sa belle-famille. Il ne lui reste plus que sa foi pour ce qu’elle vaut et ses paroissiens. Ne dit-on pas qu’il n’est un tour de chien qui ne revient ? Ma partenaire rit légèrement et je lui chuchote un autre adage : «Pas de besoin d’être original. Femme qui rit à moitié dans ton lit…» J’embrasse sa tempe juste avant d’affronter la foule en liesse, car du monde, il y en a. C’est un rassemblant de nom de famille différent tous liés par un ancêtre commun. Je ne conçois que difficilement les raisons qui ont motivés ma mère à les convier à cette fête, mais je ne pipe mot. Je salue, je présente, je veille à ce que personne ne touche trop la princesse qui gazouille et qui enjôle à chaque attention qui lui est destinée. «Aussi charmeuse que sa mère.» ai-je soufflé à mon épouse tandis qu’elle se débat avec les questions d’une vieille tante à propos de son métier, de sa grossesse, de sa taille de guêpe, de son allure moderne et à la fois élégant. «Tu vois qu’on peut être vieux et avoir du goût.» Je ponctue en nous conduisant légèrement à l’écart, là où mon père nous interpelle. Nous cheminons dans sa direction - il s’est planqué derrière un des pans de tissus de la tonnelle qui a lui-même installée et mon coeur de fils est touché par notre ressemblance. «Comment tu vas ? » A priori, bien. «Je l’ai calmée. Vous pouvez mettre votre coeur à l’aise.» a-t-il ensuite répliqué avant de reporter toute son attention sur celle qu’il appelle “sa petite chérie”. Il a été le premier à appeler Sofia par le  sobriquet “moineau”. Quel surnom proposera-t-il pour sa seconde petite fille ? « Vous devriez aller lui montrer les chevaux quand ce sera trop pour vous….» nous a–t-il conseillé maintenant que je jette un regard circulaire vers la foule. Chacun s’apprête à passer à table : des serveurs déguisés en pinguoin s’affaire derrière un buffet gargantuesque. Le DJ - je ne l’avais pas remarqué avant qu’il ne s’adresse au public depuis son micro - a indiqué que le buffet serait ouvert dès que les mariés se seront servis. Un membre de la famille a applaudi : les autres ont suivi et j’ai trouvé un intérêt particulier à mes pieds à présent que nous nous installons à table. «Pourquoi ça pue l’ouverture de bal ? Trente minutes, c’est ça ? Au moins jusqu’au gâteau, mais on est d’accord que Micah sera fatiguée si on est invités à nous donner en spectacle. Pas vrai ? » Mes parents nous ont rejoints et ma mère a poussé un long soupir de satisfaction qui m’a irrité.


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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #73) ► Brave new world    Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyMer 14 Sep 2022 - 15:00



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Bien sûr, qu’à choisir, j’aurais préféré que nous n’ayons à rire des comportements de ma mère. Dans mes rêves les plus fous, ma complice et Magie s’entendent à merveilles et travaillent main dans la main, grâce à la reconnaissance de l’une - sa bru a sauvé son fils - et les remerciements de l’autre - vous êtes à l’origine de mon élu -, à mon bonheur, à celui de mon couple et à celui non négligeable de Micah. Sauf que Margaret Taylor m’oblige à me méfier d’elle vis-à-vis de sa petite-fille. Pis encore, face à chaque décision qui la contrarie, la responsable ne porte qu’un prénom : Raelyn. C’est injuste. J’ai des envies de meurtre lorsqu’elle crache son venin sur mon épouse. Que faire, cependant ? Me battre avec elle relancera la machine de sa rancoeur. Elle redoublera d’efforts pour nous compliquer la vie et, tout ce qu’elle y gagnera, c’est d’être piquée par le caractère de ma conjointe et insultée par ma mauvaise humeur persistante. Alors, je me tais. Je tente de garder l’Eglise au milieu du visage quoique je déteste cette position d’être l’outil entre le marteau et l’enclume. Je la hais et ces éclats de rire dans l’habitacle de la voiture, bien que nous approchons dangereusement, m’aide à me détendre. «Tu aurais pu si elle n’avait pas été aussi osée…» A mon sens, elle n’a rien qui choquerait l’assemblée. En revanche, elle m’affolle toujours autant. Elle ranime tant de souvenirs en mois que mes doigts remonte un pan de tissu et glisse par-dessous, de sorte que ma main s’étend sur la peau nue de sa cuisse tandis que je recueille un baiser offert de bon coeur par ma dulcinée. Je lui souris d’instinct alors que le compliment s’échappe de mes lèvres. «Tu es radieuse, d’ailleurs.» Notre gamine, à laquelle je jette un coup d’oeil, l’est également et je suis bouffi d’orgueil dès lors que nous descendons de voiture et que ma maman s’exclame autour de Micah. La petite a l’air tellement heureuse de cette escapade en campagne que la certitude que ces moments seront rares me fend le coeur. “Si seulement j’avais une solution pour arranger les choses”, ai-je songé en écoutant vaguement les commentaires de notre hôte. A peine tancée, si tôt défendue : elle m’agace déjà et je murmure à ma complice de “ne pas trop s’installer”. Mon intuition me souffle que nous ne nous attarderons pas. Je flaire le coup fourré en préparation, mais celui qu’appréhende ma cavalière. «Non. Elle ne l’aurait pas fait. Peut-être plus pour elle que pour toi.» Par délicatesse de ne pas confronter Micah à la maman de Sofia. L’éventualité me déplaît et je pénètre dans le jardin sur la défensive. J’ai le visage fermé tandis que Raelyn s’auréole de son aisance en société. J’aime sa façon d’ignorer les regards, obliques ou non, de son “ennemie” des lieux et de nager tel un poisson dans l’eau partout où elle est, en particulier lorsqu’elle n’est pas tout à fait la bienvenue. Pour elle, je la présente à tous ses membres de ma famille pendant les années bissextiles. J’ai honte de l’admettre,  j’ai oublié quelques prénoms. Je suis fier de l’assumer, il est des têtes que je suis ravi de revoir. En outre, j’avise de nos places à table - pas compliqué de nous trouver, il y a une véritable table d’honneur - et je me dis qu’au moins, mon père s’est de nouveau distingué par sa bienveillance : il s’est installé à côté de Raelyn. «Tu as vu mon père ?» lui ai-je demandé maintenant que nous sommes plus ou moins à l’écart, le cherchant du regard dans la foule. Son absence est étonnante. Est-il en train de se changer ? «Je le bénirais s’il avait organisé une contre-soirée quelque part sur le domaine.» Je ne crois pas si bien dire. Un “pff” nous héle, attire notre attention et la main de Bill nous convie à le rejoindre. “Je veux être tranquille avec ma petite chérie.” a-t-elle mimé des lèvres si distinctement que j’ai cru l’avoir entendu prononcer ses mots.



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Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #73) ► Brave new world    Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyVen 9 Sep 2022 - 20:41



BRAVE NEW WORLD
Je n’ai pas exigé de ma mère qu’elle reporte les festivités pour le plaisir de la contrarier. Un peu naïf, j’ai même espéré qu’elle comprendrait notre volonté de ne pas renoncer à un week-end supposément - c’était le petit mensonge pour la bonne cause - réservé depuis une éternité. Or, elle a boudé au téléphone. Elle s’est permis d’affirmer : “ça ne te ressemble pas, mon fils.”, autrement dit : “tu agis sous influence.” C’est faux cependant. J’ai moi-même proposé à Rae de me coller à cette tâche qui aura eu le mérite d’amuser notre couple l’instant où j’ai raccroché et celui où nous approchons de notre destination. «Quinze sur dix, au bas mots.» ai-je plaisanté en jetant un coup d’oeil dans le rétroviseur - Micah est en pleine forme - et un autre destiné à ma complice. « C’est de ta faute, tu comprends ? C’est ton idée, mais tu ne sais pas l’assumer.» Mon propos pue l’ironie et un soupçon d’amertume envers l’entêtement de Maggie. « Comme quoi, j’ai bien fait d’appeler moi, j’ai fait d’elle le double d’une menteuse.» Un sourire étire mes lèvres, mais en réalité, je suis déçu, une fois de plus. «Et je n’en ai aucune idée, mais quand je vois toutes les voitures, je t’avoue que je suis inquiet.» Je déteste la foule, qu’elle me soit familière ou non. En outre, je sais que je serai forcé d’être attentif à tous les comportements de la maîtresse de maison. A mesure que le temps passe, je conviens que jamais ces deux femmes ne s’entendront et ça me désole. Pourtant, je ne le manifeste en rien. Je préfère m’ébahir devant cet éclat de rire d’une fraîcheur à couper le souffle. Je ne me lasse pas d’être séduit par Micah si bien qu’à peine stationné, je me suis tourné en direction de la petite pour me pencher sur sa main et l’embrasser. « On dirait bien que tu es contente d’être là, toi.» Je suis rieur et le reste tandis que je déclare : «Il y en aura au moins de nous trois comme ça. Allez, c’est parti.» Il est temps de nous lancer dans l’arène : Margaret est déjà sur le patio. Elle chemine d’un pas alerte dans notre direction et s’étonne de la présence de sa petite fille. Où pensait-elle qu’elle serait, la petite ? Sa place est avec ses parents et, plutôt que d’être désagréable, je consens à me taire en tirant du coffre le landau de ma merveille. «Trop vite.» ai-je ponctué, renouant avec mes travers : j’active mon compteur de mots. J’observe, je ne m’effare pas de la politesse de ma conjointe, je suis étonné par la douceur dont fait preuve ma mère à son égard tandis qu’elle assouvit sa curiosité. Elle précise qu’il manque encore un pan entier de sa famille à elle et je soupire qu’elle ait poussé le vice jusqu’à avoir invité de grands tantes et consorts. Que cache-t-elle ? Quelle surprise a-t-elle envisagé ? Quel piège nous tend-elle ? Je suis méfiant et, d’instinct, j’ai récupéré la petite d’entre les bras de mon épouse, non pour récupérer sa main entre la mienne, mais enroulé mon bras autour de son épaule, avec possessivité, avec tout ce besoin de la protéger m’inspire en ces lieux. “Ton père a fait installer une tonnelle. Tu vas voir, c’est magnifique. J’ai tout décoré avec la paroisse.” Est-ce que ça comprend Sarah ? Le cas échéant, a-t-elle été jusqu’à l’inviter sous prétexte que notre histoire est terminée et qu’elle aurait prétendu être soignée de notre rupture ? Anxieux, j’ai arrêté ma mère d’une remarque : « Si tu as dans l’idées qu’on va se donner en spectacle devant tout le monde, on fait demi-tour. Je t’avais prévenue, maman. Nous avons déjà fêté notre mariage, Raelyn et moi.» J’ai bien insisté sur le prénom de ma complice : on ne prend jamais trop de protection avec Margaret Taylor. «Et j’ai bien compris. Ne sois pas si rabat-joie. Tu ne peux pas me reprocher d’avoir eu envie d’exercer mes talents de décoratrice. » Je demeure sceptique et, tandis qu’elle prend de l’avance, je ralentis ma marche pour m’adresser à Rae : « Prenons pas trop nos aises, je suis pas sûre qu’on va rester pour le gâteau.» Car il y en aura un, c’est évident. «Elle a pas fait autant de chichis pour mes quarante-ans. Rappelle-moi de ne pas partir sans l’avertir qu’on n’a pas besoin qu’elle fasse une fête pour les un an de Micah.» Je le répète, il n’est de prévenance inutile avec elle.



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Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #72) ► State of love and trust    Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyVen 9 Sep 2022 - 1:31



STATE OF LOVE AND TRUST
Cette soudaine tempérance, est-elle le fruit de notre mariage ? Est-ce ma façon de m’excuser de ne pas m’être opposé à ma mère tandis qu’elle exigeait notre présence à sa fête en notre honneur ? Une fête pour laquelle elle n’a pas jugé de quérir notre consentement ? Je n’en sais trop rien et, dans l’absolu, je m’en contrefiche. Ce qui m’importe, c’est de ne pas aborder la matinée du lendemain avec morosité. C’est facile d’enterrer la hache de guerre à l’aide de la passion. C’est plus compliqué de discuter des questions fâcheuses et qui nous opposent légèrement ma femme et moi. A contraire, je suis à l’aise avec les confidences sur l’oreiller ou dans une baignoire. Dans un cas comme dans l’autre, j’ai la tête vide d’émotions négatives, le corps détendu et le coeur vibrant au diapason avec celui de ma complice. N’est-ce pas le moment adéquat pour partager ce que je retiens de mes réflexions tout au long de cette journée tapissée de mutisme ? L’ambiance a été glaciale et, maintenant qu’elle s’est diablement réchauffée, j’enfile la paire de gants de la diplomatie. Je confesse mes états d’âme et, par-dessus tout, je demeure à l’écoute des opinions de la maman de ma fille. Bien sûr, comme il s’agit de Maggie, elles sont tranchées, mais je sais qu’elles ne naissent pas de rien. Elles sont la conséquence des comportements de ma mère avec moi et avec elle. Rae, elle suppose qu’elle les reproduira sur Micah et force est de constater que l’hypothèse n’est pas dénuée d’intérêt et de véracité. Ce postulat devient la source d’un soupir et de quelques aveux. Maggie Taylor envisagera-t-elle un jour d’être raisonnable ? De ne plus traiter les autres en leur imposant sa foi ? Cessera-t-elle de diriger et d’aspirer à contrôler le monde qui l’entoure, à commencer par le mien ? Ne réalise-t-elle pas que nous finirons par nous disputer plus gravement encore si elle contrariait l’éducation de Micah ? Elle est l’objet des choix opérés par mon couple. D’aucuns n’auront jamais le droit de le juger. Nous sommes libres, Raelyn et moi, de décider ensemble de ce qui lui est bon ou non pour ma gamine. Aussi, sous le joug d’une intense réflexion, je prends le pouls des affirmations de ma partenaire. Pourquoi sacrifier notre week-en pour traverser Brisbane jusque Kilcoy ? Pourquoi céder aux caprices de Margaret ? Ne serait-ce pas lui envoyer le mauvais signal, celui qu’elle m’a sous sa coupe et que ma conjointe est mon sac à main ? Mon accessoire ? Mon apparat parce qu’elle a un physique atypique qui, d’après elle, est celui d’une aguicheuse dont le seul dessein est de faire tourner toutes les têtes ? « Moi, j’aurais pas voulu d’un enfant si tu n’avais pas été sa mère et c’est ça qui est important.» ai-je rétorqué en m’avançant sur la suite. Elle s'appellera “opposition” «Et, en ce qui concerne ma mère, c’est un adulte quand ça l’arrange.» Mon père en est en partie coupable : il lui passe tous ses caprices, si bien qu’il m’arrive de m’interroger sur le bien-fondé de sa bienveillance. Existe-t-elle pour sa sérénité ou la voit-elle simplement depuis l’eau dans laquelle il se lave ? «On ne pourrait pas, on va le faire.» ai-je donc ponctué, encouragé par les caresses et les baisers de ma dulcinée. Mon ton est vif, il trahit ma détermination. Je crois même avoir agité l’une de mes jambes, preuve que si je m’étais tenu debout, j’aurais frappé du pied pour remonter à la surface et empoigner le bord du bassin nommé “le sensé”. Repousser, c’est rempli de sens. Nous avions d’autres projets et je compte bien les respecter. Dès demain matin, je téléphone à ma mère, moi, parce qu’a près de cinquante ans, il est grand temps qu’elle intègre qu’elle n’est pas maître de mon emploi du temps; Elle ne l’a jamais été et, parfois, je me demande d’où lui ce soudain besoin de contrôle. Aurais-je été son favori que je lui aurais trouvé des circonstances atténuantes, voire touchantes, mais je n’ai pas le panache de Chad à ses yeux. «Et, même si ta proposition m’arrangerait bien, je vais le moi-même. Sauf si tu veux en profiter pour régler tes comptes.» Si elle en ressort purifiée, je lui offrirai le rôle d’Hermès. Nous sommes une équipe et elle en a eu la preuve, l’épouse Taylor. Je n’ai pas dit “oui” sans consulter la mienne. «Mais, tu n’es pas obligée de lui donner raison. Je veux pas que tu lui donnes raison ni une bonne occasion de cracher son venin sur toi.» J’ai toujours détesté que l’on mésestime ma chère et tendre. «Et tu n’as pas besoin de ça pour que ce week-end ressemble à ce soir. Ce sera même mieux.» Je recueille sur ses lèvres un baiser supplémentaire : je n’en suis jamais rassasié. Je m’en nourrirais si c’était possible. Au lieu de ça, je reviens sur la question des nounous et un sourire béat fend mes traits parce que : «Je suis d’accord. Mais, on n’est pas obligés de se précipiter. On n’est pas pressés.» Je ne le suis pas, ai-je songé en resserrant ma prise autour de la taille de la magnifique blonde à mes côtés, celle qui est faite pour mes mains, celle pour laquelle je me damnerais sans hésiter, celle dont je ranime doucement le désir.    

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Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #72) ► State of love and trust    Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyJeu 8 Sep 2022 - 15:12



STATE OF LOVE AND TRUST
Toutes les tensions de mon corps ont disparu en même temps que la jouissance m’a happé et quel délice. Je savoure le contact de sa peau, le souffle de sa respiration dans mon cou, poser ma main sur sa fesse nue dès lors qu’elle est allongée sur moi. De mon autre main, je joue avec ses cheveux blonds. Je peigne quelques mèches à l’aide de mes doigts et je respire amplement, normalement, oubliant combien l’envie de boire fut violente aujourd’hui. Raelyn a balayé mon addiction avec brio et, quoique je lui en sois reconnaissant, je regrette qu’il demeure entre nous des non-dits. Je déplore que ma mère soit parvenue à atteindre son but voilé, son objectif implicite : provoquer une bisbille entre cette bru détestée et son fils aîné. Alors, estimant que nos jeux post-amour - elle tire sur mes cheveux et mordille ma pomme d’adam - ont efficacement réchauffé l’ambiance, je me risque à lui confier la manière dont elle m’a froissé plus tôt au terme d’un rire frais. Elle ne frémit pas de peur, ma conjointe. Elle tressaille parce qu’elle n’est pas tout à fait remise des effets secondaires de notre étreinte. Nul doute qu’elle aurait préféré que je me taise, qu’elle se délecte de ces sensations dont nous ne nous lassons jamais. Pourtant, je refuse de m’endormir sur une fâcherie qui a malmené sa vanité - elle est descendue me chercher - et qui m’a prostré dans un mutisme dérangeant tout au long de l’après-midi. Nous n’avons même pas eu l’occasion de nous décider au sujet de la dernière candidate au poste de Nounou pour Micah et j’ai bien l’intention de trancher cette question-là aussi, aujourd’hui, avant d’aller me doucher, si tant est que je me lève jusqu’à la salle de bain. J’adore sentir l’odeur naturelle de ma conjointe sur ma peau. Je me réveille dans la matinée avec une nouvelle envie d’elle qui n’est que rarement déboutée. Qu’importe, cependant. Salle de bain ce soir ou méfaits lubriques demain matin, ce sera notre récompense si nous réussissons à tomber d’accord sur les distensions qui ont bouleversé nos “habitudes” quotidiennes. En attendant, je permets à mon ego d’être flatté par les commentaires de Rae à mon cynisme patenté. Je suis son seul standard. D’après elle, il n’est rien à changer ou à jeter chez moi. J’en suis touché et je me redresse le temps d’un baiser qui je clos par un «ça me va…», torse bombé, pupilles enjouées et de meilleures compositions. Je suis plus disposé à écouter qu’à entendre à présent. «Mais, je n’aime pas avoir l’impression que tu te sers de mes confidences contre moi.» ai-je expliqué, un peu penaud, accentuant mon air de chien battu. Pas de retour de dispute. Juste une conversation à cœur ouvert, une de laquelle nous ressortiront grandis grâce à une solution, grâce à un accord, grâce à nos sentiments. Ne nous ramène-t-il pas toujours l’un vers l’autre ? Evidemment. Je fais donc fi de toute mauvaise foi et j’acquiesce au nom de la fatalité. Bien sûr que ma mère n’est pas parfaite. Elle nous a imposé sa vision du monde, des valeurs et de la vertu. Certaines étaient bonnes à prendre. D’autres nous ont cloisonnés, mes frères et moi, dans une réalité qui ne nous ressemblait pas. J’ignore de quelle façon mes frangins ont apprivoisé leur divergence d’opinion avec Margaret. En revanche, j’affirme sans honte que j’en ai souffert. Je me suis épuisé à recueillir en vain son approbation. « C’est vrai. J’ai pas toujours eu facile.» Quel euphémisme. L’enfant en moi a pleuré des heures à cause des traitements injustes. L’adolescent s’est rebiffé. Le jeune adulte a espéré avoir gagné ce pour quoi il est parti en quête. Tout n’était qu’illusion. «Mais, je suis son fils. Les grands-parents sont différents avec leur petit-enfant. Ils sont gâteaux. Ils les trouves parfaits et n’essaient pas de changer quoi que ce soit.» Doux mensonges inconscients et temporaires. Tout à coup, un souvenir récent m’attrape par le collet : ne me suis-je pas figuré qu’elle chercherait à la faire reconnaître par sa communauté religieuse ? N’ai-je pas craint que ma mère s’approprie mon mariage, celui que j’ai trouvé parfait à la faveur de l’imprévu et de la joie d’être surpris par la hâte de mon épouse ? Ai-je foi en ce que j’avance ? J’en doute et je hoche la tête par la négative. «Je ne sais pas en vrai. Peut-être que tu as raison, mais ce ne serait pas volontaire. » Maggie ne frapperait pas la petite. Elle ne la malmènera pas, même pour lui enfoncer une tétine dans la bouche. Dans le pire des cas, elle la nourrira à l’excès, mais Micah sait déjà comment dire non à la cuillère de trop.

Détestant jouer aux hypocrites, j’ai avoué la nature égoïste de mon dessein. Je ne réclamais pas un moment privilégié intergénérationnel pour contenter ma mère, mais pour ne pas avoir à reporter mon escapade avec Raelyn. Mal à l’aise vis-à-vis de Micah, je fronce les sourcils et hausse les épaules. Chaque mimique exprime une émotion différente : la gêne et la nonchalance. Je suis plus proche de l’un que de l’autre et, tandis que ma dulcinée réfléchit à comment garder l’Eglise au milieu du village, je m’appuie sur mes coude et cherche à capter son regard. Je n’aime pas quand elle fait des manières. A choisir, je préfèrerais qu’elle crache le morceau tout rond. Néanmoins, je comprends la démarche au regard de ce qu’elle a raison : nous n’avons pas reçu d’excuses de ma mère pour son comportement - compte tenu que je l’ai quasi-expulsée du casino, elles n’ont pas été ajoutée à son programme de bienséance - rien de ce qui sort de la bouche de mon épouse n’encense celle qui m’a mis au monde. A mon tour de m’égarer un peu, ma tête retombant sur l’oreiller et mes doigts glissant à présent vers le dos de ma complice. «C’est vrai. J’aurais pu. J’aurais même dû. Tu sais, je pense qu’elle est capable de se proposer pour garder la petite. Elle a certainement imaginé tout un stratagème pour nous convaincre et… si j’ai raison, peut-être qu’on devrait le faire. Peut-être qu’on devrait l’appeler demain pour lui dire qu’il faut reporter au week-end d’après. Après tout, on ne lui a rien demandé, c’est son problème si elle doit rappeler tout le monde pour repousser. » Du reste, nous n’aurons pas bousculé nos projets. Nous pourrons jeter l’ancre au milieu de nulle part, nous allonger sur les grandes bâches du catamaran, au soleil, en dégustant un verre de vin. Le vin, y ai-je droit ? Plus tard. J’y penserai plus tard. Sur l’heure, j’amorce le prochain sujet : il n’est pas voué à nous courroucer. «Et la nounou ? Qu’est-ce que tu en as pensé ? Je veux dire, elle nous a fait bonne impression par rapport à Micah. Mais, pour toi ? Tu en penses quoi, toi ?» ai-je chuchoté en posant mes lèvres sur le front de la maman plus tôt inquiétée qu’une autre femme ne lui vole son statut alors qu’il est unique.




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Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #72) ► State of love and trust    Tag 73 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyMer 7 Sep 2022 - 21:51



STATE OF LOVE AND TRUST
Elle me rejoint au salon et la question du “comment en sommes-nous arrivés là ?” me semble moins importante. La réponse aurait-elle vocation à me soulager ? Tous les couples ont des prises de bec, en particulier les plus passionnés. L’essentiel, n’est-ce pas qu’elle soit descendue pour m’interpeler ? N’est-ce pas l’entendre affirmer que j’ai des droits à l’intérieur du loft, sur ma chambre et sur mon lit ? Implicitement, quoiqu’elle ait les bras croisés sur la poitrine - Je l’ai imité faute à un mimétisme inconscient -, n’est-elle pas en train de m’inviter à regagner ma place à ses côtés ? De me souffler que Maggie ne peut être une raison valable pour nous chamailler ? Certes, ce n’est pas le fond du problème. Je me suis braqué à cause de son jugement sur l’éducation que ma mère nous a donnée, car elle a mis en lumière un portrait de ma personne dont je me pensais exempt à ses yeux. Le sentiment d’être attaquer à l’aide de mes confidences m’a collé à la peau comme la mue d’un serpent. Il existe encore, d’ailleurs. Il n’est toutefois pas de taille à remporter une victoire sur mon besoin d’être à ma femme et qu’elle soit mienne en retour. Il n’est pas assez armé pour m’empêcher de la désirer lorsqu’elle baisse les bras, au sens littéral du terme, et que son regard me supplie d’accéder à une requête simple et normale : m’endormir auprès d’elle. Aussi ai-je envoyé valser dans un bal lointain les danseurs de la vexation et de la bougonnerie. J’ai cheminé d’un pas alerte vers ma dulcinée et j’ai fondu sur ses lèvres. Je l’ai enlacée, pressée contre mon torse, cerné sa taille de guêpe d’une main puissante dans le bas de ses reins. Je lui ai communiqué, en un seul geste, que rien de ce qui nous est arrivé aujourd’hui n’est réellement grave, que c’est voué à être réparé, que c’est une broutille que le vent de notre amour balaiera. Par chance, ma complice me le rend bien. Elle participe allègrement à ce rapprochement et si mon coeur tambourine, c’est parce qu’il est soulagé. Il est heureux que l’échelle de nos priorités ne soit pas bousculé par la ténacité de ma mère à nous compliquer la vie, à prendre possession de ce que nous sommes et qu’elle tolère peu, à s’approprier mes réussites comme si je lui étais redevable.

Soucieux de partager avec ma femme  mes difficultés face à l’alcool, j’ai soufflé contre ses lèvres vissées aux miennes un aveu de faiblesse. Rae, elle ne l’a pas saisi. Emporté par la convoitise, elle n’a pas saisi mon appel à l’aide, mais ça non plus, ça n’est pas destiné à me chahuter. Au fond, je crois que ça m’arrange plutôt bien. Moins je m’épanche, mieux je me porte. Moins je suis la cause de ses inquiétudes, plus j’alimente la certitude que je suis un homme bon, un mari dévoué, un époux consacré à la cause de mon couple et qu’il n’est pas une équation à deux inconnues. J’arrive à me convaincre que l’addiction, épée de Damoclès au-dessus de ma tête, ne menace pas de me trancher la tête et de réduire mon mariage en miettes. Dès lors, je me laisse gagner par l’excitation de nos jeux de mains. J’effeuille, elle se dévêt, m’émoustille et je flatte ses épaules, encense son décolleté, sa poitrine dévoilée par mon empressement. Je me concentre sur l’anticipation d’un plaisir innommable et, pour cause, ma partenaire réclame de l’équité et je l’aide à me déshabiller, un sourire franc et goguenard aux lèvres. «C’est mieux comme ça ? » ai-je demandé en me débarrassant de mon jeans - elle s’est chargée de mon t-shirt. Je succombe sous ses baisers et je me laisse guider à l’étage sans ajouter un quelconque commentaire au sujet de sa confession. Je sais quelles étaient ses intentions. Elle est consciente qu’elle n’aura pas dû insister longtemps. Alors, pourquoi parler ? Pourquoi brasser de l’air ? Pourquoi ne pas simplement nous abandonner l’un à l’autre sur le matelas de notre chambre ? Pourquoi ne pas embarquer tous les deux dans le même train ? Pourquoi ne pas nous consumer sans compromis, tantôt avec hâte, tantôt avec douceur ? «Je déteste dormir loin de toi.» lui ai-je chuchoté à l’oreille à l’heure où nous ne formons plus qu’un seul cœur battant.

Sans surprise, mon corps détendu et alangui est retombé sur le sien. Ma respiration est haletante et j’ai figé sur les lèvres le sourire d’une Soubirou devant une vision de la Vierge en personne. J’ai l’air béat des gosses le matin de Noël et je ne nourris aucune envie de séparer ma peau de la sienne. «Tu sens bon. Tu aurais pu venir me chercher pour la douche. Tu devrais avoir honte.» Je l'ai faussement tancée, certes frustré, mais pas fâché pour autant. Je ne l’aurais pas fait non plus à sa place. Nos orgueils respectifs se bornent aux limites de l’autre bien qu’il me plaise de la taquiner. Pivotant pour m’allonger sur le dos en entraînant mon épouse avec moi - j’aspire à la garder contre moi - j’envisage de profiter de ce que nous lévitons quinze centimètres - voire plus - au-dessus du sol afin de soigner la lésion superficielle provoqué par sa remarque de tout à l’heure. « C’est parce que je ne corresponds pas non plus à tes standards ?» ai-je jeté à la dérobée en jetant un oeil dans sa direction. « Je sais qu’elle n’est pas parfaite mais elle a fait de son mieux. Et je le dis pour prendre sa défense, mais parce que quand tu dis des choses comme ça, moi j’entends qu’elle a raté un truc avec moi.» Ma voix est blanche, vide de toute amertume. Je confie, je ne blâme pas. Je nettoie notre porte des moutons de poussière que nous avons laissés s’accumuler depuis la fin de matinée.   « Je l’ai proposée parce que je n’ai pas envie de reporter notre week-end, pas parce que je ne tiens pas compte de ce qu’elle nous a fait.» A tous les deux, d’ailleurs. Les avons-nous reçues, les excuses que j’avais exigées ? Je ne m’en souviens plus et je reste un instant dubitatif. «Mais parce que j’en ai besoin de ce moment rien que nous deux.» Je tenais à l’idée de lever le voile sur une partie de moi que j’ai toujours dissimulée. Sauf qu’à bien y réfléchir, peut-être que quelque chose de moins formel nous ferait du bien à tous les deux. «Tu aurais envie d’aller où ? » me suis-je ensuite enquis en m’enivrant de l’odeur de la peau de son épaule nue.




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