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Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 YV4dgvCSujet: happy birthday » thomas #9
Atlas Siede

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptySujet: happy birthday » thomas #9    Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptyDim 5 Avr 2020 - 1:45
happy birthday
Thomas & Cian #9


Bien entendu, que j’ai prévu la journée au millimètre près. J’ai passé trois semaines a tout organisé tout seul. Je voulais absolument tout gérer moi-même, déjà pour que personne ne vende la mèche, mais surtout pour être sûr que je pourrais y glisser toutes les conneries que je veux. Il le sait déjà, Thomas que je m’en suis donné à cœur joie, ça se lit sur son visage. Pourtant, je suis persuadé qu’il me fait confiance. Malgré tout. J’espère tout du moins. Aujourd’hui, officiellement, il fête ses dix ans. Je lui ai donc prévu un anniversaire d’enfant de cet âge-là. Je crois que dans le fond, Clara et Arthur vont plus s’amuser que nous. Ce matin en tout cas. Pour le reste de la journée, on pourra faire sans eux.

D’abord, on va profiter du petit-déjeuner que j’ai pris le temps de préparer. Et bien entendu tout le monde à le droit à son petit chapeau de fête. J’en profite pour prendre une photo de Thomas et de ses enfants. Je ne me gêne pas pour la partager à Charlie et Ida bien entendue. Que l’on se moque à plusieurs. Il exige un thème Thomas en plus, comme si je n’étais pas au courant de tout ça depuis des mois. « J’ai tout prévu Tom. » T’as même pas idée. Et je suis si fier de ma connerie. Les enfants sont tout autant excité que moi, voir même plus. J’avale quelques bouchées de mon petit-déjeuner avant de répondre aux multiples questions de mon meilleur ami. « Arthur, ils font quoi les pirates souvent ? » Il commence à réfléchir le petit garçon. « Ils vont sur des bateaux ? » Je hoche la tête en souriant. « Mais ils cherchent quoi aussi. » Et là, Clara ne se contient plus. « ILS CHERCHENT LE TRESOR. » Je ne peux retenir l’éclat de rire face à l’excitation de la petite. « On va chercher un trésor et après, on part sur le bateau. » Et je compte bien leur faire faire un tour dans la baie en début d’après-midi. « Après vous irez chez maman les petits monstres. » Je relève les yeux vers Thomas. « Et nous, on part avec Sam et Thalia. » Il n’en saura pas plus pour le moment. Et bien entendu que j’ai prévu une chasse au trésor avec des énigmes et des cadeaux pour mon meilleur ami. « Les meilleurs dix ans de ta vie mon pote. » Ça va être génial. « J’ai des déguisements pour eux, je t’oblige pas à en mettre un, je suis gentil. » Ouais quand même un peu. « Par contre, tu dois faire la chasse avec eux, le trésor, c’est ton cadeau. »  
Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 YV4dgvCSujet: happy birthday » thomas #9
Atlas Siede

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptySujet: happy birthday » thomas #9    Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptyDim 22 Mar 2020 - 23:51
happy birthday
Thomas & Cian #9


Vingt ans que je fais la même chose. Vingt ans que je prévois une surprise à la con pour son anniversaire. Autant dire que cette année significative n’allait pas échapper à la règle. J’ai véritablement tout prévu et pour une fois, je voulais intégrer les enfants. Pendant des années, on a fêté son anniversaire soit séparé par des milliers de kilomètres, soit dans la même minuscule cabine ou sur la base militaire. J’avais uniquement Sam et Thalya en complice et la plupart du temps, ils débutaient les hostilités qu’à une heure estimer raisonnable. Autant dire que ce n’était pas mon programme. Alors, je l’ai bien trop souvent réveillé seul pour fêter son anniversaire. Cette année, je voulais innover en incluant ses enfants. Je n’avais pas spécialement prévu qu’un enfant lorsqu’on lui parle d’anniversaire devient particulièrement excité. Notamment Clara qui adore faire des surprises et notamment à son père. Je contrôle plus grand-chose du moment où l’on entre dans la chambre dans mon meilleur ami et que je me mets à hurler comme jamais. Il fait un bond si énorme que je regrette de ne pas avoir sorti mon téléphone pour filmer la scène. Vraiment, c’est mémorable. En un bond Clara atterris sur un endroit bien trop sensible faisant hurler Thomas de douleur. Outch. Je me penche pour retirer la petite fille qui descend bien vite du matelas. Arthur s’inquiète, Clara baisse la tête et moi, je me retiens difficilement de rire. « Sorry mate. » Ouais enfin pas vraiment. On va dire que la surprise est plutôt réussie comme ça.

Je reste en retrait avec mon ballon et mon sourire idiot alors qu’ils se font un câlin de famille. Ils sont beau là comme ça. Et bien entendu, il se moque un peu mon Tom. Il est à peine debout que je l’écrase dans mes bras pour une étreinte pas tant virile que ça. « Bon anniversaire mon Tom. » Et pour l’embêter un peu, je viens écraser un baiser sur sa joue de manière bien trop sonore. Je lève les yeux au ciel face à ses remarques et l’entraîne dans le salon. « J’ai prévu le petit déj je te ferais dire. » Je le force à s’asseoir à la table que j’avais pris le temps de décorer avant de venir le réveiller. Tout ressemble de prêt ou de loin à de la décoration utilisé pour un enfant. Je lui impose même le port du chapeau en carton d’un sourire fier. Clara éclate de rire et Arthur imite rapidement son père. « Si beau ! » Je souris et pars en cuisine récupérer ce que j’avais laissé en train de réchauffer dans le four. J’avais pensé à tout même au thermos de café. « J’ai tout un programme pour la journée ! Et t’a pas le choix ! » Non clairement pas ! « Tu voulais fêter tes dix ans, on va faire ça en beauté mon vieux ! » - « Tonton il a dit qu’on allait s’amuser papa. » Elle crie un peu fort Clara, mais elle est bien trop adorable. Je prends place en face de lui et pique dans mon assiette avec appétit. Ça donne faim ce genre de programme. « Un souhait pour cette nouvelle année ? »  
Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 YV4dgvCSujet: (Amelyn #9) ► EVERY BREAKING WAVE
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptySujet: (Amelyn #9) ► EVERY BREAKING WAVE    Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptySam 7 Mar 2020 - 21:10



EVERY BREAKING WAVE
Elle aime être avec moi, dans mes bras. Elle s’y sent bien et ça me plaît de l’entendre. Ça me conforte dans l’idée que j’ai bien fait d’accorder ma confiance à la détresse de son regard après sa crise de jalousie notoire. Elle était magistrale. Avec le recul, lorsque j’y avais songé, je m’étais répété que je m’étais montré trop faible face à l’appel de son corps. Qu’à force de lui envoyer ce genre de message, elle me croirait acquis et à sa disposition. Pourtant, au fil des semaines, je me suis occupé d’elle. J’ai accédé à ses requêtes, qu’elles soient anodines, futiles ou plus graves. J’ai évoqué ma fille. J’ai confié mon analyse de notre étrange association au cours de ces derniers mois. J’ai apprécié ses caresses sur ma joue et d’apprendre que je ne suis pas une distraction. Je m’en doutais bien sûr. Ses gestes et certaines de nos habitudes ne trompent pas. Mais, Dieu que c’est agréable de l’entendre sa bouche. Notre relation s’équilibre. Nos jeux de mains et toutes ces provocations qui la jalonnent et qui nous amusent en sont anoblis désormais. Je lui adresse donc un sourire. Mes doigts s'entrelacent aux siens. Je lui confie que sa présence m’est bénéfique. Je lui rapporte que j’ai envie d’elle et, comme à l’accoutumée, nous nous divertissons, pas au détriment de l’un ou de l’autre, mais ensemble. Certes, l’issue de notre bataille n’a pas abouti de suite sur une traduction littérale de notre convoitise, mais je ne m’en formalise pas le moins du monde. Elle n’est pas qu’un exutoire à mes pulsions triviales, Raelyn. Le sexe n’est pas une fin en soi. Il tient une place considérable dans notre liaison, mais n’est-ce pas le lot des coalitions saines ? Coalition. C’est idiot de nous réduire à si peu. Nous nous répugnons à l’idée d’être un couple, mais tôt ou tard, nous serons forcés de nous rendre à l’évidence. Les membres du Club nous qualifient déjà en ces termes. Nous y avons veillé. N’aurions-nous pas l’air bête et naïf de les détromper ? Nous cultivons entre nous une part de puérilité, mais nous ne sommes plus des gamins, des adolescents qui découvrent ce qu’il y a de bon à évoluer à deux plutôt que seuls. Pourtant, tout comme elle, je nous fais gré de toute étiquette. Au sec, tous deux allongés sur les toiles du catamaran, bénis par les rayons du soleil, oscillant entre silences apaisants, conversations badines et enchevêtrements passionnés, je profite simplement de de ses lèvres, de son corps à demi nu contre le mien. Mes doigts se sont baladés le long de ses bras, ont joué avec ses cheveux, ont chatouillé la naissance de sa nuque et ont parfois croqué ses courbes ou la ligne de son visage parfait.

Gagné par la faim, j’ai sorti de mon frigo de quoi nous nourrir un peu et, nargué par mon téléphone, j’ai consulté les quelques messages reçus. Rien d’ingérable. Rien qui mettrait à mal la fin de l’après-midi. Je l’ai tout de même réglé sur le mode avion avant de l’emporter avec moi. Je suis trop fier pour réclamer à Rae la photo que je lui ai volée et que je lui ai transmise après l’épisode Tobias. Mais j’avais tout le loisir d’en prendre d’autres, d’immortaliser le souvenir de cette journée grâce à des clichés. J’ai déposé le nouveau plateau sur la table basse et j’ai saisi l’occasion qu’elle ait les yeux fermés pour mettre mon plan à exécution. « Je n’en avais plus. Il m’en fallait une autre. Mais, la précédente était plus belle, je trouve. » ai-je ponctué en me réinstallant à ses côtés. Je la lui ai montrée. Nous en avons pris d’autres avant de grignoter un morceau. Cette fois, nous étions bel et bien des adolescents, mais qu’importe ? « Tu l’as encore ? » L’allusion était aussi claire que la question qui suivrait : la récupérer. Ça donna lieu à des taquineries et, bien entendu, elle m’a conquis et j’ai flatté son corps et ses formes. Je ne saurais dire à quel moment je me suis assoupi. En revanche, je me rappelle parfaitement d’avoir été éveillé par une brise le long de mon flanc. D’instinct, je l’ai suivie des yeux et, m’étirant, m’enveloppant dans une serviette, je l’ai accompagnée jusqu’au salon de terrasse. Veillant à ne surtout pas être oppressant, j’ai évité de lui demander si tout allait bien. Je l’avais “kidnappée“, mais ça ne sous-entendait pas qu’elle était vouée à rester collée à moi. Je la trouvais néanmoins songeuse et anormalement pensive. Je nous ai servi un verre – j’avais ramené, plus tôt, une bouteille de whisky – et je lui ai tendu. «Je n’ai pas vu la journée passée en fait. » lançais-je sans avoir l’air d’y toucher, la détaillant du coin de l’œil. Qu’avait-elle ? Regrettait-elle notre conversation ? Avais-je été trop maladroit lorsqu’elle s’inquiéta de notre avenir ? Qu’aurais-je dû lui dire ? Que je rêvais de nous voir réellement en couple ? Que c’était exactement ce que je m’apprêtais à lui dire en acceptant à mon épouse le divorce, celui dont elle ne voulait plus ? Assis auprès d’elle, un bras passé derrière sa nuque, elle a posé sa tête sur mon épaule et j’ai embrassé sa tempe, mais je n’ai rien dit. J’ai attendu de dénicher un indice qui me permettrait de deviner ce qui la chagrinait ou ce qui la tracassait. Et, c’est tombé. Son aveu a résonné dans mon crâne. Mon cœur s’est emballé, il a trébuché dans ma poitrine. Il noué la gorge et, incapable de trouver quoi que ce soit d’intelligent à prononcer – du moins, pour le moment – j’ai délicatement et doucement tiré sur son épaule pour la tourner vers moi, j’ai entouré ses joues de mes paumes et je l’ai embrassée.

Ce baiser, il n’avait rien de chaste ou de pudique. Il n’est pas fougueux ou intense. Il est langoureux. Il ralentit la course du temps. Il répare définitivement la bulle de douceur qui nous entoure et, spontanément, alors que je respire moins librement, je lui souffle : « Et tu comptes pour moi, Raelyn. » Je n’ai pas dit “moi aussi“. C’est trop impersonnel quand prononcer son prénom n’est pas le fruit d’un hasard. J’ai besoin qu’elle sache que ce n’est pas qu’une réplique bateau pour l’apaiser alors que je devine que ce fut difficile, pour elle, de s’abandonner à un tel aveu. Le mien est tout aussi sincère et, pour qu’elle n’en doute pas, j’accroche ses pupilles des miennes lorsqu'elle se dérobe. Elles hurlent toute mon intégrité et j’ajoute : « Et, je voudrais que tu ne l'oublies pas, même si, plus tard, quand on sera rentré, ça te fera flipper. » C’est d’autant plus nécessaire que je n’ai pas le contrôle sur l’avenir, que j’ignore si “ce qu’elle tient à moi“ découlera sur de l’amour. Moi, je vois au moins deux bonnes raisons pour l’y encourager subrepticement au fur et à mesure de notre histoire. La première suggère que je ne suis plus seulement grisé, je ne parviens plus à envisager la suite sans elle. Quant à la seconde, elle aurait besoin de s’y cramponner si mes plans de destruction, d’évasion et de sauvetage capotent lamentablement. Il sera nécessaire qu’elle y amarre le bateau de sa peine quand je la blesserai. Parce que ça arrivera, peut-être, même si je m’évertue depuis un moment à la protéger et à l’éviter. « D’ailleurs, je ne veux pas jouer les rabat-joie. C’est ton rôle, pas le mien. » ai-je tenté en humour dans l’espoir de la détendre un peu. « Mais, il va falloir tout doucement qu’on rentre au port. Il faut qu’on passe chez toi pour que tu te changes avant d’aller au Club. Ça t’effraie ? » Moi, j’étais inquiet, pas tant parce qu’il conviendra d’affronter nos actes, mais car les chances pour qu’elle m’autorise à rester dans la voiture étaient faibles et que je n’étais pas certain d’être capable de me confronter à son immeuble, à son appartement et au spectre de Tobias. « Tout va bien se passer, tu sais. Tu l’as dit toi-même, on les emmerde. » Simple précaution que cette remarque. Les autres, ils ne sont rien en comparaison de ce qui se trame entre nous et qui me motive à l’enlacer une fois de plus. « On peut se doucher là, mais après il va falloir qu’on bouge. » Je ne radote pas, j’essaie de me raisonner. Je brûle de lui proposer de rester sur le bateau, à l’écart du monde, quelques heures encore. Qu’est-ce qui nous en empêcherait ? Ses obligations ? Elles ne sont pas les siennes. Elle n’est pas forcée de se sacrifier pendant que le boss est aux abonnés absents et se fourvoie en gaudriole. Entre mes doigts, mon mégot s’est consumé jusqu’au filtre. Je l’ai écrasé dans le cendrier, mais je l’ai gardée contre moi. « Allez, en route. Si tu es sage, je te ramènerai avec moi ce soir. » ai-je ponctué d’une claque délicate sur sa cuisse et d’un clin d’œil.



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Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptySujet: (Amelyn #9) ► EVERY BREAKING WAVE    Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptyVen 6 Mar 2020 - 23:08



EVERY BREAKING WAVE
Moi, je n’avais plus le sentiment d’être une énigme pour Raelyn. Au contraire, j’avais la sensation tantôt désagréable tantôt arrangeante qu’elle lisait en moi comme dans un livre ouvert. Elle est capable de deviner certaines de mes réactions, d’entrevoir dans un regard quand je m’absente dans le labyrinthe de mes souvenirs et d’anticiper mes pirouettes pour éluder une question trop franche qui me met mal à l’aise. J’ai baissé la garde, déposé mon bouclier à ses pieds, mais ce n’est pas grave. J’y trouve plus d’avantages que d’inconvénients. Certes, mes mystères sont moins protéger, mais ça m’évite d’avoir à tisser de longs discours pour être compris ou entendu. Je déteste l’exercice parce qu’il est compliqué et loin d’être naturel. Je réalise cependant, face au tableau qu’elle peint justement de notre relation, qu’elle n’est pas en sécurité, ma maîtresse. Quand je m’imagine plus doux qu’un agneau et aussi transparent qu’un enfant de cinq ans, elle ne me cerne toujours pas. Elle essaie pourtant. La décence m’empêcherait, cette fois, de lui opposer que c’est entièrement de sa faute si elle se trompe de pied lorsqu’elle danse. Mais, que dois-je faire de plus exactement ? Quelles informations devrais-je soumettre à sa volonté pour éteindre ses inquiétudes ? Dois-je révéler qu’elle m’ébranle ? Qu’il ne m’arrive plus de me demander si je pourrais tomber amoureux d’elle, mais quant cela finira par arriver ? Quand l’addiction se retirera au profit de l’amour ? A quel moment, à force d’être entraîné par la vague de l’affection, ma barque chavirera ? Impossible. La pudeur, les doutes et les mensonges me l’interdisent avec autorité. Il est hors de question que je lui fournisse des arguments pour m’accuser de faux-semblants dès lors que la vérité surgira. La confiance qu’elle me témoigne de temps à autre s’étiolera à une telle vitesse qu’elle ne croira plus rien de ce qui sortira de ma bouche. Elle remettra en question toutes mes confessions, en ce compris les plus belles. Une part de raison lui murmurera certainement que j’étais authentique durant ces heures pénibles au cours desquelles je lui manquerai terriblement. Elle lui susurrera à l’oreille, faiblement, qu’elle sait que je ne l’ai pas trompée ou dupée quand j’ai caressé son corps, quand je l’ai couverte d’attention et enveloppée de douceur. Notre complicité est réelle et concrète et elle s’en rappellera fatalement. Sauf qu’à chaque fois qu’elle y songera, le couteau s’enfoncera plus profondément dans la plaie. La carte du noble, inévitable et indicible sentiment, c’est à ce moment-là qu’elle prendra tout son sens. Elle ne lui fera pas peur, elle sèmera dans son esprit la graine du doute qui, peut-être, la ramènera vers moi.

Sur l’heure, elle la pousserait à paniquer et à me fuir. Or, je ne suis pas prêt. Je n’ai pas envie de l’effrayer pour des hypothèses jusqu’ici peu vérifiée. Dès lors, je me tais. Je l’observe, gravement. Je secoue mes réflexes endormis en quête de soutien. Jadis, j’aurais sur quoi répondre. Aujourd’hui, je suis penaud et, je crois, un peu déçu, de moi, plus que d’elle. « Non. Il y a trois mois, j’étais ton caprice parce que tu n’es pas habituée à ce qu’on te dise non, ce qui n’est pas un défaut en soi. » précisais-je pour écarter de cette sensible discussion d’éventuels malentendus. « Il y a deux mois, tu étais de nous deux la plus susceptible de ne plus vouloir de moi étant donné que tu avais gagné la bataille. » Qui n’en est plus une depuis longtemps. Il demeure un enjeu sur la table, mais au vu des circonstances, je doutais que l’un de nous deux puisse se vanter d’être le grand vainqueur. « Il y a un mois, je me suis invité au milieu de tes états d’âme alors que tout le monde m’avait conseillé de rester à l’écart. » ajoutais-je sonné par le pois qui alourdit soudainement mes épaules. Que m’était-il donc passer par la tête ce soir de mars ? La mouche de l’audace m’avait piqué et, à présent, j’en conclus que ne pas la toucher, ne pas chercher un baiser, l’avoir impliquée dans mon projet de rénovation, c’était déposé les premières pierres de l’édifice qu’érige les couples. Etre là, quand tout va mal. Soutenir notre partenaire qui perd pied. Ce n’est pas frivole ou superficiel. « Il y a deux semaines, alors que… que…» Je m’interrompis sans préavis. Qu’allais-je dire exactement : que j’étais venu éclaircir ce qui m’a taraudé durant des jours et qui me tourmente encore ? Mauvaise idée. C’est trop tard. Mon orgueil ne me pardonnera pas et il aurait tôt fait de me chahuter de rompre nos serments. Je lui ai promis que je ne bavarderais pas sur un aveu de faiblesse. « Tu m’as envoyé le message que j’avais été une distraction sympa, mais que ça s’arrêtait là. Tu n’es pas facile à cerner toi non plus. » Et quoi ? Est-ce valable pour licencier son intérêt d’une entreprise délicate et, somme toute, rassurante ? Ne serait-elle pas en droit de s’en défendre en arguant que c’est entièrement ma faute ? Qu’il me suffirait de poser quelques questions pour mieux l’appréhender ? Elle n’aurait pas tout à fait tort, mais je viens de lui promettre de faire des efforts ? N’ai-je pas souligné, il y a quelques secondes à peine, que je vivais en reclus avant elle ? Avant le Club ? Elle est intelligente, ma maîtresse. Nul doute qu’elle assemblera les pièces du puzzle et qu’elle tirera les déductions qui s’imposent, des conclusions justes. Elle saura qu’à force de vivre à l’écart des autres, on oublie les normes. On grogne, on mord, on se bat pour éloigner les prédateurs de notre territoire. On se montre infaillible pour ne pas être dévoré par l’angoisse.  

De mon côté, je lance à la volée un trait d’esprit qui aura le mérite de lui arracher une grimace moins contrite. Bien entendu, j’aurais préféré un éclat de rire. Mais, je la sens fragile tout à coup. Je retrouve en elle cette femme qui, sur mon bateau, prenait conscience que j’étais seul, qu’elle s’était jetée dans la gueule du loup et que je ne la lâcherais pas tant qu’elle n’assumerait pas sa jalousie. J’usai d’un éventail de stratagème odieux pour obtenir d’elle ce que j’espérais et ses yeux, face à mon insistance et ma véhémence, hurlait d’une détresse, si pas assimilable, au moins comparable. La différence, c’était la nature de ses craintes. Cette nuit-là, elle redoutait d’être repoussée et d’être réduite à mes insultes. Ici, tout de suite, tandis que mes paumes retrouvent ses mains ancrées à mes hanches, elle tremble, littérairement, à cause de l’incertitude de notre avenir. Saisit-elle que ma seule option, c’est de jouer les tartuffes ? Je ne peux pas être tout à fait honnête. Si, d’aventures, elle répliquait que je me méprends sur l’étendue de sa question, elle me giflera si fort qu’elle n’obtiendra plus grand-chose de moi, moi qui m’étonne de ma diligence. Alors, je dédramatise. Je fais semblant que ça ne compte pas parce qu’en plus du risque, j’étais résolu à la mener avec Tobias. Bien sûr, en mon for intérieur, je la trouve pertinente et à propos cette conversation. Nous n’y réchapperons pas de toute façon, mais je ne formulerai aucune réponse le premier. Pas cette fois. Qu’elle vienne… je suis là. Je suis toute ouïe et dévoué à sa cause. Reposerait-elle son oreille contre mon cœur qu’elle éviterait peut-être de se défiler. Qu’importe, je ne la brusque pas. La douceur prévaut sur l’empressement. Je le pense quand je l’invite tacitement à évoluer à sa guise. Aussi, l’ai-je ramenée contre moi. J’ai ceint sa silhouette de mes bras. J’aurais pu l’embrasser. J’en crevais d’envie. Or, c’est une révélation que je chuchote à l’oreille, qu’elle n’atteigne pas les miennes trop violemment. Elle prendrait corps alors qu’elle est proche de l’insouciance. Elle me priverait du plaisir de savourer le bonbon au miel que m’évoquent  ses mots. Ils sont doux à l’oreille. Il chatouille délicieusement mes tympans et ne réagit pas seulement la bombe à retardement dans mon torse, mais tout mon corps. Je le confesse parce qu’elle le sait déjà. Le voudrait-elle qu’elle ne pourrait l’ignorer et pourtant, j’obtempère à son ordre. Je réitère, une fois, puis une seconde, mes lèvres accrochant son lobe. Elles ne descendent pas jusqu’à son cou, pas encore. Je ne peux rien initier sous prétexte que j’ai tendance à conclure tout débat par une étreinte, comme si l’effort déployé s’effaçait aussitôt, comme si les non-dits ou la frustration de n’y avoir trouvé toutes les réponses attendues n’existaient plus, comme si elles se dissimulaient derrière une étreinte. C’est ridicule évidemment. Je ne suis certain qu’elle est soit plus à l’aise.

L’embrasser, aussi intensément, c’était une invitation. J’aurais juré qu’elle répondait présent dès lors que ses mains s’enfoncent dans mes cheveux, chatouillent la peau fine de ma nuque, que ses cuisses se referment sur mes hanches. Elle prétend céder à l’appel de l’eau, mais son bassin appuyé contre le mien, raconte l’inverse. Moi, les mains à sa taille, j’accompagne ses ondulations instinctives. Je me dis qu’elle s’amuse, qu’elle joue, qu’elle me provoque pour faire grimper la température. Je fais donc de même. Je vagabonde sous l’élastique de sa petite culotte pour atteindre sa fesse, seule partie de son corps que j’adore accessible. Et, que fait-elle tandis que je déborde de convoitise ? Elle met un halte là. Elle détache ses cheveux avec panache. Elle les secoue et, au bord de la combustion spontanée, haletant et incapable de réfléchir, je cherche cette bouche qu’elle me refuse. « Arrête. » la suppliais-je sans que proteste ma vanité. Elle n’a plus court dans ce genre de moment. Elle n’existe plus quand elle ses doigts s’amusent avec mon boxer. Têtu, j’insiste et, plus j’essaie, plus elle se dérobe. Je pense : « mais… », mais rien ne s’échappe de mes lèvres si ce n’est un grognement et un soupir boudeur. J’ai l’air d’un ado réprimandé par un adulte, un ado privé de son téléphone et qui se sent soudainement démuni, comme couper du monde. « Tu veux jouer à ça ? Très bien. » Le ton est à la fois menaçant et rieur. Je ne suis ni vexé ni contrarié. Nos facéties font partie des préliminaires. Elles me manqueraient si la routine bridait notre créativité.

Ni une ni deux, je me suis redressé, non pour l’enlacer, mais pour entourer mes bras autour des siens pour l’empêcher de se débattre le temps que je me relève pour la jeter à nouveau à la mer puisqu’elle veut se baigner. Je prendrai grand soin de la priver de l’échelle, qu’elle y reste, sans moi, aussi longtemps que nécessaire, à moins qu’elle cède à mes futures négociations. Lesquelles ? Aucune idée. Je n’ai pas eu le loisir d’y réfléchir. Je suis davantage concentré sur ses jambes qui battent l’air, ses bras qui se défont des miens parce que ses mains, libres, s’emploient à chatouiller mes flancs et qu’elle y arrive plutôt efficacement. Rire, ça réduit ma force, mais je n’ai pas dit mon dernier mot. Je la relâche. J’utilise tout mon poids pour la renverser sur la toile. Je me redresse à la hâte et, tandis que je m’apprête à la soulever vulgairement – toute prise m’aurait convenu, elle m’attrape par la jambe et tire si fort que je manque de tomber. Surpris, je me rattrape à ce que je peux – autant dire pas grand-chose – pour ne pas chuter lourdement. Sournoise, c’est elle qui s’accroche à mon avant-bras qu’elle tire de toutes ses forces. Son objectif est clair comme de l’eau de roche. Mais, je suis hilare et je n’arrive pas à me défendre. J’arrive à peine à renverser la tendance. La seule option, ce n’est pas de la pousser, mais de l’illusionner, de lui laisser croire qu’elle a le dessus, lui permettre de me guider jusqu’au bord. Je fais mine de me défendre de sa vengeance. Un pas nous sépare de l’océan et, si je lui oppose une résistance plus efficace, je la relâche dans l’espoir qu’elle basculera en arrière. Ce qui devait arriver… arriva et Dieu seul sait comment je me serais réjoui de ma victoire si elle n’avait pas pressenti cette manœuvre prévisible. C’est la préférée des gosses. Elle n’a pas lâché, la bougresse, et elle m’a entraîné avec elle dans sa chute. De retour à la surface, peu après elle et, quoique je fus tenter d’attraper sa jambe pour la ramener vers le fond, j’eus la délicatesse de veiller à ce qu’elle reprenne sa respiration. « Tu sais que ça va se payer, ça ? » la taquinais-je après m’être essuyé le visage, les yeux. Je discipline mes cheveux, trop longs et mouillés. « Mais, bien joué. Je te l’accorde, celle-là. » admis-je en tendant une main vers elle.  


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Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptySujet: (Amelyn #9) ► EVERY BREAKING WAVE    Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptyJeu 5 Mar 2020 - 22:19



EVERY BREAKING WAVE
Plus je me débats avec ses questions, plus je perds en consistance. Mes réponses sont de plus en plus sibyllines. Même moi, je n’arrive pas à me convaincre que je regrette moins l’armée que cette connexion avec l’océan. Je dois me gifler mentalement pour me rappeler que ce n’est pas le manque qui m’assaille, mais les regrets. Je déplore le fond et la forme de mon éviction. Je m’indigne du manque d’égard et d’avoir été trop faible pour supporter perdre des frères d’armes sous mes yeux, à cause d’une erreur, supportée par l’équipe entière, mais pour laquelle je m’étais désigné responsable. Je me reproche d’avoir enchaîné les échecs, de n’avoir su être à la hauteur des taches qui m’ont été confiées tout au long de mon existence, d’avoir été incapable de me relever psychologiquement. J’avais tout : un mariage qui tenait la route, un boulot passionnant – quoiqu’il soit vrai qu’il ne figurait pas sur la liste de mes choix – et une petite fille merveilleuse. Aujourd’hui, je suis une coquille vide depuis des années et le temps ne fait rien à l’affaire. Le constat est toujours aussi douloureux et pénible à partager. C’est de loin la raison principale à mon mutisme et à mon goût plus prononcé qu’à l’habitude pour le secret. Je suis introverti par essence, mais la peine a accentué le trait. Ce que je fais pour Raelyn, qu’il s’agisse d’une assiette de pâtes, d’un petit-déjeuner, d’une marque d’affection coutumière, la serrer contre moi, la tartiner de crème solaire, est aussi naturel que source d’inquiétude et, c’est énorme finalement. Après le décès de Sofia, j’avais tenu à l’écart de mon intimité quiconque m’approcher, y compris mon épouse, à l'exception d'Olivia. Mais, qu’en sait-elle, ma maîtresse ? N’est-ce pas égoïste d’attendre qu’elle devine son statut particulier quand je me l’explique à peine ? Comment pourrait-elle saisir l’amplitude de mon malaise dès lors qu’elle m’interroge, si je n’exprime pas, au minimum, que j’ai perdu le réflexe à force de vivre en reclus ? Le comprendrait-elle d’ailleurs ? Et, surtout, s’en contenterait-elle ? Ne chercherait-elle pas à découvrir le pourquoi alors que, devant peu de chose, ses yeux s’arrondissent ? Elle est médusée par ma réaction. Elle lui échappe complètement et à juste titre. Moi-même je me sens perdu devant le flot d’émotions qui m’envahit et que je dois impérativement gérer. Si je n’y parviens pas, je lui servirai la première excuse qui me tombera sous la main pour me dérober : une douche ou un verre par exemple. Je le cherche des yeux d’ailleurs. Il est vide lui aussi. Tant pis. Je m’en passerai. Je ne peux pas me défiler maintenant. C’est tentant, mais que s’imaginera-t-elle ? Qu’elle est mon passe-temps ? Que j’ai souhaité l’exclusivité pour brider son besoin d’indépendance ? A choisir, je préfère l’option où je me dévoile afin de repousser un quelconque quiproquo. Raelyn et moi, c’est plus qu’une histoire de sexe. Je me borne à penser : « maîtresse » ou « amante », c’est le moins effrayant, mais également le plus éloigné de notre réalité, celle qui me frappe violemment depuis la veille, celle qui me motive à ouvrir la bouche, sans réfléchir, pour l’arroser d’aveux.

Ils n’auront rien d’exceptionnels pour elle. Ils ne renferment pas de secrets jusqu’ici inavoués. Peut-être ne répondront-ils pas à ses questions non plus. Or, à mon sens, c’est déjà beaucoup. Je n’ai plus jamais évoqué Sofia dans une conversation autrement que pour ces gens qui ont vécu cette tragédie de près. Je ne prononce son prénom que rarement, il est devenu sacré. Confier ses goûts pour le petit-déjeuner est donc un inédit, plus encore que mon interlocutrice l’a peut-être rencontrée et saluée au hasard d’un couloir du Club. Quant à mon expérience désastreuse en tant que militaire, je la tais sous prétexte qu’elle me couvre de honte. Bien entendu, je ne peux pas me permettre de me dissiper. Mon énergie est concentrée sur le contrôle et non sur le lâcher-prise. J’oublie donc les caresses et les baisers. J’omets de sourire sincèrement et de dissimuler ma colère. Elle n’est pas dirigée vers Raelyn. Ce n’est pas à cause de cette femme si mes gestes sur ses courbes sont plus intuitifs que précis, s’ils tendent moins à l’enjôler qu’à accomplir leur tâche avec efficacité. M’ouvrir a simplement nécessité que je cloisonne un peu, que je me détache du souvenir au profit d’actes méthodiques. Mes mains ne s’abandonnent à aucune fantaisie et, si j’ignore ce qui, du premier ou de second, a crispé Raelyn, j'aperçois au fond de son regard une lueur qui ne me plaît pas. C’est comme un flottement situé entre la vexation et l’impuissance. Incapable de trancher, je me fie à l’impératif d’être rassuré désormais. Je me sens bête et pathétique. Alors, je cueille un baiser au creux de ses lèvres, je me fraie un chemin au plus près de son corps. Je m’arrange pour la maintenir prisonnière, mais en douceur et je tente vainement de la rassurer à propos d’hypothèses invérifiables. Je tâtonne comme un aveugle privé de canne, pour éteindre en elle toute envie de se renfrogner. Je n’ai pas besoin de ça. Pas maintenant. Susceptible, je le vivrais ou le prendrais mal ce qui débouchera forcément sur du désagréable. Or, nous sommes bien là, juste tous les deux, loin du tumulte provoqué par notre comportement de la veille. Tout du moins, j’essaie de l’être à nouveau malgré ses sourcils froncés et cette sensation que nous avons gravi un échelon supplémentaire vers l’idée du couple. Est-ce que ça m’effraie ? Pas exactement. L’idée ne me chiffonne pas encore, elle m’effleure tandis que je m’arrache seulement à mon passé affligeant. En glissant entre ses doigts le tube de crème solaire, je renoue à peine avec le moment présent. Si je m’attarde à me décoder, la vague de mes remords m’emportera loin d’elle des heures durant. Je lui préfère celle de la légèreté, car tout est évident quand nous jouons comme des gosses. Alors, je tente. Mes doigts dans ses cheveux, je clos les paupières et l’angoisse me fuit, lentement, au rythme de la respiration de Raelyn. J’aurais bien balancé la crème solaire à la flotte quand elle s’est redressée. J’aurais pu rester dans cette position le reste de l’après-midi. Néanmoins, j’ouvre un œil, car elle est loin désormais.

Je la sens à des kilomètres et sa posture ne me dit rien qui vaille. Ça sent la conversation grave qui succède aux confessions. Avec quoi va-t-elle venir, cette fois ? Sofia ? Mon mariage ? Tout est possible. Je l’ai invitée à gratter le vernis il y a moins de quelques minutes. A sa place, sans doute aurais-je sauté sur l’occasion moi aussi. Je ne lui en veux pas vraiment. Je balise, mais je suis prêt. Tôt ou tard, certaines vérités se devront d’être déterrées et, étonnamment, je me fais la réflexion qu’aujourd’hui ne me conviendrait pas si mal. Elle est coincée, ici, avec moi. Elle ne pourra pas s’enfuir, mais sera obligée d’entendre mes excuses si, d’aventures, elle m’emmène sur le terrain de mon divorce inexistant. Je m’en sentirais tellement soulagé que je me surprends à l’espérer avant d’être surpris par sa remarque. L’admettre m’ennuie profondément, sauf qu’elle a raison, ce qui rendrait toute mauvaise foi dégueulasse. « Si j’en pose, tu le feras aussi. » me suis-je justifié, mes yeux suivant les siens jusqu’au contenu de ses mains. C’est étrange comme ce qui aurait pu être agréable – ses paumes caressant mon torse, mes épaules et mes bras – perd en importance. Je ne vibre pas, je ne frémis pas, car je suis entièrement concentré sur elle, sur ses mots, sur ce qu’ils supposent et sous-entendent. Je ne l’interromps pas, j’enregistre, je fouille les miroirs de son âme et j’y lis autant de peur que d’appréhension. Moi, ça me conforte dans l’idée que, sur ce bateau, notre liaison subit une petite révolution. Elle l’adoucit derrière une tentative d’humour légèrement bancale, mais qui dessine tout de même sur mes lèvres un sourire. Mes mains rejoignent les siennes qui écrasent mes hanches de son poids plume. « Que je ne pose pas de questions ne signifie pas que je ne m’intéresse pas à toi. » Parfois, je me surprends même à imaginer quelle adolescente elle avait été, mais n’est-ce pas de ce genre de banalités que les amoureux remplissent leur paquetage ? « J’ai l’air d’être du genre à faire ce que je n’ai pas envie de faire, juste pour faire plaisir ? » ai-je demandé, résolu à lui rappeler, sans l’énoncer, que j’avais plutôt la fâcheuse tendance à faire tout le contraire justement. « Tu ne peux pas comprendre, c’est vrai. Personne ne le peut et ça doit sans doute faire partie des raisons pour lesquelles j’en parle peu. Ça met les gens mal à l’aise. Ils ne savent ni quoi dire ni quoi faire et je n’ai pas envie de ça. Ce n’est pas une question de règle. Il y a une promesse, oui, mais pas de règles. » ai-je ajouté toujours aussi sûr de moi. Je sais que je n’ai pas l’aisance qu’il faut pour la rassurer, mais j’essaie. J’essaie parce que pour la première fois depuis le début de cette exclusivité, je ne réfute plus l’idée que nous formons un couple. Nous en sommes un. Nous le savons, tous les deux, elle met simplement plus de temps à avaler la nouvelle à cause de la peur. Quant à la mienne, elle cède doucement la place à autre chose, quelque chose de plus louangeur et de diablement apaisant. Ces questions, elles les auraient réprimées si cette relation n’était qu’une aventure, si mon affection – addiction -  était à sens unique. « Je ne sais pas. Le bateau est à l’arrêt. » ai-je hasardé avec humour dans l’espoir de la détendre un peu. « Ce n’est pas important, si ? » D’une certaine manière, ça l’est évidemment, mais je n’ai pas envie d’alourdir l’atmosphère en la forçant à mesurer l’envergure de notre complicité. « Je pense que la seule question que toi, tu dois te poser, c’est si tu as envie d’être là, c’est tout. » Même si j’aurais adoré l’entendre dire que moi aussi, j’ai des allures d’obsession pour elle, qu’elle pense à moi trop souvent à son goût, qu’il me suffit d’un sourire pour qu’elle ait envie de moi et que sur l’heure, rien ne la tranquillisera plus qu’un baiser encourageant, rempli de promesses pour l’avenir, rien hormis peut-être mes mains qui tirent sur les siennes. « Moi, je sais qu’avec toi, j’ai le sentiment que tout est plus facile. » J’ai profité de la sentir à nouveau contre moi pour lui chuchoter ses quelques mots à l’oreille. Au diable les coups de soleil, le bronzage irrégulier. « Et maintenant, j’ai envie de toi. » Il y a des signes qui ne trompent pas. J’ai songé encore. Ça m’a amusé et j’ai ri. « Il n’y a pas de règle. Prends ce qui a à prendre. Le reste, j’en fais mon affaire. » ai-je de suite ajouté en la repoussant doucement par les épaules pour cadenasser ses yeux aux miens. Je ne plaisante pas. Je ne joue pas non plus. Je suis un grand garçon. Je n’ai pas besoin de nommer l’indicible à tout prix pour la norme ou pour la forme. «  Mais soit on va se baigner, soit tu te débarrasses de ta petite culotte. Au choix. Mais va falloir prendre une décision. Urgemment. » ai-je dicté sur le ton de la plaisanterie. Elle est aussi sincère que le contraire. Je la désire de tout mon être pour ce qu’elle suggère. Sauf que je ne peux pas décider seul de clore le débat sous prétexte que ça m’arrange. Je peux juste conclure par un baiser plus pressant cette fois, un qui a la couleur de l’engagement. Qu’elle avance à son rythme, on a le temps finalement.



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Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptySujet: (Amelyn #9) ► EVERY BREAKING WAVE    Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptyMer 4 Mar 2020 - 20:03



EVERY BREAKING WAVE
“Mais, c’est une obsession“, lui chante mon regard désabusé et ma grimace amusée. Je peine à croire qu’elle le réalise seulement. Je la couve en permanence. Je n’arrive pas à rester en orbite autour d’elle sans que mon corps penche vers le sien et sans la toucher. Si je n’avais eu cette impression qu’elle me réclamait elle aussi, j’en aurais flippé. Là, j’arrivais à trouver des circonstances atténuantes à mon comportement. Je le rangeais dans la case du désir et de l’attirance charnelle et je me sentais mieux, bien mieux que lorsqu’elle formule des questions auxquelles je n’ai pas le droit de répondre, à moins que je n’en aie simplement pas envie. Dans le fond, tout n’est pas à cacher. Je pourrais distiller à travers nos conversations de quoi sustenter sa curiosité en préservant ma couverture et tandis que je réalise qu’elle n’est qu’une excuse, je prends aussitôt conscience que l’enjeu que je crains par-dessus tout, c’est d’éveiller en elle de la pitié, de lui dévoiler par une confidence, que je ne suis qu’un pauvre type, un écorché, un gars malade qui finira par la dégoûter quand moi, j’ai encore besoin d’elle. Tous les jours, j’espère que ce qui ressemble à une addiction s’atténuera par la lassitude. Je n’ambitionne pas la faire sortir de ma vie à terme, mais parfois, j’aimerais que ma tête réagisse moins vite que mon cœur. Elle m’ébranle, Raelyn. Elle me touche parce qu’elle est délicate et prévenante à sa manière. Plus j’essaie de nommer cette relation, plus il m’est difficile de gérer mes appréhensions et mes doutes. Qu’arriverait-il si je faisais d’elle la partenaire de ma douleur ? Si je la lui expliquais sans confier les causes ? Si je lui rapportais que mes plaies, malgré les années, sont toujours à vif et qu’elle saigne encore ? Si elle s’en amusait – ce dont je doute – je me vexerai, me renfrognerai derrière ma vengeance et je verserai dans l’indifférence la plus totale. Et si elle comprenait, si elle m’entourait de cette douceur qui nous est de plus en plus familière et dont je ne sais plus trop quoi penser, je lui offrirai les pleins pouvoirs sur moi. Elle aura tout le loisir, bon gré ou mal gré,  de transformer cette tocade en quelque chose de trop grand, trop grand pour nous deux, qu’elle n’assumera pas, que peut-être, elle ne partagera jamais. De nous deux, je serai celui à plaindre, celui qui souffrira, celui qui prétendra la détester afin d’adoucir mes regrets et d’endormir mes remords. Je ne suis pas certain d'avoir envie de me livrer en pâtures au lion. Qu’importe qu’elle est la nature de ses intentions, je ne suis ni prêt ni tenté. Me suis-je pour autant braquer ? Pas vraiment. Sauf qu’elle a perçu ma question comme tel. Elle a froncé les sourcils et, en me redressant, j’ai happé ses yeux. J’y ai ancré les miens comme s’il détenait toutes les réponses. « Non. C’est… » C’est ce que Sarah aurait aimé que je sois, elle qui se plaignait que je m’oppose parfois au système, elle qui s’en voulait de m’avoir poussé vers cette voie qui, au départ, n’était pas la mienne, à cause de sa grossesse. C’est ce que j’aurais voulu devenir, un bon soldat, histoire de rendre fière ma mère, de ne plus être le parent pauvre de la famille Taylor, que brille dans ses pupilles un rien de l’admiration qu’elle vouait à Chad. Chad, l’homme délicat. Chad, le pompier, le héros. « Ce n’est pas ce que j’avais décidé d’être de toute façon. » me défendis-je alors qu’en réalité, j’y avais pris goût à cette vie de militaire. L’armée de terre, puis la Navy, avait forgé mon caractère. Elle accentua ma détermination.

Au contact de la mer, j’étais meilleur, mais détient-elle mon bonheur ? Suffirait-elle à me plonger dans la béatitude promise aux grenouilles de bénitier ? Aux protestants buvant les sermons de leur révérend ? Le constat, pessimiste, me heurte évidemment. « Je n’en sais fichtrement rien. » Je n’essaie pas le dissimuler. Perte de temps. Je profite qu’elle me tourne le dos pour froncer les sourcils. Je contiens ma déception par un silence. Mes mains accrochent ses formes et j’y puise ce dont j’ai besoin pour éluder tout commentaire à propos de moi et des autres hommes du Club. J’ai de l’aversion pour moi. Eux, je les abhorre et je ne me sens pas capable d’en parler sans me trahir. Je le fais, mais dans sa généralité, en utilisant un langage presque factuel. J’en dis trop ou pas assez et j’utilise nos faiblesses respectives pour couper court à ses indiscrétions. Il y a du vrai dans mes révélations cependant. La criminalité qui entoure cette organisation ne me dérange pas. Y prendre part ne m’empêche pas de dormir. Je ne suis pas beaucoup mieux qu’eux, je suis juste un rien moins cupide. Je ne dirais pas que je m’y sens comme un poisson dans l’eau, mais je n’y évolue pas en étant perpétuellement aux aguets. Je ne vis pas dans l’angoisse d’être démasqué non plus. S’il est bien un endroit où je me sens infaillible, c’est celui-là. Je me gausse de les tromper. La seule chose qui me chagrine, c’est de lui mentir, à elle, afin de ne pas la perdre, pas maintenant, alors que j’ai l’intuition qu’un jour peut-être, si je m’y prends bien, elle me suivra, si pas par affection, mais parce que j’attiserais son besoin de pouvoir, son apparente vénalité – bien qu’elle ne se réduise pas à si peu -  son désir de luxe et son appétit pour la réussite.

L’idée est séduisante et c’est mauvais signe. Je ne m’y attarde pas sous prétexte qu’elle me houspille pour que j’achève de la crémer, d’embrasser sa peau, de grimacer parce que le mélange de sel et de baume solaire a un drôle de goût, de chatouiller ses zones érogènes. Ça m’allait mieux que cette conversation, si bien que je me suis amusé de son coup de talon dans mon dos. Je n’y ai pas vu le geste de l’Homme qui éperonne les flancs de son cheval pour qu’il lui obéisse, qu’il avance, au trot ou au galop. J’ai laissé échapper un ricanement et je me suis vengé en pinçant le galbe de sa fesse. Nues ou non, elle m’hypnotise autant que ses hanches qui roulent à cause de ses talons aiguille quand elle se pavane au Club. Je tire de mon esprit toutes ces photographies mentales que j’y ai rangées. Je l’imagine, je leur souris et je me sens soulagé qu’elle respecte mon silence. Du moins l’ai-je cru naïvement. J’ai sincèrement cru que le débat était clos puisque je n’avais rien à ajouter. Evidemment que me prétendre surpris serait un mensonge. A force de semer autour de mois des miettes d’informations, je l’encourage à m’interroger plus allant. C’est pour ça que je me braque systématiquement et de plus en plus souvent. Elle ne manque pas de ruse et de détermination quand elle veut quelque chose. J’en avais déjà fait les frais. J’avais tenu bon, un moment, et où sommes-nous aujourd’hui ? On s’empiffre au banquet de la luxure. « En effet. » ai-je toutefois répliqué sans faux-semblants. Mon hypocrisie se borne à ce qui entoure la mort de Sofia. « Parce que…. Parce que je n’aime pas parler de moi. » Je déteste plus encore ce que ça réveille en moi. Je ne suis pas fait pour le vague à l’âme. C’est parce que je le gère si mal que Kelly, Sarah et, récemment, Lola me décrivent comme un alcoolique notoire. Ceci étant, c’est de la foutaise. J’estime simplement qu’il ne faut jamais rouvrir les placards dans lesquels on a planqué des squelettes. Pourtant, elle s’y prend bien, Raelyn et la course de mes paumes s’interrompt brusquement tandis que je la détaille avec méfiance. Le soleil, haut dans le ciel, transforme ma main en visière, sans quoi je serai incapable de deviner si son attention pour ma joue nait de la sincérité ou du stratagème.

D’instinct, j’ai envie de lui ordonner de se taire, d’arrêter ça, tout de suite, avant que je ne me rembrunisse pour de bon. Les mots n’apportent rien à part des emmerdes. Elle le sait, elle n’y croit pas elle-même. Pourquoi ne se contente-t-elle pas de ce que je lui donne ? Pourquoi en réclame-t-elle toujours plus ? Bien plus que ce que je suis capable d’offrir. Et, pourquoi suis-je convaincu qu’elle est véritablement honnête ? Qu’elle ne prêche pas pour l’équité, mais pour mieux m’apprivoiser ? Mais, dans quel but ? Qu’y gagnera-t-elle ? « Je te crois, mais… » Je le suis, mal à l’aise. Et, quand bien même ne chercherait-elle à déterrer mes faiblesses, elles se terrent derrière les réponses à ses questions, aussi anodines soient-elles. J’ai soupiré. Je me suis retourné vers la table basse en quête de mon verre à whisky. Un regard m’aurait rassuré. Il est vide. Or, désarçonné, je n’ai rien dit de tout ça. J’ai répandu distraitement un peu de crème sur ses cuisses. Je suis moins appliqué, j’ai juste hâte que ça s’achève parce que les écrous cèdent un à un. « Je ne sais grand-chose de toi moi non plus. » Par habitude, j’ai envisagé lui renvoyer toutes ces requêtes qui me bousculent, mais à quoi bon ? A force, ça ne fonctionnerait plus de toute façon. « Le pain perdu, c’était ce qu’elle préférait. C’est moi qui lui préparais le petit déjeuner quand j’étais à la maison. » Je lui avais déjà confié que j’avais perdu ma fille. Avais-je une raison valable d’en faire un secret de polichinelle ? « Ce qui est arrivé de plus en plus souvent quand j’ai été déclaré temporairement inapte. J’ai donc eu tout le temps de me perfectionner. Je maîtrise le trempage de la tartine entre le lait et les jaunes d’oeufs. » J’ai souris, mais la grimace est dénuée d’éclat. Elle est terne, amère, estampillée de la griffe de la nostalgie. « Mais je n’en avais plus fait depuis des années. Quant à la Navy, elle est un peu comme une belle femme qui tourne autour des types friqués, mais qui s’en détourne quand leurs poches sont vides. » Trouées, dans mon cas. « Elle les jette pour le sang neuf. » Qu’elle détruira par la suite. « J’y ai sacrifié beaucoup de moi-même. » Ma vie de famille, les premières années de Sofia - j’avais raté ses premiers pas à cause d’une mission à l’autre bout du monde – et ma santé mentale. « Elle m’a tourné le dos. » Et, par extension, l’Australie. « Il m’a fallu du temps avant que j’accepte que tout le système est pourri. » Y compris les autorités qui n’ont rien fait pour me garder dans le droit chemin. « Et tu voudrais que j’aie des scrupules à dépouiller les plus riches quand il suffit de deux cartes ? Deux petites cartes ? Je leur souhaite juste d’aller se faire enculer. » conclus-je plus vulgaire que je ne l’aurais voulu.

La colère suit de près la peine. C’est la première que j’ai invité entre Raelyn et moi. La seconde, elle s’exprimera plus tard, quand je serai seul. Sur l’heure, je constate avec effroi que j’ai évité son regard jusqu’ici. J’ai flatté ses cuisses jusqu’à ses chevilles sans être tout à fait avec elle. J’étais ailleurs parce qu’évoquer Sofia me demande un effort considérable. Parler de mes échecs exige que je prenne du recul. Mais en aucun cas je n’ai désiré créer entre Rae et moi de la distance. Au contraire, j’ai davantage envie de permettre à mes mains de quitter sa poitrine – le meilleur pour la fin – et de la tirer vers moi. Son corps contre le mien est un antidépresseur. Je me moque qu’il s’agisse surtout d’un effet placebo. Je préfère ne pas lui laisser l’opportunité de venir à moi d’elle-même puisque ma faiblesse prêterait à toute attention le caractère de la compassion obséquieuse. Alors, au terme d’un long soupir, un nécessaire à évacuer ma crispation, je me suis incliné, mes mains de part et d’autres de son épaule et j’ai posé sur ses lèvres les restes de crème et de sel qui traînent sur les miennes. « Et voilà. Tu es parée. Et tu sais à peu près tout. » En tout cas, elle en sait presque autant que moi sur elle désormais. « C’est pas à cause de toi si je ne te parle pas plus de moi. » Cette précision s’impose d’elle-même. A cet aveu, je ne trouve aucune explication probante. Il est spontané et prononcé sur le ton de l’excuse, comme si elle avait besoin d’être rassurée alors que de nous deux, c’est moi qui suis fragilisé d’avoir levé quelque pan du voile qui recouvre mes blessures. Glissant mon bras derrière sa nuque, je me suis creusé une place à ses côtés, une place que j’ai réclamée en mots simples. De mes jambes, j’ai ramené les siennes un peu plus près, pour la retourner, qu’elle me fasse face. J’ai besoin de déchiffrer ses yeux de jade, de me convaincre que j’ai bien fait, que mon amertume, palpable, n’a rien changé. En mon for intérieur, c’est moi qui ai ressenti à mon égard une profonde pitié. Ça m’a noué l’estomac, mais je n’ai rien vu dans son regard. Rien de détestable qui aurait pu ranimer ma méfiance. J’ai clos mes paupières, un court instant, j’ai laissé mon nez courir sur la ligne de sa mâchoire. Il a cherché son cou et l’odeur réconfortante de la crème solaire mêlée à celle de sa peau. « Je ne peux pas te promettre que je te répondrai toujours, mais je veux bien essayer de ne pas toujours mal interprété. Si tu veux savoir autre chose, c’est le moment, c’est l’instant. Et si tu veux m’éviter un coup de soleil… » J’ai tâtonné le voile épais autour de moi en quête du tube de crème solaire. J'ai mis la main dessus assez rapidement et je l’ai glissé dans la sienne. « A bon entendeur. » ai-je ponctué tandis que je chasse peu à peu et grâce à elle ce qu’il me demeure en nostalgie et âpreté.


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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptySujet: (Amelyn #9) ► EVERY BREAKING WAVE    Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptyMar 3 Mar 2020 - 21:55



EVERY BREAKING WAVE
Sans doute aurait-ce été plus facile d’éloigner l’hypothèse que nous sommes plus que des amants exclusifs si Raelyn ne la rendait pas si vraisemblable. Quand je pose mes lèvres sagement sur son front et que ses mains s’accrochent à ma nuque pour me retenir autrement que pour me taquiner, mais pour réclamer un baise, c’est aussi appréciable que troublant finalement. Ça l’est autant que quitter la voiture et l’y laisser sans oublier de me pencher sur elle pour l’embrasse, cuisiner pour elle ou la kidnapper pour une balade en mer. Maintenant que nous avions quitté la sphère du secret, j’étais certain que mon téléphone allumé aurait vibré plus qu’à l’habitude, à cause des messages de plus curieux membres du Club, ceux avec lesquelles je m’acoquine pour le bien de mon investigation. Une forme de routine sentimentale s’installe entre nous également. Je ne dors pas bien quand elle ne passe pas la nuit avec moi et tout porte à croire que la réciproque existe puisqu’il n’est pas rare qu’elle m’invite, parfois d’un simple regard, à la raccompagner. J’évite le loft ces derniers temps, mais jamais elle ne rechigne à utiliser son temps ici, avec moi, pour m’abandonner uniquement en réponse à l’appel de ses responsabilités. Et quand bien même… s’il n’y avait que ça, je le gèrerais sans trop de tourment, mais ce n’est que la face visible de l’iceberg. Sous l’eau, il y a ce que cache, mais qui n’en reste pas moins évident. Il y a cette sérénité en partie retrouvée quand je la serre dans mes bras, mes mains qui la cherchent pendant la nuit, ce besoin irrépressible de lui écrire même si je n’ai rien d’intelligent à lui dire et ces heures de complicité durant lesquelles nos corps, quoiqu’ils s’appellent, ne s’entraînent pas l’un l’autre sur le sentier du charnel. Toutes ces petites choses sont saisissantes et, pourtant, je ne fuis pas. Je l’embrasse, je lui souris, je l’invite à manger et, pis encore, je me confie. Je partage avec elle une émotion que Sarah devinait, mais que je n’ai jamais exprimée de peur de la vexer. L’océan était sa rivale. Jamais je n’évoquais ô combien je l’aime, ô combien je me sens bien lorsqu’il s’étend à perte de vue. Elle, elle a vécu mon éviction des marines comme un soulagement et moi, un échec. Ce fut certainement le premier de mes deuils et si, aujourd’hui, il est moins douloureux que celui qui tord mes entrailles, il le nourrit de ma déception. Il me rappelle le rôle que Sofia a joué dans ma guérison. Et ça, ai-je le droit de prononcer son prénom ? Dois-je expliquer à Raelyn que le pain perdu était de loin son plat du matin préféré et que réussir leur préparation tenait lieu du but compensatoire quand je n’étais plus bon qu’à faire sourire mon enfant ? Je n’en sais fichtrement rien. En revanche, l’idée ne me dérange pas tout à fait et c’est là que réside le nœud du problème.

A chaque fois que Raelyn et moi nous comportons comme deux amoureux en devenir ou avérés, je repousse les frontières entre ce qui doit se dérober et ce qui se peut se dire sans crainte et ça me chiffonne de plus en plus. J’ai le sentiment qu’en quelques mois, elle est parvenue à me convaincre que mes secrets sont en sécurité auprès d’elle, qu’elle les gardera jalousement, qu’elle en prendra soin puisque jamais elle ne me jugera. J’en suis d’autant plus convaincu quand, enroulée dans sa serviette, en petite culotte, sans trace de maquillage et les cheveux attachés dans une queue de cheval que la nuit a défait et dont s’échappent quelques mèches folles, elle me laisse l’impression qu’elle est aussi à nu que je ne le suis moi-même face à l’océan. « Tu n’en as pas vraiment besoin. Je ne sais même pas si j’en ai un pour moi. » ai-je avancé en inventoriant le contenu de mes armoires. Il y a une combinaison de plongée étant donné que j’ai comblé mon impatience en me frottant à mes anciennes passions, mais on fait difficilement moins glamour, même si tout l’est en Raelyn. Elle a bien travaillé son rôle. Il a pris possession d’elle. Manger du pain perdu avec ses doigts la rend sexy. « J’ai appris grâce à internet. » ai-je admis heureux qu’elle ne m’interroge pas sur le qui et le pourquoi, le comment m’allait parfaitement. Elle ne me mouille pas, cette question-là. Elle me plonge simplement dans de vieux souvenirs qui me rendent plus silencieux tout au long du repas. Je lui réponds, mais je n’ouvre pas le dialogue. Je me revois pester la première fois que je me suis essayé ressortir une tartine de pain détrempée d’une assiette de lait. Elle s’est déchirée sous le regard ébahi de Sofia qui, amusée, battait des mains pour m’encourager. Je revois ses minuscules menottes sur mes joues et son nez retroussé, son nez d’enfant, se frotter contre le mien pour me remercier quand, enfin, j’ai réussi une tranche de pain. Peut-être ai-je eu l’air plus grave, soudainement, parce que Raelyn a respecté le silence quelque fois entrecoupé d’un « Tu veux » si nous nous servions dans un plat. Les œufs brouillés n’étaient pas mal non plus. Cette recette-là, je la tenais de Sarah bien que jamais elle ne me révéla quel était son ingrédient secret, celui qu’elle tenait de sa grand-mère. Sarah. Est-ce un bien qu’elle ne manque plus ? Dois-je y comprendre que la blonde assise en face de moi l’a délogée ? Et de quelle manière ? De celle qui va me foutre en l’air tôt ou tard ? En avalant une dernière gorgée de mon café amélioré – je n’avais jamais autant bu que depuis ma discussion avec Lola, par esprit de contradiction ou pour défier Dieu sait qui – j’ai soupiré et j’ai choisi de céder à l’imprudence, de m’attacher au moment présent, à ne plus m’intéresser à l’avenir puisqu’il est incertain et que, sur lui, je n’ai aucune prise. Assommé par la digestion, je considérai les toiles du Catamaran assez confortable pour nous accueillir tous les deux. Je ne lui ai pas demandé si elle avait bien mangé. Je n’avais ni besoin qu’elle m’encense ni qu’elle me rappelle ce que je venais de faire pour elle. J’avais juste besoin de la sentir près de moi, de nous réchauffer au soleil, de fermer les paupières pour les protéger de sa lumière et de humer l’odeur de l’iode et du sel.

De temps à autre, pour ne pas m’assoupir, je me redressais sur mes coudes avec délicatesse, pour ne pas secouer Raelyn qui, le menton sur le dos de ses deux mêmes posées à même ma peau, me dévorait des yeux. Elle préparait quelque chose, c’était évident. Une question sans doute, une de celle qui me mettrait mal à l’aise vu qu’elle est plongée dans ses réflexions. S’essaie-t-elle à la formuler avec un maximum de prévenance pour ne pas me froisser ou pour s’assurer qu’elle obtiendra une réponse ? Elle déteste être déboutée, ma maîtresse. Sa fierté le vit mal et, lorsqu’elle a énoncé la première, je sus qu’elle ne serait pas la dernière et que les suivantes me feraient froncer les sourcils. « Pourquoi je ne redeviens pas un bon petit soldat de la Navy ? C’est ça, ta question ? » Déjà mon cœur rate un battement. Il ne fera que trébucher par la suite. Elle remet en cause mon appartenance au Club, s’interroge sur les raisons qui me poussent à évoluer sur la terre ferme si je me sens mieux sur mon bateau. Elle utilise l’expression la plus laconique qui soit pour me qualifier : « un type comme moi » et je ne sais qu’en penser. Est-ce péjoratif ? Me trouve-t-elle atypique ? Trop pour elle ? Se dit-elle que les marins sont des espèces ennuyeuses ? S’explique-t-elle ma rigidité par cette excuse ? Suis-je tout ça à la fois : rigide, ennuyeux, atypique et, dès lors, solitaire et peu fiable ? Est-ce comme ça qu’elle me voit ? Pourquoi ça m’embête plus que ces questions concernant le Club ? Que ses réponses qui seront soit des mensonges, soit laconiques soit risquées ? Pourquoi ce qu’elle pense de moi compte-t-il à ce point ? « ça veut dire quoi un type comme moi ? » ai-je donc répliqué quelque peu sur la défensive en récupérant le tube de crème solaire qu’elle me tend. Personnellement, je n’ai rien contre l’idée de l’en badigeonner, de la masser pour que pénètre le baume et d’en profiter allègrement pour retrouver sa peau. Je suis tout de même envahi par la sensation qu’elle me tend un nouveau piège, un qui déboucha sur notre première danse lascive et sensuelle, un qui m’a engagé sur cette pente tantôt légère tantôt raide, un qui sous-entend que je finirai par tout révéler puisque sa peau sous mes paumes endort mon cerveau au profit de ce qui se cache sous ma ceinture. « Et, je te rappelle que je n’ai promis que le petit déjeuner et la serviette, le reste, c’était une supposition. D’ailleurs, je ne le fais pas pour toi, mais exclusivement pour mon plaisir à moi. » ai-je tenté, rassuré par son sourire et par la réclamation. D’un geste de la main, je l’ai invitée à se retourner, préférant commencer par son dos et, veillant à ne pas faire peser tout mon poids sur elle, j’ai entouré mes hanches de ses genoux, mais je me suis maintenu en appui sur ces derniers. Si j’avais raison, s’il s’agit autant d’une manigance que le fruit d’une envie routinière, il est des mots que je refuse de prononcer si elle cherche mon regard.

Bien entendu, j’ai mis du cœur à l’ouvrage. Je pris grand soin de titiller les zones de son corps qui l’éveillent, qui lui collent parfois – souvent – la chair de poule. J’y ai attardé mes doigts et mes lèvres aussi longtemps que possible. « Je suis encore là parce que si je pars, je ne le ferai pas pour de bonne raison. » En outre, j’ai une famille, des amis, un projet également et, si je ne l’avouerai jamais, il y a elle, la plus prégnante de toutes mes addictions pour le moment. « Parce que si naviguer me manque, ça ne veut pas dire que c’est ça qui me rend heureux. » Qu’est-ce qui détient ce pouvoir pleinement et entièrement de nos jours ? Si ce n’est Mitchell et la nécessité de le détruire ? Et encore ? Rien ne me prouve que je m’en sentirai mieux. « Je peux pas vivre continuellement à l’écart du monde parce que je trouve les gens complètement cons. » Et le mot était faible. « Je suis invalide, mais je n’ai jamais été lâche. » Certainement moins que les autres en tout cas. La preuve étant, j’affronte ce que je ressens pour elle. Je saisis à bras le corps mes peurs. Je discipline mes doutes. Je ne la chasse jamais même quand mon cœur s’emballe un peu trop à son contact. « Je suis au Club parce que tu m’y as introduis et j’ai accepté le job parce que ça m’a donné l’illusion que j’étais à nouveau utile. » A quelqu’un, même si une fois encore, les intentions sont mauvaises. « Je suis au Club parce que j’étais persuadé que là-bas, la discrétion serait le mot d’ordre et qu’on me ficherait la paix, que je pourrais gagner ma vie sans avoir à me lier d’amitié avec qui que ce soit. C’est pour ça que je suis au Club. » Ce qui n’est pas réellement un mensonge. Cette réflexion, je me la fais dès que Mitchell se barre pour de plus verte prairie et que je suis moins sur le qui vive. « J’ai été naïf sur ce coup-là. C’est une micro société avec tous ses avantages et ses inconvénients. Pour le moment, ça me va. Il y a plus d’avantage que d’inconvénients. » Ce monologue-là, je l’ai haché mon discours d’une kyrielle de baisers de sa nuque à la chute de ses reins. Je me suis aussitôt reculé pour me tracer un chemin jusqu’à son séant. Sa peau est toujours aussi salée. L’océan s’est posé sur mes lèvres. J’en ai récolté un peu plus du bout de la langue avant d’empoigner l’un de ses fesses musclée et rebondie. « Ta bouche mise à part, ça, c’est sûrement ce que je préfère au Club. » l’ai-je finalement taquinée, soucieux d’apporter à cet échange un rien plus de banalité sans tact. « Quoique j'hésite avec...» Le pouce et l'index de l'autre main ont taquiné sa petite culotte que j'aurais volontiers ôtée, mais je me suis abstenu. J'ai préféré mordiller la chair charnue au goût de sa fesse, faiblement, sans la marquer, uniquement pour l’embêter, qu’elle se retourne, à moins qu’elle ne ressente le besoin de surenchérir.




Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 YV4dgvCSujet: (Amelyn #9) ► EVERY BREAKING WAVE
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptySujet: (Amelyn #9) ► EVERY BREAKING WAVE    Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptyLun 2 Mar 2020 - 20:39



EVERY BREAKING WAVE
L’escapade n’avait rien de prémédité. Au contraire, je lui aurais acheté un bikini que j’aurais choisi le plus suggestif possible pour le lui offrir en cadeau. Pour peu, je regretterais presque de ne pas y avoir songé et d’avoir répondu à une impulsion plus qu’à la volonté de lui faire plaisir puisque tout en elle trahit que ce côté imprévisible de ma personnalité lui convient. Ce n’était pas la première fois que j’étais témoin de son amusement. Mais, à chaque reprise, j’appréhendais ses sourires conquis et ravis avec une joie non dissimulée. En sa présence, je suis agréable et taquin. Je définirais presque mes émotions d'égayées et, surtout, de spontanées. C’est encourageant pour la suite de la journée étant donné qu’elle est tout sauf une trouble-fête. Raelyn est un bourreau de travail, mais elle n’est pas de mauvaise compagnie. « Bien sûr que tu aurais dit non. » ai-je pourtant claironné sûr de moi. « Pas parce que tu es rabat-joie, mais parce que tu es une négociatrice née. » Sans quoi, elle ne remplirait pas le compte en banque du Club, de Mitchell et le sien par la même occasion. « Et, parce que je soupçonne que tu adores me voir négocier pour que tu restes avec moi plus longtemps. » Elle n’aurait pu le cacher. L’aurait-elle souhaité que ses regards lumineux de satisfaction l’auraient trahie. Et moi, ça me va. Ça m’ira tant qu’elle ne me donnera pas l’impression que je dois la supplier pour lui voler quelques heures et parfois une nuit supplémentaires. À l’inverse, nous n’en serions pas là. Je l’aurais beaucoup moins sollicitée si elle avait semé un quelconque doute autour d’elle. Sauf qu’elle se complaît dans notre rendez-vous jusqu’ici volé. Elle n’est pas la dernière à revendiquer mon temps. C’était une habitude de plus à la longue liste que nous établissions comme l’observer nue, les taquineries, les danses charnelles, le contact sage de ma peau contre la sienne, les caresses le long de son échine qui la font frémir d’anticipation ou encore mes doigts qui courent sur ses jambes ou ailleurs, au gré de mes envies. Force serait d’admettre qu’au terme d’un premier ébat, je n’aurais pas misé un kopek sur notre association. Honnêteté serait néanmoins de reconnaître qu’elle fonctionne plus bien. Nous nous entendons bien et, bien que je lui prête plus de dons que moi pour la communication, je ne m’en tire pas si mal finalement. J’arrive même à l’interroger sur l’épisode de la veille et à exprimer en mots simples ma jalousie. Cette aisance nouvelle est surprenante pour être soulignée. Sans doute suis-je entraîné par ce qu’elle ne dissimule pas la sienne. Elle ne nomme pas ses sentiments usuellement, moins encore lorsqu’ils sont aussi violents que la possessivité.

Elle ne plaisante pas quand elle prétend que Tessa sera sa cible favorite si, d’aventures, elle ne lâchait pas prise. L’avertissement est froid, soufflé sur le ton grave de la fatalité et de la nécessité et, bien évidemment, mon sourire s’élargit. Je me sens moins bête de lui avoir fait une demi-scène dans la voiture. Je suis également flatté, mais pas dans mon ego. Il est un personnage secondaire dans nos conversations et dans notre relation. Il ne sera à brandir que dans l’éventualité où elle me blesserait encore. Elle me louange d'être prête prête à perdre en sang-froid pour me garder auprès d’elle. Elle refuse de me partager et notre promesse d’exclusivité n’aura jamais été plus réciproque que ce matin-ci. Sa crise sur mon bateau n’était qu’un échantillon, l’élément déclencheur qui nous mena jusqu’ici. Elle aurait pu mourir de sa belle mort sous prétexte qu’elle me visualiserait comme acquis à sa cause définitivement, allant dès lors jusqu’à nous brader, se lasser de moi. La présence de cette beauté exotique aurait pu l’agiter bien moins que la perte d’un fournisseur. Sauf qu’elle exige, qu’elle menace et que je m’engouffre aussitôt dans la brèche. J’évoque son prochain rencard trop audacieux à mon goût. Je compare les situations ou, tout du moins, notre mécontentement respectif. Je partage mon inquiétude sans honte et, si elle les balaie, elle s’y prend en douceur. Elle me rappelle les comportements déplacés de sa pseudo-rivale et mon inaction. Elle lie le geste à la parole pour appuyer son raisonnement et ça fonctionne. Ces quelques caresses émanant de cette femme que je ne cesse jamais de désirer – à mon grand désarroi parfois : elle m’empêche de réfléchir – me renvoient à mon inaction. Je crois que, pour la première fois depuis notre préréconciliation, je réalise ô combien elle fut meurtrie par ces gestes d’affection qui m’ont coulé le long des reins. Alors, je l’ai serrée un peu plus fort contre moi, encore, comme si elle n’était pas déjà assez près. « Oui, mais ça ne compte pas. » Parce qu’elle n’est pas toi, me suis-je retenu de confesser. Dans ma tête, ça sonne étrangement. «Je laisserai ouvert. On ne sait jamais que ça s’éternise et que je me sois endormi. » ai-je menti sans feindre d’être sincère. La duper serait vain. Elle sait qu’après avoir formulé une telle promesse, j’attendrai sagement qu’elle daigne se montrer pour recueillir les détails de son rencard. Car, c’était bien ce dont il était question si j’en crois le choix du restaurant.

Qu’à cela ne tienne, je ne tergiverse pas davantage. La discussion s’allège et, celle-ci, elle m’amuse beaucoup plus. Elle joue les capricieuses, mon amante. Elle profite de ma prévenance et moi, je succombe comme un bleu. Mon avertissement, elle le balaie d’un rire qui aguiche, non pas mon corps, mais mes élans de fourberies facétieuses. La jeter à l’eau est une pantalonnade et j’en ris de bon cœur, faute à son air circonspect, passablement irrité et à sa menace sans fondement. Je l’écoute à peine. Je suis pris d’un tel fou rire que j’ai frappé ma cuisse à plusieurs reprises. « Tu veux remonter ? Déjà ? » ai-je surenchéri, me rappelant tout de même que les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures. J’ai désigné l’échelle d’un signe de la tête à deux reprises. « Et je me fous pas de toi. Ou seulement un petit peu. » Juste assez pour ne pas définitivement la vexer. J’aime quand elle fait la lippe. Ses traits n’en sont que plus délicieux, mais je déteste qu’elle me tire la tronche. Ça n’était pas arrivé souvent, mais j’en ai gardé un souvenir impérissable tant son indifférence fut désagréable. « Ne boude pas. » lui ai-je demandé alors qu’elle repousse ma main tendue. Se préserverait-elle d’un retour à la mer sans préavis ? J’en aurais été capable de céder à la tentation. Je l’aurais peut-être accompagné cependant, plus tard sans doute, lorsqu’elle cessera de simuler sa mauvaise tête. « Il pourrait l’être si tu me disais enfin ce que tu veux manger. » Bien sûr, elle a fait mine de se renfrogner, sous-entendant que j’étais bon pour me débrouiller tout seul. J’ai acquiescé d’une grimace amusée. « Hé, doucement, pas si vite. » l’ai-je arrêtée avant qu’elle n’entre dans la cabine. Mon t-shirt dégouline, le parquet n’aime pas l’eau et moi, j’adore l’effeuiller, plus encore lorsqu’elle se montre conciliante et sans fatalement verser dans l’étreinte. D’instinct, je l’ai détaillée avec précaution et, tandis qu’elle me vole un baiser, je suis envahie par ce goût de trop peu qu’elle accentue par son abandon lâche. « Pas de besoin de serviette si tu te sèches au soleil. » ai-je avancé dans l’espoir de la voir faire demi-tour. Sauf qu’elle joue.

Elle me nargue en ondulant ses hanches prisonnières de sa petite culotte. J’aurais juré que tout son corps, y compris ses tatouages, était destiné à me provoquer. Bien entendu, je pourrais la laisser s’enfuir sans broncher. Nous n’étions pas forcés d’abuser de la présence de l’autre chaque seconde s’écoulant. Mais quel ‘intérêt à ce qu’elle prenne un bain-de-soleil si je ne peux pas la contempler ? « Et tu vas y aller comme ça ? Sans crème solaire ? » me suis-je écrié non par inquiétude, mais pour qu’elle se retourne. J’aurais eu tout le loisir de l’inviter, d’un hochement de tête, d’assister aux préparatifs de son petit-déjeuner, qu’elle me guide et que je puisse atténuer cette impression de n’être plus qu’un chevalier servant plutôt zélé. Le rôle me va moyennement bien. Je suis donc intervenu. Je l’ai rattrapée, j’ai ceint sa taille et, d’un geste presque routinier, je l’ai tiré vers l’intérieur du bateau. Sa peau est humide contre la mienne. J’ai posé mes lèvres sur son épaule et j’ai récolté un peu du sel de la mer. « Tu ne veux pas que je jette des pétales de rose sur ton passage, non plus. » Aurait-elle résisté plus allant à rentrer avec moi que ses pieds auraient quitté terre. « Il faut que tu me donnes une bonne raison de ne pas me comporter en ravisseur, et tu l’auras ton petit-déjeuner. » Je lui presserai même un jus d’orange. « Et ta serviette, et même que je pousserai le vice à te protéger du soleil. » Bien que ça soit potentiellement dangereux si elle tend à prendre des couleurs. C’était un coup à terminer sous la douche, dans la chambre ou sur ce matelas sur lequel elle s’installera plus tard, lorsque mes paumes ne vagabonderont sur son ventre jusqu’à remonter vers a poitrine. Je ne veux pas grand-chose, juste un baiser plus aguicheur que le précédent, un qui me permettra de renouer avec l’envie de lui faire plaisir à tout prix. Je n’eus pas à insister longtemps et, si mes traits se cachent derrière le masque de la superbe, je ne me suis permis aucun commentaire. J’ai saisi ce qu’il y avait à prendre avant de m’atteler aux fourneaux. Peu de chance que je me sorte des conséquences futiles de mes badineries avec une tartine de confiture.

La véritable question, une fois devant mes armoires, ne consistait pas à deviner ce qui lui ferait plaisir, mais à choisir ce qui n’enverrait pas des signaux inquiétants. L’exagération, en matière de quantité et de diversité, rend les attentions les plus banales périlleuses pour qui se vante de n’avoir aucune attache sentimentale propre au couple. Notre truc à nous, c’était beaucoup de sexe et un paquet de tendresse et d’affection. Aussi, ai-je longuement oscillé entre des préparations qui réclameraient un peu d’investissement ou griller du pain, ce qui, en soi, était bien peu de chose. Pour m’aider à statuer, je me suis servi une tasse de café. Je l’ai réchauffé aux micro-ondes et j’y ai versé le contenu de mon verre de whisky. Au bout de trois gorgées, j’ai estimé que je me prenais trop la tête, que le lâcher-prise ne me ferait du bien finalement. Quel mal y a-t-il à lui faire plaisir quand les risques se jouent principalement dans la chambre à coucher ? Le reste, c’est du vent. Alors, je nous ai préparé un petit-déjeuner en deux couverts : des œufs brouillés et du bacon pour le salon – téléphoné, mais efficace –et du pain perdu en guise de dessert. J’ai disposé le tout sur un plateau – plus facile pour le transport – et je les ai pressées, ses saletés d’orange. J’ai servi deux assiettes pour que mes attentions paraissent plus normales que dévouées et j’ai cheminé vers le pont en veillant à ne rien renverser. Je ne suis pas maladroit habituellement, mais je me suis donné du mal et je n’ai aucune envie de tout gâcher et d’être forcé de consacrer près d’une heure à nettoyer le carnage. Dieu que j’avais l’air fin, un tube de crème solaire dans la poche et deux serviettes sur l’épaule. J’ai abandonné les victuailles sur la table basse et j’ai détaillé sa respiration pour vérifier qu’elle ne dormait pas. Elle était simplement assoupie, car elle a ouvert les yeux dès lors que ma bouche effleura son front. « À table. » lui ai-je chuchoté. « Tu as toujours faim ? Parce qu’on a de quoi petit-déjeuner, déjeuner. » Je me suis assis sur le second transat tandis qu’elle s’étire. « Après, si tu veux, on pourra aller se baigner. Vraiment. » Mes yeux ont glissé vers l’horizon et je m’y suis perdu. « C’est tellement paisible, ici. » Tellement que je ne compte plus le nombre de fois où j’ai envisagé de vivre au milieu de cette entendue et de me confronter aux Hommes uniquement par besoin, un jour ou deux sur le mois. « C’est ce qui me manque le plus, je crois. » Hormis Sofia, mais elle n’est pas comparable avec mes ambitions professionnelles. « De ne plus pouvoir passer des semaines entières en mer.» Rarement moins, souvent plus. « Bon. Allez, mangeons. Tout ça, ça m’a ouvert l’appétit. »



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Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptySujet: (Amelyn #9) ► EVERY BREAKING WAVE    Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptyDim 1 Mar 2020 - 23:10



EVERY BREAKING WAVE
Nous passions de plus en plus de temps ensemble. Les nuits où elle ne s’endormait pas à mes côtés devenaient aussi rares que d’aligner des 7 sur une machine à sou. Il nous était arrivé d’enfreindre nos propres règles en nous ébattant dans son “bureau“. Hier soir, nous avons démontré à tous que la rumeur n’était pas que du venin craché par des mauvaises langues. Et, malgré tout ça, nous nous bornons à ne pas nous considérer comme un couple. Nous rejetons l’idée et le mot pour nous qualifier. Néanmoins, aujourd’hui, alors que je confie à l’océan mes inquiétudes – il a souvent été mon plus fidèle confident – je ne peux plus l’ignorer. Raelyn et moi sommes plus proches de l’accointance amoureuse en devenir que de la liaison purement charnelle. Et elle ? S’en rend-elle compte ? Va-t-elle avoir envie de prendre ses jambes à son cou ? Va-t-elle envisager de tout arrêter malgré sa promesse puisqu’elle dépasse ce qui était convenu au départ ? J’avais parlé d’exclusivité, pas de créer une relation régie par l’affection. Mais est-ce de ma faute si notre histoire emprunte ce virage ? L’ai-je provoqué malgré moi ? Non ! Cela sous-entendrait que je calcule mes mots et mes gestes et que, dès lors, je lui ai menti le jour où je lui ai donné rendez-vous sur le bateau sept jours après ma proposition. Sauf je n’aurais pu être plus sincère. Je l’étais tant que je me suis rendu malade d’avoir été incapable de perfidie avec elle. Je me serais épargné des heures de tracas et d’impatience. Je ne suis en rien responsable de notre évolution et, si j’ai craint, qu’au réveil, elle soit effrayée par cette réalité, la peau de ses bras autour de mon torse m’a rassuré. Elle semblait de bonne humeur et loin d’être vexée par mon rapt. Elle s’autorise même une plaisanterie à laquelle je réplique un soupçon trop authentique. A force de lui répéter ô combien je la préfère nue, j’espère qu’elle se prendra au jeu et qu’elle m’accordera ce menu plaisir. A quoi bon s’encombrer de frusques qu’on ôtera tôt ou tard de toute façon ? Franchement ? « Pourtant, je les vois autant que le reste, tu peux me croire. » ai-je déclaré, goguenard, ma main cherchant ses jambes derrière moi. J’ai accroché son genou que je l’ai massé doucement. « Et, non, pas de maillot de bain, mais tu sais que les chances pour qu’on croise quelqu’un sont minimes ? » Elle pourrait se prélasser au soleil sur le transat sans craindre que quelqu’un ne puise la voir dans son plus simple appareil. « Et cette fois, ça n’a rien à voir avec mes plaisirs coupables. »ai-je ajouté le timbre rieur.

Je me fis aussitôt la réflexion que c’était idiot de ne pas déménager quelques-unes de nos affaires. Je ne vois aucun inconvénient à ce qu’elle utilise ma brosse à dent. Au vu de notre intimité, ce serait profondément hypocrite. J’y songe parce que je considère que ça nous éviterait des désagréments tels manquer de sous-vêtements propres, de maquillage – quoique je la trouvais magnifique avec ou sans – d’un rasoir me concernant. Bien entendue, je ne l’ai pas exprimée à voix haute, cette idée. Chaque chose en son temps. Je m’en sortais à bon compte ce matin. Elle n’avait pas l’air tourmenté par ce que nous devenions. Pas la peine de prendre des risques. Je préférais largement vérifier mes hypothèses. « Non. Je me suis réveillé, j’ai eu envie de vérifier que je n’ai pas dépensé une fortune pour rien ce qui est visiblement le cas. » ai-je avoué en retrouvant la mer des yeux. J’ai écrasé le mégot de ma cigarette dans le cendrier et j’ai bu une gorgée de mon verre. « Tu dormais bien. Je n’ai pas voulu te réveiller et, je n’avais pas envie de t’entendre dire non. » J’avais décidé. Ça aurait donné lieu à des négociations qui, en général, m’amuse beaucoup, mais qui ce matin, m’aurait mis mal à l’aie. Je crois qu’une part de moi aimerait qu’elle cède moi à mes arguments qu’à ses propres pulsions, un peu comme la veille, à cause de cette fille dont je ne connaissais que le prénom finalement. Elle le relève et moi, comme à l’habitude, je suis conquis par les différents témoignages de sa jalousie. La première, j’ai feint de ne pas l’entendre. La seconde rehaussa mes lèvres d’une grimace. « Ce n’est pas moi qui décide de qui vient ou pas. » J’aurais pu lui tout aussi bien remanier sa formule : tu sais très bien que c’est impossible. Je me suis abstenu principalement parce que je l’avais trouvé particulièrement déplaisante à l’oreille. Et puis, elle sait. Elle sait mieux que moi comment fonctionne le Club. Je ne voulais pas de son rencard avec son fournisseur. Elle n’avait plus envie que je sois confrontée à Tessa. J’ai parfaitement saisi son émotion, en particulier sa frustration, mais je crains de ne pas pouvoir accéder à sa requête, aussi légitime et justifiée soit-elle. La mienne l’était tout autant d’ailleurs. Ai-je jubilé de ce retour d’ascenseur ? Pas le moins du monde. « Il ne reste plus qu’à espérer qu’elle se soit sentie humiliée et qu’elle ne reviendra pas. » A défaut, je m’en garderai éloigné. Ça, c’était dans mes cordes, contrairement à Raelyn et son fournisseur. « Contrairement à moi qui vais devoir m’enfermer sur mon bateau, le soir où tu vas aller manger avec ton rencard. » ai-je soupiré, moins contrarié que soumis à l’aveu, en la rapprochant, machinalement, contre moi. « C’est plus ou moins la même chose finalement. » conclus-je en la serrant un peu plus fort de peur qu’elle se renfrogne et qu’elle s’éloigne. Le moment serait mal choisi alors que nous abordions ce qui a écourté une crapuleuse grasse matinée à ses côtés.  

M’attendais-je à une véritable révélation ? Aucunement. Suis-je déçu qu’elle ne batte pas des mains que le mystère sur notre relation soit levé ? Pas le moins du monde. Je prêtais à sa pondération un peu de peur qui ressemble à la mienne et à son élan de pudeur. Raelyn, elle peut confier sans vergogne ce qui vient de son corps, mais dès lors que ça concerne le cœur, il n’y a plus personne. J’en avais pris mon parti parce que je ne suis pas doué pour rapporter en mots simples ce que je ressens. Comme elle, je dépense beaucoup d’énergie à renvoyer au tapis tout ce qui me paraitrait fleur bleue. Cette balade en bateau n’avait pas vocation à la séduire. Je nous ai lancé dans cette aventure sans arrière pensée, sans réelle envie de la piéger ici, avec moi, qu’elle puisse entrevoir une facette de ma personnalité jusqu’ici endormie. Selon un raisonnement identique, je ne me souviens pas lui avoir chuchoté à l’oreille que je me chargeais de lui servir un petit déjeuner en bonne et due forme. Je sais faire pourtant. J’aurais même de quoi lui préparer du pain perdu. Lorsque Sofia était petite, il n’était pas rare que je me lève plus tôt pour lui remplir l’estomac avant l’école. J’étais dès lors convaincu que je n’empoisonnerais pas mon invitée. Un rien me retient néanmoins. Un petit quelque chose qui me met mal à l’aise et qui tient à ce que, dans le fond, je les aime bien, ces moments de normalité où le sexe n’est pas au cœur de nos échanges. Ils me plaisent autant qu’ils me font flipper. « Vraiment ? » ai-je répliqué en arquant un sourcil. « Tu es certaine que c’est ce qu’il t’a vendu ? Moi, j’avais compris qu’il t’invitait à te servir toute seule, comme une grande fille. » ai-je tenté pour me dérober, ce qui était somme toute ridicule. Le ton est badin, sa moue mutine, et déjà je lâche prise. J’ai attrapé sa main, j’ai soupiré, signe que j’abdiquais pour ses beaux yeux et, pour me défendre de ma faiblesse, j’ai ajouté : « T’imagine pas que ça va devenir une habitude, parce que c’est hors de question. »

Nous étions déjà dans l’escalier qui séparait l’étage – là où trône en maître le gouvernail – et la cabine. Il nous restait à traverser le pont pour la rejoindre et une idée folle, un peu grotesque, a poussé comme une fleur dans mon esprit réanimé. « Qu’est-ce qui te ferait plaisir ? » ai-je demandé pour noyer le poisson de ma prochaine facétie. « Et, est-ce que tu sais nager ? » Prise au dépourvu, elle a hoché la tête, a fait mine de déclamer son menu et avant qu’elle n’ait le temps d’ouvrir la bouche, je me suis penchée pour glisser ma main derrière ses genoux. « Je crois que non, la douche d’abord. » l’ai-je averti sans lui accorder le temps nécessaire à s’accrocher à mon cou. Je l’ai balancée à l’eau par-dessus la rambarde. Je l’ai jetée aussi loin que possible, hilare et fier de moi. C’était idiot évidemment. Mais, est-il sensation plus agréable que d’être à nouveau capable de rire sincèrement sans avoir aligné un rail de coke pour balayer les affres de l’alcool ? N’est-ce pas séduisant que de ne plus se sentir coupable d’être enjoué ? « Elle est bonne ? » l’ai-je houspillée quand elle reparut. « Tu ne m’as pas dit ce que tu voulais manger non plus. » Son air surpris et irrité est un ravissement, même si je sais que je paierai cette farce très cher. J’ignore si je parviendrai à récupérer de ce fou-rire. « Je suis désolé, c’était trop tentant. » me suis-je excusé dans l’espoir de déminer son éventuelle mauvaise humeur. « Allez, fais pas cette tête. Avoue que dans le fond ça t’amuse toi aussi. » Et quand bien même… je n’avais pas souvenir d’avoir été aussi guilleret depuis des années. C’est elle qui m’aide à renouer avec ce que j’étais de plus agréable et je devrais m’en tenir à l’écart autrement que physiquement ? Mais, comment m’y prendre ? Comment, si ce n’est en me rappelant qu’au fond, je suis incapable de lui rendre le quart de tout ce qu’elle fait pour moi, qu’au plus profond de moi, je ne serai jamais assez lumineux pour la contenter sur le long terme. Jamais.  


Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 YV4dgvCSujet: (Amelyn #9) ► EVERY BREAKING WAVE
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptySujet: (Amelyn #9) ► EVERY BREAKING WAVE    Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptyDim 1 Mar 2020 - 17:02



EVERY BREAKING WAVE
En toute honnêteté, je ne suis pas certain que j’aurais réagi de manière identique si, à peine une heure plus tôt, le fournisseur de Raelyn n’avait pas éveillé si brusquement ma jalousie. Elle s’était assoupie ces dernières semaines. Fort de nos promesses tacites, fruit d’un arrangement savamment organisé dans le but de ne pas effrayer mon amante, j’étais parvenu à maîtriser l’émotion et cette envie de souligner, de temps à autre, que certaines de ses tenues, quoiqu’elles m’enjôlent, laissaient si peu de place à l’imagination que chaque regard posé sur ses hanches par d’autres que moi me crispait. J’avais même réussi à contrôler les œillades désapprobatrices qui auraient tôt faits de provoquer son esprit de contradiction. J’avais eu de quoi être assez fier de moi. J’avais cependant balayé mes efforts et, si la présence de Tessa, au Club, ne m’a pas enchanté, je lui ai rapidement reconnu une véritable utilité. Je n’ai pas joué avec elle. Je n’ai pas répondu à ses gestes éhontés. Ses caresses sur mon bras, ses sourires aguicheurs, ils me désappointaient. Je n’ai jamais été un infidèle de renom. Je n’ai jamais été contraint d’inventer des mensonges pour couvrir mon manque d’authenticité sentimentale ou charnelle. Mes fadaises se bornent aux exigences de la nécessité, sans quoi j’aurais déjà avoué à ma partenaire que je suis un homme marié, qui pleure après un divorce qui lui est tout bonnement refusé. J’aurais rassuré Raelyn sur son statut également. Elle n’est pas l’autre femme. Il n’y en a plus qui partage ma vie depuis longtemps, hormis cette sirène. Autant dire que je gère mal la scène dont je suis victime, si bien que je la bénis, ma possessive, d’avoir marqué son territoire avec tant de panache. Elle s’est assise sur mes genoux, m’a embrassée, a nargué cette rivale qui n’en est pas vraiment une. Elle nous a affichés devant la clientèle et les quelques membres de l’organisation présents sur les lieux sans encombrer de retenue. Je ne disposais d’autres choix que de parachever son œuvre, d’y apporter la touche finale. Le portrait de notre histoire lui ressemblait plutôt bien. Il est aussi beau et dangereux qu’elle ne l’est pour mon cœur et moi, je n’ai pas réfléchi. Je n’ai pas dosé l’impact de mon attitude habituellement neutre, discrète et prudente. Je l’ai entraînée avec moi là où le doute ne serait plus permis, là où chacun pourrait constater que la rumeur était fondée.

Égoïste, je nous ai offert à John en friandise puisqu’à aucun moment je n’ai pris le temps de m’interroger sur les avantages et les inconvénients de la démarche et sur ce que Rae en penserait. J’ai défié nos détracteurs, ravi les partisans qui s’ignorent de notre histoire. J’ai bravé mes préceptes et les avertissements soufflés par ma raison. Au milieu du bar, là où s’agglutine la plèbe, je l’ai saisie par la nuque et j’ai dévoré ses lèvres le temps d’un baiser évocateur. Seul un aveugle n’aurait pas remarqué qu’il signait la fin de nos cachotteries et le dernier d’une longue série. C’était l’instant idéal pour échapper aux curieux. John avait déjà déposé sa serviette sur le zinc, quitté son bar. Dans moins de deux minutes, il nous envelopperait de son sourire mielleux pour quérir de quoi nourrir ses ragots. Aussi, ai-je tiré ma partenaire par la main et nous conduire, sans attendre, jusqu’à la voiture. Dans ma poitrine, mon cœur s’épuise dans un marathon pour lequel il est à peine taillé. Mon corps la désire au point que ses mains sous mon T-shirt, ses doigts qui courent sur ma peau, ses lèvres dans mon cou, sont une torture. Conduire devient compliqué. J’ai imaginé près de dix fois m’arrêter sur le bas-côté de la route pour me défaire de ma convoitise sur la banquette arrière de la voiture. Sans doute n’aurais-je pas hésité si le trafic n’avait pas été aussi dense. Trouver un coin tranquille aurait mis plus de temps de retrouver la marina. Nous conduire à son loft aurait somme toute été la solution la plus rapide, mais je ne suis pas prêt.

Je n’ai pas envie que le souvenir de Tobias me prive de cette émotion déchirée entre la joie et l’appréhension. J’aime l’idée qu’elle soit à moi aux yeux du reste du monde. Je déteste celle qui présume que les chiens à sa botte nous prennent si peu au sérieux qu’ils l’observeront comme le prochain os à ronger. Ça nous abîmerait, si pas autant, aussi sûrement que le dealer qui gagna des droits sur son plaisir. Combien de temps ? Je n’avais aucune envie de le savoir. Ce qui comptait, c’était qu’il était sorti du décor, qu’il n’avait plus de place que dans mon esprit possessif. Un jour, ça passera. J’aurais pu chasser de ma mémoire son arrogance lorsque les jambes de cette beauté enflammée encouragent mes plus bas instincts. J’aurais changé d’itinéraire si je n’étais pas convaincu que le lendemain matin, je m’en sentirai contrarié et bougon à nouveau. J’aimais l’être moins en sa compagnie. Je tenais à ces longues minutes où, apaisé, je m’éveillais doucement et sans angoisse. Je le lui aurais volontiers expliqué si j’avais été capable de prononcer un traître mot. Je suis juste bon à la détailler, à l’embrasser à chaque feu rouge, de glisser mes paumes sur sa cuisse, de les remonter doucement et de maudire les feux lumineux passant aux verts. Je suis à juste apte à garer mon véhicule à la hâte et à la tirer derrière moi jusqu’au bateau que les murs soient témoins de nos ébats et de notre complicité. Nous semons nos vêtements, nous égarons la raison en soupir, nous parlons ce langage qui nous est devenu si familier que, nous endormir côte à côte relèverait presque de l’habitude ou de la routine rassurante.

Au petit matin – le soleil venait à peine de se lever – je fus pris de l’envie subite de nous éloigner du monde et des qu’en-dira-t-on qui doivent aller à bon train. Veillant à ne pas la réveiller, j’ai démarré le bateau, j’ai manœuvré sa sortie du port et j’ai navigué. L’iode, la brise dans mon visage, la sensation du bois de la barre dans mon poing m’ont rasséréné alors que l’inquiétude me gagnait depuis près d’une demi-heure. Et si, avec le recul, elle regrettait de nous avoir affichés ? Si elle m’en voulait de l’avoir prise au piège sans avoir au préalable vérifié ses intentions ? Son attitude, avec Tessa, était-ce un assentiment ? Avait-elle au contraire opéré à cause de l’urgence ? Était-il nécessaire d’en discuter avec elle ou, en revanche, me fier à l’intensité de cette nuit devrait suffire à me détendre ? Perdu dans mes réflexions, j’ai allumé une cigarette et j’ai enroulé ma main autour de mon verre rempli au préalable et auquel je n’avais pas encore touché. Je m’étais nourri de café jusqu’ici, ce qui était assez étonnant pour être soulevé. J’ai respiré profondément l’odeur des embruns et, les yeux fermés, je me suis laissé porter par le bruit de balancier des vagues, par le chant des mouettes et par le souffle léger d’une brise d’été.

Je n’ai pas entendu le pas de Raelyn derrière moi qui, en douceur et délicatesse, a ceint ma taille de ses bras et a chuchoté quelques mots à mon oreille. « Dans mon fantasme, tu es complètement nue du matin au soir, mais je suppose que je peux faire une croix dessus ? » avouais-je au comble de l’obsession. Je ne comptais plus le nombre de fois où je lui rapportais mon plaisir à ce qu’elle s’anime, sans vêtements, sous mes yeux. « Tu as bien dormi ? » lui ai-je demandé, la tête tournée dans sa direction, la sienne posée dans mon dos. « Tu n’es pas…tracassée ? » J’ai hésité pas tant parce qu’elle semblait embêtée, mais soucieux qu’elle ne s’imagine pas que je suis en proie aux remords. « Je me suis dit que nous isoler un peu ne pourrait pas nous faire de mal. » J’en avais besoin et, dans l’absolu, ce voyage improvisé nous servirait peut-être de plâtre dans l’éventualité où l’organisation déformait notre réalité. « Il y a du café, si tu veux. Et, si tu as faim, le frigo est plein. On a de quoi tenir une petite huitaine de jours, mais si tu le demandes gentiment, ton ravisseur pourra nous ramener vers la côte d’ici quatre jours. » Même avant, mais je m’autorisais une marche de manœuvre pour les négociations. « Les gens parleront de toute façon… autant leur donner de bonne raison de le faire. » J’ai gonflé mes poumons d’air frais, je me suis décalé, j’ai détaché ses mains de ma taille et je me suis retourné pour l’enlacer. « Je sais que ce n’est pas tout à fait ce que nous avions prévu au départ, mais je ne vais pas te cacher que, dans le fond, ça ne me déplaît pas. » Ma jalousie ne sera plus jamais un problème à présent. Tout du moins, je l’espérais. « Et, je me dis que toi non plus. Tessa ne m’intéressait pas, tu sais. » Mais, elle n’était pas la première à trouver intérêt à la couleur de mes yeux et mes airs vraisemblablement inaccessibles ? « Mais, si je me trompe, on peut revenir en arrière. Rien n’est écrit dans le marbre. Un peu d’indifférence et ils se diront que c’est terminé avant d’avoir vraiment commencé. » Mes mains ont retrouvé leur place préférée contre sa peau et j’ai ajouté, comme si le débat était clos alors que j’étais tout dispensé à l’animer : « Je t’ai attendu pour prendre ma douche, si ça te tente.» conclus-je en lui posant un baiser sur le bout de son nez, ses paupières et son front.



Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 YV4dgvCSujet: happy birthday » thomas #9
Atlas Siede

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptySujet: happy birthday » thomas #9    Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptySam 29 Fév 2020 - 13:41
happy birthday
Thomas & Cian #9


C'est l'anniversaire de Thomas.

Ce n'est pas tous les ans que l'on peut célébrer son anniversaire puisque monsieur a choisi de venir au monde un 29 février. D'ailleurs, je le connais par cœur et je sais qu'il va éviter avec soin le fait que ce soit son quarantième anniversaire pour plutôt parler du fait que c'est seulement la dixième fois dans sa vie qu'un 29 février existe. Je le connais tellement que j'ai tout prévu autour de ça. On n’a pas vraiment envie de passer la barre de 40 ans, en tous cas, je sais que je n'ai pas envie, alors on va lui fêter son dixième anniversaire. Il doit bien se douter que je prépare quelque chose, il n'en a pas parlé alors que la date ne cessait de se rapprocher. Il a évoqué une ou deux fois le faite qu'il y allait avoir un 29ème jour de février cette année, mais rien de plus. Peu de gens on relever à la base tellement tout le monde est persuadé que son anniversaire tombe le 28. Malheureusement pour lui, il est né quelques mois avant moi, chaque année, j'ai donc le plaisir d'entamer les festivités pour lui. Bien entendu, chaque année, il se venge deux mois plus tard.

Cette année, il ne sera pas déçu du voyage.

Il est un peu moins de sept heures du matin lorsque je me gare devant l'immeuble de Thomas. Je sais que les deux plus petits sont avec lui et je compte bien réveiller les enfants avant d'aller me jeter sur leur père. Après cela, Clara et Arthur iront passer un peu de temps avec Ida et Alex avant la fête prévue de ce soir. J'ai mon plan en tête et je compte bien l'exécuter à la perfection. C'est pour cela que je me faufile en silence dans les couloirs de l'immeuble alors que je transporte des ballons et tout un tas d'autres trucs pour un réveil en fanfare et un petit-déjeuner au top. Je fais glisser le double de clé dans la serrure et pénètre dans l'appartement encore complètement endormi. Le chien vient me voir et tourne sa tête comme s'il me posait une question silencieuse. Heureusement, il me connaît bien et ne se met pas à japper. Je lui gratte la tête et avance dans le couloir direction la chambre de ma filleule. Clara est endormie de travers dans son lit entouré par une pléiade de peluches dont une que je reconnais particulièrement puisque c'est moi qui lui ai offert à Noël. Je viens embrasser son front et touche son épaule doucement, elle se réveille presque de suite et me regarde surprise. « Tonton Cici ? » Je lui souris et mets un doigt sur ma bouche pour lui dire de faire doucement. « C'est l'anniversaire de papa aujourd'hui, ça te dit d'aller le réveiller avec moi ? » Elle hoche la tête et se relève tellement vite qu'elle manque de tomber de son lit. Je ris et la récupère contre moi. On prend quelques minutes pour qu’elle se réveille et je l’emmène réveiller son frère. Je ramène les enfants dans le salon avec moi et leur donner un peu de cotillons et quelques ballons gonfler à l’hélium. « Okay alors on va dans la chambre de papa et on crie joyeux anniversaire, d’accord ? » Ils hochent de la tête en même temps tout en sautillant dans tous les sens. Je souris et leur fait signe d’y aller. Il est officiellement sept heure et quart lorsque l’on entre en trombe dans la chambre à coucher de mon meilleur ami en hurlant. « JOYEUX ANNIVERSAIRE ! » Et bien entendu, je suis fier de ma connerie.

@Thomas Beauregard
 
Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 YV4dgvCSujet: (Amelyn #9) ► EVERY BREAKING WAVE
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptySujet: (Amelyn #9) ► EVERY BREAKING WAVE    Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptyJeu 27 Fév 2020 - 21:55



EVERY BREAKING WAVE
Ma jalousie n’est pas à interpréter comme une preuve de méfiance. Je suis certain qu’à l’heure où nous scellâmes notre union atypique, elle était sincère, sans quoi elle n’aurait pas émis une condition qui, dans les faits, n’avait rien d’handicapant. Certes, ma fierté s’offusqua qu’elle réclame d’être à son entière disposition. Néanmoins, je la muselai efficacement. Pourquoi s’encombrer d’orgueil quand un ordre nous séduit ? Qu’elle siffle autant qu’elle veut, à moins que je ne sois occupé à Kilcoy auprès de Sarah – elle n’avait toujours pas signé les papiers du divorce et ça m’empêchait quelquefois de dormir – aucune de mes occupations n’étaient essentielles à ma vie. Plonger me prendrait peut-être du temps, mais pour l’instant, cette passion pour les fonds marins, celle qui m’avait cruellement manquée, n’était qu’un balbutiement et il n’était pas exclus que j’initie ma sirène. Une sirène. C’est ce qu’elle était aux yeux de bien des hommes, y compris ce fournisseur. Elle lui plaisait et, dans sa folie, il arrivait tant et si bien à se convaincre de la réciproque qu’il s’essaya à endormir sa mauvaise humeur par un rencard. Elle, elle accepta, enfonçant le dernier clou dans le bois du cercueil de mon sang-froid. Je suis furibond, à tort, je le sais pertinemment. Sauf que tout occupé à contenir les tics nerveux de ma mâchoire et de ma paupière, je suis incapable de me raisonner, de me rappeler que c’était son job que d’être mielleuse et de paraître disponible, de me souvenir qu’il serait mieux de rire de cette mascarade. Lui, il ne la touchera pas. Il ne peut pas la dévêtir, la conduire aux portes du plaisir et l’aider à les ouvrir en grands. L’aurait-il déjà fait – ce dont je doutais - que ça lui était désormais interdit. Normalement, cette vérité aurait dû suffire à me calmer. Malheureusement, le problème réside dans mon absence de confiance en moi. A la question récurrente: “qu’est-ce qu’elle me trouve“, ma tête n’a toujours pas formulé de réponse valable. Je me dégoûte depuis la mort de Sofia, ma condition physique a perdu en panache et ma récente conversation avec Lola n’aurait pu m’approcher davantage de ce que mes œillères tendent à ignorer : je suis un alcoolique notoire et aucun de mes subterfuges n’y changera quoi que ce soit. J’ai beau la dissimuler derrière du parfum hors de prix, le whisky sue par tous les pores de ma peau. Alors, récemment, je me suis découvert un goût prononcé pour la vodka pour ce qu’il a d’inodore et d’indétectable. C’est la boisson préférée des travailleurs qui craignent d’être viré de leur job. Moi, je ne redoutais pas de perdre le mien, c’est Raelyn que j’imagine me fuir pour un amant plus fringuant, plus jeune et moins malsain que moi. C’est à cause d’elle que je me sens proche de la rupture émotionnelle dès lors qu’il pose ses lèvres sur sa joue. Mais, c’est uniquement de la mienne si l’atmosphère, dans la voiture, se charge d’électricité.

Lassé de faire semblant de rien, elle me pressa d’ouvrir la bouche, de rire avec elle du grotesque de ce tenancier de boîte de nuit qui aurait vendu père et mère, pas tant pour la bousculer, mais pour qu’elle ne rompt pas leur accord. Car, pathétique, il l’était, autant que moi qui bouillonne pour pas grand-chose. Elle a raison quand elle me traite d’idiot. Pourtant, animé par une mauvaise foi sans nom, je me renfrogne à la seconde. La preuve en est, je change les vitesses avec brusquerie au mépris de l’embrayage. Je l’abime, un peu comme nous d’ailleurs, parce que comme moi, elle déteste rendre des comptes, Raelyn. Doit-elle donc tenir à moi pour se prêter à ce jeu ? Elle m’accule, le dos contre ma bêtise et j’opte pour un silence rageur. Je suis frustré au possible d’être tenté d’admettre qu’elle a raison. A quoi bon aggraver mon cas par le mensonge ? Aurais-je affirmé que je suis agacé qu’un salaud lui témoigne moins d’égard à la poupée de sa fille éventuelle, que ça sonnerait faux de toute façon. Je préfère continuer à bougonner dans mon coin. Retranché derrière mon mutisme, je suis à l’abri d’une démonstration de bon sentiment supplémentaire. Je ne tiens pas ma propre promesse cependant. J’avance, fier de ma connerie : « Si ce n’est pas un rencard, je peux venir alors ? » Cette interrogation, pour le moins intrusive, je n’y puisai aucune fierté. Au contraire, elle m’a horrifiée. A quel moment vais-je pousser le vice jusqu’à exiger de révéler notre liaison à la plèbe ? A quel moment suis-je supposé m’en sentir plus heureux alors que j’ai foi en la discrétion ? Je ne fais pas semblant d’y croire pourtant. Qu’est-ce qu’il m’arrive exactement ? Quoiqu’il soit impossible d’effacer cette ânerie, puis-je la balayer sans dommage ? Bien sûr que non. Or, le bât blesse et j’entrevois désormais l’ombre d’une explication effrayante. D’aussi loin que je me souvienne, jamais je n’ai eu à subir des émotions d’une telle violence pour une femme. Jamais. Pas même pour Sarah et Dieu seul sait ô combien je l’adorai. Est-ce révélateur que, cette fois, je suis tombé amoureux de ma passagère ? Pas tout à fait. Aucun papillon ne décolle depuis mon estomac à son contact. Je la désire, j’y suis attaché parce qu’elle vit et qu’elle est contagieuse. Ça s’arrête là et c’est pis encore. Ce n’est plus qu’une question de temps avant que je ne sombre du côté obscur et qu’arrivera-t-il si elle le devinait ? Fuirait-elle, dépassée par mes réactions ? Je me suis juré, en sortant de la voiture sans l’embrasser, que mon combat serait de freiner des quatre fers, oublié l’idée de l’intégrer à ce qu’il reste de beau dans ma vie. Ralentir pour la retenir et ça commence maintenant. Au diable le besoin que chacun sache que je la possède au gré de nos envies et de notre convoitise. Je n’ai pas assez d’envergure pour qu’elle m’aime. Au mieux, elle s’embarrassera d’affection et je m’en contenterai. C’est pas si mal, finalement. Les petites rivières font les grands ruisseaux.

Fort de mon serment et déçu de mes réactions – elle méritait mieux que cette pseudo-indifférence – j’ai regretté que le destin me soit si cruelle. Depuis cette soirée à l’allure de réconciliation, Tessa avait disparu du décor. J’avais fini par l’oublier jusqu’à ce qu’elle m’accueille en Messie et je ne pus cacher qu’à défaut d’être flatté par son intérêt, j’ignorais quoi en faire. L’espace d’un bref instant, j’ai songé à la repousser, flirtant avec la limite de la prétention. Elle m’a à peine accordé le temps d’entériner mon projet qu’elle m’a tiré vers une chaise et m’a invité à rejoindre sa table de jeu. J’étais mal embarqué, plus encore que ma tentative pour désamorcer la bombe Raelyn n’a pas eu l’effet escompté. C’était à son tour d’enragé et, étrangement, je n’y ai puisé aucune allégresse. Je me sens pris au piège entre le devoir de la plumer – ce qui ne m’était autorisé lors de notre première rencontre – et celui de ne pas provoquer ma maîtresse. « J’ai droit à un conseil avant de commencer ? Il parait que vous êtes le meilleur. » m’a hélé Tessa, la bouche en cœur et le corps penché sur ma bulle proximale. Elle est large. Je la trouve trop près, beaucoup trop et, d’instinct, j’ai déplacé mon siège sur la gauche. « J’en déduis que j’avais raison. Vous m’avez laissé gagné, pas vrai ? » Elle rit avec l’éclat emprunté à actrice débutante. Quant à cette main qu’elle attarda sur mon bras, en plus d’achever mon semblant de sérénité, trahissait de ces intentions pour la nuit. Ai-je le droit de claironner qu’elle perd son temps ? Que je suis impuissant ? Ou même homo ? Des trois propositions, aucune ne me convenait. Il me restait la carte du mariage, mais l’arrêterait-elle en si bon chemin. J’ai cherché de l’aide autour de moi et, Raelyn, princesse parmi les femmes, m’offrit la porte de sortie la plus éloquente et, n’ayons pas peur des mots, la plus louangeuse. Elle a barré mes genoux de son corps, je l’ai enlacée moins par réflexe que mû par le soulagement et, ses avant-bras autour de ma nuque, elle m’a dérobé un baiser encourageant, comme ça, devant tout le monde. Mon imagination a prêté à quelques uns de nos collègues présents des « ah » de ravissement pour les femmes et des « oh » d’un marasme d’impression contraire. Ma partenaire au poker, sur laquelle je n’ai pas posé un regard, remua à mes côtés et moi, au départ effaré, puis agréablement conquis, je n’ai entendu que cette amorce provocatrice. Ce « on joue », il ne m’était pas destiné. C’était la non-rivale qu’elle narguait. Je l’ai pourtant pris pour moi. Je suis un joueur né et, sans un égard pour la déconfiture à peine voilée de sa congénère au teint mat, j’ai soufflé : « Oui. On va jouer, oui. » en me redressant d’un geste machinal. J’ai saisi Raelyn par la main et je l’ai traîné avec moi au milieu du bar, là où John déposait les verres de la clientèle sur un plateau. « Quitte à s’épingler, au moins le faire correctement. » déclamais-je déterminé dès lors que j’ai stoppé cette course folle au milieu de la plèbe abasourdie par notre promiscuité. C’est là qu’il faut s’exposer, là où les rumeurs commencent et finissent. C’est ici que je l’ai embrassé, non pas fugacement, comme elle, auparavant, mais de sorte que le doute ne subsiste plus. « Et maintenant, c’est le moment de partir. » conclus-je sans lâcher jamais ses doigts jusqu’à la voiture. Le boulot attendra.



Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 YV4dgvCSujet: (Amelyn #9) ► EVERY BREAKING WAVE
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptySujet: (Amelyn #9) ► EVERY BREAKING WAVE    Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptyJeu 27 Fév 2020 - 18:50



EVERY BREAKING WAVE
D’un point de vue extérieur, cette relation avec Raelyn ne serait pas citée en exemple dans un magazine pour les gamines en quête du Prince charmant. Je n’en suis pas un et, dans notre conte, la princesse n’est pas une demoiselle en détresse. Elle est forte et indépendante. Elle dirige son entreprise d’une main de maître et, par là même, attire sur elle des regards concupiscents. Les hommes de pouvoir sont excités par ce genre de personnalité. Certains les envisagent chaudes dominatrices et d’autres rêvent d’étrenner leur virilité pour leur rappeler que le monde n’est pas à leurs pieds. Et moi, dès lors qu’ils souillent ma maîtresse – je n’ai pas encore statué sur un mot pour la qualifier - de leur regard licencieux, je suis chargé à bloc, en proie à une recrudescence de violence. J’étais rattrapé par une jalousie inédite accentuée par ce que nous vivions retranchés dans le donjon de notre complicité. C’était une autre de ces bizarreries qui entouraient notre liaison exclusive. Jadis, je n’aimais pas qu’on approche Sarah, mais je ne subissais pas les affres de la colère. Je ne frôlais pas non plus l’attaque d’apoplexie puisque j’avais tout le loisir de marquer mon territoire. Je pouvais la saisir par l’épaule, la presser contre mon flanc et exiger d’elle un baiser. Je pouvais ensuite narguer les malappris et me nourrir de leur excuse. En outre, usuellement, j’abonde dans le sens de l’adage qui conseille de rester à l’écart des autres puisqu’ils sont l’enfer sur terre. Pourtant, à plusieurs reprises, j’eus l’envie de jeter la maxime avec l’eau du bain avant de me reprendre. Nous exposer aux paires d’yeux curieuses, c’est autorisé les langues de vipère à cracher du venin. C’est alimenter la rumeur et lui permettre de se répandre sous les pieds de mon association à Raelyn comme une flaque d’huile poisseuse, indélébile. S’afficher, c’était prendre le risque de mettre à mal la confiance fragile que nous bâtissions de nos mains non férues à l’exercice. Dois-je rappeler que je m’étais longtemps laissé entraîné par la vague de mon mariage ? Que c’est mon épouse qui passait son temps à me rassurer quand, plus volage avant de signer à la mairie, je m’interrogeais sur le bien-fondé de notre entreprise. Mes doutes s’envolèrent lorsqu’elle porta le monde, mais trop souvent j’eus l’impression que nous avions brûlé les étapes elle et moi. Au contraire, nous aurions survécu à l’ouragan Sofia. Nous ne nous serions pas déchirés devant l’adversité au grand plaisir de nos détracteurs. Aujourd’hui, c’est moi qui dois constamment veiller à ne pas angoisser Raelyn et Dieu que c’est fatigant. C’est éreintant, mais ça en vaut la peine. La plupart du temps, elle semble s’épanouir à mes côtés et moi, pour ne pas planter la mauvaise graine dans son cœur qui tend à céder à la panique, je m’efforce de taire mon ressentiment quand un sale porc la déshabille du regard. Ô bien sûr, je fulmine intérieurement. Je suis moins délicat quand nous nous retrouvons, mais elle ne s’en plaint jamais puisque ce n’est pas systématique. Fréquent, certes, mais sporadique.

En toute franchise, je ne saurais dire ce qui, ce soir-ci, dévissa un boulon de cette mécanique du silence pourtant bien rôdée. Elle m’avait proposé de l’accompagner à l’un de ses rendez-vous avec un fournisseur qui se caractérisa par son impolitesse. Sa bouche doucereuse n’était que sous-entendus tendancieux. J’en ai grincé des dents à plusieurs reprises et je fus forcé de me lever pour ne pas être tenté de lui cracher au visage. Autant dire que me contenir épuisa mon sang-froid. Dans la voiture, alors que nous rentrions au Club, je me suis écroué à l’un de ces silences annonciateurs d’une tempête. J’étais contrarié au point que serrer le cuir du volant ressemblait à une nécessité. Il m’aidait à m’accrocher à la réalité, celle qui la prétend à moi, rien qu’à moi, parce qu’elle l’avait décidé sans que je n’aie à lui forcer la main. Je me le suis répété comme un mantra pour contenir mon humeur. Et, Dieu que j’aurais aimé qu’elle soit dupe, la passagère. Je n’ai pas réagi quand elle a posé sa paume sur ma cuisse et, évidemment, elle a compris. Elle a saisi que je ronchonnais et m’a interrogé. Moi, désagréable, j’ai grommelé une connerie qui acheva de la convaincre qu’elle avait visé juste. Elle a insisté et j’ai aussitôt regretté qu’elle me connaisse si peu finalement. Elle me devine souvent, mais elle est comme le Petit Prince, Raelyn. Elle ne renonce jamais – ou rarement – à une question. Sauf que ce n’est pas le moment. Je ne suis pas certain d’avoir envie qu’elle jubile et se gausse de ma possessivité. « Je suis juste surpris qu’il ne t’ait pas proposé de te déshabiller sur son bureau. » ai- je admis sans parvenir à réprimer ma nervosité. « J’aurais eu moins le sentiment que je n’existais pas. » Ce qui en tout état de cause était proche de sa réalité, à ce pauvre type. Dans ce genre de situation, j’enfile la casquette du garde du corps, pas de l’éventuel petit-ami qui, par ailleurs, trouve l’appellation ridicule et qui, non négligeable, se tient à une distance respectable de l’échange. Je suis insignifiant quand elle mène ce genre d’entretien et, fondamentalement, ce n’est pas ce qui me dérange le plus. Je m’en fous, vraiment. Je suis un gars discret en substance, persuadé qu’être sous-estimé est un avantage de taille. « Il t’a quand même filé un rencard. » Dans un restaurant un rien trop chic pour asseoir la pérennité de leur collaboration. « Soit…ça me gonfle. On peut passer à autre chose ? On va arriver de toute façon. » Bonne chose, justement ! Cette discussion n’aurait pas le temps de se muer en dispute. Elle n’est pas responsable d’être belle et attrayante pour la gent masculine. Ce n’est pas non plus de sa faute si elle est dotée d’autant de charisme. Les hommes – et parfois, les femmes – se pâment sous son passage. Mais, elle n’est coupable d’aucun crime de lèse-majesté. Elle n’en peut rien si mon cerveau malade redoute le jour où elle réalisera que je suis vieux, alcoolique, mal recollé et qu’elle prendra ses jambes à son cou. Alors, je n’ai rien ajouté de plus. Tout ce que j’aurais pu dire serait de toute façon retenu contre moi ou sujet à la raillerie. Et, là encore, je ne pourrais sérieusement lui en tenir rigueur. Elle n’a rien demandé, Raelyn. Elle a même eu la décence de ne pas rentrer dans son jeu. Je suis dur avec elle et surtout injuste. En descendant de la voiture, je n’ai pas profité de ce que nous sommes à l’abri des curieux pour l’embrasser à la dérobée. Je lui ai à peine adressé un sourire terne étant donné les circonstances et ma frustration.

Cette vérité ne m’a pas sauté au visage de suite. Elle m’a frappée de plein fouet lorsque j’ai foulé le sol du casino. Tessa était là, assise à une table, vêtue comme à Venise ou à Versailles. Sa robe vaporeuse suggérait la perfection de ses courbes. Sa poitrine libérée d’un quelconque sous-vêtement débordait de son décolleté. Sauf qu’elle est fine et menue, l’exotique jeune fille. Elle n’a rien de vulgaire ou de rebattu. Au contraire, j’aurais juré que le sourire et le signe de la main dont elle me gratifia étaient empruntés au cinéma. Elle s’essayait à un rôle de composition en jouant les femmes fatales. Elle est sophistiquée, mais ses mots trahissent toute sa pudeur et un soupçon de candeur. « Bonsoir Amos. Je vous attendais. » a-t-elle chuchoté, mal à l’aise, mais certainement pas autant que moi quand elle s’est emparée de ma main. Sa paume a brûlé la mienne et retenir un geste de recul offensant s’est avéré diablement angoissant. Au vu de ma scène quelques minutes plus tôt, il valait mieux que Raelyn ne soit témoin ni de l'audace de la cause de sa précédente folie ni de moi qui me suis laissé conduire jusqu’à une table de jeu. Je doutais qu’elle soit en mesure de se rappeler que c’est mon job d’appâter les requins qui nagent dans les mers de dollars, qui se vautrent dans des vêtements griffés. Il y a un contentieux entre les deux jeunes femmes. L’une l’ignore, mais la seconde s’en souviendrait si elle avait le malheur de me tirer hors du casino pour que s’achève notre discussion en demi-teinte. En jetant une oeillade affolée par-dessus mon épaule, j’ai prié ma bonne fortune sans être surpris de croiser le regard de mon amante. Et moi, d’instinct, au lieu de me satisfaire que ses yeux brillent de jalousie, mes lèvres se sont tordues dans une grimace qui signifiait surtout : “je n’ai rien fait. Je subis. C’est mon job. C’est tout.“ Tessa, inconsciente de ce qui se joue pourtant sous son nez, a badiné à peine nous sommes-nous assis. Certes, elle n’a commis aucun acte déplacé qui lui signerait sa mort par la noyade. Il y avait quelque chose de courtois et d’obsolète dans ses manières. Mais, j’ai craint pour sa vie et peut-être un peu pour mon intégrité physique. Lors de notre unique rencontre, j’avais promis que la prochaine fois je la ramènerais. Elle était venue récupérer un dû que je n’avais aucune envie de mettre en jeu, ni aujourd’hui ni hier, d’ailleurs. Qu’en savait-elle cependant ? Elle me figure acquis. Elle n’a pas besoin d’en faire des tonnes, ce qui m’arrange bien finalement. Je n’aurais su quel comportement adopté pour ne pas griller la couverture de mon histoire avec Raelyn alors que le poids de son courroucé pèse lourd dans mon dos et que je me surprends à bénir nos partenaires. Au moins, n’étions-nous pas que deux attablés autour des jetons et des cartes. Avec un peu de chance, si je m’y prends bien, elle ne jouera à d’autres jeux que celui du bluff, Tessa.




Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 YV4dgvCSujet: wanna give you wild love » jailey #9
Arthur Coventry

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptySujet: wanna give you wild love » jailey #9    Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptyJeu 20 Fév 2020 - 21:15
Wanna give you wild love
jailey #9


Elle arrive en retard, mais elle est là. L’espace d’un instant, j’ai eu peur de ne pas la voir arriver, mais elle est là Jill, dans une belle robe neuve et avec un sourire que je n’avais pas vu sur son visage depuis bien trop longtemps. Aussi bizarre que cela puisse paraître elle a l’air apaisé, sûre d’elle. On va se marier et elle ne va pas prendre la fuite. Je le vois dans son regard, elle est déterminée. Et lorsqu’elle m’assure à voix haute être prête, je sens tout un tas de frissons qui me prenne au ventre. On va se marier. L’idée semble si folle et si logique à la fois. Un tourbillon qui nous a complètement transporter hier soir sur cette plage et qui aujourd’hui va nous lier pour le reste de nos vies. Parce que cette fois-ci, j’en suis sûre, je serais marié jusqu’à la fin de ma vie. Pas par obligation, pas parce qu’on m’a forcé à le faire, mais parce que je le veux réellement. Cette fois-ci il n’y a aucuns mensonges, aucuns faux semblant. Juste de l’amour que l’on n’a jamais réellement su exprimer entre nous et que l’on va rendre bien plus concret dans quelques minutes, à notre façon. Une folie à deux, mais une folie heureuse.

J’avais prévu mon discours, je savais ce que je voulais lui dire et pourtant une fois face à la brunette, c’est comme si j’oubliais tout ce que j’avais pu rédiger dans l’après-midi. Je commence avec mon texte et tout cela se termine dans une improvisation la plus totale. Pour une fois dans ma vie, la tempête de mes émotions m’est utile. Pour une fois dans ma vie, j’arrive à l’exprimer de manière cohérente, parce que je l’aime et que c’est une chose qui me paraît simple. Enfin, cela semble être simple. Je l’aime, elle m’aime. On arrête de se voiler la face, on grandit enfin, on prend le même chemin sur cette plage. On se promet l’avenir et c’est tout ce dont j’ai toujours eu besoin. On c’était promis un avenir avec Ginny aussi, mais tout avait été si différent, sous couvert de faux-semblants. Alors, je prends mon courage à deux mains et j’exprime tout ce que je ressens pour Jill. C’est maladroit, je tourne peut-être un peu en rond, mais je sais qu’elle comprend. Et lorsque à court de mots, je finis sur notre chanson, je sais que là, je lui ai tout dit. Encore une fois, dans ses quelques paroles qui signifient tant pour nous.

Et lorsque Jill prend la parole, j’ai la sensation que le monde s’arrête de tourner. Je me concentre sur elle et elle uniquement. J’en oublie tout le reste. Notre rencontre si peu conventionnel, le début de notre histoire, la haine, les regrets, l’amour un peu violent parfois et le reste. J’oublie tout. Je ne pense qu’à elle. On a traversé tant d’épreuves, elle a raison, mais on est encore debout l’un en face de l’autre et on va se dire oui. Pour une éternité qui sera notre, quoiqu’il arrive. « Je veux juste être avec toi, qu'on vive comme ça le plus longtemps possible. T'es la seule personne qui me connaît vraiment, et qui m'accepte à 100% malgré tout ce que j'ai pu faire... Alors oui, je suis prête à te faire cette promesse-là, en te regardant dans les yeux. Parce que je compte bien rester là jusqu'à ce que tu ne veuilles plus de moi, parce que moi, je voudrai toujours de toi dans ma vie » Je voudrais l’embrasser. Je sens les larmes qui me montent aux yeux et je me racle la gorge comme pour prétendre que tout va bien. Je lui souris et serre sa main si fort dans la mienne. « Je crois que je t’ai attendu toute ma vie Jill. » Rien de plus. C’est elle que j’aurais dû épouser dès le début.

Et l’homme debout à nos côtés prononce ces quelques mots que j’avais tant redoutés face à Ginny. Ce oui qui me fait frissonner, non pas de peur, mais bel et bien d’amour cette fois. Ce oui qui changera tout. « Bailey Alexander William Fitzgerald, voulez-vous prendre pour épouse Jillian Adélaide Louise McGrath ? » Et l’hésitation n’a même pas sa place ici. « Oui je le veux. » L’homme nous sourit et nous déclare officiellement mari et femme. Et cette fois je ne tiens plus, je me rapproche de ma femme pour l’embrasser comme il se doit. « Je t’aime Jill. » Tout simplement.
 
Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 YV4dgvCSujet: wanna give you wild love » jailey #9
Arthur Coventry

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptySujet: wanna give you wild love » jailey #9    Tag 9 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 6 EmptyVen 7 Fév 2020 - 20:45
Wanna give you wild love
jailey #9


Lorsque je me réveille, Jill allongé à mes côtés, je prends pleinement conscience de tout ce qu’il s’est passé la veille au soir. Cette conversation à cœur ouvert, la bague que je lui offre en signe de promesse et cette idée folle qui nous es venu comme une étincelle. La décision la plus simple et la plus rapide de ma vie. Comme une évidence. Ce que l’on, c’était refuser depuis des années et que l’on s’autorise enfin à frôler du bout des doigts. On va se marier. Pas parce que nos parents l’ont décidé, mais parce que c’est ce que l’on veut, parce que c’est la promesse qui nous manquait. Et là coucher auprès de Jill, je ne panique pas. Bien au contraire. Je me sens calme, apaisé. Je sais que l’on prend la bonne décision que même si cela ne va pas tout résoudre du jour au lendemain, il y a aura cette preuve intangible entre nous. Ce sera notre repère. Malgré les disputes, les problèmes et les tensions, il existera ce point d’ancrage entre nous. Cette promesse ultime que l’on se retrouvera toujours. Que l’on s’aimera malgré tout. Plus fort que les tempêtes.

Il me faudra quelques heures pour organiser quelque chose qui tienne la route. Je sais parfaitement que Jill ne cherche pas à respecter les traditions, elle ne cherche pas une grande cérémonie, des fleurs à tout va et la robe de princesse. Je la connais par cœur. Elle veut quelque chose à son image. Quelque chose qui reflète la folie de notre relation. Un coup de tête qui nous unira à jamais. Alors, je pense à l’essentiel. L’endroit parfait, cette plage. Quelqu’un pour nous unir sans qu’aucune religion ne soit mêler à tout cela. Un appel à l’ambassade de notre pays qui m’affirme que tout cela sera reconnu en Australie. Rien de plus. La simplicité comme on se l’était promis en s’endormant hier soir.

Lorsque je retrouve ma future femme, elle est assise sur la terrasse de la maison, l’air perdue dans ses pensées. Et c’est là, l’espace d’une seconde, que le doute me rattrape. Juste un instant. Est-ce qu’elle regrette ? Est-ce qu’elle va vouloir faire marche arrière ? Mais comme si elle avait lu dans mes pensées, Jill est bien plus rapide que moi. Elle parle alliance et je reprends confiance en moi. « Si celle-là te plaît, alors garde celle-là. » Je lui souris tendrement. « J’ai mis du temps à la choisir en plus. » Je voudrais qu’elle garde celle que j’ai choisi pour elle, celle que je lui ai offerte. « Elle te correspond, je trouve. » C’est bien pour cela que j’avais mis du temps. Le bijoutier ne cessait de me présenter des bagues avec des diamants à ne plus en finir, des gros cailloux que Jill aurait détestés. Puis je suis tombé sur la perle rare et j’aimerais la voir à son doigt encore longtemps. « Je te laisse choisir pour moi ? » Et bien entendu, parce que je reste moi et que l’incertitude fait parti de ma vie, je finis par lui demander si elle veut toujours faire cela avec moi. Son sourire me laisse sans voix. Oui, elle en a envie, peut être plus que moi dans le fond. « Tu veux déjà te dégonfler Fitzgerald ? » Je secoue la tête alors qu’elle vient se coller à moi. « Jamais. » Non jamais. Je suis sûr de moi aussi dingue que cela puisse paraître. On prend la bonne décision. On a besoin de cela.

En quelques minutes, Jill a pris son sac et s'est enfui. Elle veut apporter sa touche à l’événement, sa pierre à l’édifice. Alors, je pars me trouver une tenue correcte pour un mariage. Je finis par enfiler un short en toile beige et une chemise en lin blanche. Il fait tellement chaud aujourd’hui que je ne fais que quelques boutons de ma chemise. Ce sera parfait comme cela. Je ne veux pas ressembler à un pingouin comme pour mon premier mariage. Et en pensant à ce dernier, je me souviens d’une chose. Les vœux. Il m’avait fallu des jours et des jours pour écrire quelque chose de censé, quelque chose pour Gin. J’avais fini par recopier un texte trouvé sur le net en changeant quelques tournures de phrases. C’était impersonnel, c’était horrible. Je ne veux pas reproduire cela. Il me faudra fouiller un peu pour trouver du papier et un stylo avant de m’asseoir dehors. En quelques secondes, seulement l’inspiration arrive et je remplis ma feuille bien trop vite. J’ai tellement de choses à dire, je tente de rester concis, de rester clair. J’écris et j’écris sans m’arrêter. Lorsque je finis enfin par lever le nez de ma feuille, il est presque l’heure de notre rendez-vous. Et me viens une idée. Je prends mon téléphone pour envoyer un message à Jill. « Retrouve-moi directement à la plage, on garde un peu de surprise. »

J’arrive en même temps que l’homme qui va officier la cérémonie. Il est accompagné de sa femme qui sera notre témoin et celle qui semble avoir préparé les papiers officiels. Je discute un peu avec eux, mais plus l’heure se rapproche, plus je sens la nervosité monter en moi. Je commence à faire les cent pas sur mon petit carré de plage. Je regarde ma montre toutes les trente secondes. Est-ce qu’elle va venir ? Et si elle ne vient pas ? Je ne le supporterais pas. Non… Je finirais par disparaître si elle ne vient pas sur cette plage. L’espace d’un instant, je laisse mes émotions prendre le dessus. Je tourne tellement en rond que je m’en donnerai presque le tournis. Jusqu’à ce que j’entende un rire au loin. Jusqu’à ce que mon regard se pose sur la silhouette de Jill. Elle a acheté une nouvelle robe et détaché ses cheveux. Elle est magnifique et j’en ai les larmes aux yeux. On va vraiment faire ça. J’attends qu’elle nous rejoigne et prends sa main dans la mienne avant de me pencher vers elle. « Tu es magnifique. » Je souris un peu ému. « Prête ? »

Je me perds dans son regard alors que l’homme commence sa petite cérémonie. Mon cœur bat à cent à l’heure. Je vais me marier. Pour la deuxième fois de ma vie. Le temps d’une seconde, je me revois huit ans en arrière, face à Ginny, avec cette envie de crever à tout moment qui me collait à la peau, cette envie de lui hurler de fuir tant qu’il en était encore temps. Aujourd’hui, les émotions sont tout aussi intense, mais dans un opposé fulgurant. Je veux que Jill reste, qu’elle devienne ma femme, parce que je l’aime. Je l’aime d’une manière indescriptible et lorsque le vieil homme me propose de dire mes vœux aucun son de ne sors de ma bouche. C’est tellement fort, tellement intense que je ne saurais l’exprimer. « Je t’ai écrit tout un discours… » Je sors le papier qui a été plié et déplié bien trop de fois déjà. Je me racle la gorge, me promettant silencieusement de ne pas me mettre à pleurer. Pourtant, je sens déjà les émotions qui vont et qui viennent, qui s’entremêlent et me laisse figer sur place. Ma main qui serre la sienne si fort. « Je crois qu’il n’y aura jamais de mot assez fort pour exprimer tout ce que je ressens quand je suis avec toi Jill. Tu me fais sentir plus vivant que jamais. Et libre. Libre d’enfin pouvoir prendre des décisions pour moi, d’enfin vivre ma vie comme je l’entends. De céder à la folie un peu aussi. » Je ris nerveusement. « Je crois qu’aucun d’entre nous deux avait prévu ce qu’on est en train de faire et pourtant ça paraît si évident, si logique. Une ultime promesse. Je sais que parfois, tu as du mal à me croire, que souvent, tu doutes, mais je t’aime Jill. Si fort que parfois ça me fait paralyse. Tu m’as aidé a tenir pendant toutes ces années et aujourd’hui je veux te promettre que je serais toujours là, à t’aimer et te soutenir. Toujours. » Et parce que je ne sais plus comment exprimer tout cela, je finis par chantonner doucement la voix complètement cassée par l’émotion. « Tell me how to be in this world. Tell me how to breathe in and feel no hurt. Tell me how could I believe in something, I believe in us. »
 
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