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 that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber

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Message(#) Sujet: that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber EmptyMar 11 Oct 2016 - 18:34


CAMBER AND CHELSEA (that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart. and darling, yours was so righteous, even the stars mourned when you fell.) J’étais là sans vraiment l’être. D’un côté, mon corps était physiquement présent ; j’étais assise sur l’une de ces chaises qui se voulaient confortables sans vraiment l’être, les jambes croisés, les bras contre ma poitrine. J’avais froid, également, un détail qui ne cessait de me rappeler que j’étais bel et bien dans cette salle où le chauffage avait été coupé bien trop tôt. Mais, d’un autre côté, mon esprit était quant à lui bien loin de se soucier des confessions de ma voisine sur le mariage abusif qu’elle avait vécu durant plus de cinq ans—ou bien quatre ? à vrai dire, je n’en avais pas la moindre idée, elle aurait très bien pu avoir survécu à un tsunami que je n’aurais pas réussi à le retenir non plus—non ; il se préoccupait du réfrigérateur vide qui m’attendait à mon retour, des devoirs qu’Elias n’avait sans doute pas pu faire chez ma soeur à cause de tous les autres petits qu’elle gardait en même temps que lui. Il pensait également à la facture d’électricité qui allait arriver d’un moment à un autre, à la serrure de la porte d’entrée qui commençait à faire des siennes, au voisin qui refusait de se taire la nuit et qui empêchait mon fils de dormir correctement ; il comptait, aussi, faisait des estimations des pourboires que l’on me donnerait si je travaillais deux heures de plus au McTavish et ce que cela représenterait sur une semaine.
Et, lorsque je finis par revenir sur Terre, je me rendis compte que l’on venait de me proposer de parler et, comme à mon habitude, je déclinais l’invitation, passant le flambeau à mon voisin de droite qui était là pour je ne savais quelle raison.
Peut-être avait-il survécu à un tsunami, je ne le saurais probablement jamais.
La vérité, c’était que je n’avais rien à faire ici. Je n’étais pas traumatisée, malgré ce que les autres pouvaient bien penser ; on me répétait qu’il fallait que je me confie et que je décharge le fardeau qui pesait sur mes épaules mais personne n’avait l’air de se rendre compte que ce n’était pas le fait d’avoir été tabassée et laissée pour morte sur le trottoir qui m’oppressait le plus. Non. C’était l’idée d’être coincée dans ce quartier qui me rongeait ; c’était l’idée que mon fils puisse être le suivant qui m’était insupportable. Je n’avais pas besoin de parler de ce qu’on m’avait fait parce que j’avais beaucoup plus de chose à dire sur ce que je leur ferais si je mettais la main sur mes agresseurs. Je n’avais pas besoin d’aide pour me défendre, tout comme je n’avais pas besoin de soutien parce que j’avais été une victime pour la première fois de ma vie. Le fait de grandir dans des quartiers défavorisés m’avait fait comprendre que cela allait forcément m’arriver tôt ou tard ; maintenant que c’était passé, je n’avais plus qu’à aller de l’avant. A m’en sortir. A prouver que je ne me réduisais pas à cela.
Je n’avais pas besoin d’aide. J’avais juste besoin de moyens. Et ce n’était pas en restant ici, plantée sur une chaise, que j’allais pouvoir gagner ma vie et sortir mon fils de là.
Je poussai un petit soupir avant d’observer le buffet présent dans un coin dans la pièce. Mes yeux voyagèrent entre les gâteaux et mon sac à main ; je calculai rapidement qu’à raison de deux petits pains par serviette, je pouvais facilement m’en aller d’ici avec six d’entre eux sans que l’on s’en rende compte. J’étais quasiment sûre qu’Elias serait enchanté de faire une sandwich-party en guise de dîner et je souris, satisfaite d’avoir trouvé une solution provisoire.
J’étais en train de me demander si cela serait tirer sur la cordes si je tentais d’en prendre dix lorsque les personnes autour de moi commencèrent à se lever et prendre leurs affaires. Je me redressai à mon tour, passant ma veste en jean sur mes épaules. Je suivis le mouvement jusqu’au buffet et dérobai, dans un premier temps, deux petits pains dans une serviette en papier ; ensuite, je me servis un verre de jus d’orange et échangeai un sourire avec une femme brune que je n’avais jamais vu de ma vie, faisant mine de compatir à son vécu et ses histoires. Cinq minutes plus tard, quatre autres petits pains avaient atterri dans mes affaires et je m’apprêtais à m’en aller lorsque je vis Camber Huntington, la personne qui présidait ses réunions, seule. Je réfléchis une poignée de secondes avant de tirer des tréfonds de mon sac un papier certifiant que j’avais participé et partagé aux réunions et je m’avançais vers elle. « Excusez-moi, »  dis-je en arrivant à sa hauteur. Je lui adressai un sourire comme si nous nous connaissions—une technique que j’avais apprise au cours des années et qui m’avait permis d’obtenir ce que je voulais dans la moitié des cas—et tendis mon papier. « J’ai besoin que vous signez ça pour attester que j’ai participé à trois réunions ces trois derniers mois. »  Elle ne m’avait jamais entendu parler. J’avais toujours refusé en bloc de prendre la parole et n’avait jamais pris la peine d’écouter les malheurs des autres. Mais j’avais été présente. Trois fois. En soi, cela relevait d’un exploit, parce que même au lycée je n’avais jamais été aussi assidue.
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Message(#) Sujet: Re: that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber EmptyMar 11 Oct 2016 - 22:58


Chelsea & Camber
“ that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart”
Chaque réunion était un subtil mélange de peine et de joie. De la peine d’abord parce que le destin avait troublé la vie des personnes qui venaient se confesser. Elle avait mis sur leur chemin de la violence, la mort et bien d’autres épreuves que Camber ne saurait citer. Elle avait entendu tant d’atrocités en dix ans que plus rien ne pouvait la surprendre. Peut-être, enfin, c’est ce qu’elle tentait de se faire croire. En voulant aider ses semblables, elle en avait presque perdu foi en l’humanité. Pas à cause de ces âmes perdues, mais plutôt à cause de ce qui les amenaient à elle. L’Homme était bien souvent la racine du problème, l’origine du mal. Alors oui, la notaire ne pouvait retenir cette peine qui la submergeait comme la montée d’une mer déchainée. Il fallait ne pas avoir de cœur pour rester de marbre devant un homme qui avait perdu son travail et sa famille, une femme qui avait combattu un cancer, un jeune qui avait joué avec la mort. Il fallait être un corps vide pour ne pas verser une larme en se couchant le soir. Néanmoins, la joie était encore bien plus forte que ne l’était cette tristesse. La joie d’être une oreille prête à écouter, une main tendue, un cœur sensible à leurs problèmes. Voir évoluer ces volontaires était gratifiant, réjouissant, enrichissant. Camber ne se lassait jamais d’observer leur visage s’illuminer au fil des séances, leur capacité à dialoguer s’améliorer et leur envie d’arrêter arriver. Ce qu’elle avait créé fonctionnait. Elle n’était pas la seule à avoir surmonté son traumatisme, eux aussi y parvenaient et tout ça, grâce à elle.

Ce soir encore, Camber sentit son cœur se resserrer à l’intérieur de sa poitrine. Les yeux fixés sur la femme qui parlait, la jeune femme demeurait immobile, captivée par le flots de paroles s’écoulant de sa bouche. Ce soir encore, elle retint ses larmes, la gorge nouée et les poings serrés. Cette femme n’avait pas besoin de sa pitié, de ses sanglots, ce dont elle avait besoin c’était de se libérer, de dire tout haut ce qu’elle pensait tout bas. Elle avait besoin d’un soutien, d’une force solidaire, certainement pas de voir une inconnue pleurer sans fin en l’écoutant. Alors ce soir encore, Camber se montra forte et attendit que cette inconnue termine son discours pour la féliciter de son effort. Rien de tout cela n’était facile contrairement aux apparences. Il fallait des mois à certains avant d’oser prendre la parole et jamais personne ici n’était brusqué. Il arrivait souvent que plusieurs personnes refusent de s’exprimer, mais aucun reproche ne leur était fait. Parfois, le simple fait d’écouter les autres suffisait à apaiser leurs propres maux.

La séance prenant fin, la notaire prit une grande inspiration, ravalant toutes ses émotions et remercia d’une voix forte et assurée le cercle de présents. Dans un mouvement soudain, tout le monde s’agita. Certains se levaient pour partir, d’autres parlaient avec leur voisin et d’autres encore cherchaient du réconfort dans les sucreries offertes. Camber quant à elle avait pris l’habitude de passer auprès de tous, leur demander s’ils allaient bien, prenait des nouvelles de leur famille quand elle les connaissait assez. Elle n’avait jamais pris son rôle de directrice à la légère, en réalité, elle ne faisait jamais les choses à moitié. L’investissement était la clé du succès. Après un petit quart d’heure à vadrouiller de groupes en groupes, la notaire s’autorisa finalement un moment de répit et se servit un verre d’eau. Fraîche, tout ce qu’elle voulait. « Excusez-moi, » L’esprit ailleurs, elle ne fut pas certaine que ces mots lui soient adressés mais porta son attention sur la jeune femme lorsqu’elle remarqua son regard dans sa direction. « Oui bonsoir » Tandis qu’elle la saluait, la jeune blonde semblait chercher quelque chose dans son sac à mains, après lui avoir adressé un sourire aux semblants hypocrites. Très curieuse de connaître les intentions de cette inconnue, Camber afficha une moue d’incompréhension en la voyant tirer de son sac un papier. « J’ai besoin que vous signez ça pour attester que j’ai participé à trois réunions ces trois derniers mois. » Ah. C’était la meilleure blague qu’elle avait entendu. Dans un souffle qui s’apparentait à un rire sarcastique, la notaire lui répondit néanmoins. « Désolée, si vous voulez que je vous signe ce papier il va falloir faire plus que simplement venir pour vous asseoir et attendre que le temps passe. » Camber n’aimait pas qu’on se paie sa tête, et que cette jeune femme se permette de se moquer d’elle dans un tel moment était d’autant plus agaçant. Posant son gobelet qu’elle avait vidé d’une dernière traite, la notaire lui lança à son tour un sourire hypocrite. « Vous ferez attention, vous avez failli faire tomber vos petits pains en sortant votre papier » Alors qu’elle parlait, Camber montra fièrement du doigt l’intérieur du sac à mains de la jeune femme, où trônaient fièrement les nombreux petits pains qu’elle avait volés quelques minutes plus tôt. « Je ne vous en tiendrai pas rigueur, mais merci de ne pas revenir si vous n’êtes pas intéressée par le groupe. » Le message était on ne peut plus clair.


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Message(#) Sujet: Re: that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber EmptySam 15 Oct 2016 - 22:05


CAMBER AND CHELSEA (that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart. and darling, yours was so righteous, even the stars mourned when you fell.) Nous étions probablement comme la nuit et le jour, le Soleil et la Lune. Nous n’évoluions pas dans les mêmes mondes, nous répondions toutes deux à une gravité différente. Je pouvais le voir dans sa façon de tenir, le menton légèrement levé, l’allure fière, tout cela d’une façon si distinguée que j’en vins même à me demander si elle n’avait pas eu des cours pour parvenir à dégager autour d’elle une aura aussi sophistiquée. Je devais faire tâche, à ses côtés, avec mes épaules voutées, ma dégaine de gamine et mes vêtements dépareillés ; je portais avec moi le fardeau de la rue et des bas-quartiers, mon éducation bancale et mes manières presque vulgaires étaient incrustées à ma peau. Je n’avais jamais cherché à changer. Je n’avais jamais cherché à être une personne que je n’étais pas, à prétendre en compagnie des personnes comme Camber Huntington. Je n’étais pas forcément fière de ce que j’étais mais je refusais de me perdre dans des faux-semblants.
Cela n’avait aucun sens, après tout. Je ne lui devais rien. Ni à elle, ni à la société, ni à personne d’autre. Je me fichais de la façon dont elle pourrait m’observer, je me fichais si elle faisait partie de ces personnes qui levaient un sourcil quand elles constataient que mon sac à main n’était plus qu’un assemblage de bout de tissus et de cuire, quand elles voyaient que mes vêtements provenaient des friperies les plus bon marché de Brisbane, quand elles se rendaient compte que j’étais tout simplement pauvre, mal élevée et peu cultivée. Je m’en fichais, oui. J’avais appris à m’assumer le jour où mon fils avait vu le jour et qu’il m’avait regardé comme si j’étais la plus belle personne sur Terre.
« Oui bonsoir, » me répondit-elle alors que je cherchais le papier que mon employeur m’avait donné à remplir. Elle ne sembla pas me reconnaître et cela me satisfit presque ; au fond, si elle ne voyait pas qui j’étais, c’était qu’elle ne m’avait pas remarquer. Qu’elle n’avait absolument aucune idée que je venais simplement pour faire de la figuration, pour tenter de récupérer la nourriture que je n’avais pas pu gagner en perdant mon temps là. C’était qu’elle ne m’avait pas repéré et classé dans sa liste noire.
Du moins, je tentais de voir le positif de la situation. Jusqu’à ce qu’elle laisse échapper un sorte de ricanement plein de sarcasme qui réduisit mes semblants d’espoir à néant. « Désolée, si vous voulez que je vous signe ce papier il va falloir faire plus que simplement venir pour vous asseoir et attendre que le temps passe, » déclara-t-elle avec autorité avant de boire son verre d’une traite et le reposer. J’haussai un sourcil. Je m’étais attendue à ce genre de réaction, oui ; je n’étais pas complètement naïve, ni complètement idiote. Cependant, j’étais surprise par le ton employé par Camber Huntington, surprise qu’elle me réponde de cette façon, surprise qu’elle adopte ce comportement.
Après, j’étais habituée à ce que les personnes comme elle me parlent de façon condescendante mais j’avais presque espéré qu’il n’en soit rien avec elle. Elle avait dédié une partie de sa vie à aider les autres, n’aurait-elle pas dû chercher à m’aider à mon tour ? « Vous ferez attention, vous avez failli faire tomber vos petits pains en sortant votre papier, » ajouta-t-elle en désignant mon sac. Je sentis mon coeur rater un battement et je me redressai comme pour me donner une certaine contenance ; cela ne changea rien, bien entendu, parce que mes manières étaient quand même ancrées dans mon être. J’avais peut-être été élevée comme une incapable mais je n’aimais pas être prise pour une profiteuse. Parce que je ne l’étais pas. J’étais honnête, à ma façon. J’étais honnête autant que je le pouvais parce que j’avais un fils, parce que je donnais l’exemple. « Je ne vous en tiendrai pas rigueur, mais merci de ne pas revenir si vous n’êtes pas intéressée par le groupe. » Je pris une profonde inspiration pour tenter de calmer mes pulsions, pour tenter de calmer mes ardeurs. Je n’aurais pas eu affaire à elle, je n’aurais probablement fait autant d’efforts. J’avais l’impression qu’elle me rabaissait à dessein, tout simplement parce que je n’accordais pas la même importance qu’elle à son groupe de soutien ; j’avais l’impression qu’elle me jugeait, également, qu’elle me jugeait sans savoir. « Vous pensez que je suis là par pur plaisir de voler un repas pour mon fils ? Croyez-moi, je préfèrerais être en train de bosser pour gagner honnêtement l’argent pour des morceaux de pain mais malheureusement mon employeur attend que vous signez cette feuille, »  répondis-je en secouant le papier. Elle était distinguée tandis que mes paroles reflétait toutes ces années que j’avais passé dans les quartiers où habitaient ma mère ; mon ton était tout sauf sophistiqué, mon ton était simplement teinté par la rue. Parce que c’était ce que j’étais. Une gamine des rues. « On va être honnête l’une avec l’autre, d’accord ? Je n’ai pas besoin de vos réunions et vous n’avez pas besoin de moi ici. Je ne suis pas traumatisée. Je n’ai pas besoin de parler, » repris-je, marquant une brève pause avant de poursuivre. « Quant à vous, vous n’avez certainement pas envie de m’avoir à vos sessions et de me voir profiter du buffet. Si vous signez ce papier, vous nous soulagerez toutes les deux d’un fardeau. »  Je m’arrêtai en lui tendant la feuille. J’aurais ri jaune, dans une situation différente. J’aurais ri jaune en voyant que quelqu’un pensait qu’on était forcément là où on était de gaité de coeur, par choix.
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Message(#) Sujet: Re: that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber EmptyLun 17 Oct 2016 - 0:05


Chelsea & Camber
“ that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart”
Des jeunes filles comme elle, Camber en avait connu des dizaines. Elles partageaient toutes cette même allure fière et teinté d’agressivité, exposant au monde entier leur force de caractère. La notaire n’avait jamais étudié la sociologie, et encore moins la psychologie, mais avec le temps elle avait appris à comprendre plus rapidement les gens. Avec les séances et des discussions avec des gens qu’elle n’aurait jamais pu connaître sans le groupe qu’elle avait créée, elle avait appris à ne juger aucune situation et à se montrer à l’écoute de tous. L’expérience lui avait également  fait réaliser qu’une majorité de la population vivait en refoulant ses émotions, ses peurs, ses faiblesses et ces personnes là étaient sans nul doute les plus compliquées à aider. A une époque, elle aussi avait fait partie de ce groupe. Vivant dans le déni, tentant de s’auto-convaincre qu’elle était assez forte pour vivre avec le mal qui grandissait en elle. Cette sensation de penser que personne sur Terre n’était capable de comprendre sa situation pour la bonne raison que personne n’était elle, elle ne la connaissait que trop bien. Avoir vécu ce que tous vivaient en ce moment était la première raison du succès de ce groupe d’aide, la raison pour laquelle les gens avaient confiance en elle.

Il n’y avait rien d’étonnant dans sa manière de réagir. Camber se fichait plus que tout de la façon que cette jeune femme avait de s’habiller, de l’état de son sac à mains ou même qu’elle ai pu voler des petits pains. Elle serait d’ailleurs probablement bien étonnée de savoir qu’elle n’était pas la première, et encore moins la dernière. Ce détail était le cadet de ses soucis, d’autant qu’elle préférait que toute cette nourriture soit mangée plutôt que gaspillée. Mais elle l’avait vu venir à des kilomètres, sous ses airs fiers et sûre d’elle. Bien qu’elle n’ait jamais participé de quelque manière que ce soit, Camber l’avait déjà remarquée et son manque d’implication ne lui avait pas échappé. Elle avait vu le dédain et l’ennui sur son visage à chaque séance à laquelle elle avait assistée, à son plus grand désespoir. Le regard interloqué qu’elle lui lança lorsqu’elle avait finit par répondre à sa demande pour le moins déplacée l’étonna grandement. Visiblement, ce qu’elle demandait était la chose la plus normale au monde et Camber était la personne en tort dans la situation. Elle rêvait d’entendre ses explications. « Vous pensez que je suis là par pur plaisir de voler un repas pour mon fils ? Croyez-moi, je préfèrerais être en train de bosser pour gagner honnêtement l’argent pour des morceaux de pain mais malheureusement mon employeur attend que vous signez cette feuille, » Cette jeune femme avait de la colère à revendre, à un point que la notaire n’aurait pu imaginer. Désemparée, elle l’observa remuer sa feuille de papier devant elle en se justifiant inutilement. Contrairement à ce qu’elle semblait croire, Camber était loin de s’amuser de sa situation et encore moins de vouloir porter quelque jugement que ce soit elle. « Écoutez, je ne vous ai pas fait la moindre remarque sur votre situation, alors restez calme. » répliqua-t-elle en levant ses deux mains entre elle et la jeune femme, comme pour signifier que baisser d’un ton était une bonne idée. Cependant, son interlocutrice n’avait pas l’air de vouloir se calmer et semblait plutôt résigner à continuer sur sa lancée en l’agressant de nouveau. « On va être honnête l’une avec l’autre, d’accord ? Je n’ai pas besoin de vos réunions et vous n’avez pas besoin de moi ici. Je ne suis pas traumatisée. Je n’ai pas besoin de parler, quant à vous, vous n’avez certainement pas envie de m’avoir à vos sessions et de me voir profiter du buffet. Si vous signez ce papier, vous nous soulagerez toutes les deux d’un fardeau. » Camber n’avait pas besoin de beaucoup plus pour comprendre que derrière tant de haine se cachait un profond fardeau. Cette jeune femme avait beau lui déballer son discours de femme forte, elle n’en croyait pas un mot. Bien évidement, elle pouvait accepter sa proposition et se contenter de lui signer son papier pour ne jamais avoir à la conforter, mais ce n’était pas son genre. Elle était là pour aider après tout, tout le monde. « Attendez une minute  s’il vous plait » fit-elle d’une voix posée, avant de s’éclipser plus loin dans la salle.

Tandis qu’elle tentait de contenir ses émotions et de reprendre son calme face au comportement de la jeune femme, Camber se dirigea vers les trois dernières personnes présentes dans la salle. Dans un murmure, elle les invita à continuer leur discussion à l’extérieur, prétendant avoir besoin de nettoyer les locaux puis les salua d’un geste chaleureux de la main. Toujours souriante, elle se tourna sur elle-même et retourna d’un pas dynamique vers la jeune femme qu’elle avait abandonnée quelques minutes plus tôt. « Maintenant qu’on est seules, j’aimerais vous poser une question. Si votre employeur vous a envoyé ici, c’est qu’il y a une raison non ? Pourquoi penserait-il que vous avez besoin d’assister à mes réunions ? » demanda-t-elle le plus calmement possible, convaincue que ce moyen était la meilleure façon de se faire entendre. « Je signerais votre papier si vous le voulez, mais si votre employeur pense que vous avez besoin d’aide, je veux aussi vous l’apporter. Je ne suis pas là pour vous juger, juste pour vous écouter.  » conclut-elle en posant délicatement sa main sur l’épaule de son interlocutrice.


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Message(#) Sujet: Re: that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber EmptyLun 17 Oct 2016 - 20:04


CAMBER AND CHELSEA (that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart. and darling, yours was so righteous, even the stars mourned when you fell.) Il y avait quelque chose dans son regard qui me paraissait presque étrange.
J’étais habituée à la confrontation. J’avais passé une vie toute entière à hurler après la voisine, une vie toute entière à m’énerver après Tom, une vie toute entière à crier plus fort que les autres. Dans mon quotidien, les disputes étaient normales, comme si elles avaient des côtés rassurants ; j’avais été élevée par une grande soeur qui aimait protester après les injustices du monde entier et qui refusait de se faire marcher sur les pieds alors j’avais tout simplement pris exemple sur elle. C’était plus simple, après tout, de se ficher que l’autre soit en colère et de faire plus de bruit que lui.
Au fond, oui, j’étais habituée à la confrontation. Mais, surtout, Daniela m’avait appris à m’envelopper dans une bulle, me protéger des autres, et les écraser sans aucun scrupule.
Parce que, oui. Si je ne les écrasais pas, cela serait eux qui m’écraserait.
Camber Huntington ne partageait pas le même point de vue que moi ou, du moins, elle n’était pas aussi habituée à la confrontation ; je pouvais lire dans ses yeux un certain sentiment de détresse, comme si mes paroles enflammées la choquaient, comme si elle ne s’était pas attendue à ce que je démarre au quart de tour en entendant son refus. Nous étions toutes les deux surprises, dans cette situation ; encore une fois, j’accusais nos différents milieux, nos différentes éducations, nos différents mondes. « Écoutez, je ne vous ai pas fait la moindre remarque sur votre situation, alors restez calme, » dit-elle en levant ses deux mains devant elle en signe de paix. Mais ce fut comme si je ne l’avais pas entendue. Je poursuivis sur ma lancée, sachant pertinemment que cela ne changerait rien, tentant le tout pour le tout parce que j’avais cette fâcheuse habitude d’agir comme si je n’avais rien à perdre alors que si, j’avais des choses à perdre. Puis, finalement, lorsque je m’arrêtai, Camber ne me ficha pas une claque comme j’avais pu l’imaginer—et comme Daniela aurait pu le faire—et elle conserva ce calme si exaspérant. « Attendez une minute s’il vous plait »
Et le pire, sans doute, fut que j’attendis. Je restai là, immobile, alors qu’elle partit inviter les personnes encore présentes à se retirer.
Il y avait quelque chose chez elle qui me paraissait presque étrange.
Elle faisait partie des personnes que je n’avais pas l’habitude de côtoyer ; la plupart de mes proches n’auraient jamais pris la peine de rendre notre conversation privée ou même de rester stoïque face à mes mots. Elle paraissait si mature, si parfaite que je ne parvenais pas à comprendre comment elle fonctionnait. « Maintenant qu’on est seules, j’aimerais vous poser une question. Si votre employeur vous a envoyé ici, c’est qu’il y a une raison non ? Pourquoi penserait-il que vous avez besoin d’assister à mes réunions ? » dit-elle une fois revenue vers moi. Sa voix avait toujours ce calme qui la caractérisait ; ce calme qui m’exaspérait presque. « Je signerais votre papier si vous le voulez, mais si votre employeur pense que vous avez besoin d’aide, je veux aussi vous l’apporter. Je ne suis pas là pour vous juger, juste pour vous écouter. » Sa main se posa sur mon épaule et je baissai le regard sur ses doigts soignés, sur sa peau hydratée, sur ces mains qui paraissaient fines et féminines. J’eus un mouvement de recul malgré moi, guère habituée à ce genre de gestes venant d’une quasi-inconnue. « Justement, là est le soucis. Mon employeur pense que j’ai besoin de venir, mais il se trompe. J’vais bien. »  Comment lui dire que j’avais l’habitude ? Que c’était normal dans mon monde, dans mon univers, dans ces rues où j’étais née, dans cette misère que je connaissais ? Comment lui dire que je ne m’en formalisais pas parce que j’avais toujours su que cela arriverait un jour ou l’autre et que j’avais eu de la chance que cela se produise seulement aussi récemment ? Elle ne pouvait pas comprendre, non. Je n’avais pas envie de lui dire directement parce que cela sonnait incroyablement mélodramatique et un brin m’as-tu-vu. Je refusais, également, de me mettre ainsi en position de victime alors que j’avais passé une existence toute entière à me battre. Mais, d’un autre coté, si je choisissais d’en parler, elle réagirait comme mon employeur—elle déciderait à ma place que j’avais vécu une expérience traumatisante. Parce qu’elle ne savait pas. Elle ne savait pas ce que cela faisait de vivre avec cette épée de Damocles au-dessus de notre tête, chaque jour, chaque heure.
J’étais dans une impasse. Et, de toutes les cellules de mon être, de tous les pores de ma peau, je détestais cette situation, ce sentiment d’impuissance qui déferlait dans mes veines. « J’ai été agressée un soir où je rentrais tard du boulot. Mais c’est rien. Quelques points de suture, un plâtre et j’étais comme neuve. »  J’omis volontairement certains détails—mes côtes fêlées, mon visage couvert d’hématomes, le fait que j’avais été laissée pour morte par terre, inconsciente. Ils m’avaient volé mon porte-feuille et tout ce qu’ils avaient pu considérer comme ayant une quelconque valeur dans mon sac ; ils avaient été suffisamment lâches pour me cacher leur visage, comme s’ils avaient su que j’avais été prête à les retrouver après être sortie de l’hôpital. « C’est rien. J’vais bien. »  Laissée pour morte. Mais j’étais toujours là. Et, au fond de moi, je savais qu’il aurait pu m’arriver cent fois pire que de simples os brisés. Et, au fond de moi, je savais que j’avais eu de la chance dans mon malheur, de la chance dans ma douleur. Alors, oui, j’allais bien.
Je n’avais pas le choix.
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Message(#) Sujet: Re: that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber EmptyMar 18 Oct 2016 - 12:14


Chelsea & Camber
“ that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart”
Les études de droit avaient eu un effet sur Camber qu’elle n’aurait pu imaginer et qu’aucun de ses proches n’aurait pu voir venir. Alors qu’elle avait fait ce choix délibéré de vouer corps et âme à son travail, la jeune femme avait développé cette obsession étrange de ne plus laisser apparaître aucun défaut, aucune faiblesse. Pour réussir dans le monde impitoyable du droit et dans la compétition ardue qu’était le notariat, Camber avait fini par se créer une carapace de femme forte que rien ne pouvait atteindre. Elle avait pris l’habitude de se montrer élégante en toute situation, diplomate et de ne s’emporter le moins possible ; probablement la chose qu’elle contrôlait le moins dans le personnage qu’elle s’était créée. Or, elle n’était pas cette femme parfaite. Elle n’était pas aussi forte qu’elle ne voulait le montrer et de jours en jours, sa solitude la dévorait de l’intérieur. Sa frustration grandissante avait fait d’elle une femme bien moins sympathique, mais que les gens respectaient. Sa capacité à se montrer forte et confiante lui avait permis d’apporter de l’aide à ceux qui en avaient le besoin. Pourtant personne ne voyait, ne comprenait, qu’aider les autres était sa façon de détourner le malheur qui s’abattait sur elle dès lors qu’elle n’avait plus l’esprit préoccupé par son travail, dès lors qu’elle réalisait que sa vie était vide de sens, vide d’amour.

Ce qu’elle voyait dans les yeux de cette jeune femme, Camber ne le connaissait que trop bien. Un sentiment d’infériorité, d’incompréhension. Bien qu’elle soit touchée de se sentir admirée, la notaire détestait toujours qu’on puisse se sous-estimer face à elle. Qu’on puisse se sentir misérable en se comparant à elle, seule et dispensable. Un sentiment de pitié lui parcouru le corps, surement parce que cette jeune femme lui semblait bien trop jeune pour porter tant de haine en elle. Alors elle décida de conserver son calme légendaire, refoulant toute once d’impulsivité qui menaçait d’exploser et écouta. « Justement, là est le soucis. Mon employeur pense que j’ai besoin de venir, mais il se trompe. J’vais bien. » Le sourcil droit arqué, entre attitude perplexe et curiosité, Camber ne quitta pas ses yeux du regard. Une fois encore, elle n’avala aucun des mots qu’elle prononçait. Des employeurs qui n’étaient pas capables de voir le mal être des employés, il en existait des tas, mais des employeurs qui inventaient une douleur qui n’existait pas n’avaient rien à gagner. Tout en retirant sa main de l’épaule de la blonde qui lui faisait face, Camber afficha un air insistant, tentant de lui faire comprendre qu’elle ne marchait pas dans son histoire et qu’elle attendait plus de détails. « J’ai été agressée un soir où je rentrais tard du boulot. Mais c’est rien. Quelques points de suture, un plâtre et j’étais comme neuve. C’est rien. J’vais bien. » Le détachement avec lequel son interlocutrice tentait de lui raconter cela lui donna des frissons. Personne ne pouvait être si imperméable à ce qu’elle avait vécu. La femme la plus forte ne pouvait considérer qu’être agressée n’était rien. Un peu abasourdie par l’idée qu’une jeune femme comme elle puisse avoir subi tant de violence, Camber resta silencieuse, promenant discrètement ses yeux noisette sur elle. Dans un coin de son front, elle put apercevoir des points de suture, visiblement récents, et pas si infimes qu’elle ne voulait le faire croire. Sa volonté et sa capacité à cacher ses sentiments impressionnait la notaire qui se perdit quelques instants dans ses pensées, troublée par son attitude. C’est rien, je vais bien. Des mots qu’elle s’était entendue prononcer bien trop souvent. Elle était encore plus jeune lorsqu’elle avait vécu l’enfer, la peur de mourir. Elle aussi pensait que ça n’était rien, qu’elle allait bien.

Sans qu’elle ne s’en rende compte, Camber avait été perdue dans ses souvenirs, les yeux dans le vide, laissant son interlocutrice sans attention. Alors qu’elle avala sa salive, elle prit la parole, d’une voix moins assurée que plus tôt. « Je pensais aussi que j’allais bien après que cette voiture a failli me tuer. Que ce n’était rien qu’un petit accident et que si je m’en étais sortie, il n’y avait pas de quoi s’inquiéter. » Elle espérait que la jeune femme ait l’intelligence de lire entre ses mots, de comprendre l’ironie de ce que Camber venait de lui dévoiler. Elle n’avait pas de réel doute à ce sujet en réalité, mais encore fallait-il qu’elle admette qu’elle puisse avoir raison. Avec l’aperçu qu’elle avait eu du caractère de la jeune femme, la notaire avait l’intuition que la seule façon de la réveiller était de la pousser, de la provoquer en titillant ses points faibles. Tout en se retournant vers le buffet encore rempli de nourriture, Camber s’attela au rangement, posant avec minutie les divers gâteaux dans une boite en plastique. « Vous pouvez tous les prendre si vous voulez, pour votre fils, je n’aime pas jeter la nourriture » lui dit-elle en comblant le dernier espace disponible dans le coin droit de sa boite.  « En parlant de lui, quel âge a-t-il ? Je ne pense pas que votre agression ne soit rien pour lui. Je ne suis pas sûre non plus qu’il puisse supporter de voir sa mère vivre dans la peur. Il me semble que vous n’êtes pas réellement la seule concernée ici. » Terminant sa phrase, Camber tendit la boite à la jeune blonde, lui laissant le choix de partir si elle le souhaitait vraiment.


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Message(#) Sujet: Re: that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber EmptySam 22 Oct 2016 - 19:35


CAMBER AND CHELSEA (that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart. and darling, yours was so righteous, even the stars mourned when you fell.) Au fond, j’avais de la chance d’être encore vivante, d’être encore là. Au fond, j’avais de la chance qu’ils n’aient pas tapé plus fort, j’avais de la chance qu’ils n’aient pas eu de couteaux, de flingues, ce soir-là. Au fond, j’avais de la chance de ne pas être mal tombée aussi, lorsque j’avais chuté à terre pour la dernière fois. Lorsque j’avais arrêté de tenter de me relever. Au fond, oui. J’avais de la chance. J’avais de la chance parce que je respirais toujours. Parce que j’étais toujours debout. Parce que ma vie poursuivait son cours.
J’avais de la chance mais j’étais aussi en colère. Bien au-delà de ma reconnaissance de ne pas avoir abandonné mon fils, j’avais la rage au ventre, l’énervement dans les veines. Je n’avais pas su me relever suffisamment de fois. Je n’avais pas su leur prouver que je n’étais pas une victime. Je n’avais pas su prouver à mon fils que j’étais bel et bien un superhéros moi aussi. J’étais restée allongée sur le sol froid, la face contre le bitume, attendant que les derniers coups qu’ils m’avaient donné dans les côtes avec leurs pieds m’assomment complètement. J’avais glissé dans une torpeur réconfortante sans chercher à me raccrocher à la réalité. J’avais été faible alors que j’avais passé une vie entière à me prouver que j’étais forte, j’avais rendu les armes alors que j’étais habituée à mener une vie de batailles. J’avais l’impression de m’être trahie en acceptant la défaite. Et cette déception devenait amertume sur le bout de ma langue lorsque j’y repensais.
Entre le soulagement et la rage, je ne cessais de répéter que j’allais bien parce que j’étais persuadée que c’était le cas ; je m’étais remise physiquement de ce qu’il s’était passé, même si tousser m’était encore inconfortable, et ma tête ne connaissait que cette colère si familière qui se déversait par vagues dans mes pensées. Alors, oui, j’allais bien. J’allais bien malgré tout, j’allais bien parce que je ne pouvais pas me permettre d’aller mal. Je n’avais pas le temps pour cela—je ne pouvais pas mettre ma vie sur pause le temps de pleurer et me remettre de la peur que j’avais connu, je ne pouvais pas demander à ce que la Terre s’arrête de tourner pour que je puisse me reprendre. Non. Je devais suivre le rythme. Je n’avais pas le choix. « Je pensais aussi que j’allais bien après que cette voiture a failli me tuer. Que ce n’était rien qu’un petit accident et que si je m’en étais sortie, il n’y avait pas de quoi s’inquiéter, » répondit finalement Camber Huntington. Je remarquai seulement maintenant qu’elle avait été incroyablement silencieuse pendant quelques instants ; lorsque je relevai les yeux vers elle, je remarquai dans son regard qu’elle n’était pas tout à fait là, avec moi. Je demeurai impassible mais j’accusai la surprise. Je n’avais jamais écouté les témoignages durant ses réunions, pas même les siens, si elle en avait fait partager. Je n’avais eu absolument aucune idée de son bagage, de son vécu. Je n’étais pas le genre de personne à m’apitoyer sur le sort des autres ; mes soeurs m’avaient appris à prendre beaucoup de recul parce que je ne pouvais pas endosser la misère du monde sur mes épaules et espérer d’avancer. Cependant, je savais. Je savais que cela faisait quelque chose. Je savais que cela l’avait marqué au plus profond d’elle.
Mais je n’aimais pas l’entendre utiliser ce genre d’exemple pour me faire comprendre là où elle souhaitait en venir.
Elle sortit une boîte pour ranger les restes du buffet à l’intérieur. Je l’observai faire, légèrement en retrait, sentant le poids des petits pains dans mon sac tirer sur mon épaule. « Vous pouvez tous les prendre si vous voulez, pour votre fils, je n’aime pas jeter la nourriture, » dit-elle comme si elle avait entendu mes pensées. J’hochai distraitement la tête, persuadée qu’il s’agissait plus de politesse qu’autre chose. Dans mon esprit, je ne parvenais pas à penser à autre chose qu’à son accident. Je me demandai à quel point cela l’avait touché, à quel point ça l’avait changé. Je me demandai comment avait été la Camber d’avant. « En parlant de lui, quel âge a-t-il ? Je ne pense pas que votre agression ne soit rien pour lui. Je ne suis pas sûre non plus qu’il puisse supporter de voir sa mère vivre dans la peur. Il me semble que vous n’êtes pas réellement la seule concernée ici. » Je sentis les couleurs de mon visage disparaître. Mon estomac se tordit dans mon ventre ; la bile remonta dans ma trachée et je fus presque prise de vertiges. Elle parlait d’Elias comme si elle avait le droit. Elle l’évoquait en guise d’arguments et ce qui me toucha le plus fut sans doute qu’elle avait raison. Camber me tendit la boîte des restes et je l’ignorai le temps de répondre. « Il a dix ans, »  répondis-je avec une pointe de fierté dans la voix. Elle n’avait pas tort, au fond ; il savait ce qu’il se passait. Il comprenait ce qu’il se passait. « Il est grand et il est très intelligent pour son âge. Il sait que la vie n’est pas toute rose mais que j’fais de mon mieux pour le sortir de là. Merci beaucoup pour les restes, d’ailleurs, je trouverais un moyen pour les rembourser. »  Je tendis les mains pour saisir la boîte. J’adressai un sourire bref à Camber, partagée entre la reconnaissance et cette exaspération que je semblais tout le temps contenir en moi. « Il sait que ce sont des choses qui arrivent. Il n’a que moi, vous comprenez. Si j’vais bien, tout va bien. Alors j’vais bien. » J’allais bien. Je ne savais même pas si Elias me croyait. Je ne savais même pas s’il acceptait d’arrêter de s’en faire.
Il était bien trop intelligent, après tout. Et il ne me rendait pas la tâche facile.
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Message(#) Sujet: Re: that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber EmptyMer 26 Oct 2016 - 15:49


Chelsea & Camber
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Il y avait bien longtemps que Camber que ne s’était pas livrée au sujet de son accident. Si la création de son groupe de parole avait été décidée dans le but de se vider, de se confier et de se sentir écouter, les choses avaient bien changées. Persuadée d’avoir fait son deuil, la jeune femme avait pris la décision de ne plus en parler et de ne plus jamais devoir se montrer fragile face à la mort qu’elle avait évitée. Peu nombreuses étaient les personnes connaissant son secret et les seuls volontaires du groupe pouvant s’en vanter ne venaient plus depuis de longues années. Maintes fois on l’avait interrogée sur ce qui l’avait poussée à créer un tel groupe, mais jamais elle ne répondait dans les détails. Elle avait vécu une expérience traumatisante, l’histoire s’arrêtait là. Sa sœur lui avait souvent reproché son attitude, soulevant avec un raisonnement logique que se confier à ces gens de temps à autres pouvaient être quelque chose de positif, quelque chose de rassurant pour eux. Bien que la plupart portaient une confiance aveugle en Camber, la compassion ne pouvait être que plus grande si eux aussi savaient ce qui l’avait amenée ici en premier lieu.

Son annonce semblait avoir eu l’effet d’une bombe sur la jeune femme qui lui faisait face. Pour la première fois depuis qu’elle avait mis les pieds dans la salle, elle n’arborait plus son air fier et révolté. Camber fut particulièrement satisfaite d’être parvenue à la faire baisser sa garde, même si cela lui avait coûté d’avoir déballé sa faiblesse la plus importante. Néanmoins, il n’était pas question de se contenter de si peu et créer un réel changement de comportement chez cette inconnue était primordial. Les chances qu’elle n’approuve pas son angle d’attaque étaient fortes et à dire vrai, Camber s’était attendue à ce que la blonde lui saute à la gorge, lui jette la boite de gâteaux à la figure ou au moins qu’elle l’insulte, mais rien de tout cela n’arriva.  « Il a dix ans, Il est grand et il est très intelligent pour son âge. Il sait que la vie n’est pas toute rose mais que j’fais de mon mieux pour le sortir de là. Merci beaucoup pour les restes, d’ailleurs, je trouverais un moyen pour les rembourser. » Aussi surprise que rassurée, la notaire l’écouta attentivement, remarquant le changement d’attitude de son interlocutrice. Elle avait donc vu juste en évoquant son fils comme moyen de chantage affectif. « Je n’en doute pas, il a beaucoup de chances de vous avoir. » répondit-elle très sincèrement dans un léger sourire. « Ne dîtes pas de bêtises, je ne veux pas que vous me remboursiez quoi que ce soit. Vous n’aurez qu’à apporter des muffins maison la prochaine fois » Camber savait qu’il était parfois difficile d’admettre que l’on avait besoin des autres et surtout que la fierté pouvait être assez importante pour qu’une personne refuse le moindre geste. Ainsi, elle évitait que la jeune femme ne se sente prise en pitié. De la même façon, elle avait exprimée de façon implicite son désir de la revoir ici. Quant aux muffins, ça n’était qu’une suggestion, du plus loin qu’elle s’en souvienne, Camber n’avait jamais mangé une seule chose présente sur ce buffet. « Il sait que ce sont des choses qui arrivent. Il n’a que moi, vous comprenez. Si j’vais bien, tout va bien. Alors j’vais bien. » La force de caractère de son interlocutrice avait au moins le mérite d’impressionner la notaire pour qui la situation semblait si familière. A défaut près qu’elle n’avait pas d’enfant à l’époque, ou encore aujourd’hui. « J’en suis bien consciente, mais l’idéal est quand même d’aller vraiment bien, non ? » Camber avait pris son air taquin, soucieuse de détendre la jeune maman et surtout de ne pas la brusquer dans ce choix que se présentait à elle. « Dîtes-moi ce que je peux faire pour vous aider. Je connais des gens qui pourront vous donner des cours de self défense si ça peut vous rassurer. N’importe quoi, dîtes-moi, vraiment. Je ne veux pas me contenter de signer ce papier pour votre employeur et me coucher chaque soir en pensant à une jeune mère que j’ai laissé se débrouiller seule » conclut-elle le regard presque suppliant.


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Message(#) Sujet: Re: that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber EmptyJeu 27 Oct 2016 - 22:21


CAMBER AND CHELSEA (that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart. and darling, yours was so righteous, even the stars mourned when you fell.) Elle ne devait pas se rendre compte, non. Elle ne devait pas se rendre compte que ce qu’elle venait de me tendre allait couvrir deux jours de repas avec mon fils et que cela allait me permettre de payer la facture d’électricité avec le budget nourriture, me donnant quelques jours de répits supplémentaires pour réunir l’argent du loyer. Elle ne devait pas se rendre compte que ce n’était pas rien, pour moi, ces petits pains et ces viennoiseries, aussi bon marché soient-elles. Parce que, pour elle, pour Camber Huntington, pour cette jeune femme si bien habillée avec des manières si sophistiquées, cela n’avait sans doute pas d’importance. Je ne lui en voulais pas pour cela, je ne la jalousais même pas, à vrai dire. Avec le temps, j’avais appris à cesser d’en vouloir aux personnes issues de milieux aisées pour concentrer toute ma colère sur le destin. Ce n’était pas de leur faute. Personne ne choisissait sa famille.
Je ne pus m’empêcher d’esquisser l’ombre d’un sourire lorsque j’imaginais la réaction d’Elias, ce soir, lorsque je rentrerais avec des petits gâteaux de toute sorte. Je savais que j’avais eu de la chance ; je savais que mon fils, si docile, si compréhensif, était un cadeau du ciel. Je ne l’avais pas entendu se plaindre une seule fois de ses vêtements recousus, encore et encore, malgré les moqueries des autres ; de la même manière, il n’haussait même plus les sourcils lorsque je lui disais qu’il n’aurait plus de chocolat chaud jusqu’à la fin du mois par soucis d’économie ou que je lui annonçais que je travaillais deux soirs de suite jusqu’à tard dans la nuit. Il était comme un petit ange, un petit être touché par une perfection qui lui était bien sienne.
Au fil des années, je m’étais rendue compte que si je me démenais de la sorte pour m’en sortir, c’était principalement pour lui. Je me fichais de mon avenir, je me fichais de ce que j’allais devenir, tant qu’Elias aurait plus de chance que moi. Je lui étais dévouée, corps et âme. « Je n’en doute pas, il a beaucoup de chances de vous avoir, » nota Camber et je sentis une certaine fierté se déverser dans mes veines. Cette fierté qu’avaient les mères pour leurs enfants, cette fierté un brin inexplicable et sans doute légèrement vaniteuse. « Ne dîtes pas de bêtises, je ne veux pas que vous me remboursiez quoi que ce soit. Vous n’aurez qu’à apporter des muffins maison la prochaine fois » Je plissai les paupières, guère convaincue, avant d’hocher la tête. C’était un compromis qui me convenait ; c’était également un compromis que je n’oublierais pas, même si Camber, elle, aurait sans doute déjà oublié en rentrant chez elle ce soir.
Puis, Elias serait sans doute satisfait de m’aider dans ma tâche. Je l’imaginais déjà, plein de farine, à me déblatérer des chiffres et encore des chiffres pour me prouver que je mettais beaucoup trop de sucre. « J’en suis bien consciente, mais l’idéal est quand même d’aller vraiment bien, non ? » J’haussai un sourcil en l’entendant prononcer ces mots. Il y avait quelque chose qui me dérangeait dans sa façon d’être subitement à l’aise ; comme si, en un claquement de doigts, elle pensait renverser la situation. « Dîtes-moi ce que je peux faire pour vous aider. Je connais des gens qui pourront vous donner des cours de self défense si ça peut vous rassurer. N’importe quoi, dîtes-moi, vraiment. Je ne veux pas me contenter de signer ce papier pour votre employeur et me coucher chaque soir en pensant à une jeune mère que j’ai laissé se débrouiller seule » Je secouai la tête, dépitée. Je pris une profonde inspiration, avant de la fixer droit dans les yeux. Un sourire qui ne dégageait absolument aucun amusement prit place sur mes lèvres. « Ça a l’air simple quand ça sort de votre bouche, »  dis-je. J’avais presque l’impression qu’elle n’était pas légitime. Je détestais ce sentiment, je détestais la simple idée de ressentir cela à son encontre. Mais c’était ça. J’avais l’impression qu’elle n’était pas légitime. « Sincèrement, vous pensez vraiment qu’il s’agit de simple cours de self-defense pour que j’m’en sorte ? Pour que ça aille vraiment bien ? »  poursuivis-je. Je savais que je m’emballais mais mon ton demeurait incroyablement calme. Si j’avais eu quelqu’un d’autre en face de moi, peut-être me serais-je bien plus emportée. Mais, là, face à Camber, j’avais l’impression de pouvoir la briser avec de simples paroles.
Et, malgré moi, je pensais encore à son accident et je lui en voulais, je lui en voulais de m’avoir mis ces idées en tête sans que je ne le veuille. « Ça fait des années que j’sais me battre. Des années que j’sors avec un spray d’eau de javel dans mon sac à main ou que j’ouvre ma porte avec une batte de baseball pas loin, au cas où, vous savez, parce que le père de mon gosse a plus d’ennemis que Donald Trump et que mon interphone est cassé depuis que j’vis là. C’est pas des cours qu’il me faut. C’est une autre vie. »  Je marquai un arrêt. « J’vais bien, d’accord ? Parce que c’est ma vie, parce que c’est comme ça, parce que j’m’en suis tout le temps sortie. J’ai pas le choix. Vous connaissez pas ça, vous. Vous êtes née dans une bonne famille et j’sais bien que c’est pas de votre faute, je suis contente pour vous. Mais pour les gens comme moi, les problèmes se règlent pas à coups de cours de self-defense. Pour les gens comme moi, on se contente de se relever et crier encore plus fort. »  En vérité, je détestais dire ces choses. En vérité, je détestais exprimer à voix haute ce que je pensais de cette manière. J’avais l’impression de me plaindre, j’avais l’impression de donner l’impression de vouloir me faire plaindre.
Alors qu’au fond, non. Je refusais. Je voulais simplement continuer de vivre, continuer du mieux que je pouvais.
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Message(#) Sujet: Re: that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber EmptyVen 28 Oct 2016 - 20:14


Chelsea & Camber
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La vérité était qu’au fond d’elle-même, Camber enviait cette jeune femme. Elles n’étaient pas si différentes l’une de l’autre, chacune se tuant au travail. Mais à la différence de la notaire, Chelsea se démenait pour une raison qui en valait la peine. Alors que Camber s’était enfermée dans le boulot par lâcheté, elle, s’y rendait chaque jour pour vivre, pour son fils. A l’inverse d’elle, la jeune femme avait une motivation en se levant le matin, un but, et surtout une personne pour qui la réussite ne devait pas être perdue de vue. Plus le temps passait, et moins la notaire se sentait entourée. Elle n’avait plus personne pour l’encourager dans sa carrière, c’était d’ailleurs l’effet contraire auquel elle assistait bien souvent, muette. Elle devait arrêter avant que son travail ne l’achève disaient-ils. Mais ils ne comprenaient pas. Camber possédait certes un appartement spacieux et bien décoré, de jolis vêtements à la dernière mode ou encore un téléphone capable de reconnaître son empreinte digitale; cependant quelque chose de primordial lui manquait. Quelqu’un à aimer. Contrairement à Chelsea qui semblait dédier sa vie à son fils, l’existence de Camber était aujourd’hui dénuée de sens. Elle n’était qu’une âme errante.

Un peu plus à l’aise que lorsqu’elles avaient entamées leur conversation, la directrice du groupe prit l’initiative de donner une nouvelle chance à son interlocutrice de lui faire confiance et de s’accorder le temps d’aller mieux en sa compagnie. Toute once de confiance qu’elle était parvenue à acquérir jusqu’à maintenant fut néanmoins brisée en morceaux à l’instant où l’expression faciale de Chelsea se transforma. Son sourire glaça le sang de Camber qui s’attendit soudain à voir une tempête de rage déferler sur elle. « Ça a l’air simple quand ça sort de votre bouche. Sincèrement, vous pensez vraiment qu’il s’agit de simple cours de self-defense pour que j’m’en sorte ? Pour que ça aille vraiment bien ? » Il ne fallait pas être particulièrement intelligent pour discerner tout le cynisme que dégageaient les mots prononcés par son interlocutrice. Compte de son niveau d’études et de sa culture personnelle, on ne pouvait pas qualifier Camber d’idiote, c’est pourtant l’effet que lui fit ressentir la réponse de Chelsea. Elle était si bête qu’elle n’était même pas en mesure de comprendre que son aide ne servirait à rien, et le mieux était qu’elle se taise. C’était plus ou moins la façon qu’elle avait d’interpréter ses dires en tout cas. Les yeux bouillonnant de colère, la blonde continua sur sa lancée, crachant sa haine contre le monde à la notaire. « Ça fait des années que j’sais me battre. Des années que j’sors avec un spray d’eau de javel dans mon sac à main ou que j’ouvre ma porte avec une batte de baseball pas loin, au cas où, vous savez, parce que le père de mon gosse a plus d’ennemis que Donald Trump et que mon interphone est cassé depuis que j’vis là. C’est pas des cours qu’il me faut. C’est une autre vie. J’vais bien, d’accord ? Parce que c’est ma vie, parce que c’est comme ça, parce que j’m’en suis tout le temps sortie. J’ai pas le choix. Vous connaissez pas ça, vous. Vous êtes née dans une bonne famille et j’sais bien que c’est pas de votre faute, je suis contente pour vous. Mais pour les gens comme moi, les problèmes se règlent pas à coups de cours de self-défense. Pour les gens comme moi, on se contente de se relever et crier encore plus fort. » La salive coincée au travers de sa gorge, Camber resta sans voix. Il ne lui fallait pas plus pour regretter quelque chose dont elle n’était pas responsable, pour se sentir coupable d’une faute qu’elle n’avait pas commise. Contrairement à elle, la notaire avait eut cette chance de grandir dans de bonnes conditions. Contrairement à elle, son quartier demeurait un endroit paisible et agréable. Contrairement à elle, le besoin de savoir se battre ne s’était jamais montré nécessaire. Se sentant plus inutile que jamais, Camber laissa échapper un profond soupir et posa son regard loin de celui de Chelsea qui l’effrayait tant. « Vous avez raison, la vie ne nous a pas donné la même chance et j’en suis désolée même si cela ne changera rien à votre situation. » commença-t-elle par répondre après avoir assimilé le flots d’informations qu’elle venait d’entendre. La situation ne jouant pas en sa faveur, elle pensa alors qu’il était encore possible de jouer le tout pour le tout. De lui rentrer dedans une dernière fois, dans l’espoir que peut-être cela marcherait. « Une dernière chose cependant, je tiens simplement à vous dire que ce n’est pas rejetant les gens comme moi que les choses vont s’arranger pour vous. Ce n’est pas en détestant la société et ses injustices que votre vie ira mieux et que votre petit garçon aura plus à manger le soir. Si vous ne vous donnez pas une chance d’aller mieux, la chance ne viendra pas à vous. » Sur ces paroles sages dont elle ignorait la provenance, Camber afficha un air fort et serein puis reprit en sa possession le papier qui avait été la source de cette conversation. Sans ajouter un mot, elle s’en alla dans l’espace joint à la salle commune qu’elle appelait son bureau et revint quelques instants plus tard, un sourire diplomate sur les lèvres. « Tenez, vous pourrez dire à votre employeur que vous avez rempli votre part de marché » dit-elle, tendant la feuille où sa signature apparaissait désormais.  


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Message(#) Sujet: Re: that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber EmptyVen 28 Oct 2016 - 21:01


CAMBER AND CHELSEA (that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart. and darling, yours was so righteous, even the stars mourned when you fell.) Je regrettais ce que je disais, je regrettais chacun de mes mots à mesure qu’ils sortaient de ma bouche. Pourtant, je continuais. Je continuais parce que c’était ma seule façon de m’exprimer, je continuais parce que c’était des faux-semblants et des demi-vérités auxquelles je m’accrochais. Oui, je me battais depuis des années mais je n’avais jamais vraiment su utiliser mes poings ; on m’avait simplement répété plusieurs fois qu’il ne fallait pas rentrer les pouces et qu’il fallait jouer de ma petite taille pour atteindre les zones sensibles. Oui, j’avais toujours connu l’insécurité et j’avais appris à vivre avec, mais c’était cette même insécurité que je ne supportais plus désormais. On m’avait battu jusqu’à ce que je perde prise sur la réalité mais que se passerait-il si Elias était le prochain ? Je ne supportais pas l’idée qu’il finisse au mauvais endroit, au mauvais moment. Je ne supportais pas l’idée que notre voisin du dessous soit sans doute un psychopathe, je ne supportais pas l’idée que les anciens contacts de Tom ait connaissance de son existence et puissent décider, à tout moment, de le kidnapper.
La vérité, c’était que je ne regrettais pas mon existence, non, mais je regrettais celle que j’offrais à mon fils. Tout l’amour que je lui portais ne pouvait pas faire balance avec l’environnement que j’avais à lui offrir ; de la même manière, je serait bien incapable de lui offrir de belles et grandes études s’il m’en exprimait le désir. Du moins, pour les études, c’était seulement s’il parvenait à arriver jusque là sans encombre.
A cette simple pensée, je frissonnai. Je frissonnai en me rappelant de chacun des coups que l’on avait porté à mon visage, en me rappelant de cette peur qui me tenait le ventre. Je frissonnai et mon coeur rata plusieurs battements lorsque j’imaginais mon fils à ma place ; j’étais prise de panique, d’horreur, de crainte et de colère. J’avais sans doute des séquelles psychologiques de cet épisode de mon existence mais ce n’était rien comparé aux peurs qui m’envahissaient à chaque moment de la journée lorsque mon esprit évoquait l’idée, tout seul, que ce qui m’était arrivé pouvait arriver à mon fils n’importe quand.
Je n’avais pas une grande considération de mon existence mais j’étais capable de donner ma vie pour éviter à mon fils d’endurer les mêmes horreurs. « Vous avez raison, la vie ne nous a pas donné la même chance et j’en suis désolée même si cela ne changera rien à votre situation. » Elle avait poussé un soupir, son regard paraissait fuyant. Je me rendais bien compte qu’elle ne s’était pas attendue à une telle réaction de ma part et, bien au-delà de ça, j’avais l’impression de l’avoir blessé. Je me mordis l’intérieur de la joue, soudain honteuse. J’étais peut-être tout le temps en colère, j’en voulais peut-être au monde tout entier, cependant je me rendais bien compte que j’étais allée trop loin. Que j’avais été injuste, presque aussi injuste que la vie pouvait l’être. « Une dernière chose cependant, je tiens simplement à vous dire que ce n’est pas rejetant les gens comme moi que les choses vont s’arranger pour vous. Ce n’est pas en détestant la société et ses injustices que votre vie ira mieux et que votre petit garçon aura plus à manger le soir. Si vous ne vous donnez pas une chance d’aller mieux, la chance ne viendra pas à vous. » Sa voix était calme, si calme. J’avais l’habitude de me faire disputer mais c’était la première fois que l’on me remettait à ma place avec une telle sérénité, presque ; et, d’un certain côté, c’était bien pire que de se faire hurler dessus pendant des heures. Un frisson parcourut ma colonne vertébrale.
Et, Camber Huntington, elle, prit ma feuille, tourna les talons et disparut pendant quelques instants. Lorsqu’elle revint, j’eus l’impression qu’il s’était passé des heures. Des heures durant lesquels mon ventre s’était tordu d’appréhension. « Tenez, vous pourrez dire à votre employeur que vous avez rempli votre part de marché, » me dit-elle en me rendant ma feuille. Je battis des paupières plusieurs fois, guère sûre de comprendre. « Je… Merci. »  J’étais étonnée, oui. Sans doute plus étonnée que je n’aurais voulu l’avouer. J’observai la feuille qu’elle me tendait, sa belle signature figurant en bas, une de ces signatures professionnelles que je n’avais seulement vu sur les papiers au commissariat ou à l’hôpital. Parce que Camber Huntington était comme ça. Je ne savais pas quelle était sa profession mais je pouvais facilement deviner qu’elle avait un bon poste, qu’elle avait fait de bonnes études, que son éducation était parfaite malgré quelques ratures, par-ci, par-là. Elle avait la signature qui collait au personnage. Elle avait cette manière de remettre les autres à leur place qui collait au personnage. « J’pensais que vous auriez mis feu à la feuille. Enfin, j’l’aurais fait, à votre place. »  J’eus un petit rire nerveux avant d’hausser les épaules. Je rangeai la feuille dans mon sac, entre les petits pains enveloppés et ma facture d’électricité encore non réglée.
J’étais honteuse, oui. Mon ventre était douloureux parce que je savais pertinemment que j’avais fait une erreur ; Camber Huntington n’avait rien demandé, elle. C’était seulement une de ces personnes vouées à leur cause et qui avaient du mal à s’en démordre. Avec les autres, cela fonctionnait certainement. Elle devait être douée pour les faire changer d’avis, pour tout mettre en perspective.
Malheureusement, je n’étais pas comme les autres. Je n’avais pas l’habitude qu’on s’occupe de moi et qu’on me présente des solutions miracles toutes prêtes. Je n’avais pas l’habitude qu’on me donne de l’espoir. A mon plus grand damne. « J’suis… J’suis désolée, au fait. J’sais que vous cherchez pas à mal mais c’est plus fort que moi. J’ai… J’ai la rage au ventre, comme dirait ma soeur. On a tous la rage au ventre, à vrai dire. A force on tente même plus de lutter contre, »  repris-je après m’être raclée la gorge. M’excuser me demandait beaucoup d’efforts. J’avais cette fierté que je traînais avec moi comme un fardeau. « J’pense que vous êtes quelqu’un de bien, Camber Huntington et j’suis désolée que vous ayez eu votre accident. J’suis pas d’accord avec vos conseils, j’pense que vous espérer sans doute aider trop de monde et que vous croyez sans doute aux miracles, mais vous êtes quelqu’un de bien. J’peux pas dire le contraire. »  Je l’observai avec attention, le regard sans doute légèrement fuyant, mais j’étais quand même fascinée par sa présence. Elle dégageait quelque chose—quelque chose qui m’agaçait sans doute parce qu’elle allait contre tout ce que j’avais bien pu connaître auparavant.
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Message(#) Sujet: Re: that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber EmptyVen 28 Oct 2016 - 22:32


Chelsea & Camber
“ that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart”
Des personnes bornées ou réticentes face à ses approches, Camber ne pouvait plus les compter sur les doigts de la main. La jeune femme devait sans doute croire que son cas était exceptionnel, qu’elle faisait partie de la minorité qui préférait se débrouiller par ses propres moyens, de la minorité qui ne se laissait pas charmer si simplement par la voix douce et mélodieuse de la directrice du groupe de parole. Ils avaient été pourtant si nombreux, ces gens. Ces gens qui avaient réussi pour certains à faire perdre à la notaire sa patience ou son calme légendaire. Il arrivait parfois qu’elle n’insiste pas, qu’elle renonce bien rapidement au challenge que ces personnes pouvaient représenter. Avec les années, elle avait en effet appris à discerner les cas, à lire entre les lignes. Savoir qui pouvait être sauvé, qui voulait être sauvé ou qui ne le serait jamais. A contre cœur, la conscience lourde, oui, il lui était arrivé de ne pas insister. Or Chelsea ne faisait pas partie de cette réelle minorité. Elle avait vu en elle quelque chose d’attachant, quelque chose de poignant. Elle s’était laissée embarquer dans son histoire terrifiante de jeune mère qu’on avait tabassée. Malgré tout ce qu’elle voulait lui faire croire avec ses grands airs, Camber continuait de croire qu’elle n’était pas une cause perdue. Elle pouvait voir à sa façon de se comporter que cette force de caractère était ce qui pouvait la sauver. Et constater que ses tentatives étaient vaines lui brisait le cœur.

Contre toute attente, la réaction de Chelsea n’avait pas été de lui hurler à la figure. Contre toute attente, la jeune femme s’était comme liquéfiée, laissée sans mot face à la dernière attaque – si l’on pouvait la qualifier ainsi – de Camber. Tout aussi déconcertée que son interlocutrice par ce qui se passait, Camber la regardait curieuse, le visage légèrement penché sur le côté. Alors qu’elle aurait été prête à se battre pour obtenir sa signature un peu plus tôt, elle ne paraissait plus très pressée de récupérer le document pourtant si précieux à ses yeux. « Je… Merci. J’pensais que vous auriez mis feu à la feuille. Enfin, j’l’aurais fait, à votre place. » Satisfaite du bon fonctionnement de son plan à un moment où elle ne croyait plus rien, et surtout pas en elle, Camber accompagna le rire nerveux qu’émit Chelsea. Elle la connaissait bien mal pour dire cela. « Si on avait été ailleurs qu’ici peut-être, mais vous savez, j’ai quand même une image à tenir » avait-elle répliqué sur le ton de la plaisanterie, dans un clin d’œil rapide et malicieux. Ce qu’elle avançait était aussi bien vrai que faux, mais servait avant tout à détendre l’atmosphère. C’était dans la surprise la plus grande que les rôles s’étaient inversés. Prête à s’écraser face à Chelsea à peine quelques minutes plus tôt, Camber paraissait avoir repris la position de force face à la jeune femme encore troublée par son dernier conseil.

Alors qu’elle s’attendait désormais à la voir lui tourner le dos pour s’en aller maintenant qu’elle avait obtenu ce pourquoi elle était là, la notaire ne pouvait s’empêcher de souligner sa présence encore à cet instant. Presque gênée tant l’incompréhension de cette situation se faisait grande, elle eut cependant une réponse à sa question bien rapidement. « J’suis… J’suis désolée, au fait. J’sais que vous cherchez pas à mal mais c’est plus fort que moi. J’ai… J’ai la rage au ventre, comme dirait ma sœur. On a tous la rage au ventre, à vrai dire. A force on tente même plus de lutter contre, » Les excuses qu’elle lui présenta de façon si imprévue furent tout aussi surprenantes et difficiles à réaliser que lorsqu’elle lui avait hurlé dessus dans un premier temps. Camber se sentit aussitôt particulièrement touchée par son attention, par son initiative qu’elle savait dure à la façon qu’elle avait eut de parler. Elle-même n’avait jamais aimer s’excuser, pour la simple et bonne raison que cela signifiait forcément que l’on avait eu tort. Un concept bien compliqué à admettre pour une femme comme elle. Voulant lui répondre, elle fut coupée par Chelsea qui continua dans sa foulée. « J’pense que vous êtes quelqu’un de bien, Camber Huntington et j’suis désolée que vous ayez eu votre accident. J’suis pas d’accord avec vos conseils, j’pense que vous espérer sans doute aider trop de monde et que vous croyez sans doute aux miracles, mais vous êtes quelqu’un de bien. J’peux pas dire le contraire. » L’entendre l’appeler par son prénom et son nom lui arracha un sourire amusé, c’était la première fois qu’on s’adressait à elle de cette manière. Sans être certaine, elle eut l’impression que c’était la façon que cette jeune femme avait de montrer son respect et en fut touchée. Mais pas plus que par ce qu’elle pu lui dire ensuite. La boule au ventre, Camber se retrouva contrainte de voir la vérité en face. Cette jeune femme ne la connaissait pas depuis longtemps et pourtant. Et pourtant, elle avait réussi à lui dire ce que beaucoup devaient penser. Ce que la notaire elle-même refusait de penser. « C’est très gentil, vous n’imaginez pas comme cela me touche » Sa voix avait retrouvé sa tonalité plus faible, presque inaudible. De nouveau, son regard s’était perdu dans le vide de la salle de réunion. De nouveau, son esprit se laissa aller à ses pensées, à ses souvenirs, à ces mots si justes qui venaient de l’atteindre en plein cœur. Sentant la force quitter ses jambes peu à peu, Camber se dirigea vers la chaise la plus proche et s’y laissa tomber avant de reporter son attention sur son interlocutrice. « Vous n’avez pas tort. Pour les miracles. Je crois que je le sais depuis un moment mais que je ne voulais pas l’admettre » ajouta-t-elle tandis ses poings se refermaient sur eux-mêmes. « Il est temps que je laisse ma place à quelqu’un d’autre. Je ne peux aider tout le monde et je le vis mal, mieux vaut arrêter ici. Et à vrai dire, il faudrait aussi que je songe à appliquer les conseils que je vous ai donnés » lâcha-t-elle dans un rire moqueur à son égard. « N’oubliez jamais qui vous êtes et gardez cette franchise que vous avez, c’est une vraie qualité. Quoi qu’on vous dise » Si elle n’avait pas pu l’aider comment l’aurais désiré, il lui était tout de même possible de lui faire comprendre qu’à ses yeux, Chelsea avait toutes ses chances dans la vie et qu’il lui suffisait simplement d’y croire davantage.  


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Message(#) Sujet: Re: that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber EmptySam 29 Oct 2016 - 9:16


CAMBER AND CHELSEA (that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart. and darling, yours was so righteous, even the stars mourned when you fell.) J’étais passée de deux états rapidement, presque dans la précipitation, rangeant ma haine, ma colère et ma rage au fin fond de moi pour redescendre aussi vite que je n’étais montée. C’était un comportement qui semblait la troubler ; la vérité, c’était que cela m’arrivait pour la première fois et que cela me troublait, moi aussi. La vérité, c’était que cela m’arrivait pour la première fois et que c’était sans doute grâce à ses paroles, ses paroles qu’elle avait prononcé avec ce calme si dérangeant, si poignant, presque. Elle n’avait pas répondu à mon agressivité avec de l’agressivité, non. Elle avait gardé son calme et cela avait et l’impact d’une bombe sur mon être.
Je n’avais pas l’habitude, non. Je ne savais pas si cela était une preuve de respect ; à vrai dire, désormais, j’étais accoutumée à l’idée d’être traitée comme une gamine, accoutumée à l’idée d’être vue uniquement comme une ratée, une personne non cultivée, un fardeau, presque. J’étais née dans la rue et j’étais habituée aux façons de faire de la rue. Pas à celles-là.
Alors, oui, j’avais été déstabilisée et j’avais courbé l’échine, probablement parce que ma surprise ne m’avait pas laissé faire autrement, probablement parce que ce témoignage de respect, aussi étrange puisse-t-il paraître, n’avait fait que m’inspirer du respect en retour. Les paroles de Camber n’avaient pas été tendres, non, bien loin de là ; elles avaient été aussi tranchantes qu’une lame, elles avaient soulevé une vérité que je m’étais toujours refusée d’admettre. Mais elles avaient été dites d’une telle façon qu’elles m’avaient montré que je n’avais même pas lieu de m’emporter. Que ce n’était pas de mon droit.
Et, bien au-delà de ses mots, il y avait cette feuille qu’elle venait de signer contre toutes mes attentes, cette feuille que je tenais désormais entre mes doigts sans réellement comprendre comment est-ce que j’avais pu la convaincre malgré tout.
Puis, je réalisais que je ne l’avais pas convaincue, non. Et c’était d’autant plus déstabilisant. « Si on avait été ailleurs qu’ici peut-être, mais vous savez, j’ai quand même une image à tenir » J’esquissai un sourire, amusée par sa remarque. Au fond, je me doutais bien qu’on oubliait souvent que les personnes en costume avaient la capacité d’être sauvages, eux aussi. Nous pensions avoir le monopole des actions idiotes, dans ma famille, dans ma rue, dans mon entourage, ces actions idiotes qu’était tagger une voiture en guise de revanche, ces actions idiotes qu’était jeter les affaires de l’autre par la fenêtre simplement de colère. Pourtant, malgré ses paroles, malgré l’image que j’avais désormais de Camber en train de mettre le feu à une feuille de papier, j’avais du mal à l’imaginer réellement en train de le faire. Elle renvoyait une image trop calme, elle avait une trop bonne conduite pour se permettre un tel écart.
C’était ce à quoi elle devait faire référence, quand elle parlait de conduite à tenir. Et, cette conduite, elle la tenait si bien que j’y croyais, moi aussi. Je connaissais le sauvage, je connaissais les actions idiotes. Et pas une fois, pas une seule fois au cours de cette brève entrevue, je n’avais vu cette étincelle briller au fond de son regard.
Avec beaucoup d’efforts, en prenant énormément sur moi, j’avais fini par m’excuser, aussi étrange que cela puisse paraître. Je le faisais rarement et, la vérité, je m’en rendais compte en cet instant ; cela me demandait tellement d’efforts qu’au final j’étais presque sûre que mes excuses avaient été noyées par le reste. Par les remarques que je n’avais pas pu m’empêcher de faire. « C’est très gentil, vous n’imaginez pas comme cela me touche, » répondit finalement Camber et je me retins de froncer les sourcils, surprise. L’assurance semblait avoir disparu de son timbre et elle avait retrouvée une voix plus effacée. La voix de celle qui avait eu un accident. La voix de celle qui avait un fardeau sur les épaules. « Vous n’avez pas tort. Pour les miracles. Je crois que je le sais depuis un moment mais que je ne voulais pas l’admettre, » continua-t-elle et je demeurais impassible. « Il est temps que je laisse ma place à quelqu’un d’autre. Je ne peux aider tout le monde et je le vis mal, mieux vaut arrêter ici. Et à vrai dire, il faudrait aussi que je songe à appliquer les conseils que je vous ai donnés. » J’avais l’impression de ne pas comprendre ce qu’il se passait, l’impression de ne pas savoir pourquoi la conversation prenait cette tournure. Et, aussi, je me demandais si j’étais responsable. Responsable de ce qu’elle était en train de me dire. Responsable parce que j’avais tout simplement été la goutte d’eau faisant déborder le vase. « N’oubliez jamais qui vous êtes et gardez cette franchise que vous avez, c’est une vraie qualité. Quoi qu’on vous dise, » conclut-elle finalement et je secouai la tête. « Vous pensez pas vraiment c’que vous dites. »  Dire tout ce qui pouvait me passer par la tête n’était définitivement pas une qualité et j’avais l’impression que Camber Huntington me faisait part de tout cela parce qu’elle était tout simplement bien élevée. C’était sans doute le cas, même si je n’y connaissais pas grand chose. « Vous dites pas ça à cause de moi, hein ? Il faut pas partir parce que j’vous ai dit que vous croyez aux miracles et que sauver tout le monde ne serait pas possible. C’est pas ce que je voulais faire, »  repris-je finalement. « Pour être honnête j’sais pas tellement ce qu’il se passe aux réunions mais les gens ont l’air de bien vous aimer, quand même. C’est que vous faites la différence. C’est plus important que ce que j’peux bien vous dire, moi. »  Je l’observai attentivement. J’avais été injuste, un peu plus tôt, parce que j’avais uniquement parlé de mes propres problèmes, en oubliant, sans doute, que le reste du monde aussi en avait. Des différents, mais des problèmes quand même.
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Message(#) Sujet: Re: that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber EmptySam 29 Oct 2016 - 11:46


Chelsea & Camber
“ that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart”
Il était assez déstabilisant de s’entendre dire la vérité par une personne que l’on ne connaissait pas, qui ne nous connaissait pas. Il était tout aussi perturbant d’admettre que l’on avait pu se mentir à soit même, cachant avec la plus grande volonté du monde une vérité qu’on ne souhaitait pas voir en face. Aider les gens n’était pas aussi simple qu’on voulait le croire, qu’on voulait que cela le soit. Aider tout le monde n’était pas une solution possible, car le monde dans lequel on vivait n’était pas un monde fictif habité par de super héros. Non, Camber n’avait pas de pouvoirs magiques précieux. Non, Camber n’aurait jamais cette faculté d’aider toutes les âmes traumatisées qui pouvaient croiser son chemin. Et il avait fallu qu’une jeune femme franche et révoltée croise son chemin pour que l’idée lui soit bien claire. Jamais un de ses proches n’avait eu le courage de lui faire remarquer, sans doute par manque d’implication dans sa vie ou tout simplement parce qu’ils redoutaient la réaction de la notaire. Mais cette jeune femme, elle, n’avait pas eu peur de lui dire les choses. Et pour ça, elle l’admirait. Il fallait admettre que la vérité pouvait être blessante, mais comment imaginer avancer dans la vie sans se relever d’une chute, d’une erreur de parcours. Comment sortir de ce monde utopique rempli d’illusions si personne n’était là pour le détruire et nous ramener à la réalité.

Contrairement à Camber qui était reconnaissante envers la franchise non contrôlée de Chelsea, cette dernière ne semblait pas convaincue et bientôt, il était possible de lire un sentiment de regret sur son visage. Assise sur sa chaise, la notaire ne put contenir un sourire ému. Cette jeune femme était bien plus agréable et attachante qu’elle ne voulait le faire croire, ou même qu’elle ne semblait croire elle-même. « Vous pensez pas vraiment c’que vous dites. » A cet instant précis, Camber sentit la rage déferler dans ses veines. Elle détestait qu’on puisse se rabaisser de la sorte. Elle détestait que la société soit la raison du peu d’estime que cette jeune femme devait avoir d’elle-même. Elle ne mentait pas, les mensonges la révoltaient, tout comme de constater que Chelsea ne croyait pas en ce qu’elle lui disait. « Je pense toujours ce que je dis. » répondit-elle dans un sourire affirmé. Néanmoins l’inquiétude sur le visage de son interlocutrice ne se dissipait pas, c’était tout l’effet inverse. Camber pouvait la voir penser et se torturer l’esprit à des kilomètres. Ce qu’elle ignorait c’était pourquoi. Pourquoi avait-elle si subitement changé d’attitude. Pourquoi avait-elle si soudainement baissé sa garde. Pourquoi était-elle encore là avec une femme dont elle ne souhaitait pas recevoir la moindre  aide. « Vous dites pas ça à cause de moi, hein ? Il faut pas partir parce que j’vous ai dit que vous croyez aux miracles et que sauver tout le monde ne serait pas possible. C’est pas ce que je voulais faire.  Pour être honnête j’sais pas tellement ce qu’il se passe aux réunions mais les gens ont l’air de bien vous aimer, quand même. C’est que vous faites la différence. C’est plus important que ce que j’peux bien vous dire, moi. » La gorgée nouée, Camber sentit les larmes lui monter aux yeux, puis détourna le regard aussitôt. La justesse des paroles de cette inconnue était troublante et c’est ainsi qu’elle comprit. C’était justement ce qu’elle avait apporté à tous ces gens qui étaient venus lui accorder leur confiance dans son groupe de paroles. Des conseils neutres et objectifs. Camber était devenue la victime et Chelsea son aide. Un peu amusée par ce retournement de situation presque un peu tordu, Camber ravala ses larmes et afficha l’expression parfaite qu’elle maitrisait si bien. « Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas à cause de vous que je me fais cette réflexion. Pour être tout à fait honnête, j’ai déjà trouvé quelqu’un pour m’aider et pourquoi pas me remplacer . Je crois que j’ai pris cette tâche trop à cœur et à force de rencontrer de fortes têtes comme vous, je finis par m’épuiser plus que je ne le devrais. J’ai besoin de prendre un peu de recul, venir moins souvent. Mais ça ne veut pas dire que j’ai l’intention de laisser tout tomber, rassurez-vous, vous n'avez pas du tout à vous en vouloir. Au contraire, vous m'avez plus aidée qu'autre chose » Lauren-Rose était arrivée au bon moment de sa vie, à une époque où les questions se bousculaient dans son esprit. A une époque où les doutes s’emparaient d’elle et qu’elle n’était plus réellement sûre de rien. Elle lui était d'une aide précieuse pour l'association. « Dîtes, je peux me permettre de vous piquer un des gâteaux dans votre sac ? Un peu de chocolat ne serait pas de refus pour le coup » osa-t-elle demander, pas très confiante en pensant à son petit garçon à qui elle retirait la nourriture de la bouche.


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Message(#) Sujet: Re: that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart / camber EmptySam 26 Nov 2016 - 10:08


CAMBER AND CHELSEA (that’s the thing about tragedies, they only befall the pure of heart. and darling, yours was so righteous, even the stars mourned when you fell.) J’étais impulsive. Impulsive et téméraire, impulsive et colérique, impulsive et franche. Bien souvent, j’agissais avant de réfléchir à la portée de mes gestes ; lorsque la rage me gagnait, je pouvais prononcer les pires mots, prendre les pires initiatives. Je ne comptais même plus le nombre de fois où j’avais bien pu jeter les affaires d’Alex par la fenêtre. Je ne me souvenais même plus du nombre de voitures que j’avais abimées en guise de représailles. Je parlais toujours de ces personnes qui venaient frapper à ma porte par la faute du père de mon fils mais, la vérité, c’était que j’étais plutôt douée, moi aussi, pour me faire des ennemis. J’hurlais à plein poumons, j’insultais plus que nécessaire, je menaçais, également. Je passais à l’acte, trop souvent. J’étais un incroyable désastre, un magnifique chaos, un ensemble de ratures et un assemblage de débâcles. Je n’étais pas un exemple pour mon fils. Pas à ce propos, du moins. Je le savais, j’en avais conscience et, pourtant, je ne parvenais pas à changer. A devenir quelqu’un de meilleur.
Être si impulsive n’était pas une qualité, après tout. Être si impulsive m’avait toujours desservi. Être si impulsive avait été une source de constants problèmes.
Camber Huntington ne semblait pas d’accord avec cet avis et cela me surprenait, au fond. Elle avait elle-même été l’une des victimes de mes montées de pression ; elle avait subi mes mots, mon tempérament, elle avait subi les conséquences de ma fougue et de mon incapacité à réfléchir correctement. Elle avait été l’une des victimes, oui. L’une des victimes de cet impulsivité que je subissais comme un fléau, désormais. Elle avait été l’une des victimes, oui. L’une des victimes et pourtant elle était là, à me contredire. « Je pense toujours ce que je dis. »
Et ce qu’elle disait n’avait absolument aucun sens pour moi.
C’était la première, après tout. La première à présenter mes façons d’être sous un nouveau jour ; d’après le père de mon fils, j’étais folle à lier ; d’après ma mère, j’étais une sale gamine irresponsable qui avait de toutes manières foutu sa vie en l’air ; d’après mes soeurs, j’étais cette benjamine que rien ne parvenait à arrêter et, au final, elles ne pouvaient pas dire grand chose de plus parce qu’elles étaient pires que moi. J’étais la voisine qui criait toujours plus fort, la cliente qui réclamait les centimes qui avaient été mal comptés, la parent d’élève qui avait toujours quelque chose à redire, l’employée qui s’affirmait toujours un peu trop. Alors, oui. Camber était la première à me dire que ma franchise était une qualité et j’en doutais. J’en doutais fortement, peu importe son expression, peu importe son désaccord.
J’avais même été jusqu’à la faire partir, après tout. J’avais conscience que mes mots n’étaient pas la seule raison de son départ mais si elle avait été au bord du précipice, assaillie par les doutes, je n’avais fait que la pousser. La faire tomber. La faire chuter.
Parce que j’étais ainsi, contre mon gré, contre mes efforts. Je parlais sans réfléchir. Je parlais sans penser à l’impact de mes paroles. Je parlais, parlais, parlais. Je parlais, parlais, criais. « Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas à cause de vous que je me fais cette réflexion. Pour être tout à fait honnête, j’ai déjà trouvé quelqu’un pour m’aider et pourquoi pas me remplacer . Je crois que j’ai pris cette tâche trop à cœur et à force de rencontrer de fortes têtes comme vous, je finis par m’épuiser plus que je ne le devrais. J’ai besoin de prendre un peu de recul, venir moins souvent. Mais ça ne veut pas dire que j’ai l’intention de laisser tout tomber, rassurez-vous, vous n'avez pas du tout à vous en vouloir. Au contraire, vous m'avez plus aidée qu'autre chose. » Je fronçai les sourcils, comme si tout ce qu’elle venait de dire ne présentait aucun sens à mes yeux. Une part de ma culpabilité se dissipa, néanmoins ; je ne savais pas si elle racontait la vérité—même si, d’après elle, elle pensait toujours ce qu’elle disait—mais elle avait au moins la décence d’essayer de sauver les apparences. « J’pense que c’est atypique d’aider quelqu’un de c’te façon, »  répondis-je simplement. C’était étrange de me sentir si petite, d’être si peu à l’aise. C’était étrange de surveiller mes mots, étrange de contrôler tout ce qu’il se passait dans mon crâne. Je savais qu’elle venait de me dire que ma franchise était une qualité mais, la vérité, c’était que je regrettais de m’être emportée pendant une demi-seconde et, désormais, je me surveillais. « Dîtes, je peux me permettre de vous piquer un des gâteaux dans votre sac ? Un peu de chocolat ne serait pas de refus pour le coup, » demanda alors Camber et j’esquissai un sourire avant d’hocher la tête et lui tendre la boîte de restes. Je dissimulai le léger pincement au coeur que je ressentis ; c’était idiot, au fond, puisque j’avais déjà suffisamment de quoi faire plaisir Elias dans mon sac. C’était idiot, oui, mais c’était plus fort que moi, une fois encore. C’était idiot, j’étais idiote. « J’vous balancerez pas à Elias, ne vous inquiétez pas, »  dis-je avec un petit sourire. « Il tient de sa mère. J’pense qu’il serait capable de vous faire vivre dans des conditions dantesques pendant des jours s’il venait à l’apprendre. Lui voler un gâteau… Quelle idée. »  Je me mis à rire doucement. C’était faux. C’était complètement faux. Elias valait bien plus que moi ; lorsque je le regardais, je ne voyais ni Alex, ni moi. Lorsque je le regardais, je me demandais comment j’avais bien pu faire un petit être si parfait avec tous mes défauts. « En réalité, j’pense qu’il aurait plutôt du genre à m’faire la morale et m’dire que j’ai mal agi. Et que j’ai besoin d’aide quoi que j’en dise. »  Il était intelligent, Elias. Intelligent et perspicace. Intelligent et mesuré. Intelligent, oui. Bien plus intelligent que moi et je le savais.  
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