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Sujet: (amelyn #96) i drank every sky that i could | Amos Taylor
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| Rechercher dans: logements Sujet: (amelyn #96) i drank every sky that i could Dim 10 Mar 2024 - 19:32 | I DRANK EVERY SKY THAT I COULD
Tout est question de perspective ou du sens que l’on accorde aux mots. Elle dit : "je te crois" et, pour beaucoup, ce serait suffisant. Pas pour moi. On peut croire en Dieu et, un jour, douter de son existence. On peut s’en détourner des suites d’une déception, d’une incompréhension, de ce que la vie nous a semblé injuste. Croire, ce n’est pas synonyme de savoir. Ça ne sous-entend pas "la certitude", celle dont j’ai besoin pour désencombrer ma tête de toutes les preuves de ma connerie. Elles se sont révélées au départ de Rhett et, quoique Rae n’ait pas repoussé l’assaut de ma nécessité à fusionner nos corps pour me ressourcer d’un courage amenuit par les images en couleurs de mes erreurs, pour me souvenir que nous sommes l’un à l’autre, que je suis l’air qu’elle respire et qu’elle représente chaque battement de mon cœur. Lui, il s’ébroue dans mon torse tandis que je la dévisage, mon épouse. Le bleu de mes yeux est hypnotisé par les mouvements réflexes de ses paupières, il est interloqué par la profondeur de ses pupilles que je m’efforce de lire. Habituellement, j’y parviens. Sur l’heure, je ne suis sûr de rien. J’oscille entre ce qu’elles m’avouent être conquises par mon authenticité et ce que me dicte la supposition pessimiste : je suis soupçonné capable de m’accrocher aux branches à la défaveur de la sincérité. Alors, j’attends. Le souffle raccourci par mes inquiétudes, par les bam cadencés comme un rock qui palpite dans ma poitrine, je deviens l’innocent moins présumé qu’il n’est réellement coupable. Une sentence tombera, c’est imparable. Mais, laquelle ? Me frappera-t-elle de plein fouet ? Me déséquilibrera-t-elle ? Les mots m’étêteront-ils avec le tranchant d’une lame de guillotine ? Au plus je détaille, au plus je l’imagine indulgente, ma complice. Je pense deviner, si pas l’ombre d’un sourire, au moins celui du soulagement. Il n’est pas uniquement mien, il est partagé et c’est moi qui lui adresse un sourire touché par le reflet évident de son amour. Il est apparu à l’instant précis où ses mains ont entouré mes joues, où elle s’est répétée, où elle a balayé mon anxiété. Nous ne sommes pas tirés d’affaires : il demeure entre nous quelques non-dit. Pas grand-chose. Les balbutiements de futures querelles sans gravité, si ce n’est peut-être un rappel à l’ordre durant mon sevrage qui a planté en mon sein une graine de mauvaises herbes qui, de mois en mois, a germé jusqu’à fleurir, enlaidissant le paysage de notre relation. Ma colère n’a pas aidé. Les causes en sont multiples : j’en ajoute à chaque phrase, à chaque explication vouée à réclamer son pardon. Le souhaiterais-je que je serais incapable de déterminer laquelle était plus chargée en venin. Dès lors, je les exprime, toutes. Je ne les survole pas, je les pointe du doigt. Je les nomme quand c’est possible, m’en repens sans faux-semblants : mon mea culpa allège mes épaules, mais chaque intervention de Raelyn m’en libère. Nul doute que je serais traité de menteur si j’osais confier à quiconque qu’elle douée d’empathie. De menteur ou de fou. Qu’importe, pour moi, c’est égal. Je la serre dans mes bras, contre moi, je peux recueillir un baiser à ses lèvres et en recevoir un en retour. Ma joie a le droit de ronronner de ne pas seulement être excusé, mais bien d’être aimé puisque, j’insiste, c’est ce dont il s’agit pour elle comme pour moi, moi qui suis aussi et malgré moi transi par la peur d’un bis repetita joué par le sort.
Ai-je tenté de faire porter ce poids à ma famille ? Probablement. Malgré moi, sans doute. Mes tentatives de dégager Ruth ou de garder mon épouse à mes côtés aura exemplifié cette bévue destinée à se reproduire. Mon passé est inscrit en moi. Il est l’objet de mes angoisses. Souvent, je m’emploie à me raisonner, à me souvenir que mes angoisses, et par conséquent, mes comportements ou mes convictions manquent de rationnel. Ce n’est pas toujours efficace… et je le regrette et j’en pousse un profond soupir. « Je sais. J’ai vu que Micah ne m’a pas oublié, que tu ne m’en as pas voulu longtemps pour ce que j’ai fait, même si je t’ai blessée.» Combien de fois ne m’a-t-elle pas rappelé que si mon histoire m’a façonné, je peux en reléguer une partie au rang du mauvais souvenir ? Trop. Beaucoup trop. Sa patience est mémorable. « Mais, quand j’ai vu la facture, j’étais pas au courant, tu m’as pas dit pour ton entorse et ça a pris une telle ampleur en moi. » Excessive, c’est indéniable. « En réalité, je n’ai pas pensé ce que j’ai dit. » Que je portais des cornes plus hautes et plus larges que celles d’un taureau. « Mais, j’ai pensé que j’avais perdu le droit de savoir ce qui t’arrivait parce que j’ai été enfermé trop longtemps, pas longtemps, mais déjà trop. » Je me suis figuré comme un inutile, un expatrié à sa vie et mes tergiversations m’ont conduit vers la réalité qu’au casino, j’aurais à la retrouver, ma place. J’aurai à rappeler que ma femme ne m’a pas rincé pour que je l’ouvre, cet établissement. L’argent de mes économies n’était pas tout à fait propre : mes manigances criminelles ne me chatouillent pas cependant. Mon sens de la morale et de la justice m’est très personnel. « A l’Octopus, je devrai peut-être me battre ou les battre, mais ce n’est pas grave, ça. » Par contre, mon ego et ma fierté souffriraient de n’être plus que "le mari de ", non pas à cause du jugement des autres. Non. Quoi que j’ai réalisé aura toujours été gratuit. Je ne suis pas homme en quête de lumière. Je peux supporter les chuchotis sur mon passage : en plus de les ignorer, je les contrarierai en démontrant à tous qui décide sur le Club et sur le casino. J’entretiendrai l’illusion du cloisonnement qui, dans l’absolu, n’existe qu’en public : n’est-elle pas ma conseillère, Rae ? Ne suis-je pas le seul en qui elle a confiance pour l’aider à trancher les questions cruciales du Club ? Ces vérités sont à maintenir dans le cadre de notre intimité et c’est bien celle-là qui m’inquiète, c’est ce que ma conjointe serait susceptible de découvrir sur moi. Me pensera-t-elle bon à rien ? Serais-je toujours digne de respect si, en croisant un miroir, je ne nourris plus d’estime pour mon reflet ? Plus d’affection pour moi ? Je crache sur le mythe du taulard que l’on craint sans se soucier qu’il soit innocent ou pas. Je ne me fie qu’au sentiment que j’inspire à mes deux essentiels, sauf qu’un grain de sable a grippé la mécanique durant mon sevrage et mon apprentissage d’une vie sans alcool. Ai-je toutefois envie d’en parler là, ici, dans ce divan où nous reposons, nus, toujours en sueur et à peine remis de notre émoi ? Aurais-je la force de rendre compte par les mots ce que j’ai tiré en conclusion de son avertissement ? En était-ce un ? Était-ce plutôt une manière délicate de m’éveiller à ce que j’empruntais le mauvais chemin ? Le cas échéant, je ne le lui reprocherais pas : j’ai appris à évoluer dans un monde sans William Lawson ou ses cousins d’Europe.
Bien sûr, je ne suis pas dupe. Il faudra confesser que j’ai perdu le contrôle de mes émotions, des émotions que j’ai rangées dans une marmite pour ne pas avoir à les affronter puisque je n’étais pas en mesure de les gérer, une casserole qui a fini par exploser. Plus tard. Demain. Je n’en sais rien. Je ne sais que ma tête qui fait « non », qui dodeline entre ses doigts, qui lui adjure de m’allouer un peu de temps encore. J’ai à me délecter de ses aveux, à savourer ces remerciements que je n’ai pourtant pas espérés. « Je ne l’ai pas fait pour ça » Pour que que l’on m’admire, que l’on m’offre de la gratitude ou que l’on me porte aux nues. « Je l’ai fait parce que j’ai jugé que c’était mon rôle. » ai-je admis en considérant qu’il ne convient pas de discuter de ce qu’il est réellement ou non. Nous avons tous nos codes. Nous sommes tous définis par les missions imposées tour à tour par nos exigences et par la société. Elle ne me changera pas, Rae. J’aurai toujours à cœur, pour Micah, qu’elle soit entourée de sa maman, dussé-je me sacrifier au passage. Je n’en voudrais à personne d’être scalpé. Je serais au contraire heureux d’avoir accompli l’objectif qui est mien : le bonheur de mes proches. Suis-je pour autant exempt d’être qualifié de vieux con ? Assurément, non. Je le déplore, mais je récolte un sourire qui suggère l’accalmie, qui réveille l’appel d’un baiser d’abord tendre, puis plus appuyé jusqu’à ce que nos bouches se muent en gourmandises, nous transforment en deux êtres amoureux et surtout avides d’être plus proches, d’être collés, serrés, nos lèvres soudées, nos langues dansantes, nos mains sages, délicates, mais déterminées à la fois. Volontaires, elles caressent, elles choient, mais avec tendresse. Nous ne sommes pas échauffés par la soif du sexe, mais affamé de calme, de quiétude, de notre normalité malsaine qui effraieraient les croquants et au centre de laquelle s’étire de coutume notre passion. Nous semblons partager le désir de colmater les brèches et nous y dédions tant d’énergie que ma respiration est bruyante alors que nos fronts se rejoignent. Je lui en chanterais bien encore des « je t’aime ». J’apprendrais à le déclamer dans toutes les langues si j’y trouvais de l’intérêt. Il n’en est aucun : nous nous baignons dans l’océan de cette certitude dès lors que, les paupières closes, je lui chuchote un « Tu es toujours la meilleure chose qui me soit arrivé. » qui ne rivalise pas d’originalité, mais qui pue la vérité à des kilomètres à la ronde. Son interrogation, je ne la lève pas, “pas avant demain” ai-je songé, conscient de ne pas avoir les reins pour traiter et de sa sécurité et de mes frustrations sur une même soirée. Aussi, je m’autorise le temps de digérer que, dorénavant, les choses vont changer et bon sang que ça m’effraie.
Evidemment, je me suis fait une raison sur un éventuel retour de Callum aux côtés de ma femme et de ma fille. L’hypothèse est inexistante et pas seulement parce que je m’y suis pris comme un manche à balai en lui crachant au visage, le jour dit, toute ma véhémence. Me suis-je néanmoins imaginé qu’elle se démonterait et reviendrait en arrière ? Non ! Est-ce que sur l’instant je l’envisage possible parce que je fais référence à son overdose ? Pas davantage. L’événement est surtout mon point d’accroche, ma façon d’exprimer les raisons expliquant mes abus. «C’est vrai, mais ça ne change rien à ce que j’ai ressenti…» Ma peur existe encore, elle est dense, elle bonde mon coeur comme un métro japonais à l’heure de pointe et, quoique j’ai été maladroit, j’aspire au minima à ce que Rae réalise que l’enfermer ou décider comptait moins pour moi que la protéger, non qu’elle soit incapable de s’en charger, mais parce que je ne suis pas guéri de la frayeur qu’elle m’a causée. Serais-je totalement honnête que je le confesserais à la manière d’une grenouille de bénitier en contrition pendant l’eucharistie. Je le réprime : je ne me roulerai pas seul dans la farine de la piperie : elle ne changera pas d’avis quant à l’avenir de sa sécurité. Alors, je capitule de bonne grâce, moins motivé par la repentance que par l’envie de rétablir l’équilibre dans la balance de notre couple. Récolté ce :”tu as raison” m’apaise un peu : elle n’offrira pas à l’un des hommes du Club le droit de vie ou de mort sur elle. Elle ne le lèguera pas l’opportunité de la trahir, et ce, qu’importe que l’élu soit entré dans ses rangs avant ou après l’éviction de Mitchell. La soif de pouvoir et d’argent enivre les plus cupides et le casino en est gorgé, du matin au soir, au sein de l’équipe ou parmi les clients. Moi-même, par bien de façons, j’ai succombé à ce défaut à force de côtoyer la noirceur de ce monde aux couleurs reluisantes et attirantes. «Il y en a oui. Je ne sais pas si tout est toujours très légal, mais je pense qu’ils sont incorruptibles. C’est à ce genre de personne que tu souhaites t’adresser ? » Et, si j’ai bien compris, pour nous deux, voire nous trois. « Et on choisit ensemble, pour nous tous…» ai-je répété, pensif, le regard dans le vague. Je ne vois plus vraiment ma femme, je devine seulement ses contours. Sa silhouette est floue comme sur la photo d’un animal vif en mouvement. Or, elle ne bouge pas, ma dulcinée. Elle ne me quitte pas des yeux durant les quelques secondes qui s’écoulent, qui pour elle, peut-être, s’éternise : «Je suis d’accord.»ai-je finalement jeté à la volée après une longue discussion avec moi-même. «Présenté comme ça, je trouve même que c’est une bonne idée, une idée fiable…» Ma jalousie maladive s’offusque déjà : elle essaie de dresser une liste de critères à refuser d’emblée : les hommes trop jeunes, trop beaux, trop forts et physiquement qui pourrait l’attirer. Ma raison s’échine à la raisonner, je ne voudrais pas être contre-productif. Pas de lauriers à remporter si je crache sur sa pertinence et sur son empathie. «Mais, tu peux pas me promettre qu’il t’arrivera jamais rien et, sans toi, je ne respire plus.» Aujourd’hui, j’enclencherais le mode survie pour Micah. Hier, j’aurais choisi une douce façon de mourir. Dans l’eau, sans doute. En pleine plongée, là où le silence apaise, où le silence est une invitation à la mort. «Alors, je voudrais que tu continues à être prudente, comme maintenant, que tu restes consciente que tu n'es pas superwoman, même s’il y a des types qui te collent aux basques… et même si, maintenant, tu sais utiliser une arme. Pour ma part, je ne pense pas avoir besoin de qui que ce soit, mais je ne suis pas non plus un surhomme, alors, oui, c'est ok. Et je peux aussi te dire que je serai prudent. Pour Ruth et la petite, je me fiche de ce qu'il coûtera, mais on durcira nos critères, oui ? » Et, pour cause, cette option m'aidera à mieux dormir la nuit. Si elle s’habillait de quelque cauchemar, je m’efforcerai à me rappeler de la douceur de ses baisers sur mon front, au coin de mes lèvres et sous mon oreille. Je me souviendrai que j’ai répondu par deux pour ses paupières, un pour le bout de son nez et un dernier pour flatter son menton offert avant que mon visage ne se perde dans son cou.
«Normalement, c’est le moment où on va prendre un bain, bien chaud, tous les deux, pour se détendre… la baignoire est plus petite qu’au loft, mais… si j’en fais couler un, tu me rejoins ? » Ma bouche remonte l’itinéraire de son menton à ses lèvres qui dépose des friandises aussi légères et sucrées que des meringues françaises. « Puis, peut-être que tu oublieras de nouveau combien je t’aime et qu’il faudra que je te le rappelle.» N’est-ce pas, avant de nous endormir, un de ces moments que j’aurais pu juger propice pour partager avec elle le soulagement de cette réconciliation, de cette armistice signée à deux mains avec une plume d’encre indélébile ? Permettre à nos corps de se retrouver, plus tendrement qu’à son arrivée, pour mieux s’endormir et ensuite jouir du plaisir de nous réveiller côte à côte ? Je le crois, oui. D’antan, jamais je ne me serais posé la question et qu’elle me traverse l’esprit éteint quelques secondes la lueur de malice qui pétillait dans le fond de mes yeux. Ce soir, l’émotion m’a submergé et moi… moi, j’aurais eu besoin de partager l’accalmie avec elle, de la fêter sans avoir à demander l’autorisation ou, si je n’extrapole pas, à me demander si elle s’interroge sur ce que je suis en train de compenser ou non. «Tu sais, boire ne me manque pas… pas tant que ça en tout cas. Pas comme je l’imaginais. Mais, quand j’y pense, c’est toujours lié à une émotion.» ai-je avoué prêt à lui démontrer ma théorie à défaut d’entrer dans de grandes tergiversations.
| Sujet: (amelyn #96) i drank every sky that i could | Amos Taylor
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| Rechercher dans: logements Sujet: (amelyn #96) i drank every sky that i could Mer 28 Fév 2024 - 10:14 | I DRANK EVERY SKY THAT I COULD
D’aucuns n’aiment présenter des excuses. L’exercice exige beaucoup d’humilité, mais aussi de courage. Dire “pardon” ne signifie en rien qu’il sera accordé. N’est-il pas davantage l’affaire de Dieu que celui des Hommes ? Raelyn n’en est-il pas Un ? Ce statut lui accorde le droit d’être faillible, comme tous, mais néanmoins rancunière, et ce qu’importe la noblesse et l’ampleur des sentiments qu’elle nourrit pour moi. J’en suis conscient et je puise dans quelque trait d’esprit le cœur utile à me jeter à l’eau sans vérifier la température. Si elle est trop chaude, je me brûlerai avec collé à la peau le mérite “d’avoir essayé”. Si elle est trop froide, je gèlerai sur place sous le joug du dépit, de la fatalité : j’ai exagéré. J’ai poussé le bouchon si loin que l’ôter de la bouteille est impossible et Dieu que ça fera mal. Prétendre que j’en crèverais n’est pas un euphémisme. Respirer sera un automatisme pour honorer Micah d’un père, car j’avancerai dans la vie tel le robot mal programmé que j’étais avant de rencontrer Raelyn. Raelyn. Elle me garde dans ses bras, elle joue avec mes cheveux, massant mon crâne pour me rassurer ou me garantir toute son attention. Moi, au plus je parle, au plus je la dévisage sans baisser les yeux. J’accepte de me noyer dans les émotions du jade de son regard arrondi par la concentration. Certes, j’ai crains la noyade, mais il y a de la douceur dans ce qu’elle me détaille en quête de sincérité ou pour ne rien rater de mes aveux. Les mots ne sont pas voués à l’émouvoir, mon épouse. Somme toute, elle ne désavoue jamais mes efforts d’éloquence dès lors que la situation m’escagasse tant que je croule sous le poids de ma culpabilité et de la nécessité de m’en laver pour nous réparer, ma conjointe et moi. Me justifier relève du besoin si bien que je ne tergiverse pas, je cible les essentiels pour atteindre ma cible avec de bonnes intentions. Bien sûr, je n’ai pas le loisir d’expier mes fautes en deux phrases : je les ai amassées tel le petit Poucet ses cailloux et à l’instar du personnage, je les ai semés à mesure que les jours s’écoulaient pour des raisons attentatoires à la dévotion de mon épouse. J’en suis conscient et, pourtant, alors que ses lèvres se pressent contre mon front, que je devine son émotion parce qu’elle a dégluti plus fort, trop fort pour en être dépossédée, je ferme les paupières. Je les clos en me demandant, injustement, si elle serait prête à se sacrifier pour moi. N’est-ce pas idiot, je ne l’attends pas d’elle. Je crois que je suis simplement déçu qu’elle émette des réserves, non sur ma sincérité, mais sur l’authenticité des causes à cette débâcle. J’en soupire, attristé. Je ressers mes bras ceint autour de sa taille pour me soigner de ma déception au contact de sa peau contre la mienne. «Je n’ai rien fait pour que tu ne le penses pas. Mais croire que ce n’est pas ce que j’ai voulu, ce n’est pas suffisant pour moi.» me suis-je dolenté dans un murmure, un souffle qui a caressé la peau de son visage parce que si elle m’a interrompu de temps à autre, ce n’est par indifférence si plus tôt je n’ai pas réagi. J’étais accroché au fil d’Ariane qui me conduisait vers son coeur, celui qu’il n’était pas à attendrir, mais à consoler et qui m’interdirait, normalement, d’imposer quoi que ce fut comme preuve d’indulgence. Mais quel péril subirions-nous si, dans ces instants bénis par la passion et magnifié par la tendresse, terres de toutes les confidences, je trichais sur mes ressentis ? «Tu ne voulais pas d’un homme malléable, je ne voulais pas d’une femme dépendante de moi. Mais, j’ai vraiment besoin que tu sois certaine que si je t’ai donné l’impression du contraire, c’était une erreur. Une erreur liée à la situation et pas à ce que je veux ou que j’aurais voulu et sur lequel je me serais trompé. C’est important pour moi.» C’est fondamental puisqu’à l’inverse, les fondations de notre couple, cependant faites de ciment et de briques, et non de bric et de broc, se dédierait d’être solide : il ne serait plus qu’un château de cartes et ça me terrorise, réellement, tellement que les battements de mon coeur, en proie à la panique, accélère dangereusement.
Le sien l’entend-il, son faro ? Cette complainte sur ce sort dont je suis l’unique responsable ? J’ai été con, il convient d’assumer. « Et, ma colère, elle vient de ce que tu m’en voulais de m’être retrouvé en prison…ou de ce que je me le suis imaginé et que je m’en suis convaincu…. N’était-ce pas plus facile de le penser que d’admettre que mon tort résultat dans la privation du choix plus que dans le choix lui-même ? «De ce que j’avais besoin de retrouver ma place auprès de vous.» D’être bercé de l’illusion que j’avais été attendu et donc que j’en serais accueilli comme un Prince plus de quelques jours. «D’être utile près de vous parce qu’en partant, j’ai raté quelque chose. » Mes affaires comptaient moins que cette place à reprendre à leurs côtés, une place que j’ai cru devoir gagner de nouveau. « Et d’être utile ailleurs parce que te voir tout porter sur tes épaules et l’avoir elle dans mes pieds…» L’allusion revient à Ruht que je ne cite pas : à quoi bon ? La licencier aurait alourdi mon palmarès au concours de la connerie. «Elle vient de ce que je me suis senti privé de la façon la plus efficace que j’avais de gérer ce qui est compliqué…» En l'occurrence, mes émotions, mais je n’entrerai pas dans les détails, pas maintenant. N’avons-nous pas tranché dans le vif de trop de sujets délicats pour une soirée ? Je suis forcé d’en balayer de hochement de tête ou de simple «je sais» : je suis lucide sur ce que je n’ai pas que l’empêcheur de tourner en rond de son quotidien. Quelle insulte serait-ce de consentir à ce que ça soit vrai voire envisageable ? Ces quatre années durant lesquelles nous avons érigé la forteresse de ce couple sont précieuses, presque canonique de simplicité : nous aimer, protéger l’intensité, accepter notre envie de fusionner et prendre soin l’un de l’autre, toujours et encore. Dès lors, puisque je l’ai entendue et quoiqu’il me soit impossible, sans mentir, de jurer que de mon humanité découlera parfois de la douleur, je renchéris néanmoins d’un : « Jamais plus.» Jamais plus je ne tremperai dans cette forme de misérabilisme où la seule préoccupation qui vaille est soi-même. Je m’y refuserai pour l’avenir : ça n’aurait pas dû exister. Un “jamais plus” que j’ai ponctué d’un «Ne me lâche pas.» Pas maintenant. Le réconfort tiré de son corps nu encore et toujours pressé plus fort contre le mien est une couverture pour mon âme, un plaid aux coutures cousues d’or. «Et ne me juge pas, s’il te plaît. Pas trop sévèrement.» ai-je imploré dans ces chuchotements derrières lesquels se dérobent peur et aveu de faiblesse. Ô, je n’en crains pas véritablement les conséquences. Je m’agrippe à ma dignité parce que survient l’heure pour ma compagne de digérer.
Elle assimile et je l’y aide en la gratifiant d’un silence que j’espère louable. Je le lui offre, paupières closes, mon nez glissant contre son menton. Je cherche aussi le velours de sa peau pour la flatter de baisers délicats, pour la louanger de ce qui m’étouffe : ce mélange de l’incandescence de notre amour, cette certitude qu’elle est ma raison de vivre, de ce désir le plus cher qu’en effet nous ne nous blessions plus, la terreur d’être dissocié d’une façon ou d’une autre à cause d’un pied de nez du destin. Y songer me paralyse et, malgré tout, j’ouvre et dépose mes yeux sur ses lèvres qui s’animent avant de me décaler légèrement pour cadenasser ses pupilles aux miennes. Elles tremblent, un rien. Elles rencontrent des difficultés à se fixer puisque je l’écoute avec l’adoration d’un prêtre, mais que je ne sais comment interpréter l'entièreté du développement de ma dulcinée. «Et c’est ce que je veux : que nous soyons l’un à l’autre et l’un avec l’autre. C’est ce qu’on voulait, c’est ce que je veux toujours.» Mon regard hurle : “pas toi ?” tandis que je la dévisage. «Et je sais que je ne pouvais pas te garder avec moi tout le temps, que tu as fait tout ça pour nous, pour Micah, mais aussi pour moi, pour ce que j’ai essayé de construire…» Motivé par cette obsession d’être à la hauteur de ses espérances, qu’elle ne désaime pas, ma complice. «Mais moi, qu’est-ce qu’il me restera quand je te regarderai droit dans les yeux quand tout sera fini ? Qu’est-ce que tu verras, Rae ? » me suis-je enquis, incapable d’élever le ton au-delà du “bruissement” semblable à celui du vent d’automne dans les branches d’arbres aux feuilles mortes. Le volume n’augmente pas alors que je reçois de sa bouche une déclaration et cette promesse que je suis bel et bien pardonné. «C’est pas ce que j’ai voulu parce que moi aussi, je t’aime, plus que ce que ces derniers mois ont pu montrer. » ai-je renchéri, m’ajustant sur le divan pour me saisir de ses joues que je caresse de mes pouces. «Mais, je te jure que tu as toujours été ma priorité. Toujours. Ca ne changera jamais ça, même quand je suis un vieux con. » Dieu que j’aurais aimé accentuer le propos d’humour, d’offrir un clin d’oeil pour appuyer la vérité. A mon sens, il aurait été mal venu et je me suis abstenu. Je l’ai réprimé à la faveur d’un baiser sur ses lèvres parce qu’elles me narguent, que je les ai désirées autant que d’être absous de mes pêchés d’égoïste et aussi d’orgueil. Nous ne l’évoquons pas, cet aspect de mon attitude. Rae, elle choisit seulement de se focaliser sur un autre et, cette fois, c’est moi qui ai manqué d’avaler ma salive de travers. «Ce que j’ai dit, là, ça n’a rien à voir avec le genre de femmes que tu es et que je veux que tu sois. Je ne parle même pas de ta capacité d’assurer seule ta sécurité.» ai-je tenté de me défendre, veillant à ne pas utiliser l’argument de ma colère pour me justifier. Là encore, je ne servirais pas mes intérêts, pas plus que je ne ferai honneur à mon réel moteur. «L’épisode de la boîte de nuit, ton overdose, surtout ton overdose, faut le vivre, Rae. Ce que j’ai ressenti, ce jour-là, il faut le vivre pour le comprendre et tu l’as vécu. Croire que vouloir t’imposer Callum était une façon de te couper les ailes, c’est minimiser à quel point j’ai eu peur, et pas seulement pour toi, mais pour moi aussi, peur de te perdre.» J’ai remué mon embarras sur mon canapé. Mon sentiment d’injustice s’est peint sur mon trait : la dissimulation est aussi vaine que la perte de mon envie de me battre. Je suis tout bonnement éreinté parce que j’ai été privé du droit d’avoir des émotions, des angoisses qui débouchent sur des obsessions. Alors, j’ai haussé les épaules et j’ai abdiqué sans combattre. : «Si tu as besoin de ça pour répondre à un besoin d’équité parce que je n’en aurais pas fait assez, j’aurai moi aussi des gardes du corps.» J’ai forcé un sourire, non pas que le compromis ne le soit pas, équitable, mais parce qu’il ne tient pas compte de mes émotions et n’est-ce pas ironique finalement ? Il m’est reproché de ne pas considérer les siens, reproché au point qu’elle me fuit, bien que je ne m’exempte en aucun cas que mon excès l’y ait poussé. Si c’est mon lot et compte tenu que je ne suis pas en position de négocier, je capitule d’un : « Si tu considères que tu es une surfemme du haut de ton mètre cinquante et que tu n’as pas besoin d’être protégée hormis par des gens avec lesquels tu travailles et qui sont animés par l’appel de l’argent plus que par la loyauté, alors inutile de t’encombrer de qui que ce soit d’autres pour assurer ta sécurité parce que je n’ai pas besoin d’un pis-aller pour satisfaire des peurs tout à fait justifiables. » Et qu’elle aurait tendance à oublier… Est-ce un excédent de confiance ? « On fera comme tu voudras si c’est ce qui te donne l’impression de rééquilibrer la balance de l’équité. » A ce stade, le débat est clos : je n’ai pas l’impression d’avoir mon mot à dire, si bien que je me contenterai de repousser la frustration et d’apprécier son retour à mes côtés jusqu’à ce que Micah rentre, cette enfant à laquelle je dévouerai tout ce que je suis parce que c’est plus sain, finalement. En tout cas, ça devrait l’être ou ça doit le devenir.
| Sujet: (amelyn #96) i drank every sky that i could | Amos Taylor
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| Rechercher dans: logements Sujet: (amelyn #96) i drank every sky that i could Sam 24 Fév 2024 - 18:02 | I DRANK EVERY SKY THAT I COULD
Si mon coeur bat trois battements supplémentaires par secondes, ce sont les raisons qui me poussent à réclamer une pause avant de libérer la prisonnière de ma passion. J’ai à retrouver mon souffle. J’ai à savourer cette quiétude nouvellement retrouvée tandis que je réalise ô combien elle m’avait manquée. Et, bien entendu, j’ai à tirer mes pieds de mon survêtement sans trébucher, sans chuter et ainsi nous blesser, ma complice à moi, quoique la scène aurait le mérite d’être amusante. Je crois que, d’une certaine façon, elle l’est : je me trémousse pour desserrer l’élastique de ma cheville libre. Je remue avec plus d’énergie pour contourner le bracelet à ma cheville sans être tenté de persifler des insultes à destination du gadget que j’ai désigné coupable de toutes mes erreurs. La vérité, c’est que rien ne peut ternir le sourire béat collé à mes lèvres. Quant à mon humeur, elle apparaît imperturbable maintenant que je savoure, à la table d’un étoilé, le vin de la jouissance. C’est une vendange tardive : il est sucré et le dégusterai jusqu’à la lie. Aussi, débarrassé de mon training, non sans avoir failli provoquer une catastrophe - une à deux fois, j’ai manqué d’équilibre -, je me désole par anticipation du divorce de nos peaux quand ma dulcinée reposera sur le sofa. Je m’en suis attristé en toute discrétion et, plus justement, pas très longtemps : elle me garde à ses côtés, mon épouse. Elle veille à créer entre nous le moins d’espace possible, ces espaces où l’air frais s’infiltre et nous arrache des frissons pour de moins belles raisons que les délices de nos plus brûlantes étreintes. Je me souviens qu’allongé à ses côtés, j’ai regretté que nos étreintes ne soient pas tout aussi brasillante et, par conséquent, réconfortante de chaleur pour nos coeurs si souvent meurtris, non pas depuis mon incarcération, mais à l’heure heureuse et triste à la fois de mon sevrage. Je ne déplore pas d’être un homme sobre, un homme “de bien” selon les bien-pensants qui jugent que le fumeur ou l’alcool dégage une espèce d’aura crasse qui ternit la lumière des êtres pourtant brillants. En étais-je ? En suis-je encore ? Ai-je un jour compté parmi ces hommes intéressants malgré ce parcours peu enviable qui brise les ailes ? Qui arrachent des plumes ? Qui n’a pour embellie qu’un enfant pour lequel on tremble ? Qui, au terme d’une semi-rédemption, ne garde de ses traumatismes qu’une panoplie d’angoisses ?
Elles, elles ont la forme d’un étau aux mâchoires puissantes qui serrent ou desserrent le cœur et l’estomac selon le bon vouloir d’un bourreau dont le visage nous est cruellement familier : il nous ressemble trait pour trait. Sa sueur pue les relents gras de nos échecs et c’est eux qui, peu à peu, grignotent ce bien-être gagné d’une étreinte bien méritée après ces montagnes que mon épouse et moi - et, cette dernière a raison, notre bébé aussi - avons été forcé de gravir à l’instant où je me suis transfiguré en sale con égocentrique. Non. En vieux con. Vieux parce que mes défauts sont des esses de bouchers. Elles se sont ancrées en moi, se sont enfoncés dans ma chair au point que l’idée de prononcer des excuses équivaut à une épreuve, une épreuve repoussée par la chance de les repousser parce que nous déposons, l’un après l’autre, quelques pions sur l’échiquier qu’aura été et qui aurait dû rester notre relation. Mais, jouons-nous encore assez souvent ? Sur l’heure, si je répondais à sa question, si j’acceptais de la convaincre par le verbe quand les gestes sont plus évocateurs, est-ce que je ne passerais pas à côté d’une occasion de nous amuser ? Devrais-je en conclure que nous sommes devenus un couple banal ? Ennuyeux ? Routinier ? La routine rassure bien des couples. Moi, elle m’effraie. Aussi, après m’être accordé quelques tiquetés d’horloge pour peser ce qui relèverait de la chance ou du contraire, j’ai peint mes intentions d’un «Non.» moins ferme que goguenard. « J’ai besoin de mon quota de mots.» A une époque, elle parlait de compteur qu’il lui fallait remonter régulièrement pour que nous menions à bien une discussion aux allures de dispute. Aujourd’hui, cette ère est révolue. Il me plaît toutefois de feindre pour rétablir les règles d’un jeu collaboratif duquel nous sortirons tous deux vainqueurs puisqu’il fait bon à l’intérieur de notre bulle, la températur grimpe vite quand nos corps ont rassemblé assez d’énergie, non pour l’entretenir, mais pour la faire exploser d’un trop-plein de convoitise à consommer, cette fois, avec les honneurs exigées par l’amour, l’amour qui exigent que l’on s’amignardent pour retenir la nuit jusqu’à l’épuisement de nos corps et non par la faute du temps qui passe. «Et j’ai à dire.» A commencer par cette certitude : jamais je n’ai essayé d’écraser mon épouse. «Je veux pas que tu le saches, je veux que tu en sois sûre. Je voudrais que tu sois prête à parier ce que tu as de plus cher sans avoir peur parce que tu sais que jamais je n’ai voulu prendre le contrôle sur toi, même quand j’ai dit le contraire.» L’allusion ne concerne pas uniquement que Callum. J’ai honte de l’admettre : notre amitié était sincère. En outre, je l’ai utilisé à la faveur de mon anxiété et c’est honteux au regard de ce que je le respecte en tant que frère d’armes et de ce que j’aime mon épouse dans toute son indépendance. «Tu pourrais le faire ?» Aurais-tu peur de plonger tout entière dans un brasier parce que tu nourrirais la certitude que tu ne brûleras pas, mon regard plongé dans le sien a-t-il traduit par son intensité ? «Moi je pourrais.» Elle a les reins pour prendre soin de toute sa famille, Rae. «Mais, j’ai besoin de savoir que l’inverse existe parce que j’ai oublié et c’est de là qu’est venue ma colère.» En était-elle réellement la cible ? Pas tout à fait. Somme toute, je n’ai pas à être le juge et la partie des conséquences de mes émotions. «La jalousie, Rae. J’ai été jaloux que tu puisses bouger, sortir, travailler, avancer, me soutenir quand je suis inutile et que je ne te sers à rien.» Quand j’ai décidé de l’avoir été dans la majorité du temps. L’exception ? Envoyer Abe visiter quelques bâtiments pour moi, mesure destinée à me racheter une conduite aux yeux de Raelyn et non d’avancer par ambition. Je n’en manque pas comme d’antan. Je le répète, j’ai envié mon épouse et la cause est évidente : j’ai été bridé dans ce qu’il m’aura été possible de gérer mes émotions avec et en elle, grâce à elle, parce qu’elle me l’a reproché pendant mon sevrage. «A part te tenir compagnie la nuit parce que tu n’aimes pas la solitude.» La description est réductrice : j’en suis conscient et je m’empresse de la corriger : il est une nette différence entre les horreurs chantées par mon ire et la réalité de mon couple. «J’ai été heurté, à un moment donné, par des faits que j’ai choisis de garder pour moi jusqu’à ce que ça gangrène. Mais, rien de tout ça ne justifie ce que j’ai fait. Ce n’est pas le “mais” à tout ce que je vais te dire maintenant. Pas de mais. Juste moi qui ai peur de ne plus faire partie de l’équipe à cause de choses dont tu n’es pas responsable, qui sont là, en moi, mais que je n’aurais jamais dû faire peser sur tes épaules. Alors, je m’excuse vraiment, Rae.» J’ai inspiré goulument pour oublier toute la vulnérabilité à dire “pardon” dans son plus simple appareil.
Je me rappelle m’être demandé si enfiler mon t-shirt n’aurait pas été à propos au moins pour ma fierté, mais qu’est-elle devenue aujourd’hui ? Qu’est-elle quand je puise mon courage au contact de la peau nue de mon épouse et non d’une arme cachée à l’arrière d’une certaine ? D’un couteau planqué dans une botte ? De la force naturelle d’un poing entraîné par une formation voué à apprendre à défendre ou à attaquer selon le cas ? Qu’est-ce que cette nudité quand, le dos appuyé contre le dossier d’un sofa et quand Raelyn, ceinturée entre mes bras, me dévisage de son regard expectatif et rempli de l’espoir que, cette fois, je trouverai les bons mots non pour l’endormir (je ne suis bonimenteur, elle sait que chacun sera donc sincère), mais qui lui prouveront que j’ai compris, que je les ai comprises, elle et ses émotions ? « Je n’avais pas le droit de te faire payer de me sentir inutile sans rien faire pour que ça change ou en faisant semblant. Je n’avais pas le droit de me regarder moi parce que c’était moins douloureux que de te voir toi et ce que j’étais en train de faire de nous. Je n’avais pas le droit de te chercher des noises au sujet de la lettre que j’ai écrite, à propos de Ruth parce qu’elle a été là quand moi j’ai décidé de partir sans te demander ton avis…» Et, même si je n’entrevois ces faits comme une fatalité, ma partenaire n’avait pas à le payer sous prétexte qu’elle a défendu sa légitimité à s’exprimer, à décider avec moi. «J’aurais pas dû vouloir la virer sans penser à Micah parce que je la voulais pour moi toute seule, te tirer la gueule parce que tu partais bosser parce que tu n’avais pas le choix parce que j’avais décidé que je te voulais avec moi. J’ai été petit, bas, mauvais. J’en voulais à la Terre entière, mais il n’y avait que toi pour m’écouter et j’ai oublié de faire de toi mon alliée parce que c’est ce que tu as toujours été. Je m’en veux de ne pas avoir réussi à te le prouver, à te le montrer, à ne pas te faire douter qu’au fond je le savais, que je l’ai toujours su que tu étais avec moi. Je suis désolé parce que j’ai essayé de faire de mes obsessions, tes besoins, et ce n’était pas juste.» Ce qui ne signifie pas que je n’envisage pas forcément d’avoir un autre enfant, mais je ne suis plus réellement certain de la pertinence de l’envie. «Et, surtout, je suis désolée de t’avoir fait la guerre à toi au lieu de la faire avec toi parce qu’il y avait des solutions que je n’ai pas voulu entendre, parce que ça m’arrangerait bien et pour des mauvaises raisons. Je suis désolé d’avoir trouvé de l’intérêt à chacune de nos disputes parce que d’une certaine manière, elle me rassurait. Je n’ai pas de problèmes avec nos conflits. » Pour être honnête, je n’en ai pas tant que je n’ai pas la sensation de la perdre. «Parfois, j’en ai besoin, mais quand la limite entre ce qui est sain et malsain est mince. Là, rien n’était sain. J’ai passé mon temps à te faire du mal, et pas seulement là, parce que j’ai tout cassé, même si ce n’est pas normal vis-à-vis de la petite, de toi et que je m’en veux beaucoup. J’ai passé mon temps à et faire du mal parce que j’ai saisi chaque occasion de voir en moi une victime en oubliant que toi aussi, tu en étais une, la mienne et celle de la situation. Alors, si un morceau de toi pense que je t’en veux pour la prison, pour Lou parce que c’est l’impression que j’aurais pu te donner, je te promets que c’est faux. J’ai juste pensé qu’à ma gueule et c’est ce que j’ai essayé de dire tout à l’heure : j’ai pas signé pour ça. c’est pas ce que je voulais pour toi quand on s’est marié. J’ai toujours voulu faire de toi ma priorité et je n’aurais jamais dû l’oublier. Je n’aurais pas dû t’oublier. » Un instant, j’ai baissé les yeux, non pour fuir l’intensité des siens, mais pour réfléchir à ma conclusion : convient-il d’ajouter un “je suis désolé” ? Non ! Je pense que, si je me fie à cette éloquence innée qui n’existe que dans les heures critiques de notre histoire, la formule idoine est et sera : «Et j’espère que tu pourras me pardonner.» Elle ne me le doit pas, ma femme. A sa place, je crois que c’est le moment précis que je choisirais pour rétablir cette équité à laquelle je tiens, mais que le mariage et l’arrivée de Micah ont réduit à peau de chagrin.
| Sujet: (amelyn #96) i drank every sky that i could | Amos Taylor
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| Rechercher dans: logements Sujet: (amelyn #96) i drank every sky that i could Ven 9 Fév 2024 - 18:01 | I DRANK EVERY SKY THAT I COULD
Plus tôt, alors que j’avais Rhett assis dans mon divan aux coussins crevés et que je le suppliais du regard de commettre ce que toute femme indépendante condamnerait au nom du féminisme, je n’aurais pas misé un kopek sur l’éventualité d’un oui. Après qu’il soit parti, j’ai entamé la relecture de mes comportements depuis mon arrestation et mon assignation à résidence. Juste avant que Raelyn ne soit déposée à mes pieds - ou presque - j’ai deviné quelle serait sa colère puisque mes réflexions, loin d’être achevées, ne m’ont rien appris de glorieux par rapport à mon attitude. A présent qu’elle se tient à quelques centimètres de moi, que dressée sur la pointe de ses pieds, son souffle de colère caresse le haut de mon torse. Maintenant qu’elle plonge un regard de défiance dans le mien, la raison s’éteint au profit du désir. Je ne songe plus à lui présenter des excuses parce que je conçois depuis peu qu’elle les mérite. Non. Les images que je croque au fusain dans mon cerveau d’homme primaire sont plus lubriques que catholiques. Je la déshabille en la dévorant des yeux. Je lui fais l’amour avec la fougue sans l’avoir touchée autrement que de mes pupilles avides d’un contact avec sa peau. Tout prêt à intercepter ce geste qui survient - évidemment, qu’elle m’aurait giflé de sa main baguée -, je jure que j’ai tenté de me contenter de la proximité de mes doigts autour de ses poignets tandis que je la tire à l’intérieur. Je distribue déjà les ordres : je suis grisé par une bêtise, je l’aurais été en la saisissant sagement par la main. La cause est évidente : j’ai eu peur. J’ai eu peur de la perdre, pas tant parce qu’elle est partie pour protéger notre fille de mes accès de rage, mais parce qu’elle a coupé court à notre appel trop abruptement pour mon cœur souffreteux. Nous n’avons pas réussi à nous comprendre et à nous apaiser mutuellement afin d’aboutir, au terme d’une conversation, sur ce qu’elle et Micah rentrerait auprès de moi dès le lendemain matin. Je l’avais espéré pourtant. Qu’un quelconque dieu m’en soit témoin, je n’ai pas fomenté de plan dont le but consistait à faire l’amour sur des malentendus parce que c’est pratique, parce que nous maîtrisons ce langage mieux que les autres : nos corps se comprennent. Mon dessein n’était pas non plus conçu autour de ce baiser que je vole plus que je n’offre et qui transpire de notre passion. Elle équivaut toujours à ce feu qu’une tempête ne pourrait éteindre. J’ai douté. Après l’épisode compensatoire pendant mes mois en tant qu’abstinent à l’alcool, je crois m’être convaincu que si notre couple n’est pas encore calqué sur ceux qui prennent rendez-vous pour s’ébrouer dans leur chambre conjugale, Raelyn reprenait, qu’elle prélevait d’entre mes doigts un de mes privilèges, qu’elle s’était lassée, que notre “flamme” ne nous léchait plus les pieds jusqu’à nous faire bondir l’un sur l’autre sans préavis, par amour, par dévotion, parce que notre relation n’est pas le fruit d’une tocade, mais relève d’une évidence. Et, celle-là, elle se pose là, entre elle qui feint de se débattre alors que je la coince entre moi, fou de désir, et le mur adjacent à la porte d’entrée.
Il nous sert de mur de soutènement et je ne m’en cache pas. J’annonce la couleur de ce que je serais incapable d’être moins trivial. Mes inspirations hache mes avertissements. Mon cœur bat si vite et si fort qu’il menace de quitter mon torse. Elle l’entend, j’en ai la conviction. Il invite le sien à se calquer sur son rythme, à battre de concert avec le mien, celui qui chuchote à son complice de ne pas résister à l’appel du pardon s’il ramage en ma faveur. A-t-il obéi ? Son pouce caressant ma joue est-il la preuve qu’il accepte de collaborer à transformer cet instant, somme toute nécessaire, en souvenir que nous n’oublierons jamais ? La déduction me plaît. J’aime davantage que sa bouche fonde sur mes lèvres pour ennoblir l’étreinte de son consentement. Je l’ai ignoré pour qu’on me la conduise. Mes audaces s’arrêtent ici, au pied de cette silhouette que je convoite de tout mon être, celle que je connais par coeur, mais que je découvre toujours avec la même curiosité de peur qu’il m’échappe un secret, de crainte d’avoir oublié de ramasser la clé du portail qui ouvre la voie vers les délices de la chair. Un portail : il est immense, bien plus que je ne m’étais imaginé. Je me suis figuré que, sous son short de nuit, aucun bout de tissu n’entraverait mes gestes enhardis. La déconvenue se lit sur mon visage. Quant à Raelyn, elle ne bride pas sa joie : ses lèvres contre les miennes fendent ses traits. Elle me nargue et m’entraîne avec elle. Certes, je suis frustré. Je n’en reste pas moins émoustillé par l’enjeu : l’effeuiller sans la reposer maintenant que ses cuisses se sont serrées autour de ma taille et que ses menottes ceignent mon cou. Une chance que je sois créatif : a force d’une patience toute relative, j’ai surmonté la difficulté et ma fierté est telle que je fais fi de douceur et manière. J’assois mes droits sur mon épouse avec une telle impétuosité que sa surprise me ravit. Elle m’enhardit et, au plus je la sens à moi, au plus juste chante son plaisir au plus je perds pied avec la réalité. Sans ses ongles griffant mon dos, sans ma bouche se baladant tantôt dans son cou de cygne, offert en sacrifice à ma concupiscence, sans mes dents mordillant ou mes lèvres flattant sa poitrine soulevée par sa respiration, j’aurais oublié jusqu’à mon prénom tandis qu’un tsunami d’euphorie me submerge. Bien sûr, je suis en sueur. En outre, la part la plus douce de ma personnalité déplore toujours mes élans de bestilaité qui, pourtant, me laisse un peu gourd. «Laisse-moi deux secondes.» l’ai-je donc priée, me repaissant d’un premier émoi qu’elle dissimule dans mon cou réchauffé de son souffle et d’un second qui tremble entre mes main puisque je consacre le reste de mes forces à la soutenir par l’arrière de ses cuisses galbées. Mon pouce les caline et, au terme d’un minute trop courte pour que je recouvre mes esprits, j’obtempère enfin.
C'est lui rendre les rênes, à ma dulcinée, de l'allonger doucement sur le fauteuil en lui subtilisant un baiser léger. C’est sans protester que je la laisse m’attirer à elle, contre son corps toujours vêtu. Sans surprise, je le regrette et, comme elle, je répare. Elle me débarrasse de mon t-shirt, je la déleste de son sobre déshabillé. «J’ai toujours été prêt à tout pour ça…» Pas le sexe brute consommé sans sommation. Mon allusion est consacrée à ce que j’adore que mes poils se hérissent pour un peau à peau. «Et j’aurais réveillé la Terre entière pour ne pas avoir à passer une nuit de plus sans toi.» lui ai-je volontairement chuchoté. C’est l’heure où nous façonnons notre bulle, celle que rien, à part nous, ne peut faire exploser, celle où les confidences deviennent monnaie courante sans que vanité et pudeur ne nous retiennent. « Je ne te demanderai pas.» Derrière mon chuchotis se dérobe de la fermeté. «Parce que si tu dis oui, je vais devoir tirer une croix sur tout ce que j’avais prévu au cas où tu t’étais montrée difficile à convaincre.» Je me suis relevé au milieu de l’aveu pour lui décocher un sourire coquin - oui, mon ego me susurre que j'ai été à la hauteur de mes ambitions - et franc : je sais ce qu’elle attend et, si je n’ai rien promis, j’ai affirmé et, à l’abri derrière les restes de notre parenthèse charnelle, j’ai prononcé quelques mots évocateurs. «Je te dois des excuses. Un paquet. Et je les ferai…» Même si on en a pour la nuit. «Même si je pourrais résumer ça en : désolé d’avoir été un gros con. Un connard même.» Quoique ma tête reposait sur son épaule, j’ai changé de position. J’ai veillé à ce que ma conjointe contre le dossier pour la tenir entre mes bras. Elle est si petite, si menue et à la fois si éclatante de charisme et de tempérament. « Par exemple, je pourrais déjà te dire que ma réaction à la prison, pendnat la première visite, elle était injuste. Je n’aurais pas dû partir. Je n’aurais pas dû me battre parce que je me doutais que je pourrais finir à l'isolement. J’ai été égoïste et je regrette.»Pour ne rien oublier, il vaut mieux procéder avec méthode. «Je t’ai fait mal et je m’en suis fait aussi. Et, avant de continuer, j’ai besoin que tu promettes que tu sais que je n’ai pas fait tout ça pour t’écraser. Ma colère n’a jamais été dirigée contre toi. Dis-moi que tu le sais.» ai-je surenchéri, mes doigts plus disciplinés dessinant de son épaule à son coude de jolies arabesques. «Après, je te prouverai que venir te chercher était plus qu’un caprice.» Bien que les premières lignes de ce chapitre aient ramolli mon coeur durci par ma rage, c’est indéniable.
| Sujet: (amelyn #96) i drank every sky that i could | Amos Taylor
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| Rechercher dans: logements Sujet: (amelyn #96) i drank every sky that i could Dim 4 Fév 2024 - 22:34 | I DRANK EVERY SKY THAT I COULD
Les yeux rivés sur l’horloge mural du salon, j’ai klaxonné le sol comme un taureau derrière les portes d’une arène. En attendant le mien, de soleil, j’ai tourné en rond comme la Terre autour de son étoile. Combien de temps faudra-t-il à Rhett pour me ramener mon épouse ? Est-il parti il y a un quart d’heure ? Plus ? Un peu moins ? Je me souviens avoir regardé l’heure à l’instant même où j’ai refermé la porte derrière mon ami d’enfance. Je n’ai pas enregistré l’information. Dévoué à ma hâte de retrouver ma conjointe, toute furibonde m’arrivera-t-elle, mon cerveau s’est nettoyé de ce détail au profit d’un autre plan d’action, l’étape de deux de ce stratagème qui ressemble à un rapt. Cette solution était séduisante : je n’ai pas réfléchi plus avant à ce qu’elle m’apporterait en bienfait. Ma complice, à mes côtés pour la nuit, le jeu n’en vaut-il pas la chandelle ? Que peut bien représenter la fureur de Raelyn si je peux la serrer contre moi, l’embrasser, lui chuchoter à l’oreille tout ce que je l’aime puisqu’elle semble en douter. Bête à souhait, je n’ai pas envisagé que sa colère pourrait conditionner la nuit à venir. J’ai songé à ce que reflètera son humeur dès lors que mon ami d’enfance déposera ma partenaire sur le seuil de notre porte et, ça, c’est une erreur. Une erreur de bleusaille. Ma bêtise m’attrape au collet. Ne suis-je pas de ceux qui se projettent ? De ces hommes qui ont souvent un coup d’avance ? Je m’en vante sans prétention : jusqu’ici, j’ai eu raison de mes ennemis. Rae n’en est pas un cependant. Aussi n’ai-je pas tressé la natte de mes inévitables excuses. C’est à cet instant précis que le bât à blesser et que j’ai espéré que le temps s’étire légèrement. Certes, j’ai entamé une introspection tandis que je racontais mon histoire à mon“partner in crime”. Elle n’est toutefois pas terminée et mon coeur bat tambour d’inquiétude à présent. Que peut-on avancer quand les lieux communs sont épuisés et n’ont pas fait mouche ? Quels vocables pour assainir ses joues du souvenir de ses larmes précédentes ? Je rassemble à la hâte mes esprits. J’enlève littérairement mes baskets pour enfiler les siennes et, peu à peu, s'assemblent les premières pièces de mon puzzle. J’ai transformé ma dulcinée en punching ball. J’ai prononcé des accusations que j’aurais jugées intolérables. J’ai hurlé devant ma fille et j’ai brisé ses jouets. Je me suis focalisé sur ce que son départ m’a rappelé les comportements de Sarah en oubliant qu’à l’époque, je n’étais coupable de rien. Aujourd’hui, je ne pourrais le jurer. A mesure que l’image de ma connerie prend forme dans mon esprit, je ploie sous la croix de ma culpabilité. Je chemine vers le mont Golgotha avec ma honte comme aide de camp. Je me méprise parce que je n’ai pas terminé de recenser mes injustices. Elles sont légion et je m’interroge. Lorsque j’aurai la kidnappée sous les yeux, par où suis-je supposé commencer ? Lui demander pardon ? Mais, pour lequel de mes crimes ? Ceux d’hier ou celui de cette nuit ? Peut-être est-ce le plus intelligent. La démarche pourrait être efficace si, d’aventures, j’entreprenais de m’asseoir dans mon divan aux coussins percés et d’apaiser le tourbillon d’émotions qui bouscule mes idées. Il convient de les ranger et de tirer des bonnes étagères les causes liées aux effets et de composer mon mea culpa. Je m’y colle avec la volonté des maris aimants qui ne veulent pas avoir à recoller les morceaux du vase brisé de leur mariage, mais de le ré-entouré de mousse pour qu’il ne se brise pas, jamais.
Je suis loin d’avoir terminé mon recensement lorsque mon téléphone a vibré dans ma poche. Le ravisseur et sa victime sont au bas de l’immeuble et moi, en près de trois secondes - à peine plus - je m’appuie contre le chambranle pour “rattraper le bâton de dynamite” avant qu’il n’explose. Je me suis exempté de tenir compte de son opinion. J’ai chargé un proche de la conduire auprès de moi en lui laissant pour consigne qu’elle serait contre, mais qu’il ne fallait pas en tenir compte. Est-ce que je suis prêt à recevoir derechef une gifle sifflante quand elle sera de nouveau sur ses deux pieds ? Oui. Je suis d’ailleurs au taquet, prêt à l’intercepter puisqu’elle viendra. Elle se lèvera cette main délicate ornée d’un bijou qui accentue la douleur sur ma joue. Elle, je la connais par coeur. Raelyn, elle arrive encore à me surprendre par son audace. Plantée devant moi, réhaussée sur la pointe de ses pieds nus, elle s’étire pour s’agrandir et je la trouve délicieuse, ensorcelante dans son deux pièces de soie, dans ses vêtements de nuit preuve de la sagesse d’une mère, mais qui éteint tout de même l’interrupteur de la raison dans mon cerveau. Elle est ravissante quand elle me foudroie de ses yeux verts aux pupilles dilatées par cette rage qu’elle me reproche et qui, pourtant et, d’antan, se transfigurait en passion sauvage. J’ai salué et remercié Rhett non pas avec distraction, mais de loin, de crainte qu’une minute d’inattention suffisent à ce qu’une main gauche s’écrase sur ma joue. «D’habitude, ils sont moins jolis à regarder…» l’ai-je narguée, un sourire empli de la malice du diable habillant mes lèvres, conséquence de ce que sa petitesse et chaque morceau de sa peau nue m’a échauffé.«Et moins bavard aussi.» J’ai envie d’embrasser, de mordiller son épaule, de la serrer dans mes bras et, si avant son arrivée, j’avais mille repentirs à claironner, je les reporte sur mon calendrier.
Je les prévois pour plus tard, car si je désire, je prends, parce qu’elle m’appartient et qu’elle m’en a donné l’occasion. J’aurais pu verser plus longtemps dans la sageses des pudibonds, mais la menotte est partie et, sans surprise, je l’ai rattrapée au vol. Ce simple contact, qui n’a rien de tendre, m’a électrisé et je l’ai tirée vers moi pour refermer du pied la porte d’entrée. «Pas cette fois. » lui ai-je chuchoté à l’oreille en la poussant contre cette même porte. Je ne prétendrai pas la lacher, sa main. Au contraire, je cherche à trouver l’autre pour les retenir toutes deux dans un seul de mes poings. Quant à son corps, il est entravé par le mien, celui-là même dont la respiration se saccade. Elle annonce que je perds le contrôle parce qu’elle est magnifique dans ce déshabillé dénanti de toute volupté, parce que mon imagination nous représente dans une étreinte salvatrice qui déliera nos langues sur l’oreiller. Je perds la mesure de “l’andante” du mari disposé à communiquer sous prétexte que Rae ne m’est jamais aussi ensorcelante que lorsque je redoute de nous avoir abîmé. En outre, il est ample, son short. Il l’est tellement que la déshabiller serait superflu. Ca l’est puisque ses poignets sont prisonniers de ma main quand j’en ai une de libre, une qui semble décidée à me débarrasser de mon pantalon de survêtement alors que mes lèvres fondent sur la bouche de ma femme. Je ne veux pas l’entendre répliquer, m’accuser ou réfuter. J’aspire à ce que les seuls sons sortant de sa bouche, quand elle aura le loisir de vocaliser, ne soit que l’expression la plus brute du plaisir. Je veux qu’elle se liquéfie entre mes doigts parce que j’ai envie d’elle. Je ressens, jusque dans mes tripes, l’impérieux besoin de la posséder pour me rassurer par rapport à notre avenir et, quoique j’ai l’air d’avoir été élevé en Dordogne avec les cro-magnons, je m’annonce d’un : «On s’est hurlé dessus, on s’est disputés et, j'ai pas envie de t'avoir au téléphone demain, là, maintenant, j’ai envie de te faire l’amour.» ai-je répété ses mots après les avoir inscrit en moi. Dans ma voix respire que si elle est libre de son choix, un refus ne me laissera pas indemne. «Et quant tu en auras assez de ressentir que je t’aime, alors on parlera.»Je ne le crains pas vraiment ce veto. Pour preuve, je cueille entre ses lèvres le bonbon du désir. Il est réciproque, c’est palpable et, doucement, précautionneusement - histoire de n’être dindon d’une farce que j’ai écrite en la libérant trop tôt - j’ai desserré ma prise autour de ses poignets, car s’il n’est pas question de céder les rênes, j’ai besoin de mes deux mains à l'arrière de ses cuisses pour la soulever du sol et la consommer, ici : je n’aurai pas foi de nous conduire jusqu’au salon.
| Sujet: (raelyn) never learned to raise my hand, was too busy raising hell | Raelyn Blackwell
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