La question me tourne dans la tête depuis plusieurs semaines. J’ai beau la tourner dans tous les sens je ne vois pourtant pas de bonne solution, je ne devrais pourtant pas être celui qui avouera la vérité à Erin, j’ai bien essayé de faire comme Kael, de menacer mon père de le dire à sa femme si il ne le faisait pas lui même – mais il faut croire que mes menaces ont bien moins d’impact que les siennes. Peut-être parce qu’Erin peut-être un peu naïve parfois et qu’au vu de nos relations actuelles il y a de forte chance pour qu’elle ne me croit pas. Et c’est aussi ce qui m’inquiète. « Je vais le dire à Erin… » Kaecy relève les yeux vers moi alors qu’elle est entrain de faire à manger m’interrogeant du regard. « Pour mon père je vais le lui dire. » Depuis que j’ai trouvé le courage de parler à Kaecy de la double vie de mon père je me sens soulagé, un peu apaisé aussi de ne plus porter ce secret seul. « C’est une bonne décision Elio. » Si elle ne m’a poussé à rien, je connais sont point de vu depuis le début. Celui que beaucoup partagent même mon demi frère Kael. C’est d’ailleurs pour lui que j’ai une pensée. Si les choses ont un peu mal commencé entre nous, j’ai la vague impression que lui et moi, nous pourrions bien nous entendre – que dans d’autres circonstances nous aurions même sans doute pu être ami. Et je vais avoir besoin de lui pour convaincre ma belle-mère.
Trouver son adresse n’a au final pas été très difficile. Je savais où il avait bossé, je connaissais bien son employeur et je n’avais même pas eu besoin de trop insister ou de tout lui expliquer pour qu’il me refile l’adresse. C’était sans doute illégale mais ni lui ni moi n’y avions trop réfléchis et j’espérais que Kael ne lance pas le sujet comme un attaque. Surtout au vu de ce que je venais lui demander j’avais meilleur temps de ne pas m’en faire un ennemi. C’est en fin d’après-midi le lendemain que je me rendis au numéro indiqué sur le bout de papier. En arrivant je n’avais pas jeté un regard pour la boite au lettre qui aurait pu m’indiquer que Kael ne vivait pas seul, ni pour les deux prénoms sous la sonnette celui de Kara, que j’avais vaguement rencontré lors d’une soirée accolé au sien sur la petite étiquette. Tout de même un peu anxieux j’avais appuyé sur la sonnette, me tortillant un peu devant la porte, une partie de moi espérant qu’il ne soit pas là ce qui me donnerait une bonne raison pour repartir. Mais j’avais entendu les pas derrière la porte et mon cœur s’était d’un coup accéléré avant qu’elle ne s’ouvre sur une silhouette connue.
Les choses se passaient plutôt bien depuis que j'avais emménagé à Brisbane. J'avais enfin retrouvé mon jumeau et je me sentais revivre en sa présence. J'avais toujours sût qu'il était essentiel à ma vie et ces quatre mois de séparation me le confirmait. Kael et moi n'étions pas fait pour vivre loin de l'autre. J'avais quitté notre Chicago natal et le reste de notre famille pour être près de lui. Je restais cependant régulièrement en contact avec notre mère et les filles. J'avais besoin d'avoir des nouvelles d'elles, de m'assurer qu'elles aillent bien. On avait jamais vécut bien loin d'elles, alors c'était un peu compliqué à présent. Mais vivre loin ne voulait pas dire qu'on ne pensait pas à elles, bien au contraire. J'étais désormais en Australie depuis plusieurs mois et je m'étais bien habituée à Brisbane. J'y avais pris mes marques et déjà quelques habitudes. J'avais aussi réussi à trouver du travail. Le bouche à oreilles fonctionnait plutôt bien et j'avais déjà obtenu plusieurs contrats. Cela me permettait de rester ici pour le moment. Je n'aurais sans doute pas pu rester si je n'avais pas pu travailler. Mon métier avait une place très importante dans ma vie. C’était aussi ma passion. Et puis, j'avais aussi besoin de gagner ma vie. Alors, c'était essentiel que je puisse trouver des contrats et travailler ici aussi. Mes clients Australiens semblaient être contents de mon boulot et on m'avait déjà recommandé, ce qui faisais que j'étais de plus en plus occupée.
J'étais à l'appartement aujourd'hui, mais je travaillais. Je devais traiter les photos d'un de mes clients avant de pouvoir les lui transmettre. Je m'étais installée avec mon pc portable et j'apportais quelques amélioration à mes prises de vues. J'avais toujours été perfectionniste, alors j'aimais rendre un travail parfait. Je travaillais déjà depuis un long moment lorsque j'entendais sonner à la porte. Je relevais la tête de mon écran. Ça sonnerait l'heure de ma pause alors.
« Je vais ouvrir. »
Dis-je à l'adresse de Kael. Je me relevais de ma chaise. Je m'étais installée sur la table de la salle à manger avec l'ordinateur portable. Je le laissais là et j'allais ouvrir la porte. J'eus comme un choc en découvrant la personne qui se trouvait derrière. Mon premier reflex fut de refermer immédiatement la porte. Elio. Qu'est-ce qu'il fichait ici ? Et comment avait t-il trouver cette adresse ? Je doutais que Kael lui ait donné. J'avais croisé Elio quelques semaines plus tôt et avait été vraiment chamboulée par cette rencontre. Le temps qui avait passé n'y avait rien changé. J'avais toujours du mal à encaisser cette situation et je n'avais pas changer d'avis. Je ne voulais pas voir Elio. Je ré-ouvrais cependant la porte quelques seconde après la lui avoir claquer au nez.
« Qu'est-ce que tu fais ici ? »
Demandais-je. Je n'étais pas bien accueillante, mais cela ne devait plus surprendre Elio. Il devait très bien se souvenir de ma froideur à son égard. J'entendais les pas de Kael qui arrivait derrière moi.
Ce soir-là, il avait décidé de se mettre aux fourneaux. Il était rentré plus tôt que prévu et il voulait faire le repas, pour une fois. Ces derniers jours, c'était souvent Kara qui s'y collait. En même temps, Kael n'avait pas trop d'idées de recettes végétariennes. Donc cela devenait compliqué au bout d'un moment. Et Kara avait reprit le relais. Seulement, aujourd'hui, il avait décidé de passer dans une librairie. Et il avait déniché un petit livre de recettes faciles végétariennes. En plus, elles avaient l'air sacrément bonnes. Donc il voulait tenter ça. Il avait déjà préparé une tarte aux pommes et il poursuivait avec des lasagnes de légumes grillées. Ça sentait très bon. Et il espérait que le goût suivait cette impression. Ces derniers temps, Kael mangeait quasiment plus de viande. Il avait dit à sa sœur qu'il voulait arrêter d'en manger. Passer végétarien n'était pas une chose facile. Parce que soyons franc, le cadreur adorait la viande grillé. Mais voilà, à chaque fois qu'il mangeait. Il pensait à sa sœur. Il pensait à ses discours sur les animaux, leur exploitation. Et finalement, cela commençait à faire son chemin. Bon il était clair que cela allait être difficile au début. Mais il voulait tenir bon. Même s'il reconnaissait qu'il avait un peu moins la pèche ces derniers temps. Il fallait simplement que son organisme apprenne à vivre avec ce nouveau régime alimentaire. Kael se tenait donc dans la cuisine, un tablier autour de la taille, les manches de sa chemise à carreaux, relevés jusqu'aux coudes. Il prit une spatule en bois et goûta les légumes. Il manquait un peu d’assaisonnement. Il jeta parfois un œil à Kara mais il évitait de trop lui parler. Elle était entrain de bosser et il ne voulait pas la déranger. Lui-même quand il travaillait, il était dans sa bulle. Il arrêta la plaque et déposa ensuite les légumes sur les différentes couches de pâtes. Puis il prit du fromage végétale et en posa sur le dessus. C'est à ce moment-là que la sonnerie d'entrée se fit entendre. « Si c'est un marchand ambulant, n'ouvre pas. » Ils en avaient déjà eu cette semaine. Et bon, être monopolisé par une femme qui tente par tous les moyens de vous faire acheter un nouvel aspirateur ou une brosse de voiture auto-nettoyante, c'est pas ce qu'on appelle débuter une bonne soirée. Kael en profita pour ouvrir le four et y mettre le plat à l'intérieur. Une fois fait, il entendit la porte claquée. Puis sa sœur reprendre la parole. De là où il était, il ne voyait pas qui était là. Il fronça les sourcils toutefois, intrigué. C'est lui ou sa sœur avait refermé la porte ? Il vérifia que le four était à la bonne température puis il s'essuya les mains tout en se dirigeant vers l'entrée, un peu en retrait du reste de l'appartement. Kael arriva donc derrière Kara qu'il dépassait de trente centimètres. Et là, il fut surpris de découvrir Elio dans l'encadrement de la porte. « Elio ? » Qu'est-ce qu'il faisait là ? Il ne se rappelait pas lui avoir donné son adresse. Quoique s'il voulait la trouver, ce n'était pas très compliqué. Mais cela ne lui disait pas pourquoi il était là, devant leur porte. Il fronça les sourcils, voyant la tronche qu'il tirait, et n'ayant pas entendu les propos de Kara. « Qu'est-ce qui se passe ? » Il regarda Elio avant de posa ses yeux mordorés sur sa jumelle.
schizo, shiya&alles
Dernière édition par Kael Harrington le Sam 22 Oct 2016, 11:53, édité 1 fois
« Kara ? » J’ouvre grand les yeux alors que la porte s’ouvre sur la silhouette de ma demi sœur et non pas celle de Kael. Je n’avais pas prévu ça, je n’avais vraiment pas prévu ça. Je suis trop con pourtant c’est logique, ils sont jumeaux, ils s’entendent bien, elle vit à Brisbane maintenant et lui aussi, comment j’ai pu ne pas penser à la possibilité qu’ils vivent ensemble ? « Je… » … n’ai pas le temps de commencer un phrase que la porte me revient au nez d’un seul coup. « Okay… » J’avais bien compris qu’elle n’avait pas envie d’avoir à faire à moi, donc ce n’est qu’une demi surprise et pourtant je reste un moment interloqué devant la porte fermée. Quand elle se réouvre subitement sur Kara je sens un malaise immense me saisir alors que je la regarde sans un mot attendant une sorte de verdict de sa part ou je ne sais quoi. « Qu'est-ce que tu fais ici ? » Le ton de sa voix n’aide en aucun cas à dissiper mon malaise bien au contraire et je la regarde quelques seconde ébahi avant de balbutier un minable. « Je… Kael… Est-ce que Kael est là ? » J’ai a peine fini ma phrase que je vois la tête du brune apparaitre au loin ce qui m’arrache un léger soupire de soulagement. Je n’aurais jamais cru pouvoir considéré Kael un jour comme une sorte d’allier et même si c’est le cas, je me rends bien compte qu’il y a fort à parier que si sa soeur insiste, il va me foutre dehors de l’immeuble propre et en ordre, mais jusque là il a au moins eu la décence de me parler et non pas de m’envoyer chier en me faisant bien comprendre qu’à ses yeux je n’étais que l’erreur de notre père et donc que je n’avais rien à lui dire. « Elio ? » Je lève une main un peu mal à l’aise « Salut Kael… » J’ai l’impression de tomber comme un cheveux sur la soupe et je commence un peu à regretter ma décision impulsive de venir ici sans prévenir. En même temps ce n’est pas comme si j’avais son numéro ou un autre moyen de le contacter. « Qu'est-ce qui se passe ? » Mon regard fait des vas et viens entre lui et Kara alors que je tente de reprendre un peu du poil de la bête et de ne pas me laisser déconcentrer par le regard que Kara pose sur moi. « Je suis… Je voulais pas vous déranger. J’ai eu ton adresse grâce à la boite où on c’est vu la dernière fois… J’espère que ça fait pas trop… Stalkeur… Ou je sais pas… » Je me rends bien compte que je m’adresse à un mec qui est venu dans mon bar pendant des semaines pour m’observe sans me dire qu’il était mon demi frère mais c’est peut-être pour cette raison encore plus que je sens le besoin de me justifier directement. « Je… J’aurais voulu te parler de quelque chose… Mais je peux revenir une autre fois aussi… » Ou jamais… peut-être aussi que je peux ne jamais revenir. C’était sans doute une erreur, qu’est ce que je fais là bordel ?
Inutile de vous dire que la visite d'Elio n'était pas la bienvenue. Je n'avais aucune envie de le voir et encore moins de le trouver derrière ma porte. J'avais été plutôt clair lors de notre rencontre. Je ne voulais rien avoir à faire avec lui. Seulement, j'avais l'impression qu'il serait difficile de l'éviter. La preuve puisqu'il était encore là devant moi. Mais c'était un peu de ma faute aussi. Après tout, c'était moi qui étais venue à Brisbane. J'étais venue pour Kael, mais l'autre famille vivait ici, alors il y avait des risques que je les croise. Ça n'avait pas loupé à mon grand regret. Enfin je comprenais rapidement qu'Elio n'était pas ici pour moi. En même temps vu comment je lui avais parlé, il aurait fallut être masochiste pour venir me voir moi. C'était Kael qu'il venait voir. Je m’abstenais de faire des commentaires aux paroles d'Elio. Il avait carrément été demandé notre adresse à l'employeur de Kael. Il était pas gonflé !
« Bon dis nous pourquoi tu es ici ou vas t'en au lieu de tourner autour du pot ! »
Lançais-je spontanément. C'est vrai quoi ! Il débarquait chez nous à l'improviste et il restais planter là, à chercher ses mots. J'imaginais que ça devait être important pour qu'il cherche notre adresse et qu'il vienne jusque ici. Je n'étais pas certaine d'avoir envie de l'écouter d'ailleurs. C'était plus fort que moi. Je n'arrivais pas à être moi-même face à Elio. J'avais l'impression qu'une sorte de carapace se forgeait tout autour de moi et je ne faisais que de le repousser. J'avais conscience de ne pas être sympa avec lui. Il n'était pas responsable des erreurs de notre père et après tout, il pouvait tout autant nous en vouloir. C'était nous l'autre famille, puisque notre géniteur avait eut Elio avant nous, puisqu'il était marié avec cette femme avant d'avoir rencontré notre mère. Seulement, quand j'avais ce demi-frère face à moi, je voyais notre père. Je lui renvoyais toute la rancœur que j'avais à l'égard de ce connard. Je fixais Elio depuis plusieurs minutes sans ne rien dire, sans même m'en apercevoir. Je le quittais des yeux pour observer Kael. Qui aurait cru qu'un jour, nous nous retrouvions tous les trois ensemble ? Certainement pas notre enfoiré de père en tout cas.
Ce jour-là, les jumeaux avaient prévu une soirée calme. Kael avait même tout acheté pour préparer le repas. Il cuisinait de temps en temps. Pas aussi souvent qu'il le voulait. Mais il appréciait ça. Il en apprenait chaque jour. Et sa mère lui avait donné quelques bases quand il était gosse. Il n'était pas le genre d'homme à prétendre que la place d'une femme était dans la cuisine. Non. Il était pour l'égalité des sexes et cela commençait avec une répartition adéquates des tâches. Voilà pourquoi cela s'était toujours bien passé entre les jumeaux quand ils décidaient de vivre ensemble. Leur binôme fonctionnait bien. Et c'était encore le cas aujourd'hui. Ils s'entendaient bien malgré les récents bouleversements qu'avait connu leur existence. Ils essayaient d'aller de l'avant, de se soutenir dans cette épreuve et d'être là pour leur famille, leur mère et leurs petites sœurs. C'était le plus important. Et puis, ce n'était pas comme si la deuxième vie de leur père pouvait mettre en péril tout ce qu'ils avaient construit loin de lui. Toutefois quand les yeux du cadreur s'étaient arrêtés sur Elio, sur le pas de la porte d'entrée, il avait mis en doute ces récentes pensées. Il ne s’attendait pas à voir le barman ici. Surtout parce qu'il ne lui avait donné aucune coordonné. Mais aussi parce qu'il lui avait semblé qu'Elio ne cherchait pas forcément à rester en contact avec lui. Donc, qu'est-ce qu'il faisait ici. Kara en tout cas, ne semblait pas apprécié la présence du barman. Elle lui lançait son regard noir. Le cadreur reposait son attention sur Elio. Pour un type qui lui faisait une leçon de morale sur le comment de son attitude. Il lui montrait qu'il n'était pas si différent que lui. Après tout, Kael ne connaissait pas son adresse à son arrivée à Brisbane. Alors il avait un peu écumé les différents bars de la ville avant de tomber sur Elio. Et ils s'étaient vus trois ou quatre fois avant que le barman lui adresse la parole. S'il avait mis autant de temps, c'était parce que l'américain songeait sans arrêt à sa famille, à sa mère, à ses sœurs. Qu'il devait jonglé avec son boulot. Il ne l'avait pas stalké tout ce temps. A la question d'Elio, le cadreur posa son regard mordoré sur sa jumelle. Elle ne semblait pas enchantée de voir le barman chez eux. Kael connaissait la position de sa sœur par rapport à tout ça. Il ne lui en voulait pas. Il savait qu'elle avait un bon fond. Peut-être qu'elle avait juste besoin d'un peu de temps pour se faire à la situation. Mais Kael se disait que si Elio était venu jusque là, c'était parce qu'il y avait vraiment un souci. Au risque de froisser sa sœur, il finit par reprendre la parole. « Non c'est bon, maintenant que tu es là... » Il jeta un œil à Kara. « On peut quand même l'écouter non ? » Il n'avait pas envie de se disputer avec sa jumelle. Seulement, si l'australien était là, c'était sûrement parce qu'il n'avait pas le choix. Et le cadreur voulait savoir ce qu'il y avait derrière tout ça. Kael le laissa entrer alors qu'il retirait le tablier qu'il avait autour des hanches.
Je n’aime pas le regard qu’elle pose sur moi – cette façon si caractéristique que Kara a de me regarder et de me faire ressentir que je suis comme un boulet accroché à sa jambe. Rien de plus que l’erreur de notre père. Alors quand elle pose ses yeux sur moi la seule chose qui me vient en tête c’est de partir loin – et vite. Pourtant rapidement Kael fait son apparition et je finis par expliquer à mi-mots comment je suis arrivé ici. Je préfère le faire de suite plutôt que d’attendre qu’il me pose la question et qu’il risque de mal le prendre. « Bon dis nous pourquoi tu es ici ou vas t'en au lieu de tourner autour du pot ! » A l’entendre parler comme ça je me dis que j’aurais tout intérêt à tourner les talons de suite, et oublier cette idée stupide. Pourtant je n’en fais rien. Et je reste même silencieux encore quelques instants en regardant cette fois Kael. Ce qui doit probablement déplaire à Kara. « Non c'est bon, maintenant que tu es là... » Mes yeux font la navette entre Kara et Kael cherchant à savoir ce que je dois faire maintenant. « On peut quand même l'écouter non ? » Mon regard suit celui de mon demi frère et tous les deux nous regardons Kara. Dans un soupire je finis par prendre la parole. « C’était Kael que j’étais venu voir… Je pensais pas que tu serais là. » C’est une façon à moitié détourné de lui dire que je n’ai pas plus envie qu’elle de lui parler. Et que vu le ton qu’elle utilise quand elle me parle je ne me sens pas très à l’aise de m’exprimer. Il m’a déjà fallu prendre sur moi pour venir jusque ici. Si c’est pour en plus me faire traiter comme de la merde je préfère encore partir. Pourtant je regarde à nouveau Kael me décidant à en dévoiler un peu plus. « Je veux le dire à Erin. » Un léger silence s’installe avant que je ne continue. « J’ai tenté de menacer notre père pour qu’il le lui dise mais… Il l’a pas fait. Il ‘sen fiche parce qu’il pense qu’elle ne me croira pas. Et je crois qu’il est possible qu’il ait raison. » Je n’ai aucune intention d’expliquer la relation un peu complexes qui me lie à ma belle mère et je doute qu’ils aient besoin ou même envie de les connaître. « J’espérais que tu pourrais… M’aider… Peut-être me donner des photos ou quelques chose… une preuve. » Le regard descendant sur le sol je me sentais en position de faiblesse face à Kael et Kara, toujours sur le pas de leur porte. Je fini pourtant par le relever vers Kara. « Je sais bien que tu veux pas me voir mais là c’est pas pour moi c’est… » Je me tais un court instant avant de rajouter. « Je crois qu’elle a aussi le droit de savoir. » Et j’imagine qu’elle est bien placée pour savoir que c’est important.
La présence d'Elio faisait ressortir mes mauvais côtés. La plupart des gens connaissaient la jeune femme sympathique, souriante et passionnée. Mais j'avais des défauts, comme tout le monde. J'étais parfois impulsive, têtue et rancunière. Elio en faisait les frais. J’éprouvais énormément de rancœur envers notre père et je la reportais sur son autre fils. Je posais mes prunelles bleues sur Kael. Je n'avais aucune envie d'écouter ce que notre demi-frère avait à nous dire. Rien ne nous y obligeait après tout. Seulement, mon jumeau semblait être prêt à l'entendre. Je restais silencieuse tandis-ce qu'Elio reprenait la parole. C'était à Kael qu'il voulait parler. Pas à moi. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Je lui avait clairement fait comprendre que je ne voulais pas lui parler. Ce n'était pas demain qu'on irait prendre un thé en se racontant nos vies. Je soupirais et je décidais de me taire. De toute façon, Elio était là et Kael avait décidé de l'écouter. Deux possibilités s'offraient à moi : Rester ici à écouter ou m'en aller et les laisser discuter.
Elio reprenait finalement la parole et j'étais toujours là. Je fronçais les sourcils lorsqu'il évoquait Erin. Je me rappelais avoir lu ce nom sous la photo que Kael m'avait montré. Elle était la femme de notre père. J'avais supposé qu'elle était la mère d'Elio. Alors, ça me surprenait qu'il l'appelle par son prénom. Enfin bref. Je gardais mon regard sur Elio qui terminait en s'adressant à moi. Il n'avait pas tort sur ce coup-là. Je n'avais aucune envie de l'affronter, ni de l'aider. Seulement, personne ne méritait de vivre dans le mensonge et il ne méritait pas de s'en sortir. Notre géniteur prouvait encore qu'il n'était qu'un lâche et un traître. Je jetais un coup d’œil à Kael, puis je reportais mon attention sur Elio.
« Tu as raison. Elle à le droit de savoir. »
Admettais-je avant de poser mon regard sur mon jumeau. On savait tous les deux que la vérité était importante. Kae avait menacé notre père pour qu'il aille parler à notre mère. Ça avait fonctionné. Il s'était senti suffisamment en danger pour aller lui dire la vérité. Elio était venu jusque ici pour demander son aide à Kael et je ne serais pas surprise qu'il la lui apporte.
Cette situation était étrange. Depuis que Kara était arrivée à Brisbane, Kael et la jeune femme avait retrouvé un équilibre tous les deux. Ils avaient recréé leur sphère. De telle sorte que les jumeaux se sentaient bien dans cet appartement. Parce qu'ils recréent une environnement familier. Environnement qui était symbolisé par leur appartement. Alors voir Elio sur le pas de la porte, c'était un peu déroutant. Il venait perturbé leur quotidien. Quand ils entraient ici, les jumeaux oubliaient un peu le monde alentour. Les problèmes qui les avaient amené ici. Mais ce soir-là, ces problèmes semblaient les poursuivre. Kael savait bien que Kara n'était pas disposée à écouter leur demi-frère et à vrai dire, le cadreur ne savait pas s'il avait envie d'entendre les propos de ce dernier. Mais il ne pouvait pas s'empêcher de se dire qu'Elio était dans la même galère. Alors il ne savait pas trop comment réagir. Ce qu'il voulait de prime abord, c'était comprendre ce qui se passait. Pourquoi il était là, devant leur porte à cette heure de la soirée. Le cadreur pensait être tranquille avec cette histoire. Mais même ici, « chez eux », elle le poursuivait encore. Kael fronça les sourcils aux premiers mots d'Elio. « C'est bon. » Franchement, s'ils commençaient déjà tous les deux à se prendre la tête, ils n'allaient jamais s'en sortir. Et l'américain n'appréciait pas trop non plus le ton qu'Elio prenait en s'adressant à sa sœur. Elio avait peut-être cherché son adresse mais il n'avait pas poussé plus loin ces recherches. Il aurait su que Kara vivait ici. Et qu'elle était autant chez elle, qu'il l'était lui-même. Que son nom était même sur la boite aux lettres, s'il avait pris la peine d'y jeter un oeil. Enfin bref, le cadreur faisait signe à Elio d'entrer. Il n'avait franchement pas envie que les voisins entendent ce qu'il pouvait dire. Une fois la porte refermée, Kael écouta les explications d'Elio. « Notre père », cette expression à elle seule lui faisait dresser les poils. Il ne l'avait jamais vraiment considéré comme un père. Parce qu'ils avaient grandi sur lui. Et ce titre, il ne le méritait pas encore aujourd'hui. Surtout pas. Kael posait le tablier sur la table de la cuisine, continuant à écouter les paroles du barman. Il écouta ensuite l'échange entre ce dernier et sa jumelle. Le cadreur fronça un peu les sourcils à sa demande. « Tu crois vraiment qu'on a des photos de lui ? » Franchement c'était la dernière chose qu'il voulait avoir. « Et tu veux quand même pas que je demande ça à notre mère. » Kael n'avait aucune idée si sa mère avait encore gardé des photos de lui. « Et puis pourquoi la tienne ne te croirai pas ? » Il ne comprenait pas pourquoi il semblait si distant avec elle. Pourtant sur la photo, ils semblaient bien tous s'entendre. Ils ne ressemblaient pas à des personnes qui étaient obligés de poser ensemble, juste pour faire plaisir. « Elle a pas confiance en toi ? » C'était la question qu'il se posait depuis qu'Elio avait parlé d'elle. Comme s'il doutait qu'elle puisse le croire. Enfin quand même, c'était pas le genre de choses qu'on inventait, si ?
Quelque part je trouvais leur attitude injuste, venir jusque ici pour faire éclater la vérité était une chose mais décider de s'installer à Brisbane et d'à peine m'adresser la parole pour autant semblait être un peu paradoxale. Pourquoi ici, pourquoi s'installer dans l'autre ville de leur père alors qu'elle semblait renfermer tant de rancœur pour eux et la possibilité de me croiser à chaque coin de rue ? Aucun des deux ne semblaient vraiment enchantés de me voir et je ne m'en étonnais pas vraiment, mais j'imagine que c'était tout de même un moyen pour moi de faire un pas vers eux, en tout cas vers Kael qui semblait un peu plus ouvert à la conversation bien que sa sœur rejoignait finalement mon point de vu. « Tu as raison. Elle à le droit de savoir. » Venir ici demander de l'aide n'est pas quelque chose de simple pour moi, alors mettre totalement à nu une relation plus que compliquée avec Erin n'est pas encore dans mes plans bien j'en dévoilais déjà plus que je ne voudrais par ma simplement présence et d'ailleurs je commençais presque à regretter en observant le regard légèrement accusateur et suspicieux de Kael se poser sur moi. « Tu crois vraiment qu'on a des photos de lui ? Et tu veux quand même pas que je demande ça à notre mère. » Je hausse un peu les épaules légèrement pris au dépourvu par cette réponse. « Je sais pas... J'en sais rien je me disais que vous deviez bien en avoir un… Une photo de famille ou je sais pas… Je me disais juste qu'un peu d'aide serait pas de refus. » De toute évidence je ne suis peut être pas venu frapper à la bonne porte et mon impression ne fait que se confirmer un peu plus quand j'entends la nouvelle phrase de Kael. « Et puis pourquoi la tienne ne te croirai pas ? Elle a pas confiance en toi ? » Je baisse le regard me sentant soudainement pris au piège dans une situation que j'ai pourtant moi même crée. « C'est compliqué. » Je ne peux pas dire qu'entre l'autre partie de la famille Harrington et moi ça soit vraiment l'amour fou et la grande confiance alors leur parler de choses aussi privées et sensibles tout en sachant qu'ils ne se gêneront pas de juger me met mal à l'aise. Mais je finis pas comprendre que si je veux vraiment faire un pas vers eux un simple "c'est compliqué" ne suffira pas. Je soupire un peu avant de relever le regard et de continuer. « Erin n'est pas ma mère, c'est ma belle mère, et la mère de ma sœur Leah. » Je sens mon ventre se serrer à la simple idée de leur parler d'elle. « Disons que les choses ne sont pas si simples entre nous effectivement. De plus Erin a toujours été aveugle aux défauts de son mari, elle ferme les yeux depuis des années alors je ne suis pas sûr que lui parler de cette trahison soit suffisant. J'imagine que si vous le connaissez aussi bien que moi vous savez comme il peut avoir de l'emprise sur les autres. Il peut être très charismatique quand il le veut. » J'en avais moi même fait les frais pendant des années où j'avais tenté de rendre mon père fier et je ne doutais pas que je n'étais pas le seul à avoir probablement connu cette phase avant le dégoût profond qu'il m'inspirait aujourd'hui. Et pourtant malgré tout je me trouvais encore parfois touché par les propos qu'il avait à mon égard et la déception profonde que je pouvais lire dans son regard à chaque fois qu'il le posait sur moi. Je me demandais si Kael et Kara avaient le droit au même regard, William était il vraiment le même avec nous tous ?
Je comprenais qu'Elio veuille en parler à sa mère. Elle avait bien le droit de savoir qu'il se fichait d'elle. Personne ne méritait de vivre dans le mensonge. Personne ne méritait d'être trahi. Je comprenais donc la démarche d'Elio. Cependant, je le trouvais plutôt gonflé de nous demandé une photo. Kael se chargeait de lui répondre. Des photos de familles nous en avions peu et on avait aucune ici, avec nous. Il était certain qu'on allait pas demandé à notre mère ce genre de photos. Elle souffrait suffisamment de la situation. Je ne me voyais pas lui demander de nous en passer une pour prouver a l'autre femme qu'il l'avait trompée. Et puis, on avait très peu de photos avec lui. Cela reflétait bien la réalité. Notre père avait brillé par son absence. Les souvenirs ils nous en avait laissé que très peu.
« Il était jamais là. Comment est-ce qu'on pourrait avoir des photos de famille avec lui ? »
Dis-je un peu agacée quand même. Je ne savais pas si il avait été présent pour les Harrington de Brisbane. Mais nous, à Chicago, avion complètement été délaissés. Il y avait bien quelques photos où il figurait, mais c'était notre mère qui les avait et on allait effectivement pas les lui demander. Puis, Elio en vint à nous expliquer qu'Erin n'était pas sa mère. C'était sa belle mère avec qui il avait eu un autre enfant. Je soupirais.
« Il fait des gosses a toutes les femmes qu'il croise ? »
Lançais-je froidement. Sérieusement. J'en venais a me demander combien il avait d'enfants au total. Qui sait si il n'avait pas une troisième famille ou si il n'avait pas abandonné une autre femme avec un gosse. Ce type n'était qu'un minable. Je l'écoutais poursuivre. Je reconnaissais bien notre géniteur dans les paroles d'Elio. Charismatique et manipulateur. Il avait réussi a gardé maman pendant toutes ces années. Elle savait depuis six ans qu'il la trompait et elle était resté. Elle en était trop amoureuse et il l'avait prise dans ses filets.
« Mais je ne vois pas trop ce qu'on peut faire, en admettant qu'on puisse aller lui parler... pourquoi est-ce qu'elle croirait des inconnus alors qu'elle ne croit même pas son beau fils ? »
Si Kael était venu à Brisbane, c'était pour mettre leur géniteur devant la réalité. Celle dans laquelle il avait une double vie et qu'il trahissait sa mère depuis près de trente ans. Il n'était pas venu pour faire ami-ami avec l'autre famille. Parce qu'il avait toujours été persuadé qu'il n'aurait jamais été accepté par cette autre famille. Les premiers propos d'Elio avaient confirmé ses pensées. Kael n'était pas venu ici pour foutre le bordel dans la vie de son demi-frère, même si cela avait paru être le cas aux yeux de l'australien. Le cadreur avait simplement voulu mettre les choses à plat. Que sa mère puisse tourner la page et être heureuse sans ce boulot à sa jambe. Elle avait le droit après toutes ces années de privation où elle avait fait passer le bonheur de ses enfants avant le sien. Après bien sûr qu'il avait envie d'en savoir plus sur le barman. C'était normal, logique. Mais chaque chose à la fois. Pour l'instant, il avait besoin d'être avec sa famille, de se retrouver avec sa jumelle et d'être présent pour sa mère. Kael avait des mois assez difficiles et un peu de calme allait lui faire du bien. Seulement ce soir, Elio semblait avoir un souci. Et le cadreur était prêt à l'écouter. Voilà pourquoi il avait essayé de détendre l'atmosphère entre sa sœur et lui. Elio voulait convaincre sa belle-mère de l'infidélité de son époux. Chose facile en apparence. Mais plus compliqué en réalité. Kael jetait un œil à Kara. Celle-ci semblait chamboulée par les révélations d'Elio. C'est vrai que lui non plus ne s'attendait pas à ce que leur géniteur soit avec une seconde femme... Même si finalement, cela ne le surprenait pas tant que ça. Il s'était beaucoup trompé sur William Harrington. Et une révélation ou une autre... au final, plus rien ne le surprenait. Et en fin de compte, cela ne l'intéressait pas de savoir tout ça. Son père n'existait plus pour lui. « J'arrive pas à croire qu'il a même pas les couilles de faire face à la réalité. Il va continuer à vivre sa vie comme si rien ne s'était passé ! » Et ça, ça énervait Kael. « Il est peut-être charismatique mais c'est quand même un foutu connard. » Il soupira, passant une main sur sa nuque. Aux paroles de Kara, il posa ses yeux sur elle puis sur Elio. « Elle n'a pas tort... On est personne pour elle. » Il garda son regard sur eux tout en réfléchissant. Un fin sourire s'afficha sur ses lèvres. « Mais j'ai peut-être une idée... encore mieux qu'une photo. » Une idée qui allait mettre leur géniteur au ras du caniveau. Et ça lui plaisait. Puis la sonnerie du four se fit entendre. Kael jeta un œil à sa sœur puis il finit par proposer à Elio. « Tu veux manger avec nous ? » Et avant que sa sœur ne dise quoi que ce soit, il ajouta à son intention. « Si Kara est partante... » Il savait que c'était dur pour elle. Sûrement plus dur pour elle que pour lui. Kael s'était éloigné facilement de leur géniteur mais cela avait été différent de sa jumelle. Il passa un main sur le cou de sa sœur. « Allez... on est pas comme lui. Et Elio n'a rien demandé non plus. » Non, le barman n'avait rien demandé. Ils étaient tous les quatre dans le même bateau. Et pour s'opposer à ce connard, être ensemble et soudés ce serait une bonne chose.
Il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir la rancoeur sur le visage de Kael et Kara, je me rends compte que peut-être leur famille a bien plus souffert que la notre de l’absence de notre père. Et même si ils semblent vouloir prétendre qu’ils se fichent de lui, il me semble assez évident que ce n’est pas vraiment le cas. Je connais pourtant bien ce dilemme intérieur pour l’avoir vécu moi aussi, cette envie qu’il ne représente rien alors pourtant que je m’évertuais à chercher une sorte d’approbation chez lui. « Il était jamais là. Comment est-ce qu'on pourrait avoir des photos de famille avec lui ? » Je baisse les yeux un peu honteux, comme si c’était de ma faute, comme si j’avais volé ce père que je n’ai pourtant pas souvent vu. « J’en sais rien… On en a nous alors j’ai pensé que… » Je devrais peut-être arrêter de penser de toute évidence mon cerveau est défectueux quand il s’agit de Kara et Kael. Je suis parti de principe que si notre père avait été aussi absent avec nous c’était bien parce qu’il passait le reste de son temps dans cette autre famille, mais je me suis peut-être trompé au final. « Il fait des gosses a toutes les femmes qu'il croise ? » Je me retenais cette fois d’un quelconque commentaire. Ma mère étant décédée bien avant qu’Erin ne rentre dans nos vies, du moins selon les dires de mon père - je n’avais jamais vu ça d’un mauvais oeil et encore moins la naissance de ma soeur qui avait été mon allier pendant toutes nos années d’enfances.
J’avais finalement tenté de leur expliquer la situation, espérant leur en dire assez pour qu’il ne pose pour le moment pas plus de questions. « J'arrive pas à croire qu'il a même pas les couilles de faire face à la réalité. Il va continuer à vivre sa vie comme si rien ne s'était passé ! Il est peut-être charismatique mais c'est quand même un foutu connard. » Laissant un rire m’échapper j’avais continué d’hocher la tête. « On est au moins d’accord sur ce point là. » petit frère… Les mots avaient failli m’échapper, un peu spontanément sans que je ne sache trop d’où il sortait, mais je les avais retenus pas sûr que Kael verrait cette familiarité d’un bon oeil. « Mais je ne vois pas trop ce qu'on peut faire, en admettant qu'on puisse aller lui parler... pourquoi est-ce qu'elle croirait des inconnus alors qu'elle ne croit même pas son beau fils ? » Franchement je n’avais pas la réponse, je n’étais pas sûr qu’elle les croie eux non plus, pas sur de pouvoir lui faire ouvrir les yeux sur une situation qu’elle évitait volontairement de voir depuis des années. Mais j’avais la sensation qu’il me fallait au moins essayer. « Elle n'a pas tort... On est personne pour elle. » Une fois de plus je me retrouvais face au mur. « C’est peut-être de ça dont elle a besoin. » Si elle ne pouvait pas l’entendre de ses proche elle ne pouvait pas me penser assez tordu pour entrainer des parfaits inconnus à lui mentir ou à poser avec notre père sur des photos de famille.
Alors que je restais silencieux j’avais regardé un sourire se dessiner sur le lèvre de Kael sans trop comprendre dans un premier temps. « Mais j'ai peut-être une idée... encore mieux qu'une photo. » Fronçant les sourcils sans trop comprendre j’étais resté une fois de plus silencieux alors qu’il ajoutait d’un coup. « Tu veux manger avec nous ? » me laissant sans voix face à cette invitation plus qu’inattendu. Mon regard son posant automatiquement sur Kara, pensant y voir un regard de désapprobation. « Si Kara est partante... » Rien n’étaient moins sur et Kael semblait le savoir aussi bien que moi. « Allez... on est pas comme lui. Et Elio n'a rien demandé non plus. » N’osant cette fois pas bougé de peur sans doute de faire pencher la balance du mauvais coté, je n’aurais su expliquer pourquoi mais j’avais vraiment envie de partager un moment avec eux, aussi tendu soit-il et aussi d’entendre l’idée de Kael. « Ca… serait avec plaisir. Si tu veux bien… » Les mots un peu timides finissent par sortir alors que je continue de regarder Kara, nos deux paires d’yeux collés sur elle et attendant à nouveau un verdict.
Je me disais – peut-être a tort – que notre père avait été plus présent pour son autre famille. Il avait été trop souvent absent de nos vies. Il avait manqué tous les moments importants. Je savais à présent pourquoi. Il n'était pas avec nous parce qu'il était avec eux. C'était du moins ce que j'avais pensé en apprenant qu'il y avait une autre famille. Je posais mes prunelles bleues sur mon frère. Cela ne m'étonnait pas que notre père n'est pas eu le cran de faire face à la réalité. Il avait tout avoué a notre mère parce que Kael l'avait menacé. J'étais persuadée qu'il aurait continué son manège encore longtemps sans ça. Notre géniteur avait choisi cette double vie. Il la menait depuis presque trente ans. On ne pouvait pas dire qu'il s'agissait d'une erreur ou qu'il ne savait pas comment s'en sortir. Non. Il avait choisi. Il avait déjà une femme et il avait séduit notre mère. Il avait décidé d'être aussi avec elle et lui avait fait plusieurs enfants. Pendant toutes ces années il avait navigué entre deux pays, entre deux familles. Ouais, c'était un foutu connard. J'étais bien d'accord avec Kael et Elio. Enfin quoi qu'il en soit, je ne voyais pas bien comment on pouvait venir en aide à Elio. Je nous voyais pas débarquer chez lui, aller voir sa belle-mère et lui raconter qu'on était les enfants de William. Kael semblait cependant avoir une petite idée. Je me demandais bien ce qu'il pouvait avoir en tête. Je gardais mon regard sur lui. Il venait sérieusement d'invité Elio à rester pour le repas ? Cette idée était loin de m'enchanter. C'était encore difficile pour moi d'accepter qu'il y est une autre famille. J'avais grandi entouré de mes quatre sœur et de mon unique frère, mon jumeau. C'était bizarre de se découvrir un autre frère après toutes ces années.
Je restais silencieuse un moment et je sentais leurs regards se poser sur moi. Ils attendaient mon approbation. Je savais que Kael respecterais mon choix. Si je n'avais pas envie qu'Elio reste, alors il ne resterais pas. Mon jumeau arrivait a prendre plus de recul que moi. Il était vrai qu'Elio n'y étais pour rien dans cette histoire. Le seul fautif, c'était notre géniteur. Mais, j'avais quand même du mal avec notre demi-frère. Sans doute a cause de ce qu'il représentait. Je reportais finalement mon attention sur Elio.
« C'est d'accord. Tu peux rester pour manger. »
Je marquais une courte pause, jetant un regard a Kael.
« Après tout, j'imagine qu'on est dans le même bateau... et puis j'ai très envie de savoir quelle est ton idée »
Parce que ouais, je me demandais bien de quoi Kael parlait. En tout cas, si ça pouvait nuire a notre père, j'étais partante. Pas parce que j'avais envie de vengeance, mais parce qu'il méritait pas de s'en sortir. Il devait affronter la réalité. Il devait répondre de ses actes. Si il y avait bien une chose que je ne supportait pas, c'était le mensonge.
Toute cette histoire n'avait que drop duré. Ils étaient temps pour eux d'aller de l'avant. Et même s'ils n'étaient pas tous les trois en bon terme et que des tensions existaient entre eux. Kael était conscient qu'ils étaient dans le même bateau. Ce n'était pas simple pour lui, de se dire que leur géniteur avait vécu une double vie si longtemps sans en avoir le moindre remord ou en subir le moindre inconvénient. Non, ce n'était pas juste. Pas normal du temps. Alors Kael était bien décidé à lui faire payer tout ça. Le cadreur était rancunier. Et il en voulait à ce géniteur qui les avait tous trompé. Et il était bien décidé à se venger d'une façon ou d'une autre. Puis, la présence de Kara l'avait quelque peu assagi. Il s'était dit que ce type n'en valait pas la peine. Qu'ils étaient mieux sans lui. Qu'ils n'avaient rien à y gagner. Seulement, la présence d'Elio ce soit là, lui rappelait qu'ils n'étaient pas les seuls dans cette histoire. Loin de là. Ses yeux posés sur Kara, il était rassuré de savoir que sa sœur au final, n'était pas fermé au dialogue. Même si Kael savait que c'était encore difficile pour elle. Si elle n'avait pas accepté qu'Elio reste avec eux pour le repas, le cadreur n'aurait pas insisté. Cela n'avait jamais fonctionné ainsi entre eux. C'était même tout le contraire. Aux paroles de sa sœur, le cadreur esquissa un sourire en gardant ses yeux sur elle. « La curiosité te perdra soeurette. » Il l'embrassa sur la tempe puis il ajouta en regagnant la cuisine. « Installez-vous, je sors le plat du four. » Cette soirée s'annonçait plus qu'intéressante au final. Même si au premier abord, trouver Elio sur le pas de la porte avait été plutôt contradictoire. Il était chez lui. Ils étaient chez eux, Kara et lui. Et il pensait qu'ici, ils pourraient être tranquilles. Seulement Elio lui rappelait qu'il était peut-être temps de mettre un terme à cette mascarade de ses deux côtés de l'hémisphère. Alors autant le faire en concertation, cela ne pourrait que mieux fonctionner. Tandis qu'Elio et Kara s'installaient, Kael sortait le plat du four. Maintenant qu'il était devant le gratin de légumes, il se rappelait qu'il avait une faim de loup. Le cadreur revint ensuite vers la grande table du salon qui avait déjà ses couverts afin de déposer le plat. Kael retira les maniques tout en ajoutant à l'intention du barman : « J'espère que tu n'as rien contre les légumes et le tofu parce que nous sommes tous les deux végétariens. » Kael jeta un œil à Kara. Il était fier maintenant de dire qu'il ne mangeait plus aucune viande. Le chemin avait été long mais il y était enfin arrivé. Maintenant, il ne voudrait pas revenir en arrière pour tout l'or du monde. Puis il demanda en voyant les verres vides. « Bière, vin, jus d'orange ? » Il alla chercher les boissons. C'était étrange pour lui de faire ce diner à trois. Et il espérait qu'ils n'allaient pas se prendre la tête au cours du repas. Même s'ils avaient tous les trois des caractères bien trempés. Ils étaient là pour une même chose : faire payer à leur géniteur, sa tromperie. Mais pour l'instant, Kael avait faim. Et une fois revenu à table, le cadreur en profita pour se servir à son tour.