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 (helleena) ● ne le dis à personne.

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Message(#) Sujet: (helleena) ● ne le dis à personne. (helleena) ● ne le dis à personne. EmptyMar 12 Déc 2017 - 19:16


ne le dis à personne
do you promise to keep my dirty little secret ?
le son de mes poings s’écrasant contre le punching-ball sonnait comme de la musique à mes oreilles. je frappais à m’en tordre les poignets, à m’en éclater les phalanges. au début, j’attaquai avec technique et précision, comme je l’enseignais aux tocards qui se pointaient, toujours plus nombreux, à la salle de sport, me suppliant de faire d’eux des combattants. puis ma technique s’est transformée en force brute et ma précision en rage. maintenant, j’avais juste l’air d’un taré se battant contre un fantôme.
j’étais juste tellement en colère.  
depuis que j’étais sorti de taule, j’étais souvent en colère. je perdais mon sang-froid sans raison, sans prévenir et je devais serrer les poings pour pas casser un truc. putain, j’avais envie de casser des trucs, j’avais envie de casser des gueules. pourtant, la violence gratuite, le comportement hypermenaçant, ce n’était pas mon délire. moi, j’étais quelqu’un de contenu, de réfléchi. moi, je n’étais pas de ces primates qui ne savaient parler qu’avec leur muscle. mais ça c’était avant.
depuis j’étais allé en prison.
et depuis, j’étais juste tellement en colère.
résolu, j’ai frappé une dernière fois dans le sac de sable. il devait être tard, je n’étais pas sûr. entre deux coups de poing et trois crises de colère, on perdait vite la notion du temps. alors j’ai pris mes affaires et j’ai quitté la salle de sport. ce n’est seulement en remarquant que ma voiture se mêlait parfaitement avec la toile noire de la nuit que je me suis rendu compte que le soleil était déjà couché. dans le ciel, la lune pendait déjà, haute et insolente. elle était pleine et énorme et occupait seule la voûte céleste comme si elle avait mangé toutes les étoiles. j’ai esquissé un sourire. j’aimais bien la nuit, elle m’était amicale.
je suis rentré chez moi sans me presser, conduisant comme un enfoiré dans ma belle chevrolet. j’ai fait des queues de poisson pour faire enrager les gens, j’ai pris mon temps pour temps pour démarrer aux feux verts, j’ai emmerdé quelques inconnus avant de me garer dans mon allée. je n’avais pas beaucoup de temps pour me doucher et me préparer, j’avais une livraison à faire ce soir au canvas. quelques criminels pas très importants, des petites frappes aux grands airs, qui voulaient s’éclater la tête avec les pilules du bonheur. ça me cassait les couilles de devoir m’occuper du menu-frottin. ce n’était pas mon rôle. moi j’étais le patron, le boss, la menace. je traitais qu’avec les grands chiffres et les gros bonnets, normalement. mais bon, en attendant que le club retombe sur ses pattes, je pouvais bien subir quelques connards imbus de leur queue.
je les ais rejoint derrière le bar. « le fameux mitchell en personne… ca fait quoi d’être… » j’ai soupiré. je n’étais pas venu là pour bavarder avec des pucelles à barbe. « donne-moi l’argent et ferme-là. » j’avais le ton autoritaire mais égale. je me délectais du sentiment du peur que je leur inspirais. une liasse bien épaisse m’a été lancée. elle sentait bon la débauche et la perversion. en comptant les billets, j’ai souri. je leur ai donné leur came et j’ai commencé à partir.
et puis je l’ai vu.
j’ai croisé son regard pendant une seconde et elle a détourné les yeux, comme si elle n’avait rien vu tout. quelle merde. je savais que c’était une location pourrie. j’avais été négligeant parce que j’avais voulu faire les choses vite, comme un bleue. j’avais agi comme un putain de novice. elle avait sans doute dû entendre mon nom au cours de la conversation. si elle allait voir les flics, vu l’état actuel de ma situation, je retournai direct au trou. sans vraiment réfléchir, j’ai trottiné derrière elle. je l’ai rattrapé à l’entrée du bar. « excusez-moi, mademoiselle. bonsoir, vous avez l’air.. perdue ? » c’était une approche débile, mais sur le coup, j’ai pas trouvé mieux. je lui affiché mon plus beau sourire. quelle merde. quelle merde. quelle merde.
electric bird.



Dernière édition par Heller Strange le Jeu 22 Fév 2018 - 22:58, édité 5 fois
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Message(#) Sujet: Re: (helleena) ● ne le dis à personne. (helleena) ● ne le dis à personne. EmptyMar 12 Déc 2017 - 23:04


Mais siiii allez vieeens on sort ! Promis on se fera un petit karaoké... Comment ça je chante faux quand j'ai bu ?... Oh arrête je suis la REINE du karaoké et tu le sais très bien... T'es pas mal non plus... Quoi, tu te souviens pas un soir à Londres ? Ha ha ha ! La gueule de bois que tu avais eu le lendemain ! Allez... Quelle heure ? Direct là-bas ? D'accord mon chat ! Bisous ! À tout' !

C'était si simple avec Rhett. En raccrochant, Leena avait senti une douce euphorie la gagner. Peu importe à présent que sa journée ait été plutôt maussade, la perspective de passer une bonne soirée en compagnie du jeune homme effaçait tout le reste. (Pourtant : elle avait été incapable de créer le bijou qu'elle visualisait mais le rendu n'était pas bon — elle avait eu une conversation téléphonique pénible avec sa mère qui insistait pour la voir bientôt et n'avait rien trouvé de plausible pour décliner tout ce qu'elle lui proposait — elle avait cassé une assiette en décidant de faire le ménage, au moins, puisqu'elle n'était bonne à rien aujourd'hui — puis elle avait décidé d'appeler Rhett.) À présent tout allait bien et comme Andy rentrait à la maison, elle discuta de tout et de rien avec lui, ils écoutèrent une nouvelle musique ensemble et puis l'heure avança vite ; Leena alla se préparer. Rhett avait un match ce soir, il finissait tard, il restait toujours jusqu'à la fin avec son équipe, même après le jeu, ils débriefaient tout ensemble, ils profitaient. C'était normal et Leena était contente pour lui ; qu'il ait perdu sa carrière était une chose, mais une partie de son rêve en était une autre. Elle se doutait que de vivre de telles soirées lui faisaient un peu mal parce qu'il n'était plus de ceux qui jouent le match et le vivent intensément, mais il en était une partie tout de même, et c'était déjà ça de gagné. Elle ne regrettait pas d'avoir insisté pour qu'ils se voient ; non seulement elle avait hâte qu'il lui commente les résultats du match, mais en plus si jamais il était un peu déprimé, c'était le contexte parfait pour lui remonter le moral. Elle se mit en chemin pour le Canvas, tranquillement, abandonnant son vélo car la robe qu'elle avait choisie (courte, simple, moulante et noire, aux manches 3/4) ne lui permettait pas de pédaler à son aise. Elle sauta dans un bus et laissa Brisbane by night défiler sous ses yeux — elle adorait la sensation d'être dans un bus de nuit, quand la ville encore frémissante ou presque endormie passait comme un film ; cela lui faisait penser à Londres aussi, et dans ce spectacle il y avait toujours un petit quelque chose de mélancolique.

Presque arrivée devant le bar elle reçut un texto de Rhett : il serait en retard parce qu'il y avait eu prolongations. Ça ne fait rien, je t'attends mon chou, mais je commence à boire ! ;) Ça n'était pas grave en effet, ils avaient encore toute la nuit, et elle aimait bien, de temps à autre, être seule dans les bars. C'était amusant de regarder les gens, ou bien de parler à ses voisins de comptoir, au hasard des rencontres. S'y installant justement, elle commanda une bière, qu'elle se mit à siroter tranquillement. La première personne qui vint lui parler était un homme visiblement bien soûl, un peu insistant, qu'elle écarta gentiment mais fermement. Puis elle se mit à discuter avec l'un des serveurs, de tout et de rien. Enfin, elle observa avec intérêt le petit jeu qui se déroulait un peu plus loin sur une table (une discussion animée entre deux filles, visiblement ennemies, et un garçon, pris en sandwich entre les deux). Puis une voix attira son attention et le mot Mitchell lui fit tourner la tête ; c'était le nom de son voisin de palier, à Londres. C'était un nom familier. Ils attiraient toujours l'attention, même quand on ne le cherchait pas.

Alors elle assista à une scène qui dura à peine quelques secondes : le Mitchell en question, un homme musclé au regard dur, était passé derrière le comptoir et l'autre homme lui tendit une liasse de billets contre un sachet qui masquait à peine ce qu'il contenait, et la transaction presque furtive s'imprima pourtant dans les yeux de Leena qui détourna les yeux trop vite — ils croisèrent ceux de Mitchell. Elle eut l'impression de recevoir un seau d'eau glacée sur la tête. Les tempes lui bourdonnaient et tout d'un coup elle se sentait extérieur à toute l'agitation du bar ; elle regardait son verre : vide. Ne sois pas stupide. Ce n'est qu'un peu de drogue. Illégal mais pas criminel. Il ne va pas te tirer dessus en plein bar. Ce n'est pas un film de gangster. Pourtant elle avait la gorge sèche tout d'un coup, et trop chaud. Incapable de garder bonne figure plus longtemps, elle se glissa de son siège et essaya de marcher le plus tranquillement du monde en direction de la sortie (elle n'aurait plus qu'à attendre que les deux hommes disparaissent et tout irait bien : elle avait l'impression que rester à sa place, c'était comme lui mettre un énorme panneau avec une flèche lumineuse au-dessus de sa tête). À peine sentit-elle l'air plus frais de dehors qu'une voix la fit se retourner : elle sentit ses yeux s'écarquiller. Non seulement Mitchell était décidement très baraqué, mais il était bien plus grand elle (pourquoi fallait-il qu'elle soit si petite) et s'adressait à elle (pourquoi fallait-il qu'elle ait bougé) et il avait les yeux du bleu le plus froid et captivant qu'elle n'avait jamais vu (pourquoi fallait-il que Rhett ne soit pas là) — « Euuuuuh... » (et pourquoi fallait-il qu'elle ait l'air aussi coupable) (dire je n'ai rien vu revenait à dire qu'elle avait vu) « Non non, tout va bien, merci c'est gentil ! Je, je, je, j'attends mon copain » (inutile de faire croire qu'elle était seule, il l'avait bien vue ; dans la panique elle avait préféré de dire mon copain plutôt que mon meilleur ami, comme si ce mot allait stupidement faire plus peur qu'un autre) « Et vous, vous cherchez quelque chose peut-être ? » Ridicule. Tout bonnement ridicule. Elle se recula à moitié, espérant qu'il passe son chemin dans plus attendre.
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Message(#) Sujet: Re: (helleena) ● ne le dis à personne. (helleena) ● ne le dis à personne. EmptyVen 15 Déc 2017 - 21:09


ne le dis à personne
do you promise to keep my dirty little secret ?
sous l’éclairage douteux des néons illuminant l’entrée du bar, elle avait l’air minuscule. pourtant peu imposant moi-même – du moins de par ma taille – je la dominais sans contestation. j’étais comme un géant se tenant face à une enfant, comme un prédateur ouvrant grand sa gueule avant d’avaler un tout petit lapin. les yeux écarquillés et la bouche en cœur, cette fille avait l’air d’une proie. quant à moi, avec mon sourire de diable charmant, j’étais comparable au grand méchant loup qui, avant de dévorer le petit chaperon rouge le convainquait de sa bienveillance. j’ai scruté son visage. sans doute un peu trop longtemps. j’y ai lu de la frayeur. de quoi avait-elle peur, ici, dans un lieu si public ? est-ce qu’elle pouvait percevoir cette incandescente impatience qui brulait derrière l’océan calme de mes yeux ? est-ce qu’elle pouvait deviner dans mon langage corporel, dans ma façon de laisser peser le silence que ce n’était pas un soir où j’avais envie de faire des courbettes. est-ce qu’elle pouvait ressentir toute ma colère ? « vous attendez votre copain ? quel type chanceux, vous êtes ravissante. »
face à mon tourment, elle était aveugle.
parce que je ne laissai rien paraître. je ne laissais jamais rien paraitre. j’étais mitchell, après tout. j’étais un putain de gangster. j’étais un patron, le patron. et comme tout bon chef aurait fait, j’ai pris sur moi. j’ai forcé le sourire au niveau fausseté maximale et j’ai essayé de faire la conversation. j’espérais ne pas la faire fuir en le complimentant. au contraire, je voulais lui montrer qu’elle n’avait rien à craindre de moi. alors très sagement, j’ai mis ma grogne dans ma poche et j’ai fait un effort pour paraître avenant. « vous êtes partie plutôt précipitamment tout à l’heure. j’ai pensé que vous aviez un problème. » là, debout dans une pénombre semi-éclairée par des lumières colorées, est-ce que j’avais l’air sincère ? est-ce que j’avais l’air fiable ? probablement pas. j’ai haussé les épaules intérieurement. de toute façon, elle n’était pas stupide, elle avait vu ce qu’elle avait vu.
Soupir.
je me suis adossé au mur derrière moi. de ma poche, j’ai sorti une cigarette et un briquet. j’ai porté la clope à mes lèvres d’un air nonchalant – peut-être que si je lui apparaissais détendu, elle se relaxerait aussi. la petite barre de poison s’est allumée. cette merde allait me tuer plus vite que l’alcool, plus vite que le crime, plus vite que ma tarée de femme. fumer cette saloperie, c’était comme supplier pour une mort prématurée et être ravi de payer une blinde pour. mais pour une raison que je ne m’expliquais pas, le risque m’attirait encore plus, je savais que je gazais mes poumons et j’aimais ça. tout ce qui m’étais toxique m’était irrésistible. « peut-être que vous avez vu quelque chose que vous n’auriez pas du voir ? » j’ai soufflé un nuage de fumée. ma question n’avait rien d’innocente. je n’avais simplement pas envie de faire traîner les choses. jouer au plus stupide n’arrangerait rien. « et s’il vous plait, ne prétendez pas n’avoir rien vu, ce serait me prendre pour un con et j’apprécierai pas trop. » elle avait reculé. je ne l’ai remarqué qu’à l’instant, mais la distance nous séparant avait indéniablement grandi. j’espèrerais qu’elle ne comptait pas partir. je pourrais toujours pu lui tirer dans le dos si elle décidait de tourner les talons et de courir. j’étais tout le temps armé après tout.
j’ai secoué la tête intérieurement à cette idée. tuer quelqu’un pour quelques pilules, c’était débile. le genre de pensées qui ne traversaient que les cerveaux des dégénérés et des novices. moi pourtant, je n’étais ni l’un ni l’autre, j’étais juste… en colère. « avant que vous ne pensiez à vous enfuir ou à hurler, sachez que je n’ai aucune intention de vous faire du mal, d’accord ? » il ne restait plus grand chose de ma clope. J’ai tiré une dernière latte puis j’ai jeté mon mégot par terre pour l’écraser sous ma chaussure. « après, je ne peux pas forcément en dire autant des gars que vous avez vu avec moi. » j’ai mis mes mains dans mes poches, haussant les épaules l’air de rien. puis j’ai continué sur le ton de la conversation. « ces types là, ce sont des demi-cervelles. et ils vous ont vu aussi. ce sont de gros débiles qui feraient n’importe quoi pour que vous ne parliez pas, vous voyez ? ils font les gros durs mais ils sont terrifiés par les flics. » je me suis tu un moment, réalisant que mes paroles sonnaient comme des menaces alors qu’il n’en était rien. « j’imagine que je dois pas paraître très rassurant, hein ? ». J’ai soupiré une nouvelle fois. « ce que je veux dire c’est que vous avez vu un truc que vous aurez pas du voir et qui en soit, n’est pas très grave, alors gardez-le pour vous, d’accord ? » ma voix s’est adoucie. etais-ce mon courroux passager qui s’en allait ou juste la lassitude qui me rendait plus docile ? peu importait. « ce sera notre secret, d’accord ? vous pouvez bien garder un secret pour moi… » je me suis interrompu, ne sachant pas comment elle s’appelait. « comment vous vous appelez au fait ? » je ne souriais pas, mais j’avais l’air déjà plus abordable.
electric bird.



Dernière édition par Heller Strange le Mar 2 Jan 2018 - 2:44, édité 4 fois
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Message(#) Sujet: Re: (helleena) ● ne le dis à personne. (helleena) ● ne le dis à personne. EmptyDim 17 Déc 2017 - 23:59


Ravissante. Charmante. Très mignonne. Et d'autres encore... Ces mots- n'étaient pas rassurants : loin de là. Ces mots-là, de nuit et de la bouche d'un inconnu, c'était non seulement le début des emmerdes mais aussi une menace désagréable, quelque chose d'irritant, de salissant parfois. Toutes les filles en avaient fait les frais, et ce n'était pas ce soir que Leena allait changer d'avis : c'était toujours aussi glaçant. D'ailleurs un frisson remonta le long de sa colonne vertébrale et elle croisa les bras sous sa poitrine, comme pour se réchauffer ou se protéger, au choix. C'était un geste parfaitement stérile : il ne changerait rien à l'affaire. Ravissante. Il avait fallu de quelques mots pour déclencher la sonnette d'alarme qui, dans l'esprit de Leena, sonnait en discontinu. Elle n'arrivait pas à détourner le regard des yeux de l'homme, perçants, aussi fascinants que ceux d'un animal — un tigre, un lynx ? Un félin puissant, quelque chose du genre. Il se montrait affable pourtant, mais elle était trop consciente des gens et avait un côté trop emphatique pour ne pas ressentir ce qu'il dégageait : une violence inouïe, quelque chose de sombre, de puissant, de fort, de masculin, de terrifiant. Il était quelqu'un qui ne faisait pas gentiment la conversation aux inconnues sans but, elle en était certaine. « Non non, tout va bien. » Elle avait parlé d'une pauvre petite voix, pas rassurée. Mécontente d'elle (elle n'avait pas l'impression d'être très courageuse face à ce type) elle toussota, pour se racler la gorge. Les bras toujours croisés, elle n'avait pas bougé, après avoir reculé, le surveillant du coin de l'oeil.

Tranquillement et de la façon la plus détendue du monde, l'homme s'était adossé au mur et allumait une cigarette, dont l'odeur emplit rapidement les narines de Leena. Elle ne fumait plus ; elle avait fumé pendant sa jeunesse, en cachette, puis à Londres au début, mais le prix des cigarettes avait fini par l'agacer, et elle avait arrêté. Néanmoins elle aimait bien de temps à autre, surtout pour une soirée, et en quémandait parfois à droite à gauche (Rhett détestait ça). Le problème est qu'elle aimait beaucoup boire en soirée, et qu'elle finissait immanquablement par avoir envie de fumer après quelques verres — la fameuse loi de cause à effet. Bref ; le stress aidant, la fumée lui donnait envie, mais elle était loin d'avoir le courage de lui demander une cigarette. Surtout qu'il parlait, de sa voix grave et posée, il parlait et elle lisait clairement entre les lignes — la bonne vieille technique d'intimidation à l'amiable, celle qui rassure autant qu'elle menace, celle qui dit que tout va bien ne t'en fais pas mais je te casse les genoux si tu n'obéis pas. C'était un peu ça, au fond, non ? Clairement il savait : elle avait vu, et clairement il ne voulait pas prendre le risque que ça se sache, et même si il était gentil ses copains ne l'étaient pas, super, c'était bien sa veine : elle avait vu ce qu'il fallait ne surtout pas voir, et tout le monde en retour l'avait vue. En somme : un sans-fautes.

Incapable de desserrer les dents ou de faire quoi que ce soit (et Rhett qui n'était pas près d'arriver...), Leena jaugea juste la situation du coin de l'oeil : oui, le type était menaçant et elle était acculée en plein milieu de la nuit, mais heureusement ils n'étaient pas non plus seuls au monde et un cri suffirait à ameuter du monde, surtout qu'elle aimait à douter de la stupidité de « Mitchell » : on n'agresse pas pour si peu, et encore moins dans un lieu potentiellement trop exposé. Enfin... C'est ce qu'elle espérait.

Quand enfin il lui demanda son nom, cette fois, elle releva les yeux, comme piquée au vif malgré sa tétanie. Il avait un sacré culot. « Je ne suis pas folle, je ne vais pas vous donner mon nom en plus de tout ; et puis, je ne connais même pas le vôtre. » Une pause. Elle avait peine à croire que c'était elle qui parlait ainsi : c'était comme si sa voix venait d'autre part, d'un micro, hors de sa tête, comme si elle se voyait par un écran et qu'elle assistait à la scène en y étant extérieure. Un regain d'énergie fourmillait dans ses veines et lui donnait presque des fourmis dans les doigts. « Je me fiche de vos trafics, qu'est-ce que vous voulez que ça me fasse ? Je n'ai rien demandé à personne et sincèrement... Vous pensez vraiment que je vais faire quelque chose ? Avec mon 1m57, ma mini-robe, toute seule à attendre un mec qui n'est même pas mon copain ? Non, je n'ai pas que ça à faire et je n'irais voir personne, vous pouvez rassurer vos amis. » Elle décroisa ses bras, mais serra les poing, parce qu'elle tremblait légèrement. C'était l'adrénaline qui parlait. Tout d'un coup elle osait à nouveau le regarder dans les yeux — qui était-il au fond ? Pourquoi faisait-il ça ? Pour l'argent, uniquement ? À vrai dire elle n'avait jamais été vraiment confrontée à ce genre de personnages, les dealers et autres petits criminels ; elle n'avait jamais pris de drogue ou traîné dans l'illégalité. Si elle ne mesurait pas l'envergure de celui-là, tout de même, une foule de questions se pressait dans sa tête et, surtout, une fascination étrange et malsaine s'était emparée d'elle. Car une voix avait murmuré à son oreille : tu crois que c'est ce genre de type qui a kidnappé Adam ? La question était stupide et la comparaison sûrement autant mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. « Et pendant que vous y êtes, vous me donneriez une cigarette ? » Si Leena ne s'était jamais considérée comme quelqu'un de prodigieusement courageux, elle sentit tout de même que ce qui était en train de se passer relevait d'un certain exploit. « Je ne fume pas mais j'aime bien de temps en temps, quand j'ai bu ou que je suis stressée. Or je n'ai pas forcément l'habitude de me faire menacer, alors quand en plus je sors d'un bar... » Jouer avec le feu devait probablement s'apparenter à cela.
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Message(#) Sujet: Re: (helleena) ● ne le dis à personne. (helleena) ● ne le dis à personne. EmptyLun 8 Jan 2018 - 20:17


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elle semblait chercher une échappatoire : prise au piège, le regard nerveux, les bras croisés en une position reflexe de défense. puis j’ai ouvert la bouche et quelque chose dans mes paroles lui a déplu. j’ai regardé son expression changer en l’espace d’un battement de cil. d’un agneau apeuré, elle était passée à un agneau... moins apeuré. « « je ne suis pas folle, je ne vais pas vous donner mon nom en plus de tout ; et puis, je ne connais même pas le vôtre. » le manque d’assurance qui faisait trembler sa voix juste quelques secondes plus tôt avait laissé place à une indignation qui, chez une personne de son acabit, ne pouvait qu’être qu’adorable. la nouvelle énergie qui courrait dans ses veines lui donnait l’air d’un chaton en colère. je n’ai pas pu m’empêcher de sourire, malgré ma mauvaise humeur. « je m’appelle heller. vous n’êtes pas obligée de me donner votre nom, mais je vais être obligé de vous en donné un. » j’ai fait mine de réfléchir. qu’avait-t-elle à craindre en me disant comment elle s’appelait ? ce n’était qu’un prénom après tout : une suite de lettre plus ou moins prononçable selon les gens qui n’avait aucune espèce de pouvoir sur elle. mais je ne pouvais pas lui en vouloir d’être sur la défensive. c’était tout de même moi qui se tenait en face d’elle, la menaçant presque. et moi, je n’étais pas n’importe qui. « mini-jupe, ça vous va bien. » j’ai finalement décidé en regardant ses jambes. peut-être que j’avais envie de l’énerver. juste comme ça, juste pour voir. elle n’avait pas l’apparence de quelqu’un de très courageux, pourtant il y avait quelque chose d’agréablement brave dans sa capacité à me tenir tête. elle me plaisait bien plus quand elle me criait dessus que quand elle s’écrasait. et visiblement, elle n’avait pas fini de parler : « je me fiche de vos trafics, qu'est-ce que vous voulez que ça me fasse ? je n'ai rien demandé à personne et sincèrement... vous pensez vraiment que je vais faire quelque chose ? avec mon 1m57, ma mini-robe, toute seule à attendre un mec qui n'est même pas mon copain ? non, je n'ai pas que ça à faire et je n'irais voir personne, vous pouvez rassurer vos amis. » elle avait raison. un évènement aussi mineur n’aurait même pas piqué ma curiosité en temps normal. je l’aurai ignoré et laissé faire ce qu’elle voulait de cette information obtenue par voyeurisme déplacé. c’était le genre de choses dont mitchell ne se souciait pas. c’était le genre de conneries pour lesquelles mitchell n’avait pas le temps. mais ces derniers temps, mitchell tirait la gueule et il ne restait que moi : un heller démuni, tout le temps de mauvaise humeur. la prison m’avait rendu obsessif et pourtant moins précautionneux. j’avais perdu de mon intelligence, j’avais gagné de la colère. et pourtant, cette demi-portion aux yeux de bambi à moitié énervée devant moi me faisait sourire. pire encore, elle me faisait rire. sans vraiment m’en cacher, j’ai laissé échapper ricanement qui n’avait rien de railleur. « je vous ai mis en colère ? » ses bras n’étaient plus croisés mais elle serrait tout de même les poings. elle semblait moins sur la défensive, plus sur l’offensive. c’était presque mignon. « contrairement à l’impression que vous donnez, vous n’êtes pas une froussarde. j’aurai pu être quelqu’un de vraiment dangereux. » je me suis retenu de confirmer que j’étais en effet quelqu’un de très dangereux. elle venait de m’assurer qu’elle n’en avait rien à carrer de mes petits deals, ce n’était dans mon intérêt de la provoquer. et pourtant… « vous n’êtes pas très gentille, vous savez. » je lui ai fait remarquer. « et puis vous êtes plutôt agressive pour une demi-portion. » il n’y avait plus rien d’agressif dans ma voix, plus rien d’animal dans mes yeux. cette situation était juste absurde et elle ne méritait pas autant d’hostilité de ma part. cette fille-là n’avait juste pas eu de chances de tomber sur moi aujourd’hui. je l’imaginais sans histoire, avec une petite vie parfaite bien rangée, vivant dans un pavillon avec jardin de banlieue et un petit chien pour lui tenir compagnie les nuits d’hiver. son monde n’avait rien à voir avec le mien, elle s’était juste trouvé là au mauvais endroit au mauvais moment. et malgré ça, elle avait les couilles de parler plus fort que moi. « et pendant que vous y êtes, vous me donneriez une cigarette ? je ne fume pas mais j'aime bien de temps en temps, quand j'ai bu ou que je suis stressée. or je n'ai pas forcément l'habitude de me faire menacer, alors quand en plus je sors d'un bar... » là, j’ai pas pu m’empêcher de rire, de rire vraiment. mini-jupe avait du cran. je me suis approchée d’elle et je lui ai tendu une cigarette. puis, lorsque la clope fut entre ses lèvres, je l’ai allumé. « maintenant qu’on est assez confortable l’un avec l’autre pour que vous me taxiez des clopes, on peut se tutoyer ? » il y avait quelque chose d’incroyablement irritant dans le fait de vouvoyer les gens. c’était le genre de politesse dont je m’accommodais parce que j’étais un chic type, mais ça me cassait vraiment les couilles. ça ne me dérangeait pas qu’on me vouvoie moi mais rendre la pareille aux autres m’agaçait. peut-être que c’était le patron en moi qui parlait. j’avais sans doute pris l’habitude d’être le topdog. « au fait, je ne t’ai pas menacée. je te l’ais dit, j’ai pas de mauvaises intentions. j’suis juste un businessman qui fait des affaires, rien de plus. » businessman, c’est tout ce que j’étais après tout. la drogue, le sexe, la violence, les armes, tout ça c’était juste un business. tout se vendait, tout s’achetait, il fallait juste savoir tirer son épingle du jeu. « anyway, maintenant qu’on est d’accord, we can move past that, ok ? » j’ai haussé les épaules, balayé la discussion d’un geste de la main, l’air de dire get over it. c’était pas grave, y’avait pire dans la vie que de se faire plus ou moins menacer par un gangster à la sortie d’un bar. « peut-être que tu voudrais entrer maintenant ? comme ça on pourrait dire aux mecs à l’intérieur que t’es réglo. et puis, si j’ai bien compris t’attends quelqu’un. » j’ai commencé à avancer vers la porte, supposant qu’elle me suivrait. je n’avais rien de prévu pour le reste de la soirée et cette fille était amusante, distrayante pour le moins. ça ne me coutait rien de lui payer un verre et de lui faire mon numéro de charme. si je la mettais dans ma poche, ce serait autant de problèmes en moins. « tu ne veux toujours pas me dire comment tu t’appelles ? je sais déjà pas mal de trucs sur toi : tu mesures 1m57, ton copain n’est pas vraiment ton copain, tu fumes quand t’es stressée. je pense que ça fait beaucoup de choses à savoir sur une personne dont je ne connais même pas le nom, tu ne crois pas ? » juste au moment où je terminais ma phrase, on est arrivé devant le bar. les deux tocards étaient toujours là, l’air pas franchement content. j’ai soupiré. « pas de panique, elle tiendra sa langue. pas vrai, mini-jupe ? si tu gardes notre secret, t’es des nôtres maintenant. »
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Message(#) Sujet: Re: (helleena) ● ne le dis à personne. (helleena) ● ne le dis à personne. EmptySam 13 Jan 2018 - 17:27


Heller. Un nom curieux pour un hommes des plus intrigants — mais un nom parfait, étrange et surtout effrayant, ce qui était tout de même la première chose que l'on ressentait lorsqu'on croisait son regard. Leena, tout d'un coup bien décidée à garder un semblant de tête haute face aux menaces qu'on lui lançait (et si elle tenait bon et ne s'effondrait pas en larmes c'était aussi parce que la présence des gens, dans le bar ou dans la rue plus loin, lui assurait plus ou moins de ne pas se faire descendre froidement tout d'un coup), sentit qu'elle se raidissait un peu plus quand Heller la nomma « mini-jupe » avec un sourire étrange, qui semblait grandir de minute en minute. Y avait-il quelque chose de drôle à ce surnom purement sexiste ? Elle faillit lui faire la réflexion mais se retint, par instinct. L'envie de donner une leçon de féminisme à cet homme imposant et visiblement chef d'un domaine un peu louche n'était pas très tenace... Et si elle avait un peu de cran, elle n'avait pas celui-là. Mais tandis qu'elle continuait à parler, lui trouvait la situation des plus divertissantes — si Leena n'était pas du tout sereine, l'adrénaline qui avait gagné ses veines lui procurait une sensation sans égale : comme si, quelque part, elle aussi prenait jeu à ce petit goût. Comme si le fait d'être poussée au-delà de ses limites par ce truand avait quelque chose de grisant, et lui prouvait qu'elle en était capable. Pas une froussarde. Plutôt agressive pour une demi-portion. De la part d'un homme de son genre, c'était si flatteur et si inattendu qu'elle ne retint pas un petit rire de contentement, retenu tout de même dans le fond de sa gorge. Elle porta la main à sa bouche. Pas possible, c'était bien elle qui se comportait ainsi ?! « Un peu en colère, oui. Mais pas d'inquiétude, je suis plutôt du genre chaton en colère qu'autre chose... » Pas d'inquiétude. C'était décidément n'importe quoi, et cette fois lorsqu'elle croisa le regard d'Heller, ses yeux le dévisagèrent, perplexes, emplis de curiosité. Si c'était un truand ce n'était pas un truand comme les autres, pas vrai ? Il avait quelque chose en plus... Il avait l'air intéressant. Et la petite Leena, bien loin de côtoyer ce genre de personnes, se retrouvait tout d'un coup fascinée par l'aura effrayant de cet homme, attirée comme un papillon par un rai de lumière. Si Rhett avait vu ça !

Elle décroisa les bras et fut bien obligée d'approcher vers lui pour attraper la cigarette, qu'il alluma ensuite. Tout son corps était crispé et secoué de frissons : il était si près, il aurait pu lui serrer la gorge sans problème, sans que personne ne voit. Elle recula tout de suite, sans pour autant revenir aussi loin que précédemment. Ne le lâchant pas des yeux, elle se demanda comment il était possible d'afficher une telle décontraction (bien sûr lui n'était pas vraiment menacé), comment il était possible d'être ainsi, à la fois sûr de soi et tellement assumé. Elle admirait les gens ainsi : bien qu'elle ait fait du chemin depuis son adolescence et qu'elle se soit énormément ouverte aux autres, il y avait toujours des moments où elle était mal à l'aise, et Heller ne semblait pas du tout capable d'une telle chose. « D'accord, d'accord. Pas sûre pour les menaces... On va dire que naturellement tu n'as pas l'air très rassurant, si tu préfères. » Elle osa un sourire, sa cigarette à moitié consumée. En fumant on voyait clairement que sa main tremblait, elle se sentit ridicule. Mais la fumée lui brûla la gorge et lui tourna un peu la tête — c'était ça de ne plus fumer souvent — et sembla lui donner une vigueur nouvelle. Il était gentil, n'est-ce pas ? Elle ne risquait plus rien ?

Il proposa de rentrer et Leena aquiesça ; elle le suivit et tandis qu'il parlait encore, elle remarqua pour la première fois qu'il avait un débit de paroles plutôt conséquent et qu'il tenait le crachoir depuis le début, alors que c'était elle d'ordinaire qui parlait sans s'arrêter et rebondissait de sujet en sujet — fallait-il qu'il l'ait effrayée pour qu'elle ne soit plus capable d'ouvrir la bouche plus de trente secondes ! S'engouffrant à l'intérieur, elle sentit une chaleur plus moite l'envahir. Heller n'avait pas tort et cette fois elle rit de nouveau à sa remarque, avant de s'arrêter net devant les deux hommes en question. Menaçants à souhait eux aussi, mais nettement moins engageants que « Mitchell ». Contre toute attente, Leena eut un petit mouvement de défense et se rapprocha, comme pour chercher une protection, d'Heller lui-même. « Parler de quoi ? Qu'est-ce que vous racontez ? Je n'ai aucune idée de quoi il s'agit... » Comme dans les films. Pas mal, non ? Cette fois l'adrénaline frémissait dans ses veines et chatouillait chaque parcelle de sa peau. Elle jeta un regard à Heller, l'air de dire, ça va, j'ai assuré ?... non sans une certaine fierté. Puis elle se glissa à nouveau sur un tabouret devant le bar, bien décidée à arroser ce courage qu'elle puisait au fond d'elle-même. « Je m'appelle Leena. Tu as gagné » plaisanta-t-elle avec un petit sourire. « Et je veux bien un cocktail ! Mine de rien, les émotions, ça donne soif. » Elle fit un signe au barman. Heller allait-il se joindre à elle ? Il avait l'air, oui, mais tout d'un coup elle se jugea ridicule — qu'est-ce qu'il avait à faire avec quelqu'un comme elle, quand maintenant il s'était assuré qu'elle ne parlerait pas ? « J'ai probablement moins à t'apporter que les gens que tu fréquentes mais si tu veux boire un verre avec moi, tu peux si tu veux. Tu es moins menaçant que ça à la lumière... » Elle osa un sourire et le regarda rapidement. Ce n'était pas très vrai. Il avait toujours le regard glaçant et une force violente émanait de lui. « J'imagine qu'on ne va pas parler de boulot, alors, hmm, qu'est ce qui t'intéresse dans la vie ? Le cinéma ? Les voyages ? Le sport ? Pour ma part j'adore le rugby, même si je n'en fais pas. L'ami que j'attends a d'ailleurs été joueur d'une grande équipe anglaise et je le suivais dans tous ses matchs. Au fait ; si jamais il arrive, je te serais reconnaissante de ne pas faire de remarques sur le "copain/pas copain", c'est déjà assez compliqué comme ça. » Elle fit une petite grimace en haussant les épaules. « Tu viens de Brisbane ? » Il y avait une foule de façons de faire la conversation à quelqu'un et c'était quelque chose qu'elle adorait faire, mais en tout cas c'était bien la première fois qu'elle la faisait avec un homme qui avait toutes les caractéristiques du gangster.
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Message(#) Sujet: Re: (helleena) ● ne le dis à personne. (helleena) ● ne le dis à personne. EmptyMar 20 Fév 2018 - 8:09


ne le dis à personne
do you promise to keep my dirty little secret ?
il y avait des tas de gens différents sur lesquels on pouvait avoir la chance ou la malchance de tomber. j’aurai pu rencontrer une grande gueule qui se serait empresser d’aller courir chez les flics pour balancer mon échange bénin de pilules. j’aurai pu rencontrer quelqu’un qui aurait cru bon de me faire du chantage ou j’aurai pu tomber sur un de ces emmerdeurs de représentants de la justice, comme ils prenaient tant de fierté à s’appeler. de toutes les personnes qui auraient pu croiser ma route en cette très mauvaise soirée, la majorité m’aurait posé problème et accessoirement cassé les couilles. mais au lieu de ça, au lieu de me coltiner une des centaines de catégories de cons et de connards, j’étais tomber sur elle. elle, elle avait des yeux bienveillants et l’air ingénu de ces gens qui n’avaient que des bonnes intentions. « d'accord, d'accord. pas sûre pour les menaces... on va dire que naturellement tu n'as pas l'air très rassurant, si tu préfères. » un sourire s’est risqué à courber ses lèvres. je n’ai pu que lui rendre. elle faisait de la lumière, même quand elle avait peur. et une fois que j’avais réussi, par je ne sais quel miracle à la mettre à l’aise, elle rayonnait carrément. elle ne se trompait pas quand elle disait que j’avais pas nécessairement la tête du mec à qui on faisait aveuglément confiance. je n’en avais jamais eu besoin. les gens finissaient toujours par se fier à toutes les demi-vérités que j’avais pris l’habitude de débiter. dans mes bons jours, on me confondrait presque avec quelqu’un de bien et c’était suffisant pour la plupart. après tout, tout le monde ne passait pas son temps à chercher les ombres partout. il ne fallait pas faire beaucoup d’effort pour trouver où est-ce que ma vie au soleil trouvait son point faible. la vérité, c’était que les gens ignoraient jusqu’à l’existence du mal autour d’eux. dans leurs yeux, il n’y avait rien à chercher. dans les miens, mes secrets étaient saufs. « ça doit être la barbe. je pense qu’il est temps pour moi d’envisager de raser la barbe. » je lui ai souris et on a marché ensemble jusque dans le bâtiment. malgré l’air épais et lourd de la chaleur humain des piliers de bars qui tombaient déjà, ivres morts, l’atmosphère était devenue légère. vraisemblablement, ça ne venait pas de moi. c’était elle.
« parler de quoi ? qu'est-ce que vous racontez ? je n'ai aucune idée de quoi il s'agit... » ses talents d’actrice laissaient à désirer et dumb & dumber, tirant la gueule derrière le comptoir ne semblaient pas apprécié l’humour. j’ai troqué le charisme d’heller pour le regard de prédateur de mitchell et les expressions ont changé. « dégagez maintenant. » ils n’ont pas eu besoin que je leur répète deux fois. c’était juste moi et mini-jupe désormais, qui semblait enfin prête à me donner son nom. « je m'appelle leena. tu as gagné. et je veux bien un cocktail » désormais, elle avait presque l’air excité d’être ici, avec moi, son opposé le éloigné. la rencontre de son monde de lumière et de mon royaume d’ombre. « « j'ai probablement moins à t'apporter que les gens que tu fréquentes mais si tu veux boire un verre avec moi, tu peux si tu veux. tu es moins menaçant que ça à la lumière... » la timidité du sourire révélant les perles qui ornaient sa bouche et la furtivité de son coup d’œil m’ont attendri. ses yeux n’ont croisé les miens que l’espace d’un instant. malgré ce qu’elle disait, elle ne soutenait pas mon regard. « en ce moment, les gens que je fréquente me tapent sur les nerfs. et puis, ce sont presque tous des mecs, tu as l’avantage d’être plus jolie qu’eux. » c’était un avantage décidemment non négligeable en faveur de leena. ça et le fait que le club faisait n’importe quoi depuis quelques temps et ça avait le don de me foutre en rogne. ce ne serait pas de refus de changer d’air. « « j'imagine qu'on ne va pas parler de boulot, alors, hmm, qu'est ce qui t'intéresse dans la vie ? le cinéma ? les voyages ? le sport ? pour ma part j'adore le rugby, même si je n'en fais pas. l'ami que j'attends a d'ailleurs été joueur d'une grande équipe anglaise et je le suivais dans tous ses matchs. au fait ; si jamais il arrive, je te serais reconnaissante de ne pas faire de remarques sur le "copain/pas copain", c'est déjà assez compliqué comme ça. » j’ai presque eu envie de lui dire de penser à respirer entre ses phrases. comment de si petits poumons pouvaient lui permettre de parler autant. elle était tout de suite beaucoup plus bavarde. c’était mignon. « tu poses beaucoup de questions. tu es curieuse, à ce que je vois. » je n’ai cependant pas répondu. je ne répondais que rarement lorsque je me faisais accablé de questions. j’avais toujours été du genre à écouter, plutôt qu’à parler. et puis en toute honnêteté, le sentiment de me faire questionner me mettait simplement mal à l’aise. même si je savais que dans le cas de leena, c’était parfaitement innocent. « tu viens de brisbane ? » dans ma poche, mon téléphone a sonné. champagne sur l’écran. j’ai soupiré. « le devoir m’appelle leena, mais hold that thought. » j’ai terminé mon verre, commençant à me lever. « je ne viens pas de brisbane, je ne viens même pas d’australie. essaie de deviner d’où je viens et de la raison qui m’a poussé à déménager ici. et tu me diras la prochaine fois qu’on se verra. » c’était un jeu stupide sans rien à la clef, mais ça rendait les choses amusantes. juste avant de partir, je me suis tourné une derrière fois vers elle. « si le type que t’attends à la tête d’un acteur d’hollywood, je pense que c’est lui qui vient d’entrer. pile à l’heure. » j’ai souri une dernière fois. « rappelle-toi ce que je t’ai dit. maintenant, tu fais partie des nôtres. attends-toi à me revoir… un de ces quatre »

j’ai fait une sortie théâtrale comme dans les films. je m’attendais presque à voir les crédits défiler après ma phrase. j’aimais bien cette fille, son joli sourire et sa façon d’ouvrir de grands yeux sur le monde comme si toute chose méritait son émerveillement. elle avait l’air foncièrement et sincèrement bien intentionnée. c’était dommage pour elle.
electric bird.

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