Partir de table, est-elle la meilleure solution ? Ne devrais-je pas plutôt en profiter pour m'affirmer d'avantage ? Comme je l'ai fait avec Terry quand il venu nous emmerder Joey et moi ? Lui dire ses quelques vérités en face m'a fait pas mal de bien, je l'avoue. Même si les jours suivent au boulot l’atmosphère était pas mal tendu. Le problème, c'est qu'il s'agit là de Thomas et non d'un quelconque collègue à la con. Non, c'est avec Thomas que je me suis pris la tête, Thomas le grand amour de Myrddin, son âme sœur avec qui, je le sais, il vieillira. Celui avec qui il est sur point de fonder une famille. Le père parfait, l'amant magnifique, le gendre idéal. Je suis sûr que Charlotte et Alan l'aimeront comme ils aiment leur fils. Thomas, l'homme qui respire le respect. Je ne peux tout simplement pas lui tenir tête. Sans doute parce qu'il m'impressionne un peu trop. C'est pour ça que je me rétracte, que je coupe court au débat qui, je le sais, est perdu d'avance.

Les uns appelleront ça faiblesse, d'autre l'intelligence, moi je dirais que c'est quelque par entre les deux. Mais je placerais cet acte plus vers la faiblesse que vers l'intelligence. Enfin, peu importe. Je donne quand même une enveloppe à Myrddin, qui sera son cadeau de noël et je m'excuse. Mon meilleur ami se montre doux avec moi et me souris gentiment, m'assurant que ce n'est rien et me dit de bien me reposer. J'hoche la tête, refoulant mes larmes et me détourne. Je traverse le restaurant et le hall et entre dans un ascenseur. Là encore, je me retiens, j'essaie de faire bonne figure face à des inconnus qui, passablement éméchés, me souhaite un joyeux noël.

Ce n'est qu'une fois seul dans ma chambre que je laisse libre court à mes émotions. Toute la pression emmagasinée par cette discussion, toute cette douleur que Thomas a ravivé avec ses paroles, toute cette injustice. Oui voilà, c'est injuste. Tout ce que l'amant de mon meilleur ami me dit n'a pas lieu d'être dit. Il n'a pas le droit de me traité de faible, il n'a pas le droit de dire que je manque de volonté alors que je me démène corps et âme pour pouvoir remarcher. Ou est-ce simplement une impression que j'ai de moi ? Peut-être qu'il a raison. Après tout, je ne suis toujours pas stable psychologiquement, j'ai beaucoup de mal à m'ouvrir aux autres et mes problèmes ne me regardent que moi, je ne veux embêter mes amis avec ça..

Lorsqu'on toque à ma porte, je relève le regard et essuie rapidement les larmes. Je prends une profonde inspiration et roule vers la porte que j'ouvre. Mon regard tombe sur le serveur et son sourire doux et agréable. Il désigne le plateau qu'il tient en main et je me recule pour le laisser passer.  « Posez le là-bas, sur la table » dis-je d'une petite voix, la gorge toujours noué par l'émotion. Il n'y a plus aucun doute possible que je viens tout de juste de pleurer. L'homme fait comme demandé, arrange un peu le plateau puis se tourne vers moi.  «ça va aller ? » qu'il me demande, inquiet. Non ça ne va pas, mais oui ça va aller, j'ai envie de lui répondre. Je m'efforce de sourire et hoche doucement la tête  «oui, oui. Merci ...beaucoup » assurais-je en reniflant et en me passant le dos de la main sur la paupière droite. Il ne semble vraiment pas convaincu et je pense que s'il n'avait pas autant de travail en bas, il serait sans doute rester un peu.  « ok, n'hésitez pas si vous avez besoin de quoique ce soit d'autre» dit-il avec une voix emplie de sympathie  « Bon appétie !» me lance-t-il avant de sortir de la chambre.

L’appétie, il est bon, malgré tout. Je me régale vraiment beaucoup et à la fin du repas avec le ventre remplis je me sens un peu mieux. Comme si j'avais avalé ma rancœur envers Thomas et que je commence à la digérer en même temps que ces rouleaux de chou farcis au quinoa et au chou rouge, ce curry aux patates douces et ce cheesecake au citron. J'ai même eu droit au dessert qui fait normalement parti de l'autre menu. Sûrement un peu clin d’œil de la part du serveur. Enfin, peu importe.

Il est 21h30 lorsque je décide de sortir de ma chambre. Bonnet sur les oreilles, écharpe autour du cou, gants et manteau refermé jusqu'en haut, je descends avant l'ascenseur, passe à côté du restaurant et aperçois Myrddin et Thomas qui sont encore attablé. Aucun d'eux ne me remarque, alors je sors de l'hôtel. J'envoie rapidement un SMS à Myrddin -en espérant qu'il n'ai pas laissé son portable dans sa chambre- pour lui dire que je suis sorti pour une quinzaines de minutes, juste le temps de prendre l'air et visiter un peu le quartier.

OK, Myrddin ne semble pas m'en tenir rigueur. Enfin, si, sans doute n'oubliera-t-il pas la manière dont j'ai traité son meilleur ami, c'est normal aussi. Mais pour l'instant il me suit dans le changement de sujet que je commence. Son ton n'est pas jovial, il est plutôt neutre. Pas froid, pas agressif, mais joyeux. Juste ...neutre. Il me répond parce qu'il y est obligé, mais c'est tout. Il m'informe, donc, que nous passerons Nouvel an ici, à Londres, étant donné que l'administration ne mettra pas seulement une semaine pour prendre une décision. Surtout pas en cette période de noël. J'hoche doucement la tête et le laisse expliquer que ses parents sont, certes, invité chez des amis à eux mais qu'ils préféreraient fêter avec nous et Arthur, éventuellement. Intérieurement, je me demande si Nathan est inclus dans le 'nous', mais je ne dis rien dans ce sens et me contente de sourire légèrement.  « Parfait » assurais-je en reprenant mon repas  «ce serait sympas si on pouvait le fêter avec Arthur, oui »

Je profite du silence qui s'installe par la suite pour réfléchir un peu aux éventuelles réactions des grands parents du petit Arthur et même celles des parents de mon amant lorsqu'ils apprendront que c'est moi, qui partage sa vie. Je demande quand même à Myrddin s'il compte leur en parler. Sa façade dure et froide s'effrite, laissant place à doux sourire alors qu'il me dit avoir prévenu les Evans qu'il était en couple et que c'est du sérieux. J'hoche doucement la tête, m'inquiétant finalement d'avantage pour la réaction des parents de mon amant.

Il m'apprend qu'ils sont au courant. Sa mère connaît d'ailleurs un peu plus de détails sur ma vie que je ne le voudrais, mais je ne vais pas en faire tout un plat. D'ailleurs, elle voudra sans doute connaître encore plus de détail sur notre rencontre avant Brisbane par exemple et donc Myrddin lui racontera tout. J'hoche doucement la tête, n'allant à l'encontre de cette décision puis sourit légèrement lorsqu'il m'assure qu'ils seront content de me rencontrer.  «tant mieux alors » dis-je  «Parle moi un peu de tes parents » dis-je en coupant ma viande  «Leur nom, ce qu'ils font, leur métier, leur passion, tout ça » peut-être qu'entre toutes ces informations je trouverais une idée de cadeaux ? Car c'est ce qu'on fait non ? Quand on rencontre ses beaux parents pour la première fois. Enfin, peu importe.

Nous mangeons à nouveau quelques instants en silence, lorsque Myrddin gigote légèrement pour sortir son portable. Je l'observe, me demandant quelles sont les nouvelles. Il m'apprend simplement que Nathan est sorti prendre l'air. Je ne sais pas trop comment prendre le ton, si c'est dit à titre totalement informatif ou s'il y a un côté un peu plus accusateur. Je décide de le prendre comme simple information  « OK » dis-je, simplement en hochant la tête et reporte mon attention sur mon assiette. Est-ce que le moment de parler de Nathan est venu ? Ou devrais-je attendre que nous sommes en toute intimité dans notre chambre ? Je décide que c'est le cas et décide donc de ne rien dire dans ce sens.

Je pense que Myrddin approuve, comme moi, de passer Nouvel an avec ses parents et Arthur. Encore faut-il que les Evans acceptent de nous laisser Arthur, ce qui n'est pas dit. Enfin, après, moi ça m'importe peu où on fait nouvel an, tant que je suis avec mon amant. Ça pourrait être dans la banlieue craignos de Londres ou dans un hôtel trois étoiles près du London Bridge, je ne le laisserais pas seul. Dans un scénario idéal, les Evans nous laissent Arthur et l'administration ne nous mettrait pas de batons dans les roues. Hope for the best, accept the rest.

Je lui demande ensuite de me parler un peu de ses parents, ce à quoi il s'attelle avec plaisir. J'apprends donc que ses parents ont la cinquantaines et sont professeurs tous les deux : sa mère en littérature, son père en médecine. Il est d'ailleurs docteur en chirurgie. Je note la pointe de fierté dans la voix de mon amant et je ne peux le comprendre que trop bien. J'hoche la tête, très clairement intéressé. Leur métier respectif est leur passion, son père est fasciné par le corps humain, sa mère pourrait être définie par livre et thé. Je souris doucement, amusé et hoche la tête.  « J'ai hâte de goûter son thé alors » déclarais-je  « S'il est aussi délicieux que vous dites, Nathan et toi...» je fini ma viande en une dernière bouché puis reprends une gorgé de mon vin lorsque Myrddin reprend la parole.

Il me dit que ses parents sont aisé, que ça risque d'être impressionnant pour moi mais que je ne dois pas m'arrêter à ça ni me mettre trop de pression.  «eh voilà, j'avais pas de pression jusque là et maintenant c'est bon ... » dis-je avant de rigoler doucement  «J'vais essayé d'être naturel mais … est-ce qu'il y a des sujets que je dois absolument éviter ? Le genre que je ne dois vraiment pas évoqué auprès de tes parents ? » demandais-je. Ne serait-ce que pour être sûr et ne pas faire de bêtises.

Le dessert est d'une perfection particulière et nous le dégustant en silence, profitant du fait que la tension soit finalement retombée. A 22h, pourtant, Myrddin commence à s'agiter, inquiet de ne pas avoir de nouvelle de Nathan. Il m'informe que ça fait 30 minutes que son meilleur ami est sorti et qu'il va l'appeller. J'hoche la tête et le laisse quitter la table. Je fini mon verre de vin, tranquillement et fini par sortir de table à mon tour. Je laisse un petit pourboir sur la table et quitte le restaurant pour sortir de l'hôtel.

Sortir prendre l'air était une décision prise sur un coup de tête mais carrément parfaite. Évidement, j'ai pensé à prévenir Myrddin -j'ose même pas imaginer les foudres que je me serais récolté s'il avait découvert ma chambre vide et puis s'était la moindre des choses. En sortant, je suis accueillit par les températures qui semblent avoir brusquement chuté. Et je pense que le pull que j'ai mi en dessous de mon manteau n'était vraiment pas de trop. Toutefois, si demain nous restons dehors toute la journée je crois que je vais devoir penser à prendre mon plaid pour me couvrir un peu les jambes. Enfin, je verrais bien. Je roule un peu dans la rue, fait un peu de slalome pour éviter des gens et, débarquant un peu par hasard sur un marche de noël, je décide de me prendre un vin chaud. Je me gare un peu de côté pour ne pas gêner le temps de boire ma boisson et me perd directement dans mes pensées.

Je ne pense pas à Thomas et son injustice, mais à Joey. Depuis la nuit que nous avons passé ensemble, je pense à lui. Il ne me sort pas de la tête, encore plus depuis que je me suis d'avantage intéressé à son cas. J'ai fait des recherche, je me suis perdu entre toutes les photos de différent photoshooting, des vidéos de ses défilés et d'autre interview. Et de fil en aiguille je remué le fin fond du web jusqu'à tomber sur un article intriguant. 'La disparition de Joey Donagan'. Je me suis mis à le lire et les photos étaient sans équivoque : bourré, déchiré, absolument plus maître de lui et de ses gestes. Une vidéo sur Twitter de lui totalement déchiré à la sorti d'un bar, une image sur instagram où il fait un fuck aux gens qui l'entoure. Bref, des images que j'aurais bien aimé ne pas voir. J'ai éteint l'ordinateur et j'ai essayé de ne plus y pensé. Se pourrait-il que … que ce Joey ait la même histoire que Daniel ?

Je secoue vivement la tête et fini mon vin chaud d'une traite. Ce n'est pas le moment de penser à ça. Peut-être que ce n'étais qu'un faux pas comme on en a tous, sauf que Joey avec sa notoriété aux États-Unis a eu droit à être directement affiché comme une bête. Si ça arrivait à quelqu'un d'entre nous, les médias s'en foutraient clairement. Je pousse un profond soupire et jette mon gobelet avant de me remettre en route vers l'hôtel. Je suis obligé de faire un détour car le trottoir n'est pas praticable de ce côté et le temps de trouver un feu pour traverser la grande avenue, mon portable se met à sonner. Mais j'ignore l'appel, ne voulant pas m'arrêter en plein milieu de route.

Et puis, en arrivant de l'autre côté je vois Myrddin qui regarde son propre portable, les sourcils froncer. J'ai même l'impression de l'entendre jurer jusqu'ici. Je grimace et m'avance vers lui.  « hey Myrddin !» l'interpellais-je en levant une main. Je m’immobilise devant lui  « Désolé, je pensais naïvement que je pourrais aller au marché de noël et me prendre un vin chaud puis revenir en ...» je me tais en voyant Thomas. En croisant mon regard, il se détourne et retourne à l'intérieur. Je soupire et me passe une main sur le visage  « et j'étais entrain de traverser la route là-bas quand t'as essayé de m’appeler, tu penses bien que je n'ai pas pu répondre »

Je pince les lèvres et lance un coup d’œil vers Thomas qui observe un peu les décorations qui ornent le hall d'entrée  «Il s'est calmé ? » demandais-je en désignant Thomas d'un coup de tête  « Tu sais … je suis désolé d'être parti aussi rapidement et surtout de m'être prit la tête avec Thomas » je grimace un peu  «J'ai vraiment essayé d'éviter le conflit mais il a réussi à me pousser au-delà de ma limite de patience. » je secoue la tête  « je ne sais pas ce que j'ai fait pour qu'il soit comme ça aujourd'hui » comme d'habitude, je me remet moi-même en question, essayant de voir si le problème ne viendrait pas de moi à tout hasard.

Le sujet à ne pas lancer : le Brexit. Déjà que ce sujet à beaucoup diviser l’Angleterre en général, il divise aussi la famille Owens. Sont père étant gallois de base, il aime bien l'indépendance. Sa mère était contre. J'hoche la tête en me passant une main dans les cheveux  « Ouais,j'aurais pu me douter» dis-je amusé  « Enfin ce n'est pas le genre de sujet que j'aurais lancé de toute manière » reprenais-je en haussant les épaules, souriant. Ce même sourire qui disparaît lorsque Myrddin me dit de ne surtout pas dire que j'ai trompé Ida avec lui  «aucun risque de ce côté non plus, t'inquiète pas » dis-je en hochant vivement la tête.

Le dessert passe nickel. J'avoue qu'après cette crème brûlé je n'ai vraiment plus faim. Même un café ne passera plus. Enfin peu importe car de toute manière Myrddin décide de sortir pour passer un coup de fil à Nathan qui n'a pas encore donné de nouvelle. Je le laisse partir et attends quelques instants avant de sortir à mon tour du restaurant. Voyant ensuite mon amant de dos, je m'approche mais le regard que me lance Nathan est quand équivoque et je me détourne promptement. Il a envie de parler à Myrddin seul et c'est son droit. Enfin, qu'il fasse vite quand même hein.

Croisant les mains dans mon dos, je fais mine d'observer les décorations alors qu'en vrai j'ai toujours un œil sur les deux amis. Si bien que lorsque je les vois revenir à l'intérieur, dans le chaud, je me tourne vers eux et les interroge du regard  «C'est bon ? » demandais-je en souriant puis désigne l'ascenseur. Nous nous y dirigeons et je marmonne un halleluja en voyant une cage qui s'ouvre au moment où nous nous en approchons. Nous entrons et j'appuie sur le trois avant de m'adosser contre la paroi métallique  «Je sais pas vous, mais moi je suis vraiment crevé là » dis-je en réprimant un bâillement.

Depuis que Nathan est revenu, je sens à nouveau cette tension qui devient de plus en plus palpable qui se pose sur nous. Ce n'est pas bon signe. C'est pour ça que, dès que l'ascenseur s'ouvre, je sors et me dirige rapidement vers la porte de notre chambre. Je l'ouvre mais reste à l'extérieur en attendant Myrddin. Je le vois prendre Nathan dans ses bras pour lui souhaiter une bonne nuit et je lève la main  «Bonne nuit, à demain  » dis-je en me reculant pour laisser Myrddin entrer dans la chambre  «D'ailleurs demain, on fait tranquille. Si on se réveil à midi c'est pas grave. Mais je pense qu'il faudrait partir à 14h au plus tard  » je me tourne vers mon amant  «Non ? T'en penses quoi ? » J'attends sa confirmation puis me tourne à nouveau vers Nathan  «Départ 14h, il vient de me le confirmer » lui dis-je. Je lui fais un dernier signe puis ferme la porte derrière moi et soupire en m'adossant contre le bois.

 «J'ai trop mangé » me plaignais-je en me passant une main sur le ventre. Je prends une profonde inspiration puis me pousse de la porte et m'avance vers le lit. En chemin, je retire mes vêtements et puis me glisse en caleçon sous la couverture.  « Bonne nuit» dis-je me roulant en boule en grelottant légèrement.

Il est mignon Myrddin quand même, quand il veut prendre la défense de son amant. C'est normal, après tout. Je le comprends bien. Mais là sur le coup nous n'avons clairement pas la même vision de 'ce n'est pas contre toi'. Je pince les lèvres et me renfrogne légèrement.  «Ouais enfin il est quand même passé maître dans l'affront personnel, aujourd'hui » dis-je pour me défendre un peu.  «Je veux bien qu'il soit fatigué, j'accepte aussi qu'il ait du mal à me supporter mais de là à dire que je n'ai aucune volonté...  » je soupire doucement  « J'accepte beaucoup de chose, et tu le sais. Mais là je penses que tu me comprendras si je te dis que je ne ferais pas le premier pas vers lui » ça peu paraître dur et c'est vrai que ça ne me ressemble pas vraiment, mais Thomas m'a clairement coupé l'envie d'être agréable. Si je le suis, ce n'est que pour Myrddin et parce que lui mérite que je fasse un effort.

Nous entrons après encore quelques instants dehors et rejoignons Thomas. A sa question je ne lui offre qu'un regard ennuyé mais ne dis rien et les suis vers les ascenseurs. L'australien nous informe être fatigué puis sort de la cage lorsque nous arrivons à notre étage. Moi, je reste un peu en arrière avec Myrddin puis ouvre la porte de ma chambre.  «Oublie pas d'ouvrir l'enveloppe hein » dis-je avec un sourire. Je l'observe quelques instants puis m'approche de lui, enlace sa taille et le prends dans mes bras. Je laisse durée l'étreinte que j'accentue un peu plus avant de le relâcher  «Bonne nuit » dis-je me redressant je l'observe se détourner pour rejoindre Thomas.

A mon plus grand étonnement, je le vois qui me fais un signe de la main avant de me souhaiter lui aussi une bonne nuit. Je réponds à son signe  « Toi aussi» déclarais-je avant d'entrer. Mais avant même d'avoir pu franchir le seuil de la porte, la voix de Thomas retenti à nouveau. Il me dit que demain on commence cool mais qu'on devra être parti pour 14h. J'approuve par un signe de tête et en levant le pouce au ciel avant d'entrer dans ma chambre. Je referme la porte derrière moi, en ôte toutes mes couches de mes vêtements. Je passe par la salle de bain pour me brosser rapidement les dents puis vais me coucher. Je met bien plus de temps à m'endormir qu'avant, mais je fini par sombrer dans les bras de Morphée.

Malgré ses efforts, je sens bien que Myrddin est plus agité qu'autre chose cette nuit. Ça ne m'étonne guère, je dois bien l'avouer. Toutefois, ça ne me ravis pas. Une partie de moi a envie de le prendre dans mes bras pour le rassurer et me montrer doux pour jusqu'à ce qu'il retrouve le sommeil, l'autre elle a juste envie de ne pas bouger tant je suis bien installer, moi. Et une toute petite partie de mon âme a juste envie de frapper Myrddin tellement fort pour l’assommer et qu'il soit enfin tranquille. Mais c'est bel et bien la deuxième option qui prends le dessus et lorsque je me réveil Myrddin n'est pas à côté de moi. Et avant que je ne panique j'entends l'eau couler dans la douche. Me tournant sur le dos en soupirant, je me repose encore quelques instants puis me redresse lorsque Myrddin sort, tout frais et tout propre -et carrément sexy putain avec ces cheveux encore humide et ces ondulations qui se forment. Je le regarde amoureusement et me lève pour aller me doucher à mon jour. Au passage, je l'embrasse tendrement et lui caresse un peu le dos avant de disparaître dans la salle de bain.

J'en ressors à mon tour bien plus réveillé avec une sensation de propreté carrément agréable. Moi, j'étais préparé psychologiquement à partir directement, mais Myrddin ne l'entends pas de cette manière. Non. Lui il veut savoir si je comptes m'excuser auprès de son meilleur ami pour ce que je lui ai dit hier. Cette partie qu'on appelle fierté -ou fierté mal placée plutôt- hurle que non, que j'avais raison de m'être emporté hier, mais cet autre truc, la conscience, elle, n'assume absolument plus du tout mes paroles de hier soir. Alors je promet à Myrddin que je vais faire un effort, que je vais m'excuser et que je ne ferais pas d'histoire aujourd'hui. J'espère secrètement pouvoir la tenir, cette promesse.

Nous rejoignons Nathan, qui ne semble pas avoir beaucoup dormi cette nuit, vers 13h30 finalement et ensemble, à trois, nous nous dirigeons vers le pub que nous avons choisi afin de déjeuner tranquillement. Le repas se déroule sans soucis et je profite du fait que Myrddin soit sorti passer son coup de fils, pour m'excuser auprès de Nathan. C'est sans hésitation qu'il accepte mes excuses. Sans conditions. Il n'argumente même pas contre moi. Non. Il reste fidèle à lui-même, trop gentil, qui laisse tout passé. Merde, si j'avais été à sa place je n'aurais pas eu le pardon aussi facile moi ! J'avoue que quelque part ça me frustre un peu, qu'il ne s'en prenne pas à moi. Mais peu importe. Ne pas faire d'histoire, non ?

Nous finissons le dessert puis allons à Hyde park. La nervosité qui anime Myrddin commence à me gagner de plus en plus et j'avoue être quelque part soulager qu'il s'en aille. Avec Nathan, nous nous posons dans un bar près de King's cross. Son train est à 19h35 et je n'ai pas envie qu'il le rate. Lui non plus je pense. Enfin peu importe. Nous attendons donc ensemble, brisant le silence juste de temps à autre.

Lorsqu'à 19h05 Myrddin passe la porte du bar, je me redresse vivement. Je l'observe avec attention en me levant et soupire doucement en voyant son sourire. Mes lèvres s'étirent à leur tour et je m'avance vers lui.  « Alors ?» le pressais-je en le poussant gentiment vers la place libre. Je m'occupe de le débarrasser de son manteau puis m'installe à nouveau  «Vas-y, raconte, dis nous tout ! »

Cette nuit fût horrible. Je n'ai dormi qu'une heure. Ou peut-être deux ? J'avoue ne pas me sentir à l'aise seul dans une si grande chambre. Même mon appartement à Brisbane me semble trop grand depuis le départ de Myrddin. Je ne suis pas serein et me réveil au moindre petit bruit. En plus le matelas n'est vraiment pas confortable en je me réveil avec le dos en compote, me demandant assez sérieusement comment je vais réussir à tenir. De plus, je ne cesse de ressasser les paroles de Thomas, sur le fait que je manque de volonté. Et j'arrive sur la conclusion qu'il n'a pas totalement tort : ces derniers temps j'ai un peu trop mis la rééducation de côté. Je me promet que je recommencerais dès mon retour à Brisbane et avec beaucoup plus de sérieux. Le fils de Myrddin devrait être une source de motivation assez conséquente, non ? Je veux dire, je ne veux pas qu'il ne me connaisse qu'en deux roues. J'aimerais bien réussir à me promener avec lui, au moins. Je sais bien que je ne pourrais jamais courir avec lui à travers les parc, mais au moins me balader un peu.

Enfin peu importe. Réveillé à 6h du matin, j'envoie un message à Myrddin. Mais ne recevant même pas un accusé de réception, je me dis qu'il ne doit pas avoir son portable allumé, donc il n'est pas réveillé. Je décide donc de m'occuper tout seul. Tout d'abord, je m'habille, puis je descends prendre le petit déjeuné. Une fois cela de fini, il est 9h, l'heure à laquelle ouvre les boutiques. La veille, j'avais déjà repéré une petite librairie à côté de l'hôtel et je m'achète un livre. Le genre de livre duquel j'ai entendu énormément de bien et qui était introuvable à Brisbane. Content, je retourne dans ma chambre et commence à lire.

Lorsque mon portable vibre sur la table de chevet, je me réveil en sursaut. Je suis un instant déboussolé me demandant quand je me suis endormi. Je soupire, me passe une main sur la bouche puis me frotte un peu les paupières et clignes des yeux. C'est un SMS, de Myrddin. Qui me dit qu'on va partir. Je regarde autour de moi et je remercie mon organisation à toute épreuve : tout est déjà prêt pour le départ. Je n'ai plus qu'à mettre mon manteau, mon bonnet, mon écharpe et mes gants et c'est bon. Je réponds donc rapidement à mon meilleur ami que j'arrive, range mon portable dans la poche de mon pantalon et me hisse sur mon fauteuil. Je grimace un peu quand mon dos se plaint de la brutalité avec laquelle je tombe sur le siège, mais j'ignore la douleur et m'habille avant de sortir. Je retrouve Myrddin et Thomas dans le couloir entrain de discuter.

Thomas attrape ma valise sans un mot et nous descendons dans le hall. Je passe par la réception et redonne ma clef avant de payer. Nous sortons ensuite de l'hôtel et nous nous dirigeons vers la brasserie que nous avons choisie. Le repas se déroule tranquillement et lorsque Myrddin sort pour passer le coup de fil aux grands-parents, Thomas finit par s'excuser. Soulager qu'il fasse le premier pas j'accepte ses excuses sans aucunes hésitations et parvient enfin à me détendre.

La suite de la journée est placée sous le signe de la nervosité. Myrddin ne parle pas et ce silence est le signe qu'il est entrain d'imploser. Le stresse est presque palpable et je sens bien qu'il se répercute sur Thomas et sur moi. Lorsque mon meilleur ami s'en va, je lui souhaite bonne chance et croise les doigts pour lui avant de partir en direction de la gare. Nous avons décidé, avec Thomas, de nous installer dans un bar près de la gare. Comme ça, au cas où Myrddin aurait du retard, je ne raterais quand même pas mon train. Même si, avouons-le, ça me ferait fortement chier de ne pas avoir d'explications de mon frère de cœur en direct live.

Plus l'heure avance, plus je me sens nerveux, mais seulement parce que j'ai de plus en plus peur que Myrddin n'arrivera pas à temps. Et pourtant ! À 19h05 il pousse la porte du bar. Thomas est le premier à réagir : il se lève et se dirige vers lui pour le guider vers notre table. Il le débarrasse de son manteau et le presse à parler.  « ça a été ?» demandais-je, quelque peu inquiet. Je suis tellement persuadé que Myrddin va nous faire part d'une très mauvaise nouvelle que je ne remarque même pas son sourire qui semble être éternellement gravé sur son visage.

Ce n'est que lorsque Myrddin commence à parler et qu'il nous dit que tout c'est parfaitement bien déroulé, que je le remarque, ce sourire éternel. Ce genre de sourire communicatif qui ne le quitte pas tout au long de son récit. Je me détends très rapidement, échange même un coup d’œil ravis avec Thomas puis écoute mon meilleur ami avec une attention toute particulière. La description du petit me laisse quelque peu rêveur. Yeux vairon, un bleus et un brun et cheveux noirs ? Bizarrement, dans ma tête j'imaginais un mini Myrddin, comme quand il était gamin. Cela-dit … peut-être que la mère avait les yeux bruns, elle ? Enfin, peu importe après tout. Le plus important, de toute manière, c'est que Myrddin ait passé un agréable moment et qu'il soit bien plus serein. De toute manière, vu la description du petit, il ne peut qu'être adorable. Et s'il n'a hérité que de la moitié du caractère de son père, son futur sera déjà bien parfait.

Et finalement, il annonce que les Evans sont d'accord pour qu'il élève le petit Arthur à l'autre bout du monde ! Je me redresse et, en totale synchronisation avec Thomas, mon sourire s'agrandit subitement.  «MAIS C'EST GENIAL CA ! » m'exclamais-je, sûrement un peu trop fort car je vois quelques têtes qui se tournent vers notre table. Je m'excuse avec un sourire et un petit signe de la main avant de me reprendre, plus calme  «Je … je veux dire … c'est déjà vraiment une superbe chose ça. Si déjà les Evans te donnent leur autorisation, c'est déjà un très grand pas vers le but de ce voyage » dis-je avant de reprendre une gorgé de ma bière. Je pose mon regard sur Thomas puis à nouveau sur Myrddin et repose le verre sur la table  « Vous allez faire quoi maintenant ? Je veux dire, avec la justice et tout ? Mais … si vous avez le soutient de la famille, vous avez plus de chance quand même » je souris doucement, attendant avec impatience la réponse de mon meilleur ami, ou de son amant.

Mais la sonnerie de mon portable me sort de mes pensées. Je m'excuse rapidement et me détourne alors que je décroche. Je raccroche après quelques instants et me tourne à nouveau vers les deux amants.  «C'était ma mère  » expliquais-je en rangeant le téléphone dans ma poche  «Faut que j'y aille, le train est dans 20 minutes, je temps de trouver le quais et de trouver le responsable qui m'accompagnera pendant le voyage » je fini ma bière et remet mon manteau et mon bonnet, mon écharpe ayant trouvée sa place dans mon sac. En voyant Myrddin se lever je suis un instant tenté de lui dire que je me débrouillerais, mais au final non, il est clair et net que je ne peux pas gérer et mon fauteuil et ma valise. J'accepte donc sans problème son aide et nous sortons, tous les deux du bar


 « Ma mère vient de parler à la tienne » dis-je en me dirigeant vers l'ascenseur  « Elles ont eu l'idée qu'on pourrait passer Nouvel an tous ensemble » J'explique en entrant dans la cage  «Je te laisse gérer avec tes parents, ok ? Leur dire ce que tu veux dire concernant Arthur et Thomas. J'ai un peu parlé de Thomas à ma mère. Pas en mal hein, je te rassure. Enfin, pas QUE en mal … mais peu importe, tu connais ma mère, elle a beau être très protectrice, ce n'est pas non plus son genre de juger sans connaître » je sors de l'ascenseur et me dirige vers le quais 9.

Là, je vais directement parlé à un contrôleur qui appelle son collègue qui gère l'accompagnement des personnes en fauteuil roulant. Je me passe une main sur le visage, répriment tant bien que mal un bâillement -et plutôt mal que bien si vous voulez mon avis- avant de sourire à Myrddin  « J'ai hâte de retrouver mon lit quand même » et surtout le matelas à eau dans lequel ma mère a investis après mon accident. Dormir là-dessus était sûrement la plus belle des sensations jamais égalé. Même par mon matelas actuel !

 « J't'ai déjà dis qu'elle voyait quelqu'un, ma mère ?» demandais-je subitement en relevant mon regard mon meilleur ami  « Elle me l'a annoncé hier, en mode 'faut quand même que je te prévienne hein'» je rigole doucement puis hausse les épaules  « Un certain Matthew Smith, un architecte. Je vais le rencontrer ce soir » je me gratte la joue en grimaçant un peu, incertain  « J'te tiens au courant. Si c'est un sale con j'vais fuir chez Charlott et Alan » dis-je avec humour. Je ne pense pas en arriver jusque là, mais je sais que les parents de Myrddin m'accepteront sans aucune hésitation.