La première nuit à la maison, avec ma fille, avait été impressionnante. Je n’en revenais toujours pas que ce tout petit bout de chou était le mien, que j’avais pu rentrer avec. Je n’en revenais surtout pas que cet enfant, cette si jolie fille soit la mienne. J’ai rêvé de l’avoir depuis tellement d’années, depuis près de 20 ans qu’il me faudra certainement encore plus de temps pour réaliser. Le fait que je ne sois pas avec le père, ça aussi ça me perturbait. Pourtant, c’est ce que je voulais quand Luke m’a quitté, je ne voulais plus d’homme dans ma vie et surtout avoir un enfant seule. Mais aujourd’hui, ce n’est plus ce que je désirais. Non pas que je ne me sens pas d’élever Victoria toute seule, mais surtout parce que je n’en avais pas envie. La situation me rend totalement perplexe et pensive pendant que je regarde ma petite fille dormir dans son berceau. Je lui avais parfaitement bien préparé sa petite chambre pour l’accueillir et j’avais prévu de rester des heures dans cette chambre. Je ne savais d’ailleurs pas depuis combien de temps j’étais là quand ma jumelle me téléphona. Elle était soit arrivée, soit en retard. Finalement ce fut la première option, et si Delilah avait déjà rencontré Victoria, ce n’était pas le cas de Noëllie. J’activais alors le baby phone et en prenais un avec moi avant d’aller leur ouvrir. Heureusement que ma jumelle eut le bon réflexe de m’appeler plutôt que de sonner. Bonjour les filles. Je leur souriais à toutes les deux avant de venir prendre ma sœur dans les bras et de déposer un baisé sur le front de ma si jolie nièce. La lumière du jour était aveuglante et je me rendais compte que je n’avais vraiment pas beaucoup dormi. Mais je m’en fichais bien, après tout c’était pour la bonne cause, c’est pour ma fille. Allez y, rentrez, j’ai préparé le goûter. Oui, j’avais tout de même pris le temps de préparer un bon gâteau, le préféré de Noëllie, parce que oui, j’adore gâter ma petite nièce et ça ne changera jamais même avec Victoria dans ma vie à présent. Même si bon, j’avais surtout commandé le gâteau de la meilleure pâtisserie de la ville avec quelques boissons sucrées pour l’accompagner. Oui, j’ai eu l’envie de prendre du champagne, mais mon estomac n’est pas encore prêt.

Ma petite nièce me fit rire quand elle me demandait si je ne pouvais pas la prendre dans mes bras. Elle comprenait et pour ça, je l’admirais. Elle grandit et murit à une vitesse folle surtout. C’est vraiment une Priest, une femme intelligente et je suis fière qu’elle porte notre nom. Enfin, non, pas vraiment, elle porte celui de son père, mais pour moi, elle est et restera à jamais une Priest. Je confiais alors à ma nièce au creux de son oreille avant de lui parler du goûter Promis, quand Victoria aura un peu grandit, je te reprendrais dans les bras. Parce que la fatigue était prédominante en ce moment et avec l’accouchement et tout ce que je devais porter en plus de Victoria, mon dos me faisait souffrir. Sauf que j’aime faire plaisir à Noëllie, il est donc facile pour moi de lui promettre beaucoup de choses, que je fais toujours en sorte de pouvoir tenir. C’est alors qu’elle se demandait ce que j’avais bien pu préparer pour le goûter La meilleure tropézienne de toute la ville ! J’espérais bien oui que ça lui ferait plaisir. Mais en même temps je ne prenais aucun risque vu que je savais très bien que c’était son préféré. Qu’est-ce que je ne ferais pas pour elle ! Pour ma jumelle aussi bien sûr ! Et c’est vrai qu’on n’avait jamais eu le temps de reparler de notre discussion de la dernière fois. Je me demandais si elle avait fait de qu’elle avait promis. Loin de là l’envie qu’elle s’y prenne rapidement, au contraire. J’espérais juste qu’elle ne m’en parlerait pas aujourd’hui. Du moins pas devant sa fille. Mais on va d’abord voir Victoria, vous en pensez quoi ? Parce que oui, à la base elles étaient venues pour la voir. Il y avait des chances pour qu’elle soit réveillée en plus de cela.

Ce n’était pas parce que je venais d’être maman que j’en oubliais que j’étais Tatie. J’avais vu grandir la jolie Noëllie, la première de la nouvelle génération. Je ne pouvais donc pas l’oublier ou faire comme si elle ne comptait plus tant que ça, puisqu’elle compte toujours autant à mes yeux. Alors oui, je lui avais acheté l’un de ses gâteaux préférés. Parce que oui, mademoiselle est vorace concernant les sucreries, et je ne connais pas encore tous ses goûts. Elle non plus je pense. Elle me demandait d’ailleurs à quelle saveur la tropézienne était. Je souriais et attendais que la maman fasse son devoir. J’ai toujours trouvé ça tellement adorable, que oui, il me tarde tellement d’être une aussi bonne mère que ma jumelle. Quand ma nièce eut promis de faire attention, je lui répondais Elle est à la vanille. Lui informais-je avant de lui envoyer un petit clin d’œil complice. Heureusement que je n’en avais pas acheté deux, parce que oui, j’avais été tenté. Mais finalement, j’avais bien fait. Je leur proposais tout de même d’aller voir mon nouveau petit ange. Victoria n’avait que quelques jours. Elle était si fragile que parfois, même moi j’avais peur de la casser. Alors forcément, je comprenais l’inquiétude de Delilah quand Noëllie sauta au plafond face à cette proposition. Sourire aux lèvres, j’étais fatiguée, mais tellement ravie de pouvoir leur présenter ma fille que j’ouvrais tout de suite le pas pour aller à l’étage des chambres. Ma maison était grand oui, et parfois quand ma nièce venait ici, elle courrait tout le long des couloirs, que ce soit à l’étage ou au rez-de-chaussée. Mais plus elle grandissait, plus elle préférait passer du temps dans sa salle de jeux. Salle de jeux qui était toujours là. L’avantage c’est qu’elle allait pouvoir faire découvrir tous les jouets à sa cousine bientôt. Je poussais délicatement la porte de la spacieuse chambre de ma fille et y rentrais. Elle commençait à s’agiter, à gazouiller. Elle était donc bien réveillée. Je la récupérais, délicatement et venais m’installer dans mon fauteuil pour que Noëllie puisse elle aussi lui dire bonjour. Tu ouvres les yeux Victoria ? Dis bonjour à ta tatie et à ta cousine. Ses yeux bleus clairs peinaient à s’ouvrir, le réveil était dur. Mais elle était en bonne voie.

Le réveil était difficile pour ma petite. Elle est si belle, si parfaite, j’avais encore du mal à me rendre compte qu’elle provenait de moi. Alors qu’elle provienne aussi de Gabriel, c’était assez … impressionnant. Surtout qu’on avait arrêté de se fréquenter peu avant que j’apprenne être enceinte. Cette relation était malsaine, elle m’entraînait dans un gouffre qui m’empêcher de raisonner normalement. Mon cœur battait bien quand je le voyais. Surtout pendant ces vacances qu’on avait passées ensemble. Je m’étais rendue accro à lui et ça a été le déclic nécessaire pour tout arrêter. Mais c’était aussi ce moment-là où on avait procréé ce bel amour. Non, Victoria qui elle-même un bel amour, à ne pas confondre. Je m’étais donc installée dans mon fauteuil pour que Noëllie puisse voir le si fin visage de sa cousine. Son compliment me fit plaisir, et celui de ma sœur me fit légèrement rire Merci les filles. J’espère qu’elle restera aussi blonde que nous, ça m’embêterait qu’elle prenne les cheveux de son père. Je riais de nouveau légèrement, histoire de ne pas brusquer Victoria, me disant que j’espérais trouver un trait de son père chez elle. Je sais, je me contredis sans arrêt et ça m’énerve, mais ces sentiments, je préfère les enfouir, je ne les accepterais jamais. Je ne peux pas me le permettre. Je laissais faire ma jumelle quand elle tendit sa main vers ma fille dans l’espoir d’avoir un contact. C’était le moment idéal, elle était en mode papouille des mains, elle ouvrait et refermait très souvent les mains pour agripper toutes ces nouvelles choses qui se trouvent autour d’elle. Elle ouvrait de plus en plus les yeux, jusqu’à finalement réussir à agripper un doigt de sa tante. Elle ne le lâchait plus et je me suis mis à rire Elle reconnait sa chair et son sang. Tu veux la prendre ? Proposais-je alors à mon double. J’espérais bien qu’elle me dise oui. Avoir enfin un enfant devait lui faire autant plaisir que moi le jour où Noëllie est née. Bien sûr pour moi c’est bien plus fort ce moment, je ne suis plus toute jeune et je pensais ne jamais avoir un si adorable et parfait bébé. Grâce à la médecine et à Gabriel, c’était aujourd’hui possible.

Même si c’était ma sœur et ma nièce qui rencontrait pour la première fois ma fille, je me sentais vraiment émue. Et tellement heureuse. Je n’avais pas ressenti un tel bonheur depuis que Luke m’avait quitté. J’en avais même oublié le goût. Je ne sais pas si c’est juste le fait d’avoir enfin mon enfant ou si c’est Gabriel qui me rend aussi dans un pareil cas. Peu importe la cause, je ne voulais plus jamais qu’il parte. Je me sens assez meurtrie de l’intérieur pour ne pas avoir ce bonheur. Si je le perds de nouveau, il y a de fortes chances pour que je me perde également. Je comptais bien passer toutes les épreuves à présent, je me sentais prête, forte de nouveau et pas seulement parce que je le voulais, mais parce que je m’en sentais vraiment capable. Comme jamais. Oui, je me sentais bien plus heureuse que lorsque j’étais encore jeune adulte et amoureuse de Luke. Parce que je n’avais pas pu avoir ce bonheur, le bonheur d’avoir cette petite chose toute fragile dans mes bras. Petite chose qui était passée dans les bras de sa tante après avoir à peine aperçu sa cousine. Il viendra un temps où elle ne verra qu’elle, j’en suis persuadée. N’ayant pas de frères et sœurs, j’espère qu’elles seront tout aussi proches pour se sentir moins seule. Mais je ne me fais guère plus de soucis que ça. Je me relevais alors de mon fauteuil et prenais la main de ma jolie nièce Et si on allait manger ce goûter ? Je lui souriais avec tendresse, parce que j’adore vraiment cette gamine, j’y voyais bien trop ma jumelle. Je l’entrainais alors avec moi jusqu’à la cuisine alors que ma sœur portait sa nouvelle petite nièce. Je sortais la tropézienne du frais et commençais à couper les parts pour les répartir dans des assiettes et les installer à table Vous voulez boire quoi avec les filles ?

Une fois que Victoria fut bien installée dans les bras de sa tante, je proposais d’aller prendre ce fameux goûter. J’avais eu faim pendant ma grossesse oui, mais je me surprenais à avoir encore très faim même encore aujourd’hui. Pas autant, évidemment, mais à croire que mon corps sentait qu’il lui manquait quelque chose. Pourtant, Victoria n’était restée que neuf mois, et pourtant il s’était si bien habitué. Surtout avec la nourriture. Il me tardait vraiment de pouvoir reprendre le sport et surtout mon activité professionnelle. Mais je n’avais accouché il n’y a même pas une semaine, je n’allais pas pouvoir faire tous ces efforts physiques bien rapidement. Je n’en ai pas la force. J’ai juste assez de force pour m’occuper de ma fille et pour recevoir comme il se devait ma petite famille. Je nous servais trois bons verres de jus de fruit accompagnés des parts de la tropézienne. Je m’installais à table avec elles et demandais à ma sœur Bon et toi, c’est quoi tes nouvelles depuis le temps ? Oui, parce que même si elles étaient venues me voir, moi et Victoria, je voulais quand même savoir ce qu’il y avait de nouveau dans la vie de ma sœur. Ou même de ma nièce. Parce que franchement, je n’allais pas pouvoir leur raconter grand-chose vu mon état léthargique depuis que j’ai accouché. Il ne m’arrive rien de bien palpitant. Même si pour moi, m’occuper de mon enfant est totalement nouveau et une sacrée aventure en soit. C’était bien loin de ce que j’avais pu m’imaginer. C’est encore plus beau, plus dur et plus stressant. J’ai eu beaucoup de mal à trouver le sommeil, et j’arrive à peine à me faire à son rythme. Non, le mien, je l’ai perdu depuis qu’elle est née, je ne vis à présent que pour elle, et je ne pensais pas en être capable, du moins, pas à ce point-là.

Le goûter entamé, Noëllie le dévora. Chose qui me fit bien sourire. Et elle ne demandait même pas à être resservie. Delilah doit être contente. Elle n’aurait pas à essuyer les maux de ventre de sa fille. Victoria semblait d’ailleurs être bien installée dans les bras de sa tante, même si cette dernière ne semblait pas si à l’aise. Elle ne portait pas souvent des bébés, même si la famille s’était agrandit du côté du père de Noëllie. Je ne savais même pas si elle les fréquentait beaucoup d’ailleurs. Peu importe. Ma nièce me demandait de quoi faire des dessins. Mais pour elle, j’avais tout ce qu’il lui fallait. Je t’ai installé de quoi faire bien plus dans ta petite chambre. Petite chambre qui était davantage une salle de jeux à ce stade. Surtout qu’elle était loin d’être petite. Elle s’était dépêchée d’aller récupérer tout le matériel nécessaire avant de se mettre à notre vue dans le salon.  J’en profitais pour avoir un peu plus de nouvelles de ma jumelle. Après tout, avec toute cette folie qui m’arrivait entre Gabriel, Victoria et notre père, je n’avais pas beaucoup pris de ses nouvelles. Quand elle me confiait ne pas avoir grand-chose, j’eus une légère déception. Je buvais alors une gorgée de mon jus avant qu’elle ne rajoute qu’elle fréquentait un de ses collègues. Mon visage s’illumina et un large sourire prit place. Je la voyais un peu perplexe, mais je m’en fichais bien, j’étais ravie pour elle, parce que j’avais bien cru qu’elle ne voulait plus d’homme dans sa vie depuis que ça s’est terminé avec son ex. Je pensais même qu’ils n’allaient pas arrêter de repartir et revenir l’un vers l’autre. Tout n’est pas terminé en même temps, on n’est jamais à court de surprise. Mais c’est fantastique ! Et il s’appelle comment ? Qu’il soit dans sa branche ou non, on s’en fiche bien, le principal c’est qu’elle fréquente un nouvel homme, enfin !

HRP: