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 #11 - benny + at times it's not that complicated

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Message(#) Sujet: #11 - benny + at times it's not that complicated #11 - benny + at times it's not that complicated EmptyMar 13 Mar 2018, 08:44


razorblade - He would never talk, But he was not shy She was a street-smart girl, But she could not lie They were perfect for each other Say it now 'Cause in your heart it's loud Tell me, tell me, tell me Oh, don't, okay.

“Elle a mis la barre haute.” songe Adam à l'heure du petit-déjeuner, la veille encore en tête ; le laser game et son équipe avec Noah goûtant la défaite, le gâteau et la bataille de nourriture, la voyante et ses drôles de prédictions, la toile tendue dehors et les films dont il n’a pas vu une seule fin. Et pour ce qui concerne la partie où il dormait, mes souvenirs prennent le relais. “Hm.” J'ai le nez dans mes céréales du midi, post grasse matinée, cadeau d'anniversaire de moi à moi après toutes ces émotions. J'ai encore ce baiser stupide qui flotte au bord de mes lèvres, l'écho des mots de Ginny restés sur le pas de la porte qui me hante les oreilles. Et je triture machinalement les flocons d'avoine qui se gorgent de soja, qui ne seront bientôt plus qu'une boule de pâte immangeable, piégé quelque part avant minuit. “Très haute.” insiste Adam, le devinant à des années lumières de lui, dans une galaxie lointaine. Sa main glisse en travers de la table jusqu'à mon bras qu'il secoue doucement dans un geste moins jugeant que ne l'est son regard qui exige mon attention. Ma tête se secoue comme pour chasser les pensées qui me distraient. “Quoi ?” “Ginny.” Oui, elle a placé la barre haute, c'est peu dire. Elle n’est pas seulement agréable à regarder, avec cet adorable grand sourire sincère et son regard malicieux, rieur, elle est drôle, à sa manière, elle est nerd, parfois plus que moi, elle est créative, elle est ouverte, tolérante, patiente, pas bête, généreuse, battante, elle… “Pour ton anniversaire.” précise le garçon. “Ah. Ouais.” Ça aussi. “T’as intérêt à assurer pour le sien.” Pas de pression. Mes yeux roulent, ma main attrape ma tasse de café avec un peu trop d'assurance. “T'en fais pas pour ça.” Je ne compte pas les décevoir, ni elle, ni Noah, ni Adam. Je dois être à la hauteur et préparer quelque chose de mémorable. Est-ce que j'ai une idée ? Pas la moindre. Mais j'ai quatre mois pour être prêt jusqu'au moindre détail. Facile.

Et puis la vie est passée par là. Je me partage entre le tribunal où je poursuis les petites affaires qui paient les factures et le démarchage pour promouvoir Brody & Associates-sans-associé. Là dessus, j'ai eu un coup de main de Deb pour m'inventer une secrétaire sexy. Ma sœur ferait craquer un prêtre rien qu'en lui murmurant dans l'oreille, ce qui est sûrement ce dont je peux être le plus fier à son sujet ; alors je lui ai fait enregistrer un bon paquet de phrases types allant du message de bienvenue au “je vous mets en relation” que je joue sur le pc aux futurs clients qui appellent selon la situation. Jusqu’à présent, ça fait illusion. Les tout premiers clients qui ne soient ni des prostituées, ni des immigrés illégaux, commencent à remplir un emploi du temps de moins en moins léger. Il est temps de songer, à nouveau, à investir dans de vrais locaux, mais depuis la dernière aubaine qui m’est passée sous le nez le seul local dans mon budget est un placard entre une laverie et un concessionnaire d’occasion. Puis il y a eu l’affaire Cora, et mes instincts de bon pote qui ont pris le dessus, qui l’ont priorisée, parce qu’elle avait besoin d’une épaule, d’un soutien, de quelqu’un pour penser à autre chose, et que c’est le rôle que je me donne. Depuis des années, notre relation se basait sur les piques que nous nous envoyons, l’amour vache, la vacherie tout court, et c’est peut-être la situation, ou peut-être l’âge, le temps qui passe, qui nous fait sortir de cette zone de confort. Enfin, le quotidien se ponctue du défi consistant à reconnecter mère et fils, Loan et Adam, faire oublier cette année de silence radio, de soucis, d’inquiétude, et de sentiment d’abandon. Il a son caractère, pour sûr, c’est ce qui corse la chose. Mais je suis optimiste, persuadée que nous sommes sur la bonne voie, que tout finira par se goupiller. Et je mets Ginny dans un coin de ma tête, j’en fais une pensée isolée, une hypothèse, mise entre parenthèses. La légèreté a laissé place à une certaine nervosité à l’idée de l’appeler, de lui parler, de peur qu’un certain sujet arrive sur le tapis, de renouer avec les émotions qui m’ont traversé ce soir là, d’enfin me rendre à cette évidence qui nécessiterait que je sois bien plus prêt et moins lâche que je ne le suis aujourd’hui. Je laisse traîner, comme une tâche dont on ne veut pas s’occuper, qu’on remet au lendemain, puis au jour suivant. Les textos se raréfient, ceux auxquels je réponds dans ma tête et oublie de taper, ceux que je laisse pour un plus tard qui n’arrive jamais, ceux que je n’ouvre pas. Désormais, c’est un emoji de temps en temps, un gif, une bataille de selfies avortée par une obligation d’adulte. On se file entre les doigts, et les jours aussi.

“Papa, l'anniversaire de Ginny c'est la semaine prochaine.” me rappelle Adam, et je lui réponds d’un distrait “Je gère, j’te dis”. Mais je n’ai toujours rien de prévu. Comme à l’école, je me dis que j’irais au talent, au dernier moment, et que ça le fera très bien. C’est pas que je m’en fiche ou que je bâcle, c’est que j’ai toujours fait comme ça, et jusqu’à présent, la technique a fonctionné. Je dois avoir une bonne étoile, ou simplement un don pour l’impro.

“Papa, l'anniversaire de Gin-...” Je siffle une dernière grande gorgée de café avant de sauter hors de l’appart, prêt à enfourcher la Yamaha et filer chez ce client dont l’affaire est sur sa dernière ligne droite. Enfin la fin d’un premier marathon décisif pour la suite. Mon esprit est ailleurs, dans les bouquins, les articles de loi aux dénominations ressemblant à des noms de planètes lointaines, dans le montant de ces honoraires qui me permettraient peut-être de racheter une voiture, de refaire la peinture de la chambre d’Adam -et je songe enfin à Ginny, je devrais prendre de ses nouvelles, savoir comment sa maison avance, comment elle va ; la date importante s’éclaire dans ma tête comme un néon rouge. “C’est lundi, je sais !”

Affaire gagnée, ça mérite d’être fêté. J’ai texté Ginny pour lui annoncer, mais elle n’a pas répondu. Je sors de la salle de bains, cheveux impeccables, barbe impeccable, tenue impeccable, prêt à faire un malheur. Le bar n’est pas loin, la nuit est jeune, belle -exactement comme ma prochaine conquête. Parce qu’il est temps de se remettre en selle, d’arrêter de se faire charrier par Matt qui me rappelle que je suis à la traîne dans notre éternel jeu de qui-choppe-le-plus. “Papa, l’anniv…” “C'est demain, je sais.” J’ébouriffe les cheveux d’Adam et lui lance un clin d’oeil avant de le laisser se baby-sitter tout seul pour la soirée, en espérant qu’il ne se retrouve pas face à face avec le serpent du petit-fils de Madame Washowski.

“Papa…” Son murmure est un hurlement pour mes oreilles qui sifflent encore des trop nombreuses heures de boîte de la veille -ou de ce matin. Sa main qui me secoue un peu me fait l’effet d’un tremblement de terre ou d’un bateau qui chavire. Je me suis endormi tout habillé droit sur la couverture, une chaussure sur l’oreille à côté de moi, là où ne se trouve pas la belle blonde à forte poitrine de mes rêves. “Pas aujourd'hui Adam.” je grogne en battant du bras comme on chasse une mouche, un oursin au fond de la gorge et la boue baveuse. “Sois mignon, va me chercher de l'aspirine.” Il n’insiste pas et traîne les pieds hors de la chambre.

Je m’accorde un break, une journée pour moi. Après avoir conduit Adam à l’école, le programme ne consistera qu’à larver devant la console et commander des sushis. Pas de gosse, pas de travail ; rien. Juste moi et mes vieilles habitudes d’ado célibataire qui prennent le dessus pour quelques heures. Mais sur le canapé, me toisant du regard, le visage fermé, sombre, et la main caressant machinalement un porg en peluche comme s’il était le Docteur Gang et que j’étais venu le déranger le jour du mariage de sa fille. “T’as pas l'impression d'avoir oublié quelque chose ?” Si, la capote, je me garde de lui répondre. J’hausse plutôt les épaules. “L’anniversaire de Ginny.” “Pff, j'ai pas oublié, c'est…” Et là, ça me frappe. C’était la semaine dernière. J’ai oublié. J’ai réellement oublié. “Oh merde. Où est le cadeau ?! TROUVE LE.” L’appartement est retourné du sol au plafond, Adam est déposé en retard, et je cours chez la jeune femme comme si ma vie en dépendait, sans aucun autre plan que celui que je maîtrise le mieux : improviser. J’arrive devant chez elle en espérant qu’elle y soit. La voiture est dans l’allée, les rideaux ouverts ; je crois que c’est sa silhouette que je vois passer dans le salon, qui m’a l’air bien retapé -fichtre, j’ai même oublié de l’appeler à ce sujet. J’ai l’impression d’arriver comme un parfait inconnu, d’atterrir comme un alien. Je frappe à la porte, pour la forme, mais je sais que la porte est rarement fermée chez cette éternelle optimiste qui a bien trop foi en l’humanité. Alors c’est avec les mains moites, nerveux comme pas deux, que j’appuie sur la poignée pour m’inviter à l’intérieur, l’air de rien, de s’être vus pour la dernière fois hier. Surprise ; je lui livre mon plus beau sourire, son cadeau caché dans le dos, avec de la chance j’arriverai à lui faire croire que j’ai fait semblant d’oublier et je m’en sortirait avec une habile pirouette. “Hey, salut Gin...” C’est sur des valises que mon regard se pose, des habits disséminés ici et là dans le salon, une préparation visiblement en cours,et moi qui interrompt, qui m’impose, curieux et presque vexé qu’elle ne m’ait rien mentionné. “Vous allez quelque part ?”

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Message(#) Sujet: Re: #11 - benny + at times it's not that complicated #11 - benny + at times it's not that complicated EmptyMer 14 Mar 2018, 01:33


razorblade - He would never talk, But he was not shy She was a street-smart girl, But she could not lie They were perfect for each other Say it now 'Cause in your heart it's loud Tell me, tell me, tell me Oh, don't, okay.

« Je… je pense que je suis prête Ben. » les mots qui résonnent dans ma tête, chuchotés, murmurés, tout sauf assumés, le souvenir de mon front sur sa porte il y a à peine une heure, du risque que j’ai pris, et du silence rassurant dans lequel j’ai fini par quitter son couloir, son immeuble, sa soirée. C’était probablement même ce qui m’avait empêché de dormir ce soir-là, les yeux grands ouverts, fixés au plafond, à réaliser ce que j’avais bien pu prononcer tout bas, ce qui m’avait passé par la tête, le scénario catastrophe qui se serait produit si Ben avait entendu. Parce que ce n’était pas censé être compliqué, parce que c’était censé se faire de soi-même ce genre de choses, se comprendre tout seul, d’un coup d’oeil. Non? Parce que s’il m’avait bien appris quelque chose, c’était que de trop réfléchir, de trop se casser la tête ne donnait jamais rien de bon, jamais. Et j’ai tourné dans les draps, des heures durant, incapable de penser à autre chose qu’à ce que tout cela signifie, qu’aux jours meilleurs qui viennent, qu’à la suite de projets auxquels j’ai accolés mon nom, le principal étant ce toit qui nous abritait maintenant, Noah et moi. Noah. Je m’étais levée à un moment, toujours plus insomniaque devant les minutes qui passent, aller l’observer façon creepy adossée dans le cadre de porte de sa chambre. Son souffle naturel, celui du gamin qui ronflait paisiblement, qui profite du sommeil du juste. Il était tiré d’affaires, il dormait sur ses deux oreilles, il était maintenant des nôtres, pour vrai. La vie pouvait arrêter d’être mise on hold, le monde pouvait recommencer à tourner, mon monde aussi. Je pense que je suis prête, alors. À arrêter de mettre en veille ce qui naît dans mon ventre, dans ma tête, mon coeur. À cesser de réduire les sourires, à calmer cette mâchoire qui n’a plus besoin de se serrer à outrance, à relâcher ces sourcils qui n’ont aucune raison de se froncer sous l’inquiétude qui est depuis plusieurs semaines passée. Prête à faire un premier pas, pas un sprint, encore moins un marathon, mais l’idée de peut-être tenter, de voir jusqu’où ça mène, la curiosité sûrement, surtout. « J’avais promis que tu le saurais, en premier. » et je soupire, quitte Noah pour finir sur la pointe des pieds dans le jardin plongé dans la pénombre, et passer la porte de bois grinçante de l’atelier. Pourquoi Ben, pourquoi lui? Pourquoi la promesse qui revient, pourquoi je m’y rattache alors que je ne lui dois rien, et lui encore moins? Parce que c’était simple, quand il était dans les parages. Parce que dans un monde où j’avais à soutenir, à supporter, à agir à titre de pilier pour qui que ce soit croisait notre chemin à Noah et moi, Ben lui, ne demandait rien de plus que tout soit facile. Aucun compte à rendre, aucune prise de tête, aucune raison de marcher sur des oeufs, d’avoir peur, de me retenir, de penser, seulement. Et ce sourire niais qui accompagne mes réflexions distraites, mes doigts qui jouent dans les pinceaux, les couleurs, sortant distraitement une palette, un caneva, disposant le tout sur le chevalet. Si je n’arrivais pas à dormir cette nuit, autant en profiter pour peindre un peu, n'importe quoi, juste pour voir ce que ça donnerait. J’avais hâte de lui montrer ce qu’une nuit blanche avait donné sur mon inspiration, tient.

Le souvenir limpide de la soirée d’anniversaire de Ben avait fini par s’estomper, doucement, naturellement, sans heurts. Comme si chaque jour, la réalité reprenait son rythme, me gardant plus occupée que ce que j’aurais pu croire. Difficile de garder le tempo face à tout ce que je traverse toujours, alors j’isole sans le réaliser Ben pour lui éviter un flot de drame supplémentaire. Il en a déjà trop bavé à mes côtés, il mérite une pause. Les Fêtes de fin d’année et le retour temporaire de mes parents à Brisbane, la conclusion de leur ère de terreur, et Matt que j’ai exclu de ma vie du revers. Le divorce qu’Edward a enfin fini par accepter, qui le rend beaucoup plus facile à rejoindre, présent pour Noah, ce qui m’enlève une charge supplémentaire de culpabilité des épaules. Ezra avec qui tout est beaucoup plus facile désormais, qui apprivoise la vie de père, particulièrement impressionnant à voir pour quelqu’un qui n’a jamais eu la chance de faire ça avant aujourd’hui. Noah à l’école qui prend du nerf, un peu surexcité selon certains de ses professeurs, jamais trop actif selon moi. Et les journées passent, entre notre maison qu’Hassan m’aide à rénover, le vernissage que je prépare avec les conseils de Dannie, les allers et retours de Tad qui a fini par reprendre son habituelle place à la table des McGrath, nouvelle génération en format réduit. Bien sûr que Ben me manque. Bien sûr que lorsque je vois un truc qui me fait penser à lui, à la télévision, au cinéma, dans la rue, j’ai envie de le lui partager dans la seconde. Un gif hilarant que je lui envoie automatiquement. Une vidéo ridicule qui partira une poignée de minutes plus tard. Une photo d’un jeu de mot pitoyable que j’oublierai de lui envoyer sur le moment, que je lui ferai suivre le lendemain, qui perd le sens de sa blague, se retrouve sans réponse. Sa vie comme la mienne est mouvementée et les quelques messages qui s’échangent à des heures fortuites tentent de résumer au mieux ce qui nous arrive chacun dans nos vie respective, on se garde dans le loop, mais l’impression d’être sur des fuseaux horaires différents rend les échanges moins automatiques qu’avant, moins fluides. Parfois, je sourie, avant d’oublier de répondre, Rien contre lui, les mains enfouies dans la peinture, la tête cachée sous les robinets. Il fait toujours partie de ma vie, mais à distance, il reste toujours ambiant sans vraiment être là, physiquement. Seulement, loin des yeux loin du coeur commence à me peser, lorsque je réalise que notre habitude de se parler quotidiennement, au moins pour échanger un emoji et un autre, s’est cassée il y a plusieurs semaines déjà. Et là, c’est la routine qui embarque, c’est le déni qui fait des siennes, et je me dis que c’est normal, qu’il n’y a pas de mal, qu’on reprendra où on a laissé la prochaine fois qu’on se reverra, qu’avec lui, c’était toujours comme si on venait à peine de se quitter. Parfois, je me dis qu’il a entendu ce que j’ai pu lui confier, ce soir-là. Qu’il a entendu, et qu’il a pris peur, qu’il a fui, comme cette fois dans le placard à l'hôpital, comme l’instant, la fraction de seconde où j’ai eu la pire frousse de le voir disparaître comme Ezra à l’époque. Mais il était resté. Il resterait donc encore, n'est-ce pas? Les mois filent à toute allure, la vie continue, comme un montage de film à la musique dynamique. J’ai eu 28 ans aussi, la semaine dernière. Tad jure avoir vu un premier cheveux blanc dans ma tignasse après la première bouchée de gâteau d’anniversaire, l’avait arraché avec triomphe avant de réaliser qu’il s’agissait seulement de gouttes de peinture qui étaient restées accrochées à mes mèches. J’avais voulu le texter à Ben ce soir-là, mais j’avais mis l’idée en berne quand mon ami avait sorti les DVDs de Buffy. Note mentale de le faire le lendemain, qui s'était perdu dans le planning chargé avant le grand départ.

Je viens à peine de quitter l’atelier, les bras soutenant un gros carton rempli de matériel de peinture, quand j’entends un moteur s’arrêter sur le parking. Le temps de passer la porte donnant sur la cuisine ; c’est la voix de Ben que j’entends venir du hall. Et si j’étais justement en train de penser à lui, c’est d’un pas décidé que je déboule dans l’entrée, parce qu’on a des trucs à se dire, et qu’il doit absolument me confirmer quelque chose.  « T’arrives juste au bon moment pour élucider le mystère du jour. » en guise de salutations, perdant presque équilibre une fois la boîte que je tenais posée au sol. Et je passe en vitesse devant lui, file dans le placard de l’entrée, en extirpe deux cintres sertis chacun d’un hoodie similaire. Noir, gros stormtrooper dans le dos. Il avait oublié le sien ici y’avait des mois, j’avais trouvé le mien avec lui dans un vieux thrift shop de Toowong je ne me souvenais même plus quand. « C’est lequel le tien? Et le mien? » Noah jurait que celui de gauche, que je montre d’abord au Brody, était à moi. Par contre, j’avais des doutes que c’était celui de droite, qui passe maintenant à l’avant, qui m’appartenait. « Parce que la tâche là, ça ressemble à celle de tes frites chili à Disney, mais je suis pas sûre si c’est pas celle du jus de fruits que j’ai pris au marché public. Avec Noah on se demande lequel est lequel depuis des jours. »  le questionnement est sérieux, les doutes planent ici depuis un moment, et de l’avoir à disposition me permettra de prouver direct à mon fils que j’ai raison et qu’il a eu tort, pour sûr. Mais plutôt que de se prêter au jeu, plutôt que d’embarquer dans mon délire comme il l’aurait fait tellement d’autres fois avant, Ben se braque, son regard se vrillant de suite aux valises qui se stockent au pied du canapé. Et il demande, où on part.  « Oh, mais je croyais que je te l’avais dit. » c’est la désolation la plus sincère du monde dans ma voix, le trouble de ne pas être assurée à 100% de lui avoir écrit la nouvelle, d’espérer l’avoir fait, mais de ne plus me souvenir même s’il avait répondu. Ravaler à nouveau, ne pas laisser le malaise de ce qu’on est devenu, ou de ce qu’on n’est plus, reprendre la place. « Je pars au Japon. C’est Ed, il avait des rencontres avec des clients de prévues, et comme je l’ai baratiné avec ça pendant des années il m’a pris un billet pour ma fête. » que je finis par expliquer, déposant les deux hoodies qui étaient les stars de la conversation plus tôt sur le canapé. Est-ce que je devrais lui expliquer autant les raisons derrière ce voyage? Est-ce que ça l’intéresse, seulement? Alors je gratte un peu, je profite du fait qu’il est bien là, en chair et en os, pour relancer comme avant, au mieux. « Noah rage de pas venir. » et je roule des yeux, laissant un rire couler, sachant que le gamin allait tout de même passer une semaine de fou avec Cooper pour la peine. « Tu fais que passer ou tu as un peu de temps? » autant demander. Il était peut-être seulement dans le voisinage. Il avait probablement une poignée de minutes sans plus avant de retourner à sa vie mouvementée, me laisser à la mienne. De ce fait, je ne perds pas de temps, sachant que là encore, il risque d’être l’homme de la situation. « Parce que je t’ai menti. Y’a un mystère pire encore à résoudre aujourd’hui. » et d’un air entendu, je lui fais signe de laisser ses affaires au salon, et de me suivre vers la chambre de Noah. Rendus là où j’ai besoin, je fais volte-face vers un Ben qui semble perdu devant mes indications, et je ne le comprends que trop. Simplifiions la chose de suite, donc. « J’ai commencé à faire ça, et j’arrive pas à décider si je mets Iron Man à côté de Batman, ou à côté de Deadpool. » du doigt, je lui pointe le projet en cours d'un montage photo disposé au sol, les personnages des BDs préférées de Noah que j’ai tracés, et que je m’applique à coller les uns aux côtés des autres pour en faire une giga murale qui prendra un pan de mur dans sa chambre. Bricolage du jour, bonjour.  

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Message(#) Sujet: Re: #11 - benny + at times it's not that complicated #11 - benny + at times it's not that complicated EmptyVen 23 Mar 2018, 10:10


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Je m'attends à une moue boudeuse et quelques reproches mâchés, bras croisés. Une Ginny qui en a quelque chose à faire, de mon absence le jour J, qui demande des comptes et dont je sauverais la journée avec un cadeau et une blague vaseuse. À l'inverse, elle est tout sourire, et c'est comme si de rien n'était. Surpris, presque déçu, j'ai le cœur qui bondit et se planque quelque part au fond de ma poitrine, qui ne fait plus de bruit. Ce n’est rien, la superstar a simplement besoin d'un nouveau plan, ça ne devrait pas tarder. En attendant, je planque mon présent dans mon dos, coincé par ma ceinture, couvert par le bomber, attendant le bon moment pour le dégainer. J'écoute la brune déblatérer à propos d'une confusion de hoodies, je note que le mystère plane depuis des jours et qu'elle n'en a rien dit plus tôt. Je serais venu récupérer mon bien si elle l’avait demandé -je lui aurais dit de le garder, qu'on s'en fiche de quoi est à qui, parce que j'aime l'idée d'avoir un truc confortable qui traine chez elle pour les jours où je m'incruste, même s'ils sont de plus en plus rares. Quoi qu'il en soit, j'approche et résout l'énigme en plongeant tout simplement mes mains dans les poches de chaque gilet. Dans celui de droite, il y a un vieux chewing-gum dans un reçu de carte bleue, et le plus gros ruminant de nous deux, c'est moi. “Celui-là.” je conclus d'un signe de tête. Et je ne sais pas si je dois lui prendre des mains ou lui laisser, si ça encombre, si je m'en soucie que ce soit le cas. Mon attention est surtout très vite attirée par les valises éventrées dans le salon, et cette déduction sous forme de fausse question ; il y a voyage dans l'air, et je ne sais ni où, ni quand, ni combien de temps, et ça fait bizarre dans l'estomac. L'air désolé de Ginny ne prend pas trop, j'attends surtout les détails dont, non, elle n’a pas jugé bon de me parler plus tôt. Pas qu'elle me doive un rapport détaillé de sa vie, pas que mon avis compte et que je l'empêcherais de faire ce qui lui chante, mais on se disait absolument tout il n’y a quand même pas si longtemps. J'apprends donc pour le Japon, cadeau d'anniversaire qui me fait sentir si petit que je suis finalement bien content d'avoir dissimulé le mien. Voyage d'affaires, voyage à deux seulement, pas de marmot dans les pattes, champ libre, ça sonne comme un de ces vieux couples passés par là case thérapie et qui décide de se donner une nouvelle chance, de renouer avec les habitudes. Et je me dis qu'il y a peut-être bien plus que ce départ dont je ne suis pas au courant. “Ouais, j'imagine.” je souffle, et Noah n’est pas le seul dégoûté dans l'histoire, mais je souris et fais mine d'être content pour elle, qu'elle fasse cette expérience dont elle rêvait. Et tant pis pour Noah, et tant pis pour moi. Elle peut bien penser à elle, elle a gagné ce droit. Il n’y a vraiment rien à en dire, je lui ai déjà arraché plus d'informations qu'elle ne comptait en donner sur le sujet. L'envie de rester ici quelques heures me passe, de toute manière Ginny a visiblement bien des choses à faire, alors plutôt que de lui avouer que j'ai la journée pour moi, je secoue la tête, hausse les épaules, le sourire faux, l'air embêté ; “Pas trop longtemps.” Cela ne m'empêche pas de la suivre jusqu'à une autre pièce où une nouvelle énigme m'attend. Une grande fresque dans la chambre de Noah, et mon expertise de révèle nécessaire afin de placer l'un de mes héros préférés entre les autres. J'ai les mains dans les poches et un bon mètre de distance avec le montage qu'elle me présente. “Deadpool, la question se pose même pas.” je réponds, sans vraiment regarder. On ne mélange pas les univers, ce serait un crime. Iron Man n’a définitivement rien à faire auprès de Batman, et je me dis qu'ils ne s'entendraient pas, les deux millionnaires mégalos qui n'ont d'autre pouvoir que leur armure. Je n’ai pas de sens artistique, mais pour moi, les deux combis rouges iront bien l'une à côté de l'autre. En bref, tout va dans ce sens, et je pense que Noah et Adam seraient d'accord. Mission accomplie. Je me presse hors de la chambre, et je ressasse, je rumine, ce qui n’est pas mon genre, pas celui que je me donne ; c’est que je ne comprends pas tous les signaux contraires de Ginny, les pas en avant, en arrière, de côté. Au final je ne sais même plus quoi penser, s’il faut y penser, si je pense trop. Si, pour une fois, je suis celui qui se prend la tête. Je repense à son aveu à travers la porte de mon appartement le soir de mon anniversaire, et cela n’a plus trop de sens. Je ne sais pas à quel moment je suis devenu le plus attaché des deux, ce qui me fait sentir franchement stupide, mais il me semble être le seul ici à voir que quelque chose cloche. “Ed, genre, Ed-l’ex-mari ?” je demande finalement après avoir fait volte-face dans le couloir, parce que ça me démange et je ne parviens pas à rester sans rien dire, sans déballer ma pensée, mon incompréhension teintée d’amertume. Qui part pour le Japon avec son ex comme ça ? “Vous avez pas été longs à remettre le couvert.” j’ajoute, mine de plaisanter, maladroit et inapproprié, ce qui n’a rien d’étonnant en soi, pas de ma part. Mais il y a cette défensive, cette fausseté dans la légèreté du ton, qui transforme la blague en cynisme acerbe. Mais je ne suis pas jaloux. Je m’en fiche, dans le fond.

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Message(#) Sujet: Re: #11 - benny + at times it's not that complicated #11 - benny + at times it's not that complicated EmptyVen 23 Mar 2018, 11:04


razorblade - He would never talk, But he was not shy She was a street-smart girl, But she could not lie They were perfect for each other Say it now 'Cause in your heart it's loud Tell me, tell me, tell me Oh, don't, okay.

Oh qu’il n’est pas à l’aise. Il ne faut pas être trop avertie pour capter de suite le changement dans son ton, le changement dans son regard, son attitude, ses mouvements. En soit, je mets un brin de temps à capter le pourquoi du comment, prétextant qu’il est simplement déçu de ne pas avoir pu contribuer au tableau Pinterest que j’avais monté comme une gamine, répertoriant les meilleurs cafés canins de Tokyo, ou le top 10 des game shows à ne pas manquer quand on était de passage dans la capitale des ramens et autres sushi shops. Rien n'y fait, et ma naïveté légendaire ne creuse pas plus loin, parce que je sais bien qu’il n’y a probablement rien à creuser. Ben avait rendu la chose plutôt claire entre nous, tout autant que moi, et s’il ne s’était jamais empêché de faire dériver son regard sur les décolletés qui passaient dans son champ de vision en ma présence, je n’aurais jamais pu prévoir qu’il rumine plus loin que le voyage, qu’il y a des détails que je ne comprends pas, qu’il y a un nom aussi, qui a glissé sur mes lèvres, et qui a rendu le grand brun plus froid, plus distant. « Je serai pas longue, alors. » passée maître dans l'art d’exhiber le plus lisse et le plus impassible des masques, c'est presque 4 ans à être au chevet de mon gamin entre Londres et Brisbane qui m'aident à rester stoïque. Pas un pli, pas un soupir, je prends ce qu’il m’offre en reléguant mon mauvais pressentiment au plus profond de mon coeur pour la peine. Si j’avais été alerte aux signaux, si j’avais voulu voir plus loin que ses phrases courtes et ses regards fuyants, je me douterais déjà que c’est presqu’assuré qu’il ne repassera pas de sitôt, qu’il se force, qu'il n’est plus dans le mood pour quoi que ce soit aussi innocents nos plans étaient, que la distance mise nonchalamment entre nous depuis des semaines à cause de nos vies laissées à l’abandon n’est absolument pas bon signe. La culpabilité aurait remonté aussi, l’illumination absente, qui finit par s’échapper entre le premier et le deuxième pallier d’escaliers vers la chambre de Noah. Je sais au plus profond de moi qu’il m’a entendue ce soir-là. Néanmoins, c’est beaucoup plus facile de croire à un craquement derrière sa porte qu’à une potentielle fuite, moins blessant, moins décevant. Tout dans notre histoire hurle qu’il n’est pas prêt, mais que comme sa maman l’a bien élevé, il a décidé de passer ici, de faire amende honorable, de laisser la marchandise se remémorer à ses yeux, question de mieux l’oublier ensuite. Pourtant, je tourne la poignée de la chambre de mon fils, cache en bas le malaise toujours trop ambiant, chantonne sur un sujet qui, je sais, est facile entre nous parce que ça a toujours été le cas. Miser sur des valeurs sûres, jouer le jeu, brider la réflexion pour ne pas manquer une seule seconde de son précieux savoir, et d’un commentaire que je lâche pour faire remonter le niveau. L’humour à la dérive - c’est là où le dernier drapeau rouge aurait dû me faire relever le nez dans sa direction, et plonger mon regard dans le sien. « De toute façon, j’ai toujours aimé les fanfictions qui les mettaient en action tous les deux. » que je m’entendrai dire à la place, forte de sous-entendus grivois, lui rappelant cette fois où on avait creusé la toile pour assouvir nos divagations d’idiots qui juraient avoir vu un rapprochement entre les deux héros à la verve bien connue. Il ne rebondit pas. Il ne relance pas la BD tellement graphique que j’avais dû détourner le regard par pudeur, il ne fait pas de surf sur le fait qu'il s'en était moqué pendant des jours et pire, il se mure dans le silence. Un Ben muet est un Ben mauvais ; je ne le saurai que trop vite. « Lui-même. » à peine sortie de la chambre de Noah que le Brody renchérit sur mon voyage et plus particulièrement sur la personne avec qui je pars. Pas de faux semblants, pas de réponse diplomatique, il a vu juste, c’est bien de ce Ed là que je parle. Et il gratte, et il me sort une pique qui n’a pas l’impression d’en être une, mais plutôt un reproche poussé avec vigueur. C’est là où les pièces auraient pu, auraient dû se mettre à côté les unes des autres, mais je suis trop occupée à ouvrir grand les yeux, à avaler le coup pour faire autre chose que de parler ma vérité, de questionner à mon tour. « Ben, c’est quoi ça? » parce que ça ne nous ressemble pas. Cette amertume sur ses lèvres, ma position sur la défensive. C’est un couloir dans lequel on aurait pu se pourchasser comme deux enfants, ou faire un remake de vieux film d’horreur où l’un sort en mode zombie de la porte du fond, pendant que je flash les lumières à outrance à l'autre bout de l'allée. À la place, le silence est à couper au couteau, et ses iris me font mal d’être si accusateurs. « On a passé assez de temps sur les papiers de mes parents pour que tu saches pas mal tout sur l’histoire, non? » et c’est rhétorique, mais évident. Qu’il sait qu’Edward a été choisi par mes parents à la base, que ce mariage a toujours été l’oeuvre de géniteurs qui voyaient en notre union un règlement de compte. Qu’il sait que le divorce a été l’une des choses qui m’a permis de survivre à l’année dernière. Qu’il sait que même si Edward est quelqu’un de bien, foncièrement, ça n’a jamais été comme ça entre lui et moi. « Pourquoi j’ai l’impression que tu agis comme Noah quand je lui confisque son jouet? » la série de questions se poursuit, motivée par la boule de feu qui commence à prendre forme dans mon ventre, sensation que je déteste parce que je ne me reconnais pas d’être ainsi avec lui, même si, depuis le début, depuis le jour un, il n’y avait jamais eu de secrets entre nous. Pas besoin, quand tout est si simple. « C’est parce que je te l’ai pas dit? » oh qu’elle est naïve la petite Ginny, oh qu’elle se cache derrière une raison bidon pour se voiler la face encore un peu, juste assez, le temps qu’il me dise que tout ceci n’était qu’une blague, qu’il se foutait de ma gueule, qu’il est heureux pour moi, qu’il a hâte que je revienne pour voir quel souvenir comestible à goût de pieuvre je lui rapporterai.  

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Message(#) Sujet: Re: #11 - benny + at times it's not that complicated #11 - benny + at times it's not that complicated EmptyMar 03 Avr 2018, 13:19


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S'esquiver, se taire, s'en aller. Habituellement, cela n’est pas si compliqué. Mais il a fallu que je demande, que je laisse la curiosité prendre le dessus -non, le besoin d'avoir raison, d'avoir le cœur net, et de réaliser qu'une fois encore, le dindon de la farce, c'est moi. J'aurais pu feindre l'ignorance, mais pas l'indifférence, pas comme Ginny qui semble tombée dedans. Ça me touche, ça me vexe, ça érafle mon égo qui se plaisait dans ces tests de sa part et de la mienne, cette porte entrouverte que personne n'osait enfoncer et qu'elle avait peut-être fermée au final. À moins que ce ne soit moi. Et la partie de moi qui se composait dans la lumière des projecteurs s'imagine que c'est mon silence, de l'autre côté de la porte, ce soir là, ou le silence des autres jours qui ont installé la distance, et une forme de revanche de sa part. C'est pour ça que la jeune femme veut filer au Japon avec son ex-mari, sans doute ; c'est pour me faire réagir, et je lui rends la tâche presque trop facile. Elle fait mine de ne pas comprendre pourquoi je le prends mal, d'où vient cette soudaine acidité, et c'est tant mieux. Parce que je ne veux pas expliciter, avouer, assumer que oui, Ed qui s'envole avec elle, c'est un autre gosse qui me pique mon jouet préféré, et ça éveille l'esprit revanchard, le gamin boudeur qui croise les bras. “Tss, n'importe quoi.” je siffle entre mes dents serrées, le regard en direction du sol où je piétine nerveusement. Pourtant je me comporte bel et bien comme un enfant, alors que je sais parfaitement que ma remarque est gratuite, piquante par facilité. Et je n'oublie pas toutes les heures que nous avons passées sur ce divorce, les pages de dossier, les conseils et les mots de bon courage qui ont meublé une année difficile. Je sais ce qu'il en est, et c'est justement pour cette raison que je comprends pas pourquoi Ginny retourne vers lui comme une ancienne détenue en récidive parce qu'elle n’en a pas eu assez. “Bien sûr que non.” ce n’est pas que parce qu'elle n’a pas jugé bon de m'en parler avant que je ne déboule chez elle à l'improviste et me retrouve devant un fait accompli auquel je n'aurais de toute manière rien pu changer. Même si ça compte. “C'est…” Je sens le cadeau planqué dans mon dos, et je me trouve toujours aussi stupide. J'ai la main sur la rambarde de l'escalier, inclinée vers le bas, vers la sortie, si proche, atteignable, comme un index géant indiquant la porte, la fuite d'une conversation que je ne veux pas et n'aurais jamais envie d'engager. La mâchoire toujours tendue, les dents scellées entre elles qui maintiennent ma bouche close, je regrette d'avoir dit quoi que ce soit plus tôt, d'être venu, plutôt que d'avoir laissé les choses se faner et mourir. Mais si j'ai fait le chemin jusqu'ici, c'est parce-que je tiens à Ginny. Assez pour le lui dire ? Je soupire, hausse les épaules, résigné ; “Tu sais quoi, laisse tomber.” C'est la solution de facilité qui s’abat, pas parce que je le veux, mais parce que ce sont les seuls mots qui trouvent leur chemin jusqu'à mes lèvres -ceux que j'ai déjà prononcés bien souvent, avec beaucoup plus de détachement qu'à cet instant. Et ça me dépite autant qu'elle, sauf que je ne sais pas faire autrement. Je ne peux pas dire qu'elle m’a manqué quand elle fait comme si de rien n'était, je ne peux pas avouer que je ne veux pas qu'elle s'éloigne alors qu'elle s'apprête à prendre l'avion sans m'informer. Quand elle concentre si bien tout ce que j'ai cherché à fuir tout ce temps, et que je dois fuir encore, un premier pas dans l'escalier menant au suivant jusqu'au rez-de-chaussée, palier après palier. C'est un boum derrière moi qui me fige une seconde de trop tandis que je crois encore être le plus rapide de nous deux à se ruer sur le petit paquet qui vient de tomber sur les marches ; mais ma main ne fait que glisser sur les doigts de Ginny qui se referment sur le cadeau à son nom, kamikaze ayant sauté hors de ma ceinture droit sous ses yeux. Sous le papier criard, la montre ultra kitsch Lego Wonder Woman, super immature, pas chère, sûrement collector un jour prochain. “Ouais, c'est pour toi.” j'avoue, assumant presque trop de l’avoir caché et planifié de ne finalement pas lui donner afin de me le ridicule qui me frappe à cet instant de plein fouet.

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Message(#) Sujet: Re: #11 - benny + at times it's not that complicated #11 - benny + at times it's not that complicated EmptyMar 03 Avr 2018, 15:04


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Et ça fait mal, ce que je n’arrive pas à décrire, ce que j’arrive trop à ressentir. Ça fait mal de voir que cet allié qui a été là depuis beaucoup plus longtemps que prévu est à un pas, à une phrase, à un rictus de quitter ma maison comme il quittera ma vie. C’est le mauvais pressentiment qui se charge de m’annoncer que non, Ben n’était plus dans son élément à mes côtés et que oui, la distance mise entre nous deux depuis des mois a eu raison de ce qu’on avait malhabilement construit. Y’a le vide de voir que c’est bel et bien vrai, et pas juste une angoisse anticipée de gamine. Y’a la déception de ne pas réussir assez à alléger la scène pour que tout se passe bien, pour que tout ait le potentiel d’être normal. Y’a l’impuissance d’être incapable de lui offrir ce dont il a besoin dans l’instant, simplement parce que je ne le sais plus, ce dont il a besoin, maintenant. Si tout au long de notre relation la légèreté avait toujours primé sur le reste, voilà que l’humour et les vannes et la voix qui chante ne lui disent plus rien. Même si je m’y accroche, même si j’ai le regard vissé à ses lèvres d’attendre qu’il s’explique, qu’il mette des mots sur ce qui se passe dans sa tête, lui que j’avais su lire plusieurs fois au mieux, lui que je connaissais à force, lui qui reste là, qui cherche, qui patauge, et qui finalement annonce la suite, peu glorieuse. Et ce sont mes sourcils qui se froncent, ses mots qui claquent, une intention pas toute à fait claire de ma part de comprendre, et une encore plus nébuleuse de la sienne de mettre un terme à la conversation, et à tous les non-dits. Il ne me fait pas encore dos lorsqu’il sous-entend que ça n’en vaut pas la peine, que comme il l’a annoncé plus tôt, peu importe ce que je dirai, il est déjà long gone. « Ben... » et je fais un pas dans sa direction quand déjà il en fait 10 dans le sens inverse. Et pourquoi je me rattache tant à ce qui se trame là? Pourquoi est-ce que je veux gratter ce qui est si douloureux déjà? Pourquoi est-ce que je ne laisse pas ce qu’il avait prédit, tous ses simagrés, tous ses gestes, la dernière année confirmer ce qu’il disait lui-même? Qu’il n’était pas de ceux qui s’éternisaient lorsque ça se compliquait. Qu’il n’était pas de ceux qui se cassaient la tête lorsque la vie les poussait à bout. Qu’il n’était pas de ceux qui restaient dans les parages lorsqu’il y avait plus, lorsqu’il y avait des sentiments, lorsqu’il… « Ben. »  le déclic se fait, et la question est sur ma langue, la question brûle, elle est là, claire, en néon, couleur flashy et paillettes qui l’entourent. Mais mon regard est distrait par le petit paquet qui s'échappe de sa veste, lui qui a pris la fuite avant même que je n’ai pu faire quoi que ce soit de plus que d’avancer, de me pencher sur le pallier, de ramasser ce que son sillage empressé a laissé aller. Nos mains s’effleurent quand Ben pense avoir une longueur d’avance, pouvoir me rafler le paquet ni vu ni connu de sous les yeux, mais déjà mes doigts sont occupés à déchirer le papier. Le bruit fait mouche dans une maison complètement vide, plongée dans le silence, ambiance trop lourde qui ne ressemble en rien à comment c’était, avant, quand on était tous les deux dans les environs. Entre la musique infernale d’un tableau de jeu vidéo, le bruit du four micro-ondes qui chauffe les restes de pizza, les cris qu’on se renvoie d’une pièce à l’autre, parce qu'on a la flemme de se déplacer. Y’a les détails qui remontent et qui sonnent comme des adieux, une fois que l’interlude qui se joue sera couronnée d’un claquement de porte définitif. « Elle est trop cool. » que je souffle, fillette aux esprits embrumés le temps de passer le bracelet autour de mon poignet, de prendre une bonne fraction de minute pour observer avec intérêt le dessin, Wonder Woman façon lego old school. « Merci. » et la super-héroïne me rappelle le gâteau, et l’anniversaire, et le sourire de gamin qu’il avait étrenné toute la soirée, et la fierté d’avoir pu lui organiser un moment à sa hauteur, lui qui méritait tout ça et bien plus encore. Et comme la proximité sera cassée trop vite, et comme je sais, que dès qu’il en aura l’occasion, Ben sera à nouveau en mouvement vers la porte, c’est l’impression d’urgence qui suffit, l’impulsion qui accroche mon regard au sien, probablement de trop, probablement déplacé, mais nécessaire. « Est-ce que tu as entendu? » ce soir-là, mes mots, quand tu es parti, ce que j’ai tant regretté d’avoir dit, que j’ai tant été soulagée de m’entendre dire. « Quand j’ai… » dit à ta porte, à ton pallier, à ta silhouette de l’autre côté du mur que j’étais prête. Les mots sont en suspens, parce que même s’ils ne sont pas assumés, je sais qu’il comprend, je sais qu’il est au courant, je sais maintenant. « Après que tu… » m’aies embrassé, que tu aies statué une raison bidon pour le faire, alors qu’on savait tous les deux que c’était un test, un vrai, comme tous les miens. « Est-ce que tu m’as entendue? » et la voilà, la question, et la voilà celle qui me démange, celle qui a rendu les 4 derniers mois si lourds à porter quand je prends le temps d’y penser. S’il part, je veux en avoir le coeur net. S’il part, je ne veux plus rien en suspens, je ne veux plus aucun doute, je veux la vérité entière, je veux savoir si c’est ma faute, ou la nôtre, fusionnée. Et j’attends, patiente. L’estomac qui se noue de savoir que c’est fini, qu’elle est loin l’époque où tout était léger et fun entre nous, le flirt innocent, les baisers volés, l’impression d’avoir trouvé un équipier, quelqu’un qui était plus qu’un type comme un autre, qu’une distraction comme une autre. Quelqu’un avec qui il y aurait pu avoir quelque chose, et qui aujourd’hui n’est qu’à une poignée de mètres d’y tourner le dos sans que je puisse y faire quoi que ce soit. « Ou est-ce que je dois répéter? » la pointe de défi dans ma voix m'étonne moi-même.

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Message(#) Sujet: Re: #11 - benny + at times it's not that complicated #11 - benny + at times it's not that complicated EmptyLun 30 Avr 2018, 03:51


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Le paquet cadeau m'échappe, et ce n'est pas tout ce qui me glisse entre les doigts. Mais les bons mots, eux, restent bloqués dans le fond de ma gorge. C'est le grand gamin aux émotions immatures qui se montre, la bénédiction des autres jours de ne pas se sentir concerné par les mêmes tracas d'adultes devient le handicap d'aujourd'hui. Et tout ce que je devrais dire, tout ce qui pourrait débloquer la situation en un claquement de doigts, dans un sens ou dans l'autre, est tu, étouffé. Il y a à peine plus d'air hors de la maison de Ginny pour m'empêcher d'étouffer dans ma lâcheté, ma mauvaise foi, mon orgueil blessé. Ça serre la gorge et les dents. Mes yeux fuient, mais la jeune femme ne semble même pas s'offusquer d'avoir manqué de peu un Brody la laissant là sans lui offrir ce pourquoi il est venu dans un premier temps. Désarmé, je ne peux que la regarder défaire le paquet, et je l'imagine déjà rire, moqueuse, parce qu'à cet instant tout ce qui faisait ce qu'il y avait entre nous me paraît bien ridicule. J'ai envie de lui préciser qu'elle n’est vraiment pas obligée de faire comme si, enfiler la montre, prétendre que ça lui plaît, mais c'est le cinéma qu'elle veut servir alors je prends, les bras croisés, peinant à croire en sa sincérité. “C'est pas un voyage au Japon mais…” je finis par me sentir obligé de me justifier. Pardon, pardon, il y a d'humbles gens qui ne sont pas à la hauteur, qui ne peuvent pas être au niveau. Néanmoins, ce n’est pas non plus une partie de laser game, un gâteau géant, et une nuit de films. Et ça, c'est uniquement ma faute. Pour ça, je ne devrais pas me plaindre de quoi que ce soit, mais il est tellement plus facile de blâmer l'univers. “Pas de quoi.” je souffle, résigné à éventuellement admettre que Ginny n’est pas fausse avec moi, qu'elle n’a aucune raison de l'être. Je sais qu'elle ne l'est pas. D'une certaine manière il serait presque plus simple que ce soit le schéma habituel qui se répète plutôt que de me sentir largué dans une situation inédite, roulé en boule, un brin paniqué. Et je ne me pensais pas aussi loin du bout de mes peines que lorsque la brune remet cette fameuse journée sur le tapis, parfaite en tous points, et cette soirée, ce déclic, ce déclencheur de tout le reste et même de ce moment précis. J'avais entendu, je ne parviens même pas à le dissimuler. Tous les traits de mon visage me trahissent qu'importe si je fais de mon mieux pour faire comme si rien ne s'était passé. Parce que j'aurais pu ne pas être derrière cette porte et ne rien entendre. J'aurais pu être là et ne pas écouter aussi. J'aurais réellement pu être surpris par l'émotion palpable qui se dégage de Ginny quand elle évoque ce moment-là. Je peux faire comme si je n'avais pas mesuré ses paroles, compris entre les lignes, et insulter un peu plus l'importance que cela avait à ses yeux. Mais qui je dupe ? L'importance que ça avait aux miens aussi. Que ça a toujours, et que je nie. “Je…” Définitivement les roi et reine des phrases incomplètes, nous nous comprenons quand même, et je parie que je n'aurais rien à ajouter à ces deux lettres pour que Ginny comprenne que j'étais derrière cette porte, à pas deux mètres d'elle, que j'avais entendu, que j'avais compris, et laissé ma porte fermée, le silence, et les mois qui ont suivi, lui répondre à ma place. Mon regard fuit, mes mains se réfugient dans mes poches où ne se cache pas la moindre potion de contenance. Mes lèvres se pincent, mes pieds piétinent nerveusement. Qu'est-ce qu'il se passe, si j'avoue que j'ai pris peur et que ça me terrifie encore ? Je serais plus curieux de savoir s'il y aura toujours la même honnêteté dans sa voix si je ferme les yeux pendant qu'elle le dit à nouveau, et si cela me laissera à nouveau pétrifié sur place. Mes épaules se haussent bien haut, avalent mon cou dodelinant d'incertitude. Finalement je soupire, et ça m'échappe presque, dans ce souffle chaud, à travers le vague sourire stupide que je lui sers pour me croire crédible ; “Je sais pas de quoi tu parles."

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Message(#) Sujet: Re: #11 - benny + at times it's not that complicated #11 - benny + at times it's not that complicated EmptyLun 30 Avr 2018, 14:23


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J’aurais pu lui dire que ce n’était pas du tout comparable, qu’il n’avait pas à comparer. J’aurais pu lui dire de chasser cet air de gamin renfrogné de son visage, que ça ne servait à rien de rendre le moment aussi délicat, sachant que dans une fraction de minute, tout ça serait sûrement fini. J’aurais eu envie de dire bien des choses, de dédramatiser la situation, d’en rire, de nous pointer du doigt dans nos retranchements, toujours sur ce palier qui prend des allures de confessionnal, petite bulle secrète où on s’arrête avant de reprendre chacun nos vies et notre quotidien. « C’est parfait, je l’aime beaucoup. » que je finis par laisser glisser, n’accordant pas plus d’attention à une nouvelle pique qu’il lance dans ma direction, dans celle d’Edward, voulant faire réagir. J’ai pas envie de perdre d’énergie à le rassurer, parce que je sais très bien qu’au fond, il me connaît suffisamment pour savoir que ce n’était pas l’ampleur du cadeau qui comptait, à mes yeux. Qu’il sait bien que peu importe le nombre de billets, je suis bien loin d’être ce genre-là, je me contente de peu, de l’intention, de la signification, de la personne. De lui. “Je sais pas de quoi tu parles." et oui, c’est un serrement dans mon ventre, dans ma poitrine. C’est une décharge, c’est un soupir, c’est un coeur qui ralenti, qui râle, qui hésite. C’est la déception qu’il joue à cela avec moi, alors que lorsque l’enjeu n’était qu’un reste de fausse sauce burger sur mes lèvres rendait son déni beaucoup plus mignon, beaucoup moins crève-coeur. C’est de voir qu’au final, il préfère laisser toute cette histoire au point mort, de discerner dans son regard, ses gestes, sa voix, son mal-être et le mien. Au moins, si je n'arrive pas du tout à savoir ce qui peut bien se tramer dans sa tête actuellement, je peux pour sûr affirmer que tout comme moi, il a hâte qu’on en finisse. « J’ai dit à ta porte que j’étais prête. J’ai dit à ta porte que comme je t'avais promis, tu le saurais en premier. C'est juste bête qu'elle n'ait pas passé le message. » un sourire en coin, et je n’ai plus l’intention de laisser le moindre brouillard planer sur ce qui s’est passé, je n’en ai plus la force. Le masque still on, la Ginny un peu trop maternelle qui prend sa place lorsqu’elle sent son interlocuteur inconfortable, qui tente de rassurer au mieux, d’expliquer, de calmer les troupes. Le temps qu’il entende, le temps qu’il n’évite plus mon regard, le temps que je reprenne mes esprits, que j’inspire longuement, et j’y retourne. « Je ne te demande pas d’être prêt toi aussi, tu sais. » si cela sonne comme un soulagement, c’est que c’est bel et bien le cas, pour moi du moins. Si j’en étais là dans ma réflexion, c’est parce que je m’étais donné le temps d'y penser, tout simplement. Jamais je n’aurais l’audace ni l’empressement ni même l’impolitesse de le pousser à me répondre quoi que ce soit parce que moi-même je m’étais avancée un peu plus que lui. « Je ne te demande rien du tout en fait. » je clarifie, les doigts qui jouent distraitement avec le bracelet de la montre que je tourne autour de mon poignet, m’occupant à faire quoi que ce soit d’autre que de réfléchir à tout ce que je confie à mi-voix, chuchotement dans une immense maison pas si grande que ça, mais qui prend des allures d'autre planète dans la seconde. « Il m’a bien fallu plus d’un an pour en arriver là, je suis pas du tout pressée d'entendre ce que tu as à dire sur tout ça. Tu peux prendre tout le temps du monde si tu en as besoin. » un an à capter, quatre mois à assumer. C’est peut-être pour cela aussi, que son absence additionnée d'un retour inopiné dans ma vie ne m’ont pas si brusqué que ça. Je savais qu’il reviendrait, je le savais comme une certitude. Qu’attendre n’était qu’une formalité. Et pourtant… « Je connais le personnage, et même si j’ai pas du tout envie qu’il change, je sais qu’il y a de fortes probabilités qu’il ait juste le goût de reprendre son hoodie, et de filer dans la seconde. »  j’aurais voulu qu’il me dise qu’il avait entendu. J’aurais voulu qu’il soit au moins honnête, même si flippé. J’aurais voulu qu’il me fasse rire en affirmant que comme déclaration, j’aurais pu faire mieux. J’aurais voulu qu’il me dise que tout irait bien, parce que tout allait bien quand il était dans le coin de toute façon. J’aurais voulu qu’on comprenne ensemble, qu’on ait peur ensemble, qu’on ne sache pas trop ce que tout ceci voulait dire, mais qu’on ait envie de le trouver tous les deux, juste parce que c’était fun. Parce que c’était une mission d’agents secrets, parce que c’était un terrain complètement inconnu pour lui comme pour moi, parce qu’on formait une équipe, et parce qu’on ne laisse jamais son partner seul devant un danger à maîtriser. J’aurais voulu qu’on soit Wonder Woman et Iron Man, qu’on trouve un moyen de faire cohabiter nos deux univers. Il était bien aussi vif d’esprit que Tony Stark, il avait le même charisme, l’intelligence à la clé. C’était bien la loyauté que j’avais vue en premier, qu'il partageait avec son personnage de BD préféré, ce besoin viscéral d’être là pour ceux qui comptent, peu importe comment. J’aurais voulu que son humour légendaire rattrape le tir, qu’à l’instar d’Iron Man, il ait lui aussi une armure high tech, prête à nous protéger de tous les tracas du monde le temps qu’on vive un peu dans notre cocon, dans notre forteresse de couvertures. Mais je suis réaliste. Mais je sais que tout ceci n’est qu’une lubie, et que même s’il n’a pas la moindre méchanceté en lui, qu’il n’est pas du tout mesquin, c’est beaucoup, c’est trop lui demander que d’assumer si vite ce qui est en train de naître, là, ce qui était peut-être présent bien avant que je ne le capte. « Et je te retiendrai pas. Je t’ai retenu une fois déjà et juste… je ne veux pas te forcer si tu n’en as pas envie, si tu n’en as plus envie. » le souvenir du placard et de l’hôpital, le souvenir d’un Ben qui était bien avancé dans son élan, le souvenir de ma main sur son poignet qui l’avait empêché de partir parce que je n’aurais pas été capable de rester aussi stoïque, aussi zen face à son dos tourné que maintenant. Qu’il parte, qu’il multiplie les conquêtes, qu’il étouffe dans l’alcool, les nuits blanches et le boulot ce qui se trame ici. Ça n’a pas la moindre importance. Parce que « Quand tu voudras en discuter, si un jour tu veux, je serai là. Je bouge pas. » c’est l’évidence. Que je ne veux rien entendre de sa part si ça ne vient pas foncièrement de lui, s’il n’a pas réfléchit, s’il ne le veut pas lui aussi. Que je ne veux pas qu’il se précipite pour me faire plaisir avant de frapper un mur. Mais aussi, que je ne serai pas aussi clémente, aussi patiente s’il m’affirme quelque chose aujourd’hui et me brise le coeur la semaine d'après. « … en fait, je bouge demain, mais c’est juste géographiquement. » et la blague qui sort toute seule, s’accompagne d’un too soon? du regard, et un rire que je retiens à peine.

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Message(#) Sujet: Re: #11 - benny + at times it's not that complicated #11 - benny + at times it's not that complicated EmptyVen 18 Mai 2018, 05:34


razorblade - He would never talk, But he was not shy She was a street-smart girl, But she could not lie They were perfect for each other Say it now 'Cause in your heart it's loud Tell me, tell me, tell me Oh, don't, okay.

Allait-elle oser, Ginny. Allait-elle prendre le temps, ou le perdre, à se pencher sur ce cas désespéré, à se répéter, avec le courage, la volonté d'avoir le cœur net ? Juste là, cette fois-ci, sous le nez d'un Benjamin au regard fuyant, qui faisait l'enfant. Elle soupira au moins, comme prévu, et il pensait avoir gagné son ticket de sorti avec sa répartie lâche, facile. Faire comme si de rien n'était était tellement plus simple que de prendre position, s'expliquer et assumer. Quand bien même l'aurait-il voulu, les mots coincés au fond de sa gorge le rendaient bien trop nerveux, apeuré. Il ne voulait rien gâcher. Mais pour cela, il devait tourner le dos. Ignorer le micmac d'émotions de l'année passée, feindre la stupidité, et faire mine de la blesser malgré lui. Sur le moment, cela semblait en valoir la peine. Puis il n'en fut plus si sûr. Se sentant comme puni, accusé, blâmé par l'honnêteté dont Ginny faisait preuve et dont il était incapable, le brun baissa les yeux en l'écoutant reprendre mot à mot ses paroles abandonnées à la porte il y avait trop longtemps de cela. Elle lui arracha un rictus amusé au coin de la bouche, qu'il tenta de réprimer en se pinçant les lèvres. Parfois, le choix le plus banal pouvait tout changer, comme garder une porte fermée. “What a bitch right ?” répondit-il, jouant le jeu sans pour autant chercher à se dédouaner. Cela lui allégeait bizarrement les épaules de blâmer la porte inanimée plutôt que sa propre décision de laisser Ginny sur le palier. Une respiration, un comique de situation, une pointe d'ironie qui lui rappelait pourquoi il adorait tant la jeune femme. Au fond, il se donnait les coups de bâton lui-même. Elle, elle ne voulait que sauver ce qui pouvait l'être. Néanmoins, ce n'était pas tant de temps dont le Brody avait besoin ; de cela, il en avait eu tout autant qu'elle, et le résultat était là. Lui en accorder plus ne pourrait que le conforter dans la distance qu'il avait instauré depuis les aveux de Ginny. Elle devait en avoir conscience, elle aussi, sans quoi elle ne soulignerait pas cette irrésistible tentation de filer comme un voleur, d'emprunter la porte de sortie toute indiquée. “Ca sonne assez typique, oui.” confirma-t-il, un rictus dépité et les épaules qui se haussent, désolé. L'irlandais pouvait les décevoir tous les deux par un simple pas en arrière. Il passa une main dans ses cheveux, sur son crâne aux pensées désordonnées, les yeux glissant sur elle, la maison, la moto prête à partir, le bitume le long de la rue. Fallait-il vraiment dire quoique ce soit ? La stratégie du silence et de l'ignorance n'étaient pas concluantes, à la réflexion. Ses pieds étaient englués sur place, le plomb dans l'estomac le maintenant bien à sa place, une partie de lui l'empêchant de partir sans avoir été honnête à son tour. La sincérité lui brûlait le ventre comme une aigreur d'estomac un lendemain de cuite ; le mieux était de tout faire sortir. “Et si… si je ne suis jamais prêt ?” demanda-t-il finalement. Et une fois sur sa lancée, la vague ne pouvait se stopper ; il avait commencé, autant finir, étaler là tout ce qu'il ne se donnerait peut-être plus l'occasion de redire plus tard, quitte à ce qu’elle lui réponde avec un rire, ou avec un soupir découragé. “Ou si un jour je crois l'être et c'est faux et je ruine tout ?” Parce qu'il était doué pour ça, malgré lui. Un égoïsme inconscient faisait souvent passer son intérêt devant celui du reste du monde ; ce n’était pas ses petites qualités du quotidien qui pouvaient rattraper ses grands moments de gamin capricieux, d'adolescent irresponsable, d'adulte lâche. “Ou si on se goure tous les deux et que ça ne fonctionne pas du tout ? Ça pourrait mal se passer de tellement de manières.” Quant à tous les autres scénarios où tout irait bien, coulant comme le fleuve tranquille que leur relation avait été jusqu’à présent, il ne les imaginait pas. Il les balayait, il les craignait tout autant, sans être capable de se l’expliquer. Il aimait sa liberté, et il aimait être avec Ginny ; le reste était bien trop compliqué pour lui. “Pendant un temps, j'ai cru que c'était ce que je voulais, que tu dises ça, reprit-il. Puis on prendrait du bon temps pendant un petit moment, et une fois lassés on passerait à autre chose facilement. C'est toujours comme ça.” On ne supportait Ben jamais bien longtemps ; l’attachement ne survivait jamais le cap de l’engagement qu’il fuyait comme la peste. Lui s’ennuyait vite des niaiseries, boudait le sérieux que l’on attendait de lui, et ne supportait pas les chaînes des regards jugeants ses actes, ses paroles. La castration sociale comme allant de paire avec la vie de couple, tout ce qu’il fallait concéder et argumenter pour avoir la paix au nom d’une fille pour qui il ne ressentait pas assez. C’était le schéma habituel. Mais Ginny l’avait surpris au premier rencard, déjouant tous les paris dès le départ. “Et la dernière fois j'ai compris qu'en réalité, je ne voulais surtout pas tout ça. Pas parce que je ne veux pas de toi mais parce que, justement… Je veux pas que ça foire comme à chaque fois et… te perdre. Tu me connais, je suis un désastre ambulant, et tu vaux mieux que ça.” Ca se résumait facilement ; il avait la trouille. Il l’admettait à demi-mot.

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Message(#) Sujet: Re: #11 - benny + at times it's not that complicated #11 - benny + at times it's not that complicated EmptyVen 18 Mai 2018, 11:07


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Mon monologue qui part au vol, qu’il attrape d’une oreille beaucoup plus attentive que je ne l’aurais cru, alors que j’anticipais à la seconde près qu’une fois le dernier point posé, qu’une fois la dernière phrase conclue, Ben laisserait dans son sillage une traînée de poussière et encore, rien d’autre. Pourtant, pas une fois il n’a dit un mot, pas il fois il n’a baissé le regard non plus. Et ça me conforte, que dans toute cette histoire, j’ai pu mettre mes cartes sur la table, j’ai pu avoir le temps de dire ce que j’avais sur le coeur depuis si longtemps, tourné et retourné dans ma tête avant de finir par le lui confier d’un trait, la respiration retenue pour la cause. Il prend une pause, il reste muet, et j’encaisse sans soucis aucun, assurée que mon discours a au moins été entendu, et que c’est bien suffisant. Je ne m’offusquerai pas s’il part, tout comme s’il reste. Je lui ai laissé carte blanche sans la moindre mauvaise intention derrière la tête, je lui ai laissé la liberté de faire ce dont il a envie sans pression aucune, parce que je sais comment il fonctionne, je le connais par coeur de l’avoir observé si longtemps. Et pourtant, il arrive encore à me surprendre, il arrive direct à m’arracher un léger sursaut à peine perceptible, lorsqu’il prend parole contre toute attente. Les “et si” acides sur sa langue, et la pointe du problème qui se profile maintenant qu’il ne voit que le pire. Ce qui me choque dans les propos du Brody, ce ne sont pas les mots accusateurs qu’il articule le plus sérieusement du monde. Mais c’est le fait qu’il croit que lui-même est le seul en mesure de bousiller ce qu’on a mis un an à entretenir à deux. Qu’il est le facteur à risque, le problème, et que peu importe l’issue de la discussion, si tout part en vrille ce sera sa faute à lui et à lui seul. « Et si je me mets une pression folle, et que je me déçois moi-même? » j’attends à peine avant de répondre à ses questions par les miennes, interrogations censées lui montrer que de nous deux, il était tout sauf la mauvaise graine. « Et si tu réalises que je suis pas si cool que ça au final, que c’était juste les papillons du début qui parlaient pour toi?  » ce qui serait tout à fait légitime ; quelqu’un ou quelque chose auquel on n’avait pas droit reluisait toujours beaucoup plus au soleil que le jour où il était acquis. « C’est pas parce que je suis prête maintenant que j’ai une longueur d’avance, ou que je vais mieux m’en sortir que toi. » d’un regard avenant, j’essaie de chasser l’inquiétude qui monte tout naturellement en lui, même si je sais que je ne peux probablement rien faire contre ses mécanismes qui se mettent en place dès que l’alerte sentiments est lancée. Pourtant, je peux essayer de désamorcer un peu, de dédramatiser surtout. « Un peu plus et je croirais que t’as attrapé ma maladie de trop penser. » mon sourire en coin est doux, bien loin de le piquer méchamment, voulant juste lui arracher un nouveau rire qui soulagera la tension que je vois se profiler sur son visage contrit.  

La suite est pleine de vérité. Pour l’une des premières fois dans notre relation, Ben est absolument, totalement authentique avec moi. Pas de filtre à blagues, pas de sous-entendus grivois, pas de distractions, rien, juste du cru, juste ce qui se trame dans sa tête. Et ça me fait mal au coeur, qu’il perce sa coquille pour parler des sujets qui fâchent, qu’il se fasse du mal à cracher ce qui l’importune alors que j’ai l’impression qu’il se justifie à tort, qu’il ne manque pas la moindre occasion de se montrer du doigt, d'encore craindre le pire venant de sa petite personne.  « On n’a pas la certitude que ça ira bien, comme on n’a pas celle que ça ira mal. » je ne suis pas là pour lui faire de belles promesses, je ne suis pas là pour lui assurer que tout ira pour le mieux le jour où il fera le saut, où je le ferai avec lui. Je suis là pour être franche, pour lui dire ce que j’en pense, et pourquoi j’y crois un peu plus maintenant qu’à peine quelques minutes plus tôt. Les jambes en compote, je finis par m’installer au sol distraitement contre le mur du pallier, le dos qui s’y cale et la place que je laisse au brun, s’il veut venir se poser à mes côtés lui aussi. Ce qui ne devait être qu'une visite de quelques minutes risque de devenir plus long et périlleux qu’on ait pu le croire. Distance ou non, je poursuis. « Tu sais, à chaque fois que je faisais un test, peu importe quand et pourquoi, la réponse était toujours la même. C’était évident, c’était clair. » j’ignore si le résultat a été le même pour lui, et je n’oserai probablement jamais lui demander directement, mais il m’apparaît important de lui avouer que pour ma part, c’était la même depuis le début, que j’avais seulement été lente à la détente à le comprendre. « La seule certitude que j’ai, c’est que quand t’es là, tout est toujours mieux. Que tout est toujours plus facile, plus fun. À 99,9%. » ma voix baisse sur la fin, mon regard se veut faussement accusateur, et je poursuis, le sourire aux lèvres. « Le 0.1% restant, c’est quand tu gagnes à Mario Kart. » incapable de rester sérieuse quand ce genre de conversation prend des allures beaucoup plus matures que ce à quoi je m’étais innocemment attendu, j’en conclus, rejetant ma tête vers l’arrière, le regard qui fixe le plafond le temps d’inspirer, et de poser à nouveau mes prunelles sur lui. « Je me raccroche à ça pour me dire que peu importe comment toute cette histoire tournera, on va y survivre. Parce qu’on affrontera le truc un jour à la fois, ensemble. »  “Tu me connais, je suis un désastre ambulant, et tu vaux mieux que ça.” reste son argument béton, reste ce à quoi tout dans son monologue se raccroche, et ce qui, au final, m’apparaît si loin de la réalité que je peine à croire qu’en 33 ans, personne ne lui a jamais clairement dit qu’il était tout sauf aussi nocif qu’il le pensait encore profondément. « Justement Ben, je te connais. »  et pas que pour lui organiser une soirée d’anniversaire à son image, nah. C’est pour ça qu’en quelque sorte, il ne devrait pas avoir peur de me perdre. « Et je serais pas là à te dire tout ça si je ne te connaissais pas autant. C’est au vrai Ben que je parle, le Ben avec tous ses défauts, et avec toutes ses qualités. » si je prédis qu’il risque de dédier une fraction de seconde à râler sur le mot défauts, à vouloir que je lui en fasse la thèse qu’il refusera l’instant d’après, je précise prestement. « C’est ce Ben là qui me fait sourire, c’est ce Ben là qui n’a jamais manqué à l’appel même si parfois il avait une trouille sans nom, c’est ce Ben là qui a un humour de merde, mais un coeur grand comme le monde. » et c’est ce Ben là, qui est devant moi. Celui qui aime autant passer la nuit à draguer qu’à saigner sa console. Celui qui maîtrise les jeux de mots de merde autant qu’il a su trouver les bons mots aux pires moments pour moi. « Je m’en fiche de ce que je vaux, quand je sais ce que je veux. » la dédicace part doucement vers mes parents et Matt qui ont toujours cru savoir mieux que moi ce dont j’avais besoin. Well, la preuve a été faite qu’au final, je devais n’écouter que moi-même, non? « Et je veux pas de déclaration, ni de promesses. Je veux juste qu’on soit honnêtes tous les deux, envers nous-mêmes, ou au moins envers nos portes respectives. » clin d’œil, rire inoffensif.

Le silence suffit à reprendre nos esprits, à alléger un peu l’ambiance, à adoucir le jeu. Ou alors c’est encore une fois plus logique à mes yeux de lui répondre par l’humour, maintenant qu’un fin malaise s’installe au goût de “what’s next?”. « Pourquoi y’a pas une checklist qui tombe du ciel dans des moments comme ça? Ça serait tellement plus simple d’avoir un ramassis d’étapes à suivre, ça rendrait le truc beaucoup plus clair. » mon attention à nouveau vrillée sur lui, même si mes pensées voguent maintenant vers un potentiel questionnaire qu’on pourrait remplir duquel la réponse à la clé nous donnerait une suite calculée à un ressenti qu’on ne s’explique pas encore avec des mots. « Parce que là tu vois, j’ignore si notre priorité c’est de planifier un date juste pour voir, comme les adultes le feraient, ou si c’est de tester notre match sur love calculator et réaliser qu’on est peut-être en train de se planter finalement. »  et je dois me faire violence pour ne pas dégainer mon téléphone et cumuler notre pourcentage, pathétique et enfantine, juste pour laisser à la pression le temps de retomber, et à nos souffles de se calmer, un éclat de rire qui casse le sérieux du truc la seconde suivante.  
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Message(#) Sujet: Re: #11 - benny + at times it's not that complicated #11 - benny + at times it's not that complicated EmptyVen 25 Mai 2018, 14:04


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Ils avaient déjà refait le monde avec des hypothèses, jamais aussi sérieuses que celles qu'ils formulaient désormais. Ils s'étaient demandés quelle aurait été la fin de Star Wars si Leia avait fini avec Luke et Han avec Jabba, si Marty s'était tapé sa mère, si Jack était grimpé sur cette foutue porte. Ils s'étaient demandés si Aquaman faisait des gamins comme les poissons ou s'ils ressembleraient plutôt à des têtards, s'il était possible de créer un tunnel pour connecter l'Australie et l'Europe, si le onze septembre n'était qu'un coup des klingons. D'une certaine manière, ils n'avaient jamais vraiment été aussi sérieux que maintenant. Il fallait dire qu'il n’avait jamais été question de se poser pour faire le tour de leur relation depuis le début de l'année passée et encore moins d'y apposer un label, donner les conclusions des tests, faire un compte rendu d'expérience, et breveter la manière remarquable avec laquelle ils avaient tourné autour du pot tout ce temps. Même lorsque Ben s'était penché sur le divorce de Ginny, les séances finissaient en grand jeu de rôle, elle tantôt dans la peau d'une vieille pie de juge ou d'un témoin louche, lui toujours fidèle à sa profession, lançant des objections façon Phoenix Wright et jouant les deux partis. C'étaient ainsi qu'ils étaient venus à bout des moments pénibles ; armés de leurs deux grands enfants intérieurs, et des vrais, Adam et Noah, complices et chaperons à la fois. Parler vrai, parler sentiments, c'était beaucoup demander pour un grand gaillard ayant fait de la fuite de l'engagement une discipline olympique. Néanmoins, il s'y essayait, s’ouvrant là comme il ne se le permettait jamais. Et il n’était pas insensible, au contraire. S'il pouvait légèrement refermer la porte qu'il avait entrebâillé pour Ginny, le brun ne manquait pas l'occasion de se planquer, se mettre en sécurité derrière l’humour qui lui était connu. “Tu seras jamais aussi cool que moi, c’est déjà acté.” lança-t-il donc depuis les tranchées de ce vilain égocentrisme qu'il accusait de tous les malheurs, un rictus mutin au coin des lèvres pour quelques courtes secondes de répits. Mais la jeune femme avait raison, il pensait beaucoup pour le type simple, sans prise de tête, qu'il se vantait d'être à qui voulait l'entendre -à qui en avait besoin. Il haussa les épaules ; peut-être qu'il avait été contaminé, peut-être qu'il avait toujours beaucoup pensé. Il y avait plus que le chant des criquets entre ses deux oreilles, et il fallait être sacrément bon au Tetris mental pour se sortir des tracas au jour le jour. Heidi savait mieux que quiconque qu'il y avait plus que ce que la surface laissait voir, et elle avait toujours calmé ses doutes, ses incertitudes, quand il échouait au barreau, quand il ne savait pas comment être papa, quand il doutait de revoir Loan un jour. Elle savait comment s'y prendre et le garder sur les rails. Mais elle n’était pas là, à cet instant. Se demander ce que Heidi dirait n'aidant pas, Ben n’avait que les mots de Ginny sur lesquels se reposer, en quoi croire un peu. S'il existait une possibilité que tout parte en sucette, il y avait également des scénarios positifs. Quelles raisons y avait-il qu'une relation qui fonctionnait parfaitement depuis des mois déraille soudainement ? Ils avaient tous deux toujours su que leurs tests voulaient dire quelque chose, qu'ils se voyaient trop et s'entendaient trop pour se qualifier d'amis -et ils n’avaient jamais su se qualifier de toute manière. La jeune femme avait eu cet effet sur lui de ne plus tant trouver d'intérêt dans toutes celles avec qui il ne pourrait pas être autant lui-même qu'il ne l'était avec elle. Pourtant, il était toujours le Ben qui passait les soirées à la pêche et qui ramenait les prises à la maison. “Je gagne largement plus que 0.1% du temps, et quand je gagne pas, c’est que t’as triché.” répondit-il en s'engouffrant volontiers dans la brèche ouverte par Ginny, la pause, la respiration. Mais il était trop tard pour faire croire à nouveau qu'il n'était que ce petit rigolo se fichant autant des causes que des conséquences. La brune voyait en lui des qualités auxquelles il ne songeait pas, éclipsant les défauts qu'il pointait du doigt. Elle avait sûrement trop sniffé de peinture avant qu'il n'arrive. “C’est parce qu’il faut au moins ça pour caser tout mon amour propre, j’sais pas s’il y a la place pour toi, du coup.” À nouveau à couvert, le sourire flottant au bord de ses lèvres, il ne cherche pas à duper une Ginny qui se terre dans les niches d'humour autant que lui pour alléger la conversation. Elle l’avait vu, qu’il s'étouffait dans son angoisse, et il voyait qu'elle n’en menait pas large non plus. Tour à tour il nourissaient cette partie de cache-cache où chacun allait se planquer derrière le rideau trop court pour couvrir les pieds, et l'autre faisait malgré tout mine de chercher. Cependant, à ce jeu là, ils perdaient un peu plus à chaque fois. Ginny s’était installée par terre, le long du mur de la façade de la maison. Puisqu'il en vint à la conclusion qu'il n'arriverait pas à tourner les talons et partir, Ben finit par la rejoindre et s'asseoir à son tour près d'elle. À son tour, il songeait à la marche à suivre. Un bouquin for dummies aurait été le bienvenu, mais ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes. “Peut-être… Peut-être qu’on pourrait faire… un test.” souffla le Brody au bout d'interminables secondes de silence lourdes comme des heures, comme les mois passés. Il se pinça les lèvres, tolérant à peine cette faiblesse qui lui poussait à baisser sa garde et accepter de tenter quelque chose, de le prendre au sérieux. Sa tête dodelinait comme ces bobbleheads à ressort dans les magasins de souvenirs. “Toi, moi, un gros plat de pâtes et un meth head qui joue de la mandoline.” Parce que ce cuistot avait définitivement l'air haut perché. “On laisse les chaperons miniatures à la maison et…” on avise. Ils faisaient peut-être les choses à l'envers, et organiser un rendez-vous de grands ne ressemblait à rien de ce qu'ils avaient connu ensemble jusqu'à présent. Néanmoins, s'il fallait commencer quelque part, autant le faire l'estomac plein. Ben adressa un fin sourire à Ginny. Est-ce qu'ils se sentaient mieux ? Est-ce qu'ils s'étaient tout dit ? Non, il manquait quelque chose, le twist, la bêtise, la clôture de ce moment trop sérieux ; “Mais on devrait lancer un calcul, juste au cas où. Je voudrais pas payer un resto pour rien, tu vois.”
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Message(#) Sujet: Re: #11 - benny + at times it's not that complicated #11 - benny + at times it's not that complicated EmptyDim 27 Mai 2018, 17:01


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La blague comme entracte, comme aparté à une discussion qu’on avait repoussée tellement longtemps qu’on aurait facilement pu croire qu'elle se réglerait toute seule. Que je finirais bien assez tôt par m’expliquer ce qui naissait dans mon ventre à chaque nouveau contact fortuit, à chaque test, à chaque regard un brin complice, à chaque blague qui terminait en délire long comme le bras et étiré sur plusieurs jours, me rappelant toujours de ce qu'il avait pu dire, de ce qu'il avait pu faire pour m'arracher le premier éclat de rire d'une longue série. J’étais bien, quand il était là. Et après un an et des poussières, ça méritait d’être dit, d’être lâché comme une bombe, Mario Kart comme bouclier, et Ben qui se braque alors que j’éclate de rire. « Ou que je me suis sacrifiée parce que je sais que sinon tu vas pleurer. Et t’es hideux quand tu pleures. » le plaidoyer ne sera jamais totalement terminé, la faute à qui restera probablement toujours un sujet chaud, mais c’est bien le dernier de mes soucis alors que je m’installe un peu plus confortablement au sol, et y vais de ce qui se trame dans ma tête, de ce que les quelques mois derrière m’ont permis de confirmer, et chacun de ses arguments que je balaie du revers de la main parce qu’à mon sens, on est plus forts que ça. On est cons, on a un humour douteux, on est immatures, incapables de rester sérieux plus d’une heure et encore - un coup d’oeil à Wonder Woman me confirme qu’on vient de battre notre record - on est beaucoup de choses, mais on est surtout une équipe. Et c’est ça qui compte, c’est ça qui rend les choses si simples en perspective, qui justifie que peu importe ses tares, peu importe les miennes, s’il y a bien quelqu’un avec qui j’ai envie de faire le test, s’il y a bien quelqu’un avec qui je n’ai pas peur de voir, de tenter, d’essayer quelque chose, c’est lui. Lui et son ego surdimensionné, lui et cet amour propre qu’il badigeonne sur ma pseudo liste d’étapes à suivre et de repères à trouver dans une situation de crise dans le genre.  « Reste toujours le verso. » éternelle optimiste, j’hausse les épaules avant de laisser mon regard le suivre maintenant qu’il abdique, qu’il finit par se poser à mes côtés, que le poids de son bras contre le mien me confirme qu’on en est vraiment là. Que ce n’est pas une mauvaise blague qu’on s’impose ce genre de mise à jour, et qu’au final, ce soulagement qui relaxe un brin mes épaules, c’est bon signe. Une drôle de chaleur, une drôle d’ivresse qui prend naissance dans tout mon corps lorsqu’il reparle de test, lorsque Ben dit tout haut ce que j’espère tout bas et que la suite s’impose comme si elle avait été là tout ce temps, sous notre nez, et qu’on la voyait enfin. Et pourquoi pas? « Ajoute la trame sonore du Godfather et une odeur ambiante de parmesan fraîchement râpé, et tu tiens là la définition du paradis. » et je le sens, le sourire qui orne mes lèvres, qui ne se masque pas derrière le rictus un brin agacé que je tenais un peu plus tôt, devant des accusations et des piques que je ne lui reconnaissais pas. Là, c’est ce Ben là que je veux, celui dont j’ai besoin. Celui qui dédramatise, celui qui rigole, celui qui arrive en un tour d’aiguilles à peine à m’arracher autant de rires que de roulement d’yeux. « … mais je te vois venir, Brody. » et la seconde suivante, j’exhibe une mine sérieuse, trop pour l’être vraiment. « Jamais tu partageras tes pâtes avec moi. » parce qu’on avait beau avoir été plus honnêtes l’un envers l’autre aujourd’hui que bien des fois depuis la première soirée au McTavish, y’avait ça qui clochait dans son discours. Un Brody était toujours très - trop - territorial avec sa nourriture, et je le savais à force d’avoir manqué perdre ma main un nombre incalculable de fois en lui piquant des frites. Devant la perche qu’il me tend de tout de même faire les idiots et valider ce qu’un algorithme à gogo a de beau à dire sur les deux cas que nous sommes, j’obéis sagement, dégainant mon portable et complétant le geste d’un « Tu penses que j’ai envie de mettre une robe juste pour la blague? » bien senti. Les noms entrés sous son regard amusé et le mien qui l'est tout autant, je finis par laisser aller un long soupir devant le résultat qui tombe. « Doctor Love nous donne 77%. » qui sonne le glas et que je narre, me surprenant à voir le truc un peu trop au sérieux que je ne le devrais. Ce qui est bien trop hilarant pour laisser passer. « Franchement, il se prend pour qui? » et elle est outrée la Ginny, elle pense à un recomptage, un truc qui nous donne mieux que presque la note de passage, parce que  « C’est qu’il nous a pas vu jouer à Cluedo contre les morveux. On mérite mieux que ça. » le téléphone se range un peu après, quand j’ai fini par laisser mon orgueil de première de classe retourner à sa place, et que j’ai retrouvé la mienne à ses côtés. Sans vraiment m’en rendre compte et parce que c’en est devenu une habitude au fil des mois, ma tête prend appui sur son épaule, s’installe confortablement, avec ses idées qui tournent en boucle, et la douce réalisation que tout ça, c’est un peu plus sérieux, un peu plus défini maintenant. Pas assez pour qu’on en fasse tout un plat, mais suffisamment pour que je m'assure de quelque chose en particulier. « Je veux pas qu’on se prenne la tête okay? Avec le test. » ma voix qui monte à ses oreilles, alors que j’ai le regard vissé sur le bout de mes chaussures qui dansent distraitement. « Si ça passe, c’est cool, mais si ça passe pas, on laisse aller, et on reprend où on en était avant d'être des adultes. Deal? » et dans l’espoir que ce soit toujours aussi simple, qu’on soit toujours Ben et Ginny contre le reste du monde, je lui tends la main, attends qu’il la serre comme la confirmation d’un pari qui sera tenu coûte que coûte. « J’imagine que je demanderai à mon adjointe de contacter la tienne à mon retour du Japon pour régler les derniers détails. » parce que c’est ce que font les grandes personnes, n’est-ce pas? Autant jouer le jeu jusqu’à la fin. Puis, y’a ses autres plans qui me reviennent en tête, et l’envie de valider qu’il est encore là pour un moment, que la tempête passée ne servira plus de motivation pour qu’il reprenne ses jambes à son cou dès que je détournerai les yeux. « S’il te reste encore un peu de temps avant de devoir partir... » j’ai le regard qui brille, le sourire aux lèvres, l’empressement motivant ma voix qui se veut des plus invitantes parce qu’il n’y a personne d’autre que lui pouvant comprendre à quel point la suite m’emballe. « Je t’ai pas montré les dernières BDs que j’ai achetées à Noah - elles sont folles, il les a pas encore touchées tellement je les monopolise. » le menton maintenant déposé sur son épaule, j'attends le verdict, les paupières qui papillonnent, sachant très bien que s'il a encore des minutes au compteur, le convaincre de rester ne sera plus aussi difficile.
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Message(#) Sujet: Re: #11 - benny + at times it's not that complicated #11 - benny + at times it's not that complicated EmptyLun 04 Juin 2018, 04:56


razorblade - He would never talk, But he was not shy She was a street-smart girl, But she could not lie They were perfect for each other Say it now 'Cause in your heart it's loud Tell me, tell me, tell me Oh, don't, okay.

“C’toi qui est hideuse.” qu'il lâcha par automatisme, la répartie ras des pâquerettes d'un enfant, à deux doigts de tirer la langue comme ses congénères de huit ans et demi, bébé boudeur aux bras croisés -parce qu'il n'était jamais hideux, jamais, et il ne pleurait pas, parce qu'un Brody ne pleure pas, telle est la règle numéro un. Mais s'il pouvait faire mine autant qu'il le voulait, à la recherche d'un peu d'air qui calmerait son angoisse, la peur viscérale qui l’avait toujours poussé à prendre ses jambes à son cou, Ben prenait bel et bien la chose au sérieux -le truc qui se dessinait, là, entre lui et Ginny, pas ses défaites aux jeux vidéos. Et cela remontait à bien longtemps, la dernière fois qu'il avait autant pris une chick au sérieux, qu'il avait envisagé de s'investir dans quelque chose de plus concret, accorder du temps et de l'énergie à quelqu'un qui ne le paye pas pour ça dans le but de ne pas finir derrière les barreaux. Mais entre son dévouement pour son travail et tout ce que la jeune femme avait pu voir de lui depuis quelque un an qu'ils se côtoyaient de plus près qu'ils ne voulaient l'avouer jusqu'à présent, elle pouvait témoigner qu'il y avait plus à gratter sous les habitudes adolescentes, quelque chose qu'elle pouvait toucher du bout du doigt. Le fait était qu'elle avait déjà creusé son trou dans un coin de sa poitrine, une petite place qui grossissait, s'étendait, infectait le reste comme le plus séduisant des parasites. Quelque part sur la même marche du podium que Star Wars, Iron Man et les Mac and cheese, il y avait Ginny, et ce n’était pas rien. Ben ne put qu'acquiescer, malgré tout, face au pragmatisme de la brune qui savait quelle était sa place ; en dessous de la bouffe, parce qu'au dessus, il n’y avait que le soleil. “Sur mon cadavre, ouais, faut pas abuser.” dit-il, les fesses ayant trouvé place par terre à côté de Ginny, hanche contre hanche, épaule contre épaule, le coude frôlant le sien, les mains jointes sur ses genoux repliés, ses longues jambes de phasme ou de flamand rose à l'allure parfois un brin désarticulées. Il tourna la tête vers elle et lui souria d'une manière bien plus sincère que celle dont ses paroles sonnaient ; un test alors, un de plus, peut-être décisif, peut-être un désastre à venir. Un jeu où ils devraient prétendre, lui le cowboy et elle l'indien, ou lever le mouchoir blanc posé là sur les vrais sentiments ? Pour le moment, cela lui paraissait flottant, lointain, comme un mirage. À peine esquissé, si peu réel. Il réaliserait plus tard, sur le moment, voire après, une fois qu'ils auraient conclu que tout ceci n’était qu'une bonne grosse blague, qu'ils ne dupaient personne avec leur soi disant love story. Peut-être que le Love Doctor, lui, saurait. “Woh, carrément la robe ? s'exclama Benjamin en arrêtant Ginny dans l'élan qui dégainait le téléphone de sa poche. C'est pas un peu précipité d'afficher les mollets, direct ? Allumeuse, va.” Et il s’esclaffa, sa propre bêtise lui suffisant au quotidien pour se faire assez rire afin de gagner quelques minutes de vie par jour. La jeune femme pianote et le verdict tombe ; le score n'est pas dingue, ni complètement mauvais. Le pire, c'était que Ben lui-même ne savait pas comment il aurait réagi face à un trente, vingt pour cent. Est-ce qu'ils auraient tout annulé sur la base d'un chiffre sur l'écran d’un smartphone ? Réponse dans le prochain épisode de Black Mirror. “C’est toujours plus de cinquante pour cent.” fit-il en haussant les épaules, et se contentant volontiers d'un peu plus d'une chance sur deux qu'ils se ne foirent pas complètement. La tête de Ginny s'apposa délicatement sur l'épaule de l'irlandais, l'air un peu moins oppressant, le cœur un peu moins serré, et le mélange de blagues et d'engagements qui flottait au-dessus d'eux. Il y avait quelque chose en plus dans ce geste que durant toutes les autres fois, plus que les doigts que Benjamin entrecroisait avec ceux de Ginny. Il eut la sensation que cela était bien, qu'ils avaient chacun leur place là, l'un à côté de l'autre ; l'épaule où s'appuyer pour elle, la main tendue avec confiance pour lui. Ca n’avait pas de nom, pas de cadre, ça lui rappelait les idées brutes en croquis qu’elle lui soumettait parfois avec des grands ronds à six repasses liés par des traits grossiers avec un enthousiasme frôlant l’euphorie ; ça ne ressemblait à rien, pour le moment, et tout serait plus clair avec le temps. Elle lui demanda de promettre qu’en cas d’échec rien ne changerait. Il ne savait pas, en réalité, si les choses seraient si simples, s’il y aurait un retour en arrière possible, Clr+Z et faire comme si de rien n’était. Malgré tout, il lui accorda d’un “deal” appuyé d’un signe de tête. Ce n’était pas comme s’ils avaient la moindre idée de ce qu’ils faisaient, alors il pouvait bien dire n’importe quoi -tant qu’il le pensait avec plein de bons sentiments, et de la poussière de fée, tout était encore possible. Il en avait oublié le voyage de Ginny, le déclencheur de cet étalage d’émotions. Ce n’était peut-être pas si mal de laisser le temps aux choses de s’installer dans leurs petite têtes, prendre une grande inspiration avant le grand bain. “Heureusement qu'ils ont Facetime aussi là-bas.” dit Ben, espérant ainsi qu’elle n’oublie pas de lui raconter ses aventures au jour le jour, tous les gadgets loufoques qu’elle a vus, les plats bizarres qu’elle a goûté, histoire qu’il la jalouse bien comme il faut. Sans transition, et avant que Benjamin n’aille rejoindre un suicide collectif de lemmings après avoir réalisé dans quoi il s’embarquait avec elle, Ginny tira immédiatement la corde sensible en l’invitant à l’intérieur. “Montrer des BDs” sonnerait presque grivois, comme un code avec un clin d’oeil bien appuyé pour souligner le sous entendu. Bien qu’il s’agisse de vraies planches, dommage. “T’as pas peur que je les planque dans le hoodie et que je me barre avec ?” demanda-t-il avec un sourire, la tête tournée vers son visage tout malicieux. Parce qu’il en serait capable, de chiper les BDs d’un môme, et si Noah lui en veut, Benjamin lui rappellerait qui est le véritable ennemi : celle qui est parti au Japon sans eux. Quoi qu’il en soit, il suivit Ginny à l’intérieur, pas prêt de partir finalement.
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