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Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 YV4dgvCSujet: just like a moth drawn to a flame (loris)
Invité

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptySujet: just like a moth drawn to a flame (loris)    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptyDim 17 Mai 2020 - 23:23
JUST LIKE A MOTH DRAWN TO A FLAME
EXORDIUM.

Ainsi s’élève le vent de la certitude. L’étranger est lié à l’animatrice que je dévisage avec respect. Dans mes yeux ne brillent que la lueur de l’admiration professionnelle et de la curiosité. Mais les siens, ceux de mon interlocuteur, étincelle de la preuve d’un attachement profond. Aurais-je eu un quelconque doute que sa spontanéité à l’encenser m’a confirmé mon intuition de flic. Alors, j’ai détourné le regard  pour deux raisons : le sien pèse à nouveau sur mon profil et je n’ai pas à cœur de vexer celui qui, contre toute attente, semble interpeller par mes maigres compétences. J’irais même jusqu’à dire qu’il s’intéresse à moi puisqu’il distribue les questions, une à une, sans précipitation aucun et soucieux de comprendre… quoi exactement ? A quel genre d’artiste il a à faire ? Je ne me considère pas comme l’un d’entre eux. Moi, je me qualifierais plutôt de touche à tout et sans  trop comprendre quelle est la source de cette sensation, j’ai presque honte de l’admettre. A mon âge, ne serait-il pas bon d’avoir opéré un choix ? D’être capable de formuler une préférence nette et tranchée ? N’est-il pas logique, quand la trentaine est installée, d’avoir des objectifs et de s’y tenir ? Je serais presque rassuré d’avoir arraché un sourire à celui qui, visiblement, n’a rien d’un débutant dans son domaine. Lequel ? Je ne sais pas encore et, pourtant, je suis convaincu, maintenant que je profite d’une parenthèse pour l’observer avec attention. Cet interlude, c’est la voisine de devant qui me l’offre. On la dérange, la demoiselle. Et si, d’instinct, j’ai baissé la voix pour souligner son comportement, l’étranger m’a arraché un rire que j’aurais espéré plus discret. Il se moque de ce qu’elle pense et je crois qu’il me plait bien, le bougre. Il y a, dans son attitude, quelque chose de frais, d’authentique, de pertinent. Il m’inspire de la confiance ce qui, par rapport à mon métier, est plutôt rare finalement. Les déformations professionnelles me poussent parfois à porter sur les autres des regards suspicieux. Nous avons tous nos sales petits secrets et je ne fais pas l’exception. Or, je fais fi de mes réflexes et je lui réponds naturellement. «Le dessin, mais parce que je suis plus à l’aise avec un crayon en main qu’avec un pinceau. » ai-je admis en haussant les épaules. C’est un réflexe malheureux qui, quelque fois, réveille les blessures de mon accident, mais pas cette fois, et j’ai soupiré d’aise. Je crois même que mon visage s’est éclairé alors qu’il affirme que ma place est ici. Il ne l’exprime pas en ces termes, bien sûr. Mais, mon ego et son besoin d’être rassuré par rapport à mes passions s’enorgueillissent de l’allusion.  « Le dessin, aussi ? » Et, après tout, pourquoi pas ? J’avais ouï dire qu’un vernissage avait présenté les œuvres d’une photographe. A moins qu’il soit seulement à venir ? « Et, qu’est-ce qu’il faut faire pour ça ? » Pour pouvoir créer en ces lieux ? Là où une passionnée anime avec son âme et sa passion les artistes en herbe de l’atelier ? «C’est quoi, les modalités ? » Le prix ? L’inscription ? Faut-il présenter un book ? Le cas échéant, je n’en ai pas si ce n’est des cahiers griffonnés : je les ai tous gardés, mais le contenu n’est pas toujours bon à prendre. « Loris. » ai-je finalement ponctué en lui tendant une main tâchée de couleur. Je n’avais pas remarqué jusqu’ici. « Oh ! Désolé. » Pour peu, je l’aurais essuyée sur mon jeans s’il n’était pas griffé et si je n’étais moi-même persuadé que la mode, c’est aussi de l’art.

{@=3929}Auden Williams{/@}
Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 YV4dgvCSujet: just like a moth drawn to a flame (loris)
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptySujet: just like a moth drawn to a flame (loris)    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptyMer 13 Mai 2020 - 20:41
JUST LIKE A MOTH DRAWN TO A FLAME
EXORDIUM.

Il sourit et je m’interroge. Est-ce mon ignorance qui l’amuse ? Est-ce au contraire cette espèce de franc-parler, apanage des jeunes adultes qui n’ont pas encore quitté la sphère de l’adolescence ?  En réalité, je n’en suis plus vraiment. Je m’assume au quotidien et j’ai un job passionnant dans lequel je m’épanouis lorsque j’ai le droit de l’exercer. Et pourtant, face au discours savant de cet inconnu, j’ai l’impression de redevenir un gosse et pour cause : la conversation tourne autour de l’art. Il est rare que je confie mon penchant pour ce domaine. J’ajouterais même que, si je n’en ai jamais fait l’étalage, c’est parce que j’ai taillé les angles du rectangle pour entrer dans le moule rond de mon éducation, de ma réputation au lycée, des intendances du métier de policier. Quoi de surprenant à ce que je réfute l’éventualité d’être cadré ? « Pas vous en tout cas. » ai-je lancé avec spontanéité alors que mon regard balaie les ouailles de la salle. Appliquées, l’une d’elle s’est risquée à tourner la tête dans notre direction. J’ai d’emblée songé à ce que nos murmures – les miens. Lui, parle à voix haute - la dérangeaient et qu’elle retint, de justesse, une remarque désobligeante, une injonction au silence. Elle n’a pas osé alors que j’ai distingué dans le fond de ses pupilles cramoisies sa frustration. Je me souviens m’être fait la réflexion que l’homme a mes côtés tenaient lieu de figure éminente dans la galerie et une chape de béton m’a aussitôt écrasée. Ai-je le droit de lui demander qui il est ou il me collera sur la tête un bonnet d’âne ? Mal à l’aise, je commence à m’agiter sur mon tabouret. Je suis d’autant plus embarrassé que je n’arrive pas à suivre l’enchaînement de ses idées. Pourquoi me décrit-il l’animatrice que je trouve somme toute pédagogue ? S’est-il imaginé que ma référence au cadrage la concernait ? Un instant durant, j’ai eu envie de souligner que ma ponctuation visait une généralité, mais je me suis abstenu, persuadé que l’excuse tanguerait comme un bateau. « Elle a l’air passionnée en tout cas. Ça doit être… épuisant comme combat. Sensibiliser les pragmatiques à la beauté. » Et, j’aime ça, moi, la beauté. Elle m’impressionne et m’épate. Je la déniche partout, y compris dans les banalités du quotidien, mais je ne considère pas ce “talent“ comme un atout. Au contraire, c’est une plaie béante dans mon identité que d’être par moment aussi sensible. « Elle y arrive ? » Et, le cas échant, se décourage-t-elle devant l’échec ? L’observant avec discrétion, je me souviens avoir envisagé de ce qu’elle paraissait trop impliquée que pour baisser les armes. Elle aussi, elle m’a fascinée, si bien que j’ai dû déployer un effort pour me concentrer sur la question de mon interlocuteur. « Oh. Au départ, c’est dessiner qui me plait. J’ai commencé un peu bêtement. » ai-je initié en explications sans attendre qu’il manifeste un quelconque intérêt pour mon histoire. « Je m’ennuyais en classe. J’ai peint par la suite, à cause d’une ex, qui avait l’air de kiffer ça e ça m’a bien plus. » Une ex de quelques mois, mais ma vie amoureuse n’a rien à faire au cœur de cette conversation. « Et, j’ai essayé la poterie et ça, je kiffe. » J’ai froncé les sourcils à mesure que je me suis souvenu des raisons de mon inclination pour le modelage. « Mais, je crois que ça, c’est parce que je trouve que c’est hyper sensuel. Je ne crois pas que ça compte. » Et j’ai ricané, ce qui m’a valu une nouvelle œillade trop sombre de ma voisine de devant. « Je crois qu’on l’importune. »



{@=3929}Auden Williams{/@}
Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 YV4dgvCSujet: LORIS & IVY ▬ If I needed someone
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptySujet: LORIS & IVY ▬ If I needed someone    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptyMer 13 Mai 2020 - 20:37
IF I NEEDED SOMEONE
EXORDIUM.

J’aurais pu soutenir son regard longtemps sans faillir, mais je sais les conséquences de ce genre de jeu. Ivy me semblera plus délicieuse que jamais, ça finira dans mon lit et je pourrai dire Adieu à ma recherche d’appartement alors qu’elle m’est d’une aide précieuse. Mieux encore, la discussion déviant naturellement vers une possible colocation, elle m’apparaît aussi intéressée que je ne le suis moi-même malgré ses faux-semblants. Je doute qu’elle cherche à me doubler. En revanche, je ne suis pas surpris qu’elle occupe ses journées à se pomponner et à vider le compte en banque de ses parents… à moins qu’elle ne soit rentière. Peut-être a-t-elle des actifs et des avoirs en banque. Peut-être que je pourrais lui poser la question si ma curiosité me chatouillait. Or, s’il est vrai qu’Ivy m’intrigue souvent, j’estime que ça ne me regarde pas. Ça me concerne bien moins que la possibilité de vivre ensemble dans un appartement que je n’aurais pu m’offrir seul. « Et, tu ne le sauras pas, à moins de poser ouvertement la question. » l’ai-je taquinée à propos de mon job et en réponse à ce léger coup de pied qui frappa l’arrière de mes cuisses. J’ai ensuite récupéré sur la table sa tasse que j’ai remplie. « Sucre ? Lait ? Mademoiselle sois belle et tais-toi !  » me suis-je enquis, amusé parce tout ce que nous ignorons l’un sur l’autre. Nous sommes des étrangers en dehors de l’intimité de ma chambre – ou tout autre endroit ou nous avons consommé notre désir – et je trouve ça rassurant finalement. N’est-ce pas l’une des conditions importantes de la vie en communauté ? A moins qu’il ne s’agisse de ces règles préétablies que certains affichent sur le frigo ? Celle-là, je les énonce sans hésitation et en la scrutant pour dénicher sur ses traits, un signe éventuel d’approbation ou du contraire. Or, elle acquiesce, oralement et je suis fort aise. «  Si c’est pour s’ignorer, je continue à vivre seul. » ai-je claironné en levant les yeux au ciel. J’ai trempé mes lèvres dans mon café trop chaud également et, soufflant sur ma tasse, je l’ai écoutée avec une attention presque solennel proposé les siennes. « Pour la quatre, ça va sans dire. » Même si, au départ, ça pesait négativement dans la balance, je reconnais que ça sera particulièrement arrangeant. « Pas de jalousie et pas de crise de nerfs. Ça aussi, c’est important. » Et ça relève de l’évidence. « Si tu n’es pas trop casse-couille, ouais, on pourrait peut-être finir comme de vieux copains. Mais, personne ne tombe amoureux. » En toute franchise, je me sens à l’abri de ce sentiment depuis des années. « Ou faut le dire, pour trouver des solutions. » Comme s’il s’agissait d’une maladie et qu’il existait un traitement. « Je pense qu’on a fait le tour, sauf qu’il me faut une pièce, rien qu’à moi, qui va me servir de bureau en plus de la chambre et du dressing. Ça, c’est non négociable. Et, si c’est cet appartement que tu veux et qu’il convient à nos critères ? » Somme toute exigeant. « Tu peux prendre rendez-vous pour une visite. » L’affaire est pliée.

{@=4618}Ivy Waterhouse{/@}
Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 YV4dgvCSujet: LORIS & IVY ▬ If I needed someone
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptySujet: LORIS & IVY ▬ If I needed someone    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptyDim 10 Mai 2020 - 22:32
IF I NEEDED SOMEONE
EXORDIUM.

La question méritait d’être posée, je le lui reconnais. Tout comme l’idée de cohabiter avec ma sœur m’aurait fait réfléchir à une époque. Elle a raison, Ivy. Nous nous entendons bien et, pourtant, tandis que je dresse rapidement la liste des avantages et des inconvénients, je concède au sort qu’il a bien fait les choses. Nul doute que vivre ensemble nous aurait compliqué la vie. Leah et moi ne sommes plus des adolescents et accessoirement – principalement ? – mon épaule est un secret qu’il me faut conserver jalousement. Je n’ai pas envie qu’elle découvre le pot aux roses, qu’elle s’inquiète et qu’elle me force à subir cette intervention chirurgicale que je refuse à cor et à cri. « Parce qu’elle a déjà des colocs et que je me vois mal lui demander de la quitter pour qu’elle s’installe avec moi. » ai-je déclaré avec conviction. L’époque n’est plus aux caprices : je ne suis plus un enfant. « Parce que tu sais que j’ai un job, sûr et respectable, que j’ai de références. » Quoique non, cette partie-là de l’histoire, elle ne la connaît pas. « Et que tu n’aurais aucune chance de me le ravir sous le nez, à moins d’être un juge d’instruction ou un fonctionnaire de l’État ? » Et, pourquoi pas, après tout ? « Enfin, je dis ça, mais je ne sais même pas ce que tu fais dans la vie. » ai-je admis en réalisant que si elle appartenait à l’une ou l’autre de mes hypothèses, je rirais de bon cœur avec autodérision. Je ne l’exclus pas. J'estime sincèrement qu’Ivy a de l’esprit, bien assez que pour avoir envisagé de consacrer sa vie à de longues et passionnantes études. Je la trouve juste trop décontractée pour mener une vie aussi oppressante que celle de ceux à la carrière précitée. « Ouais ! C’est une évidence. Tu dis déjà mon…. Tu dis mon plus que ton d’ailleurs. » Et, ça ne m’ennuie pas. Au contraire, j’aime le postulat que nous nous associons pour partager un loyer. J’aime également la possibilité qu’elle devienne une partenaire de sortie appréciable. Et que dire de l’avoir à ma disposition si, d’aventures, nous ressentions l’envie de tremper tout entier dans l’océan de la luxure ? « Si c’est presque oui, j’ai une presque liste de règles. Tu es prête ? » Je me suis levé de mon tabouret pour me faire couler un café. D’un signe de la main, je lui en ai proposé un autre. Et, en attendant sa réponse – un signe de tête suffirait – j’énonce les premiers principes d’une vie commune réussie quand deux êtres de sexes opposés se lancent dans une telle entreprise. « Un, chacun vit sa vie sans rendre de compte à l’autre, mais on ne s’ignore pas. Deux, on décide d’un code à mettre sur la porte pour prévenir si on ramène quelqu’un. Trois, chacun range ses affaires et on prend une femme de ménage. On partage les frais. Quatre… J’n’ai pas de quatre. Tu as un quatre ? » Son tour de paroles était arrivé.

{@=4618}Ivy Waterhouse{/@}
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptySujet: LORIS & IVY ▬ If I needed someone    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptySam 9 Mai 2020 - 20:32
IF I NEEDED SOMEONE
EXORDIUM.

Étant donné sa réaction, je présume qu’elle est fille unique ou que sa fratrie se compose d’un larron supplémentaire. C’est peu étonnant finalement. Elle a des manies d’enfant ayant grandi sans frères et soeurs et je ne fais aucune allusion à ses goûts de luxe. Ceux-là, ils font référence à ce qu’elle est née privilégiée et je ne saurais la blâmer. Ce qui me permet d’avancer sans prendre de risque qu’elle n’est pas habituée à partager, c’est sa manie de tout vouloir, tout savoir et, de préférence, de suite, dès qu’elle l’a exigé. D’après moi, ça sous-entend qu’elle a été pourrie gâtée par ses parents et, là encore, je ne juge pas. Sa générosité peut se borner à ce qui se passe sur mon oreiller. Du reste, ça ne me regarde pas et ça ne me concernera pas davantage si nous décidons de vivre sous le même toit. Ce n’est pas qu’une supposition. Ça a l’air plutôt bien parti et je dois lutter pour me contenter de sourire face à son commentaire lorsque celui qui traîne sur mes lèvres ressemble à : “voilà ce à quoi tu t’exposes en visites de courtoisie“ « Ils vivent tous à Brisbane, oui. Mais, celle que je vois le plus, c’est ma sœur. Ma petite sœur. » Autrement dit, elle sera susceptible de la rencontrer tôt ou tard si, d’aventures, j’interprète bien son intérêt pour mon futur appartement. Au moins, avons-nous des critères communs : dressing, deux salles de bain et une terrasse plein sud. Ce n’est pas négligeable. J’ajouterais même que l’idée de devenir colocataires tend de moins en moins vers le “complètement fou“ ou le “terriblement idiot« Tu l’envisages ? Seulement ? Moi, vu d’ici… » Depuis le tabouret de ma cuisine. « J’ai l’impression que tu prends ton rôle d’agent immobilier très à cœur. On dirait presque que tu cherches pour toi. » Exception faite du quartier : elle a manifesté, plus tôt, un goût plus prononcé pour Bayside. « C’est donc moins une proposition qu’une évidence à ce stade. » l’ai-je taquinée, mon visage penchant dangereusement vers le sien sous l’impulsion de ce corps – qu’elle a fort joli – qui s’est rapproché. « Non ! L’idée ne me déplaît pas. Pas du tout, même. » L’espace d’un instant, je me suis demandé si ma réponse était en lien à l’envie de l’embrasser ou à m’installer dans une chambre attenante à la sienne. « Je me suis interrogé, juste, sur le fait que ça sera peut-être bizarre en fait. » Et, quelque part, je sais que ce n’était pas commun. Ça l’est d’autant moins maintenant que ses lèvres semblent réclamer ma bouche, à moins que ça ne soit l’inverse. « Je suppose que ce serait possible si on délimite certaines règles, importantes, pour le bon fonctionnement de la coloc. Et je ne parle pas du tour de vaisselle. » On s’offrira bien les services d’une femme de ménage : on ne sera pas à une dépense près.

{@=4618}Ivy Waterhouse{/@}
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptySujet: LORIS & IVY ▬ If I needed someone    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptyJeu 7 Mai 2020 - 21:58
IF I NEEDED SOMEONE
EXORDIUM.

« Ça dépend de ce qu’on entend par grande. » ai-je répliqué en haussant les épaules, bien que le geste n’ait aucune signification particulière. « J’ai deux frères et une sœur. On s’entend bien. » Certes, quelquefois, il y a entre nous des dissensions, mais n’attestent-ils pas que nous nous aimons ? Un conflit ne vaut-il pas mieux que l’indifférence n’est pas encore parvenue à creuser son trou dans une relation, quelle qu’elle soit ? Leah et moi, par exemple. Nous nous chamaillons beaucoup, mais nul ne saurait reconnaître, en nous voyant tous les deux, que nous sommes unis par un lien fusionnel. Depuis combien de temps ne l’ai-je pas appelé, d’ailleurs ? Trois jours ! C’est beaucoup trop long. Et cet appartement, celui que me propose ma probable future colocataire ? Il est pas mal, assez pour deux, voire pour trois. « Ouais. Je vois ça. Tu as bien fait de venir. » ai-je souligné en sirotant mon café qui n’est plus tout à fait chaud et songeant qu’elle m’aura été aussi utile physiquement que dans cette tâche ingrate qu’est la quête d’un futur chez soi. Je déteste ça. Je déteste jusqu’à l’idée d’emballer mes cartons et de les transbahuter d’un point A. vers un point B.. Qu’à cela ne tienne, cependant, je n’en peux plus vivre dans ce coin. Je ne supporte plus être seul non plus. J’ai toujours aimé être entouré. Je le suis depuis petit finalement. J’ai appris à gagner ma tranquillité en m’isolant dans ma chambre, je reproduirai ce réflexe aujourd’hui. Je recule ? Peut-être. Mais, ce n’est pas bien grave. Souffrir en silence est une chose, mais vivre sans que personne ne puisse nous venir en aide en cas de pépin – et il me pend au nez, ce dernier – c’est autre chose. « Je vois qu’on a les mêmes valeurs. Je suis fait pour lézarder au soleil. Je pourrais passer des heures à la place sans me lasser. » Quoique je n’y fais pas que bronzer. J’y fais du sport aussi, tout du moins, j’en faisais. Depuis l’accident, chaque séance s’était soldée par le retour fracassant du mal de mon épaule dès le lendemain. Je réduisais donc les efforts à son minimum, faute d’avoir sous la main de quoi atténuer la douleur et, par conséquent, parvenir à l’ignorer. Cette possibilité était englobée dans ce “tout“ déclaré plus tôt et qui titille la curiosité de la jolie blonde. Évidemment, je ne lui ai pas offert la vérité sur un plateau d’argent. Je ne veux pas qu’elle me voie comme un drogué : je n’en suis pas un. J’ai juste besoin d’un coup de pouce, de temps en temps, à cause de la fatalité. Rien de plus. « Tu sais qu’avec moi, ça ne fonctionnera que si j’y trouve mon compte aussi ? » l’ai-je dès lors avertie, un sourire narquois relevant mes lèvres, puisque je lui mens, ouvertement et qu’elle n’obtiendra rien de plus. « Si j’ai le plus grand dressing, tu peux avoir la plus grande chambre. En revanche, il faut deux salles de bain. J’aime avoir mon espace. » Parce que j’ai un côté gonzesse assumé : j’adore prendre soin de moi. « Et, que les choses bien claires, Ivy. Je ne te propose rien du tout. Je relève dans ton comportement et ta façon de parler que l’idée ne te déplaît pas, ce n’est pas la même chose. » Du reste, au sujet des bars et des nanas, elle est la preuve vivante qu’usuellement, je me débrouille parfaitement tout seul.
{@=4618}Ivy Waterhouse{/@}
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptySujet: just like a moth drawn to a flame (loris)    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptyMer 6 Mai 2020 - 21:51
JUST LIKE A MOTH DRAWN TO A FLAME
EXORDIUM.

“Heuri quoi ?“ ai-je songé en écarquillant des yeux ronds comme des soucoupes, des yeux dans lesquelles le vide s’est installé. Je n’ai strictement aucune idée de ce dont il parle et, pourtant, je suis cultivé comme type : j’aime lire, m’égarer dans les musées et m’essayer à la peinture ou même la sculpture. Je ne m’en vante pas bien sûr. Je n’en fais pas un sale petit secret, mais une forme de plaisirs coupables puisque mes collègues les plus rustres – autrement dit, les trois quarts de mon entourage - n’y comprendraient rien. D’une certaine manière, je crois que j’ai commencé à m’intéresser à autre chose qu’à mon faciès lorsque j’ai réalisé que mon physique serait autant un atout qu’un inconvénient. Rares sont ceux qui me prennent au sérieux. J’ai ce quelque chose qui inspire la superficialité, je le sais, et sur l’instant, je présume que cet homme tirant un tabouret pour s’asseoir à mes côtés aura tôt fait de se relever. Aucune des options à ma disposition ne sera flatteuse. Il me confronte à ma vacuité et je refuse d’enfiler le costume de ces élèves que j’ai jugé trop bien rangé en feignant d’être un aguerri. Je m’oppose également à la possibilité de réclamer des explications qui mettrait en lumière ô combien je ne le suis pas. D’une option ou de l’autre, j’aurais honte. Je me sens à peine à ma place. Nul besoin de charger la mule et d’accentuer le trait. Aussi, me suis-je tu en priant pour qu’il m’éclaire puisqu’il est évident que j’ai battu des paupières une fois de trop. « Mon cerveau fait toujours des raccourcis. » ai-je osé, non sans poser mon pinceau. Je me sens con à le maintenir en suspension quand je suis concentré sur son discours. Je l’analyse d’ailleurs. Je jauge et je statue que rien, dans ce que je fais ou ce que je suis, n’aurait de réelle valeur si l’on s’en tient à ce raisonnement. Je vis à du mille à l’heure en permanence. Je dépense une énergie folle à me battre pour rattraper un temps que je n’ai pas encore perdu. J’ai peur de mal vivre au quotidien et, si c’est épuisant, je me complais dans cette course effrénée parce qu’elle est à mes yeux rassurante. Anticiper, c’est un leitmotiv finalement. Sans cette habitude, je m’ennuierais plus vite qu’un gosse au cul bordé de nouilles, un gamin qui obtient sans effort et qui, dès lors, en exige toujours plus. « Eux. Ce qui veut dire que moi non. » ai-je poursuivi en me demandant si, comme à l’école, ce réflexe sera réprimandé ou encouragé par mon interlocuteur. Bien sûr, si je me fie à son expression, ma balance pencherait vers la seconde option, mais je ne m’y risque pas. Au contraire, je laisse venir en jetant un œil sur ma production. Je reconnais les formes que l’animatrice nous a imposées. Elles sont cependant encadrées par le fruit de mon imagination, par l’expression de ces tracas que mon récent accident a provoqués. « Dans mon boulot, quand on ne respecte pas les consignes, on a vite fait de se retrouver à la circulation. » ai-je pensé à voix haute en ricanant. Combien de fois ne l’ai-je pas entendue, cette menace ? Mon boss, lassé par mes excès, mon tempérament et ma témérité n’a eu de cesse de me rappeler à l’ordre jusqu’à ce qu’il finisse par abandonner, jusqu’à ce que ce qui devait arriver arriva. « Mais je ne me suis pas rangé pour autant. Donc, non… non, je ne veux pas être comme eux. Je veux bien apprendre, mais pas être formaté. » Parce que c’est ce que fait l’académie de police avec les jeunes adultes à la tête dure. Durant longtemps, j’ai fait semblant d’être autre et je n’ai pas regretté. Si je n’avais pas appris à dompter ma fougue, je n’aurais jamais atteint mes objectifs. Ceci étant : « A quoi bon peindre ou dessiner si je dois me cadrer ? » ai-je rétorqué en haussant les épaules. « C’est ce qu’il faut faire ? Parce que, moi… » Et, peut-être suis-je trop naïf. « Je pensais que c’était justement le terrain où on pouvait être soi, sans se prendre la tête à respecter des règles précises et…ennuyeuses. » Le dernier adjectif, je l’ai chuchoté de peur d’être entendu. Il n’était pas question de vexer le rang des oignons ou l’animatrice qui met un cœur certain à son ouvrage et qui ne néglige aucun encouragement.      

{@=3929}Auden Williams{/@}
Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 YV4dgvCSujet: LORIS & IVY ▬ If I needed someone
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptySujet: LORIS & IVY ▬ If I needed someone    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptyMar 5 Mai 2020 - 23:21
IF I NEEDED SOMEONE
EXORDIUM.

Plus elle se concentre sur ce qui, normalement, était ma recherche d’’appartement, plus je suis convaincu qu’il ne me faudrait pas la brûler pour qu’elle accepte l’éventualité de le partager avec moi. Non seulement, elle met du cœur à la tâche, mais qui plus est, elle choisit des critères particulièrement personnel. Je ne parle pas du dressing. Je suis un féru de monde. Ma garde-robe est pleine à craquer et je range des boîtes pleines de fringues dans des caisses en plastique sous mon lit. Je fais plutôt allusion à la taille et au standing. Je tiens également pour preuve de son intérêt qu’elle a exigé, avec douceur, que j’argument le quartier que j’avais en vue. N’est-ce pas là des signes évidents que l’hypothèse ne la rebute pas ? Et moi ? Est-ce que ça me dérangeait finalement ? Non ! Elle a l’air cool, Ivy. Elle n’est pas de ces filles prises de tête qui me feront la tête au carré sous prétexte que j’ai ramené une amante potentielle. Dès lors, tandis que je jette un coup d’œil aux différents appartements qu’elle me propose, je procède à un rapide calcul de ce qu’il pourrait coûter en loyer. Seul, c’est inabordable. Diviser en deux, c’est accessible, si bien que je me laisse tenter entre deux questions plus personnelles. Son départ de sa ville natale par exemple. Je ne suis pas né à Brisbane, mais j’y suis assez attaché pour ne plus avoir envie de quitter cette métropole. Dois-je donc me satisfaire de ces explications que son regard roulant dans ses orbites tend à déconstruire ? Affirmatif. Je n’ai pas envie de l’oppresser et de verser dans la discussion indiscrète. Nul besoin pour moi de lui confier mes sales petits secrets. Nous n’en sommes pas là, Ivy et moi. Nous n’y serons peut-être jamais. « Moi, je m’ennuierais sans ma famille. » ai-je toutefois rétorqué après avoir gardé ses yeux prisonniers des miens. Ce n’était pas une tentative de séduction. Celle-là, elle surviendra certainement plus tard. J’ai plutôt jaugé de la véracité de son propos avant de statuer que, finalement, ça ne me regarde pas.

Tandis qu’elle tourne l’ordinateur vers moi et que défilent les photos du loft sur lequel elle a jeté son dévolu, mes lèvres s’étirent dans un sourire satisfait. « Je l’aime bien. Tu as du coup. Il est situé où ? » ai-je demandé sans espoir d’obtenir une réaction. Elle s’est déjà lassée, la jolie blonde. Elle a revu ses critères à la hausse. « Une terrasse plus grande. Ouais. Si tu veux. » Si elle veut ? Elle a réellement son mot à dire ? « Mais, je la veux plein sud dans ce cas. Qu’elle soit ensoleillée toute la journée. » Je vis pour cet astre. Je me nourris par photosynthèse quand je vais bien. Cet été, la douleur m’a souvent éloigné de la plage tant elle était insoutenable. Je déteste me l’avouer, mais c’est l’une des raisons de mes envies soudaines de déménagement. Me rapprocher de la pègre et des dealers me facilitera la vie au quotidien, mais ce n’est pas avouable. « Et donc, sous prétexte que tu demandes, tu dois obtenir, c’est ça ? » ai-je rétorqué, sourcil relevé. « Ce qui veut dire, que si je te demande de chercher un appart avec un deuxième dressing, un pour moi et un pour toi, j’obtiens, c’est bien ça ? » Mon instinct me souffle que je ne m’en sortirai pas à si bon compte. Dès lors, j’ajoute : «  Tout comme des bars, des discothèques, des filles, de quoi s’amuser tranquillement. » Avec un temps de retard, d’ailleurs. Je pensais que j’avais passé l’âge.

{@=4618}Ivy Waterhouse{/@}
Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 YV4dgvCSujet: LORIS & IVY ▬ If I needed someone
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptySujet: LORIS & IVY ▬ If I needed someone    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptyDim 3 Mai 2020 - 21:24
IF I NEEDED SOMEONE
EXORDIUM.

Si j’ai imaginé Ivy dans le rôle de la bonne âme qui prend en main l’opération : "nouvel appartement" simplement pour me rendre service ? Assurément, non ! Elle avait l’air d’avoir grandi dans l’argent et j’avais tendance à considérer que les filles à papa, les gamines nées avec une cuillère en or dans la bouche, tendaient davantage vers l’égoïsme que l’altruisme sans précédent. Mais, n’est-elle pas une exception, la jolie blonde ? Elle m’a surpris à plusieurs reprises depuis que nous nous sommes rencontrés. À ce rythme, ça deviendra une coutume et, qu’importe, sa compagnie est plaisante et, dans l’absolu, je dois bien admettre qu’elle m’ôte une épine du pied en prenant les choses en main. Tout comme il convient d’avouer que je suis frustré qu’elle n’ait pas répondu à ma question, si ce n’est pas une autre. « Je pense que Fortitude est le mieux pour moi par rapport à ce que je recherche. » De l’animation, des dealers à disposition, des lounges bars bondés dans lesquels noyer ma peine à grand renfort de rires et de sourires. Evidemment que je suis conscient de faire un bond en arrière dans ma propre vie.  À mon âge, je devrais dénicher le grand amour afin de fonder une famille. Je devrais peut-être espérer gagner du galon au sein de la police. Je n’en suis pas là. Je n’avance pas. Je stagne à cause de mon accident et, si je m’en tracasse, j’agis, je prends la route, même si c’est la mauvaise. « Et, tu n’as pas répondu à ma question. » Au profit d’une qui m’intéresse moins : ses connaissances de Sidney. « Tu faisais quoi là-bas ? Pourquoi tu t’es barrée ? » me suis-je enquis en buvant une gorgée de café et en reculant ma chaise pour en tirer une pour elle, une juste devant mon PC. « Avoir un endroit à toi où tu parles d’autres choses ? » Va-t-elle le lever, ce silence ? Elle a réveillé mon côté obsessionnel et je sais, par avance, que je ne la lâcherai pas tant qu’elle n’aura pas craché le morceau. En attendant, je me penche sur l’appartement qu’elle a déniché. « Ah ouais, il est pas mal. » Et le loyer est abordable. Le nombre de chambres est aussi acceptable. Il me permettrait de prendre un coloc supplémentaire dans l’éventualité où le premier venu soit une femme. C’est si facile de tomber dans l’ambiguïté. Tout comme ce serait terriblement aisé d’être trop bavard et de satisfaire la curiosité de mon interlocutrice alors que, plus tôt, elle a volontairement éconduit mon interrogation. « Pourquoi je te le dirais ? » ai-je avancé en haussant un sourcil. Je ne lui répondrai pas par la vérité. Je ne peux pas lui avouer que j’ai besoin de me procurer des cachets pour que mon épaule ferme sa gueule. Je ne peux pas, mais je peux lui raconter ce que je veux : je ne lui dois rien. « Pourquoi je le ferais quand toi tu fais semblant de ne pas entendre mes questions quand elle ne t’arrange pas alors qu’il est évident que tu as très bien compris. » Que la suite, si elle m’avait dit “oui, j’aimerais une coloc“, serait une proposition allant dans ce sens.

{@=4618}Ivy Waterhouse{/@}
Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 YV4dgvCSujet: just like a moth drawn to a flame (loris)
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptySujet: just like a moth drawn to a flame (loris)    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptyDim 3 Mai 2020 - 21:06
JUST LIKE A MOTH DRAWN TO A FLAME
EXORDIUM.

Que faut-il comprendre quand un homme, bien de sa personne, s’approche, m’observe et baisse ensuite la tête vers le sol en croisant les bras sur la poitrine ? Qu’il est déçu ? Que je l’ennuie ? Que je suis aussi dénué de talent que d’esprit ? Il me met mal à l’aise parce que je ne suis pas certain d’être à ma place et qu’en prime je n’ai aucune idée des réponses qu’il attend. En existait-il une meilleure que les autres ? Une plus adaptée que la vérité ? J’en doute. Je pars du principe que mentir n’est bon que lorsqu’il relève de la nécessité et, sur l’heure, il n’y en a pas. Il n’y a pas de fin ou d’objectif à atteindre. Il y a moi, un pinceau et mes doutes. À ce stade, je me demande, presque soudainement, s’il ne va pas me renvoyer dans mes buts parce que je ne suis pas à la hauteur des exigences de l’animatrice. Je m’y prépare en jaugeant déjà de l’effet éventuel sur mon moral : serais-je déçu ? Soulagé ? Un peu des deux ? Assurément. Tout du moins, je l’ai supposé jusqu’à ce que l’inconnu me révèle les secrets de l’organisation. Les compétences n’entraient pas en ligne de compte. Je ne serais pas jeté à la rue comme un mal propre et mon orgueil – aussi peu envahissant soit-il – l’en remercia d’un dodelinement entendu de la tête. « Oh ! Je présume que c’est une bonne chose dans ce cas. » ai-je avancé tant par rapport à ma présence que concernant son intérêt pour mon travail. C’est, de mon point de vue, étonnant. J’ai beau jeter un distrait coup d’œil vers la toile, je la trouve quelconque. Souhaiterais-je y repérer des défauts que j’en serais incapable. Je ne suis pas un aguerri. Je suis féru d’art, mais cette passion, je ne l’assume qu’à moitié. Seuls quelques amis, de rares privilégiés, sont au fait de mon besoin d’exprimer ces émotions que je tais, que je dissimule derrière des sourires agaçants, des grimaces de clowns tristes. J’en suis un. Je ne me fais pas d’illusion sur ce qui me tracasse et me torture. En réalité, je dirais même que l’exercice du jour m’éveille sur la question et que c’est terriblement douloureux. « Non, je pense qu’il était sérieux celui-là, mais je ne pense pas que ça aurait été le cas de tous en effet. » Raison pour laquelle je cachais ces plaisirs que mon métier ou mon éducation rendait coupables. Savait-il de quoi il en retournait, l’inconnu ? Était-ce le sous-entendu à comprendre dans sa question ? Et l’autre ? Est-elle un piège ? Si, d’aventure, j’avoue vouloir rester, est-ce qu’il va s’imaginer que je cherche à le flatter puisqu’il est évident qu’il n’est pas étranger à la galerie ? Si j’admets songer à  partir, se dira-t-il que je suis un gars sans volonté ? Et moi ? Qu’est-ce que je veux ? « Une part de moi a envie de partir parce que plus je les regarde, plus j’ai l’impression qu’ils sont super cadrés, genre grand professionnel. Et d’un autre côté, j’ai envie de rester parce que ça faisait longtemps que j’avais plus dessiné un truc en me disant que ça a du sens. Pour moi en tout cas. Et que le fait d'avoir des consignes, ça m'aide à structurer ce qui se passe la dedans. » ai-je déclaré en pointant ma tempe de l'index. A nouveau, j’ai considéré qu’aucune fadaise n’a à substituer à un aveu quand les circonstances ne l’exige pas. «  Est-ce qu’ils sont tous comme ça ? Élève super appliqué ? » Parce que moi, je ne l’ai jamais été et que si c’est de rigueur, peut-être que je ne reviendrai plus.  

{@=3929}Auden Williams{/@}
Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 YV4dgvCSujet: LORIS & IVY ▬ If I needed someone
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptySujet: LORIS & IVY ▬ If I needed someone    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptySam 2 Mai 2020 - 21:52
IF I NEEDED SOMEONE
EXORDIUM.

Je le suis, détendu. A priori, mon épaule n’est pas encore douloureuse, si bien que j’ai l’agréable impression que c’est derrière moi, que j’ai enfin dompté la douleur et que je vais pouvoir reprendre le cours normal de mon existence. Ô bien sûr, ce n’est qu’une illusion. Je sais que mon mal me surprendra tôt ou tard et au pis des instants. En attendant ce jour sans impatience, je suis parti en quête d’un nouvel appartement et, éventuellement, de colocataires sympathiques avec lesquels tuer mon ennui. Peut-être qu’une fois que j’aurai repris le travail, leur présence m’agacera, mais j’en doute. Je suis un animal social. J’ai besoin de me sentir entouré. Serait-ce la particularité des enfants d’une grande fratrie ? « Je ne serais pas surpris que tu le sois. » ai-je rétorqué à Ivy qui s’amuse de ma comparaison. Elle a un côté discret, voire un peu fourbe, défaut que l’on prêterait à ceux qui ont toujours tout eu et qui ont bien vécu. « Et tes jambes sont nettement plus belles que ce que j’ai sous les yeux. » Je ne suis vraisemblablement pas doué pour les recherches sur internet. Je ne dois pas rentrer les critères qu’il faut ou pas assez précisément. « J’ai l’impression d’avoir vu que des taudis jusqu’ici et je n’ai pas envie d’e vivre dans un taudis. » Mais, est-ce bien utile de le préciser ? Mon chez-moi actuel n’est pas bien grand. Une chambre, une salle de bain spacieuse, un living avec cuisine ouverte lumineux. Je n’ai pas à me plaindre, d’autant qu’il a été décoré avec goût sous les bons conseils de Leah. Toutefois, j’ai plus que jamais la sensation d’étouffer. « Ouais. Ça se pourrait. Pourquoi ? Ça t’intéresserait ? » De vivre avec ton plan cul à disposition ? L’idée, quoique traduite sur le ton de la boutade – ç’en était une – serait presque séduisante. Dans les faits, il suffirait de discuter des règles et borner l’aventure de limite à ne dépasser sous aucun prétexte. Ceci étant, c’était à ce stade une plaisanterie boutée par la fragrance de son parfum dès lors qu’elle s’est penchée par-dessus mon épaule. « Moi je connais. Je connais bien le coin et je sais que je me fais chier royalement dans celui-ci. » Pourtant, il y a de l’animation à Redcliff, mais elle n’a rien de celle qui saura m’agréer en ces temps compliqués.

Depuis ma rencontre avec Ivy, je l’ai rarement interrogée sur sa résidence. La mienne est bien assez agréable pour ce que nous entreprenons lorsque nous sommes ensemble. Néanmoins, alors qu’elle s’intéresse de près à mon projet, je suis surpris d’apprendre qu’elle vivote et s’endort là où ses pas la mènent : des amis, des connaissances, quelque autre de ses amants. « Des connaissances… » Je ricane en hochant de la tête, goguenard, mais peu étonné. « Et, ça ne te dit pas de trouver un endroit à toi ? Un ou c’est toi qui pourras inviter des connaissances ? » ai-je insisté sur le nom commun pour appuyer ma taquinerie. Je suis loin d’être dupe, elle le sait, tout comme elle semble parfaitement au clair avec sa notion du luxe. L’appartement qui attire son attention est trois fois – quatre ? – comme celui-ci. « Ouais. Il est chouettos celui-là. Il y a des perles sur Fortitude et je crois que c’est là que j’ai envie de m’installer. Je n’ai rien contre Bayside qui est plus réputé, mais c’est trop loin de tout. Je suis un oiseau de nuit. » Tout du moins, je le deviens. « J’ai besoin de savoir que je peux tout avoir à disposition, absolument tout. » Et l’allusion est large.

{@=4618}Ivy Waterhouse{/@}
Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 YV4dgvCSujet: LONAH #1 ▬ THE ONLY HOPE FOR ME IS YOU
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptySujet: LONAH #1 ▬ THE ONLY HOPE FOR ME IS YOU    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptySam 2 Mai 2020 - 19:54
THE ONLY HOPE FOR ME IS YOU
EXORDIUM.

Je ne suis pas le roi des menteurs. S’il m’arrive d’en distribuer, c’est que la fin – m’extirper d’une situation gênante - avait forcément justifié ce déploiement de moyens. Toutefois, tandis que je pénètre dans le bureau du médecin et que la porte se referme sur les regards de la patientèle consternée, je me dis que cette fois, ça n’en valait pas la peine. Non seulement, je suis désarçonné et, qui plus est, le jeune docteur Whitemore n’a rien de la mégère que je m’étais imaginé, De mémoire d’homme, je n’ai pas souvenir d’avoir déjà croisé jeune femme aussi charmante. N’ai-je pas là de quoi regretter ma tartuferie ? N’est-il pas surprenant que je ne me souvienne plus, avec précision, du jour et de l’heure où je l’ai rencontrée pour la première fois ? Un tel visage ne s’oublie pas normalement, pas plus que son ce sourire, esquissé plus tôt, qui dévoila des dents parfaitement rangées et d’une blancheur immaculée. La question se pose là, entre nous et dans ma tête et je suis entêté, à mes heures. Je suis borné au point de faire fi du cocasse au profit d’une indiscrétion. « C’est ça ! » me suis-je exclamé alors que les pièces du puzzle se reconstituent doucement. Mes nuits étaient agitées de cauchemars. Mes constantes étaient faiblardes et je me bornais à refuser l’opération préconisée par les chirurgiens. Par souci de bien-faire, ils m’avaient envoyé la dite Hannah dans l’unique but de m’aider à accoucher de mon traumatisme présumé et de m’inciter à la confiance envers les compétences de l’équipe. A l’époque, je m’étais tiré d’affaires en promettant que j’allais bien, que j’étais entouré par mes proches, en particulier par Leah, mais que j’y réfléchirais tout de même. J’ai fait, sans grand succès. Je n’ai pas envie de passer sur le billard et d’y gagner davantage d’emmerdes. A quoi bon être charcuté si c’est pour ressortir de la salle d’opération plus cabossé encore. « Juste. Je me rappelle. » En d’autres circonstances, j’aurais versé dans la flatterie. Je me suis abstenu de peur d’alourdir mon cas. En matière de ridicule, j’ai assez donné pour aujourd’hui. « Et, c’est à mon tour de vous éclairer. Je n’ai pas voulu rencontrer le psy du commissariat. Primo, sa tête ne me revient pas. Deuzio, j’ai pas envie que mes collègues se méfient une fois vous m’aurez déclaré apte à revenir sur le terrain. » Je me suis interrompu le temps d’un clin d’œil. « Quant à la raison pour laquelle le dossier est arrivé chez vous, je présume que quand j’ai pris mon rendez-vous. » La mort dans l’âme et plus sympathique qu’une porte de prison, ce qui me ressemble peu. « La secrétaire de l’hôpital a dû s’imaginer que vous étiez ma psy attitrée parce que vous m’avez déjà rencontré. » Sans doute avait-elle, il y a de cela neuf mois, rédigé un rapport à mon sujet.

Avançant plus allant dans son bureau – inutile de prendre racine sur le seuil – j’ai pris place sur le bord du fauteuil qu’elle m’a désigné et, instinctivement, j’ai jeté quelques coups d’œil autour de moi. La décoration de son lieu de travail est somme toute rudimentaire. Pourquoi ? Ne prévoit-elle pas de rester ? A-t-elle d’autres projets pour sa carrière ? Un cabinet privé, peut-être. On raconte que ça coûte cher. A-t-elle les moyens ? Tout occupé avec ma curiosité, j’ai évalué distraitement sa question. J’ai essayé de définir ce qui, entre le mensonge et la vérité, me serait moins dommageable professionnellement parlant et personnellement également. Me prenait-elle pour un lâche ? Un idiot ? Un pauvre type semblable à ces récalcitrants qu’elle est forcée de rencontrer dans le cadre de sa mission au sein de cet hôpital ? Au moins, je ne lui renvoie pas de désespoir au visage, ai-je pensé en soupirant. « Je ne sais pas. Ça apparaîtra au dossier ? » Je la taquine, car nous en sommes toujours à la phrase de présentation. L’entretien n’a pas encore commencé, elle cherche sûrement à écrire la genèse d’une relation de confiance. « Parce que oui, pour ne rien vous cacher, j’allais bien et bien vous faire faux bond et je me suis lamentablement planté. » ai-je confessé avec un sourire, sur les lèvres, mi figue mi raisin. Il oscillait entre l’embarras et l’amusement. « Mais, c’est parce que c’est inutile. Moi, ici, c’est pas nécessaire, même si c’est un vrai plaisir de vous revoir. » Je le pense. Je suis certain qu’en d’autres circonstances, lorsqu’elle est débarrassée de son maque de gravité, elle doit être douce et sympathique. « Je vais bien. Je suis prêt à reprendre. Physiquement parlant, personne ne s’y oppose. » Parce que je mens bien et que les radios ne révèlent pas d’aggravation notoire de mon état. « Je sais ce que vous vous dites… » Nul besoin d’être devin pour dresser des hypothèses valables et convenables. « Que tout le monde vous dit ça, mais je vous assure que c’est vrai. Mon seul problème, c’est de ne pas pouvoir bosser justement. Ça fait trop longtemps. Je rouille. Et vous avez l’air d’avoir pris un peu de retard alors… je me suis dit que j’allais retenter ma chance avec le boss. Pour le convaincre que ce rendez-vous n'était pas nécessaire et laisser ma place à quelqu'un d'autre, quelqu'un qui en a vraiment besoin.» Je n’ai rien de plus à ajouter. Je répondrai volontiers à ses questions s’il en est, mais à quoi bon ? Tout est dit, non ?

{@=4040}Hannah Whitemore{/@}
Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 YV4dgvCSujet: LORIS & IVY ▬ If I needed someone
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptySujet: LORIS & IVY ▬ If I needed someone    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptySam 2 Mai 2020 - 0:29
IF I NEEDED SOMEONE
EXORDIUM.

Concentré sur l’écran de mon PC, je range dans mes favoris quelques appartements intéressants, mais je ne suis pas convaincu par l’efficacité de ma recherche. Et pour cause, je ne suis pas certain de ce que je cherche. Une nouveau home sweet home ou, le cas échéant, une colocation sympa dans un immeuble au cœur de l’activité festive de la ville ? Je ne suis pas décidé et me gaver de café – c’est déjà ma troisième tasse, n’a pas l’air de m’aider à y voir plus clair. Afin de m’illusionner de la sensation d’avance, j’ai modifié mes critères de recherches pour ma seconde option. Certaines de ces petites annonces étaient tout bonnement impayables et, tandis que je m’esclaffe, je n’ai pas perçu dans mon dos le pas d’Ivy. Je n’ai même pas sourcillé alors qu’elle servit un café : je ne l’ai pas vue, si bien que j’ai sursauté dès lorsq qu’elle m’a hélé. « Tu es croisée avec un  chat ou quoi ? » ai-je lancé loin d’être vexé. Ainsi vêtue d’un t-shirt, elle est ravissante et je me suis demandé mes pupilles ne sont pas instantanément et machinalement braquées vers ses jambes. « Je t’ai pas vue venir, ce qui est étonnant d’ailleurs. » Je lui ai adressé un sourire goguenard, mais je ne me suis pas attardé en compliments ou en invitation à la luxure. Elle ne me dérange pas. Je dirais même que sa présence m’est agréable. Sauf que j’ai un objectif en tête et qu’il est parfois difficile de m’en détourner. Tellement que j’en oublie de la saluer, quoiqu’elle ne soit pas encombrée de bienséance non plus. « Ouais ! Enfin, non ! Je l’aime bien. Pour moi tout seul, c’était parfait, mais je suis plus sûr d’avoir envie d’être seul. » Et, que dire du quartier puisqu’elle me pose la question ? Il est dynamique, mais il est loin du monde de la nuit. D’antan, ça me convenait parfaitement. Sauf que pour me procurer ce dont j’ai besoin pour atténuer les douleurs de plus en plus régulières de mon épaule, je dois me rapprocher des coins où la jeunesse s’use en boîte de nuit, s’enivre dans les bras et se procurent des cachetons de toutes sortes auprès des dealers stationnés à chaque carrefour des discothèques. « Et, ouais, j’aimerais bouger, voire autre chose, me rapprocher de là où il y a de la vie. » Usuellement, à mon âge, on cherche à se caser, à cultiver notre indépendance. Peut-être que, sans mon accident, je me serais contenté de mon quotidien actuel. Pourquoi ai-je l’impression qu’il ne me suffit plus ? Serait-ce d’avoir frôlé la mort ? Ai-je l’impression de ne pas avoir assez vécu ? « Fortitude. Ça me tente bien. Tu vis où toi ? Je t’ai jamais demandé. » Parce que nous passons moins de temps à discuter qu’à batifoler, mais ça arrive. C’est étrange, bizarre, mais c’est de plus en plus fréquent.

{@=4618}Ivy Waterhouse{/@}
Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 YV4dgvCSujet: just like a moth drawn to a flame (loris)
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptySujet: just like a moth drawn to a flame (loris)    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptyVen 1 Mai 2020 - 21:59
JUST LIKE A MOTH DRAWN TO A FLAME
EXORDIUM.

Assis, derrière un chevalet surmonté d’une toile, des tas de pinceaux et de couleurs autour de moi, je me demande sincèrement ce que je fous là : je ne suis pas un artiste-peintre. Certes, je dessine bien. il m’est même déjà arrivé de jeter quelques couleurs sur un attirail similaire à celui-ci, mais jamais au vu et au su de tous. Jamais avec des spectateurs non plus. Est-il dès lors utile de préciser que j’ai longuement hésité entre m’enfuir ou creuser un trou dans lequel enfouir ma tête ? Que mon sourire a failli me faire défaut une bonne dizaine de fois ? Je l’ai maintenu accroché à mes lèvres parce qu’il est rempart utile qui, selon mon humeur, peut éloigner ou attirer l’attention. Celui du jour, il ressemble à s’y méprendre à celui qu’afficherait un imbécile heureux dans le sens péjoratif du terme. Je me moque de soulever sur les animateurs un vent de pitié. Je me contrefiche également qu’il puisse se navrer devant mes tentatives. Il m’aurait tapoté l’épaule en me conseillant de garder la pêche que je ne m’en serais pas offusqué. Leur opinion ne compte qu’en partie. Je participe à cet atelier pour une seule raison : il m’a été conseillé par mon médecin traitant. Il s’inquiète, lui aussi. Il a l’impression que je frôle la dépression et, au vu du choix des teintes et de la forme que revêt la silhouette de ma production, il semblerait que l’idée n’était pas si mauvaise. Me serais-je davantage senti à ma place – autrement dit, averti, érudit et aguerri dans cet art – que j’aurais volontiers concédé que ce serait presque salvateur que de donner vie à mes tracas et à ma douleur. Est-ce beau ? Je n’en sais rien. Je prends un peu de recul pour regarder la première ébauche et je m’interroge : est-ce artistiquement valable ? Est-ce digne que l’on s’y penche ?  Je n’en sais rien. Ce n’était pas exactement mon but quand j’ai foulé le sol de la galerie. Ceci étant, tandis que je sens derrière moi la présence de cet homme discret et, de prime abord, aussi avenant que l’encoignure sur lequel il était appuyé plus tôt, je serais tenté de penser que ce n’est pas si mauvais si j’en crois la question qui suit. Pourquoi ? C’est un mystère, tout comme cette technique que l’interpellant semble désigner. « Euh… » ai-je bafouillé, la grimace de joyeux drills gommée tant je suis interloqué. « Je ne sais pas. Je n’ai jamais vraiment appris. » Et, dans ce cas, qu’est-ce que tu fous là, Loris… ai-je songé, anticipant l’interrogation qui suivrait. « C’est… » Qui ? Mon médecin ? Dois-je le dire ? Mauvaise idée. Je ne suis pas pétri d’un amour-propre incommensurable. Je suis fier, mais je sais déplacer mes principes en fonction des situations et, celles-ci présupposent qu’il n’est pas bon de me présenter comme un malade. Je ne le suis pas. « C’est un ami qui m’a conseillé et qui m’a dit que… enfin, je n’ai pas pensé à regarder s’il fallait un niveau en particulier pour participer. » Et, si l’éventualité m’a traversé l’esprit, elle explique que je me sois planqué à l’arrière de la pièce. « Si c’était le cas, je peux partir… c’est pas un problème. Je reviendrai quand ce sera pour moi. » ai-je suggéré, mi-figue mi-raisin. J’oscille entre la frustration probable d’être éconduit devant tout un chacun et celle d’avoir l’air plus con que je ne l’aurais souhaité si, d’aventures, ma toile imparfaite avait accroché un regard quelconque.  

{@=3929}Auden Williams{/@}
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptySujet: LORIS & IVY ▬ If I needed someone    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 21 EmptyJeu 30 Avr 2020 - 22:10
IF I NEEDED SOMEONE
EXORDIUM.

D’après moi, il existe trois genres de femmes à rencontrer en boîte de nuit : les prises de tête, les saintes-nitouches et les marie-couche-toi-là. Les premières sont de loin les plus dangereuses. Elles ont l’air tranquilles, mais en réalité, elles espèrent encore trouver le grand amour. Alors, je les fuis comme la peste, au même titre que les secondes qui quelquefois, aguichent pour mieux se dérober, nous laissant frustrés. C’est souvent là qu’interviennent les dernières. Anatomiquement différentes – elles ont le cœur situé entre les cuisses – elles n’ont pas besoin de grand-chose pour nettoyer les écueils des précédentes. Pour peu qu’elles soient imaginatives, il arrive qu’elles nous amusent durant la nuit, mais jamais bien plus longtemps. Quoique certaines collent un post-it avec leur numéro de téléphone sur le frigo ou sur le miroir de ma salle de bain, je n’aspire que rarement à les revoir. Elles se servent autant de moi que le contraire. Je n’aime pas la solitude. Je présume que nous partageons le sentiment. C’est, en quelque sorte, un service rendu pour chacun d’entre nous. Toutefois, récemment, j’ai fait une rencontre qui m’a forcé à revoir mon opinion. En plus des trois catégories précitées, il en est une, à part, unique en son genre – tout du moins n’en avais-je jamais rencontré – que je me surprends à voir régulièrement : Ivy. Grande, blonde, les jambes fuselées et un minois enfantin, sa bouche tombante et ses grands yeux lui donnent des airs de madone et ça me plaît. Ça me plaît parce que la relation s’est construite naturellement autour du sexe, certes, mais qui tend doucement vers une sorte d’amitié étrange. Je n’ai jamais cru en ce genre de lien entre un homme et une femme. Il est toujours une des deux parties qui finit meurtri par le voyage. Sauf qu’Ivy a été la première à baliser ce qui s’est apparenté à une habitude et ça m’a rassuré, d’autant qu’en plus de m’éviter d’avoir à aborder cette conversation difficile – elle a tendance à provoquer sur le sexe opposé une pathologie hystérique dont le symptôme principal est une diarrhée verbale – elle avait l’air sincère, assez pour que nous nous voyons, souvent, quand on s’ennuie et qu’on n’a pas envie d’être seul. C’est notre point commun, si bien qu’il est aisé, pour moi, de lui confier mes quelques soucis avouables. On ne se connait pas. On ne se doit rien. Nous ne souhaitons pas nous caser. Qu’avons-nous à risquer ? Que cette histoire tourne à la comédie romantique ? La bonne blague ! On n’est pas à Hollywood. Les frontières sont bien définies : on ne s’embrasse pas, on ne s’envoie pas de messages pour se souhaiter une agréable journée ou une nuit colorée de rêves. Les contours n’ont rien de flou. Aussi, n’ai-je aucun problème à m’endormir à ses côtés un soir ou l’autre par semaine et à me réveiller auprès d’elle. Ce fut le cas ce matin-là. Sans faire de bruit, j’ai quitté la chambre pour la cuisine et, buvant mon café, j’ai consulté les petites annonces. Je ne peux pas rester dans cet appartement. Tout du moins, je n’en ai plus envie. Il recèle des souvenirs désagréables et j’ai envie d’autres choses, un truc plus grand avec des colocataires pour m’amuser quand je me sens au plus bas. C’est rare, mais je suis un être humain, ça m’arrive, comme tout le monde.

{@=4618}Ivy Waterhouse{/@}
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