Les jours qui suivirent l’accident du train furent compliqués pour Priam qui avait du mal à trouver le sommeil après avoir vécu cette tragédie ; tout le monde s’était inquiété pour lui et la presse à scandale avait vendu de nombreux torchons avec cette histoire. L’accident avait eu lui il y a presque une semaine désormais pourtant Priam avait la sensation qu’il avait eu lieu hier, il sentait encore l’odeur du bois brisé et ressentais encore ce nœud dans l’estomac. Cette nuit fut plus douce que les précédentes, il avait réussi à dormir pendant trois heures de suite sans se réveiller ; malgré tout il se leva aux aurores, aujourd’hui était un jour spécial. Le reste de la matinée passa assez rapidement, il s’occupa de ses petites affaires avant de prendre une douche bien chaude et d’enfiler un costume noir et une chemise blanche. Il jeta un coup d’œil rapidement à son téléphone avant d’attraper ses clés de sa voiture, il quitta son appartement quelques minutes plus tard et grimpa dans sa voiture en direction du quartier ouest de la ville : Too Wong. Il lui fallut une bonne vingtaine de minutes avant d’arriver dans le quartier étudiant de la ville qui était pourtant bien calme pour une fin d’après-midi. Une fois garé il parcourut les quelques mètres qui le séparèrent de l’entrée, il salua poliment plusieurs personnes avant de s’attarder sur la grande photographie qui était posé sur un chevalier ; le visage de cet homme tombant dans le vide faisait désormais partie de ses souvenirs. Sans plus attendre il se glissa dans la foule et la cérémonie commença « Nous sommes réunis ici pour rendre hommage au courage d’Adam Lothbrok… » le reste du discours fut rempli d’émotion, il était décrit comme un héros, quelqu’un de bien qui manquerait cruellement à sa famille ; même s’il était persuadé qu’il avait voulu jouer les héros, il était malgré tout triste de cette disparition. La cérémonie se déroula dans le calme, chaque personne salua la famille en bénissant le corps avant que le cercueil soit déposé sous terre. C’est alors que plusieurs groupes se formèrent et que Priam aperçu enfin la silhouette de Kaecy « J’étais sûr que je te trouverais ici » dit-il en approchant.
@Kaecy Wilson

Même si, au fur et à mesure que les jours passaient, Kaecy tentait de faire bonne figure devant tout le monde elle savait qu’elle n’était pas tout à fait elle, tout à fait là. Une partie d’elle était restée sur place, ce jour là. L’accident avait quelque peu changé son elle intérieur pour le moment, la rendant plus émotive, plus instable, elle qui avait l’habitude d’être un pilier pour les personnes de son entourage la voilà qui devenait elle aussi, à son tour, instable. Mais surtout, surtout, ce qui la réveillait au milieu de la nuit c’était toujours ce même rêve. Cette vision même, plutôt - car il ne s’agissait ni plus ni moins que des souvenirs, et non un rêve inventé de toutes pièces par son cerveau. Non, ce dernier aurait été incapable de lui inventer une histoire pareille. Et pourtant, toutes les nuits, elle voyait de nouveau ce jeune homme passer à travers les planches, échapper à la vie, s’échapper dans le vide de la falaise qu’offrait l’inclinaison actuelle du train. Et chaque nuit, Kaecy se réveillait avec des sueurs froides et les larmes aux yeux. Elio l’entendait de temps à autres, venant la rassurer, tentant de lui faire comprendre que c’était passé et que tout allait bien maintenant. Mais le coeur de Kaecy était trop grand, trop impliqué tout le temps pour que cet événement soit réellement du passé. « T’es sure que tu veux y aller ? » Alors qu’elle tentait de replacer une énième fois une de ses mèches rebelles dans son chignon, Kaecy regarda Elio à travers le miroir, le jeune homme se tenait dans l’encadrement de la porte de la salle de bain. Avec un petit sourire triste, elle finit par hocher la tête. « Etrangement j’en ai besoin, je crois. » Elle fut rapidement à bord de sa voiture lorsque les jumeaux vinrent lui faire quelques signes d’au revoir de la main - c’était surtout pour eux que Kaecy tentait de garder bonne figure, à vrai dire. La jeune femme ne mit pas longtemps à atteindre le parking puis l’entrée du cimetière. A chaque fois qu’elle venait ici, que ce soit pour voir un proche ou pour un enterrement, un long frisson malsain se glissait le long de sa colonne vertébrale. D’autant plus qu’aujourd’hui, elle était qu’une inconnue pour les autres personnes présentes en ce jour. Le jeune homme qui serait enterré aujourd’hui - ou ce qui restait de lui en tous cas - n’avait rien à voir avec elle. Il avait juste tenté, dans ses derniers instants de vie, de jouer au héros et de sauver la jeune femme. Et pour ça, elle se devait d’être là aujourd’hui - elle n’avait même aucune autre place où être en ce moment même. « Nous sommes réunis ici pour rendre hommage au courage d’Adam Lothbrok… » La cérémonie fut merveilleuse, et rien qu’en tant normal Kaecy aurait versé une petite larme, mais aujourd’hui c’était des filets silencieux de larmes qui parsemaient ses joues rosées par le vent présent. Elle revivait le même choc, la même douleur qu’elle avait ressenti lorsqu’elle avait vu le sol se dérobé sous les pieds du jeune homme. Bien sur, elle se devait de rester silencieuse car d’autres personnes l’avaient réellement connu et avait un vrai deuil à faire. Elle, elle était juste la jeune femme de trop à l’assemblée. « J’étais sûr que je te trouverais ici » Venant essayer rapidement ses joues de revers de mains, avant de relever un regard étonné vers son interlocuteur - qu’elle n’avait pas encore reconnu -, ce fut une expression soulagée qui prit place sur le visage de la jeune femme lorsqu’elle comprit qui était son interlocuteur. « Priam… » Elle s’autorisa un soupire de soulagement avant de venir prendre le jeune homme dans ses bras. Dieu, que ça faisait du bien. L’accident n’avait eu lieu qu’une semaine plus tôt, mais elle avait l’impression d’avoir été seule bien plus longtemps que ça. Et qu’aujourd’hui, une partie du temps se remettait à sa place avec Priam à ses côtés. Elle finit par se reculer, lui accordant un petit sourire avant de venir froncer légèrement ses sourcils. « Je ne m’attendais pas à te voir ici aujourd’hui, je dois avouer… »

Pendant une fraction de seconde, Priam eu la sensation d’avoir tous les regards braqué sur lui, c’était comme si la foule le regardait se demandait ce qu’il pouvait faire ici, comme s’ils savaient ce qui s’était passé dans ce train, comme s’ils savaient qu’il avait préféré la vie de Kaecy à celle du secouriste. Malgré cette sensation oppressante il resta à sa place, se montrant le plus respectueux possible, il suivit la foule lorsqu’ils rendirent un dernier hommage à Adam puis il salua poliment la famille du défunt sans jamais évoquer sa présence dans le train. Il resta plusieurs minutes en retrait à regarder la foule pleurer et quitter peu à peu le cimetière pour sans doute rejoindre le domicile des parents du jeune homme afin de partager un moment de recueillement avant de remarquer la présence de la jeune et douce Kaecy. Priam aurait reconnu la silhouette fine et légère de la jeune femme parmi milles, ses cheveux en revanche lui semblèrent beaucoup plus blonds que lors de leur dernière rencontre ; il l’observa pendant plusieurs secondes avant de s’approcher d’elle, sa présence ici était loin d’être une surprise pour le sportif « Priam… » la voix de la jeune femme l’apaisa immédiatement, il afficha un sourire plutôt tendre en l’accueillant contre son torse, il la serra contre lui pendant une poignée de seconde sans rien dire, profitant simplement de ce doux moment ; à les voir ainsi, il était difficile de croire qu’ils étaient encore des inconnus l’un pour l’autre il y a une semaine. Ils se détachèrent lentement l’un de l’autre alors que Priam descendit son regard sur Kaecy qui avait l’air surpris de le trouver ici « Je ne m’attendais pas à te voir ici aujourd’hui, je dois avouer… » il pouvait le comprendre, a bord du train il s’était montré dur et froid avec le secouriste, il n’avait pas versé une larme pour sa mort, il n’avait même pas exprimé le moindre regret mais depuis l’image du jeune homme tombant dans le vide le hanté jour et nuit, pourtant il ne regrettait pas une seconde d’avoir choisi la vie de Kaecy. Il jeta un coup d’œil autour d’eux afin d’être sûr qu’ils soient les seuls à entendre cette conversation « Je suis tombé sur un article le concernant dans le journal ce matin et j’ai vu la date de l’enterrement… » en réalité il n’avait pas envisagé d’y aller avant ce matin, il avait d’abord pensé que c’était une très mauvaise idée avant de réaliser qu’elle serait sans aucun doute présente « … et je savais que tu serais là, que tu voudrais lui rendre un dernier hommage » dit-il en plongeant son regard dans le sien « J’ai pensé qu’un peu de soutien ne te ferais pas de mal » en réalité même si ses intentions envers Adam n’étaient pas mauvaise, il était surtout là pour elle, pour ce petit bout de femme qu’il avait rencontré la semaine dernière.

Elle le lui avouait, et elle se l’avouait à elle même, elle ne s’attendait pas à voir le jeune homme ici, aujourd’hui. Elle ne s’attendait pas non plus à ce qu’il ait prêté une attention plus développée que ça à ce jeune homme qui avait voulu devenir un héros. Mais au fond d’elle, oui, Kaecy était heureuse de le voir là aujourd’hui. Et le fait qu’il l’accueille dans ses bras comme une vieille amie lui donnait un peu de baume au coeur. « Je suis tombé sur un article le concernant dans le journal ce matin et j’ai vu la date de l’enterrement… » Le regard de Kaecy se voila, légèrement, de tristesse. Le fait de découvrir que Priam était à ses côtés avait quelque peu altéré la réalité, juste l’espace d’un instant, assez pour qu’elle mette l’enterrement qui venait de se passer au second plan. Juste assez. Quelques secondes. « … et je savais que tu serais là, que tu voudrais lui rendre un dernier hommage » Leurs regards se croisèrent et elle tenta de lui tirer un petit sourire rassurant. Bien sur qu’elle allait venir à cet enterrement, elle ne se voyait pas rester chez elle à attendre, ou à lire un livre café en main alors qu’ici on mettait en terre quelqu’un qui avait voulu faire un pas en avant pour elle - qui avait, maladroitement, tenté de lui sauver la vie. « J’ai pensé qu’un peu de soutien ne te ferais pas de mal » Elle pencha légèrement sa tête sur le côté, laissant son sourire s’étirer un peu plus - un vrai sourire cette fois ci. Le geste de Priam l’attendrissait. Après tout, il n’avait pas besoin de faire ça, il ne lui devait rien. Et pourtant, il était là aujourd’hui, comme si c’était la chose la plus normale à faire. « Merci à toi. Tu n’étais pas obligé tu sais, mais je suis contente que tu sois là aujourd’hui. » Sincèrement, elle l’était. Elle finit par, avec un léger soupire, se retourner pour regarder les gens qui commençaient doucement à quitter le cimetière. « Au moins il était entouré… » Elle ne savait pas si c’était très rassurant, réconfortant de dire ça mais c’était les seules paroles qu’elle trouvait presque justes à dire. Parce-que de toutes façons, en ce moment même, si elle ne restait pas sur des paroles plutôt positives elle allait sentir de nouveau son coeur se briser, ses larmes couler. « … et il aura réellement été un héros à leurs yeux. » C’était surement ce qui demeurait le plus important. Perdre un être cher, ce n’était jamais facile - Kaecy en savait quelque-chose. Surtout quand la personne défunte était aussi jeune, elle l’avait vu avec Leah la soeur d’Elio. Mais lorsque cette personne était entourée, il reste l’entourage pour se serrer les coudes pour la suite. Les proches d’Adam allaient passer une sale période mais au moins, ils seraient tous ensembles, c’était important. Après être restée quelques instants le regard dans le vague, les yeux qu’à moitié rivés sur les silhouettes encore présentes, Kaecy finit par se tourner de nouveau vers Priam, qui semblait ne pas avoir bougé depuis qu’ils avaient commencé à s’adresser la parole. « Ca te dirait de continuer la discussion dans un endroit un peu moins… Morbide ? Je pense que j’ai utilisé tout mon courage pour aujourd’hui de toutes façons… »

Priam n’avait pas mis les pieds dans un cimetière depuis une éternité, il avait douze ans la dernière fois et le souvenir qu’il associait à ce genre d’endroit était assez sombre et triste comme la plupart des gens. En lisant l’article sur la mort de ce secouriste il l’avait d’abord reposé sans y accorder une grande importance mais lorsque son regard s’était posé dessus une seconde fois, le visage de la douce Kaecy lui était apparu. Elle allait forcément y être, elle aurait besoin de soutien et d’une certaine façon il s’était attaché à elle. Il ne fut donc pas surprise de la voir debout au milieu de la foule dans le cimetière ; cependant il avait attendu que tout le monde se sépare pour rejoindre la douce et jolie Kaecy. Après des retrouvailles plutôt tendres dans les bras de l’autre, Priam afficha un léger sourire en croisant le regard de la jeune femme qui était surprise de tomber sur lui ici, comment aurait-il pu la laisser affronter ça toute seule ? C’était impossible. « Merci à toi. Tu n’étais pas obligé tu sais, mais je suis contente que tu sois là aujourd’hui. » il n’était pas obligé en effet mais c’était loin d’être une obligation pour lui, il ne s’était pas forcé, il avait juste envie de lui faire comprendre qu’elle n’était pas seule. « Au moins il était entouré… et il aura réellement été un héros à leurs yeux. » le regard du sportif suivit celui de la jeune femme, toute le monde ici semblait profondément triste vis-à-vis de cette disparition, il avait vu l’amour que lui portait sa famille, il était parti en héros aux yeux de tous ses gens qui ignorait totalement ce qui s’était passé dans le train. Quelques jours après l’accident, Priam avait reçu un appel venant de la presse locale, tout le monde parlait de l’accident, des morts, des victimes et un journaliste un peu trop curieux avait souhaité entendre la version du sportif contre une belle somme d’argent qu’il avait refusé, un homme était mort en héros nationale, il fallait que les choses reste ainsi. « Ça te dirait de continuer la discussion dans un endroit un peu moins… Morbide ? Je pense que j’ai utilisé tout mon courage pour aujourd’hui de toutes façons… » le sportif approuva d’un signe de tête et passa son bras autour de l’épaule de Kaecy, elle avait malgré tout l’air si fragile à cet instant précis qu’il avait peur qu’elle s’effondre dans les secondes à venir « On va prendre un café ? Ou manger quelques choses ? » dit-il avec un léger sourire avant de l’inviter à le suivre vers le centre-ville. Le duo quitta le cimetière assez rapidement, un silence s’installa entre eux jusqu’à ce qu’ils pénètrent dans la rue principale ou se trouvait un grand nombre de café, de salon de thé ou de restaurants en tout genre « Comment tu vas Kaecy ? » il posa son regard tendre sur elle, il s’inquiétait réellement pour elle, le premier jour après l’accident avait été un réel enfer alors il n’imaginait pas ce que la jeune femme avait pu ressentir « Tu as eu des nouvelles de Mattéo ? » il n’avait pas pensé à lui demander son numéro mais il savait que Kaecy et lui était proche.

Le sourire qu’arrivait à afficher Priam avait le don de venir réchauffer un peu le coeur de la jeune femme. Ce qui n’était pas peu de chose dans un endroit tel qu’un cimetière. Elle savait que cette journée allait être chargée en sens et émotions, mais elle voulait quand même être présente, même si personne ne savait qui elle était, et même si on pouvait la dévisager comme une étrangère à cette cérémonie. Au moins, elle se sentait à sa place, au milieu de ces personnes qui pleuraient le jeune secouriste. Elle sentait qu’elle se tenait à l’endroit où il fallait. Kaecy finit par se tourner vers Priam avant de lui proposer d’aller se poser dans un autre endroit, quelque-chose de plus chaleureux et accueillant que ce terrain empli de pierres tombales. « On va prendre un café ? Ou manger quelques choses ? » Hochant délicatement la tête, Kaecy répondit timidement au sourire de Priam avant de se laisser entrainer par ce dernier en direction d’un endroit plus adapté, vers le centre ville. Un silence vint prendre place entre les deux jeunes gens, mais ce n’était pas un silence gênant, plutôt de ceux qui montraient un certain respect envers deux protagonistes d’un duo. Ce ne fut que lorsqu’ils atteignirent les premiers cafés et les premières boutiques que la discussion repris doucement entre eux. « Comment tu vas Kaecy ? » Pendant quelques secondes, elle réussit sans ciller à lever son regard vers le jeune homme, mais l’inquiétude qu’elle put y lire et, en même temps, cette attention toute particulière qu’il arrivait à avoir en son égard fit flancher quelque peu Kaecy. Elle avait déjà assez vu ce regard particulièrement inquiet accroché au visage d’Elio - et lui donnait la tristesse à chaque fois. Elle finit par reporter son regard sur la rue, les passants et les voitures qui passaient non loin du trottoir. Reporter son regard sur l’ambiance autour d’eux, entendre toute cette vie par le bruit de circulation et les voix qui émanaient des cafés. Voir un enfant tomber et sa mère s’inquiéter pour lui - même s’il y avait beaucoup à parier qu’il n’allait pas se faire mal. Tous ces petits détails qui pourraient être insignifiants mais qui montraient que la vie continuait de s’écouler, que la terre continuait de tourner quoiqu’il pouvait se passer. Haussant quelque peu les épaules, elle vint soupirer légèrement. « Ca va… Comptes tenus, je veux dire. » Même si elle était parfaitement concentrée sur la situation, la voix de Kaecy se faisait désormais plus distance, comme légèrement perdue dans le vague, dans les souvenirs. Car chaque fois qu’elle fermait les yeux trop longtemps, elle revoyait ce visage là, au jeune homme, et l’expression d’horreur qui s’emparait de lui lorsqu’il comprenait qu’il était sur le point de perdre la vie. « J’ai encore du mal à dormir, mais je pense que ça va durer quelques temps, donc… » Donc il fallait prendre son mal en patience et être reconnaissant d’être en vie. Parce-que c’était ça, après tout. Elle n’avait pas réellement à se plaindre, au moins elle était en vie - elle. Ils arrivèrent à hauteur d’un petit café qui ne payait pas de mine mais que Kaecy savait très bon avec des prix raisonnables - et ils servaient des petits mignardises à déjeuner divines. Après un petit regard en coin en direction de Priam pour savoir si ça lui convenait, elle entra dans la petite boutique pour s’installer à une des petites tables mises à disposition des clients. « Mais je pense que c’est pareil pour toi de toutes façons, je me trompe ? » Elle releva enfin complètement son regard vers le jeune homme, qui semblait avoir les traits autant tirés que les siens alors que le milieu de journée s’approchait à grands pas. « Comme s’est passée la semaine pour toi ? » Sa voix était douce, délicate. Elle ne voulait pas le brusquer et lui posait une question ouverte de façon à, s’il ne voulait pas y répondre, qu’il puisse se défiler. Il finit d’ailleurs, sans grande surprise, lui poser de nouveau une question sur l’état d’un des passagers de ce maudit train. « Tu as eu des nouvelles de Mattéo ? » Elle eut un petit sourire. Elle trouvait cette façon de s’inquiéter particulièrement charmante et attendrissante. Elle retira sa veste, elle ne pouvait plus voir trop de noir autour d’elle - son chemisier était davantage coloré par en dessous et elle se félicitait d’y avoir pensé; remettre un peu de gaité dans cette journée maussade. « Il ne s’en sort pas trop mal, apparemment. Je ne l’ai pas revu ou eu en direct mais sa soeur est passée à l’appartement dans la semaine, j’en ai profité pour prendre de ses nouvelles rapidement. » Car ce dernier gars avait déjà vu assez d’horreurs à la guerre et pendant toutes ses mésaventures pour rajouter des images de tortures à sa collection. Kaecy nota mentalement de penser à passer le voir, rapidement, pour avoir de réelles nouvelles fraiches.

« Ca va… Comptes tenus, je veux dire. J’ai encore du mal à dormir, mais je pense que ça va durer quelques temps, donc… » il n’était donc pas le seul pour qui le sommeil était devenu rare. « Mais je pense que c’est pareil pour toi de toutes façons, je me trompe ? » il secoua la tête, l’accident l’avait tellement épuisé qu’il s’était endormi facilement le premier soir mais le lendemain, les images tragiques du train et le visage du secouriste tombant dans le vide n’avait cessé de le hanter. Depuis moins d’une semaine maintenant, il dormait à moitié se couchant sans trop savoir ce qui la nuit lui réserverait, il pouvait passer une nuit sans trop se réveiller, comme une nuit blanche sans pouvoir fermer l’œil. « Comme s’est passée la semaine pour toi ? » il haussa les épaules en croisant son regard, mettre des mots sur ses sentiments avait toujours été difficile mais la présence de Kaecy semblait de nouveau avoir un impact positif sur le sportif « Pour te dire la vérité, j’essaie de ne pas y penser » c’était la solution de facilité mais elle était plus difficile à appliquer que ce qu’il avait imaginé « … j’ai l’impression que tout le monde est au courant, je marche dans la rue et c’est comme-ci tout le monde me pointer du doigt en disant il était dans le train… » et la presse n’aidait pas, elle avait fait de cet incident ses gros titres et une fois de plus la célébrité du sportif ne l’aidait guère, les premiers jours il avait reçu de nombreux coups de fils des divers magazines souhaitant une interview exclusive « De nombreux tabloïds m’ont contacté pour une déclaration exclusives… ils n’ont apparemment aucun scrupules à se faire de l’argent sur la mort de quelqu’un » dit-il avec un air de dégout. Repenser à cet accident lui fit penser à toutes les personnes qu’il avait rencontrées à bord du train, en dehors de Kaecy, la personne à qui il avait le plus pensé était Mattéo, une rencontre bref qui l’avait pourtant aidé à ne pas abandonner à bord du wagon. Priam rapporta son attention sur la jeune femme l’interrogeant sur le jeune homme, il savait qu’ils étaient amis et qu’ils devaient être présent l’un pour l’autre « Il ne s’en sort pas trop mal, apparemment. Je ne l’ai pas revu ou eu en direct mais sa sœur est passée à l’appartement dans la semaine, j’en ai profité pour prendre de ses nouvelles rapidement. » il était surpris que les deux jeunes gens n’aient pas passés plus de temps ensemble depuis l’accident, il avait pourtant cru comprendre qu’il y avait entre eux plus que de l’amitié mais peut-être avait-il tort. « Donc tu connais Heidi toi aussi, j’ignorais qu’elle était la sœur de Mattéo avant l’hôpital » avoua-t-il en pensant à la petite tête brune qui avait dut être totalement paniqué en apprenant la présence de son frère a bord du train « C’est une amie de longue date, on s’est recroisé il y a peu… » dit-il avant que la jeune femme pose la question. Ne sachant pas trop ou aller, il s’arrêta devant une sorte de café, il n’y avait pas grand monde à l’intérieur mais l’endroit avait l’air agréable ; en lisant la carte il comprit qu’il s’agissait d’un bar proposant des brunchs à tout heure de la journée « On se pose ici ? A moins que tu préfères qu’on aille prendre manger un truc chez moi ? » l’un comme l’autre, il approuvait.

« Pour te dire la vérité, j’essaie de ne pas y penser… j’ai l’impression que tout le monde est au courant, je marche dans la rue et c’est comme-ci tout le monde me pointer du doigt en disant il était dans le train… » Venant pincer légèrement ses lèvres, Kaecy hocha la tête. Elle savait, exactement, de quoi il parlait. Comme si était écrit en lettres de lumière sur leurs fronts qu’ils étaient responsables, que c’était de leur faute - qu’il était mort à cause d’eux. La jeune femme tentait jour après jour de se convaincre que ce n’était que son imagination qui lui jouait des tours - ce qui était le cas -, mais c'était toujours plus facile à dire qu’a croire. « … De nombreux tabloïds m’ont contacté pour une déclaration exclusives… ils n’ont apparemment aucun scrupules à se faire de l’argent sur la mort de quelqu’un » « Du moment qu’ils ont un bon scoop, malheureusement… » Ce genre de situation, de comportement déplaisait au plus haut point Kaecy. Ne pas respecter la vie privée des gens, ne pas respecter leur bon vouloir de tranquillité. Elle avait beaucoup de mal à comprendre comment les gens pouvaient dormir sur leurs deux oreilles le soir avec des attitudes pareilles. Elle savait que c'était pour du travail et que certains étaient tellement bons dans leur métier qu'ils n'avaient pas le choix que de l'exécuter. Et elle savait à quelle point la presse pouvait être importante. Mais dans une situation comme la-leur, les gens avaient qu'une envie, c'était d'être laissés tranquilles. Matteo faisait partie de ces personnes là, si bien que Kaecy n'avait pas eu tant de nouvelles que ça depuis. « Donc tu connais Heidi toi aussi, j’ignorais qu’elle était la sœur de Mattéo avant l’hôpital » Les paroles de Priam mirent quelques instants avant de prendre sens pour Kaecy, et ce fut un visage interrogateur qu'elle leva vers le jeune homme par la suite - sa question déjà toute prête en tête. « C’est une amie de longue date, on s’est recroisé il y a peu… » Kaecy vint tirer un petit sourire. C'était affolant de voir comment certaines réactions pouvaient être prévisibles. « Ravie d'apprendre cette nouvelle alors. » Et elle disait ça en le pensant. Les amis de ses amis étaient ses amis, mais elle aimait pouvoir connaître les gens qui entouraient ceux qu'elle portait dans son coeur. Finalement, les pas des deux jeunes gens ralentirent devant un petit café qui semblait au premier abord dégager une ambiance apaisante, sympathique. « On se pose ici ? A moins que tu préfères qu’on aille prendre manger un truc chez moi ? » Prenant une grande inspiration, Kaecy finit par lever un regard plein de douceur vers Priam, avec un petit sourire accordé. « Si ça te dérange pas, je préfère que l'on reste ici, ça me fait changer d'air... » Parce-qu'en dehors de son appartement et du boulot - elle avait refusé catégoriquement de se mettre en arrêt maladie, n'ayant ni le temps ni l'argent pour ça -, elle ne voyait pas trop d'autres endroits et sortir un peu, même si c'était à la suite d'un enterrement, ça faisait du bien. Elle finit par s'avancer à l'intérieur du petit café où ils furent dirigés vers une petite table à l'abri du passage vers les toilettes. « Sinon, comment va la saison en ce moment ? » Et avant que Priam ne lui puisse lui poser sérieusement la question, elle reprit la parole, anticipant. « Oui, même si ce n'était le moment d'en parler la dernière fois, je t'avais reconnu. » Les jumeaux étaient fans de rugby, et comme elle était plus souvent là le soir que Elio pour regarder les matchs avec eux, elle s'était renseignée un peu sur le sport en général et ce qu'il se passait dans la région. Pour un futur cadeau d'anniversaire, probablement.

Contrairement à ce qu’il pensait, Priam avait appris que la presse à scandale n’avait aucune limite. En signant chez les Wallabies il avait accepté la face cachée de la célébrité sans rechigner, il essayait d’être le plus courtois avec les photographes, il essayait de respecter leur métier et même parfois d’essayer de le comprendre mais depuis plusieurs jours les messages sur son répondeur devenaient de plus en plus insupportables. Comment peut-on profiter de la mort d’une personne ainsi ? avait-il pensait en écoutant un jeune pseudo journaliste le supplier pour quelques mots en direct dans son émission, blasé il avait fini par couper son répondeur afin de ne plus être ennuyer par ces rat. « Du moment qu’ils ont un bon scoop, malheureusement… » elle avait raison, pour une raison qui lui échappait totalement, aucun d’entre eux ne semblait savoir ce que le mot respect signifiait. Le sujet dévia rapidement sur Mattéo, il avait appris à l’hôpital que ce dernier n’était autre que le frère Heidi, un petit bout de femme qu’il avait retrouvé il y a peu et il ne lui fallut qu’une seconde pour comprendre que cette petite tête brune tenait une place dans la vie de Kaecy, le monde est petit pensa-t-il en se confiant à la jeune femme qui ne semblait pas si surprise que ça « Ravie d'apprendre cette nouvelle alors. » . Heureux de savoir qu’il avait plus en commun avec elle qu’un simple accident de train, Priam décida de l’inviter à partager le reste de sa journée, ne sachant pas ce qui lui conviendrait le mieux il suggéra son appartement ou un café de son choix « Si ça te dérange pas, je préfère que l'on reste ici, ça me fait changer d'air... » il hocha la tête, l’un comme l’autre lui convenait parfaitement. Sans attendre, il entra avec elle dans un café s’installant à ses cotés sur une petite table en retrait « Sinon, comment va la saison en ce moment ? » il arqua un sourcil en entendant sa question « Oui, même si ce n'était le moment d'en parler la dernière fois, je t'avais reconnu. » « C’est toujours flatteur » dit-il avec un petit sourire assez touché qu’elle n’ait pas agit comme la plupart des filles qui avaient pu croiser sa route. « C’est… » demanda-t-il en retirant sa veste qu’il déposa sur le dossier de sa chaise. Avant qu’elle ne puisse répondre, un serveur se présenta et prit leur commande qu’il déposa sur leur table quelques minutes plus tard en les informant qu’il sera là si besoin. Priam le laisse partir puis rapporta son attention sur Kaecy « … Ça se passe bien, j’ai fait une pause de quelques jours mais j’suis en manque dès que je suis loin du terrain donc… » il haussa les épaules d’un air blasé avant d’avaler une gorgée de son café « Je ne t’imaginais pas du tout branché rugby… mais je suis content de m’être trompé » cette fille était définitivement pleine de surprise.

Leur choix se porta finalement sur un petit café qui passait par là, quelque-chose qui semblait calme et simple - et ils en avaient besoin, en tous cas Kaecy en avant besoin elle. Rapidement, ils s’installèrent à une table et la conversation repris. Kaecy ne put s’empêcher d’aller parler d’un terrain - littéralement - qu’elle n’avait pas abordé jusque maintenant avec Priam, mais ce n’était pas parce-qu’elle ne l’avait pas remarqué, juste que ça n’avait pas été le moment jusque là d’aborder ce sujet. « C’est toujours flatteur » Elle eut un petit sourire. Il était vrai que pour des personnes connues, comme l’était Priam, ça devait toujours faire un petit quelque-chose de voir qu’on était reconnu. Mais comme elle en parlait plus tôt avec les médias, elle ne comprenait pas les gens qui ne cherchait pas à respecter ces personnes là, ou les personnes qui avaient été connues malgré elles. Le serveur finit par s’approcher d’eux, alors que Priam s’apprêtait à répondre sérieusement à sa question. Il prit les commandes, et Kaecy se laissa aller avec une petite part de gâteau qui semblait prometteur sur la carte. Elle n’était pourtant pas du genre à se laisser beaucoup aller à ce genre de sucreries, faisant en règle générale attention à son alimentation, mais une exception de temps à autres ne pouvait la tuer. Leurs commandes arrivèrent rapidement par la suite - et elle salua la rapidité du service. « … Ça se passe bien, j’ai fait une pause de quelques jours mais j’suis en manque dès que je suis loin du terrain donc… » Elle hocha lentement la tête. Elle pouvait le comprendre, elle avait passé des années - et passait toujours, d’ailleurs -, la tête plongée dans son boulot. Et pour pratiquer le footing régulièrement, Kaecy savait que le sport pouvait être en plus addictif. Pas au même niveau que Priam, mais quand même. « J’espère pour toi que tu pourras reprendre rapidement. Tu as pris cette pause de ton plein gré ou les médecins te l’ont imposé ? » Après les derniers événements, l’une comme l’autre réponse ne l’étonnerait pas. Non seulement parce-que le jeune homme devait avoir eu besoin d’un temps pour souffler, pour lui, pour reprendre ses esprits; et puis, comme eux tous, il avait surement eu le droit à un check-up santé après l’incident. Plus si son métier dépendant de sa santé. « Je ne t’imaginais pas du tout branché rugby… mais je suis content de m’être trompé » Kaecy eut un petit rire avant de venir prendre une gorgée de son café. C’était toujours ce genre de détails qui étonnaient les gens. « Même si je n’en ai pas l’air, j’aime généralement m’intéresser à ce qui se passe autour de moi. Et il faut avouer que ton équipe est quelque-chose qui sait faire parler d’elle, quand même. » Une bouchée de gâteau - délicieux, comme prévu - plus tard et elle reprit la parole. « Et puis avec trois hommes à la maison, dont deux enfants, j’échappe pas réellement aux matchs, j’avoue. J’ai appris à te connaitre comme ça. A force de passer des soirées devant la télé. Les jumeaux t’adorent, d’ailleurs. » C’était peut-être le genre de commentaire que toutes les filles branchées par le jeune homme et les fans devaient lui sortir, mais elle lui disait ça en toute simplicité, toute innocence. C’était juste la pure vérité.

Priam n’avait désormais plus autant doute, Kaecy était belle et bien unique en son genre, en dehors de sa profonde douceur, la jeune femme se montrait totalement désintéressée par la célébrité et la fortune du sportif – ce qui n’était pas le cas de toutes les femmes de son entourage –. Pour la première fois depuis longtemps, parler de sport et de son métier n’était pas insupportable au contraire, lui raconter sa vie et évoquer ses habitudes autour du terrain était une partie de plaisir. Touché de par l’intérêt qu’elle accorda à sa passion, il se confia sur ses sentiments envers l’arrêt qu’il avait dû prendre après l’accident, être loin du terrain et ne avoir un ballon entre ses mains était insupportable ; sans le sport, Priam se sentait vide, comme s’il n’était pas lui-même. « J’espère pour toi que tu pourras reprendre rapidement. Tu as pris cette pause de ton plein gré ou les médecins te l’ont imposé ? » il afficha un petit sourire, jouer était toute sa vie et la simple idée d’envisager un jour la retraite le rendait malade « J’ai essayé de les soudoyer mais rien à faire, même mon plus beau sourire n’a pas réussi à les faire changer d’avis » avoua-t-il en repensant à la conversation qu’il avait eu avec son médecin, son entraineur et le directeur du club. Il avala à son tour une gorgée de café en posant son regard sa nouvelle amie, il voyait tellement de chose en elle mais en aucun cas il n’avait imaginé qu’elle puisse être une fana de rugby, elle qui semblait si douce l’étonna une fois de plus « Même si je n’en ai pas l’air, j’aime généralement m’intéresser à ce qui se passe autour de moi. Et il faut avouer que ton équipe est quelque-chose qui sait faire parler d’elle, quand même. » il approuva d’un signe de tête, cette équipe, sa seconde famille comme il aimait l’appelait était l’une des raisons qui le faisait tant aimer ce sport « Et puis avec trois hommes à la maison, dont deux enfants, j’échappe pas réellement aux matchs, j’avoue. J’ai appris à te connaitre comme ça. A force de passer des soirées devant la télé. Les jumeaux t’adorent, d’ailleurs. » un sourire étira ses lèvres, l’idée de savoir qu’elle l’avait regardé et apprécié lui fit plaisir « Ça me touche, vraiment… Dis comme ça, les choses semblent futiles mais c’est toujours très flatteur et encourageant de savoir qu’il y a des gens qui vous apprécie sans même vous avoir déjà rencontré » sans cette partie, la célébrité aurait sans aucun doute était un poids insupportable pour Priam, ne pas pouvoir faire ce qu’il voulait sans être épié était difficile mais les supporters et les gens bien rendaient cette exposition plus supportable. Priam termina son café et prit une bouchée de sa pâtisserie avant de rapporter son attention sur la jeune femme « Si t’es libre et si tu n’as pas peur d’avoir ta photo en première page ça me ferait plaisir que tu m’accompagnes à un entrainement… tu peux même inviter tes colos si tu veux » elle était si humble et elle lui avait été d’une si grande aide à bord du train que passer du temps avec elle et lui faire plaisir était essentiel pour le sportif.

La petite remarque que fit Kaecy par rapport à l’adoration des jumeaux envers Priam fit rire ce dernier - et elle le comprenait, lorsqu’elle voyait les jumeaux regarder la télévision, ça la faisait rire aussi. « Ça me touche, vraiment… Dis comme ça, les choses semblent futiles mais c’est toujours très flatteur et encourageant de savoir qu’il y a des gens qui vous apprécie sans même vous avoir déjà rencontré » La jeune femme haussa les épaules légèrement, portant toujours son petit sourire aux lèvres. « Tu sais, quand certains de tes coéquipiers ont l’air de gros cons, ils ne sont pas aimés; c’est pas automatique, c’est mérité plutôt. » Et puis même en dehors de ce qu’elle avait vu à la télévision et lu dans certains magazines, après les aventures qu’ils avaient vécu ensemble, Kaecy pouvait réellement affirmer que Priam était une bonne personne. Alors que l’apocalypse semblait les entourer et menacer ce fameux train de tout et de rien en même temps, il était resté à ses côtés, avait séché ses larmes - et lui avait sauvé la vie. « Si t’es libre et si tu n’as pas peur d’avoir ta photo en première page ça me ferait plaisir que tu m’accompagnes à un entrainement… tu peux même inviter tes colos si tu veux » A l’entente de la voix du jeune homme, Kaecy sortit de ses pensées vers lesquelles elle ne pouvait s’empêcher de souvent retourner ces derniers temps - toujours des pensées la ramenant au jour de l’accident. Rattrapant rapidement les paroles qu’il venait de lui dire, son sourire s’agrandit. « Tu sais qu’avec une proposition comme ça, tu vas en rendre deux complètement fous de joie ? » Elle eut un petit rire avant de venir siroter la fin de sa boisson. « Je ferai en sorte que la presse ne pense pas que ce sont tes gamins cachés venus t’observer et tout ira bien. » Oh, oui, comme elle disait plus tôt elle savait à quel point la presse pouvait s’enflammer pour un rien. Mais Priam n’était pas quelqu’un de sot, et s’il proposait ça, c’était en connaissance de cause. Rien ne pouvait réellement arriver de mal à Kaecy ou à ceux qui l’accompagneraient, rien de pire que tout ce qu’elle avait vécu elle ces dernières semaines, en tous cas. « Il faut juste que tu sois sur que ça ne te cause pas de soucis derrière. Mais j’ai toujours été curieuse de savoir comment se passait un entrainement - un vrai, pas ces trucs idiots qu’on peut voir dans les films. » Car c’était dans ce genre de choses qu’on apprenait, la plupart du temps, des choses fausses. De paire avec la presse, main dans la main, l’industrie du cinéma servait à jouer avec l’esprit des gens et leurs croyances. Portant sa main à sa poche, Kaecy en sortit son téléphone qu’elle déverrouilla et qu’elle tendit en direction de Priam. « T’as plus qu’à me laisser ton numéro pour qu’on puisse se tenir au courant. Enfin, si c’est pas trop risqué pour toi que je l’ai en ma possession en tous cas. Et si tu as un numéro à toi, je veux dire, privé. T’as un numéro privé au fait ? » Elle ne s’y connaissait vraiment pas en personne connue, célèbre et tout ce qui s’en suivait. Alors, d’un coup, les sourcils à demi-froncés, elle se sentait un peu débile. Elle qui était du genre réfléchit plus que spontanée, elle se retrouvait à ne savoir que faire face à Priam. Surtout que son téléphone se mit à vibrer alors qu’elle le tendait toujours en direction de Priam. Elle le tourna de nouveau dans sa direction pour lire le nom affiché - et elle eut un léger soupire, avec une petite moue d’excuses, lorsqu’elle vit que c’était Elio qui l’appelait. « Je… Je suis désolée, faut vraiment que je prenne l’appel. » Murmurant un petit désolée de nouveau, Kaecy finit par se lever pour se mettre dans un coin un peu plus calme du petit café pour prendre l’appel.