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 JAMIE&GINNY ▲ The bad in each other

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Message(#)JAMIE&GINNY ▲ The bad in each other EmptyJeu 5 Jan 2017 - 3:40

the bad in each other
Jamie & Ginny
Speak clearly he said, but didn't see. He acted that way and hello will be like a cut. Fill me up and pour me out, realize the doubt we had the same feelings at opposite times. Floating into the blue and the neon river. The sadness can move either without or with him. When good man and good woman, can find the good in each other. And good man and good woman, bring out the worst in the other.

Le décompte de la nouvelle année qui se casse sur les murs, derrière, ou devant, je ne sais plus. Les cris, les souhaits, la musique, le tintement des verres. Et ma silhouette recroquevillée, isolée, esseulée, effondrée. J’avais trouvé une issue, rien de bien glorieux, une cage d’escalier, un placard, une porte et quelques murs, cela suffirait à respirer, à évacuer, à nier, surtout. Ezra avait tout fait pour repousser les mots, pour attendre encore un peu, pour laisser l’espoir naître. Mais il était trop tard. Tout était trop tard, tout était vain, tout n’était rien et rien n’était tout. J’inspire sans vraiment le ressentir, j’expire sans m’entendre et je laisse ma carrure meurtrie glisser le long du mur, se déposer en silence, en douceur au sol, glacé. Il n’y pouvait rien, il avait tout essayé. Il avait pilé sur son ego meurtri, sur sa haine, sur nos non-dits, sur tout ce qu’il avait pu vivre et sur tout ce qu’il n’avait jamais connu. Je lui avais demandé l’impossible, l’impensable en tentant, peut-être, de sauver notre fils. Mais il ne pouvait rien y faire, il était incompatible, impassible, impuissant. L’espoir, la pression, la responsabilité qui trônait sur ses épaules avait fui aussi vite que l’appel où on lui avait annoncé qu’il ne pourrait rien faire pour Noah, qu’il ne portait pas l’organe qu’il fallait, de la façon dont il le fallait. L’histoire avait la moitié des chances de bien se terminer, et l’autre de s’échouer insensiblement sans aucun retour en arrière. Son regard, sa voix qui se brise, ses gestes qui s'effacent, tout ça et plus encore m’éclatait le cœur en mille morceaux. J’avais tenté de retenir mes larmes le plus longtemps possible, de démentir la vérité, de rester dans l’avant, dans le passé, dans les bribes de ce qu’on avait pu vivre à deux, à trois, mais c’était trop tard. Le verdict était tombé. Ezra était démoli, je n’en valais pas mieux, et surtout, surtout, j’avais besoin d’être seule. Assimiler la nouvelle, la jumeler à la réalité, quelle qu’elle soit. J’avais dû partir, me cacher, m’isoler et même si Ezra, même si Bailey s’y étaient opposé, la fuite me semblait encore une fois l’option la plus viable, la seule, au final. Alors que la nouvelle année résonnait dans la pièce d’à-côté, alors que 2017 promettait du beau, du bon, du brillant, c’est toute petite, démunie, dénuée de tout que je laissai de nouveau le seul espoir qu’il me restait aller en sanglots silencieux.

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Je savais pour Noah depuis maintenant un peu plus d’une semaine. Si j’avais passé la nuit de Nouvel An recroquevillée dans le lit de mon fils, incapable de dormir, trop absorbée par sa respiration lente, par ses bouclettes blondes un peu folles, par ses traits si innocents, si candides, j’avais su me ressaisir du mieux que je le pouvais le lendemain. Et le surlendemain, et le jour d’après. J’avais maintenant une capacité alarmante à m’adapter, à cacher le pire, à jouer de masques et d’évitement pour le mieux-être des autres. Noah n’était pas au courant qu’Ezra avait passé des tests pour la greffe, je comptais le lui dire si le résultat était positif, et voilà qu’il en était tout autre. Pour le moment donc, le petit être n’était pas conscient qu’une nouvelle embûche venait de se glisser sur son chemin, obstacle un peu plus ardu, mais qu’on arriverait sûrement à surmonter comme tous les autres. Du moins, je l’espérais si fort qu’avec un peu de chance, ça deviendrait vrai un jour, à sa façon. Les paupières closes, je retrouve doucement un souffle normal, profitant du silence, profond, lourd, salvateur qui empli la salle. Bailey, suite à l’annonce d’Ezra et à mon besoin d’isolement, avait cru bon me louer un petit studio modeste, un minuscule loft en bordure du centre-ville où je pourrais aller me cacher lorsque le besoin se ferait ressentir. Même s’il était diamétralement opposé à moi, même s’il m’était imposé et tout sauf réellement attaché, il avait su voir ce qui était maintenant une nécessité. Mon propre espace, aussi simple et vide soit-il. Sur un coup de tête, j’y avais même apporté quelques canevas, de vieux pinceaux, des couleurs aussi. Et des livres, beaucoup de livres. C’était un espace sacré maintenant, petit coin de terre où j’avais passé la plupart de mes journées entre l’hôpital et l’appartement, là où je m’emmitouflais dans une grosse couverture de laine et où j’échouais ma silhouette sur le canapé qui trônait au centre de la pièce. La paix, simple, pure, la paix de n’être entourée de rien, et de n’avoir besoin de rien non plus. Il fallait que je me vide la tête, que je me vide le cœur, et malgré l’ambiance paisible de l’endroit, je ne comptais plus les fois où les cris avaient traversé ma gorge, où j’avais frappé, tout jeté, tout poussé sur mon passage. Processus normal selon ma psychologue, processus de nettoyage, de purification.

Et comme ça, sans m’en rendre vraiment compte, sans m’en douter même devrais-je dire, un pinceau s’était retrouvé entre mes doigts meurtris d’avoir trop tremblé. Un pinceau qui retrouvait sa place après des années d’abandon. Je m’amuse même, d’un geste vif, puis d’un plus lent, mimant le mouvement que j’avais répété des heures et des heures durant, avant, dans une autre vie. Sans huile, sans toile, avec l’air comme seule alliée, je dessine des images qui me traversent l’esprit, je mélange des teintes et je crée de la lumière. L’idée est douce, l’idée est belle, et je porte même l’audace à rapprocher mon chevalet, à disposer un petit banc tout près, à caresser mes tubes de peinture les uns les autres, du bout de l’index. J’ouvre le bleu, je joue avec le blanc, je lorgne vers le gris. Ma palette abîmée par les années se recouvre sans la moindre hésitation des teintes que j’avais déjà choisies sans même le savoir, et c’est machinalement que j’y trempe mon pinceau pour venir l’appuyer sur le canevas dans un long soupir, salvateur, délivrance. J’ignore ce qui se passe, j’ignore le résultat à venir, et je m’attarde simplement aux mouvements, enregistrés dans ma mémoire, au processus oublié qui revient de plus belle. Quelques minutes passent, quelques heures peut-être, et je finis par avoir sous les yeux une toile, une vraie, une réalisation qui a mis plus de 3 ans à être produite, à être livrée. L’envie de l’observer dans ses moindres détails s’installe, rapidement rattrapée par la pulsion, soudaine et viscérale de la déchirer, de la démolir, de l’éclater au sol d’un geste, mauvais. Je me retiens pourtant, effrayée par mes propres envies surtout. D’un coup de main rapide j’attrape mon portable pour en prendre une photo, photo que j’envoie à la seule personne qui, malgré toutes ses années, me demande encore régulièrement le moment où je recommencerai à peindre, vraiment. Les mots « Un peu plus et je l’éclatais au sol avant de te la montrer. Je crois que l’autodestruction aura lieu dans la soirée, si tu veux la voir en vrai avant son massacre. » accompagne l’envoi mail, et je ris en silence, prenant mes distances face à la dite toile. Parfois, mes propres désirs de violence me terrifiaient à un niveau encore impossible à nommer. Presqu’autant qu’ils m'émerveillaient.

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Message(#)JAMIE&GINNY ▲ The bad in each other EmptyLun 6 Fév 2017 - 15:57


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When a good man and a good woman can't find the good in each other, then a good man and a good woman will bring out the worst in the other

Le téléphone vibre quelque part dans le salon –d’une vibration forte et unique synonyme de nouveau message, différente de celle des e-mails, des appels, et de toute autre notification. Le défi, maintenant, est de savoir… où. Où est ce fichu appareil. Car il n’est ni dans ma poche, ni sur l’accoudoir du fauteuil, et pas sur la table basse. Je balaye la pièce du regard et ne le voit nulle part. Seigneur, pourquoi a-t-il fallu inventer des appareils si chers, si plats, si fins, qui se glissent partout, se faufilent et s’égarent ? Mais qui sont, bien entendu, de plus en plus grands, trop pour rester dans une poche. Honnêtement, ce genre de technologie, aussi utile soit-elle, me dépasse. J’aurais dû naître à l’ère du télégramme. Me voilà à retourner le salon, les plaids, les coussins, arpenter chaque centimètre carré de moquette, autour et sous les meubles, pour finalement retrouver mon téléphone dans le tiroir du guéridon près de l’entrée. Là où est sa place dès que je mets un pied chez moi. Lorsque l’on passe sa vie avec ce truc vissé à l’oreille pour les besoins du travail, on apprend deux choses : la magie des oreillettes bluetooth, et le bonheur de se rendre injoignable après une heure décente ainsi que les week-ends. Terminée l’époque où je me laissais être la victime du moindre coup de fil. Vouloir une vie de famille vous donne le sens des priorités, et même si je vis à nouveau seul, j’ai décrété être ma propre priorité. Tout ça pour dire qu’il me faut quasiment vingt minutes avant de pouvoir lire le message de Ginny, dont l’apparition de ce nom qui s’était fait rare me fait arquer un sourcil curieux. Et puis un sourire. Un large sourire lorsque mon regard tombe sur cette toile qu’elle vient d’achever. Une œuvre éphémère d’après sa créatrice. Voilà qui va occuper ma journée. Je saute sur mes clés de voiture et je me mets en route. C’est peut-être puérile de ma part, mais j’évite autant que je le peux de me rendre dans mon ancien quartier. J’ai vécu à Logan City dès mon arrivée à Brisbane il y a six ans, j’ai amélioré, personnalisé, ajouté de la valeur à ma maison, pour finalement la vendre et m’en éloigner le plus possible lors de ma séparation avec Joanne. Parce qu’elle fut notre premier foyer, et le théâtre de notre descente aux enfers ; un lieu où je ne pouvais plus vivre, où l’air n’était plus respirable. Finalement, l’aversion s’est étendue à la rue, puis aux rues adjacentes, et finalement, à toute la zone. Néanmoins, c’est là que la petite artiste se trouve. Je me gare en bas de l’immeuble et sors du coffre les quelques tubes cartonnés que j’y ai glissés avant de partir et dont j’enfile les sangles sur une épaule. Etant attendu, quoi que je n’ai pas pris la peine de répondre au message de Ginny tant il paraissait évident que j’arriverai dans l’heure, je ne patiente pas bien longtemps. Ma seule crainte est d’arriver trop tard. « J'ai été appelé pour sauver une œuvre. » dis-je avec ce ton de plombier de film pornographique qui se propose pour gracieusement lui réparer la tuyauterie. Puis, avec bien plus de cynisme ; « Quoi que je ne sais pas si tu es au courant des dernières nouvelles, mais je suis visiblement plus doué pour détruire les choses que pour les sauver. Alors je ne garantis pas l'efficacité de mon intervention. » Il paraît que je suis un type violent et dangereux après tout, c’est bien pour cette raison que l’on m’a condamné il y a quelques mois. En rire est un peu délicat, je l’admets, peut-être devrais-je m’en passer. Cela ne rend même pas les choses plus faciles à vivre, alors il ne sert à rien de persister. Passant rapidement à autre chose, je retire les tubes de mon dos et les pose dans l’entrée. « Aussi, j'ai apporté quelques-unes des toiles que tu voulais voir en vrai, depuis le temps. Tu pourras les détruire aussi si tu veux, j'ai moi-même envie de les massacrer lorsque je les vois, je les trouve grotesques. Elles remontent à quelques mois maintenant, je ne peins plus rien dernièrement. » Je ne peins plus rien depuis longtemps même, j’ai perdu le compte des semaines. Et avant de cesser totalement, mon inspiration était déjà en berne. C’est cliché, mais quand la vie sentimentale est en berne, l’envie n’y est plus vraiment. Pourtant je n’avais pas besoin de Joanne avant de la connaître pour laisser libre cours à mon imagination et mes émotions sur les toiles. C’est une des nombreuses choses à laquelle l’amour vous enchaîne. Enfin, je porte mon attention sur le loft en lui-même. « Alors c'est ton cocon... » Même si l’adresse est enregistrée sur mon téléphone depuis que la jeune femme en a reçu les clés, je n’ai jamais eu l’occasion d’y mettre les pieds et de savoir à quoi ressemble le havre de paix de la petite brune. Je m’attendais à un lieu à son image, quelque chose qui lui ressemble, et même trouver quelques fautes de goût dues à des péchés mignons inavoués, comme un amour pour le jaune poussin à pois rose sur les murs. Rien de tout ceci. « Je le trouve très… épuré. » dis-je avec l’éternel flegme et très politiquement correcte manière qu’ont les anglais de dire ce qu’ils pensent en y mettant la forme –une habitude qui va et vient selon les jours, je suppose que l’environnement australien y est pour quelque chose.
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Message(#)JAMIE&GINNY ▲ The bad in each other EmptyMar 14 Fév 2017 - 17:42

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Cette rage à l’intérieur, cette boule qui se forme. J’avais toujours été du genre à m’isoler lorsque ça n’allait pas bien, lorsque je me questionnais. Mécanisme d’auto-défense, carapace, aspect sauvage, à voir ce qui avait le plus de sens aux yeux des autres, aux miens. Puis était venu Noah, la débandade un certain matin de mars dans la salle de bain anglaise de mes parents, porcelaine immaculée qui avait été barbouillée par mes larmes, par mon mal-être, par ma pire erreur. L’après n’avait été qu’une suite de surprises, pas nécessairement bonnes, où j’apprenais à me connaître à nouveau, à m’apprivoiser, et où certaines particularités me sautaient au visage – et à la gorge. La violence, la rage, la haine n’avaient jamais été parties prenantes de mon quotidien, mais pourtant depuis ce jour-là, je sentais ces émotions plus fortes encore, faisant résonance, étant innées, ancrées, effrayantes. La douce Ginny, la calme McGrath laissait doucement la place à une Ginny qui se surprenait elle-même, qui sentait le feu brûler ses entrailles, qui serrait les poings et les mâchoires beaucoup trop, beaucoup plus douloureusement qu’avant. Peu de gens étant au courant de cette tournure, de ce nouveau trait de ma personnalité qui m’effrayait autant qu’il m’intriguait. Alors que la douceur avait toute la place dans mes souvenirs, elle se voyait avidement remplacée par un sentiment ardent, terrifiant, qui me poussait parfois à vouloir tout démolir sur mon passage. Je me gardais d’exprimer cette rage en présence de qui que ce soit, je me gardais de dévoiler cette faille à Bailey, d’effrayer Noah avec ces pulsions que je ne comprenais pas moi-même. Le loft, cet atelier où je pouvais être enfin moi-même, ce lieu isolé où je m’autorisais des rechutes, où je laissais la vérité faire surface. Ce loft qui avait entendu plusieurs cris, qui avait assisté à de nombreuses envolées d’agressivité, qui avait su abriter mes colères les plus vitales, les plus atroces.  Je me redresse sur le tabouret, je laisse mon corps épouser un semblant de posture, reprendre sur lui-même, alors que les salutations de Jamie me sortent de ma rêverie, de ma contemplation chaotique. Et je laisse un sourire, fin, caresser mes lèvres. Là où certains ne comprendraient absolument pas pourquoi c’était lui que j’avais appelé à ma rescousse – aussi ironique puisse-t-elle être – c’était bien son nom qui avait fait office d’évidence pour moi quelques minutes plus tôt. Jamie comprenait, il comprenait l’esprit malade, il comprenait la torpeur, il comprenait l’impuissance, il comprenait le mal, le vrai, le sale, pas celui qui paraît si bien, pas celui qui semble presque poétique. L’hideux, l’horreur. Bien peu de gens dans mon entourage pouvaient en faire autrement, et je savais que si j’avais une soirée à passer avec quelqu’un pour extérioriser tout ce qui me lacérait de l’intérieur, ce serait avec lui qu’elle serait plus salvatrice, meilleure dans son effroi. Son humour m’arrache même un éclat de rire, alors que je fais vite volte-face pour détailler ce fameux sauvetage improvisé. Les paroles qui suivent sont par contre un peu moins joyeuses, et à travers la légèreté avec laquelle il l’apporte, je sens bien la lourdeur du sujet, je sens bien que l’humour qu’il utilise ne sert qu’à camoufler tout ce qu’il peut bien ressentir de l’intérieur. Oh, Jamie. Si seulement je pouvais te dire que ça passe, que ça s’efface, que ça se calme… « Soulagé seras-tu alors, d’apprendre que peu importe tes plans héroïques cette toile va finir en mille morceaux, avec ou sans ton aide. » que je tente, haussant les épaules, me faisant à l’évidence. J’essaie d’esquiver, j’essaie de lui retirer ce poids des épaules, mais il n’y a que lui qui en a la force, malgré tous les efforts que je peux y mettre.

Son offrande m’intéresse au plus haut point, et j’hausse le sourcil, curieuse, avant de le rejoindre pour dévoiler ce qu’il a bien pu apporter. Mon propre canevas ne m’emballe plus autant maintenant qu’il m’offre une pile complète de croquis à admirer. Il faut dire qu’à deux, on a bien su reléguer l’art au plus profond d’un placard depuis un long moment maintenant, et que chaque nouvelle esquisse relève presque du miracle. « Du grand Keynes, quel honneur! » que j’ajoute, maligne, avant d’ouvrir le tube et de disposer délicatement les quelques dessins à plat, sur la table. Lorsqu’on attire l’attention ailleurs que sur mes propres œuvres, je suis toujours un peu plus soulagée, à l’aise. Ce moment ne fait pas exception à la règle. Le voilà qui détaille maintenant mon atelier, ou du moins, ce que j’ai tenté d’en faire. Évidemment, son sarcasme résulte en un rire bien franc, bien assumé. Mon cocon, le choix de mots n’aurait pas être mieux fait. « J’ai toujours été du genre à miser sur le contenu plutôt que sur le contenant. » que je m’explique, justifiant le côté bien impersonnel de l’endroit. « Ou alors c’est simplement une excuse pour cacher que c'est le bordel qui fait office de décoration. » j’hausse les épaules, vendue. C’est bien vrai qu’aucune touche personnelle, mis à part quelques photos de Noah, ne vient orner les murs, les meubles. Et à bien y penser, même le loft que je partage avec Bailey est tout aussi dépourvu de personnalité, de chaleur. Après un retour en terre connue, après un retour aux sources, on aurait pu bien vite croire que je ferais mes marques sans grande attente. Vivre entre deux mondes, vivre à l’hôpital la majorité du temps doit être en cause. Ça, ou l’éternel questionnement qui trotte encore, à savoir si je resterai, ou si je repartirai comme une voleuse. Encore. Le voilà qui d’une simple question, amène un raz-de-marée d’interrogations sans s’en rendre le moindrement compte. Mes prunelles quittent les siennes pour maintenant revenir se poser sur ses croquis, éternelle distraction, retour au programme principal. Quelques secondes passent, un silence doux vient s’installer, puis c’est d’une toute petite voix que je l’interpelle « Jamie… », alors qu’il a commencé à errer du côté de la bibliothèque. « Elles… le coup de pinceau est parfait, comme d’habitude, mais… elles semblent si tristes. » la technique de Jamie m’avait toujours beaucoup impressionnée. Il pouvait passer de longs moments, d’immenses périodes sans ne rien peindre, mais lorsqu’il s’y mettait, il retrouvait en quelques bribes de crayon le mouvement, l’agilité d’un expert. Mais les couleurs choisies, les formes reproduites, les expressions, la lourdeur des traits… mon cœur se serre légèrement, réalisant à quel point il est brisé de l’intérieur. Je dénote alors son malaise, je ressens directement la façon dont il implore, en silence, de ne pas aller trop loin sur cette route, de ne pas insister. Et je le respecte, aussi fort que je le puisse. J’inspire, je caresse sa silhouette d’un regard bienveillant, puis je laisse doucement mes doigts s’armer des extrémités contraire d’un croquis choisi au hasard. La fine DIAGONALE qu’ils tracent se tend bien plus vite que je ne l’aurais prévu, et le bruit de déchirure qui l’accompagne me soulage, me surprend. Voilà qui devrait bien lancer le tout. « Tiens. Comme ça, on ne garde que le côté en jaune et en orangé. C'est lui qui respire un peu plus la joie de vivre, à mon sens. » je lui offre maintenant la première moitié, gardant de côté l’autre, celle que je suppose être la plus triste, la plus lourde de sens. « À moins que tu souhaites en faire un triptyque? » mon ton est joueur, un peu plus.  

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Message(#)JAMIE&GINNY ▲ The bad in each other EmptyVen 3 Mar 2017 - 1:32


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Avant cette étrange période de ma vie, jamais ne m'étais-je considéré comme particulièrement cynique. Plutôt user de quelques mots justes et sans détour, ou se taire, plutôt que de tourner autour des faits et emprunter je-ne-sais-quel route de langage obscur dont les interprétations sont aussi libres et nombreuses que dangereuses. Aussi ais-je toujours trouvé les hommes et les femmes utilisant le cynisme pour se cacher comme des lâches aimant à la fois attirer l'attention et frustrer leur audience. Un bouclier de facilité dont je ne pensais pas avoir à faire usage. Bien des choses changent avec le temps, et jamais ne cessons-nous d'évoluer, de grandir, de nous adapter aux fluctuations de notre existence. Aujourd'hui, user de traits d'humour qui grincent comme de la craie sur une ardoise me permet de détourner l'attention, la mienne et ceux des autres, des émotions qui m'habitent réellement, tout en donnant une bonne idée du fond de ma pensée. Je ne peux pas nier que les événements de ces dernières semaines m'ont blessé, cela serait mentir. Mais de là à me dire terrassé, il en est hors de question. Le cynisme est une manière de m'avouer vaincu. Me voici dans cette ligue de personnes qui observent avec méfiance le passé, l'avenir, le moment présent et leur entourage en attendant la prochaine attaque d'un destin méticuleusement sadique. Caché derrière le bouclier qui me permet de me reconstruire à l'abri de l'avis des autres. Comme si je pouvais observer le monde à travers une vitrine de verre teint pendant qu'ils ne verront que ce qu'ils veulent voir. Cette frontière s'abaisse de temps en temps pour un moment de répits. Trop rarement. Je suppose que, dans un sens, nous nous cachons tous les uns des autres. Nous avons tous un masque de société, d’apparat. Quand Ginny et moi nous sommes rencontrés, c'est ce qui transparaissait à travers cette façade qui nous a rapprochés. Comme si un bout d'elle et un bout de moi pouvaient résonner, vibrer ensemble. Ces petites flammes vacillantes de l'inspiration qui menacent de s'éteindre ou de s'embraser tous les jours. Cette fibre artistique, comme on dit. Je pense que deux personnes qui partagent certaines pièces de leur puzzle interne se reconnaissent entre elle dans un simple regard. Et Ginny et moi nous sommes reconnus. Il ne s'agit pas forcément de parler d'art, de tel peintre, tel sculpteur, tel courant, mais d'inspiration, d'essayer de définir la couleur rouge sans dire son nom, de ce qui nous anime et guide instinctivement le pinceau sur la toile. Pendant longtemps, la jeune femme n'a vu de mon travail que des photographies dont la qualité et la lumière, à mon avis, ne rendaient pas justice aux œuvres. Il me semblait à chaque fois lui envoyer un autre tableau que celui que j'avais sous les yeux et que je venais de faire, et que je ne pourrais jamais lui faire voir ce que moi je vois. Alors cette visite m'a paru être le moment idéal pour lui montrer ces peintures. Les lui montrer avant qu'elles ne disparaissent pour toujours et n'existent plus que dans nos mémoires. Pendant que la petite brune étale les œuvres devant elle, je cherche dans le loft ces traces d'elle qui feraient penser que cet endroit ne peut pas être à quelqu'un d'autre. La manière dont elle imprègne les lieux. Mais les murs, les fibres, me semblent encore vides. L'inspiration, l'émotion transcendante de ces moments de pure expression, ne se sont pas encore déposés et imprégnés ici. « Lorsque tu te remettras vraiment à peindre, les murs et le sol se décoreront d'eux-mêmes. » dis-je, la tête penchée pour lire en travers les noms des livres de la bibliothèque sur leurs tranches, curieux, fouineur. « Dans mon ancien atelier, il y avait de la peinture incrustée dans les nervures du parquet, je reprends avec un rictus nostalgique, parce que j'ai tendance à poser les toiles par terre pour peindre, pour être libre de tourner autour, d'avoir une vue sous tous les angles. Il y avait un peu de bleu, de rose, de jaune… J'aimais le parallèle, tu sais, me dire qu'il y avait de la peinture dans ces sortes de veines du bois, comme dans les miennes lorsque je me réfugiais là. » Il me manque, l'atelier. J'avais passé tant de mois à l'aménager. Un étage entier de la maison de Logan City dédié à mon univers, un endroit où je pouvais passer des jours, des week-ends entiers en totale autarcie. Juste moi et les pinceaux, moi et moi-même, moi et toutes ces facettes de mon être dont celles que je ne m'avoue pas toujours. J'adorais cet endroit, tout comme j'adorais toute cette maison. Et puis, cela a cessé d'être chez moi. Même l'atelier ne pouvait me sauver de cette impression d'être rejeté par ma propre maison. Je devais partir. « Ton atelier finira par te ressembler. » j'ajoute dans un souffle inaudible, songeur. Pendant ce temps, Ginny s'est mise à inspecter les peintures que je lui ai apportées, et bien sûr, ne manque pas de noter l'émotion qu'elles contiennent. En dehors d'avoir le mérite d'être envie, je n'ai eu aucune bonne raison d'être particulièrement heureux dernièrement. « Je fais des trucs tristes. » je réponds tout simplement en haussant les épaules. Pas des œuvres, pas dans ce cas là. Des trucs. L'expression abstraite et anarchique d'une détresse qui se trouve toujours là, quelque part. Le genre d'émotion de fond qui ne disparaît jamais. Comme le bourdonnement qui résonne dans les oreilles en sortant de boîte de nuit et qui semble durer jusqu'au déjeuner du lendemain ; impossible de savoir s'il existe encore ou si votre esprit vous joue des tours, ni même si ce bourdonnement restera là pour toujours, ou si sa disparition n'est qu'une accoutumance de votre part. Le cérémonial de Ginny consistant à déchirer en deux le truc en question relève presque de l'exorcisme. Arracher le mal de ce qui devrait être bon. Je la regarde faire avec de grands yeux ronds. Etrangement, un poids s'est envolé. Je ne peux pas m'empêcher de rire en observant le morceau ''joyeux'' qu'elle a mis dans ma main. Nerveux, amusé, soulagé, impossible de vraiment l'identifier. Juste un rire un peu bizarre. Mécaniquement, je déchire mon morceau en deux, juste pour entendre encore une fois le bruit du papier qui cède. Finalement j'attrape une autre peinture. « Celle-là, je l'ai faite juste après une dispute avec Joanne. C'était un peu avant que nous nous séparions. J'étais furieux, et… je ne me souviens même plus pourquoi. » Comme souvent lorsque je réagis impulsivement, guidé uniquement par ces émotions qui prennent le dessus sur ma raison ; lorsque je regarde en arrière, je ne vois qu'un homme agir sans aucune cohérence et je ne sais pas moi-même ce qu'il se passait dans ma tête pour que les causes aient ces conséquences. Je me demande souvent si le jour où j'ai rompu avec Joanne n'était pas de ceux-ci. « C'est juste là, j'explique à Ginny, mes doigts serrant mon coeur à travers le tissu comme pour saisir la rage qui y sommeille, constamment. C'est moins qu'une bombe, c'est une bulle de savon ; il suffit d'un rien pour qu'elle explose. Parfois ce n'est qu'un éclat de voix, et d'autres… c'est le noir total, et je ne me réveille qu'une fois que le mal est fait. Ce n'est plus complètement moi, et d'un autre côté, c'est tellement pleinement moi. » Mais chaque libération me fait sentir coupable. Je dois m'éloigner de plus en plus de moi, mais je ne sais pas où je vais. « J'aimerais pouvoir lâcher prise de cette manière sans me soucier des conséquences. J'aimerais... » juste tout détruire sur mon passage quand je le veux, briser une assiette par terre à la moindre contrariété juste parce que je le peux, hurler à plein poumons lorsque la pression est trop forte, m'arracher la peau quand ce corps n'est pas assez grand pour toutes mes pensées et toutes mes émotions. « Peindre est une manière de canaliser, mais ça n'a jamais été assez. » Je vois cette peinture, cette soit-disant dispute qui m'a poussé à prendre un pinceau pour aller mieux. Et ce que je vois est pathétique, pas à la hauteur, capricieux, un dessin d'enfant. Il n'y a là pas un ersatz du sentiment qui m'habitait à ce moment, aussi disproportionné a-t-il pu être. Alors mes doigts se saisissent d'un bord du papier et tirent lentement jusqu'à ce que cette déchirure se fasse à nouveau entendre et proche, une fois encore, ce frisson de soulagement, ce picotement d'excitation. « Pas. Assez. »
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Message(#)JAMIE&GINNY ▲ The bad in each other EmptyDim 12 Mar 2017 - 0:56

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Et le pire, le mieux, c’est que je le crois. Cet atelier, ce petit oasis de silence, de calme, d’intimité finira bien un jour par me ressembler, par avoir une âme, par être autre chose qu’un local dans lequel je me réfugie pour y fermer les yeux, pour y attendre, pour y oublier. J’hoche de la tête, convaincue et presque convaincante, curieuse de voir ce à quoi tout cela ressemblera un jour - après. Quand les pinceaux retrouveront leurs habitudes, quand les canevas prendront toute la place, quand le coeur battra de nouveau en cadence avec ce rêve de gamine, ces aspirations enfouies, ces idées qui ressortent. Puis Jamie rapplique doucement avec son propre atelier, ses propres souvenirs, ce qui s’y dessinait, cet univers qu’il a eu à une autre époque, un souvenir lointain qu’il rapproche, nostalgique. Par réflexe je sourie, détaillant innocemment les propres nervures de mon plancher, à la recherche d’une goutte, d’un indice, d’une piste. L’ancien propriétaire se servait de l’endroit pour y entreposer de vieux meubles, des trouvailles de brocante, des secrets d’avant, et j’avais trouvé bon nombre de restes du passé cachés derrière les commodes et dans les placards, mais comme je m’y attendais, rien ici ne dégageait clairement quoi que ce soit se rapportant à moi, à mes goûts. Il parle d’art à sa façon, il ressasse aussi, et bien vite mes iris remontent vers lui, suivant son discours, attrapant ses paroles au vol. L’idée est douce à mes oreilles, les couleurs qui se mélangent, qui suivent le rythme cardiaque, qui filent jusqu’au coeur. Il a toujours su comprendre ce volet, comprendre cette idée de besoin, criant, de laisser les toiles parler pour moi, pour lui, pour nous. Et à voir les quelques croquis qu’il a emportés, ce qu’il avait à y dire se reflète comme une lente plainte, silencieuse, discrète, assumée aussi, si on écoute bien. Un endroit bien à lui qu’il a laissé aller dans toute cette histoire, dans toute cette folie. Un simple endroit et tout ce que ça y signifiait. « J’aimerais déjà qu’il en devienne un, un atelier. » le constat qui fait mal, qui reste presque pris en travers de ma gorge. Mais la réalité est là. Depuis que Bailey m’a offert l’endroit, je n’y sers strictement à rien. J’y erre, j’y réfléchis, j’y pleure… et je recommence. La loque humaine dans son habitat naturel, à qui il tarde de faire de ce loft ce pourquoi il a été mis sur mon chemin au départ. Chaque chose en son temps faut-il croire. J’inspire, puis je passe à autre chose, sentant que je ne suis pas la seule dans la pièce pour qu’un atelier ne signifie pas qu’un endroit fixe, avenant. C’est un tout, c’est ce qu’on y fait, ce qu’on y construit qui compte. Lui aussi avait arrêté de peindre alors que la tristesse et la déprime avaient pris le dessus, et je trouvais qu’à deux on faisait une belle brochette au final. Et voilà qu’il en revient au programme principal, ce qui me permet d'attérir en un morceau, de laisser la déception et les remords derrière pour les besoins de la cause. Des trucs tristes qu’il affirme, que je comprends. Je le vois, je le sais, je le sens qu’il ne veut pas en parler, qu’il veut simplement procéder, passer à la suite, se libérer aussi, un peu. J’attrape la première toile, celle qui fait office de signal de départ, avant de la déchirer. Bruit qui résonne sans que je n’y ai mis le moindre effort, salvation qui transparaît dans ses yeux et les miens. Je lui tends les bribes, sachant déjà ce qui suivra, ce qui lui fera au moins un peu de bien. Temporaire. Suffisant. À son tour, il tord le papier, le laisse céder sous le geste. Deux idiots pour qui un peu de violence adoucit le reste. Déjà, Jamie se lasse du premier morceau et porte son attention sur un second, ce à quoi j’assiste en silence, attentive, sur la pointe des pieds. Les souvenirs, c’étaient ce qui faisait le plus mal au final. L’impression de voir la situation se rejouer encore et toujours sous nos yeux, sans rien pouvoir faire, rien pouvoir dire. Interdite, cette confidence me laisse mal, terriblement mal pour lui. Connaître de nouveau, revivre du pareil au même, avoir peur, se découvrir. Il ajoute le geste à la parole et mon propre coeur saute un tour alors que j’entends la suite de ce qui compte, de ce qui comptait. Muette, je laisse mes prunelles parler, je laisse Jamie dire tout ce qu’il a sur le coeur, extérioriser, espérant qu’au moins, un tout petit peu, cela aide à la guérison, à la cicatrisation surtout. Il continue, il explique, il lance, il dégaine, et chaque mot vient rattraper le second, puis le dernier. Je me surprends à trouver des ressemblances entre nous, encore d’autres, des similitudes qui m’effraient autant qu’elles me fascinent. « Lâcher prise de tout, sans regarder derrière. Laisser aller et sauter, juste sauter, sans la crainte de ce qui suivra. Assumer tellement, faire tellement confiance que ça en devient naturel, humain, vital. » que je fais écho, complètement inutile, mais approuvant toutes les parcelles de ce qu’il vient d’avancer. Si seulement ce genre de contrôle incontrôlant existait, je n’aurais pas besoin de simplement laisser la rage parler dans un lieu reclus pour me sentir un peu plus libre, un peu moins bâillonnée. Comme s’il avait lu dans mes pensées de nouveau, Jamie finit par conclure en attrapant le prochain croquis sur sa liste, celui qui lui a permis de tant s’ouvrir. Et je reste là, fascinée par ce geste que j’ai moi-même entamé plus tôt. Comment une si petite action pouvait soulager autant, si ce n’est plus que quoi que ce soit d’autre? Les prunelles brillantes, les lèvres qui se retroussent, je suis sa fan numéro 1 lorsqu’il laisse échapper un soupir, victoire, accomplissement. À moi maintenant, à mon tour de m’élancer, de quitter l’établi où j’étais adossée et d’attraper ce fameux canevas qui l’a attiré ici à la base, qui l’a appâté pour le reste. « Je me demande si ça, ce sera suffisant. » je traverse la pièce pour rejoindre la toile, la fameuse, qui gisait sur mon chevalet, dans l’attente d’une suite possible. Amusée, délivrée, j’attrape les restes de peinture qui traînent dans de petits pots, réceptacles de fortune que j’ai amassés ici et là, et j’en lance leur contenu un à un, colorant de rouge, de violet, de bleu, de noir les traits que j’avais passés plusieurs heures à tenter de rapporter. Chaque nouvelle teinte m’arrache un soupir de plus, une pression de moins. « Et ça, peut-être. » Jamie finit par essayer un pas dans ma direction, alors que mes doigts se referment les uns autour des autres, formant un poing non-assuré, qui semble tellement faux si on voit le tout de l’extérieur, mais qui prend tout son sens pour moi alors que je m’élance, que je donne la force qu’il faut, que j’ai, qui brûle de l’intérieur. Évidemment, je sens ma main passer de l'autre côté du matériel, matériel qui se brise sans grand effort au final. Les jointures colorées de peinture fraîche, les restes d’une oeuvre qui me ressemblait trop entredéchirés, je tourne la tête victorieuse vers Jamie. « Oui, je confirme. C’est ce que je peux t’offrir aujourd’hui qui se rapproche le plus d'un lâcher prise. » 

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Message(#)JAMIE&GINNY ▲ The bad in each other EmptyMar 2 Mai 2017 - 1:03


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Ce dont je rêve, c'est de ne plus avoir peur. Et qu'il n'y ait aucun regard réprobateur face à cette facette là que je réprime, cette nature plus sauvage que ce qui est accepté en société. J'aimerais qu'elle puisse être embrassée sans honte, et sans être pointé du doigt. Ne plus être considéré comme un danger pour soi, un monstre pour les autres. J'aimerais avoir confiance en moi, en tout le monde. Savoir que tout ce que je fais ne sera pas soldé par un rejet. Me sentir normal, même si on ne me comprend pas. Après tout, je n'ai jamais demandé à l'être. Je ne m'attends pas à ce que ce soit à la portée de qui que ce soit. Néanmoins, Ginny me surprend. Elle poursuit cette phrase pour laquelle je ne trouve pas les mots, et elle traduit mes pensées en paroles que je n'aurais jamais réussi à articuler. Je l'observe avec un regard brillant de reconnaissance. Oui, c'est ça. Alors je me sens moins seul, et plus proche d'elle que je ne l'aurais pensé. Je me sens en sécurité, et cela n'était pas arrivé depuis longtemps. Je peux tout simplement être moi, n'est-ce pas ? Si je veux détruire une peinture, je le peux. L'oeuvre se déchire entre mes doigts et la composition ainsi scindée n'a soudainement plus la même signification. Les couleurs, les formes sont les mêmes, mais cette grande entaille qui sépare désormais la droite de la gauche donne au tout une allure encore plus mélancolique ; tant et si bien que cela en est enfin beau. Là, cette fois, cette peinture est à la hauteur de la détresse de ce jour. Et maintenant qu'elle y correspond, cette émotion me quitte, comme cela aurait dû être le cas lorsque j'ai lâché le pinceau en décrétant, par dépits, avoir terminé. J'échange un regard avec Ginny, satisfait, amusé, prêt à passer au massacre, à l'accomplissement suivant. Il n'y a que nous, et nous pouvons embrasser la frustration, la colère qui nous habite. Nous pouvons nous accorder ce lâcher prise, nous n'avons pas à avoir peur, ni de soi, ni de l'autre. Dans le fond nous sommes les mêmes, nous partageons cette nature incomprise, alors autant qu'elle s'exprime, qu'elle explose, au contact d'un pair, d'un semblable. Autant cesser de réfléchir plus longtemps. C'est ainsi que l'art fonctionne le mieux ; lorsque la tête ne s'en mêle pas. Lorsqu'il ne reste que l'instinct. La jeune femme rejoint la toile dont elle avait scellé le sort avant ma venue. Quelque chose de joli, et de déplaisant pour cette raison. Est-ce qu'en venir à bout suffira à décharger la jolie brune de cette boule d'énergie frustrée en elle ? J'en doute. Car si je me fie à mon expérience, en réalité, il n'y a rien qui puisse contenter cette colère, qui puisse définitivement la canaliser. Elle revient, encore et toujours, et inspire l'envie de détruire à nouveau. Mais il faut être civile, n'est-ce pas ? Savoir se tenir et rentrer dans le rang. Pas aujourd'hui ; elle mêle les couleurs entre elle et en crée d'autres disgracieuses, des grandes éclaboussures qui couvrent le dessin délicat en dessous. Enfin, la main de Ginny traverse soudainement la toile. J'arque un sourcil, ayant fait l'erreur de ne pas lui suspecter la force ou la volonté de détruire son œuvre de cette manière. Je ris, étonné et ravi, voyant la mine victorieuse de mon amie. Déterminé à continuer sur cette lancée, je me retrousse les manches. Je prends un des lambeaux de la toile et tire dessus jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'un bout de lin difforme pendant au châssis. Nous nous y mettons à deux pour dépouiller le cadre, tirant de toutes nos forces sur les clous pour les faire céder, quitte à avoir mal aux doigts, à ses phalanges pleines de peinture qui se transfère sur les vêtements. A coups de pieds, nous détruisons le cadre, parce qu'il n'y a pas de raison pour qu'il demeure intact. Je le tiens pour qu'elle donne un coup, puis c'est à mon tour. Les planches cèdent, quelques copeaux de bois trouvent le sol. A la fin, de l'oeuvre, il ne reste qu'un tas de lambeaux tissés soudés aux pigments et de quoi faire du feu. A vrai dire, je serais curieux de savoir ce que cela donnerait si l'on brûlait le tout, mais je doute que ce soit une bonne idée. Avant de continuer, je prends le visage de Ginny entre mes mains et passe mes pouces sur ses pommettes pour y tracer des marques de guerrière. Je ne peux m'empêcher de remarquer qu'il y a déjà un feu dans l'atelier ; dans ses yeux, dans son regard déterminé. Et je lui souris, rassurant ; si c'est son souhait, tout l'atelier peut être réduit à néant. Victime suivante : une autre des peintures que j'ai apportées. Une grande, car il m'arrive de m'exprimer sur des formats imposants. Cela signifie souvent que je me sens dépassé, et qu'il me faut de l'espace pour tout retranscrire. Un échec, encore une fois. Après avoir couvert la toile de peinture, après l'avoir étalée avec les mains et piétinée avec des chaussures trop chères jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'une grande tâche d'un gris brunâtre, j'en prends un coin, Ginny et l'autre, et nous tirons chacun de notre côté jusqu'à ce que le tissage cède -et que nous manquions de tomber par terre. J'ai du bleu sur le front, du rouge dans le cou, mais cela n'a pas d'importance. Je laisse la jeune femme sélectionner le prochain condamné, celui dont la destruction nous exaltera, nous purgera. Nous pouvons en éventrer un au cutter, briser des montagnes de crayons et de pinceaux, leur couper les poils puis démonter les ciseaux ; nous pouvons laisser nos empreintes sur les meubles, le sol, les fibres, et même lancer de la couleur au plafond. Un havre de paix n'a pas besoin d'être blanc ; les murs peuvent servir à accueillir les secrets, à recueillir les cris, et toutes les marques, visibles ou invisibles, de ceux qu'ils protègent du reste du monde. Là où, dans le fond, tout le monde finit par se sentir seul et en colère un jour ou l'autre.
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Message(#)JAMIE&GINNY ▲ The bad in each other EmptyJeu 11 Mai 2017 - 3:45

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Se sentir aussi libre dans un si petit endroit. Respirer aussi bien dans un atelier d’une pièce seulement, refermé, renfermée. Jamie n’avait pas besoin de rien dire pour que je comprenne que nous étions sur la même longueur d’ondes. Il y avait longtemps que je le savais, et le retrouver après quelques semaines à vivre chacun nos drames à l’opposé ne me le confirmait que trop. Il y avait de ces gens qu’on rencontrait un jour, un hasard, et qui s’accrochaient à notre vie, à nous, à nos idées longtemps, le plus simplement du monde. De vieilles âmes comme j’aimais les appeler, des alliés d’avant qui reviennent, qui se positionnent aux places importantes toujours disponibles, qui reprennent leur statut naturellement, comme si on les avait toujours connues, comme si elles avaient toujours été là. Comme si on avait toujours voulu qu’elles le soit, surtout. Un sourire, un coup d’oeil, un échange de silence, et voilà que je saisis et qu’il acquiesce. Cette rage qui nous consume, incapacité de s’en sortir, de mettre en mots ce qui ronge, qui blesse, qui démange, qui brûle, qui abîme. L’idée bien ridicule à la base de faire passer ce trop plein sur ce grand vide, peintures que je retrouve, canevas que j’ai si longtemps snobés et que je recommence à peine à apprivoiser. Il était à même de voir l’évolution derrière tant d’années de page blanche, d’assimiler que oui, j’en avais mangé, j’en avais bavé. Tout autant si ce n'est moins que lui. Avec tout ce qui avait bien pu se dire sur son cas et cette perte de contrôle, perte de pied, perte de constance dont il avait été épris, j’aurais voulu lui tendre la main, j’aurais voulu effacer ses tourments du revers de la paume, mais je savais que ce n’était pas ce dont il avait besoin, ce qu’il voulait. Le support, le soutien, la douceur, la candeur, c’était pour d’autres. Dans de pareilles situations, pris à travers tant d’émotions contradictoires, nous avions raisonné qu’un peu de feu, qu’une boule de hargne, qu’une action irréversible était à même de panser nos maux, un temps. De sa toile d’abord déchirée, je passe au tableau saillant qui m’appartient. Mélange d’aquarelles et d’huiles qui grossit les traits, qui rend à merveille pour moi, et horriblement pour d’autres. Et l’ultime tentation de tout éclater, qui cède du rêve à la réalité maintenant que je m’étonne moi-même de passer mon poing à travers le tissu tendu. Jamie rit et je lui fais écho, un sourire, un soulagement, un soupir plus tard et il s’active à mes côtés, sa silhouette grande, forte, puissante qui dépèce le cadre de son oeuvre, qui arrache les restes, qui fait honneur au mess que j’ai orchestré, qui ravit mes yeux avides alors que je lui rends la pareille, redoublant de doigts et de pieds et de poigne et d’entrain pour éclabousser ce qui reste. Je suis sale et je rigole, il est barbouillé et il s’en remet, avant de peindre mon visage de marques multicolores, vestiges de mon attaque, marques de fierté, cicatrices qui n’en sont que plus puissantes. Je songe à mes parents qui s’horripilaient de me voir revenir de l’Académie avec des vêtements tâchés à l’époque, je songe à Edward qui me demande toujours plus que ce que je peux lui offrir, je songe à Ezra qui se targue dans ses non-dits, je songe à Noah et à sa maladie qui n’en finit plus de nous pourrir la vie et je leur dédie la prochaine relance, alliant mes forces à celles de Keynes pour réduire en miettes calculées et improbables l’une de ses plus grandes toiles, plus grandes que ce que j’ai encore vu de sa part. Je ne remets pas son choix en doute, je ne le remets pas en doute lui non plus, partageant complicité et malice et amusement alors que je remarque l’état de ses vêtements, de son visage, des lieux. « Lorsque tu te remettras vraiment à peindre, les murs et le sol se décoreront d'eux-mêmes. » ses mots me reviennent en tête et je tire, et j’arrache, et je démonte, et je laisse céder. Oui, l’endroit sera mien un jour, et ces folies, ces excès de destruction massive, ces poussées de colère en feront partie. Il se retire le temps de respirer, de constater notre carnage, nos premières bribes chaotiques et je tournoie dans l’atelier, lançant au passage un vinyle sur la table tournante, ouvrant les volets et tirant les rideaux pour laisser le soleil entrer, la vie, l’air, l’espoir surtout. J’ai envie qu’on expose à tous ce qui nous anime, j’ai envie qu’on exhibe à la lumière ce qui se trame ici, qu’on assume la suite comme réalisation ultime, comme grande fierté. Mes pas me mènent à l’établi du fond où trônent des dizaines de croquis inachevés, résultats de nombreuses nuits d’insomnie que je balaie du revers de la main, les fichant tous au sol sous le coup de vent de mes phalanges, le rire qui accompagne le tout entre la passion, la moquerie, la folie et la douceur. Un pot de bleu dans une main, un spray de gris dans l’autre, je déverse le contenu cobalt d’abord, recouvrant les dessins et leurs traits de crayon trop fins, pas assez assumés, si peu emboutis en quelques secondes à peine. Des éclaboussures argentées complètent le travail alors qu’elles se propulsent presque d’elles-mêmes sur les restes au sol et que je contemple la galaxie, la voie lactée, la constellation que je viens de créer sans vraiment le vouloir. Ou en le voulant un peu trop, justement. Fière, puissante, heureuse, je laisse même les projectiles cendrés voler dans la direction de Jamie, attrapant au passage sa manche, son bras, sa joue. Il ne semble pas s’en plaindre et je dénote même son regard lorgner vers le rang complet de couleurs qui serait si facile à utiliser comme munitions contre moi, contre nous, contre tous. Gamine, véritable gamine que je suis maintenant que je trottine un peu plus vite que lui et que j’attrape le rouge et l’orange, les lui confisquant sous les yeux, l’air hilare. Ses prunelles sont pleines de malice lorsqu’il comprend mon plan, et tarde à peine à se mettre à l’abri sous ses langes de canevas avant que je dégote l’un de mes pinceaux attrapés au hasard pour le plonger dans un pot et le recouvrir de peinture. Dégoulinant, gorgé de carmin, j'assume un pseudo cri de guerre pour accompagner le mouvement et je lance le pinceau dans les airs, suivant sa trajectoire des yeux, le voyant rapidement s'échouer au sol aux pieds de mon ami. À cette instant précis, je suis à ma place. Le coeur léger, l'atelier coloré, la peau rayée.

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Message(#)JAMIE&GINNY ▲ The bad in each other EmptyJeu 27 Juil 2017 - 22:51


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Une fois que les valves sont ouvertes, que le barrage tombe, que le torrent se déverse, il n'est plus rien pour le stopper. Trop fort, trop brut, trop violent et sauvage, toutes ces émotions trop pures, sans filtre, toutes ces pensées tues, étouffées, reniées ; tout sort, tout vole en éclats. Et c'est entièrement nous. Sur ces toiles, ces croquis, dans la peinture sous nos ongles. J'ai des grandes traces sur les joues et les tampes, des éclaboussures plein les vêtements, du spray dans les cheveux. Le canevas a changé du tout au tout, et à la fin du carnage, de l'expiation, nous sommes nos propres œuvres. Nous sommes le fruit de la rage, de la frustration, de l'oppression subie trop longtemps ; nous avons repeint notre peau par-dessus les peines, les déceptions et les faux-semblants, et nous sommes le bleu, le jaune, l'argenté. Nos sommes assis, essoufflés, vidés, au milieu du champ de bataille où rien n'a été épargné. Désormais, oui, ce flot d'émotions se trouve partout. Nous nous sommes exorcisés sur les meubles, le sol et le plafond. Traînent ici et là papiers et toiles en lin, flaques de peinture, pinceaux inutiles. C'était une sacré bataille, l'un contre l'autre, l'un avec l'autre, contre nous-mêmes, ou avec nous-mêmes, embrassant pour la première fois depuis longtemps ce que nous sommes, tout ce que nous sommes, ce que nous voulons, ce que nous ressentons. Cette tâche est joie, cette flaque est jalousie, cette trace est une blessure qui partira à l'eau. Et assis là, j'admire le désastre, l'atelier défiguré, tous nos états d'âme éclatés sur les murs. L'air paraît riche, dense, lourd et opaque ; il renferme bien des rires et des pleurs qui se sont parfois échappés lorsque, dans la queue des souvenirs et des sentiments à la file indienne, venait la tristesse ou la douleur d'un « non », le regret d'un « et si », et qu'il n'y avait nulle raison, nul moyen surtout, de l'empêcher de sortir, d'exploser, d'inonder ces joues et ces mâchoires qui se sont trop souvent serrées pour ravaler en silence. Et maintenant ? Tous les mélanges mèneront au noir, au gris, au marron. Je ne veux plus bouger, plus déchirer, éclabousser, hurler. Tout est parfait tel quel. Notre aire de jeu, d'expression, est parfait ainsi. Etrangement, tout semble parfaitement à sa place, et moi aussi, je me trouve où je devrais être. Où je me sens le plus en sécurité. Je garde le silence, adossé au pied du canapé, écoutant les battements de mon coeur, les sentant faire vibrer mon cou. Est-ce que cela confirme que je suis une mauvaise personne si j'ai eu le besoin de tout mettre à sac ici, si j'ai aimé ça ? A vrai dire, je me suis rarement senti aussi libre. Ce n'est pas assez de parler pendant des heures, assis dans le fauteuil en cuir d'un cabinet qui voit passer tous les maux de la ville sous le regard analytique et les oreilles relativement attentives d'un type qui ne sait rien de moi. Ce n'est pas assez de conduire jusqu'au bout de la baie et hurler à plein poumons vers l'océan pour évacuer par tous les moyens la pression qui me donne la sensation d'être écrasé par le poids du monde sur ma poitrine. Mais, c'est triste, je sais qu'une fois que j'aurai passé la porte de l'atelier, dans une centaine de mètres en voiture, même tout ceci n'aura pas été assez. C'est ainsi. Déjà, au fil des minutes, peu à peu, le vide de mon esprit laisse place aux premières pensées, et les plus importantes prennent place ; un nom écrit en lettres capitales que le soleil met en lumière, et leur ombre se projette en géant sur les parois de mon crâne afin qu'il me soit impossible de songer à toute autre chose. Joanne. Je ne peux pas arrêter d'y penser. A quel point j'ai été naïf de croire que tout ce qu'on avait, que notre famille, nos projets, nos sentiments l'un pour l'autre pouvaient surpasser son histoire avec lui, qu'elle mettrait le divorce derrière elle et qu'elle finirait par oublier, ou juste tourner la page et ne plus y penser. Ca n'a jamais été le cas. Tout ce temps… Elle n'a jamais cessé de l'aimer. Je m'en doutais, je le savais, c'était évident, mais je voulais tellement croire que c'était réel. J'ai essayé de la récupérer en vain, j'ai vraiment tout tenté. J'y ai mis tous les moyens. De l'argent oui, mais ça n'était pas que ça, je n'allais pas l'acheter. J'ai tenté de lui prouver que j'avais changé, tous les efforts que je mets en œuvre pour aller mieux, tout ce que je suis prêt à faire pour elle, et je voulais lui rappeler comment c'était avant, avant que tout dégénère… Mais elle l'a choisi lui. Elle le choisira toujours, lui. Et s'ils renouent, ce type que je déteste, que je méprise, que je hais, aura une place dans la vie de mon fils. Il finira sûrement par le voir plus que moi, il l'élèvera aussi, et je ne peux pas supporter cette idée. Cela me donne envie de le voir mort. Je n'ai pas vu Daniel depuis des semaines. Je n'y arrive pas. La simple évocation de son nom me donne envie de… Enfin. J'aimerais pouvoir effacer cette partie de ma mémoire. Eux deux. Qu'ils n'existent plus pour moi, et que la peine allant de paire avec leur existence disparaisse. Je veux retrouver celui que j'étais en claquant des doigts. Imperméable à l'amour, refusant catégoriquement de songer à avoir des enfants, vivant parfaitement bien sa solitude, et expiant sa rage naturelle dans les coups de poings échangés dans les bars un soir sur deux. Car les hématomes, les côtes cassées, les céphalées faisaient moins souffrir que les blessures actuelles. Celles de cet autre moi, ce nouveau moi, qui se retrouve arraché de tout ce qui le définissait, tout ce qui lui donnait un sens. Je devrais l'accepter et-et laisser tomber. C'est à moi d'oublier, et de tirer un trait sur tout ça, n'est-ce pas ? Je n'ai aucune raison de me battre. « Elle aime quelqu'un d'autre. Joanne. Son ex-mari. » je conclus cette longue réflexion interne et silencieuse, laissant Ginny déduire le reste, l'unique raison de ma détresse. Et j'essuie du revers de ma main orange les larmes qui ont fait leur chemin sur mes joues bleues, incapable de les retenir, de supporter de laisser mon coeur saigner seul plus longtemps.  
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Message(#)JAMIE&GINNY ▲ The bad in each other EmptyDim 30 Juil 2017 - 17:44

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L’atelier est sombré dans le plus lourd des silences, pourtant, j’ai le cœur un peu plus léger. Le souffle qui se perd, la poitrine qui se soulève plus vite qu'à mon habitude, le dos appuyé sur le mur, le cors au sol, la tête relancée vers l’arrière. J’ai les derniers mots d’Edward qui résonnent dans ma tête encore et encore, son refus de signer les papiers du divorce, ses aveux, cet amour qu’il a bercé pendant trop d’années sans jamais m’en faire part. J’ai cet étau qui se referme du moment où je ferme les yeux, où je laisse les événements des derniers jours remonter, maintenant qu’ils ont été extériorisés sur les toiles, sur les parquets, sur les murs, ils se dévoilent un peu plus, un peu mieux, dans notre silence, dans notre calme. Presque pudique, je regrette de laisser mes pensées remonter alors que Jamie est là, que Jamie assiste à ma réflexion sans fin, à ces questions que je refuse de me poser, parce que j'en connais un peu trop les réponses. L’amour d’avant devant, l’amour logique d’un côté, l’amour simple de l’autre. 3 chemins et aucun qui n’arrive à me convaincre de sauter un peu plus, de faire confiance, d’oser, de ne pas avoir peur d’avoir mal. J’avais la trouille, j’étais terrifiée, et rien ni personne ne pouvait ressentir ce qui bouillait à l’intérieur, ce qui déracinait tout, ce qui démolissait le moindre instant de calme par des bourrasques de doutes et de contradictions, de vérités et de raisons. Personne, sauf lui. Doucement, ma tête se tourne vers mon allié, vers cet homme qui est arrivé un peu n’importe comment dans ma vie, qui avait eu toutes les raisons de n'être qu'un passage éphémère, à qui je n’en aurais pas tenu rigueur. Une amitié qui s'était étirée même de l’autre côté de l’océan, la pression qui s'envole de nos épaules, simplement parce que lorsqu’on était tous les deux, les bonnes habitudes se reprenaient, comme si elles ne s’étaient jamais perdues. Je le sais aussi impuissant que moi, je le sais aussi détruit, je le sais aussi atterré. Différemment, pour des raisons qui lui sont entièrement propres et que je ne jugerai pas, que je n’amènerai pas. Parce que je n’avais pas le droit, parce que je ne le voulais pas non plus. Son jardin secret, le mien. À des années lumières l’un de l’autre, mais on s’y partageait l’accès avec parcimonie, avec quiétude, au compte-goutte. Juste assez, suffisamment, comme on le pouvait. Je tente d’attraper son regard, je tente de lire son visage, d’y voir un soulagement, quelconque, même minime, espérant que cette énième séance de destruction dont nous seuls avions le secret l’ait aidé, de quelque façon que ce soit. Mais c’est une larme qui commence à se former au coin de sa paupière, et qui glisse le long de sa joue. Je n’avais jamais vu Jamie pleurer ainsi. Il pleurait de rire, parfois. Il avait pleuré de colère aussi, entre d’autres canevas éclatés, les mots ne trouvant pas de place dans sa gorge, les larmes de rage étaient son langage. Là, c’était autre chose, c’était dur, c’était dru, c’était puissant et ça m’attrapait au cœur direct. Puis, il y a ces mots. Tous simples, l’évidence même. Qui percent l’accalmie de l’atelier, qui mettent un peu de temps à monter à mes tympans, puisque je m’étais habituée à l’acouphène d’après-crise, aux bruits ambiants, extérieurs, qui faisaient office de discussion pour nous. Joanne. Rien d’autre ne pouvait le mettre dans un tel état, et je le comprenais plus qu’il ne pouvait le savoir. L’amour, tout ce que ça signifie, tout ce que ça amène, tout ce que ça détruit. Pourquoi est-ce qu’on se faisait ça, déjà? Pourquoi est-ce qu’on y retournait, tête baissée, cœur béant, dans l’espoir que ça soit différent, que ça ne fasse pas mal, pas autant, pas si longtemps? Pourquoi est-ce qu’on était aussi stupide de croire que ça fonctionnerait, longtemps, fort, vraiment? Comment est-ce qu’on savait que c’était la bonne personne, et pas celle qui partirait, qui nous briserait le cœur, qui détruirait tout sur son passage lorsqu’elle nous quitterait? L’état du loft et des débris qui nous entourent me semble mince constatation face au cœur meurtri de Jamie, et au mien qui n’a pas donné signe de vie depuis que j’ai rangé les vestiges des draps qui traînaient dans ce coin, là, à droite, que j’évite volontairement des yeux. Un ange passe, puis un deuxième, un troisième. Je détestais les contacts physiques vides. Je détestais sentir la compréhension, la bienveillance de quelqu’un, par ses doigts, juste ses doigts. La pitié. J’avais depuis longtemps casé n’importe quel contact, accolade, pression, flattement dans le dossier « merci, non merci ». On croyait que de prendre quelqu’un dans nos bras, que d’enserrer ses doigts, que de flatter ses cheveux, ça changerait tout. Ça ne changerait rien. Facilité. On croyait que ça règlerait tout, on croyait que ça montrerait notre bon vouloir, que ce p’tit truc, simple, aiderait. On avait peut-être les meilleures intentions du monde, ou alors on tentait de se débarrasser de la culpabilité parfois mal placée en posant un simple geste tactile, mais voilà, ça n’était pas suffisant. Ça ne me semblait pas assez. Certaines personnes, trop peu, le comprenaient. Ceux qui savaient comment, ceux qui savaient que ça ne signifiait pas que ça. Des gens qui prouvaient par leurs actions qu'ils avaient compris, qu’ils feraient plus, qu’ils étaient là – qu’ils ne bougeraient pas. Ils étaient peu, ils méritaient la confiance la plus complète. Et je reconnais cette impulsion, cette promesse, ce premier pas que je lui tends, alors que mon bras se soulève doucement, que j’attends d’avoir sa confirmation à travers son silence, pour le passer autour de lui, de ses épaules. L’accord physique que j’essaie de rendre plus fort, plus puissant, meilleur que tout le reste. Aucune pitié ici, aucune miséricorde. La mère en moi, l’amie, la femme qui jadis a aimé plus fort et plus grand qu’elle-même l’attire un peu plus près, sa tête se déposant sur mon épaule, mes doigts trouvant sa nuque, trouvant ses cheveux, trouvant une mèche que je caresse comme je le ferais lorsque Noah avait un mauvais jour, lorsqu’Edward succombait à une crise de panique. « Laisse aller, laisse tout sortir, je bouge pas. » ma poigne se resserre, mes mots sont soufflés. C’est chaste, c’est doux, et ce serait inutile si je n’ajoutais pas la suite, si je ne lui garantissais pas le reste. « Ça fait mal, ça fait affreusement mal. Mais un jour, ça se calme. On ne l’oublie pas, on ne veut pas l’oublier, mais on finit par apprendre à vivre avec. » la décision a été prise, le choix fait, et malgré son trouble, il le respectait. Il le respecterait. Si je commençais à connaître Jamie un peu plus, un peu mieux, je savais qu’il ne revenait pas en arrière, jamais. Il allait donc devoir apprendre à vivre avec la finalité de tout ceci, faire la paix avec le verdict, peu importe comment. Pas question de prendre position ici, ni de tenter de changer les choses – c’était fait, décidé, livré et confirmé. On ne pouvait que ramasser les morceaux éclatés de son cœur, et tenter de le reconstruire un peu mieux, un peu plus fort. Naïvement peut-être, j'espère que mes paroles lui guideront un peu mieux. J'espère lui offrir ce dont j'ai manqué à l'époque, ce qui me manque encore aujourd'hui. Une carte à suivre. « Il y aura des moments où tu auras envie de tout détruire, de tout casser. D’autres où tu seras en larmes, incapable de faire quoi que ce soit. Des jours où tu ravaleras, en public, derrière un sourire faux, un regard brillant. L’extérieur aura l’air solide, l’intérieur sera en miettes. » je narre ce que j'ai moi-même vécu, essayant de le rassurer sur la suite, sachant que ça en prendra beaucoup plus. La pression de sa tête se fait un peu plus forte, un peu plus insistante sur mon épaule, mes doigts continuant de danser distraitement. « Chaque jour ce sera différent. Tu seras différent, tes réactions aussi. N’essaie pas de jouer au plus fort, n’essaie pas de tout planifier, n’essaie pas de tout comprendre. » je ferme les yeux, appuyant ma joue sur son crâne, remarquant à peine les bribes de bleu et d’orange qui y restent, et qui barbouillent ma peau. « Laisse-toi vivre, laisse-toi ressentir, laisse-toi guérir. Laisse-toi du temps. » c’est la seule solution, aussi difficile soit-elle.  

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Message(#)JAMIE&GINNY ▲ The bad in each other EmptyMar 8 Aoû 2017 - 10:06


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When a good man and a good woman can't find the good in each other, then a good man and a good woman will bring out the worst in the other

Se pouvait-il qu'il reste, dans ce chaos, quelque chose à froisser, à déchiqueter ? Rien qu'un bout de papier à serrer entre mes doigts, tortiller et découper en autant de petits morceaux que ce qu'il me semblait parfois rester de moi. Des lambeaux, des miettes, des cendres, tant de regrets, le tout qui s'envole au moins coup de vent. Château de cartes cornées, usées, où l'on ne dissocie plus le coeur du pique, si fragile, si bancale. Je retrouve des sensations, des émotions que je connais par et que Joanne m’avait fait oublier durant quelques temps. Entre le deuil de mon frère et celui de cette relation, je passe expert quand il consiste de faire face à la perte d'un amour, qu'importe sa nature et sa forme, d'une partie de moi, de mon palpitant qui paraît un peu plus nécrosé à chaque plaie qui ne cicatrise pas. Le cycle est loin de m'être inconnu. J’ai nié, j’ai été en colère, je glisse doucement vers la résilience, porté par une pensée si simple et dévastatrice à la fois ; c'est terminé. Et je sais que je serai hanté ainsi aussi longtemps que ces souvenirs voudront me tordre l'estomac, peut-être que cela ne passera pas, que je ne le digérerai pas et que ce goût amer demeurera au travers de ma gorge à chaque évocation de son nom. Je suis plutôt bon pour entretenir une façade, un regard solide, un sourire franc, mâchoire serrée pour ravaler les émotions qui menacent de craqueler cette parfaite mascarade. Je crois pouvoir dire que c'est ainsi que j'ai toujours fonctionné, à dire vrai. N'est-ce pas ainsi que nous survivons tous au final ? Ou suis-je le seul à semer des carnages où je le peux, juste pour détruire, juste pour tout sortir, voir mon reflet, puis m'écraser dans un coin afin que le reste qui n’est ni rage ni rancoeur puisse s'évacuer à son tour, la peine, le coeur brisé et cette âme lourde, lourde et comme attachée à un boulet qui la retient à terre. Et je ne supporte pas ces émotions, cette faiblesse, ces fissures, cette vulnérabilité qui me fait redevenir le petit garçon qui réclamait la bienveillance d'un frère, les bras d'une nanny, car plus nul endroit n'est synonyme de sécurité, de confort. La naïveté est au placard et la bonté hurle avec elle qu'il n’existe pas de fatalité, des alertes sourdes, vaines, au moment où tout semble le plus sombre, le plus douloureux. Je ne me laisse jamais le temps. Un pansement à la va vite sur les plaies et je repars foncer dans un autre mur avec autant de vigueur, comme si je n'en avais pas eu assez. Je suis de toutes les catastrophes, tous les drames, car là est tout ce que j'ai toujours connu, mon élément. Je ne me laisse pas aller mal, je ne m'autorise pas le bonheur non plus, et rien ne guérit, rien ne va, tout s'écroule, s'autodétruit. C'est ce que je suis. Ginny n’y pourra rien, même si elle n’a pas tort, même si elle est douce et encourageante, terre à terre, car elle aussi connait la mort des rêves. Je garde ma tête sur son épaule, vidé. Arracher, couper, piétiner, peinturlurer à fait écho en moi pour mieux en souligner l'infini manque de sens et de but. Je veux croire que le temps passera et que je changerai comme les galets s'arrondissent au passage des vagues. Mais à cet instant, je crois surtout que je n'arriverais jamais à quitter le sol de l'atelier. « C'est beaucoup de sagesse pour une jeune femme. » je souffle avec un petit sourire, la façade qui se reconstruit déjà brique par brique. Quasiment dix ans nous séparent Ginny et moi, mais elle n’est pas en reste et je sais qu'elle mieux que quiconque peut comprendre cette détresse. « J'aurais aimé en avoir plus. » mais la sagesse n’a jamais été mon fort. Je pousse un long soupir. Il n’y a plus de larmes, pas même de colère, plus rien. Je me sens comme durant les premières heures après la médication pour mon tempérament, mon trouble. J'imagine que cela signifie que tout ceci a bel et bien servi à quelque chose. « Je déteste ces moments-là. » La résignation, le sentiment de perdre quelques chose à jamais, quelque chose qui glisse de vos doigts quoi que vous fassiez, qui vous fait courir sur place pour la rattraper ; puis on s'arrête, on accepte, on abandonne. « J'aimerais juste… que ça s'arrête. Mais ça ne s'arrête jamais, je sais. A peine à nouveau en selle, on retombe. » De plus haut, de plus beau, et plus fort. Car la vie et l'expérience n’est qu'un ensemble d'égratignures. Seulement des égratignures. Car tant qu'on se remet en selle, tant qu'on continue le cycle, tant qu'on avance, qu'on tient bon, alors c'est tout ce dont il s'agit. « Je suis fatigué. » Félicitations, nous le sommes tous. Je me redresse enfin et adresse un maigre sourire à Ginny. Je dépose un baiser juste au coin de sa bouche, seul endroit qui ne soit pas couvert de peinture, rien de plus. “Rangeons ce bazard.”  
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Message(#)JAMIE&GINNY ▲ The bad in each other EmptyDim 20 Aoû 2017 - 18:44

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Jamie & Ginny
Speak clearly he said, but didn't see. He acted that way and hello will be like a cut. Fill me up and pour me out, realize the doubt we had the same feelings at opposite times. Floating into the blue and the neon river. The sadness can move either without or with him. When good man and good woman, can find the good in each other. And good man and good woman, bring out the worst in the other.

« Et ce sont beaucoup de blessures pour une seule vie. » que je réponds, automatisme, laissant échapper un énième soupir entre la nostalgie et le soulagement. Le Jamie que je connaissais d’avant qui était à des années lumières, le Jamie d’aujourd’hui en morceaux, en éclats. Jamais je n’aurais cru le voir ainsi, jamais je n’aurais voulu le voir ainsi. Lui qui habituellement était si tiré, si droit, si stoïque. Il m’avait montré à plusieurs reprises ce qui se cachait derrière ses iris sombres, derrière sa stature imposante, mais à chaque fois, je n’en apprenais qu’un peu plus sur lui. Oui, il appartenait à un autre monde que le mien, et oui, tout aurait dû nous séparer, entre nos quotidiens qui devraient se diviser, nos relations qui n’étaient vouées qu’à s’oublier. Mais chaque fois que son passage s’accrochait au mien, chaque fois qu’il apparaissait, il amenait avec lui une vague de chaleur, de liberté, ce petit quelque chose sur lequel je n’arrivais pas mettre le doigt, mais qui me bougeait, qui m’autorisait à laisser tomber les barrières, à laisser tomber les masques. Vulnérables, voilà ce qu’on devenait, et dans cet atelier en lambeaux, à travers ces restes de toiles auxquelles on ne tenait plus, auxquelles on avait tout donné avant de les réduire à néant, tout ce qu’on avait pu me dire à son sujet, tout ce qu’il avait pu entendre à mes dépends, tout et même plus, restait à l’extérieur, sur le pas de la porte, loin de cet oasis qu’on s’était construit. Le loft prenait de plus en plus des airs d’abri, de refuge, et je me surprenais à m’y conforter, à vouloir que l’endroit, que l’antre qui m’avait gardé durant les pires moments, qui m’avait surveillé alors que Noah rechutait, alors qu’Edward me brisait, alors qu’Ezra disparaissait, alors que je ne me reconnaissais plus, que je me perdais, lui appartienne aussi un peu. Passer au prochain peut-être, donner tout ce que j’avais, sûrement. Ce mécanisme qui allait me mettre dans de beaux draps un jour certain, je n’en étais que plus sûre. Mais cet automatisme de vouloir protéger, rallier, aider les cœurs brisés. Cette horreur que j’avais, de laisser quelqu’un derrière, de ne pas pouvoir aider, de ne pas pouvoir offrir plus, mieux. Peu importe ses rapports avec Saul, peu importe ses rapports avec quiconque – Jamie avait besoin d’un support. Il aurait tous les droits de me refuser, il aurait tous les droits de rire à ma proposition, de balayer mes mots du revers de la main, après qu’il m’ait aidé à me relever, après qu’il ait constaté les dégâts, nos dégâts. Mais le voile que je vois caresser son regard, le soupir qu’il me renvoi, et cette fatigue, cette fatigue maudite qui nous terrasse tous, qui nous motive à abandonner, qui m’a motivé moi-même, un jour que je tente d’oublier comme de me souvenir, pour ne plus jamais y sombrer. Cet épuisement que je ne comprends que trop, qui me tenaille de l’intérieur, qui le blase tout autant. « Tu… fais-en ce que tu veux, je t’oblige à rien, mais… si jamais, n’importe quand, tu as besoin d’un endroit où tout s’arrête. » un endroit où il fera bon vivre loin de tout. Un endroit où il pourra prendre tout le temps du monde pour se refaire, pour se poser, pour croire en lui, à nouveau, mieux, bien. « Si ça va trop vite et que tu dois prendre une pause, vivre ce que tu as à vivre, seul, sans jugement, d’avoir une safe zone» il sait déjà où je veux en venir alors que je désigne l’atelier et ses vestiges du bout des doigts, esquissant un pas de plus devant, le sourire conciliant. Il a de la peinture dans les cheveux et sur le front, et je laisse mes doigts encore une fois faire le travail de nettoyage, passer, ébouriffer, calmer, panser les blessures marquées de gouache et d’aquarelle, laissant tout de même l’ombre d’une couleur ou deux question qu’on se souvienne, qu’on se rappelle de ce moment, cette fuite de nos mondes réels, cet aparté qui n’avait que remis le compte à rebours à zéro. Rien n’était gagné, cette bagarre n’en était qu’une énième sur la liste, mais au moins, elle ne semblait pas nous avoir résisté, elle ne semblait pas avoir cédé sous nos pulsions destructrices. C’était au moins ça. « Viens ici. Cache-toi ici. » autant offrir ce que j’avais de plus secret, autant partager cette ambiance qui m’avait calmé, qui avait essuyé mes larmes un nombre incalculable de fois, qui m’avait apaisé malgré mes insomnies, mes tourments, mes rages, mes questionnements. « Avec l’hôpital, je suis souvent partie et… la porte n’est jamais verrouillée pour toi. » et je savais. Je savais pertinemment qu’il ne voudrait pas toujours parler, qu’il n’en aurait que faire de me rendre des comptes. Ma proposition est gage de liberté, de solitude, de repère même. Il en avait probablement des milliers d’autres, des endroits où il pouvait être lui-même, où il n’avait de comptes à rendre à personne, où il n'avait qu’à tirer les rideaux, à s’installer confortablement, lancer un vinyle et oublier, remettre à plus tard, lâcher prise. Je ne me pardonnerais pas pourtant de ne pas lui offrir une parcelle de mon monde, collision imminente, rien que parce qu’il en avait d’autres à voir, à vivre. Mes prunelles couvent son visage de toute la tendresse qui me reste, avant de parcourir l’atelier, de voir ce que je lui offre, de constater de quoi il pourrait bénéficier. Le canapé et ses dizaines de couvertures pêle-mêle, la grande fenêtre sur la ville, les murs, habillés de blanc, d’éclat de peinture maintenant, et d’une immense bibliothèque. Des livres de toutes les époques, de toutes les couleurs, des souvenirs, des trouvailles, de secrets, des cachettes. Les recoins où le matériel s’accumule, où les disques traînent, où j’ai entassé des coussins en faisant des cocons, de petits nids supplémentaires. Tant d’endroits où, s’il le veut, il pourra se déposer dans l’attente, dans la contemplation, dans l’espoir que tout aille mieux. Tant d’endroits où il pourrait vivre un peu, se cacher peut-être. « Il y aura toujours une place. Quand tu en auras besoin. » et je n’ai jamais été aussi honnête, je n’y ai jamais autant tenu. Peu importe ce qui nous attend dehors, peu importe ce qui adviendra de nous lorsque nous passeront cette porte, ici restera toujours neutre, blanc, retrait. Sécurité.  

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Message(#)JAMIE&GINNY ▲ The bad in each other EmptyLun 28 Aoû 2017 - 20:06


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When a good man and a good woman can't find the good in each other, then a good man and a good woman will bring out the worst in the other

Il est assurément plus aisé de mettre l’atelier à sac que de ranger tous les dégâts que nous avons causés. C'est un travail titanesque qui nous attends, et l'après-midi est déjà bien entamé. Mieux vaut nous y mettre dès à présent. Pris d'un élan de détermination à repartir de cet endroit en le remettant dans l'exact même état que je l'ai trouvé en arrivant, je quitte le sol et retrouve la stabilité relative de mes deux jambes. La motivation inspirée par ma tête à néanmoins bien du mal à se transmettre à mes membres, et ils sont lourds, comme ma tête, sonnés. Je lâche un nouveau soupir. À dire vrai, j’aimerais tout laisser tel quel, et me terrer ici un jour ou deux, une semaine ou deux, un an ou deux. Tout me semble si bien, si confortable, tout comme cela doit être et le rester. Mais quelque chose voulait que nous remettions les choses en ordre, et peut-être que cela fermerait la parenthèse, nous ferait revenir, peu à peu, à la civilisation que nous avons laissée de côté tout ce temps. J'aide Ginny à se remettre sur pieds, elle aussi. Un dernier coup d'œil au massacre, déjà nostalgiques, et un petit sourire satisfait plus tard, la jeune femme me propose de partager ensemble ce refuge, que je puisse, moi aussi, y laisser un bout de colère, un bout de peine qui me freine. Le monde reste à la porte, et le temps ne file plus entre ces murs. C'est une bulle vers une autre dimension où il est enfin permis d'être qui l'on veut, qui l'on est. Je me pince les lèvres ; je ne sais pas si j'oserais. C'est son cocon. Mais depuis que je n'ai plus d'atelier à moi, j'avoue que cela me manque. Un espace où personne ne peut me juger, m'atteindre. Je n'accepte pas, mais je ne refuse pas non plus. Je mets une punaise sur l'idée, le temps d'y songer. “Merci.” je souffle néanmoins avec un sourire, reconnaissant pour tout ce que Ginny tente de faire pour moi. Sa présence a toujours été plus discrète dans ma vie que celle d'autres personnes, mais elle n’en est pas moins réconfortante. Nous avons toujours eu une facilité pour nous comprendre, même sans tout nous dire -quelque chose de plus spirituel que cela peut-être, quelque chose qui faisait que même si nous ne nous étions jamais adressés la parole, nous saurions. Nous saurions de quoi est fait l'autre. Et c'est ce qui nous a rapprochés la toute première fois. Le courage me revient, il est temps de se mettre à la tâche. Nous réunissons tous les morceaux de toile, de papiers et de bric-à-brac cassé dans un sac, puis nous épongeons toutes les couleurs, les taches de peinture sur le sol et les murs, les pigments envolés sur les meubles. Le silence est quasiment religieux, chacun en soi-même. Je souris, voyant que la peinture dans les nervures du parquet ne daignent pas partir malgré l'énergie que nous dépensons à frotter. J'imagine que cela restera ainsi un long moment. À la fin, l'atelier a quasiment retrouvé son aspect initial. Il reste le grand sac bourré de toutes les oeuvres sur lesquelles nous avons passé notre rage. Du moins, ce qu'il en reste. “On devrait faire quelque chose de tout ça.” dis-je en réfléchissant, et il ne me faut pas longtemps pour trouver quoi faire de tout ceci plutôt que de simplement l'envoyer aux ordures comme s'il ne s'agissait de rien d'important. Ces oeuvres ont trouvé leur but, leur finalité ici, et leur place n’est pas dans une benne. “J’ai une idée. Tu as de la colle ?” La question suffit à faire deviner les intentions. Pendant que je trouve la plus grande toile possible dans le stock de Ginny, celle-ci me dégote un pot de colle à papier qui devrait suffir à sceller le tout. La toile posée par terre, chacun d'un côté avec un tas de résidus de guerre, nous formons une belle, grande mosaïque de couleurs, de motifs, de textures, uniquement basée sur ce que leur assemblage nous inspire, à l'instinct. Une couche après l'autre, la colle assemble chaque pièce du puzzle. Un peu de peinture supplémentaire ici et là. Une fois qu'il ne reste plus rien à ajouter, la composition est terminée. “Parfait.” Je me relève, fais quelques pas en arrière et contemple le tout, les mains serrant un chiffon couvert de taches. Il ne me semble pas avoir déjà vu une telle anarchie donner vie à pareille harmonie. Il y a à la fois quelque chose de terrible et de paisible dans cet ensemble d'oeuvres détruites, réunies. Quelque chose qui me rend fier et plus léger. “Oui, c'est parfait.” Il n’y a rien à retirer, et rien à ajouter. Si ce n'est un détail. Du bout du pinceau, plongé dans le rouge vif, je laisse mon nom dans un coin de la toile. Puis je tends l'outil à Ginny. À son tour. Je l'observe apposer sa signature à côté de la mienne, et cette fois, le point final clôt le moment. Et il était parfait. Nous échangeons un sourire, approuvons notre chef d'oeuvre conjoint d'un signe de tête. Avant de récupérer mes affaires, je passe un peu d'eau sur mon visage, histoire d'effacer les dernières traces de cette sauvagerie. Même si elle demeure toujours quelque part. Au moins, je retrouve le visage d'un homme. Ma veste retrouve place sur mes épaules. Passant devant la grande toile, je lance, me prétendant sûr de moi ; “Un jour, ça vaudra une fortune.” Peut-être le jour où nous serons enfin vus et aimés tels que nous sommes, pour qui nous sommes dans le fond. Sans vouloir faire trop sentimental, je m'approche de la jeune femme. “Merci encore.” Peu de gens comprennent tout ceci comme elle le comprend. Pour cela, je lui suis infiniment reconnaissant. Sur mon chemin vers la porte d'entrée, j'attrape au passage les clés de l'atelier, ayant décidé, finalement, qu'avoir l'option d'un refuge était toujours mieux que ne pas avoir d'options du tout. Peut-être est-ce son unique exemplaire, ou en a-t-elle une copie -ou en fera-t-elle faire une dans le pire des cas, qu'importe. “Je prends ça.” je lance malicieusement, déjà parti, envolé.
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Message(#)JAMIE&GINNY ▲ The bad in each other EmptyMar 29 Aoû 2017 - 5:05

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Un peu de bleu par ci, un peu de vert par là. Des mèches qui jouent sur l’orangé, la peau qui colle sous les mélanges, sous l’impulsion du moment. Jamie y réfléchit, à ma proposition, à mon offre, et je le laisse le faire, je le laisse tourner la chose dans sa tête, appuyant ses gestes des miens, rangement de base. Je n’avais jamais été aussi linéaire qu’on pouvait l’imaginer en me voyant. Mon atelier avait, était et serait toujours en bordel, malgré le fait que je sois considérée comme une petite fille bien droite, bien clean. C’était un drôle de parallèle, j’avais l’esprit qui suivait un seul sens, les gestes qui n’avaient qu’une seule raison. Mais ici, dans ce capharnaüm, dans ces couleurs pêle-mêle sur lesquelles mes pieds collent maintenant que je me déplace d’un coin à l’autre de la pièce. Je me sens un peu mieux, un peu plus à l’aise. L’absence de perfection qui me plaît finalement, dans laquelle je me reconnais, je nous reconnais, pour le mieux. Jamie finit par m’adresser la parole, elle résonne et je me cache sous les cadres, j’essaie de camoufler la coupure stupide que j’ai pu me faire à cause d’un clou qui traînait là, gamine prise sur le fait. Docile, je passe chercher la colle comme il me le demande, et c’est fière de son idée, tellement fan, absolument convaincue que je passe en revue tout ce qui nous entoure pour attraper les pièces qui nous appartiennent, les témoins de notre mal-être, les bribes de nos secrets sur papier. Je rigole devant nos prouesses pour tout faire entrer, il s’extasie sur des restes qu’on déchire de nouveau pour les ajouter le portrait, je joue de mes crayons pour barbouiller encore un peu, juste assez, pour redonner relief. J’ai le nez collé à ce coin qui me donne du mal à laisser aller, ce vide, là, que j’ai envie de remplir, et je finis par trouver un reste de vinyle sous la bibliothèque, qui s’y était caché, un éclat qui avait dû traverser l’atelier sous nos impulsions et qui était exactement ce dont j’avais besoin, qui s’y colle à merveille. Dans le chaos il y avait du beau, et la métaphore m’aurait presque fait pleurer de rire si je n’avais pas été si heureuse, si légère de me poser aux côtés de Jamie pour assister au grand dévoilement. « Le premier d’une longue lignée. » que je souffle, déjà pleine d’espoir face à notre prochaine rencontre. Et je lève la tête vers Jamie, toujours occupé à détailler, à admirer ce qu’on avait bien pu faire de nos éclats, de ce qui n’exprimait pas assez fort ce qui se tramait en nous. Ses traits fatigués s’allongent légèrement, sa mâchoire se détend. Je reconnais encore les bribes de ses yeux rougis, et c’est presque frissonnante que je me rappelle brièvement du poids de son corps qui avait lâché prise complètement entre mes bras un peu plus tôt. Il était brisé, mais il survivrait. Parce que Jamie était fort, parce qu’il était puissant, parce que je l’estimais pour cela, parce que je voyais en lui ce feu qui en effrayait certains, mais qui serait son adrénaline, sa saveur, sa raison d’être. Il n’était pas sans faille, personne ne l’était, mais il y avait cette vie, cet amour, cette passion en lui que j’admirais depuis la première fois où j’avais pu poser les yeux sur lui. Un être entier, vrai, honnête, qui ne faisait pas l’unanimité et qui était bien loin de quiconque j’avais pu croiser dans ma maigre existence. Le voir aussi cassé, aussi démoli, enragé, m’avait brisé le cœur, mais j’avais espoir en lui, j’avais espoir en ce qu’il pouvait, ce qu’il savait faire, et je ne l’aimais que plus de le voir se tenir là, stoïque, le regard plongé dans ce nouveau tableau commun qu’on venait de détruire pour recréer. Une ode à ce qui viendrait, un hommage à tout ce qu’on avait pu démolir chacun de notre côté, ensemble, aujourd’hui, demain et toujours, et ce qu’on arriverait à reconstruire, tous les deux. Ensemble, aujourd’hui, demain et toujours. C’est ridicule, il n’en a pas besoin, c’est déplacé et ça n’ajoute rien, mais j’enlace mes doigts aux siens pour embrasser ses jointures pleines de peinture, rugueuses, démontées. Ce poing qu’il a étalé sur les tableaux restants, son outil de rage, ce qui a fait tant de ravages ici, ailleurs, ce qui parle à sa place lorsqu’il a trop mal. Mon regard s’arrime à Jamie, ne le lâche pas, jusqu’à ce qu’il s’avance, qu’il s’éclipse, et aille signer la toile en guise de conclusion, de nouveau chapitre. Je le rejoins bien vite, solennelle, m’inventant un autographe pour la première fois depuis des années, éclatant de rire en voyant ces pattes de mouche qui contrastent sous les angles si concis de Jamie. Il représente la classe, le droit, le beau, et je suis dissipée, maladroite, impulsive. Probablement ce qui nous survivra, ou qui nous détruira un jour. Tant de différences, et tant de ressemblances, ce petit monde qu’on s’était créé où il n’y avait aucun jugement, où il n’y avait aucun doute aussi. L’un équilibrait l’autre, l’une révoltait l’autre. Le temps que Jamie prend pour se nettoyer, pour ramasser ses affaires, pour se préparer à me quitter, je me pose doucement sur le canapé, face à la toile qu’on a fini par accrocher sur le mur principal, lui donnant toute la prestance dont elle a besoin. Elle trône là, à la vue de tous, et je me jure que quoi qu’il arrive, jamais elle ne quittera cet endroit. Un rappel de ce qu’on a emporté ce soir, de ce qu’on a reconstruit surtout. Sa présence me rassure, son poids me sécurise, sa signification me soulage. Elle sera notre secret, à Jamie et moi, notre beau, à travers tout le mal, tout le noir, tout l’horrible. Et je ne le partagerais avec personne d’autre que lui. C’est la voix du Keynes qui finit par me distraire, me rappeler à l’ordre, et je quitte les coussins confortables pour le rejoindre sur le pas de la porte, légère. Il me remercie, et c’est amusée, complice que je secoue la tête. « Je suis fière de nous, tu sais. On s’en sortira. Ça ira. » il avait réglé ce qu’il avait besoin de régler ici, il avait fait tout ce chemin par lui-même, se sentant assez en sécurité pour l'extérioriser sous mes yeux, avec moi, son propre chemin de croix suivant le mien, le croisant même. C’était ce qu’il devait comprendre je crois, que peu importe où la vie le mènerait à partir de maintenant, peu importe ce qu’il lui arriverait, il serait en mesure de tout reconstruire, assimiler, accepter. Je serais toujours là pour le supporter, pour l’écouter, qu'il le veuille ou non, et le regard que je lui partage ne le confirme que trop. Maternel, empli d’amour, de tout ce qui me reste. Un dernier coup d’œil sur cet atelier que je lui offre, dans lequel il pourra toujours décider de venir se cacher même s’il ne m’a rien répondu, même s’il ne m’a rien confirmé. Je l’y attendrai patiemment, l’espèrerai même, entre les visites à Noah, les disputes avec Edward, les retrouvailles avec Ezra, les folies avec Ben. Et, comme s’il avait pu lire dans mes pensées, Jamie glisse les clés de l’endroit entre ses doigts, fait tinter le porte-clés, m’arrache un énième rire, la larme à l’œil. « Bienvenue chez toi. » que je m’entends le saluer une dernière fois, regardant jusqu’à la dernière seconde sa silhouette filer à travers le couloir, disparaître derrière les portes de l’ascenseur.

L’atelier est calme, vide, silencieux, apaisant lorsque je finis par me poser sur le lit de fortune que j’y ai aménagé. J’entends encore les vrombissements des voitures, les moteurs qui grondent sur la rue avoisinante, ceux qui font l’ambiance, ceux qui m’aident plus souvent qu’autrement à retrouver Morphée. La brise qui passe par les fenêtres bien ouvertes, le menton enfoui sous les couvertures, je suis épuisée, vidée de la journée, de la soirée, de la vie, en général. Mais pourtant, j’ai le cœur qui bat la chamade et qui trépigne, qui se relance. L’idée de peindre à nouveau, l’envie de m’y remettre, que Jamie a insufflée sans même le vouloir, le savoir. Le goût de me sentir à nouveau vivante, de vivre de cette passion que j’aime à en imploser. De créer de mes doigts, de colorier mes idées, mes inspirations. Et surtout, cette vague d’adrénaline qui reprend du service à l’idée de répéter l’expérience, de relâcher la tension une prochaine fois, et une autre, véritable thérapie de la destruction ici, aux côtés du Keynes, bon gré mal gré. J’espérais que peu importe ce qui nous attendait, nous retrouver ici pour l’expier, pour l’exorciser, serait toujours notre remède, notre façon d’avancer, de nous comprendre, de comprendre le reste. Je l’espérais de tout mon cœur.              

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