Eliane regarda affectueusement Mary. Sa secrétaire mais plus encore une amie très chère à son cœur et sa mère de cœur. Et la voir dans cet état la désolait. Posant une main rassurante sur son épaule, le jeune femme posa avec douceur ses lèvres sur la joue de la bonne femme.

« Ne t’inquiètes pas pour Steven d’accord ? On ne va pas laisser ta sorcière de future ex belle-fille gagner quoique ce soit ! Crois moi ! »

Le problème c’était que Mary ne voulait pas que cette histoire s’ébruite et bien que le cabinet ait un département dédié, Eli ne se voyait pas aller à cette étage. Elle aurait très bien pu prendre le dossier elle-même mais ce n’était pas sa spécialité et d’après ce qu’elle avait compris, l’ex de Steven avait pris un des meilleurs dans le domaine. Il était hors de question qu’elle laisse la famille de sa merveilleuse Mary comme ça. Elle réfléchit alors à toute vitesse et pensa soudain à Milena. Cette jeune avocate rencontrée lors du gala de Sandy. Un sourire se dessina alors sur les lèvres finement ourlées de la jeune femme. Milena avait une très bonne réputation et de ce qu’elle avait pu voir d’elle, elle semblait très déterminée.

« Ecoutes j’ai peut-être quelqu’un pour l’aider… Mais t’inquiètes pas ce n’est pas quelqu’un du cabinet… »

Eli passa néanmoins quelques coups de fil auparavant. Elle n’était pas du genre à laisser les choses au hasard d’autant plus qu’elle était impliquée dans cette histoire. L’avocate avait l’habitude de se fier à sa première impression mais cette fois, l’enjeu était trop important pour sa secrétaire pour qu’elle ne fasse pas tout ce qui était en son pouvoir pour blinder le dossier. Satisfaite, elle décrocha alors le téléphone et appela le numéro figurant sur la carte de Milena Grimes

« Allo, bonjour Milena. Ici Eliane Samuels… Du gala de charité oui… Hmm… Dites moi ? Est ce que vous seriez libre cette après-midi ? J’ai un dossier que j’aimerais vous confier… Super ! 15h au Pearl Café dans ce cas. Merci Milena ! »

Cinq minutes avant l’heure fixée, Eliane se trouvait déjà devant le café en espérant que Milena n’ait pas été retenue à la dernière minute…

Tu as une matinée bien occupée. A dix heures tu étais attendue au tribunal pour plaider pour un client. Malheureusement cette seule audience n’allait pas être suffisante. Tu l’assurais que la prochaine le sera et tu es bien décidé à travailler sur son dossier le reste de la matinée. Tu appelles des amis pour des petites faveurs pour régler plus rapidement l’histoire. Alors que tu as la tête plongée dans des papiers, ton téléphone se met à sonner. « Allô ? » Dis-tu en décrochant sans t’arrêter de lire. « Allo, bonjour Milena. Ici Eliane Samuels… Du gala de charité oui… Hmm… Dites moi ? Est ce que vous seriez libre cette après-midi ? J’ai un dossier que j’aimerais vous confier… Super ! 15h au Pearl Café dans ce cas. Merci Milena ! » En entendant le prénom d’Eliane, tu sors le nez des dossiers que tu es en train d’éplucher. Tu es étonnée qu’elle t’appelle pour te parler d’un dossier. Elle travaille dans un des plus grand cabinet de la ville, elle ne doit pas manquer de bons avocats dans son cabinet non ? Mais tu ne vas pas lui dire non, tu ne peux nier être intriguée de voir ce qu’elle va te proposer. Un sourire sur les lèvres, tu lui confirmais être libre à quinze heures. « Oui, je serai là Eliane, à tout à l’heure. » Tu ne savais pas si la jeune femme désirait te confier un dossier qui la concernait ou pas mais cela n’avait pas d’importance. Un potentiel client n’était pas à négliger, c’était la base de la relation commerciale. Des fois, mieux vaut plusieurs petits clients qui vous recommandent que de gros clients jamais contents. Tu travailles donc d’arrache pied, sautant la pause déjeuner pour pouvoir partir à quatorze heures trente. Tu prends ta voiture et comme par hasard, tu mets beaucoup trop de temps à trouver une place pour te garer. C’est donc en courant que tu arrives au Pearl’s Café avec quelques minutes de retard. Tu ne tardes pas à y trouver Eliane assise tranquillement. Tu te diriges vers elle et prends place en face d’elle. « Bonjour Eliane. Je suis désolée du retard, j’ai eu du mal à me garer. » Dis-tu en sortant un petit notebook et un stylo de ton sac. « Vous avez déjà commandé ? » Lui demandas-tu avec un sourire.

Eliane entra dans le café pour choisir une table un peu à part. Ca serait plus pratique que d’attendre Milena dehors. Elle n’avait pas forcément envie de parler de ce dont elle voulait lu parler. On n’était jamais à l’abri de rencontrer des personnes que l’on connaissait. Brisbane avait beau être une ville dense avec ses plus de deux millions d’habitants, parfois Eli avait l’impression que c’était tout petit. Elle tombait systématiquement sur des personnes qu’elle n’avait pas forcément envie de voir. Et dans le cas de Mary, Eli n’avait pas du tout l’intention de laisser des oreilles indiscrètes entendre ce qu’elle avait à dire à Milena. Elle s’installa dans une petite table au fond relativement calme et attendit que l’avocate arrive

« Bonjour Milena, je vous remercie d'être venue. Ne vous inquiétez pas, je viens d’arriver moi aussi. »

Elle eut un petit sourire en la voyant sortir sses affaires. Une vraie professionnelle.

« Non pas encore. Prenez ce que vous voulez c’est pour moi. N’hésitez pas à prendre quelque chose à manger si vous comme je le pense vous n’avez pas déjeuné… Avez-vous eu des nouvelles de Sandy au fait ? Je sais que vous lui avez fait bonne impression… »

Elle se doutait que Milena n’avait pas pris le temps de manger, en plein lancement de son cabinet la jeune femme devait oublier bien souvent de se nourrir. Autant profiter du cadre et que Milena puisse se restaurer. Eliane quant à elle commanda un grand thé Lapsang Souchang. Pas besoin de manger. Son appétit n’était toujours pas revenu et Eli ne voulait se trouver mal lors de leur conversation. Le thé était un bon compromis et elle adorait ce thé délicatement fumé qui ne faisait pas l’unanimité pourtant. Elle attendit que leur commande arrive et regarda sa compagne

« Je suppose que vous vous demandez pourquoi je ne fais pas appel directement aux avocats de mon cabinet n’est ce pas ? »

Ce n’était pas rare que tu rencontres de potentiels futurs clients à l’extérieur de ton cabinet. Cependant, c’était un peu à leurs risques et périls car ton cabinet et ses murs insonorisés permettaient une parfaite confidentialité. Un café c’était toujours plus compliqué mais en rentrant tu avais pu noter qu’Eliane s’était installée loin des autres tables, le plus à l’abri possible des oreilles indiscrètes. « Bonjour Milena, je vous remercie d'être venue. Ne vous inquiétez pas, je viens d’arriver moi aussi. » Tu lui souris, ravie de ne pas l’avoir faite attendre parce que si Eliane devait être ta cliente, cela serait compliqué de montrer si peu de professionnalisme. « Vous allez bien ? » Lui demandas-tu un sourire sur les lèvres. Faire un peu la discussion avant de commencer ne faisait pas de mal, cela permettait de mettre tout le monde à l’aise. Mais tu ne te sentais pas mal à l’aise avec Eliane, c’était facile de lui parler. « Non pas encore. Prenez ce que vous voulez c’est pour moi. N’hésitez pas à prendre quelque chose à manger si vous comme je le pense vous n’avez pas déjeuné… Avez-vous eu des nouvelles de Sandy au fait ? Je sais que vous lui avez fait bonne impression… » Ah, cela se voyait tant que ça que tu n’avais pas déjeuné ? Les regards que tu jetais sur les rayons de gâteaux devaient en dire bien long si vous en étiez arrivé là … Tes joues rougirent un peu mais tu finis par lui répondre : « Vous n’avez pas à payer mon déjeuner surtout si je gagne une cliente. Oui, Sandy m’a appelé, elle a besoin d’aide sur un nouvel événement. Je n’ai pas eu le temps de la rappeler. » Dis-tu parce que c’était bien noté sur ton frigo mais tu n’avais actuellement pas eu le temps de le faire. Une serveuse ne tarda pas à venir prendre votre commande et tu commandais donc deux parts de tartes et un café avant de laisser Eliane commander. Tu avais envie de te faire plaisir aujourd’hui. Finalement, c’est Eliane qui lança le sujet : « Je suppose que vous vous demandez pourquoi je ne fais pas appel directement aux avocats de mon cabinet n’est ce pas ? » Un sourire en coin se dessina sur ton visage. Elle avait le nez, en effet cela t’intriguait beaucoup. Mais si Eliane était ici, c’est sûrement qu’elle avait une excellente raison. « Je ne peux nier être intriguée. Pour quoi avez-vous besoin de moi exactement ? » Lui demandas-tu curieuse.

Eliane répondit par l’affirmative. Oui elle allait bien. Physiquement du moins. Psychologiquement, sentimentalement c’était une autre histoire. Et elle n’allait certainement pas commencer à ennuyer Milena avec ses histoires personnelles maintenant. La jeune femme n’aimait pas étaler sa vie privée. Déjà qu’elle avait du mal à le faire avec ses amis, ce n’était certainement pas pour la déballer à une personne qu’elle venait de rencontrer. Non pas qu’elle n’avait pas confiance en Milena. Elle ne la connaissait pas tout simplement. Eli enchaina donc rapidement sur la nourriture et Sandy. Hochant la tête, elle comprenait la position de Milena. Cette dernière était en plein lancement de son cabinet, le temps était ce qui était le plus précieux.

« Ne vous inquiétez pas. Elle va revenir à la charge. Sandy est quelqu’un de très tenace… »

Elle sourit à ces mots. C’était vrai. Sans cette qualité, Sandy Clarkson ne serait pas devenue la tôlière de cette association. Eliane l’aimait beaucoup et adorait travailler à ses côtés et ce même si elle avait déserté ces derniers temps.

« Non c’est moi qui offre le déjeuner. C’est le moins que je puisse faire. »

Eli était sincère. Si Milena accepté d’aider Mary – ce dont elle ne doutait pas – cette dernière serait soulagée. Et Eliane savait que Milena prendrait cette affaire au sérieux. Elle voulu parler mais la serveuse arriva à ce moment avec leur commande. Elle attendit donc qu’elle parte et prit une gorgée de son thé. Parfait. Elle avait choisi ce café justement pour la réputation de ses boissons. Eliane n’avait jamais été déçue et elle ne l’était pas plus aujourd’hui.

« Donc voilà. Si je viens vous voir c’est pour le fils de ma secrétaire. Il a des ennuis avec la mère de sa fille avec qui il s’est séparé, réclame une pension alimentaire. Sachant que c’est lui qui a la garde exclusive de leur enfant, elle ne devrait avoir droit à rien non ? Et elle souhaite garder cette histoire privée c’est pourquoi j’ai fait appel à vous… »

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Qu’Eliane te parle de Sandy ne te surprenait pas vraiment. Elle était la raison de votre rencontre plus ou moins donc c’était normal qu’elle te questionne à ce sujet puis elle semblait bien connaître la vieille femme car cette dernière t’avait en effet contactée. Tu allais l’aider bien entendu, tu ne t’étais pas posée la question mais ta semaine était passée à une vitesse incontrôlable et tu n’avais pas eu le temps de rappeler Sandy ce que tu allais faire au plus vite. Cela ne sembla pas paniquer Eliane cependant. « Ne vous inquiétez pas. Elle va revenir à la charge. Sandy est quelqu’un de très tenace… » Tu n’en doutais pas car tu avais reçu un message de relance aujourd’hui dont tu allais t’occuper certainement après ce tête à tête avec Eliane. Montrer que tu étais impliquée dans le milieu associatif ne pouvait que te faire une bonne presse donc tu allais prendre le temps de bien faire les choses. « Oh elle m’a déjà rappelée, je l’appellerai ce soir. Vous ne participerez pas à l’organisation de ce nouvel événement ? » Demandas-tu curieuse parce qu’Eliane n’avait donné aucune indication à ce sujet et que tu étais assez curieuse de savoir la réponse. Une fois le déjeuner commandé, tu dis à Eliane qu’elle n’avait nullement besoin de payer ce qui était vrai, dans les rendez-vous professionnels, c’était toujours toi qui payais. « Non c’est moi qui offre le déjeuner. C’est le moins que je puisse faire. » Le moins qu’elle puisse faire ? Elle allait mettre quel genre d’affaire entre tes mains exactement ? Tu la regardais un peu amusée avant de lui répondre : « J’espère que vous ne comptez pas me donner une affaire impossible à gagner. » Lui dis-tu avec un sourire taquin sur les lèvres. Tu aimais les défis mais la vérité était que tu ignorais pourquoi Eliane t’avait appelée ici, tu ne savais même pas si c’était pour elle ou pour quelqu’un d’autre et tu étais intriguée de savoir pourquoi elle n’avait pas fait appel à son propre cabinet d’avocat qui avait une section droit de la famille. « Donc voilà. Si je viens vous voir c’est pour le fils de ma secrétaire. Il a des ennuis avec la mère de sa fille avec qui il s’est séparé, réclame une pension alimentaire. Sachant que c’est lui qui a la garde exclusive de leur enfant, elle ne devrait avoir droit à rien non ? Et elle souhaite garder cette histoire privée c’est pourquoi j’ai fait appel à vous… » Tu hoches la tête. Cette histoire ne te paraît pas bien difficile à régler à première vue. Mais tu sais aussi que la première vue n’est pas toujours la bonne alors tu restes sur tes gardes et tu notes dans ton carnet ce que te dit Eliane. Tu comprends pourquoi elle a fait appel à toi en effet et cela est loin de te déranger. « Non, elle n’a droit à rien. Le seul moyen pour elle de toucher une pension serait de revenir sur la garde exclusive donc si elle est déterminée c’est certainement ce qu’elle va faire. » Les femmes en recherche d’argent sont prêtes à tout, toi tu les détestes parce que c’est l’avenir et le bonheur d’un enfant avec lequel elles jouent. « Si on lui a donné la garde exclusive une première fois c’est qu’il avait de bonnes raisons. Il va me falloir son nom que je puisse éplucher ce premier jugement, parler aux personnes qui étaient là à ce moment là et au fils de votre secrétaire bien entendu. Si elle est déterminée, éviter de passer au tribunal semble difficile car les juges semblent toujours faire pencher la balance vers la mère et l’instinct maternel qui n’existe tout simplement pas chez certaine, un espèce de mythe inventé par les hommes. » Dis-tu en levant les yeux au ciel. Tu détestais ce genre de clichés et pourtant, même dans les cours de justice il était impossible de s’en défaire. « Quel âge a l’enfant ? » Demandas-tu parce que c’était aussi une information capitale.

Commencer par Sandy était une bonne chose. Après tout, c’était par son intermédiaire indirectement qu’elles s’étaient rencontrées. Une providence au vu de la situation d’aujourd’hui de Mary. Eli était contente d’avoir été au gala, d’avoir rencontré Milena et d’avoir renoué avec Sandy même si elles ne s’étaient jamais vraiment perdues de vue. Eliane sourit à l’avocate

« Oui. Nous nous sommes revues plusieurs fois et je dois faire quelques petites choses pour elle. Quand je vous disais qu’elle était très tenace… »

Le sourire d’Eli s’attendrit quelque peu à l’évocation de ce phénomène de la nature. Elle avait accepté de prendre des clichés pour son prochain gala de bienfaisance. Mais pour cela, Eli allait devoir partir au Vietnam dans les orphelinats dont s’occupait l’association en question. Ce n’était pas pour déplaire à la jolie brune. Elle avait besoin de partir quelques temps de cette ville qui l’étouffait bien trop. Elle ne savait pas trop quand partir mais cela n’allait pas tarder. Il fallait juste qu’elle boucle la négociation pour Finley avant. Mais ils avaient bien avancé donc pas de problème de ce côté-là. Restait juste le problème de son mari. Mais ça c’était une autre histoire. Elle allait surement juste le prévenir par un message laconique. Elle n’avait pas vraiment envie d’une nouvelle confrontation avec Alex. Le dernier l’avait beaucoup trop malmené pour qu’elle ait quelconque envie de recommencer. Tant pis si il le prenait mal. Ce n’était pas comme si il était si présent dans sa vie actuellement. Il était bien trop occupé ailleurs…

La commande de Milena arriva bien vite et elle laissa échapper un petit rire en entendant la jolie brune s’inquiéter du genre d’affaire auxquelles Eliane voulait la mettre.

« Non surement pas pour vous. Pour moi peut-être un peu plus ! Mais vous êtes une experte dans votre domaine Milena… »

Elle ne cherchait pas à la flatter. Eliane n’était pas du genre à lécher les bottes d qui que ce soit. Si elle faisait un compliment, elle le pensait. Dans le cas contraire, elle préférait se taire. Cela lui avait valu bon nombre de grincements de dents au sein même de son cabinet de la part de certains collègues mais à vrai dire elle s’en fichait pas mal. Elle n’était pas là pour se faire des amis et surtout jouer les hypocrites. Elle lui expliqua alors le but de ce rendez-vous qui avait dû lui paraitre bien mystérieux. Milena écoutait attentivement tout en prenant des notes. C’était une professionnelle. Puis lui posa des questions.

« Le fils de ma secrétaire s’appelle Steven Sullivan et son ex-femme Abigail Morgans. Elle a abandonné mari et enfant trois ans auparavant sans un mot d’explications. La petite a aujourd’hui cinq ans. Elle ne se rappelle même pas de sa mère. Son père est seul à l’élever et il le fait plutôt très bien. Steven est architecte à son compte. Vous avez dû voir un de ses bâtiments. La bibliothèque qui a ouvert du côté de Bayside ? C’est son œuvre. »

Elle s’interrompit pour prendre une gorgée de son thé

« Il a plutôt bien réussi. Récemment, il a rencontré quelqu’un et souhaite refaire sa vie. Il a donc entamé les démarches pour le divorce. Sauf qu’Abigail réapparait comme une fleur et déclare qu’elle veut reprendre leur fille… »

Nouvelle pause…

« Euh… Milena… Il faut que vous sachiez que son avocat est Anthony Peters… »

Anthony Peters ou l’un des avocats les plus réputés en matière de divorce…

« Je comprendrais que vous refusiez l'affaire... Vous venez à peine d'ouvrir votre cabinet... », murmura-t-elle

« Oui. Nous nous sommes revues plusieurs fois et je dois faire quelques petites choses pour elle. Quand je vous disais qu’elle était très tenace… » Clairement cette femme avait des doigts de fée. Elle arrivait à tous vous faire travailler un petit peu pour elle dans vos heures creuses pour l’aider dans son association. Mais c’était pour la bonne cause alors pourquoi s’en priver ? De ton côté, tu ignorais ce qu’elle t’avait réservé n’ayant pas encore eu le temps de la rappeler. Tu le feras après ton entrevue avec Eliane, une entrevue qui t’intriguait beaucoup parce que tu sentais que la jeune femme ne t’avait pas contactée pour parler de ton engagement associatif. « Si elle ne l’était pas son association ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. » Dis-tu simplement parce que cela demandait beaucoup d’investissement de diriger une association. Trouver des bénévoles dans le monde d’aujourd’hui n’était pas chose facile, tu avais assez entendu ta mère se plaindre des nouvelles générations à ce sujet pour le savoir. Tu avais toujours fait du bénévolat de ton côté, plutôt forcé par ta mère mais refuser n’avait jamais été une option. Tu ne pus t’empêcher de taquiner un peu Eliane en lui faisant remarquer que si elle te confiait une affaire impossible cela allait être compliqué. Tes tartes arrivèrent alors qu’elle te répondait : « Non surement pas pour vous. Pour moi peut-être un peu plus ! Mais vous êtes une experte dans votre domaine Milena… » Tu hoches la tête. En effet, tu aimais penser que tu étais une experte dans ton domaine. Tu t’étais spécialisée assez tôt dans cette discipline, une discipline qui te plaisait mais qui avait déçue ton père qui te voyait reprendre son cabinet d’affaire. Mais non, tu l’avais assez vu magouiller pour savoir que ce n’était pas le genre de clients que tu voulais défendre et aujourd’hui encore, tu ne regrettais nullement ton choix. L’important c’est être la meilleure, peu importe le domaine. Ton esprit compétitif ressortait souvent. Une fois qu’Eliane te décrit la situation, tu lui posais quelques questions auxquelles elle ne tarda pas à répondre : « Le fils de ma secrétaire s’appelle Steven Sullivan et son ex-femme Abigail Morgans. Elle a abandonné mari et enfant trois ans auparavant sans un mot d’explications. La petite a aujourd’hui cinq ans. Elle ne se rappelle même pas de sa mère. Son père est seul à l’élever et il le fait plutôt très bien. Steven est architecte à son compte. Vous avez dû voir un de ses bâtiments. La bibliothèque qui a ouvert du côté de Bayside ? C’est son œuvre. » Tu hoches la tête, en effet tu vois de quoi elle parle. « C’est un très beau bâtiment. » Te contentas-tu de dire alors qu’Eliane continuait : « Il a plutôt bien réussi. Récemment, il a rencontré quelqu’un et souhaite refaire sa vie. Il a donc entamé les démarches pour le divorce. Sauf qu’Abigail réapparait comme une fleur et déclare qu’elle veut reprendre leur fille… Euh… Milena… Il faut que vous sachiez que son avocat est Anthony Peters… Je comprendrais que vous refusiez l'affaire... Vous venez à peine d'ouvrir votre cabinet... » Tu as levé la tête à l’évocation de ce nom qui te fait froid dans le dos. Pas parce que tu as spécialement peur d’affronter cet homme dans un tribunal mais parce qu’Anthony Peters est le genre d’avocat qui n’a pas vraiment beaucoup de scrupules et à qui cela ne dérange pas d’infliger du malheur à des enfants pour gagner un procès. Cet homme est vraiment un connard … Mais Eliane vient de te mettre entre les mains le dossier qui peut propulser ton cabinet à un autre niveau. Elle vient de te donner une opportunité en or, une opportunité qu’elle pense que tu vas refuser. « Anthony Peters est un homme sans scrupules qui ne pense qu’à gagner des procès mais je n’ai pas spécialement peur de l’affronter. » Dis-tu en prenant un morceau de tarte. « De ce que vous me dîtes, le fils de votre secrétaire a mis toutes les chances de son côté. Oh je ne doute pas qu’Anthony sera très fort pour retourner la situation mais il n’a pas la main sur ce dossier et il doit le savoir. » Une mère qui abandonne son enfant pendant trois ans sans aucun contact et qui revient comme une fleur, cela ne donne pas une très bonne image de la mère. Du côté du père, il n’y aurait rien à redire, si son casier était vierge, il a une bonne situation et a montré pendant trois ans qu’il pouvait bien s’occuper de son enfant, c’était l’essentiel. La petite ayant cinq ans, elle ne pourra pas témoigner malheureusement. Par contre, il reste une zone d’ombre sur laquelle tu es certaine qu’Anthony va jouer. « Sa nouvelle petite amie, vous la connaissez ? Qu’est-ce que vous pouvez me dire à son sujet ? » Demandas-tu à Eliane en continuant à manger. Elle sera votre point faible, votre talon d’Achilles.

Eliane sourit à ce que lui dit Milena sur Sandy. Si ce n’était qu’une seule association ! Non, Sandy était à la tête d’un véritable empire. Elle avait réussi le tour de force à ce que toutes les associations passent par son comité pour récolter le plus de fond possible. Elle les triait sur le volet et veillait scrupuleusement à ce que les activités soient bien d’ordre caritatif. Ainsi, les donateurs savaient en versant qu’ils avaient donné à une œuvre de bienfaisance sérieuse et non à des associations de pacotille. Malheureusement, beaucoup trop de gens peu scrupuleux en faisaient leur fonds de commerce en profitant de la générosité des personnes pour s’enrichir. Cela avait de quoi en révolter plus d’un, Eliane la première.

Elles en vinrent rapidement à la raison pour laquelle Eli avait appelé Milena. L’affaire de Mary lui tenait bien trop à cœur pour qu’elle laisse sa secrétaire prendre n’importe qui. La jeune femme expliqua dans les grandes lignes l’affaire de Steven. Mais Milena en professionnelle, lui posa bientôt d’autres questions auxquelles elle répondit du mieux qu’elle put. Heureusement pour elle, Mary avait l’habitude de lui raconter par le menu détail toute sa vie. Cela la soulageait de ses soucis et Eli accordait bien volontiers ce temps à sa secrétaire. Mary avait été là pour elle lorsque stagiaire intimidée, elle avait fait ses débuts dans le cabinet. Elle n’avait pas hésité à la prendre sous son aile, à la guider, la conseiller. C’était cette complicité de départ qui avait fait qu’Eli avait réussi à l’avoir en tant que secrétaire lorsqu’elle était passée avocate à part entière.
Mais si elle voulait que Milena prenne conscience de l’ampleur du dossier, elle ne pouvait pas ne pas lui parler de l’avocat de la partie adverse. Anthony Peters. Eli qui n’était pourtant pas spécialisée dans cette branche, avait déjà entendu parler de lui. De toute façon, il faisait partie du cabinet concurrent au sien et dont les pratiques semblaient être valeur commune. Si on pouvait appeler cela valeur bien entendu. La jeune femme avait toujours mis un point d’honneur à ne pas travailler « salement » et entendait de la part de ses clients la même probité. Elle avait déjà refusé plusieurs dossiers que voulait lui confier son patron parce qu’elle estimait que son intégrité ne serait pas respecté. Et c’est cette force de caractère qui lui avait valu le respect de ce dernier. Il faisait davantage attention maintenant à ce qu’on pouvait donner à l’avocate.

Milena enchaina ensuite sur le deuxième point noir de l’affaire. La nouvelle amie de Steven. Eliane se crispa légèrement. Elle était consciente que cela risquait de jouer en défaveur de Steven…

« Et bien… », hésita-t-elle.

Puis soufflant un bon coup, elle continua

« Et bien c’est le deuxième gros point noir avec Anthony Peters. Astrid, c’est le nom de sa nouvelle compagne, a été strip-teaseuse avant de retrouver un poste en tant que assistante de direction… »

Elle regarda Milena consciente que cette dernière n’allait pas vraiment apprécier ce détail.

« Astrid n’a fait ce travail que pour pouvoir se payer ses études. Dès qu’elle a été diplômée, elle a arrêté… »

Le problème des disputes de garde d’enfant c’est que c’est le genre de procès où tout est permis. Tu es certaine qu’Anthony n’hésitera pas à éplucher le dossier judiciaire d’Anthony, à faire éplucher ses réseaux sociaux et toutes sortes de pratiques auxquelles tu devais t’attendre. Ton futur client avait un avantage certain dans cette affaire mais cela ne voulait pas dire que cet avantage vous donnait une victoire à coup sûr. Avec des méthodes comme celles d’Anthony, il fallait s’attendre à tout et surtout au pire pour le coup. Voilà pourquoi tu posais beaucoup de questions à Eliane, pour avoir une idée de ce dans quoi tu te lançais. Il allait falloir que tu rencontres cet homme et sa compagne bien entendu, peut-être sa fille pour savoir ce qu’elle pensait de la situation. Et tu allais être très claire dès le début, il fallait que tu saches tout dans les moindres détails. Tu savais garder un visage fermé quand on te prenait par surprise mais tu détestais ça et tu refusais qu’il t’arrive une chose pareille dans un procès. Tu commençais toujours les choses ainsi avec tes clients, il fallait une transparence absolue. Certains avaient plus de mal que d’autres mais la moindre zone d’ombre était une raison de plus de perdre la main et donc le procès. Et dans ce que venait de te raconter Eliane, ta zone d’ombre était cette nouvelle compagne. « Et bien… Et bien c’est le deuxième gros point noir avec Anthony Peters. Astrid, c’est le nom de sa nouvelle compagne, a été strip-teaseuse avant de retrouver un poste en tant que assistante de direction… Astrid n’a fait ce travail que pour pouvoir se payer ses études. Dès qu’elle a été diplômée, elle a arrêté… » Tu ne juges pas, tu sais que tout le monde n’a pas eu la même chance que toi à la naissance. Tout le monde n’a pas vu le jour avec un compte en banque déjà assez rempli pour faire ses études. Tu peux comprendre la nécessité de ce genre de travail, cela paye bien mieux que d’être serveuse mais dans le cas actuel, tu ne pouvais que grincer des dents. C’était évidemment là-dessus qu’Anthony allait miser, tu le voyais déjà venir à ce sujet. Il allait falloir que tu rencontres cette femme, que tu voies qui elle était pour voir comment contourner ce problème, mettre en avant les bons arguments au bon moment. « Je ne vous cache pas que c’est un détail qui risque de venir entacher le fils de votre secrétaire qui avait jusque là un dossier parfait. » Mais on ne choisit pas de qui on tombe amoureux alors tu n’allais pas lui mettre tous les maux du monde sur le dos, tu n’étais pas là pour ça de toute manière. « Comment il l’a rencontrée ? Elle était toujours strip-teaseuse à cette époque ? » Si la réponse était non, tout ne sera pas perdu. Personne ne peut avancer qu’une ancienne strip-teaseuse ne peut pas s’occuper d’un enfant surtout si elle est maintenant bien rangée et que tu peux avoir une lettre d’éloges de son patron. Si la réponse était oui, là vous rentriez dans une zone d’ombre qui pourrait vous coûter le procès car un père qui rencontre sa copine pendant qu’elle est strip-teaseuse cela ne fait pas vraiment bon effet il ne faut pas se le cacher.

HRP:

En voyant que Milena n’avait pas plus tiqué que ça à l’annonce de l’ancien métier d’Astrid, Eliane sut qu’elle avait fait le bon choix. Non pas qu’elle avait beaucoup de doute quant au professionnalisme de Milena mais cette affaire n’était pas si simple qu’elle le paraissait de prime abord. Elle hocha la tête signe d’assentiment. Elle comprenait le point de vue de l’avocate. Sans l’ancien métier de la fiancée de Steven, ce dernier aurait tout à gagner dans cette affaire. Astrid avait bien essayé de le quitter pour qu’il puisse vivre une vie avec une femme « sans passé » mais il ne l’avait pas laissé faire. Eliane avait suivi toute leur histoire, Mary ne lui ayant épargné aucun détail. C’était d’ailleurs l’avocate qui avait poussé la vieille femme à rencontrer celle dont son fils était amoureux. Elle avait craint au départ que son fils ne soit tombé dans les filets d’une arriviste comme quoi les préjugés avaient la vie dure. Mais elle était elle aussi tombée sous le charme de la jeune femme. De la douce Astrid. Eli les avait rencontré plus d’une fois car reçue en intime chez sa secrétaire. Elle avait eu la chance de voir la petite Sally grandir sans manquer d’aucune affection. Elle était aujourd’hui une petite fille très gaie et vive. Elle adorait Astrid qu’elle considérait comme sa maman.

« Il l’a rencontré en allant chez un client. Il l’avait déjà vu dans un club de strip-tease deux auparavant lorsqu’il avait fêté l’enterrement de vie de garçon. Astrid avait été leur strip-teaseuse. Mais ils n’avaient pas gardé contact. C’est un pur hasard qu’ils se soient revus… »

C’était une belle histoire que la leur et Eliane ne voulait pas que cela s’arrête maintenant. C’était bien trop rare.

« Je sais que ce n’est pas une affaire simple Milena. Mais Astrid et Steven s’aiment réellement. Elle a même voulu rompre leurs fiançailles car elle est consciente que son passé risque d’être un frein à cette affaire… Mais l’amour ne se commande pas n’est-ce-pas ? »

Eli avait eu un petit sourire triste en disant cela. Il y avait tant de relations de gâché pour des broutilles. Il fallait faire d’énormes efforts pour qu’un couple fonctionne. Elle était bien placée pour le savoir…

« Sally la considère comme sa maman… Elle n’a aucun souvenir de sa mère biologique… »

Elle laissa passer un silence et en profita pour prendre une gorgée de son thé.

« Vous en pensez quoi Milena ? Quelles sont ses chances ? »

C’était ton métier de trouver des solutions à ce genre de dilemme. Enfin un dilemme c’était vite dit. Tu avais eu pire comme histoire qu’un architecte qui tombe amoureux d’une ancienne strip-teaseuse. Tu avais vu pire mais tu avais aussi vu mieux. Cependant, il allait falloir faire avec les cartes que l’on te mettait sous la main, il allait juste falloir être plus malin que ce cher Anthony et penser toujours à son prochain coup, jamais celui qu’il prépare là tout de suite. Une affaire comme celle-là, c’est le genre d’affaire que tu aimes car il y a juste assez de complications, un défi à relever plus qu’autre chose car Anthony sait que ton client a tous les atouts malgré son choix de compagne. Donc il ne vous restait plus que cette solution, il allait falloir être malin et surtout il allait falloir travailler en équipe et en toute transparence. Voilà une règle que tes clients ont des fois du mal à accepter mais tu refuses de te faire surprendre au tribunal, devant le juge. Tu as appris de tes erreurs et ça c’est terminé. Tu ne juges personne, tu n’es pas là pour dire à tes clients comment mener leur vie mais il te faut toutes les informations un point c’est tout. « Il l’a rencontré en allant chez un client. Il l’avait déjà vu dans un club de strip-tease deux auparavant lorsqu’il avait fêté l’enterrement de vie de garçon. Astrid avait été leur strip-teaseuse. Mais ils n’avaient pas gardé contact. C’est un pur hasard qu’ils se soient revus… Je sais que ce n’est pas une affaire simple Milena. Mais Astrid et Steven s’aiment réellement. Elle a même voulu rompre leurs fiançailles car elle est consciente que son passé risque d’être un frein à cette affaire… Mais l’amour ne se commande pas n’est-ce-pas ? » Tu es sincèrement heureuse qu’ils n’aient pas rompu leurs fiançailles car cela aurait été complètement inutile et aurait discrédité le fils de la secrétaire d’Eliane. Si cet homme était sorti avec Astrid durant plus d’un mois, qu’ils soient toujours ensemble ou séparés aujourd’hui n’aurait rien changé, cela aurait été un argument pour Anthony. Et pire encore, il aurait pu plaider pour un foyer instable où des femmes se succèdent. « Sally la considère comme sa maman… Elle n’a aucun souvenir de sa mère biologique… Vous en pensez quoi Milena ? Quelles sont ses chances ? » Ah … Voilà qui était quelque chose d’intéressant, quelque chose dont tu allais définitivement pouvoir te servir. L’attachement de la belle-mère et de la fille, cela jouerait énormément surtout si tu arrivais à montrer au juge que ce n’était pas joué mais naturel. Il allait falloir réfléchir à tout cela en détail mais ton plan d’action commençait à se former petit à petit dans ton esprit. Bouchant ton stylo, tu fermais ton carnet avant de regarder sérieusement Eliane. « Steven a toutes ses chances. Il est le père de l’enfant et s’est bien occupé d’elle quand la mère de la petite l’a abandonnée. C’est un point positif pour nous. Mais rien n’est gagné. Malheureusement pour lui, je doute que sa situation se règle à l’amiable donc il faudra passer par le tribunal. » Tu ne savais pas ce que cherchait la mère de la petite mais employer un avocat comme Anthony simplement pour récupérer un peu d’argent ne te paraissait pas raisonnable. « Par contre, si je me lance dans cette affaire, je dois rencontrer au plus vite Steven, Astrid et la petite. Il est important que je sache les moindres détails du départ de la mère biologique de l’enfant, de leur histoire, de tout en réalité. Il est primordial que je n’apprenne rien de nouveau quand je me retrouve à la barre car tout dans cette histoire peut être tourné de la bonne manière si rien ne m’échappe. » Dis-tu le plus simplement du monde. C’était tes conditions à toi, à prendre ou à laisser.

L’attitude de Milena avait de quoi en rassurer plus d’un et Elaine savait que du moment où elle avait accepté l’affaire, elle ferait tout pour gagner. Elle n’était pas du genre à bâcler ce qu’elle faisait. Eliane savait aussi que si la réussite souriait à la brune dans ce cas, elle aurait là une belle victoire à son actif. Bien qu’elle ne soit pas dans la même spécialisation, Eliane s’y intéressait beaucoup. Après tout, c’était l’une de ses trois hésitations avant de s’engager dans le droit des sociétés. Et elle savait que Peters n’était pas un enfant de cœur loin de là. Et comme Milena, elle ne comprenait pas les intentions d’Abigail avec un avocat tel que lui. Steven n’était pas riche du moins pas encore. Il était sur plusieurs gros chantiers et on parlait de lui pour un autre de plus grande envergure et si c’était bien lui qui remporterait ce chantier, il allait devenir très célèbre. C’était Mary qui lui en avait parlé toute fière de son fils. Elle connaissait la famille de sa secrétaire et considérait son fils comme un bon ami. Elle avait ses intérêts à cœur.

Eli hocha la tête à la réponse de Milena. Elle en était arrivée à la même conclusion. A vrai dire, sans Anthony Peters, elle aurait été même tentée de défendre elle-même Steven. D’ailleurs Mary le lui avait demandé mais avec Peters dans la balance, Eliane avait jugé plus prudent de ne pas trop s’avancer. Elle avait toute confiance en Milena pour réussir cette entreprise.

« Je me doutais de ce que vous alliez demander. »

Elle lui tendit la carte de Steven où au dos, elle avait rajouté les numéros personnels de ce dernier, celui d’Astrid et même celui de Mary.

« Vous avez là toutes les coordonnées nécessaires de Steven, Astrid et même Mary la mère de Steven. J’ai également demandé à Steven de se procurer des attestations de toute personne ayant eu à les côtoyer prouvant qu’ils forment une vraie famille »

Elle savait que c’était sur ça qu’ils allaient jouer. Il fallait montrer que Steven s’occupait à merveille de sa fille et qu’Astrid était comme une mère pour la petite Sally.

« Ils doivent réunir les témoignages de l’institutrice de Sally, des voisins, de la prof de danse de la petite… Bref du plus de monde possible. Et ils se tiennent à votre disposition Milena. Votre heure est la leur. Steven a fait de Sally sa priorité depuis sa naissance. »

Elle laissa un petit silence avant de rajouter doucement

« Je vous remercie d’accepter de vous occuper d’eux Milena… »

Cette affaire qui paraissait pourtant si simple avait arrêté de l’être très rapidement. Il avait suffit du nom de l’avocat de la mère de l’enfant et de la personne partageant la vie du père aujourd’hui. Tu le savais et Eliane le savait aussi, dans ce dossier ce sera votre plus grand fardeau et il allait falloir trouver tous les moyens possibles et inimaginables de les contourner. Vous aviez les atouts de votre côté mais comme chacun le sait, les cours de justice aiment donner un avantage aux mères le plus souvent donc il n’allait falloir à aucun moment baisser sa vigilance. Voilà pourquoi tu posais tant de questions à Eliane, voilà pourquoi tu tenais tant à tout savoir. Quand tu prenais de nouveaux clients, tu passais un contrat avec eux. Ils devaient tout te dire, tout dans les moindres détails pour ne laisser aucune zone d’ombre. S’ils ne le faisaient pas et que cela se retournait contre toi durant le jugement alors ils ne pouvaient pas se retourner contre toi. C’était aussi simple que cela. Tu ne gagnais pas toujours mais tu gagnais souvent et tu préférais assurer tes arrières plutôt que de te faire avoir comme une débutante. « Vous avez là toutes les coordonnées nécessaires de Steven, Astrid et même Mary la mère de Steven. J’ai également demandé à Steven de se procurer des attestations de toute personne ayant eu à les côtoyer prouvant qu’ils forment une vraie famille » Tu attrapes la carte qui t’es tendue en hochant la tête. Très bien, c’est un point positif. Tu ne sais pas si tu auras besoin de témoignages de personnes affirmant qu’ils sont une vraie famille mais cela peut toujours servir. Et puis si toi tu vas rencontrer ces gens entourant ce couple, tu pourras peut-être y trouver exactement ce que tu cherches. « Ils doivent réunir les témoignages de l’institutrice de Sally, des voisins, de la prof de danse de la petite… Bref du plus de monde possible. Et ils se tiennent à votre disposition Milena. Votre heure est la leur. Steven a fait de Sally sa priorité depuis sa naissance. Je vous remercie d’accepter de vous occuper d’eux Milena… » Une chose est sûre et certaine, ces gens sont réellement prêts à se battre. Tu n’avais jamais envisagé qu’ils seraient déjà en train de s’organiser alors que pour l’instant, aucune stratégie n’avait été mise en place. Il ne fallait pas se précipiter non plus, cela ne servirait strictement à rien et serait contre productif. « Je vous remercie de toutes ces informations. J’appellerai Steven cette après-midi pour convenir d’un rendez-vous. Mais dites-leur de se calmer sur les témoignages. Sans stratégie, ils ne peuvent savoir de qui ils auront besoin. Si la mère de la petite est aussi déterminée qu’elle le laisse paraître, c’est au tribunal que j’aurai besoin de ces témoins, pas sur des enregistrements vidéo. » Dis-tu avant de ranger la carte et ton carnet dans ton sac. Regardant l’heure, tu vis qu’il était temps que tu retournes au cabinet. Tu terminais la dernière bouchée de ta tarte avant de dire à Eliane : « Merci beaucoup de m’avoir appelé, je ferai tout mon possible pour votre amie. » Dis-tu avant d’ajouter : « Je dois retourner au cabinet par contre, j’ai un rendez-vous qui m’attends. Merci pour ce petit moment de plaisir gustatif. » Dis-tu à Eliane avec un clin d’œil avant de la saluer une dernière fois et de reprendre la direction de ton travail. Oui, cette petite pause avait été fort productive …

the end