La mort de Timothée était encore un traumatisme pour Célia. Elle avait abandonné sa carrière suite au décès de l'enfant. Elle n'avait plus retouché à un scalpel, bien que Duncan l'avait poussé sur cette voie quand ils étaient en Afrique. Célia s'en sentait incapable. Elle ne voulait plus opérer. Et contrairement à ce que disait Andrew, ce n'était pas une question d'être prêt ou non, d'être encore douée ou non. La jeune femme avait juste perdu la foi en ce qu'elle faisait. Quand elle avait commencé ses études de médecine, c'était pour sauver des vies ou en tout cas, les améliorer si elle le pouvait. Et pendant six ans, elle l'avait fait. Elle s'était consacrée à son métier, oubliant sa vie personnelle. Mais c'était un choix. Parce que cela en valait la peine et qu'elle se sentait bien auprès de ses patients, utile. Mais après l'opération de Tim, elle n'avait plus rien ressenti de tout ça. Elle se fichait de savoir si un patient était entre la vie et la mort. Elle était devenue un automate. Elle n'était plus aussi proches de ces patients. Parce qu'elle avait perdu cette flamme, cette envie de faire la différence. Elle savait qu'elle ne pouvait pas sauver tout le monde. Mais la réalité avait été trop cruelle pour elle. Elle s'était trop attachée à Timothée. Quand il était mort, une partie d'elle était morte également. Et elle savait que le temps n'allait rien y changer. Elle avait simplement appris à vivre avec. Elle avait trouvé un nouvel équilibre avec sa boutique. Elle s'y sentait bien. C'était son havre de paix. Enfin, jusqu'à ce qu'elle soit cambriolée... Aux paroles d'Axel, la jeune femme l'observa, quand même un peu déçue que son idée ne soit pas exploitable. Elle qui croyait que Simona était une coriace, elle avait finalement essayé de lui toucher les fesses. Un fin sourire s'afficha sur les lèvres de Célia, imaginant l'infirmière et le militaire ensemble. Puis la jeune femme l'observa se lever de la chaise, lâchant sa main par la même occasion. Un surplus de soleil entra dans la chambre. Et cela faisait du bien. Célia se demandait si elle allait rester ici longtemps. Elle connaissait les médecins. Et en général, ils étaient plutôt du style prévoyant. A rajouter des jours d'observation alors que ce n'était pas vraiment utile. En plus, son statut d'ancien médecin compliqué les choses. Peut-être pensaient-ils, qu'elle pourrait les attaquer en justice si elle se rendait compte que quelque chose n'était pas fait dans les règles. Possible. Cela était sûrement arrivé. Mais ce n'était pas le genre de la jeune femme. Enfin, elle avait quitté l'hôpital depuis quatre ans, de nouvelles équipes étaient en place. Et malheureusement pour elle, elle ne les connaissaient pas toutes. Et parmi les médecins qu'elle connaissait, il y avait son meilleur ami, son ex, et l'homme qui avait mis enceinte sa sœur... autant dire qu'elle n'avait aucune chance de négocier une diminution de peine. Parce que oui, Célia y avait sérieusement songé. Elle soupira un peu tout en gardant son regard sur Axel qui remontait les stores. A ces mots, elle resta silencieuse un instant. Elle garda ses yeux verts sur lui quand il se tourna à nouveau vers elle. « Toi, tu as entendu trop de choses... » Elle soupira doucement. Elle ne pensait pas qu'il était au courant pour le cambrioleur en cavale... Et pourtant, s'il lui proposait d'habiter quelques temps chez elle, c'était forcément qu'elle avait entendu des conversations ici et là. Elle ne voulait pas qu'il s'inquiète comme il le faisait. « La police va finir par mettre la main sur ce deuxième cambrioleur. » Elle n'en doutait pas. Il fallait juste qu'elle arrive à se souvenir de ce qui s'était passé... Et ça, pour l'instant c'était compliqué, mais pas impossible après un peu de repos. En tout cas, c'était ce que se disait la jeune femme. Puis elle se demanda, si ce type pourrait effectivement vouloir la retrouver...Pourquoi ferait-il ça ? Elle reporta son regard sur Axel. « Et puis tout le monde va se poser des questions si je viens chez toi. A commencer par Emily qui n'est au courant de rien. Puis de ma famille. Ce sont des curieux. Et si tu les as sur le dos... Tu vas finir par m'en vouloir. » Ajoutait la jeune femme avec une petite pointe d'humour pour détendre l'atmosphère qui était devenue un peu trop lourde à son goût. Mais peut-être qu'Axel avait raison. Peut-être que le cambrioleur qui s'était échappé, lui en voulait. Et qu'il voudrait peut-être terminé ce qu'il n'avait pas réussi à faire ce soir-là à la boutique. Elle se souvenait que sa sœur lui avait dit qu'un des cambrioleur avait été tué... dans sa boutique en plus. Cela lui donnait des frissons. Peut-être que rester chez Axel quelques jours n'était pas une si mauvaise idée en fin de compte. Cela commençait même à lui plaire. Bien qu'elle n'aimait pas l'idée de représenter un poids ou une quelconque charge pour lui.
A force de venir à l’hôpital pour lui rendre visite, Axel avait entendu des bribes de conversations ici et là. En conséquence, bon nombre d’éléments étaient venus à ses oreilles dont cette fameuse histoire de cambrioleur en cavale. Personne ne connaissait véritablement les motivations de ces deux hommes et étant donné que l’un d’eux y avait laissé la vie, le second chercherait peut-être à se venger. Ou peut-être qu’il chercherait à faire en sorte que Célia ne parle pas de ce qu’elle avait pu voir ou entendre. Toutes les possibilités étaient envisageables et Axel ne serait pas rassuré de la savoir seule chez elle ou à la boutique. « Oui, mais en attendant il est quelque part dans la nature et je ne tiens pas à te savoir seule chez toi. Ca m’inquiète, tu comprends ? » Sans compter qu’il était peut-être même plus proche de Célia qu’elle ne l’imaginait. Peut-être était-ce un voisin, une connaissance, quelqu’un qui fréquentait régulièrement sa boutique et avait eu le temps de repérer les lieux avant son forfait ? Dans tous les cas, Axel n’avait pas envie qu’elle se mette en danger une fois encore. « Ce serait mal qu’on se pose des questions ? » demanda-t-il, cherchant à savoir si le fait qu’on puisse imaginer quoi que ce soit entre eux la mettait mal à l’aise. Peut-être qu’elle n’était pas encore prête pour tout ça… A l’évocation d’Emily, le militaire haussa les épaules avec désinvolture et esquissa un léger sourire. « Elle vient tout juste d’avoir cinq ans… Le fait que tu viennes passer quelques jours à la maison afin de te reposer ne la dérangera pas le moins du monde. Au contraire, je pense qu’elle serait ravie de te savoir avec nous. Quant à ta famille et bien… je préfère largement les avoir sur le dos que de te savoir seule chez toi.» C’était un mal pour un bien. Et puis, Axel était persuadé que sa famille n’était pas si terrible qu’elle voulait bien le laisser entendre. Il ne les connaissait pas, mais il avait eu l’occasion de les voir s’inquiéter pour elle… « Prends au moins le temps d’y réfléchir et de peser le pour et le contre…» ajouta-t-il avant de faire quelques pas dans la pièce. Il est vrai que cette situation était pour le moins étrange et avait de quoi les perturber, aussi bien l’un que l’autre. Ils étaient plus que des amis, pas tout à fait un couple, se connaissaient depuis peu… Cela dit, il n’y avait aucune forme d’ambiguïté dans les propos d’Axel. « Et puis… ce serait l’occasion de rattraper tous nos rendez-vous manqués... ou bien une sorte de collocation avec un mec super sexy qui en plus, te préparera un super dîner tous les soirs. » ajouta-t-il en se retenant de sourire.
La jeune femme savait que sa famille n'avait pas tout dit à propos du cambriolage. Parce qu'il ne voulait pas lui faire peur et surtout, parce qu'elle devait d'abord reprendre des forces. Elle le savait. Cela ne voulait pas dire pour autant qu'elle n'avait pas posé des questions. Mais on lui répondait toujours à côté. Alors elle n'avait pas insisté. Et de toute façon, elle n'en avait pas la force. Elle se sentait encore très fatiguée. Mais cela devait être différent pour Axel. Il avait du entendre des mots, des bribes de conversations quand sa famille était là. Il paraît même que la police était venue. Et qu'une certaine Delilah cherchait à lui parler. Mais Célia ne se souvenait plus de rien. Pas pour l'instant. Son esprit était encore très confus quant à ce qui s'était passé ce soir-là. Elle ne se souvenait pas de grand chose, juste d'avoir laissé Finn chez Duncan et prit un thé chez Jolène. En dehors de ça, c'était le trou noir. Elle ne se souvenait même pas être entrée dans sa boutique... Mais les paroles d'Axel lui faisait un peu froid dans le dos. Elle n'avait jamais songé jusque là, que l'autre cambrioleur pourrait lui en vouloir, chercherait peut-être à « finir » le travail. Elle ne savait pas ce qui avait été volée, ni même ce qu'ils recherchaient. Son frère lui avait dit qu'il n'y avait que des dégâts matériels, juste des objets brisés et une vitre qui avait éclatée à cause d'une balle. Et dire qu'elle avait posé une alarme la semaine précédente. Elle se souvenait encore quand elle en avait parlé autour de soi, répétant à chaque fois qu'elle ne voyait pas l'intérêt de ce genre de dispositif dans une boutique d'antiquités... Elle n'avait rien de grandes valeurs. Enfin, elle avait de belles pièces mais en général, elle les vendait rapidement. Et puis, seuls des connaisseurs pouvaient connaître la valeur de tels objets. « Je comprends... mais là c'est toi qui va finir par me faire peur... Tu penses qu'il pourrait chercher à me retrouver ? » Pour elle, ça n'avait pas de sens. Elle ne se souvenait de rien. Et elle ne comprenait pas pourquoi on vandalisait sa boutique. Mais peut-être qu'il avait raison et qu'elle devrait se montrer un peu plus prudente. Jusqu'à ce que ses souvenirs puissent revenir. Et qu'elle se souvienne de ce qui s'était passé. Et ce que les malfaiteurs recherchaient en entrant dans sa boutique. « C'est idiot, je n'avais rien de valeur dans la boutique. » Elle ferma les yeux un instant, cherchant dans ses souvenirs si c'était vraiment exacte. Elle n'était pas une banque, ni un prêteur sur gage. Bon, elle faisait de belles recettes. Mais la caisse n'avait pas été volée... Alors elle n'y comprenait plus rien. Puis à la question suivante du militaire, elle reporta son attention sur lui. « Non. Enfin pas dans ce sens. C'est que... » Elle souffla un peu, sûrement gêné d'aborder ce sujet. Qu'elle n'abordait jamais d'ailleurs... même avec sa sœur. « Je n'ai jamais présenté quelqu'un à ma famille. Et ma dernière histoire remonte à quatre ans. » Ce qui était long. Très long. Mais elle n'était pas du genre à chercher à tout prix à se caser. Et puis du sexe pour du sexe, ce n'était pas non plus son genre. « Alors on ne va pas être tranquille. Et je n'ai pas envie qu'e ma famille gâche quoi que ce soit... » Jusque là, Célia n'avait jamais eu à gérer sa vie privée avec sa famille. Parce qu'elle n'en avait pas. Ou qu'elle n'était pas au courant. Elle voyait déjà comment ses frères et ses parents se comportaient parfois avec Selina et les hommes qui entraient dans sa vie. Et à chaque fois, elle s'était dit chanceuse d'être célibataire. Puis elle esquissa un sourire aux propos d'Axel sur Emily. Puis elle demanda quand même, inquiète. « Tu ne lui as pas dit pour le cambriolage ? » Elle n'avait surtout pas envie d'inquiéter la petite fille, ni même d'avoir la sensation d'être constamment épiée. A la proposition de l'homme d'affaires, elle hocha doucement la tête. Elle n'avait pas vraiment envie d'y réfléchir. Elle avait envie d'accepter sa proposition. Mais en même temps, elle savait qu'elle devait en parler avec ses proches. Ses parents allaient vouloir qu'elle vienne chez eux, ses frères également bien qu'ils connaissaient son envie de liberté. Quant à Selina, elle était assez perturbée en ce moment avec les bébés pour que sa jumelle ne soit une autre complication. Un autre sourire s'afficha sur les lèvres de Célia aux derniers mots d'Axel. « Un dîner tous les soirs ? C'est une promesse que tu vas devoir tenir... » Elle garda ses yeux sur lui avant d'ajouter. « Et lire un paquet de livres sur la cuisine végane. » Parce que le militaire savait que la jeune femme ne mangeait pas de viande, ni tout autres produits animaliers. « Mais l'idée me plait. » Oh que oui. Elle avait envie de connaître ça.
L’air songeur, Axel agita doucement sa tête de droite à gauche tandis qu’il réfléchissait à la question de Célia. Malheureusement, il n’avait aucune réponse à lui donner quant aux éventuelles motivations de ses cambrioleurs et c’est précisément ce qui le préoccupait. Dans tous les cas, il préférait se montrer prudent et faire preuve de bon sens le temps que cette affaire soit résolue. Pour l’instant, cette interminable attente faisait surtout naitre en lui un sentiment de frustration insupportable. « Je n’en sais rien, ce ne sont que des suppositions et c’est la raison pour laquelle j’aimerais que tu fasses preuve de prudence. Mais ne t’en fais pas… j’ai été formaté pour toujours imaginer les pires situations. Ca ne veut pas dire pour autant que j’ai raison. » Sans compter que si ses inquiétudes n'étaient pas fondées et s'il n'avait aucune preuve tangible de ce qu'il avançait, il ne servait à rien de l'alarmer elle aussi. Aussi, Axel ne manqua pas de lui adresser un sourire bienveillant, signe que dans tous les cas, il ne laisserait personne lui faire le moindre mal. Non, jamais. « Si. Tu y étais toi. » Le reste n’avait aucune espèce d’importance. Ils auraient pu dévaliser l’intégralité de la boutique si seulement ils n’avaient pas touché à Célia. Mais là, c’était le pas de trop, la limite à ne pas franchir. Il était préférable qu’Axel ne lui mette jamais la main dessus au risque de lui faire passer le pire moment de toute son existence. L’inquiétude et la volonté de s’assurer qu’elle puisse se reposer un peu étaient sa motivation première pour l’inciter à accepter de cohabiter avec lui durant quelques jours. La savoir en sécurité était primordial et il se disait qu’elle aurait certainement besoin d’être épaulée et réconfortée après cette terrible épreuve. Cependant, la réaction de la jeune femme sembla le désarçonner totalement. Axel n’était pas certain de comprendre quelle était véritablement la source de ses appréhensions, ni même pourquoi elle redoutait tellement que sa famille apprenne son existence. C’était… curieux. Epaule appuyée contre le mur avec une certaine nonchalance qui lui sied parfaitement, Axel écouta les explications de la jeune femme et ne pu s’empêcher de sourire face à ses touchantes confessions. « Tu n’es peut-être pas obligée de me présenter de cette manière-là, mais plutôt comme un ami qui s’inquiète et a envie de traverser cette épreuve à tes côtés. Ce n’est pas vraiment un mensonge si tu omets de préciser que cet ami est complètement fou de toi et qu’il rêve de t’embrasser depuis la minute où son regard s’est posé sur toi... » Incontestablement, Axel prenait un plaisir sournois à l’entrainer sur un sujet qui d’ordinaire, semblait tellement l’embarrasser. Et il faut dire que même avec la meilleure volonté du monde, il ne parvenait pas à réprimer ce petit sourire amusé qui se dessinait sur ses lèvres tandis qu’il épiait les moindres réactions de Célia. « Si tu veux mon avis, je pense que tu es une demoiselle beaucoup trop cérébrale. Tu devrais essayer de débrancher ton cerveau de temps à autre, je t’assure qu’on parvient à faire des miracles grâce à ça. Il faut que tu cesses de réfléchir et de planifier à l’avance ce qui est sur le point de se passer, ce que celui-ci peut penser ou tel autre imaginer. Je comprends que ce ne soit pas facile, je suis passé par là moi aussi. » Le regard des autres ne devait pas être un frein à ses envies. D’autant qu’il ne lui demandait pas de l’épouser, simplement de venir se reposer un certain temps chez lui. Axel était un homme relativement discret et au regard de son emploi du temps particulièrement chargé, autant dire que Célia avait la garantie de ne pas être dérangée. Mais peut-être que le problème n’était pas là en fin de compte… « Tu sais, nous deux… on peut parfaitement prendre notre temps si tu ne te sens pas prête. La situation est tellement étrange et peu commune que je comprendrais parfaitement… Même après quatre années, il est parfois difficile de tourner la page. » Ce qu’il venait de dire était on ne peut plus sincère. Axel avait tout son temps et ne souhaitait pas brûler les étapes, surtout si Célia n’était pas certaine de vouloir leur laisser une chance. En fait, il n’en savait rien… « Ne t’inquiète pas pour Emily, elle ne sait rien concernant le cambriolage. » Axel lui avait simplement expliqué que Célia était très fatiguée car elle s’était blessée, sans pour autant dire qu’on lui avait tiré dessus. Non, ce n’était pas nécessaire de l’inquiéter pour rien. « Oh mais je tiens toujours mes promesses, tu découvriras ça avec le temps… Quant à la cuisine végane, ce n’est pas vraiment mon domaine mais ça me donnera l’occasion de m’y mettre et de l’expérimenter. » Ce qui n’allait pas forcément être évident pour cet amateur de malbouffe et de fast food mais après tout, c’était un moindre effort au regard de la situation. Revenant près d’elle sans pour autant s’asseoir, il reprit sa main dans la sienne et la caressa doucement. « Je vais devoir y aller, Emily donne une représentation avec sa classe de danse ce soir. Elle risque de m’en vouloir pour les vingt ou trente prochaines années si je n’y vais pas… Tu penses que ça va aller ? »
Dernière édition par Axel Westlake le Dim 24 Juil 2016 - 22:09, édité 1 fois
Elle l'observait. Était-ce dans la nature d'Axel, de toujours voir le mauvais côté des choses. Ou était-ce elle qui au contraire, croyait trop en l'être humain ? Elle qui pensait qu'il y avait toujours du bon en chaque personne ? Elle ne saurait le dire. Mais peut-être que le militaire avait raison. Après tout si on avait cambriolé sa boutique, c'était sûrement parce qu'ils recherchaient quelque chose. Un fin sourire flotta sur ses lèvres aux paroles suivantes. Cela lui faisait encore bizarre de savoir qu'elle comptait pour lui. Parce qu'elle n'avait plus l'habitude de ce genre de chose mais c'était agréable. Agréable de savoir qu'on comptait pour une personne et qu'elle veillait sur vous. Jusque là, c'était sa famille qui s'en était chargé, ses amis. Mais là c'était différent mais très agréable à la fois. Même si elle ne savait toujours pas si elle méritait toute cette attention. A la « proposition » suivante d'Axel, elle inclina un peu la tête sur l'oreiller. Elle n'avait jamais menti à sa famille. Ou tout au moins, elle ne leur avait pas toujours tout dit. Dont tout ce qui s'était passé à l'hôpital quelques années plus tôt. Mais c'était différent alors. Elle n'avait pas envie d'en parler. Parce qu'elle n'était pas prête. Parce qu'elle gardait ça dans un coin de son cœur. Pour Axel, c'était différent. S'il se passait quelque chose avec lui, elle ne voulait pas mentir, ni même omettre quoique ce soit. « Tu penses que mes frères ne diraient rien si j'allais vivre chez toi quelques temps ? Ce sont des hommes... » Et il était inutile de lui dire ce que les hommes avaient en tête la plupart du temps. En tout cas, les frères de Célia pensaient toujours qu'il y avait plus qu'une amitié quand il la voyait avec un homme. Et pourtant, ils n'en avaient pas vu souvent au bras de Célia. Parce que oui, elle était bien trop cérébrale comme le disait Axel. Elle avait toujours été la plus réfléchie de la famille. La plus sage des jumelles. Celle qui restait à la maison pour réviser ses cours, les samedis soirs. Celle qui passait des nuits blanches pour réviser sa médecine pour les examens du lendemain. Célia avait toujours trop calculé dans sa vie. Et Axel l'avait compris. Combien de fois sa jumelle lui avait dit de lâcher prise, d'aller s'amuser, de l'accompagner en soirée ? Des tonnes et des tonnes de fois. Et Célia avait toujours refusé. Pas étonnant maintenant qu'elle ne soit pas très à l'aise avec les autres. Et que ces relations amoureuses se soient résumées à trois hommes. Parfois elle enviait sa sœur. Parce que Selina ne se posait pas autant de questions. Et qu'elle profitait de la vie. Elle, elle avait consacré sa vie aux autres. Et à la mort de Tim, elle s'était interdite d'être heureuse. Et elle ne croyait toujours pas avoir droit au bonheur. Mais Axel lui donnait envie de changer tout ça. Même si elle savait que cela n'allait pas être simple. Elle savait qu'elle pourrait compter sur lui et sur Emily. « J'ai l'impression d'entendre ma sœur... Je suis sûre que vous allez bien vous entendre tous les deux. Mais tu as raison. Je vais essayé de ne plus trop penser à chacun de mes gestes ou à chacune de mes actions. Je ne promets pas que ça va fonctionner, mais j'ai envie d'essayer. » Parce qu'elle n'avait pas envie de gacher quelque chose. Pas le moins du monde. Puis elle secoua un peu la tête. « J'ai tourné la page... » Cela avait été compliqué mais elle avait fini par la tourner. Et puis elle s'était rendue compte que cela avait été la meilleure décision à prendre. Parce que ça l'empoissonnait un peu. Maintenant, elle savait où elle voulait aller. « C'est juste que je n'avais pas encore rencontrer celui qui me donnerai envie d'y croire à nouveau. » Et ça, ce n'était pas donné à tout le monde. « J'ai envie que ça marche tous les deux. » Même si Axel ne savait clairement pas où il s'embarquait avec Célia. Dans le genre pas douée, elle remportait quelques prix. Mais peut-être qu'elle pourrait demander des conseils à Selina. Puis elle hocha de la tête quand Axel la rassura sur Emily. Elle ne voulait pas l'inquiéter. Et pour la cuisine végane, elle voulait goûter ça. Célia pourra toujours lui apprendre quelques recettes s'il en avait envie. Elle ne voulait pas changer son mode de vie. C'était le sien. Elle ne l'imposait à personne. Elle l'observa ensuite revenir vers elle, prenant de nouveau sa main. A ses mots, elle acquiesça de la tête. Un peu triste qu'il parte mais elle ne voulait pas qu'il rate le spectacle d'Emily. Et puis sa mère allait sûrement arriver d'ici quelques minutes. Comme elle le faisait quasiment tous les soirs depuis qu'elle s'était réveillée. « Ça va aller oui, va la rejoindre. » Elle l'observa puis alors qu'il allait partir, elle l’interpella : « Axel. » Elle sentait ses joues rougir mais elle faisait ce qu'il lui avait dit. Elle mettait son cerveau sur « off ». « Tu ne voudrais pas réaliser ton rêve avant de partir ? » Elle gardait ses yeux verts sur lui. Ce n'était pas l'endroit romantique par excellence. Mais elle aussi, avait envie de l'embrasser depuis qu'ils s'étaient rencontrés. Et pour une fois, elle écoutait son cœur. Même si elle n'était pas certaine que c'était ce que voulait le militaire.
Ainsi, elle le considérait comme celui qui lui donnait de nouveau envie d’y croire ? Pensif, Axel écoutait les moindres mots qu’elle prononçait, sans jamais oser l’interrompre. Bien au-delà de l’infini sentiment de plénitude qui s’emparait de son être, Axel éprouvait des sensations qu’il croyait enfouies au plus profond de lui-même. Il ne savait pas dans quoi il était en train de s’engager, ni même quel serait le prix à payer. Par expérience, il savait qu’il finissait toujours par se brûler à force de jouer avec le feu sans vouloir prendre en considération la part de danger qu’il courrait. Axel était téméraire dans l’âme et malheureusement, rien ni personne ne pourrait changer cet état de fait. S’engager sur un coup de tête dans une telle romance aurait pu l’effrayer autrefois, mais désormais, il était certain de ses choix et désirait plus que tout instaurer stabilité et confiance entre la jolie Célia et lui. Il avait confiance en elle et voulait croire en chacune de ses paroles revêtues d’une beauté sensuelle indéniable. Tout en elle lui plaisait… que ce soit sa façon de parler, de se mouvoir, son intelligence, sa gentillesse et sa bienveillance, ses petites manies, son regard malicieux… Il était pris au piège, ça ne faisait pas l’ombre d’un doute. « J’ai envie que ça marche, moi aussi. Comme je te l’ai déjà dit, nous avons tout notre temps… je t’ai enfin trouvé, c’est la seule chose qui compte. » ajouta-t-il plus doucement. Car oui, maintenant qu’elle faisait partie de sa vie, il n’avait nullement l’intention de la laisser filer. Bien évidemment, les circonstances étaient tout à fait particulières et les mettaient dans une bien étrange posture, mais qu’importe. Axel savait qu’ils avaient une chance de se prouver qu’ils étaient bien sur la même longueur d’ondes. Tandis qu’il était sur le point de quitter l’hôpital pour se rendre au spectacle d’Emily, il entendit la voix de Célia qui l’appelait. Main sur la poignée, il reposa son regard sur elle avant d’entendre sa demande. Il la fixa un court instant, surpris qu’elle fasse preuve d’une telle audace. « Un road trip en Nouvelle Zélande ? » demanda-t-il innocemment tandis qu’elle faisait allusion à son rêve. Il aimait la taquiner, cela ne faisait aucun doute. Puis, faisant mine de réfléchir en tordant légèrement la bouche et en levant le regard en coin, il reprit. « Ooh … tu faisais en fait allusion au premier sur la longue liste de mes rêves, c’est ça ? Et bien… » Il était à la fois troublé et totalement déstabilisé aussi bien par ses sentiments que par le plaisir intenses qui se propageait dans ses veines au fil des secondes et des minutes qui s’écoulaient. Lui qui n’avait jamais été un grand adepte des instants de complicité se trouvait soudain au cœur d’un début de romance dont il ne maîtrisait plus les effets. Autant dire qu’à cet instant précis, il n’avait besoin de personne au monde à part elle. C’était un sentiment qu’il ne parvenait pas à comprendre, lui avec son indépendance et sa vie de solitaire. Revenant sur ses pas, il songea l’espace d’un instant que leur tout premier baiser serait éternellement lié au souvenir de cette chambre d’hôpital et en un sens, ce n’était peut-être pas une si mauvaise chose. Célia l’ignorait, mais il avait passé un temps considérable ici, à lui parler. A évoquer ce qu’il éprouvait pour elle et tout ce qu’il rêvait de construire à ses côtés. Il vint s’asseoir au bord du lit, tout en prenant soin de ne pas lui faire mal et d’un revers de main, caressa délicatement sa joue. Chacun de ses gestes était précis, lent, parfaitement maîtrisé et d’une douceur caractéristique de toute l’admiration qu’il lui portait. « Tu as bien conscience qu’après ça, je serai parfaitement incapable de revenir en arrière et que je serai contraint de t’aimer et d’acheter une bonne demie douzaine de livres de recettes végétariennes ? » il se pinça les lèvres pour ne pas sourire, puis, l’esprit vide de toute pensée et sans aucune anxiété, il glissa sa main sur la nuque de la jeune femme, l’attirant très légèrement vers lui. Même le fait de n’être plus qu’à quelques millimètres d’elle ne lui inspirait aucune nervosité. Simplement un plaisir indicible et inédit à la fois. Ils étaient désormais face à face et c’était une impression étrange car Axel avait véritablement la sensation que la jeune femme était en train de le dévisager, comme si elle parvenait à sonder son âme toute entière. Un court instant, il baissa les yeux et regarda sa seconde main qu’il venait d’entrelacer à la sienne, un instant d’intimité indéniable, comme inscrit hors du temps. Sur sa nuque, ses doigts s’entremêlèrent à ses cheveux et finalement, il vint prendre possession de ses lèvres, mêlant tendresse et passion dévorante, les deux visiblement indissociables tant il était chamboulé par divers sentiments. Axel n’avait aucunement honte de dire que c’était la première fois que son corps tout entier était secoué par un immense brasier qui refusait de s’éteindre. S’il s’éloignait de Célia, il ne brûlerait que plus fort, et s’il feignait de ne pas y prêter la moindre attention, il le consumerait lentement. Il lâcha doucement sa main pour la faire remonter contre son poignet et son bras, en une caresse tendre, avant de la laisser s’échouer sans aucune brutalité contre sa joue. C’est son corps tout entier qui frémissait au contact de leurs peaux, de leurs souffles et de leurs langues. Un court instant, il se détacha d’elle afin de pouvoir l’observer. Célia était à ses yeux la plus belle créature sur cette planète, tout en elle ne lui inspirait que désir et amour. A nouveau, il glissa sa main sous son menton et l’embrassa avec tant de tendresse qu’il parvint à se surprendre lui-même. Lorsqu’enfin, son visage s’éloigna de celui de la jeune femme, il eut l’impression d’avoir soudainement été tiré d’un rêve scandaleusement merveilleux. Il lui fallut quelques secondes afin de reprendre contenance, même s’il parvint à esquisser l’un de ces sourires charmeurs dont lui seul avait le secret. « En fin de compte, je trouve que ça ne te réussi pas trop mal de court-circuiter tes pensées… Tu as réussi à troubler les miennes en tout cas...»
Des jumelles, c'était sûrement Célia qui avait le moins d'expérience en matière d'hommes. Elle n'avait jamais eu d'histoire sérieuse sur le long terme. Sa plus longue histoire avait duré huit mois. Et c'était une relation assez compliquée. Elle ne pouvait pas vivre cette histoire au grand jour. Et puis, c'était à ses premières années d'internat. Forcément, le boulot remplaçait souvent les soirées tranquilles. Quand elle avait décidé de faire médecine, Célia avait mis sa vie privée de côté. C'était difficile de trouver un équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Et la jeune femme n'avait pas réussi à le trouver. Alors finalement, des histoires, il n'en avait pas eu tant que ça. Elles se comptaient sur les doigts d'une seule main. Mais cela ne déplaisait pas à la jeune antiquaire. Non. A vrai dire, elle vivait très bien sans quelqu'un à ses côtés. Sa vie était assez remplie pour ne pas trop se poser de questions. Elle le faisait seulement quand elle voyait Célia avait un autre homme. Cela l'avait toujours fasciné. De voir à quel point c'était si simple pour Selina. Ou peut-être était-ce elle qui faisait fuir les hommes. Elle qui ne se montrait pas disponible. Peut-être aussi. Il faut dire que ses histoires n'avaient jamais fonctionnées dans la durée. C'était bien un temps et puis, finalement chacun prenait une direction différente. Et Célia n'avait jamais cherché à les retenir. Alors si elle était seule à présent, c'était bien de sa faute. Et elle n'aurait pas du blâmer sa sœur pour ça. Elle n'aurait pas du lui en vouloir parce que sa sœur allait de l'avant et que malgré les épreuves, elle avançait. Ce qui n'avait pas été le cas de l'antiquaire. Comme elle l'avait déjà dit à Axel, elle ne se pensait pas avoir le droit d'être heureuse. Parce qu'elle avait toujours l'impression d'avoir été fautive, d'avoir fait une erreur, un mauvais choix qui ne l'autorisait pas à voir l'avenir autrement que seule. Ce qui était faux. Elle s'en rendait compte. Elle se punissait et elle punissait les autres. A vrai dire, elle avait peur d'y prendre goût et de tout perdre. Comme cela avait toujours été le cas jusque là. Axel lui donnait envie d'y croire. Il était bien le premier homme qui lui disait tout ça. Qui l'autorisait à avoir des moments de faiblesse, à ne plus porter cette carapace en permanence et de ne pas se sentir coupable de chercher le bonheur. Alors oui, elle voulait le croire. Parce qu'elle savait que si elle agissait pas maintenant, elle allait passer à côté de quelque chose qui lui manquera toute sa vie. Alors elle écoutait ses conseils. Elle laissait parler son cœur. Et là sur le moment, ce qu'elle voulait, c'était de sentir les lèvres du militaire sur les siennes. Elle se rendait compte que le lieu était peut-être mal approprié mais elle s'en fichait. Ce qui importait, c'était ce moment à deux. Et puis cette chambre d'hôpital était le début de quelque chose alors pourquoi pas y ajouter ce premier échange entre eux ? Et elle lui avait dit. Elle avait rougi jusqu'aux oreilles. Mais elle lui avait dit, d'une voix claire, bien qu'un peu enrouée par son état physique. Un fin sourire s'afficha sur les lèvres de la jeune femme alors qu'Axel prenait à nouveau la parole. Un road trip en Nouvelle Zélande, c'était pas mal également. Et encore une fois, elle était surprise de constater qu'ils avaient les mêmes goûts, même en matière de voyage. Mais voilà que l'homme d'affaires s'approchait d'elle. Elle le laissait s'installer sur le bord du lit, retirant son bras qui était posé sur le drap blanc. Elle gardait ses yeux verts sur lui. A ses mots, elle acquiesça doucement de la tête. Célia n'avait pas envie de revenir sur ses paroles, ni sur tout ce qu'elle avait dit à Axel. Même si leur situation était encore un peu étrange et qu'ils avaient encre tous les deux, beaucoup de choses à apprendre l'un de l'autre, elle voulait vivre tout ça. Elle voulait donner une chance à cette histoire qui débutait. Même si elle n'avait pas de mode d'emploi pour tout ça. Elle savait qu'Axel allait la guider. Alors c'était tout ce qui était important pour elle, à cet instant. Ça, et le fait que le visage du militaire s'approchait doucement du lit. Elle pouvait sentir son après-rasage et son parfum. Elle pouvait sentir son souffle chaud se mêler au sien. Et c'était agréable. Elle ferma les yeux un instant, sentant un frisson parcourir son corps. Célia sentait les doigts d'Axel sur sa nuque, se mêlait à ses cheveux de blés, désordonnés. Elle rouvrit les yeux sous cette sensation agréable d'être là au bon moment avec la bonne personne. L'instant d'après, elle sentait une douce caresse sur ses lèvres. Elle avait gardé sa main dans la sienne et quand Axel la lâcha, elle se posa sur l'avant-bras du militaire. La jeune femme sentait une douce chaleur l'envahir tandis qu'elle répondait à ce baiser. Finalement, elle se retrouvait transporter ailleurs, ne pensant même plus à l'endroit où ils étaient. Seul comptait le contact de leurs lèvres qui se séparaient pour mieux se retrouver et cette douce chaleur, cette sensation qui agitait ses sens. Quand Axel se détacha d'elle, elle ouvrit à nouveau les yeux. Elle sentait encore l'empreinte des lèvres du militaire sur les siennes. Elle garda ses yeux dans les siens. Il n'y avait pas besoin de parler. Chacun d'eux avait réussi à s'exprimer sans utiliser le moindre mot. Et c'était bien la première fois que cela lui arrivait. Qu'elle se sentait en complètement symbiose. Elle accueillit à nouveau les lèvres d'Axel dans un baiser un peu plus tendre. Un nouveau baiser aussi savoureux que le précédent. Elle reposa ensuite ses yeux sur lui quand le visage d'Axel s'éloigna du sien, chacun revenant sur la terre ferme. Leurs yeux se rencontraient à nouveau et Célia ne pouvait s'empêcher de sourire à ces propos. « Je trouve aussi... » Oui parce qu'elle ne regrettait pas du tout d'avoir écouter son cœur et non sa tête. Parce qu'elle aurait décidément manqué ce tourbillon de sensation qui l'assaillait encore quand elle avait pris la parole. « Et puis il n'y a pas de raison pour que je sois la seule à être troublée. » Mais c'était dans le bon sens, assurément. Célia ne pensait pas qu'un simple baiser pouvait avoir une telle saveur. Ou peut-être qu'elle n'avait pas embrassé les bonnes personnes jusque là. Parce que là, cela avait une véritable saveur, un éveil des sens et une envie d'y goûter à nouveau. Mais elle n'oubliait pas qu'Axel était attendu. Et même si cela lui coûtait de lui rappeler. Elle savait qu'ils allaient très vite se revoir. « Va rejoindre ta princesse maintenant. Elle va finir par s'impatienter. » Finalement, elle n'avait pas peur qu'il s'en aille. Parce qu'elle savait que leurs chemins allaient à nouveau se rencontrer. Et que tout ceci, ce n'était que le début.
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